Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Homme (DISCOURS SUR L’), sortes d’épîtres philosophiques, en vers, par Voltaire

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 362).

Homme (DISCOURS SUR L’), sortes d’épîtres philosophiques, en vers, par Voltaire (1734- 1737). Ces discours, dans le genre de l’Essai sur l’homme de Pope, sont une des meilleures productions de Voltaire ; ils sont aussi bien écrits que bien pensés ; ils respirent d’un bout à l’autre le plus pur amour de l’humanité, et l’on y trouve un calme de raison qui n’est pas habituel à l’auteur. Ces discours sont au nombre de sept. Le premier traite de l’égalité des conditions ; le poëte nous dit:

C’est du même limon que tous ont pris naissance ;
Dans la même faiblesse ils traînent leur enfance;
Et le riche et le pauvre, et le faible et le fort
Vont tous également des douleurs à la mort.

Puis il oppose aux jouissances trompeuses et si chèrement achetées des puissants de la terre les joies réelles et faciles du rustre qui travaille:il nous montre le riche et puissant Crésus, d’abord envié par le pauvre Irus qui mendie à la porte de son palais, puis enviant à son tour la misère d’Irus, quand il se voit lui-même conduit en esclavage.

Le second discours roule sur la liberté morale. Le but du troisième discours est de prouver que le plus grand obstacle au bonheur est l'envie.

Le quatrième rappelle la philosophie d’Horace, car il prêche que, pour être heureux, il faut être modéré en tout, aussi bien dans l’étude et l’ambition que dans les plaisirs. Le cinquième, sur la nature du plaisir, conclut que le plaisir vient de Dieu. Intitulé De la nature de l’homme, le sixième discours vient prouver que le bonheur parfait ne peut être le partage de l’homme en ce monde et que l’homme n’a point à se plaindre de son état.

Le septième et dernier discours, Sur la vraie vertu, prouve qu’elle consiste à faire du bien à ses semblables et non dans de vaines pratiques de mortification.

Les Discours sur l’homme sont un des plus beaux monuments de la poésie française; s’ils n’offrent point un plan régulier comme les Épîtres de Pope, ils ont l’avantage de renfermer une philosophie plus vraie, plus douce, plus pratique.