HOMÉLIE PRONONCÉE DANS LA GRANDE ÉGLISE, APRÈS QUELQUES PAROLES SUR CE PASSAGE DE L’ÉVANGILE : LE FILS NE FAIT RIEN DE LUI-MÊME, QU’IL N’AIT VU FAIRE A SON PÈRE

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HOMÉLIE PRONONCÉE DANS LA GRANDE ÉGLISE, APRÈS QUELQUES PAROLES SUR CE PASSAGE DE L’ÉVANGILE : LE FILS NE FAIT RIEN DE LUI-MÊME, QU’IL N’AIT VU FAIRE A SON PÈRE. (JEAN, 5,19)[modifier]

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.[modifier]


Cette magnifique homélie a été pour la première fois tirée de l’oubli par le savant Eric Benzel, et publiée par lui à Upsal, en 1708, d’après un manuscrit anglais, vicieux en beaucoup de passages Nous avons eu le bonheur de la retrouver dans un manuscrit du cardinal Ottoboni à Rome, et nous avons pu combler les lacunes et corriger les fautes.
Cette homélie, qui est toute de controverse fut prononcée à l’occasion d’une objection des Anoméens. Saint Chrysostome, dan : son discours précédent avait cité ce mot de l’Évangile : Mon Père agit toujours et moi j’agis également ; il avait démontré par là que le Fils est égal au Père, ainsi, ajoute-t-il, que le déclare l’Évangéliste en ces termes : C’est pourquoi ils le poursuivaient davantage, non seulement parce qu’il rompait le sabbat, niais encore parce qu’il nommait Dieu sort Père, se faisant légal de Dieu ; c’était par là qu’il avait terminé son discours. Mais les hérétiques Anoméens opposèrent à ce raisonnement un autre passage de saint Jean (5, 19) : Le Fils ne fait rien de lui-même, qu’il n’ait vu faire à son Père. L’objection pouvait troubler ses auditeurs ; il fallait donc réfuter ces subtilités des Anoméens : aussi l’évêque Flavien prononça-t-il quelques paroles, et sachant le peuple désireux d’entendre Chrysostome, comme le plus capable de repousser vigoureusement une telle attaque, il se tut bientôt et lui confia le soin de réfuter les hérétiques…
Il est donc certain que ce discours fut prononcé à Antioche, dans la grande église, comme le dit le titre, et en présence de Flavien, lorsque Chrysostome était déjà en haute estime auprès des habitants d’Antioche… Les dix premières homélies contre les Anoméens sont de l’année même où il fut fait prêtre et commença à prêcher (386 et 387). Celle-ci et celle qui en fut l’occasion, furent prononcées plus tard, quand des prédications continuelles eurent donné à Chrysostome un grand nom à Antioche. Nous ignorons l’année.

  • 1. Hommage à l’évêque Flavien. – Appel à l’attention des auditeurs. – Importance du sujet.
  • 2. II expose l’objection des Anoméens, qui s’appuie sur une fausse interprétation du texte cité. – Il la réfute, parla nature même du Christ, par la théorie de la responsabilité humaine.
  • 3. Par ses conséquences pour la création, et pour l’incarnation.
  • 4 et 5. Par le témoignage de Jésus-Christ lui-même, et par des exemples de puissance tirés de sa vie terrestre.
  • 6. Il établit le vrai sens du texte, qui est une preuve de consubstantialité : le fils ne peut rien sans le Père, le l’ère sans le Fils, parce qu’ils ne sont qu’un. – Preuves de cette interprétation tirées de l’Évangile et des paroles mêmes du Christ.
  • 7. Conclusion : le Père et le Fils ont une égale puissance.


1. O violence ![1] ô tyrannie ! notre maître, qui vient de parler avant moi, ne nous a permis, alors qu’il avait sa coupe pleine, d’y tremper que le bout des lèvres ; et ce n’est pas faute d’instruction à nous verser : les paroles ne découlent-elles pas toujours de sa bouche comme d’une source abondante ? Mais, compte je le disais en commençant, il a voulu, mes chers frères, mettre dans tout son jour la tyrannie dont vous faites preuve si souvent envers votre serviteur indigne. Voilà pourquoi il a été si prompt à se taire, à terminer son discours : il a voulu satisfaire à vos désirs, et pour cela il m’a remis l’obligation d’achever le paiement de sa dette. Puis donc qu’il m’a cédé la parole et que je vous vois suspendus à mes lèvres, il faut enfin que je me dispose pour la lutte ; mais venez à mon aide, tendez-moi la main : que vos prières délient rua langue, et qu’une attention intelligente rende votre instruction plus facile ; puisque le prophète ne demande pas seulement la sagesse chez qui conseille, mais aussi l’intelligence chez qui écoute. (Is. 3,3) Car nous n’avons pas aujourd’hui à engager un combat de peu d’importance : mais il réclame de tous, beaucoup de prières ; de vous qui écoutez beaucoup d’attention ; de moi qui parle, beaucoup d’efforts, pour que ma parole soit exacte et juste, et qu’elle pénètre dans vos âmes, mes chers frères, et s’y fixe solidement. Il vous faut non seulement m’entendre, mais vous instruire, non seulement vous instruire, mais enseigner ; non seulement recevoir vous-mêmes la vérité, mais la transmettre. Nous aurons en effet un plus brillant théâtre ; une plus nombreuse réunion, quand ce que vous aurez entendu vous aura servi à amener de nouveaux fidèles.
