Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MONTMORENCY (Anne DE), connétable de France

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 2p. 519).

MONTMORENCY (Anne DE), connétable de France, né à Chantilly en 1492, mort, à Paris en 1567. Il eut pour marraine Anne de Bretagne, épouse de Louis XII, et fut élevé avec le jeune duc d’Angoulême (depuis François Ier). Il fit ses premières armes en Italie, combattit à Ravenne (1512), à Marignan (1515), seconda Bayard dans sa belle défense de Mézières (1521), fut nommé maréchal en 1522, et en 1524 força le connétable de Bourbon à lever le siège de Marseille. Après Pavie (1525), il partagea la captivité de François Ier, paya une forte rançon, et prit ensuite part aux négociations qui amenèrent le traite de Madrid (1526). La charge de grand maître de France et le gouvernement du Languedoc furent le prix de ses services. Dès ce moment jusqu’à sa disgrâce, il fut l’âme des conseils de François Ier, et dirigea particulièrement les finances. En 1536, Charles-Quint envahit à la fois la Provence, la Champagne et la Picardie. Montmorency, chargé de défendre la Provence, en fit un désert, dans le but d’affamer l’ennemi. Des Alpes à la mer et de Marseille au Dauphiné, tout fut dévasté ; villages, fermes, moulins, cultures, tout fut brûlé. Retranché dans un camp inattaquable, le maréchal attendit patiemment que l’armée de l’empereur se fût consumée devant Marseille. « La Provence fut sauvée, » dit un historien ; c’est-à-dire qu’elle fut détruite. Il est douteux que l’ennemi l’eût aussi complètement ravagée que son défenseur. Montmorency reçut la dignité de connétable et le titre de Fabius français. L’année suivante, et jusqu’à la trêve de Nice (1538), il combattit les impériaux sans résultat considérable. Disgracié en 1541, il se retira à Chantilly. Après la mort de François Ier (1547), il rentra en faveur, réprima avec la plus grande cruauté les révoltes de la Guyenne (1548), perdit la bataille de Saint-Quentin (1557)j où il fut fait prisonnier, et, dans l’intérêt de sa liberté poussa à la conclusion du traité déshonorant de Cateau-Cambrésis (1559). Écarté des affaires sous François II, il ne reparut à la cour que sous Charles IX, et forma avec le duc de Guise et le maréchal de Saint-André l’association connue sous le nom de triumvirat (1561), ligue d’intérêts personnels plus encore que de conviction religieuse. Montmorency se signala dès cette époque par son zèle fanatique contre les calvinistes. Le massacre de Vassy, la bataille de Dreux (1562), où il fut fait prisonnier par Condé, la pacification d’Amboise (1563), la prise du Havre sur les Anglais, furent les derniers événements auxquels il prit part. Il fut tué à la bataille de Saint-Denis (1567), livrée contre les huguenots. Anne de Montmorency était un homme de guerre du premier ordre, mais dur et cruel, et d’une cupidité indigne de son nom et de son rang.