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Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MARIE-CAROLINE, reine de Naples ou des Deux-Siciles

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 4p. 1194).

MARIE-CAROLINE, reine de Naples ou des Deux-Siciles, fille de l’empereur François Ier et de l’impératrice Marie-Thérèse, née à Vienne en 1752, morte en 1814. Elle était sœur de la reine de France Marie-Antoinette, et elle exerça le pouvoir sous le nom du faible Ferdinand IV, qu’elle épousa en 1768. Elle commença par faire congédier le ministre Tannucci, et le remplaça par sa créature, Sambuca, puis par son amant, Acton, Irlandais né en France. Celui-ci, de concert avec Vanini, président de la junte de sûreté, livra les finances au pillage, s’attira la haine de toutes les classes de la société et tenta d’étouffer l’esprit d’opposition par les arrestations, les bannissements et les supplices. Pour éviter une explosion populaire, Ferdinand se vit contraint de sacrifier Vanini, mais il conserva Acton. Peu après, il déclara la guerre à la république française ; mais ses troupes furent battues et l’armée française arriva à Naples, où elle proclama la république, pendant que la famille royale se réfugiait sur la flotta britannique (1798). Grâce à l’insurrection fomentée dans la Calabre par le cardinal Ruffo, le parti républicain fut vaincu à Naples. Cette ville capitula en 1799 et rouvrit ses portes à Ferdinand et à Marie-Caroline. Malgré les termes de la capitulation, qui stipulait une amnistie générale, à l’instigation de Marie-Caroline une junte d’État, présidée par l’odieux Speziale, fut chargée de livrer au supplice tous les employés et tous les partisans du gouvernement tombé, et des flots de sang coulèrent dans toute l’étendue du royaume des Deux-Siciles, placé sous la dépendance de l’Angleterre. C’est alors qu’on vit l’impitoyable Caroline, la maîtresse d’Acton, devenue l’intime amie d’une prostituée, lady Hamiltou, dont Nelson avait fait sa maîtresse, se montrer partout en public avec elle et assister, comme à un spectacle fait pour la délecter, à la mort de l’amiral Caracciolo, ignominieusement et contre tout droit pendu, par ordre de l’amiral anglais, à un des mâts de sa frégate. Lorsqu’en 1805 se forma contre la France une nouvelle coalition, Caroline, qui n’avait cessé de manifester une haine ardente contre les Français, poussa Ferdinand à y prendra part. À cette nouvelle, Napoléon fit envahir le royaume de Naples, renversa le trône des Bourbons et le releva pour y placer son frère Joseph. Réfugiée à Palerme avec son mari, Caroline ne cessa de fomenter la contre-révolution dans ses anciens États, se brouilla avec lord Bentinck, le représentant de l’Angleterre, parce que, selon elle, il ne mettait pas assez d’empressement à entreprendre la conquête de Naples, fut profondément indignée lorsqu’elle vit Ferdinand accorder, sous la pression de l’Angleterre, une constitution libérale à la Sicile (1811), quitta alors Palerme et se rendit à Vienne, où elle mourut. Cette princesse, justement flétrie par l’histoire, avait eu de Ferdinand un fils, François Ier qui succéda à son père en 1825, et trois filles, dont l’une fut l’impératrice d’Autriche Marie-Thérèse, et une autre, Marie-Amélie, reine des Français.