Dans notre précédente assemblée, vous ayant cité cette parole de l’Évangile : « Mon Père agit toujours, et moi j’agis également (Jn. 5,17) », je vous ai montré partant de là que le Fils est l’égal du Père, conséquence que l’Évangéliste avait déjà explicitement énoncée, en disant : « Ils le poursuivaient davantage, non seulement parce qu’il rompait le sabbat, mais parce qu’il appelait Dieu son père, se faisant l’égal de Dieu (Jn. 5, 18) », et j’ai ainsi terminé mon discours. Aujourd’hui il me faut ruiner les objections que soulèvent les hérétiques à ce propos. Car, quoique en face d’une foule amie, je dois parler avec assez de justesse pour que mon langage soit irréprochable, inattaquable, fût-ce même par-devant des ennemis. En effet, comme je vous l’ai dit déjà, je ne veux pas seulement que vous m’écoutiez, mais aussi que vous instruisiez vos frères. Aussi me suis-je efforcé de vous abriter de toutes parts sous des armes spirituelles, pour qu’aucun de vos membres n’apparaisse à découvert, et ne reçoive une blessure mortelle. Oui, la parole nous est une arme : elle garantit les nôtres, et frappe nos adversaires ; elle les frappe non pour les abattre, mais pour les relever de terre, dans les combats que noirs livrons, c’est pour le salut de l’ennemi que s’élèvent nos trophées. Pour obtenir cet heureux triomphe, prêtez-moi donc votre attention ; rejetez toute pensée mondaine ; tenez votre esprit en éveil, et suivez-moi d’un mil pénétrant. Que le riche ne se laisse pas énerver par la noblesse ; que le pauvre ne plie pas sous les soucis de sa misère ; mais que chacun, bannissant de sa pensée les inégalités du monde, se prépare à entendre : car le sujet que nous avons à traiter est grave.
Et si je reviens sur ces recommandations, c’est que je sais sur quel abîme nous nous avançons. Mais ne tremblez pas à ce mot d’abîme : avec l’Esprit-Saint pour guide, plus de ténèbres sur les eaux, mais partout une route facile, si du moins vous suivez la voie où je vous appelle. Pas de trouble, pas d’effroi. Assurément la question que nous devons agiter aujourd’hui peut commencer par troubler un auditeur d’un esprit superficiel, et par soulever en lui des doutes ; mais s’il attend la fin, quand il verra une solution d’accord avec sa foi, il jouira d’une heureuse paix) et il pourra faire aborder son âme dans un port saris orages. Donc, pour qu’il en soit ainsi, pas de trouble, pas d’effroi ; mais suivez en toute patience, en toute assurance, la voie que vous enseigne ma parole.
Quelles sont les objections de nos contradicteurs ? « Le Fils ne peut rien de lui-même, disent-ils, qu’il n’ait vu faire à son Père. » (Jn. 5, 9) Tel est bien le texte de l’Écriture. Comment donc nous opposent-ils ces paroles ? C’est qu’ils ne les citent pas dans le sens de l’Écriture. En effet, que veulent-ils en conclure ? Voyez-vous, disent-ils, comme le Fils de Dieu repousse toute pensée d’égalité ? Comme les Juifs le soupçonnaient de se prétendre l’égal de Dieu, il leur répond par ces mots : « le Fils ne peut rien de lui-même. »
2. Avais-je tort de dire que ces paroles pouvaient vous troubler, et tout d’abord inquiéter qui les entend ? Mais attendez et vous verrez nos adversaires accablés sous leurs propres armes. Avant tout il ne s’agissait pas d’un soupçon des Juifs ; c’est ce que je vous ai démontré en toute évidence dans notre précédent entretien ; pour ne pas remettre ce point en avant, je vous renvoie à mon dernier discours, et je vais m’efforcer de réfuter ce qu’on nous objecte aujourd’hui, en montrant que Jésus parle ainsi, non pour repousser ce soupçon des Juifs, mais pour confirmer leur opinion de tous points, et nous fournir la preuve de sa ressemblance, de son union étroite, de son entente parfaite avec son Père. Oui, je m’appuie avec tant de confiance sur cette parole, que j’y vois une démonstration de sa communauté de nature avec le Père, de sa consubstantialité. Ne soyez pas troublés par les raisonnements des hérétiques. Des épées, des lances, des javelots en peinture ne sauraient épouvanter un guerrier à l’aspect redoutable, à la mine résolue. Tout cela n’est qu’ombre et vaine image, et non pas réalité. Ainsi des raisonnements des hérétiques : pour les réfuter, attachons-nous au texte lui-même ; retournons-le sans relâche, et demandons-leur comment ils le veulent interpréter.
