Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/FRANÇOIS D’ASSISE (Marie-Ferdinand), ex-roi d’Espagne

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 2p. 776).

FRANÇOIS D’ASSISE (Marie-Ferdinand), ex-roi d’Espagne, né en 1822. Il est neveu du roi Ferdinand VII et fils de l’infant François de Paule, duc de Cadix. Le 10 octobre 1846, il épousa sa cousine germaine, Isabelle II, reine d’Espagne, et reçut le titre de roi. Ce titre toutefois fut purement honorifique, et François d’Assise, tenu à l’écart des affaires publiques, ne joua qu’un rôle complètement effacé. La reine lui conféra le grade de capitaine général des armées, bien qu’il fût le moins belliqueux des hommes. On sait que l’union des deux cousins a été loin d’offrir un exemple d’accord conjugal. Isabelle sut faire sentir à maintes reprises à François d’Assise qu’elle était reine, qu’il n’était que son sujet, et celui-ci se le tint pour dit. Très-dévot, comme la plupart de ses compatriotes, il chercha volontiers l’oubli de ses infortunes conjugales dans de pieuses retraites. À ce sujet on raconte que, dans le célèbre couvent de Calatrava, des coups de couteau furent échangés entre les nonnes, à l’occasion des fréquentes visites de François d’Assise à ce couvent. Il existe au même endroit un tableau fort connu, représentant la Vierge et l’Enfant Jésus ayant à ses côtés saint François d’Assise en grand costume de chevalier de Calatrava. Un plaisant s’avisa un jour d’orner la tête de ce portrait de ces deux jets de lumière que Moïse portait au front en descendant du mont Sinaï, ce qui a fait dire à l’auteur sacré : Facies ejus erat cornuta ; mais on ne tarda point à les effacer. Au mois de septembre 1868, il accompagna à Saint-Sébastien la reine Isabelle, qui se proposait d’avoir une entrevue avec l’empereur Napoléon. On sait que ce fut sur ces entrefaites qu’éclata l’insurrection de Cadix, qui s’étendit comme une traînée de poudre en Espagne et se termina par la chute de la dynastie régnante. Dans ces circonstances si graves, François d’Assise joua, comme toujours, un rôle des plus effacés et ne sut prendre aucune résolution virile. Il passa la frontière de France avec la reine, et vint avec elle habiter Paris. François d’Assise a commandé le 44e régiment d’infanterie et a été colonel du régiment de cavalerie Castilla. Le plus beau trait de sa vie militaire, c’est la revue d’honneur que l’empereur Napoléon ordonna en 1865 pour fêter sa venue en France. « François d’Assise, dit M. Blairet, est un assez bel homme, surtout quand il est assis, ses jambes étant plus courtes que le reste du corps. Il a une figure efféminée, contrairement à celle de sa femme ; autant la voix de celle-ci est dure, rauque, autant celle du roi est maigre, fluette ; on dirait celle d’un chantre du pape. » Pendant le séjour à Paris des deux majestés déchues, leur incompatibilité d’humeur ne fit que s’accroître, et, au commencement de 1870, François d’Assise se sépara de sa femme, qui consentit à lui faire une pension annuelle.