Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Paul (SAINT). Iconogr.

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 2p. 421-422).

Paul (saint). Iconogr. Le rôle considérable que saint Paul a joué dans l’établissement du christianisme est attesté par le grand nombre des images de cet apôtre qui remontent aux premiers siècles de notre ère, « On ne saurait douter, dit M. l’abbé Martigny, que dès le IVe siècle des images de saint Pierre et de saint Paul ne fussent répandues dans l’Église chrétienne. Eusèbe en avait vu plusieurs qui étaient exécutées en peinture (Hist. eccl., VII, 18). Il est parlé dans les Actes de saint Sylvestre de deux personnages que Constantin aurait vus en songe et qu’il reconnut dans les portraits de saint Pierre et de saint Paul que ce pontife avait placés sous ses yeux. Quelque parti que l’on prenne au sujet de la vision elle-même, on est en droit d’inférer de ce trait que l’Église romaine possédait, dès lors, un modèle consacré pour l’effigie de ces deux apôtres. • Nieéphore Calliste écrivain byzantin du xiv<> siècle, a décrit les traits de saint Pierre et de saint Paul, en s’inspirunt vraisemblablement d’images anciennes qu’il avait sous les yeux ; selon lui, saint Paul avait la taille basse et un peu courbée, le front dénudé, la barbe longue et droite, le visage ovale, les sourcils bus, le nez droit et allongé, et dans tous les traits, ainsi que dans le teint, quelque chose de délicat et de frêle. Cette description s’accorda avec ce qu’ont dit de saint Paul d’autres écrivains plus reculés. Saint Jean Chrysostome parle de sa petite stature, qu’il appelle tricubitalem « haute de trois coudées. « Sa calvitie et la forme allongée de son nez sont attestées par le dialogue intitulé Philopator, faussement attribué à Lucien, mais émané certainement d’une source païenne. L’image de saint Paul se trouve à profusion a côté de celle de saint Pierre, sur les vases de verre à fond doré trouvés dans les catacombes et qui remontent pour la plupart aux temps des persécutions : les deux apôtres sont représentés tantôt en pied, tantôt en buste ; quelquefois le Christ est placé entre eux, mais plus souvent il dépose des couronnes sur leurs têtes ; entre les deux figures, on voit fréquemment, soit une couronne, soit le monogramme du Christ ; soit une rose ou d’autres fleurs, soit enfin un ou plusieurs volumes. Parfois, saint Paul est désigné sous le nom qu’il portait avant sa conversion : Savj.vs. Dans le cimetière de Priscille, h Rome, est une figure grossière d’une époque relativement peu antique, qui représente saint Paul seul, la tête nimbée, dans l’attitude de la prédication, avec cette inscription à droite Paulus pastor et h gauche Apasiolus. Des mosaïques et des sarcophages nombreux offrent les images des deux apôtres. Dans la catacombe de Calliste, ou a trouvé deux médaillons de bronze sur lesquels les bustes des deux apôtres sont représentés face à face ; saint Paul a le front chauve, le nez droit, la barbe longue et divisée en deux pointes. Ces médaillons, dont l’un est d’un style très - remarquable, sont conservés au musée chrétien du Vatican. Bosio et Mamachi ont publié une pierre annulaire où sont gravées les effigies des deux apôtres ; elles figurent également sur le sceau du pape Ëugèue IV avec cette épigraphe : Sub annulo capitum principum aposlolorum. Les peintures, mosaïques, sculptures des premiers siècles nous montrent les deux apôtres invariablement vêtus d’une tunique et d’un pallium ; il en est de même dans les verres dorés, toutes les fois qu’ils y sont représentés en pied, debout ou assis ; mais