Car il ne suffit pas de lire. Si c’était assez, pourquoi Philippe disait-il à l’eunuque : « Comprends-tu ce que tu lis ? » (Act. 8,30) Par où l’on voit qu’il lisait, mais sans comprendre ce qui était écrit. Aussi répondit-il « De qui, je te prie, parle le prophète ? De lui-même, ou d’un autre ? » (Id. 5,34) S’il suffisait de lire, comment se fait-il que les Juifs, en lisant l’Ancien Testament, et les prédictions sur la naissance du Christ, sur les signes et les miracles qui l’accompagneraient, le lieu, le temps, la croix, l’ensevelissement, la résurrection, l’ascension, la place à la droite de son Père, la descente du Saint-Esprit, la dispersion des Apôtres, la réprobation de la synagogue, la noblesse de l’Église, ne croient pas encore aujourd’hui ? Il ne suffit donc pas de lire, si l’on ne comprend de surcroît. Qu’un homme mange sans digérer, il ne peut vivre ; de même, qu’un homme lise sans comprendre, il ne rencontrera pas ta vérité. Ne me présentez donc pas seulement le texte de l’Évangile, mais interprétez-le. Voilà ce que je leur demande, afin d’écarter leurs fausses interprétations, et de jeter ensuite les fondements de la vérité. Ainsi font les architectes, ils ne jettent pas les fondations, avant d’avoir enlevé tout ce qui est mouvant, afin de bâtir avec solidité. Imitons-les.
Répondez-moi donc : ainsi le Fils ne peut absolument rien faire de lui-même ? Car il n’a pas dit qu’il pût faire des hommes, mais non des anges ; ou bien des anges, mais non des archanges ; il a dit : rien. C’est donc un aveu d’impuissance ? puisqu’à votre sens, il ne peut rien, enchaîné qu’il est par une sorte de force invincible ; puisqu’il ne fait rien de lui-même, mais seulement ce qu’il a vu faire à son Père. Voyez quelle nouvelle doctrine, en complet désaccord avec sa substance pure, immortelle, inénarrable, inexplicable, incompréhensible ! Et pourquoi parler du Christ ? Moi chétif, moi misérable, moi ver de terre, nul ne saurait dire de moi que je ne puis rien par moi-même ; nul ne le saurait dire de vous, ni d’aucun homme. Car, s’il en était ainsi, l’enfer, l’expiation, le châtiment, vains mots ! vains mots, les couronnes, les récompenses, la félicité ! Non, nous ne serons pas punis pour nos fautes, nous ne serons pas récompensés pour nos bonnes actions, si nous ne faisons rien de nous-mêmes ! La récompense n’est pas promise à l’action elle-même, mais à l’intention. Ainsi, quand un homme fait de lui-même une bonne action, il est félicité, il est récompensé : non pas s’il la fait purement et simplement, mais avec intention, de dessein prémédité.
Et voyez la vérité de mes paroles : « Il y a des eunuques, dit saint Matthieu, qui ont été faits eunuques par les hommes ; et il y a des eunuques, qui se sont faits eunuques eux-mêmes en vue du royaume des cieux. » (Mt. 19,12) Il entend ici par eunuques, non ceux qui retranchent leurs membres, mais ceux qui se défont des pensées mauvaises et déréglées, non avec le fer, mais avec le raisonnement, et la sagesse et l’aide de Dieu. Ainsi il y a deux sortes d’eunuques, les uns mutilés par l’homme en leurs corps, les autres mutilés par la piété en leurs mauvaises pensées. Mais quoique leur mutilation diffère dans ses causes, ils n’en vivent pas moins également les uns et les autres loin du commerce de la femme. Également, ai-je dit, non par l’intention, mais par le fait matériel. Ni l’eunuque ne peut voir une femme, ni le moine, qui s’est fait eunuque lui-même. Le fait est le même, non pas la fin. Ceux que l’Évangéliste a dit mutilés par la main des hommes, il ne leur accorde aucune récompense ; c’est pour eux affaire d’incapacité physique, et non de lutte. Mais tes autres, il leur décerne la couronne céleste, en disant « en vue du royaume des cieux. » Pourtant ni l’un ni l’autre n’a commerce avec la femme, mais l’un s’abstient forcément par impuissance ; l’autre est chaste par la puissance de sa volonté, il veut et il triomphe.
