Histoire amoureuse des Gaules/Tome 2/Histoire de l’amour feinte du Roi pour Madame

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HISTOIRE


DE L’AMOUR FEINTE


DU ROI POUR MADAME


Vous m’avouerez, ma chère, qu’il est plaisant qu’une princesse de mon rang ait été le jouet d’une petite fille comme La Vallière ; cependant c’est ce qui m’est arrivé, et ce que je vais vous apprendre, puisque vous n’étiez point à Paris dans ce temps-là [1]. Vous saurez que peu de temps après que je fus mariée à Monsieur, lequel je ne pus jamais bien aimer, le Roi, qui, je pense, étoit de même pour la Reine, me venoit voir assez souvent et se plaignoit peu galamment de l’inutilité de son cœur, et que depuis le départ de madame de Colonne il étoit bien des momens dans la vie qui lui sembloient longs ; il nous disoit souvent cela en présence de tout-à-fait belles femmes, et, quoique nous ne le trouvassions pas obligeant, c’étoit à qui le divertiroit le mieux. Un jour qu’il étoit bien plus ennuyé qu’à l’ordinaire, monsieur de Roquelaure [2], pour le tirer de sa rêverie, s’avisa malheureusement de lui faire une plaisanterie de ce qu’une de mes filles étoit charmée de lui, en la contrefaisant, et disant qu’elle ne vouloit plus voir le Roi pour le repos de son cœur, et mille choses de cette nature qu’effectivement La Vallière disoit. Comme vous savez qu’il donne l’air goguenard à tout ce qu’il dit, il réussit fort à divertir le Roi et toute la compagnie ; il demanda qui elle étoit, mais, comme il ne l’avoit pas remarquée, il ne s’en informa pas davantage ; seulement il prit grand plaisir aux bouffonneries du sieur Roquelaure.

Trois jours après, le Roi, sortant de sa chambre, vit passer mademoiselle de Tonnecharante [3] ; il dit à Roquelaure : « Je voudrois bien que ce fût celle-là qui m’aimât. — Non, Sire, lui dit-il, mais la voilà », en lui montrant La Vallière, à laquelle il dit, en notre présence à tous, d’un ton fort plaisant : « Eh ! venez, mon illustre aux yeux mourans, qui ne savez aimer à moins qu’un monarque ! » Cette raillerie la déconcerta ; elle ne revint pas de cet embarras, quoique le Roi lui fît un grand salut et lui parlât le plus civilement du monde. Il est certain qu’elle ne plut point ce jour-là au Roi ; mais il ne voulut pourtant point qu’on en raillât.

Six jours après, il advint mieux pour elle ; car elle l’entretint fort spirituellement deux heures durant, et ce fut cette conversation fatale qui l’engagea. Comme il eût eu honte de venir voir cette fille chez moi sans me voir, que fit-il ? Il trouva moyen de faire dire à toute sa cour qu’il étoit amoureux de moi ; il en parloit incessamment ; il louoit mon air et ma beauté, et enfin je fus saluée de toutes mes amies de cette nouvelle. Cependant il ne m’en donnoit point d’autres preuves que d’être continuellement chez moi, et, dès qu’il voyoit quelqu’un, d’être attaché à mon oreille à me dire des bagatelles ; et après cela, il retomboit dans des chagrins épouvantables. Il me mettoit souvent sur le chapitre de la belle, en m’obligeant de lui dire jusques aux moindres choses ; et comme je croyois que ce n’étoit que par ce qu’on lui en avoit dit, et que d’ailleurs j’étois bien aise de le divertir, je l’en entretenois autant qu’il le vouloit. Il la voyoit souvent en particulier, et prenoit quelquefois un ton de raillerie pour autoriser ses conversations ; mais pour peu que je continuasse, je voyois bien par la mine qu’il faisoit quand quelqu’un la choquoit, qu’il n’étoit pas content. Il la faisoit venir souvent, et effectivement il étoit bien plus agréable et fournissoit bien davantage à la conversation que lors qu’elle n’y étoit pas. Cependant concevez que j’en étois la malheureuse, ne voyant presque plus personne, de peur qu’on avoit de lui déplaire ; il n’y avoit que le pauvre comte de Guiche qui venoit toujours hardiment me voir. Bon Dieu, que j’étois aveuglée !

Il me souvient qu’un jour que mademoiselle de Tonnecharante avoit la fièvre, que La Vallière étoit auprès d’elle, d’abord que le Roi le sçut, il en fut tout ému et se leva pour l’aller quérir. Le comte me dit : « Ah ! que le Roi, Madame, est honnête homme, s’il n’a point d’amour ! » Je vous avoue que je ne le croyois pas, quoique chacun dît le contraire ; la jeune Reine même me le persuadoit bien mieux que les autres par sa froideur pour moi, qu’elle prétendoit venir de ce que j’avois ri un soir qu’elle pensa tomber ici en dansant ; Monsieur m’en donna aussi des attaques à la chasse : en vérité, quand j’y pense, nos deux illustres se divertissoient bien de ma simplicité ; mais achevons.

