Henri III et sa cour/Acte III
ACTE TROISIÈME.
LE DUC DE GUISE.
LA DUCHESSE DE GUISE.
ARTHUR.
MADAME DE COSSÉ.
MARIE.
Scène PREMIÈRE.
Concevez-vous, Marie, madame la duchesse de Guise, qui veut aller au bal de la cour en simple domino ?
C’est que madame la duchesse n’est pas coquette…
Mais, sans être coquette, on peut tirer parti de ses avantages… À quoi servira-t-il d’être jolie et bien faite, si l’on se couvre la figure de ce masque noir, et si l’on s’enveloppe la taille de ce domino large comme une robe d’ermite ? pourquoi ne pas se mettre en Diane ou en Hébé ?
C’est qu’elle veut vous laisser ce costume, madame de Cossé.
Voyez donc ce petit muguet !… Allez ramasser l’éventail de votre maîtresse, ou porter la queue de sa robe, et ne parlez pas toilette ; vous n’y connaissez encore rien… Dans trois ou quatre ans, à la bonne heure.
Tiens… Je vais avoir quinze ans.
Quatorze ans, mon beau page, ne vous déplaise…
Ce domino, d’ailleurs, n’est que pour entrer dans la salle du bal. Une partie des dames, vous le savez, ne se masquent que pour jouir du premier coup d’œil, et reviennent ensuite en costume de
ville.Et voilà le tort… Autrefois, on conservait son déguisement toute la nuit… Par exemple, au fameux bal masqué qui eut lieu lors de l’avènement au trône de Henri II, il y a vingt-cinq ans… Je n’en avais que vingt.
Il y a trente ans, madame de Cossé, ne vous en déplaise.
Vingt-cinq ou trente, peu importe… Alors je n’en avais que quinze. Eh bien, tout le monde resta en costume, jusqu’au moment où l’astrologue Lucas Gaudric prédit au roi qu’il serait tué dans un combat singulier. Onze ans après, Montgommery accomplit sa prédiction.
C’est bien malheureux ; depuis ce temps il n’y a plus de tournois.
C’est effectivement quelque chose de bien fâcheux… Il ferait beau voir joûter les jeunes gens de votre époque : voilà de plaisants damerets, en comparaison des chevaliers de Henri II.
Vous pourriez même dire, en comparaison des chevaliers du roi François Ier. Vous les avez vus, madame de Cossé.
J’étais un enfant… Je ne m’en souviens pas… Un enfant au berceau, entendez-vous ?
Mais il me semble, madame, que le baron de d’Épernon, le vicomte de Joyeuse, le seigneur de Bussy, le baron de Dunes…
Et le comte de Saint-Mégrin, donc…
Ah ! vous voilà encore avec votre petit Bordelais… J’aurais bien voulu le voir, avec une armure de deux cents livres, comme celle que portait M. de Cossé, mon noble époux, quand il me couronna Dame de la Beauté et des Amours, et brisa en mon honneur cinq lances, dont M. de Saint-Mégrin ne pourrait pas remuer la plus petite avec les deux mains… c’était au fameux tournoi de Soissons…
Au fameux tournoi de Soissons… ?
Eh ! oui… au fameux tournoi de Soissons, en 1546, un an avant la mort du roi François Ier, quand madame de Cossé était encore au berceau…
Petit drôle… vous vous fiez bien à ce que vous
êtes le parent de madame la duchesse de Guise.
Scène II.
Oh ! venez, ma belle cousine et maîtresse ! et protégez-moi contre le courroux de votre première dame d’honneur..
Qu’avez-vous fait, encore quelque espièglerie ?
Chevalier discourtois, je me souviens des dates.
Madame la duchesse parait préoccupée.
Moi, non… N’auriez-vous pas trouvé ici un mouchoir à mes armes ?…
Non, madame.
Je vais le chercher ; et, si je le trouve, quelle sera ma récompense ?