Et, quand les hommes peuvent par eux-mêmes de telles choses, quand ils peuvent raisonner, parler, accomplir tant d’autres actes, le Maître des anges ne pourra par lui-même absolument rien ? Qui supporterait un pareil langage ? N’entendez-vous pas saint Paul disant : « Dans une grande maison ne se trouvent pas seulement des vases d’or et d’argent, mais il y en a de bois et de terre, les uns pour l’honneur, les autres pour l’ignominie ; si quelqu’un se garde pur de ces choses, il sera un vase d’honneur, sanctifié et propre au service du Seigneur. » (2Tim. 2,20-21)
3. Voyez-vous encore que c’est par eux-mêmes qu’ils se corrigent ? Car c’est là le sens du mot : « Si quelqu’un se garde pur. » Que signifie donc l’objection qui nous est faite ? Si je ne m’adressais qu’à des frères, j’aurais déjà tiré la conclusion ; mais puisque, j’ai affaire à des adversaires, à des ennemis, il me faut encore renverser leurs arguments. Examinons derechef la parole évangélique, pour en rendre le sens manifeste.
Que nous puissions par nous-mêmes et agir et parler, c’est ce que le raisonnement a assez démontré. Car s’il n’en était ainsi, nous ne serions pas récompensés pour nos bonnes œuvres. Interrogeons de nouveau l’hérétique. Que veut-il dire : « S’il n’a vu son Père faire quelque chose, il ne peut rien faire de lui-même ? » De cette parole prise à la lettre, mais non de son interprétation, ou plutôt non pas même de cette parole, mais de la fausse interprétation qu’en donnent les hérétiques, il résulte nécessairement qu’il a dû y avoir deux créations. – Comment ? Pourquoi ? – S’il n’a vu son Père faire quelque chose, disent-ils, il ne peut rien faire. Il faut donc de toute nécessité que les œuvres du Père aient été d’abord achevées, et puis qu’il y en ait d’autres du Fils, qu’il crée après avoir vu les premières. Car s’il n’a vu faire, il ne faut pas, disent-ils. Or, pour qu’il voie, il faut qu’il y ait des œuvres.
Eh bien, je vous prie, répondez-moi ! Je ne vois qu’un soleil, pourriez-vous m’en montrer deux, afin que j’attribue l’un au Père, l’autre au Fils ? Montrez-moi deux lunes, deux terres, deux mers, et ainsi du reste ? Vous ne le pourriez. Car il n’y a qu’un soleil. En quel sens donc ne fait-il rien, qu’il n’ait vu faire à son Père ? De qui voulez-vous que le soleil soit l’ouvrage ? Du Père ? Où est le soleil du Fils ? Du Fils ? Où est le soleil du Père, le modèle sur lequel le Fils en a fait un semblable ? Comment maintenir ce mot : « Tout a été fait par lui et sans lui rien n’a été fait ? » (Jn. 1,3) Car si tout a été fait par lui, quel moment assigner à cette division de l’œuvre ? Voyez-vous quels raisonnements ! Comme vous vous percez de vos propres armes ! Comme le mensonge se dénonce lui-même !
Voilà comment, en exposant leur interprétation, je l’ai montrée se ruinant elle-même. Mais je leur demanderais volontiers encore Lequel a revêtu notre chair, et est descendu dans le sein d’une vierge ? Le Père ou le Fils ? Répondez. N’est-il pas clair pour tous que c’est le Fils unique de Dieu ? Paul dit : « Soyez dans le même sentiment où a été Jésus-Christ qui ayant la forme de Dieu, n’a point cru que ce fût pour lui une usurpation d’être égal à Dieu, mais il s’est anéanti lui-même en prenant la forme de serviteur. » (Phil. 2,5-7) Et : « Dieu a envoyé son Fils unique, né d’une femme, né sous la loi. » (Gal. 4, 4) Toute l’Écriture, Ancien et Nouveau Testament, est remplie de témoignages à ce sujet, et les faits crient que le Fils unique s’est fait chair, et non pas le Père. Est-ce donc après avoir vu son Père prendre un corps, que le Fils unique a pris un corps ? Car il ne l’aurait pu s’il ne l’avait vu le faire. « Il ne peut rien faire de lui-même qu’il ne l’ait vu faire à son Père. » Quand donc aurait-il vu son Père prendre un corps ? Vous ne le pourriez dire. Et ne prétendez pas que ce soit là peu de chose. Car le fondement de notre salut est l’incarnation du Fils unique, sa descente au milieu de nous. Avant qu’il se fût fait homme, le mal régnait sur le monde, la nuit la plus profonde enveloppait tout, de tous côtés ce n’étaient que temples et autels pour les idoles, qu’odeur et fumée de sacrifices, que torrents de sang, et de sang non seulement de brebis et de bœufs, mais même d’hommes. « Ils sacrifiaient leurs fiels et leurs filles aux démons. » (Ps. 105,3) Et ces crimes, qui les commettait ? Le peuple qui possédait des prophètes, qui connaissait la loi, qui avait joui de la vue de Dieu, qui avait été