quand ils sont vus seulement eu buste, ils portent presque toujours la lacerna oui’ororium, orné sur le devant d’une fibule plus ou moins riche. Toutes les fois que saint Pierre et saint Paul n’ont pas un volumen à la main, ils sont représentés tantôt avec le bras droit tout à fait étendu, ce qui était, dans l’antiquité, une marque d’adhésion, ou bien la main sortant seule de dessous le manteau qui enveloppe tout l’avant-bras, et faisant un geste oratoire. Sur les monuments antiques, on voit très-fréquemment derrière l’image de saint Paul un phénix sur un palmier, double emblème de résurrection qui a en grec lo même nom çotvtï ; cette particularité, dit l’abbé Martigny, ejit sans doute pour but d’honorer le principal prédicateur de la résurrection future. Une mosaïque du vi» siècle, h. Sainte-Marie in Cosmedin de lîavenne, représente Paul paraissant offrir au trône de l’Agneau deux volumes roulés, les livres de ses Épîtres. L’attribut du glaive, qui fut l’instrument de son martyre, n’a été donné à l’Apôtre des gentils que par les artistes du moyen âge et des temps modernes.

Depuis la Renaissance, saint Paul est ordinairement représenté sous la figure d’un

homme robuste, à l’air méditatif, tenant une épée et un livre ; il a ordinairement la barbe blanche et le front chauve ; mais quelques artistes lui donnent une barbe et une chevelure abondantes. Parmi les innombrables peintures qui le représentent, nous citerons celles de J. Blanchard (au Louvre), Alonzo Cano (musée de Dresde), Annibal Carrache (gravé par C. Bloemaert et Baron), B. Cesi (pinacothèque de Bologne), Philippe de Champaigne (gravé par 0. Moriu et par Nie. Bazin), Albert Durer (v. apôtkes), Vaa Dyck (gravé par A. Blootelingh), Gaudenzio Ferrari (au Louvre), J.-B. Franck (musée de Dresde), le Guerchin (au Louvre et gravé par Gio.-B. Pasqualini), le Guide (musée de Madrid), Charles Le Brun (gravé par Pierre Bertrand), Fr. Moneses y Osorio (ancienne galerie de las Marismas), Murillo (musée de Madrid), Navarrete el Mudo (musée de Madrid), P. Novelli, dit le Morrealcse (musée de Naples), le Pérugin (au Louvre), J.-B. M. Pierre (gravé par fiinic Delorme-Ronceray), B. Ramedgiu, ditie Baquaca.va. Ilo (gravé par Nie. Le Sueur dans le Cabinet de Crozat), Rembrandt (musée duBelvédère, à Vienne), Ribera(musée de Madrid), Bart. Schidone (musée de Naples), Cari Screta (musée de Dresde), Bougue-reuu (église Saint-Augustin, à Paris), E-Meissonier (gravé par Cousin, 1810). Des estampes représentant Saint Paul ont été gravées par D. Hopfer, Jaspnr Isae, Nie. Langlois (d’après Lepautre), B. Passarotti, etc. Une statue colossale eu marbre, sculptée par Monot, se voit à Saint-Jeaa-de-Latran : l’apôtre tient de la main

PAUL

fauche l’épée et montre le ciel de la main roite ; sous son bras est le livre de ses Épîtres. D’autres statues ont été exécutées par Thorwaldsen (gravé par Pietro Folo), Delvaux (à la cathédrale de Namur), Debay père (a la cathédrale de Nantes), Suc (Salon de 1839), Révillon (Salon de 1S50), A.-N. Perrey (à la Sainte-Chapelle), E. Thomas (péristyle de Saint-Sulpice, à Paris), Le Bœuf (Salon de 1865), Iguel (Salon de 1868), Rombaud jeune (Salon de 1872), Victor Vilain (façade de l’église Saint-Roch, à Paris), etc.

Un tableau a plusieurs compartiments, peint par Holbein le père en 1504 et qui se voit dans la galerie d’Augsbourg, représente : le Baptême de saint Paul, sou Départ et ses Funérailles.

