Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Homme sérieux (UN), roman par Charles de Bernard

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 364).

Homme sérieux (UN), roman par Charles de Bernard (Paris, 1843). M. Chevassu, l’homme sérieux, est un bourgeois enrichi, très-fier de sa roture, très-orgueilleux et qui hait profondément la noblesse. Pénétré de son importance, il se croit appelé à gouverner le monde, rêve les honneurs politiques, et fait tout juste assez d’opposition au gouvernement pour se faire nommer député. Pour préparer sa candidature, Chevassu quitte un beau jour sa province et s’en vient à Paris, emmenant avec lui sa fille Henriette, qu’il se propose de marier avec un certain Dornier. Ce dernier est un journaliste tricéphale, légitimiste à Toulouse, ministériel à Orléans, républicain à Strasbourg, un écrivain mercenaire et sans conscience, qui s’est mis à sa solde, et qui parvient à lui persuader que, dans l’intérêt même de sa candidature, il doit fonder un journal. L’Homme sérieux, se rendant aux excellentes raisons de son conseiller, lui donne cinquante mille francs et lui en fait donner autant par sa sœur, la marquise de Pontailly, un bas-bleu, toujours prête à soutenir les entreprises littéraires. Préoccupé de ses destinées politiques, plongé jusqu’au cou dans les choses graves, M. Chevassu néglige complètement sa famille. Il ne s’aperçoit pas que son fils Prosper étudie le droit autour des billards et à la Chaumière ; que sa tille déteste Dornier et lui préfère de beaucoup le comte de Moréal, à qui, par haine de la noblesse, il a, peu de temps avant, refusé la main d’Henriette. Mais une ligue s’organise. Le comte de Moréal, appuyé par le marquis de Pontailly, oncle d’Henriette, s’adjoint Prosper, dont il paye les dettes, et forme le projet de dessiller les yeux de M. Chevassu. En effet, grâce à quelques stratagèmes, les intrigues de Dornier sont déjouées, et le misérable s’enfuit alors avec les cent mille francs destinés au journal. Quant à Chevassu, il s’avoue trompé et consent à ce que Henriette devienne comtesse, mais à la condition que son mari promette de devenir sérieux. Ce roman est un des meilleurs qu’ait écrits Charles de Bernard. C’est un récit fort amusant, rempli de gracieux détails et écrit dans un style facile, élégant, quelquefois badin et ironique, toujours correct et châtié.