nourri au milieu de miracles sans nombre. S’il en était ainsi du peuple privilégié, demandez-vous ce qu’étaient les autres contrées de la terre, possédées des démons, soumises au mal, esclaves de toutes les passions, elles qui honoraient des morceaux de bois, adoraient des pierres, des montagnes, des collines, des forêts, des arbres, des lacs, des sources, des fleuves ? À quoi bon en dire davantage ? Les crimes des Juifs suffisent à nous faire juger du débordement du mal chez les autres nations. « C’étaient des chevaux en « rut, et chacun d’eux hennissait après la femme de son voisin. » (Jer. 5,8) « Le bœuf a reconnu son possesseur, l’âne l’étable de son maître, mais Israël ne m’a pas reconnu. » (Is. 1,3) « Des chiens muets, qui ne pouvaient aboyer. » (Is. 56,10) « Tu as pris la figure d’une courtisane ; tu as dépouillé publiquement toute pudeur. » (Jer. 3, 3) « Il n’en est pas un qui comprenne, pas un qui cherche Dieu : tous ont détourné leurs regards, et aussitôt ils sont devenus « inutiles. » (Ps. 13,2, 23) Et un autre : « En vain le fondeur fond l’argent au creuset leurs iniquités n’ont pas disparu. » (Jer. 6,29) Un autre encore : « L’imprécation, le mensonge, le vol, le meurtre, l’adultère se sont répandus sur la terre, et le sang se mêle au sang. » (Os. 4,2) Un autre encore : « Si l’Éthiopien change sa peau, la panthère son pelage tacheté, ce peuple aussi pourra juger, ayant appris à discerner le mal. » (Jer. 13,23) Et celui-ci : « Malheur, ô mon âme ! L’homme pieux a disparu de la terre, et le juste ne se rencontre plus parmi les hommes : tous jugent les mains dans le sang. » (Mic. 7,2) Puis c’est Dieu : « Je hais, je repousse vos fêtes, et je n’accepterai pas l’odeur des victimes que vous immolez dans vos assemblées. » (Amo. 5,4) Élie dit : « Ils ont renversé tes autels, et tué tes prophètes, et je suis resté seul, et ils me cherchent pour me tuer. » (1R. 19,10) Et Dieu encore : « J’ai quitté ma maison, j’ai abandonné mon héritage, j’ai remis ma vie aux mains de mes ennemis. » (Jer. 12,7) fuis David : « Ils ont immolé leurs fils et leurs filles aux démons, et ils ont versé un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles. » (Ps. 106,37-36)
4. Avez-vous vu la tyrannie du mal ? Ils sont devenus semblables à des chiens, à des chevaux, plus déraisonnables que des ânes, plus inintelligents que des bœufs, et leur folie a outragé la nature même. Mais après l’Incarnation du Christ, que dit l’Écriture : « Notre Père, qui êtes dans les cieux. » (Mt. 6,9) Auparavant elle disait : « Va-t’en vers la fourmi ; paresseux (Prov. 6,6) ; » mais après nous avons été élevés au rang, de fils, inscrits au ciel, et nous nous mêlons aux chœurs des anges, et nous prenons part à leurs chants, et nous rivalisons avec les puissances incorporelles. Les autels ont disparu, les temples ont été détruits. Les pierres nous ont paru des pierres, le bois, du bois ; les arbres, des arbres ; les sources, des sources. Le soleil de la justice a brillé (Mal. 4,2) ; il nous a dévoilé la nature, ensevelie jusque-là dans la nuit par les ténèbres de l’erreur, et les ombres profondes de l’ignorance, qui troublaient et offusquaient notre vue. Depuis que de ses rayons le Soleil de la justice a dissipé les nuages épais de l’erreur, partout, règnent la lumière et le jour, ou plutôt l’étincelante clarté du plein midi. Les Perses, qui épousaient leurs mères, observent maintenant la virginité ! Ceux qui méconnaissaient leurs enfants et les égorgeaient, sont devenus des modèles de bonté, d’humanité ! Les loups ont pris la douceur des brebis ! Oui, et ceux mêmes qui étaient plus cruels que des loups ! Car le loup ne renie pas la nature : il reconnaît son petit ; or les hommes étaient plus féroces que les loups. Mais depuis l’Incarnation du Fils unique, et la dispensation de ses grâces, ils ont dépouillé leur férocité, et sont revenus à leur ancienne noblesse ; que dis-je, ils se sont élevés à la vertu des anges ! Auparavant les villes étaient pleines d’impiété : aujourd’hui le désert même apprend la sagesse avec les cabanes des moines, qui, dans les montagnes et les forêts, imitent la vie des anges, après avoir dépouillé la vie du siècle. Et qu’est-il besoin de paroles étudiées, quand les faits parlent eux-mêmes, et montrent avec une lumière plus éclatante que le soleil, les bienfaits qui ont inondé la terre après ce miraculeux et saint enfantement d’une vierge, après la rédemption du genre humain et l’Incarnation du Sauveur.
