Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/juillet s. m.

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 1092-1093).

JUILLET s. m. (jui-llè ou ju-llè ; ll mll. ― du lat. Julius Jules, en l’honneur de Jules César, réformateur du calendrier). Chronol. Septième mois de l’année : Le onze juillet. À la mi-juillet. Les castors emploient les mois de juillet et d’août à construire leurs digues et leurs cabanes. (Buff.)

— Prov. À juillet, faucille au poignet, C’est en juillet qu’il faut faire la moisson.

— Hist. Journées de juillet, 27,28, 29 juillet 1830. || Révolution de Juillet, Révolution qui s’est accomplie pendant les trois journées de juillet 1830. (V. ci-après.) || Dynastie de Juillet, gouvernement de Juillet, Dynastie formée parla branche cadette des Bourbons, gouvernement issu de la révolution de juillet 1830 : Le principe du gouvernement de Juillet, fondé par et pour la classe moyenne, était la propriété, le capital. (Proudh.)

Encycl. Chronol. Ce mois était le cinquième de l’année instituée par Romulus, et s’appelait Quirinalis. Marc-Antoine rendit une ordonnance qui changea ce nom contre celui de Julius, en l’honneur de Jules César, le réformateur du calendrier romain, né le douzième jour de ce mois.

Pendant le mois de juillet, la moyenne de la température, à Paris, est de 18°,94 ; celle de la pression barométrique est de 750mm,02.

Dans la concordance avec le calendrier républicain, le mois de juillet s’étend, à peu près du 13 messidor au 13 thermidor.

— Agric. Juillet est le mois de la moisson dans la plus grande partie de la France. Le court espace de temps qui sépare la fenaison de la moisson peut être utilement employé à donner un deuxième ou troisième labour aux jachères en terres fortes. Les terres destinées à recevoir une semaille de colza ou de navette seront mises en état par des hersages et des roulages successifs destinés à pulvériser la terre et à détruire les mauvaises herbes ; mais elles ne recevront le dernier labour qu’immédiatement avant la semaille, car on a remarqué qu’en ce cas la graine lève mieux. On continue à biner les betteraves, les carottes et les autres récoltes sarclées, si ces binages n’ont pu être faits plus tôt. On achève également de butter les pommes de terre et le maïs. On éclaircit en même temps cette dernière récolte, en ayant soin particulièrement de ne laisser sur chaque pied que le maître brin, On herse et on bine énergiquement les carottes semées en récolte dérobée, après l’enlèvement de la récolte principale. On fait subir le même traitement aux navets semés le mois précédent. Dans les anciennes topinambourières, on met les plantes en lignes régulières, au moyen d’un fort buttage. Les navets, le sarrasin, le millet, le maïs quarantain, la moutarde blanche, la spergule se sèment en récoltes dérobées dans le mois de juillet. Mais, il faut le dire, cette méthode, qui n’est, d’ailleurs, en usage que dans le nord de la France, nous paraît plus préjudiciable qu’utile. La seule circonstance où l’emploi des récoltes dérobées pourrait présenter certains avantages serait celle où ces récoltes devraient être enfouies en vert pour servir d’engrais ; encore faudrait-il avoir à sa disposition un sol riche, plutôt léger que compacte, et un climat doux, à pluies d’été.

Au nord de la Loire, les blés ne sont généralement récoltés qu’en août ; mais, au sud de ce fleuve, juillet est par excellence l’époque de la moisson. Le colza et la navette sont même ordinairement coupés et battus dès la fin juin. Dans le Nord, ces deux récoltes, ainsi que celles du seigle et de l’escourgeon, se font en juillet. Dans les environs de Paris, le mois de juillet est employé à faucher les prairies naturelles, les vesces semées pour fourrage en mars et avril, et le premier regain de luzerne. S’il survient des jours de pluie, on en profite pour introduire l’eau dans les prairies débarrassées de leurs foins, ou pour conduire des engrais liquides sur les terres qui en ont besoin.

Là où l’on emploie des chevaux aux travaux de la ferme, on fera sagement, pendant ce mois où les travaux sont très-fatigants et où la chaleur est accablante, d’ajouter à leur ration quelques aliments rafraîchissants, la luzerne verte ou des vesces, par exemple. On s’est bien trouvé maintes fois de remplacer une partie de l’avoine par du son et d’arroser le foin avec de l’eau salée. On doit faire baigner les chevaux tous les jours, le soir ou le matin, suivant les convenances. On ne doit plus faire saillir les juments à partir de ce mois. Après l’enlèvement des récoltes, on envoie les moutons pâturer dans les chaumes. Nous remarquerons à ce sujet que les épis restés à terre, surtout ceux de blé et de seigle, sont nuisibles aux bêtes à laine et les prédisposent à la pourriture. C’est en juillet qu’a lieu la monte des brebis pour l’agnelage précoce. La volaille exige peu de soins. On plume les oies pour la seconde fois ; on chaponne les jeunes coqs dès qu’ils commencent à chanter On donne aux vignes une nouvelle façon pour détruire les mauvaises herbes avant qu’elles arrivent à graine, et, s’il y a lieu, on soufre pour la deuxième fois.

En forêt, tous les travaux nécessités par les coupes de printemps doivent être terminés. On doit cesser la carbonisation au plus tard vers la fin de la première quinzaine. Quand la terre est trop sèche, on tire beaucoup moins de charbon d’un même cube de bois. À la fin du mois, on peut commencer à abattre les perches de bouleau et de merisier restées sur pied pour le sabotage et pour faire de grands cercles à cuve. Si l’on a des bois d’industrie à façonner, il ne faut pas perdre de temps.