Ta récompense, enfant… un mouchoir mérite-t-il donc une grande récompense. Eh bien ! cherche-le, Arthur.
Pendant que madame était retirée dans son appartement, où elle avait dit, en rentrant, qu’elle voulait rester seule, la reine Louise est venue pour lui faire une visite ; elle avait dans sa bourse le plus joli petit sapajou.
Oui, elle désirait connaître le déguisement de madame. Elle est entrée chez madame de Montpensier ; et, comme j’y étais, je connais tous les costumes des seigneurs et dames de la cour.
Eh bien !
Je n’ai rien trouvé…
M. de Joyeuse est en Alcibiade… Il a un casque d’or massif… Son costume lui coûte, dit-on, 10,000 livres tournois. M. d’Épernon est…
Et M. de Saint-Mégrin ?.
Ruggieri ?… Dites-moi, Ruggieri ne demeure-t-il pas rue de Grenelle, près l’hôtel Soissons ?
Oui.
Plus de doute… c’était chez lui… J’avais cru le reconnaître… (Haut.) N’est-il venu aucune autre personne ?
Si… M. Brantôme, pour vous offrir le volume de ses Dames Galantes… Je l’ai déposé sur cette table… La reine de Navarre y joue un grand rôle… Et puis, M. Ronsard est aussi venu… il voulait absolument vous voir. Vous lui avez reproché l’autre jour, chez madame de Montpensier, de ne pas assez soigner ses rimes, et il vous apportait une petite pièce de vers.
Sur la rime…
Non ; mais mieux rimée qu’il n’a coutume de le faire. Madame la duchesse veut-elle les entendre ?
Donnez à Arthur, il les lira.
Mignonne, allons voir si la rose
Qui, ce matin, avait desclose
Sa robe de pourpre au soleil,
N’a point perdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint an vôtre pareil.
Las ! Voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a, dessus la place,
Là, là, ses beautés laissé cheoir.
Ô vrayment, marastre nature !
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir.
Or donc, écoutez-moi, Mignonne :
Tandis que votre âge fleuronne
Dans sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse ;
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Mais il me semble qu’ils sont bien, ces vers.
Oh ! M. de Saint-Mégrin en fait au moins d’aussi jolis…
M. de Saint-Mégrin ?…
Ce ne sont pas des vers amoureux, toujours…
Et pourquoi cela ?
Il est probable qu’il n’a encore trouvé aucune femme digne de son amour, puisqu’il est le seul, parmi tous les jeunes gens de la cour, qui ne porte pas le chiffre de sa dame sur son manteau.
Et s’il aimait quelqu’un dont il ne pût pas porter le chiffre ?… Cela peut être.
Oui… cela peut être.
Mais qu’a donc de si remarquable ce petit comte de Saint-Mégrin, pour être l’objet de votre enthousiasme ?
Si remarquable !… Ah ! je ne demande rien que d’être digne de devenir son page, quand je ne pourrai plus être celui de ma belle cousine.
Tu l’aimes donc bien ?…
Si j’étais femme, je n’aurais pas d’autre chevalier.
Mesdames… je puis achever seule ma toilette ; je
vous rappellerai, si j’ai besoin de vous… Reste,
Arthur, reste ; j’ai quelques commissions à te
donner.
Scène III.
J’attends vos ordres.
Bien ; mais je ne sais plus ce que j’avais à te dire. Je suis distraite, préoccupée… Que tu es bizarre, avec ton fanatisme pour ce jeune vicomte de Joyeuse !
Joyeuse… Non… Saint-Mégrin.
Ah ! oui… c’est vrai ; mais que trouves-tu de si extraordinaire en ce jeune homme ?… Moi je cherche en vain.
Vous ne l’avez donc pas vu courir la bague avec le roi ?
Si.