Eh bien ! cette œuvre si grande et si belle, il l’a faite de lui-même, et Paul nous le proclame, en disant : « Jésus-Christ, qui ayant la forme de Dieu n’a pas cru que ce fût pour lui une usurpation d’être égal à Dieu ; mais il s’est anéanti lui-même, en prenant la forme de serviteur. » (Phil. 2,6, 7) Entendez-vous, hérétiques ? « Il s’est anéanti lui-même. » Et dans un autre passage : « De même que le Christ nous a aimés, et s’est livré lui-même pour nous comme victime offerte à Dieu en odeur de suavité. » (Eph. 5,2) Et il a été crucifié de sa propre volonté, et il s’est immolé lui-même ; aussi disait-il : « J’ai le pouvoir de déposer ma vie, et j’ai le pouvoir de la reprendre. Personne ne me l’enlève : je la dépose de moi-même. » (Jn. 10,18) Que répondez-vous à cela, hérétiques, vous qui détournez du vrai sens le mot de l’Évangile : « Le Fils ne peut rien de lui-même ? » Le voilà en personne disant : « Je dépose la vie de moi-même, et je la reprends de moi-même. » Parole non de grande valeur, mais du plus grand poids ! Et du Père aussi, il est dit qu’il a pouvoir sur la vie et sur la mort. Voyez-vous comment vous êtes tombés dans vos propres filets ? Qu’avez-vous à répondre à ce mot : « Je la dépose de moi-même, et je la reprends de moi-même. » Comment donc entendez-vous qu’il ne fait rien de lui-même ?
Certes, comme je l’ai dit, si j’avais seulement à discuter avec les hérétiques, après les avoir ainsi mis dans l’embarras et pris dans leurs filets, je me retirerais, avec une victoire assez belle et un triomphe assez éclatant, dans la démonstration complète de leurs folies ! Mais je ne veux pas me borner à fermer la bouche à nos contradicteurs, je veux aussi instruire nos frères et fortifier les membres de notre Église : je ne m’en tiendrai donc pas là, je m’efforcerai d’aller plus avant ; je produirai un nouveau fait pour confondre l’impudence de nos adversaires. Que lisons-nous en effet ? « Le Père ne juge personne, c’est le Fils qui juge tous les hommes. » (Jn. 5,22)
5. Je le demande donc aux hérétiques, si le Père ne juge personne, si c’est le Fils qui juge, comment juge-t-il ? Car s’il ne peut rien faire par lui-même, qu’il n’ait vu faire auparavant à son Père, si d’autre part, le Père ne jugeant pas, le Fils juge tous les hommes, comment peut-il faire ce qu’il n’a pas vu ? Et ne passons pas légèrement sur ce point : ce n’est pas une considération sans importance, mais un argument de la plus haute valeur. Songez en effet quelle œuvre immense ! Tous les hommes depuis Adam jusqu’à la consommation des siècles, Grecs, Juifs, hérétiques, fidèles égarés, les faire comparaître tous au jour suprême, et découvrir tout ce qu’ils ont tenu secret, actions, paroles, ruses, perfidies, et jusqu’à leurs plus mystérieuses pensées : et cela non par des témoignages, ni par des preuves, ni par dès figures, ni par des renseignements, ni par rien de ce genre : mais ne recourir qu’à sa propre puissance pour les confondre ! Et pourtant cette œuvre immense, il l’accomplit lui-même, sans avoir vu l’exemple de son Père, sans l’imiter ; car « le Père ne juge personne. »
Voyez-le encore en d’autres circonstances agir de sa propre autorité, soit pour opérer des miracles, soit pour porter des lois, soit pour tant d’autres choses. Quand il est monté sur la montagne, au moment de donner le Nouveau Testament, il dit : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : vous ne tuerez pas ; et celui qui aura tué méritera d’être, condamné par le jugement. Mais moi, je vous le dis : Tout homme qui se sera mis en colère sans raison contre son frère, méritera d’être condamné par le jugement. Vous avez appris qu’il a été dit œil pour œil, dent pour dent » « Mais moi je vous dis de ne pas rendre la pareille au méchant ; si quelqu’un vous a frappé sur la joue droite, tendez-lui l’autre. » (Mt. 5,21-22, 38, 30) Qu’est-ce que ce langage ? – Celui qui ne fait rien par lui-même, redresse les paroles de soir Père, et améliore ses lois ? Et quand je dis : améliore, ne voyez pas dans ce, mot un blasphème, une atteinte à la puissance de Dieu. Si la loi première est moins bonne, ce n’est pas du fait de Dieu, mais du l’ait de ceux – qui ont reçu la loi. Du reste l’Ancien Testament est aussi l’œuvre du Fils unique, comme le Nouveau est aussi celle du Père : comment, dites-moi, ne fait-il rien de lui-même, lui qui ajoute à l’Ancien Testament et qui déploie une telle puissance ?