Dans la culture maraîchère, on peut, jusqu’au 20 de ce mois, semer les brocolis, les chicorées de Meaux, les escaroles vertes, les épinards, les radis, le cerfeuil, les choux de Milan ou frisés, et les raiponces pour l’hiver. On sème également des navets, des radis noirs, des carottes, des pe-tsai, des pak-choï et des scorsonères qui seront bonnes l’année suivante, à l’automne. On plante des choux-fleurs durs et demi-durs pour l’arrière saison, sur l’emplacement des vieilles couches. Vers la fin du mois, on met en place des romaines, des laitues et des poireaux pour l’hiver. On commence à empailler le céleri plein et on continue à tailler les melons, les concombres, les tomates, les aubergines. Il est temps de récolter les graines d’oseille, d’épinard, de pois hâtifs, etc. Les jeunes plants de fraisiers, destinés à être chauffés, doivent être repiqués dans un endroit abrité. Les ananas demandent des arrosements plus copieux et plus d’air dans les serres.

Les arbres fruitiers en plein air, qui sont soumis à la taille, principalement ceux en espalier, demandent une surveillance constante de la part du cultivateur. On doit surtout s’attacher à établir l’équilibre dans la végétation. On continue, au fur et à mesure des besoins, les travaux du pincement et de la taille en vert. Pendant les grandes chaleurs, il est bon de bassiner légèrement, surtout le soir, les feuilles du pêcher, afin de leur rendre un peu de fraîcheur ; mais on doit s’abstenir d’arroser abondamment le pied des arbres pour ne pas déterminer le blanc des racines, qu’une pratique contraire ne manquerait pas d’amener. Il vaut mieux, dans le cas où il serait nécessaire de protéger l’arbre contre l’excès de la chaleur, se contenter d’étendre un paillis sur la terre qui couvre les racines. Quelquefois, vers la fin de juillet, il est utile d’effeuiller les pêchers en enlevant les feuilles qui ombragent le plus les fruits, afin de faire prendre à ces derniers de la couleur et de la saveur. Mais cette opération doit se faire avec une grande prudence, par un temps couvert et a des intervalles plus ou moins longs ; car, exposés trop brusquement et trop complètement aux rayons solaires, tes fruits seraient entravés dans leur développement et durciraient. Vers la fin du mois, quelques personnes commencent à pratiquer sur la vigne, au-dessous des grappes, l’incision annulaire, dans le but d’avancer la maturité. À la même époque, on use d’un procédé assez singulier pour avancer d’une dizaine de jours la maturité des figues. Pour cela, on met, au moyen d’une plume, une très-petite goutte d’huile d’olive sur l’œil de chacun de ces fruits, en ayant soin de saisir pour cette opération l’instant où les figues perdent leur teinte verte pour passer à la couleur jaune. On écussonne à œil dormant, en juillet, l’abricotier, le prunier, le poirier, le pommier et, plus tard, l’amandier, le cerisier. Les fruits abondent sur les marchés ; voici d’abord les cerises et les groseilles, suivies bientôt par les prunes, les abricots, les figues blanquettes. À la fin du mois, les fruits à pépin apparaissent déjà en nombre considérable ; ce sont les poires citron des carmes, doyenne de juillet, beurré Giffard, épargne, grosse blanquette. On a aussi, à la même époque, la pêche mignonne hâtive et quelques pommes ; mais ces dernières n’ont de remarquable que leur précocité.

Dans les jardins d’agrément, la plantation des arbres et arbustes doit être entièrement suspendue. On bine le pied des arbres pour détruire les plantes adventices, et on donne des arrosements, soit à l’eau, soit avec des mélanges d’engrais, pour activer la végétation des sujets qui manquent de vigueur.

Pour la floriculture en pleine terre, les principaux travaux à exécuter consistent en arrosements, en ratissages, en soins d’entretien de tout genre. On donne des tuteurs aux plantes qui en ont besoin. On tond les bordures et les haies. On retire de terre toutes les griffes, tous les oignons qui ont les feuilles déjà sèches ; après quoi on les place dans un endroit sec où on les conserve jusqu’au moment de les replanter en automne. Toutes les boutures faites en cette saison veulent être bassinées et arrosées en proportion de la chaleur. Les bassinages et les arrosements doivent être faits autant que possible le soir. À la fin de juillet, on sème les pensées ; le semis doit être tenu constamment humide et recouvert d’un paillis. Dans le même temps, on marcotte les œillets.

Vers la fin du mois, on pince l’extrémité des rameaux de rosiers sur lesquels on veut prendre des écussons pour la greffe à œil dormant ; on obtient ainsi des yeux mieux constitués. Dans les serres et les orangeries, on continue les travaux du mois précédent, parmi lesquels il faut mettre en première ligne les bassinages et les arrosements. Quelques plantes de serre, parmi les plus rustiques, peuvent être exposées à l’air libre, en prenant la précaution de les abriter contre les grands vents et le soleil. Il faut avoir soin de tenir bien garnies de mousse les orchidées cultivées sur bois ou dans des paniers suspendus. C’est le seul moyen de maintenir autour des racines l’humidité qui leur est indispensable. Il ne faut pas négliger de tenir les serres abritées pendant la grande chaleur du jour. Si le temps est couvert, surtout dans les journées chaudes et humides, on fera bien de donner de l’air autant que cela sera possible.