Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/HENRI II, roi d’Angleterre, le premier de la dynastie des Plantagenets

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 191).

HENRI II, roi d’Angleterre, le premier de la dynastie des Plantagenets, né au Mans en 1133, mort à Chinon en 1189. Il était fils de Geoffroy Plantagenet, comte d’Anjou, et de Mathilde, fille de Henri Ier d’Angleterre. Il monta sur le trône après la mort d’Étienne de Blois (1154) et se trouva dès lors le prince le plus puissant de la chrétienté ; car il réunissait sous sa domination l’Angleterre, la Normandie, la Touraine, l’Anjou, le Maine, le Poitou, la Saintonge, l’Auvergne, le Périgord, etc. Il conquit une partie de l’Irlande, contraignit l’Écosse et le pays de Galles à l’hommage, et fit quelques tentatives pour s’emparer de la Bretagne et de Toulouse. Mais il s’est surtout rendu célèbre par ses querelles avec Thomas Becket, à propos de la juridiction ecclésiastique. Un jour, dans un accès de colère, il s’écria : « Malédiction sur tous les lâches que je nourris et qui m’ont laissé exposé si longtemps aux insolences de ce prêtre, sans tenter un effort pour m’en délivrer ! » Quatre chevaliers, ayant entendu ces paroles, se concertèrent et se rendirent à Cantorbéry, où ils égorgèrent l’archevêque au milieu même du sanctuaire. Le pape Alexandre III excommunia les meurtriers, prononça l’interdit sur toutes les possessions continentales du roi et lui défendit l’entrée des lieux saints. Plus tard, il se réconcilia avec l’Église, après avoir juré sur les Évangiles qu’il n’avait ni ordonné ni voulu la mort de l’archevêque. Il eut ensuite à soutenir une longue lutte contre ses fils révoltés et encouragés dans leur révolte par leur mère, Éléonore d’Aquitaine, qui, après avoir été répudiée par Louis le Jeune, roi de France, avait épousé en secondes noces Henri Plantagenet. Voyant que sa couronne était menacée, et persuadé que le meurtre de Thomas Becket avait attiré sur lui la colère divine, il résolut de faire amende honorable, alla se prosterner la face contre terre sur la tombe de sa victime, que tout le peuple vénérait comme un saint, et reçut la discipline des mains de tout le clergé. Cet acte d’expiation amena pour Henri II quelques jours de tranquillité ; mais de nouvelles luttes, suscitées par l’ambition de ses fils, vinrent troubler ses dernières années.