En vérité, y a-t-il rien de plus faible que l’hérésie ! Les Juifs demeuraient frappés de, stupeur, parce qu’il leur donnait ses enseignements : « comme ayant la puissance, et non à la manière des scribes et des pharisiens. » (Mt. 7,28) Ainsi les Juifs rendent témoignage de sa puissance, et les hérétiques viennent protester qu’il rie peut rien de lui-même. Et les Juifs n’ont pas dit, comme devant avoir la puissance, mais bien : « comme ayant la puissance. » Car la puissance ne lui est pas venue dans la suite, mais il l’avait entière, sans qu’il y manquât rien. Aussi, interrogé sur son règne, disait-il : « Je suis né pour régner. » (Jn. 18,37) Une autre fois on lui présente le paralytique, et, après lui avoir remis ses fautes : « Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a la puissance de remettre les péchés sur la terre, prends toit lit, lui dit-il, et va-t’en dans ta demeure. » (Mt. 9,6) La foule disait : il fait tout, comme ayant la puissance ; mais lui : « Le Fils de l’homme a la puissance de remettre les péchés sur la terre », et encore. « J’ai la puissance de déposer ma vie, et la puissance de la reprendre. » (Jn. 10,18)
Ainsi, il a la puissance de porter des lois, il a la puissance de remettre les péchés, il a la puissance sur la vie et sur la mort, et vous prétendez qu’il ne peut rien par lui-même ? – Est-il rien de plus éclatant que notre triomphe ?
6. Maintenant que nous en avons fini avec les hérétiques, si vous le voulez, arrivons à la conclusion : je veux vous montrer tout d’abord que ce mot : « Il ne peut », appliqué à Dieu, est une preuve, non de faiblesse, mais de force. Quelque surprenante que vous paraisse cette assertion, je ne vous en donnerai pas moins une démonstration éclatante. Si je dis que Dieu ne peut faillir, je ne l’accuse pas de faiblesse, mais je porte témoignage de sa puissance infinie. Si je dis que Dieu ne peut mentir, c’est encore même témoignage. Ainsi, Paul disait : « Si nous persévérons, nous régnerons avec lui ; si nous cessons de croire, lui-même demeure fidèle, car il ne peut se démentir. » (2Tim. 2,11-13) Voyez-vous que ce mot : « il ne peut » est une marque de sa puissance.
Et pourquoi parler de Dieu ? Les choses matérielles elles-mêmes viennent à l’appui de mon raisonnement. Si je dis que le diamant ne peut se briser, est-ce de sa faiblesse ou de sa grande force que je témoigne ainsi ? Alors donc que vous entendez dire que Dieu ne peut faillir, que Dieu ne peut mentir ni se démentir, ne voyez pas dans cette parole une accusation de faiblesse, mais l’aveu d’une puissance infinie : c’est dire que son essence n’admet pas le mal, qu’elle est incorruptible, immaculée, supérieure.
Puisque voilà cette difficulté bien tranchée, tournons maintenant, sur notre propre sujet, l’effort de notre discours. « Le Fils ne peut rien faire par lui-même. » Que veut dire ce « par lui-même ? » Si vous l’entendez en son vrai sens, vous y verrez l’étroite union de Jésus avec son Père, l’identité de leur substance, en un mot la consubstantialité du Père et du Fils. Que signifie donc « Il ne peut rien par lui-même ? » Qu’il ne peut rien faire qui lui soit propre en dehors de son Père, rien de personnel, de distinct, rien d’étranger au Père, rien d’autre enfin que ce que fait le Père : car ce que fait l’un, l’autre le fait aussi. Donc le mot, il ne peut rien faire par lui-même, n’est la négation ni de sa liberté, ni de sa puissance, mais la manifestation de l’union du Père et du Fils, le témoignage de leur accord, de leur étroite union, le signe enfin de leur identité.
