Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Langue française (HISTOIRE DE LA), par M. Littré

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 161).

Langue française (HISTOIRE DE LA), par M. Littré ( Paris, 1863, 2 vol. in-8o). Cet ouvrage est un simple recueil d’articles insérés dans des publications diverses : le Journal des savants, la Revue des Deux-Mondes, le Journal des débats. Tous ces articles, cependant, se rapportent à un même sujet, l’étude de la vieille langue française ou langue d’oïl. Ces articles ont eu pour occasion la publication de textes anciens des éditions renouvelées, des grammaires et des glossaires. Leur ensemble, malgré les efforts de l’auteur pour prouver le contraire, ne forme pas un livre proprement dit, et, en tout cas, on n’a pas pu l’intituler Histoire de la langue française sans en donner une fausse idée au lecteur. À part cette critique indispensable, le recueil de M. Littré mérite les plus grands éloges pour la sagacité des recherches et la critique des appréciations. Il a placé en tête du premier volume une savante introduction, où il expose les principes qui l’ont guidé dans ses recherches, et résume à grands traits les phases successives de l’histoire des langues néo-latines. Le tome Ier comprend, en outre, quatre études ou dissertations : 1° Étude sur l’étymologie de la langue française, la grammaire ancienne et la correction des vieux textes, à propos du Lexique étymologique des langues romanes, de M. Diez, du livre de M. Delâtre sur la Langue française dans ses rapports avec le sanscrit, de la Grammaire de la langue d’oïl, de Burgny, des Chansons de geste, de Guillaume d’Orange, et des Chansons en vieux français publiées par M. Maetzner. Cette longue étude, qui est la plus importante de l’ouvrage, embrasse à elle seule plus de la moitié du volume. 2° Étude sur la poésie épique dans la société féodale, à propos du XXIIe volume de l’Histoire littéraire de ta France, lequel est particulièrement consacré aux chansons de geste, qui sont la poésie épique de l’époque féodale. 3° Étude sur la poésie homérique et l’ancienne poésie française, avec un curieux essai de traduction du premier chant de l’Iliade, en langue du XIIIe siècle. 4° Une étude sur Dante et plusieurs de ses traducteurs, qui n’est peut-être pas tout à fait à sa place dans une Histoire de la langue française. On trouve dans le second volume, après trois études sur Patelin, à propos de la nouvelle édition par Génin, d’autres études sur le Mystère d’Adam, drame anglo-normand, publié par M. Luzarche, et sur les patois, à propos des glossaires de MM. Jaubert et Grandgagnage ; des analyses critiques de la légende du pape Grégoire le Grand, du chant d’Eulalie et du fragment de Valenciennes ; du dictionnaire français-latin de M. Quicherat ; du Roman de Girart de Roussillon ; des grammaires provençales du XIIIe siècle, ; du livre des Psaumes, texte du XIIe siècle, et des lettres de Marguerite de Navarre. Ces différents articles sont pleins d’observations savantes et d’aperçus judicieux et profonds ; mais, comme on devait s’y attendre, leur ensemble présente un complet décousu. Des articles de journaux et de revues, placés bout à bout, n’ont jamais pu faire un livre.