Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LOUIS VIII, dit Cœur de Lion, roi de France, fils de Philippe-Auguste

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 699-701).

LOUIS VIII, dit Cœur de Lion, roi de France, fils de Philippe-Auguste, né en 1187, mort en 1226. Il succéda à son père en 1223. Avant son avènement, il avait été proclamé roi d’Angleterre par la noblesse de ce pays, qui combattait Jean sans Terre ; mais il ne put se maintenir et revint en France (1217). Il parvint à enlever aux Anglais le Poitou, le Limousin et le Périgord (1224), fit une guerre sanglante aux albigeois, et s’empara d’Avignon après avoir battu Raymond VII. Il mourut pendant une nouvelle croisade contre ces hérétiques, à Montpensier (Auvergne), après un règne de trois ans. On crut à un empoisonnement. Louis VIII avait épousé en 1200 Blanche de Castille, dont il eut onze enfants.

Louis VIII (faits et gestes de), chronique en vers du XIIIe siècle, due à Nicolas de Bray, doyen de l’église de ce nom. L’auteur était contemporain des faits qu’il a chantés avec autant d’exactitude que de naïveté ; il a dédié son poème à Guillaume d’Auvergne, évêque de Paris de 1228 à 1248, ce qui permet d’en fixer approximativement la date. Il est à peu près certain que Nicolas de Bray assista aux deux grands faits qui sont surtout l’objet de ses récits : le siège d’Avignon et le sacre de Louis VIII à Reims. L’autour s’attache moins à narrer les événements qu’à retracer les mœurs, les fêtes, les repas, enfin toute la vie pittoresque de ses contemporains. Par là son livre est très-précieux pour l’histoire de la vie privée au moyen âge. Bien que le seul manuscrit qu’on possède du poème de Nicolas soit tronqué sur la fin, il est probable que nous en possédons tout ce qu’il y avait de plus important. Le poème est, du reste, conçu classiquement. Il débute par une invocation à la Muse qui va raconter avec lui les exploits du roi Louis. On y voit figurer les Parques, auxquelles le poète reproche d’avoir coupé trop tôt la trame de cette vie royale. Apollon est invoqué « pour verser sur l’esprit du poète la rosée de sa sagesse. » C’est après ces invocations successives, qui indiquent une sorte de renaissance païenne dès le XIIIe siècle, que le poète dédie son œuvre à l’évêque Guillaume d’Auvergne. Mais bientôt la mythologie païenne cède le pas à la mythologie chrétienne, et toutes deux se confondent bizarrement comme dans l’épopée de Camoens.

Le sacre à Reims est longuement décrit, en témoin oculaire ; il en est de même de l’entrée du roi à Paris, du siège d’Avignon et du siège de La Rochelle. Les Faits et gestes de Louis VIII ont été traduits par M. Guizot, au tome II de sa Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France.