Un sujet fréquemment traité par les artistes est la Conversion de Saint-Paul ; nous avons décrit au mot conversion les tableaux dans lesquels cette conversion a été retracée par Louis Carrache (pinacothèque de Bologne) et Murillo (musée de Madrid). Une composition de Raphaël, reproduite en tapisserie et qui se voit au Vatican, représente saint Paul renversé de cheval et élevant les regards vers le Christ, qui apparaît dans le ciel, entouré de trois anges ; les compagnons de Paul s’enfuient, frappés d’épouvante ; un serviteur arrête et maîtrise le cheval de son maître. Cette composition a été gravée par Sorello, par Louis Soramerau, etc. Le même sujet a été peint par Ansiaux (cathédrale de Liège), J. Bassan (musée de Dresde), Bonvicino, dit le Moretto (église Saintc-Marie-près-Saint-CeSse, à Milan), S. Bourdon (gravé parL. ChatiUon), le Caravage (église Santa-Maria-del-Popolo, à Rome), Giulio Clovio (gravé par Corn. Cort, 1576), Félix Cottrau (Salon de 1844), Michel Coxoie (gravé par Corn. Bos), Amb. Crozat (musée de Toulouse), Deshays (Salon de 1765), J.-P. Franque (musée de Dijon), Garofalo (galerie Borghèse), L. Giordano (à l’Escuriul). Gustave Housez (Salon de 1865), Jeaurat (autrefois à Saint-Gennain-des-Prés), La Hyre (autrefois à Notre-Dame de Paris), G. de Lairesse (musée de Toulouse), Michel-Ange (fresque de la chapelle Pauline, au Vatican, gravée par N. Béatrizet, Gio.-B. de Cavalleriis), Ant. Miron (au Belvédère), F. Morosinî (église Saint-Étienne, à Florence), Palma le jeune (musée de Madrid), Palma le vieux (gravé par E. Kirkall, 1723), Pordenone (musée de Florence, gravé par C. Bertelli et par Lorenzini), Victor Robert (Salon de 1844), Jules Romain (collect. Dunmore, en Angleterre), Rubens (pinacothèque de Munich), Salviati (gravé par Enea Vico, 1545), Snayers (gravé par Th. van Kessel), Solimene (fresque de la sacristie de Saint-Paul-Majeur, à Naples), F. Zucchero (tableau d’autel, dans l’église Snn-Marcello), etc. Un bas-relief de Domenico di Auria, dans l’église Sainte-Marie-des-Gràces, à Naples, représente la Conversion de saint Paul. Ce sujet nous est encore offert par des estampes de L. Baldi, Abr. Bosse, Ch.-Nic. Cochin, H.-B. Griin, Grég. Huret, Heemskerk, L. Hopfer, Mario Kartaro, Thomas de Leu, Lucas de Leyde, Girolamo Mocetto, G. Pencz (1543), etc.

La Prédication de saint Paul à Athènes a été représentée par Raphaël (v. ci-après), Ciro Ferri (gravé par C. Bloemaert, 1679), Lagrenée le jeune (Salon de 1771), J. de Lestain (autrefois à Notre-Dame de Paris, gravé par Abr. Bosse), Gio.-B. Pannini (gravé par Ch. Knapton), J.-F. Brémond, Norblin (Salon de 1844), D.-A. Magaud {Salon de 1865), etc.

La Prédication de saint Paul à Éphèse a été peinte par E, Le Sueur en 1G49. Nous consacrons plus bas à ce tableau un article spécial. Le même sujet a été représenté en bas-relief par P.-A. Fessard, pour l’église des sœurs de Saint-Paul, à Chartres.

Saint Paul et saint llarnabé à Lyslra ont été représentés par Raphaël (v. ci-après), Séb. Bourdon (musée de Madrid), J. Stella (gravé par Abr. Bosse), Corneille le père (autrefois à Notre-Dame de Paris, gravé par Fr. de Poilly), D.-F. Franek (ancienne galerie de Pommersfelden) ; Ad. Elsheimer (au musée de St&del, à. Francfort), etc.

