Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Langues de l’Europe moderne (LES), par Schleicher

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 160).

Langues de l’Europe moderne (LES), par Schleicher, traduit de l’allemand par Hermann Ewerbeek (Paris, 1852). Cet ouvrage, qui est loin d’être le plus considérable de ceux qu’a publiés l’illustre philologue allemand, est le seul qui ait été traduit dans notre langue. Il ne s’agit pas seulement, comme on le croirait d’abord, des langues de l’Europe moderne, dans l’ouvrage qui porte ce titre ; Schleicher a mis à la tête de son travail une longue et savante introduction, où il étudie d’abord la linguistique et la philologie d’une façon générale ; il y détermine ce qui constitue l’essence des langues, les notions et les rapports ou les significations et les relations, et il classe les langues en trois grandes familles, d’après la manière dont elles expriment les rapports : les langues monosyllabiques, les langues agglutinantes et les langues à flexion. Schleicher résume aussi dans son introduction l’histoire philosophique de la langue, et détermine en même temps la méthode que l’on doit suivre en linguistique ; puis il trace le tableau général des langues européennes, suivant les classes et les familles auxquelles elles appartiennent, et pour mieux faire comprendre le caractère de la deuxième et de la troisième des grandes classifications du langage auxquelles se rattachent toutes les langues de l’Europe, il nous initie d’abord à la première, en traitant de la langue chinoise, qui est la langue monosyllabique par excellence. Cela fait, il passe successivement en revue les langues européennes qui font partie de la classe agglutinante, non sans de nombreuses digressions sur les langues asiatiques ou américaines qui se rattachent au même groupe ; c’est ainsi qu’il étudie successivement les langues tartares proprement dites, le mongol, le turc, puis les langues finnoises, et particulièrement le finnois proprement dit et le madgyare, puis les diverses langues de la famille caucasique, puis, enfin, la souche basque.

Dans une autre section, il étudie les langues à flexion, et, après avoir dit quelques mots de la famille sémitique, il aborde enfin la famille aryenne, qui embrasse une grande partie de l’Europe. Avant de traiter des langues aryennes de l’Europe, il passe rapidement en revue d’abord la famille indienne, le sanscrit, le pâli et le prâkrit, etc., et la langue des zingaris ou tsiganes, épars en Europe et en Asie, puis la famille iranienne, le zend, le persan, l’ossétique et l’arménien. Cela fait, il étudie successivement la paire pélasgique ou gréco-latine, la famille hellénique, le grec moderne, l’albanais, puis la famille romane, l’italien, l’espagnol, le portugais, le provençal, le français, le valaque ; puis la paire letto-slave (lithuanien lettique), et les diverses langues slaves, le russe, le bulgare, l’illyrien, le serbe, le croate, le slovène, le polonais, le tchèque, etc., la famille germanique et ses divers idiomes, et enfin la famille celtique et ses dialectes. Un court appendice traite des idiomes artificiels ou argots.

Les diverses langues que nous venons d’énumérer sont toutes caractérisées d’une façon aussi juste que rapide, en sorte que le livre de Schleicher est comme un vaste panorama de l’Europe moderne, au point de vue philologique.