Et qui donc pourriez-vous lui comparer pour son adresse ? S’il monte à cheval, c’est toujours le cheval le plus fougueux qui est le sien : s’il se bat moins souvent que les autres, c’est que l’on connait sa force, et qu’on hésite à lui chercher querelle. Le roi seul peut-être pourrait se défendre contre lui. Tous les autres seigneurs de la cour lui portent envie, et cependant la coupe de leur pourpoint et de leurs manteaux est toujours réglée sur celle des siens.
Oui, oui, c’est vrai… Il est homme de bon goût ; mais madame de Cossé parlait de sa froideur pour les dames, et tu ne voudrais pas prendre pour modèle un chevalier qui ne les aimât pas.
Oh ! la dame de Sauve est là pour témoigner du contraire.
La dame de Sauve ! on dit qu’il ne l’a jamais aimée.
S’il ne l’aime pas, il en aime certainement une autre.
T’aurait-il choisi pour confident ?… il ne ferait pas preuve de prudence, en le prenant si jeune…
Si j’étais son confident, ma belle cousine… on me tuerait plutôt que de m’arracher son secret… mais il ne m’a rien confié… j’ai vu.
Tu as vu… quoi… qu’as-tu vu ?
Vous vous rappelez le jour où le roi invita toute la cour à visiter les lions qu’il avait fait venir de Tunis, et qu’on avait placés au Louvre, avec ceux qu’il nourrit déjà ?…
Oh ! oui… leur aspect seul m’a effrayée, quoique je les visse d’une galerie élevée de dix pieds au-dessus d’eux.
Eh bien ! à peine en étions-nous sortis, que leur gardien jeta un cri ; je rentrai, M. de Saint-Mégrin venait de s’élancer dans l’enceinte des animaux, pour y ramasser un bouquet qu’y avait laissé tomber une dame…
Le malheureux ! ce bouquet était le mien.
Le vôtre, ma belle cousine ?
Ai-je dit le mien ?…. oui, le mien, ou celui de madame de Sauve… vous savez qu’il a éperdument aimé madame de Sauve… le fou… Eh ! que faisait-il de ce bouquet ?
Oh ! il l’appuyait avec passion sur sa bouche… il le pressait contre son cœur… le gardien ouvrit une porte, et le fit sortir presque de force… il riait comme un insensé, lui jetait de l’argent ; puis il m’aperçut, cacha le bouquet dans sa poitrine, s’élança sur un cheval qui l’attendait dans la cour du Louvre, et disparut.
Est-ce tout ?… est-ce tout ?… oh ! encore, encore… parle-moi encore de lui.
Et depuis, je l’ai vu, il…
Silence ! enfant… Monsieur le duc… Reste près
de moi, à mes pieds ; ne me quitte pas que je ne te
l’ordonne…
Scène IV.
Vous étiez levée, madame… allez-vous rentrer dans votre appartement ?
Non, monsieur le duc, j’allais rappeler mes femmes pour achever ma toilette.
Elle est inutile, madame, le bal n’a pas lieu, et vous devez en être contente, vous paraissiez n’y aller qu’à contre-cœur ?
Je suivais vos ordres, et j’ai fait ce que j’ai pu pour que vous ne vissiez pas qu’ils m’étaient pénibles.
Que voulez-vous ? j’ai compris que cette réclusion à laquelle vous vous condamniez était ridicule à votre âge… et qu’il fallait de temps en temps vous montrer à la cour ; certaines personnes, madame, pourraient y remarquer votre absence, et l’attribuer à des motifs !… Mais il s’agit d’autre chose, madame… Arthur, laissez-nous…
Et pourquoi éloigner cet enfant, monsieur le duc ; est-ce donc un entretien secret que vous voudriez ?…
Et pourquoi le retenir, madame ! Craindriez-vous de rester seule avec moi ?
En ce cas, sortez, Arthur… Eh bien !…
J’attends les ordres de ma maîtresse, monsieur le duc.
Vous l’entendes, madame ?
Arthur, éloignez-vous.
J’obéis.
Scène V.