Parmi les tapisseries célèbres exécutées d’après les cartons de Raphaël et qui sont au Vatican, il en est une qui représente Saint Paul en prison ; pendant que 1 apôtre prie, il survient un tremblement de terre, figuré ici allégoriqueinent par un homme gigantesque, vu a mi-corps dans une caverne, et soulevant la voûte avec les épaules et les bras ; le geôlier et le soldat de garde devant les barreaux de la prison sont saisis d’épouvante. Cette composition a été gravée à l’eau-forte par Louis Sommerau. Rembrandt a peint, en 1027, un Saint Paul dans sa prison, assis, tenant un livre ouvert sur ses genoux et méditant ; il a la barbe et les cheveux blancs. Des livres, une valise et une longue épée sont placés près de lui. Cette toile a figuré à la vente de la galerie de Pommersfelden en 1S67. Le maître avait peint au moins deux fois le même sujet, car un tableau de lui, tout semblable, existe à Vienne (musée du Belvédère). Un tableau de Cl. Halle, qui est au Louvre, représente Saint Paul à Lyslra, empêchant son geôlier de se tuer.

Une autre tapisserie du Vatican, exécutée sur le dessin de Raphaël, représente Saint Paul frappant Etymas d’aveuglement, en présence du proconsul Sergius, qui est assis sur un tribunal élevé et près duquel se tiennent

Paul

deux licteurs. Cette composition a été gravée par Agoslino Veneziano, Hugo da Carpi, Du Bose, Nie. Dorigny, S. Gribelin, J. Fittler, John Simou, John Burnet, Th. Halloway, E. Kirkall, Sommerau, etc. Le carton est à Hampton-Court.

Martin de Vos a peint Saint Paul piqué par une vipère dans Vile de Mylilêne (au Louvre). Au milieu de la composition, le saint allume un petit feul de fagots, aidé par un homme agenouillé qui approche le bois. Une vipère s^lance et le pique au bras ; dans le fond, un groupe d’hommes et de femmes tombent en extase, étonnés de ce que te saint ne meurt par aussitôt de la morsure. Le même sujet a été peint par Dieu (gravé par J. Mariette), Gilles et Mostaert (gravé par H. Ilondius), Claude Verdot (musée du Louvre, n° 591), Alexander (gravé par J. Mariette) ont représenté Saint Paul jetant la vipère au feu. La Séparation de saint Pierre et de saint Paul a été peinte par Lasifranc (au Louvre, gravé par Et. Picart) ; le Départ de saint Paul de Milet, par Galloche (autrefois à Notre-Dame de Paris) ; Saint Paul convertissant le proconsul Sergius, par Loir (autrefois à Notre-Dame de Paris) ; le Naufrage de saint Paul, par Poerson le père (autrefois à Notre-Dame de Paris) ; Saint Paul ressuscitant un enfant, par Biliberti (église San-Marco, ii Florence) ; Saint Paul déliant Félix, par W. Hogarth ; Saint Paul s’embarquant pour Jérusalem, par Court (Salon de 1835) ; Saint Paul faisant fuir le démon sous la figure d’un dragon, par P. del Vaga (gravé par Giulio Bonasone) ; le Martyre de saint Paul, par Schauffelein (musée des Offices), par Louis de Boullongne (autrefois h Notre-Dame de Paris) ; Saint Paul lapidé à Lystra, par J.-B. Champagne (musée de Marseille), etc.

Le Ravissement ou l’Extase de saint Paul a inspiré à Poussin un chef-d’œuvre qui est au Louvre et que nous décrivons plus loin. Notre musée national possède sur le même sujet un tableau du Dominiquin, qui a été gravé par Gilles Rousselet, Massard père, Leblond, etc.