Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Langue basque et langues finnoises, par Louis-Lucien Bonaparte

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 160).

Langue basque et langues finnoises, par Louis-Lucien Bonaparte (Londres, 1862, broch. in-8o). Familiarisé par une étude longue et approfondie avec les dialectes de l’eskuara les moins connus jusqu’à ce jour, Lucien Bonaparte a été vivement frappé de certaines ressemblances qui se manifestent entre cet idiome et ceux de l’Oural. Il a consigné, dans ce mémoire d’une cinquantaine de pages, le fruit de ses intéressantes recherches. La formation du pluriel, de l’article, divers détails de la conjugaison ont été reconnus par lui comme étant les mêmes chez les montagnards pyrénéens et les aborigènes de l’Europe boréale, et, bien qu’il reste beaucoup à faire pour débrouiller la question si obscure des origines basques, on peut, dès aujourd’hui, admettre que l’eskuara, qui diffère essentiellement des dialectes indo-européens, sémitiques ou du nord de l’Afrique, présente, au contraire, de nombreuses et frappantes similitudes avec le japonais, le madgyare et l’ostiake. Les études faites depuis cette époque n’ont fait que confirmer les données émises par Lucien Bonaparte. « Ce qui, dans le mémoire du savant auteur, a dit M. H. de Charencey, ne manquera pas d’exciter au plus haut point l’intérêt des philologues, c’est la découverte faite par lui, dans quelques sous-dialectes pyrénéens, de cette fameuse loi d’harmonie des voyelles, dont on s’était plu, jusqu’à ce jour, à faire l’apanage des idiomes du nord de l’Asie et de l’Europe orientale. Par là se trouve réduite à néant une des plus puissantes objections proposées contre la parenté des Finnois et des Basques, et singulièrement facilitée la solution d’un problème qui, jusqu’à ce jour, n’avait cessé d’agiter et de préoccuper les amateurs de linguistique et d’ethnologie comparée. »