Car, comme il rompait le sabbat, et que les Juifs l’accusaient de violer la loi, en disant le Seigneur a ordonné une chose, et tu en fais une autre, il abat leur impudence par ces mots : Je n’ai rien fait que n’ait fait mon Père, je ne lui suis ni opposé, ni ennemi. S’il ne s’est pas exprimé en ces termes, s’il a revêtu sa pensée d’une enveloppe plus terrestre et plus épaisse, songez qu’il parlait à des Juifs, qui le prenaient pour l’ennemi de Dieu. Aussi pour qu’on ne pût le croire tel, ajoute-t-il aussitôt : « Les actes qu’il fait, le Fils les fait également. » (Jn. 5,19) Or, s’il ne fait rien par lui-même, comment les fait-il également ? Faire n’est rien ; les apôtres faisaient à son exemple, ils réveillaient les morts, ils guérissaient les lépreux, mais non pas également, comme lui. Comment donc faisaient-ils ? Pourquoi vous attacher à nous, disent-ils, comme si nous avions fait marcher cet homme de notre propre autorité, par notre propre puissance ? (Act. 3,12) Et Jésus ? « Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a la puissance de remettre les péchés sur la terre (Mc. 2,10 ; Lc. 5,24) », et quand il s’agit de la résurrection des morts : « Comme le Père réveille les morts et les ressuscite, de même aussi le Fils ressuscite ceux qu’il veut. » (Jn. 5,21) Il aurait suffi de dire : « de même ; » mais de surcroît pour rabaisser l’impudence de ses contradicteurs, il ajoute : « ceux qu’il veut », comme preuve de sa pleine puissance. C’est pour cela qu’après avoir dit : « Les actes que fait le Père », il n’ajoute pas, « le Fils les fait également. » « Car tout a été fait par lui, et sans lui rien ne s’est fait. » (Jn. 1,3) Voyez-vous comme Jésus s’applique à faire comprendre l’accord, la liaison, l’union parfaite du Père et du Fils, en disant, non pas « des choses semblables », mais « les mêmes » que le Père, et « également. »
Aussi, même lorsqu’il a voulu se représenter sous un langage modeste, s’est-il encore exprimé avec les plus grandes précautions. Car il n’a pas dit, « S’il ne l’a appris de son Père », afin que vous n’alliez pas croire qu’il apprenne ; il n’a pas dit non plus, « S’il n’en a reçu l’ordre », afin que vous ne le soupçonniez pas d’avoir rang de serviteur, mais « s’il n’a vu son Père le faire. » Et cette parole même indique une étroite union avec le Père. Car s’il peut voir son Père agir, et comprendre comment il agit, il a la même substance. Nous avons bien souvent déjà démontré que nul ne peut voir une substance, ni la connaître pleinement, s’il n’est de même nature. Un ange apparaissant dans sa pure substance, est demeuré invisible à un homme, et encore était-ce un homme d’une grande vertu, Daniel. Aussi Jésus proclamait-il la vision de Dieu comme un privilège de sa nature. « Nul n’a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, voilà celui qui a raconté Dieu. » (Jn. 1,18) Et ailleurs : « Car personne n’a vu le Père, si ce n’est celui qui vient de Dieu, et celui-là l’a vu. » (Jn. 6,46) Et pourtant combien d’autres, des prophètes, des patriarches, des justes, des anges l’ont vu ; mais il parle d’une vue parfaite.
Ne disons donc pas qu’il agit, lorsqu’il voit le Père agir : car que signifierait : « Tout a été fait par lui, et sans lui rien ne s’est fait ? (Jn. 1,3) » et ceci : « Ce qu’il fait, le Fils le fait également ? » (Jn. 5,19) Car s’il le fait également, comment ne le fait-il qu’après avoir vu le Père ? Il faudra donc, d’après votre raisonnement, que le Père lui-même ne fasse, qu’après avoir vu faire un autre : mais c’est le comble de la déraison et de la folie.
7. Mais pour ne pas prolonger notre discours à réfuter ces misérables absurdités, voici ce que nous ajouterons : C’est parce qu’il parlait à des Juifs qui l’accusaient d’être l’ennemi de Dieu et l’adversaire de ses lois, et qui tiraient cette accusation de ses actes, qu’il a donné à son langage une figure plus terrestre et plus matérielle, laissant aux oreilles intelligentes à y trouver un sens digne de Dieu, et redressant ceux qui comprenaient d’une manière plus grossière : Voilà pourquoi il a dit : « Les actes « qu’il fait, le Fils les fait également. » Ce n’est pas qu’il attende pour agir, jusqu’à ce qu’il ait vu agir son Père ; ce n’est pas qu’il ait besoin d’apprendre ; mais il voit l’essence même de son Père, et il la connaît complètement : « Comme mon Père me connaît, moi je connais mon Père. » (Jn. 10,15) Et il fait et exécute tout de sa propre autorité, par l’intelligence et la sagesse qui lui appartiennent, sans avoir besoin d’apprendre ni de voir d’abord. Comment en aurait-il besoin, lui, l’image parfaite de son Père, lui qui fait tout de même que son Père, également, avec la même puissance ? Car en parlant de sa puissance, il a dit : « Mon Père et moi, nous sommes un. » (Jn. 10,30) Ainsi instruits et éclairés par tout ce qui a été dit, évitons donc les réunions des hérétiques, demeurons à jamais attachés à la vraie foi, réglons avec soin notre vie et notre conduite sur les enseignements de la religion, pour obtenir les biens de la vie future, par la grâce et les bontés de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, avec le Père et le Fils, soient la gloire et l’empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il !

  1. Nous renvoyons le commentaire sur le prophète Daniel à notre dernier volume, afin de pouvoir le traduire sur un meilleur texte, récemment découvert.