Vrai Dieu ! madame, il est bien bizarre que les ordres donnés par ma bouche aient besoin d’être ratifiés par la vôtre…
Ce jeune homme m’appartient, et il a cru devoir attendre de moi-même…
Cette obstination n’est pas naturelle, madame ; on connaît Henri de Lorraine, et l’on sait qu’il a toujours chargé son poignard de réitérer un ordre de sa bouche.
Eh ! monsieur, quelle conséquence pouvez-vous tirer du plus ou moins d’obéissance de cet enfant ?
Moi, aucune… mais j’avais besoin de son absence pour vous exposer plus librement le motif qui m’amène… Voulez-vous bien me servir de secrétaire ?
Moi, monsieur, et pour écrire à qui ?
Que vous importe ? c’est moi qui dicterai. (Approchant une plume et du papier.) Voilà ce qu’il vous faut.
Je crains de ne pouvoir former un seul mot ; ma main tremble… ne pourriez-vous par une autre personne ?…
Non, madame… il est indispensable que ce soit vous.
Mais, au moins, remettez à plus tard…
Cela ne peut se remettre, madame ; d’ailleurs, il suffira que votre écriture soit lisible… écrivez donc.
Je suis prête…
Plusieurs membres de la Sainte-Union se rassemblent, cette nuit, à l’hôtel de Guise ; les portes en resteront ouvertes jusqu’à une heure du matin ; vous pouvez y à l’aide d’un costume, de ligueur, passer sans être aperçu… l’appartement de madame la duchesse de Guise est au second…
Je n’écrirai pas davantage que je ne sache à qui est destiné ce billet…
Vous le verrez, madame, en mettant l’adresse.
Elle ne peut être pour vous, monsieur ; et à tout autre, elle compromet mon honneur…
Votre honneur !… Vive Dieu ! madame ; et qui doit en être plus jaloux que moi ? … laissez-m’en juge, et suivez mon désir…
Votre désir, je dois m’y refuser.
Obéissez à mes ordres, alors…
À vos ordres !… peut-être ai-je le droit d’en demander la cause…
La cause, madame ; tous ces retardements me prouvent que vous la connaissez.
Moi, et comment ?
Peu m’importe… écrivez.
Permettez que je me retire…
Vous ne sortirez pas.
Vous n’obtiendrez rien de moi, en me contraignant à rester.
Peut-être vous réfléchirez, madame : mes ordres méprisés par vous ne le sont point encore par tout le monde… et d’un mot, je puis substituer à l’oratoire élégant de l’hôtel de Guise l’humble cellule d’un cloître.
Désignez-moi le couvent où je dois me retirer, monsieur le duc ; les biens que je vous ai apportés comme princesse de Porcian y paieront la dot de la
duchesse de Guise.Oui, madame ; sans doute vous jugez en vous-même que ce ne serait qu’une faible expiation. D’ailleurs, l’espoir vous suivrait au delà de la grille ; il n’est point de murs si élevés qu’on ne puisse franchir, surtout si on y est aidé par un chevalier adroit, puissant et dévoué. Non, madame, non, je ne vous laisserai pas cette chance ; mais revenons à cette lettre, il faut qu’elle s’achève.
Jamais, monsieur, jamais.
Ne me poussez pas à bout, madame : c’est déjà beaucoup que j’aie consenti à vous menacer deux fois.
Eh bien ! je préfère une réclusion éternelle.
Mort et damnation ! croyez-vous donc que je n’aie que ce moyen ?
Et quel autre ? — (Le duc verse le contenu d’un flacon dans une petite coupe.) Ah ! vous ne voudriez pas m’assassiner… Que faites-vous, monsieur de Guise, que faites-vous ?
Rien… j’espère seulement que la vue de ce breuvage aura une vertu que n’ont point mes paroles.
Eh quoi !… vous pourriez !… ah !
Écrivez, madame, écrivez.
Non, non. Ô mon Dieu ! mon Dieu !
