Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MARGUERITE, personnage de Faust, drame philosophique et religieux de Gœthe

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 4p. 1172).

MARGUERITE, personnage de Faust, drame philosophique et religieux de Gœthe. Un savant, nommé Faust, rebuté de l’inanité de ses efforts, donne son âme au diable, à Méphistophélès, à la condition que celui-ci lui procurera la science et toutes les jouissances que procure la richesse. Alors les deux compagnons s’en vont de par le monde à la recherche des plaisirs. Marguerite leur apparaît ; c’est la jeune fille innocente et simple, victime d’une horrible fatalité ; elle est profanée, entraînée au crime, au meurtre, sans pouvoir presque résister, bien que son cœur soit toujours plein d’un céleste amour pour la vertu, devenue en elle une dérision amère, et enfin elle meurt folle sur un échafaud. La principale scène de ce touchant et terrible épisode est celle de Marguerite à l’église. Marguerite, coupable, comprend que ce n’est plus aux hommes qu’elle peut demander la paix, puisque les hommes repoussent ou humilient le repentir ; elle se réfugie dans une église et cherche des consolations dans la prière. Méphistophélès l’y poursuit, « il lui rappelle les jours de son innocence, lorsque son cœur était partagé entre les jeux de l’enfance et l’amour de Dieu ; il oppose à ces souvenirs le tableau de son état actuel ; il retrace à son imagination le tombeau de sa mère, le cadavre sanglant de son frère. Les paroles de Méphistophélès, interrompues par le chant solennel du Dies irae, portent au plus haut degré le désespoir de Marguerite, et, lorsque cette malheureuse perd connaissance, l’émotion est si poignante que le génie du poète ne pouvait plus rien ajouter. »

Marguerite est restée le type de la jeune fille innocente, de la vertu entraînée fatalement au mal et expiant par sa mort des fautes étrangères à sa volonté.