Eh bien !…
Henri, au nom du ciel ! je suis innocente, je vous le jure… Que la mort d’une faible femme ne souille pas votre nom. Henri, ce serait un crime affreux, car je ne suis pas coupable ; j’embrasse vos genoux ; que voulez-vous de plus ? Oui, oui, je crains la mort.
Il y a un moyen de vous y soustraire.
Il est plus affreux qu’elle encore… Mais non, tout cela n’est qu’un jeu pour m’épouvanter. Vous n’avez pas pu avoir, vous n’avez pas eu cette exécrable idée.
Un jeu, madame !
Non… Votre sourire m’a tout dit…
Êtes-vous décidée ?
Je le suis.
À l’obéissance ?
À la mort !
Vous l’aimiez bien, madame !… Elle a préféré… Malédiction ! malédiction ! sur vous et sur lui… sur lui surtout qui est tant aimé !
Malheur ! malheur à moi ! car mes forces sont épuisées.
Oui, malheur, car il est plus facile à une femme d’expirer que de souffrir. — (Lui saisissant le bras avec son gant de fer.) Écrivez.
Oh ! laissez-moi.
Écrivez !
Vous me faites mal, Henri.
Écrivez, vous dis-je !
Vous me faites bien mal, Henri ; vous me faites horriblement mal… Grâce ! grâce ! ah !
Écrivez donc.
Le puis-je ? Ma vue se trouble… Une sueur froide… ô mon Dieu ! mon Dieu ! je te remercie, je vais mourir.
Eh ! non, vous ne mourrez pas.
Qu’exigez-vous de moi ?
Que vous m’obéissiez.
J’obéis. Mon Dieu ! tu le sais, j’ai bravé la mort… la douleur seule m’a vaincue ; je l’ai supportée autant qu’une faible femme pouvait le faire… Elle a été au delà de mes forces. Tu l’as permis, ô mon Dieu ! le reste est entre tes mains.
L’appartement de madame la duchesse de Guise est au second, et cette clef en ouvre la porte. —
L’adresse maintenant.
et l’on voit sur son bras des traces bleuâtres.)
(Pendant qu’il plie la lettre, madame de Guise relève sa manche,
Que dirait la noblesse de France, si elle savait que le duc de Guise a meurtri le bras d’une femme avec un gantelet de chevalier.
Le duc de Guise en rendra raison à quiconque viendra la lui demander. Achevez : À M. le comte de Saint-Mégrin.
C’était donc bien à lui !
Ne l’avez-vous pas deviné ?
Monsieur le duc, ma conscience me permettait d’en douter, du moins.
Assez, assez. Appelez un de vos pages, et remettez-lui cette lettre — (Allant à la porte du salon et ôtant la clef.) et cette clef.
Ah ! monsieur de Guise ! puisse-t-on avoir plus pitié de vous que vous n’avez eu pitié de moi !
Appelez un page.
Aucun n’est là…
Arthur ne doit pas être loin… et je suis certain
qu’au premier coup de votre sifflet d’argent… mais
auparavant, madame, faites bien attention que je
suis là, derrière ce rideau… un seul signe, un seul
mot… cet enfant est mort… et c’est vous qui l’aurez tué… — (Il siffle.) Songez-y, madame…
Scène VI.
Me voilà ! madame ; Dieu ! grand Dieu ! que vous êtes pâle !…
Moi, pâle ! non, tu te trompes… (Lui tendant la lettre et la retirant.) Ce n’est rien… éloigne-toi, Arthur, éloigne-toi…
Moi vous quitter quand vous souffrez !… voulez-vous que j’appelle vos femmes ?
Garde-t’en bien, Arthur… prends cette lettre… cette clef… et va-t’en… pars… pars…
À monsieur le comte de Saint-Mégrin… Oh ! qu’il sera heureux, madame… je cours !…
Heureux !… oh ! non… non ; reviens… reviens, Arthur !… Arthur…
Silence ! madame.
Ah !…
et refermant la porte avec une double clef.
Et maintenant, que cette porte ne se rouvre plus que pour lui !