Un jour que la comtesse de Maure [4] me vint voir, La Vallière lui demanda si elle n’avoit point vu la Tonnecharante, qui étoit sortie pour l’aller voir. Vous connoissez bien l’esprit de la comtesse, qui étoit sa particulière amie ; elle trouva que La Vallière ne parloit pas comme elle devoit de sa parente et de son amie [5] ; elle s’en plaignit à moi. Je vous avoue que dans mon âme je trouvai le caprice de cette dame plaisant, de trouver à redire qu’on n’avoit point dit mademoiselle de Tonnecharante ; mais comme j’avois gardé un dépit secret contre La Vallière de ce que le soir précédent le Roi l’avoit presque toujours entretenue, je lui en fis un si grand bruit, en la reprenant aigrement devant madame de Maure, en lui disant que je faisois grande différence d’elle avec toutes mes filles, et que je la trouvois fort entendue depuis quelque temps, qu’elle en pleura de rage et de chagrin. Ce qui l’outragea plus sensiblement, c’est qu’elle nous avoit entendu la railler avec mépris de sa prétendue passion pour le Roi, et, comme vous savez que madame de Maure décidoit souverainement de tout, elle la traita de fille qui à la fin aimeroit les héros des romans.

Nous n’avions pas encore décidé ce chapitre, que le Roi entra dans ma chambre. Je vous avoue, duchesse, que dans ce moment il me parut plus aimable que tout ce que j’ai jamais vu. Mais Dieu ! que cette aimable joie se dissipa bientôt, lorsqu’il aperçut La Vallière entrer par une autre porte, les yeux gros et rouges à force de pleurer ! Non je n’entreprendrai point de vous dire quel fut ce changement, qu’il tâcha de cacher pour lui dire en riant qu’il l’aimoit assez pour vouloir savoir ses chagrins. Je pense qu’elle lui fit bien ma cour : il sortit un moment après, disant qu’il m’avoit vue, et que c’étoit assez. Il revint cependant le soir avec la Reine-Mère, qui étoit suivie de plusieurs de nos dames. Elle nous montra un bracelet de diamans d’une beauté admirable, au milieu duquel étoit un petit chef-d’œuvre : c’étoit une petite miniature qui représentoit Lucrèce ; le visage en étoit de cette belle Italienne qui a tant fait de bruit dans l’univers ; la bordure en étoit magnifique et enfin toutes tant que nous étions de dames eussions tout donné pour avoir ce bijou. À quoi bon le dissimuler ? je vous avoue que je le crus à moi, et que je n’avois qu’à faire connoître au Roi que j’en avois envie pour qu’il le demandât à la Reine, car tout autre que lui ne l’auroit jamais pu obtenir d’elle. En effet, je ne manquai rien pour lui persuader qu’il me feroit un présent fort agréable s’il me le donnoit. Il étoit si triste qu’il ne me répondit rien ; cependant il le prit des mains de madame de Soissons, qui le tenoit, et l’alla montrer à toutes nos filles. Il s’adressa à La Vallière pour lui dire que nous en mourions toutes d’envie, et ce qu’elle en trouvoit ; elle lui répondit d’un ton languissant, précieux et admirable. Le Roi n’eut pas la patience ni la prudence d’attendre à le demander qu’il fût hors de chez moi ; car avec un grand sérieux il vint prier la Reine de le lui troquer, et elle le lui donna avec bien de la joie. Dieu sait quelle fut la mienne lorsque je le lui vis entre les mains !

Après que tout le monde fut parti, je ne pus m’empêcher de dire à toutes mes filles que je serois bien attrapée si je n’avois pas le lendemain ce bijou à mon lever. La Vallière rougit et ne répondit rien ; un moment après elle partit, et la Tonnecharante la suivit doucement. Elle vit La Vallière comme je vous vois regarder ce bracelet, le baiser, puis le mettre dans sa poche, lorsque la Tonnecharente l’empêcha par un cri qu’elle fit, à dessein de lui faire peur. Je pense qu’elle en eut aussi ; mais, après s’être remise, elle ne chercha point de finesse, elle lui dit : « Eh ! bien, Mademoiselle, vous voyez que vous avez le secret du Roi entre vos mains ; c’est une chose délicate, pensez-y plus d’une fois. » Voici la Tonnecharante aux prières de lui dire la vérité de toute cette intrigue. La Vallière lui dit sans façon les choses au point qu’elles en étoient ; après quoi elle écrivit toute cette aventure au Roi.

Le lendemain il vint chez moi dès les deux heures, et parla près d’une heure à elle. Il voulut dès ce jour-là la tirer de chez moi ; elle ne le voulut pas. Il souhaita qu’elle prît ces boucles d’oreilles et cette montre, et qu’elle entrât dans ma chambre avec tous ses atours ; ce qu’elle fit. Je lui demandai devant le Roi qui lui pouvoit avoir donné cela. — « Moi », répondit le Roi peu civilement. Je demeurai muette ; mais, comme le Roi souhaita que j’allasse à Versailles et que j’y menasse cette créature, j’attendis à la chapitrer devant les Reines. Assurément que le Roi s’en douta, et ce fut ce même jour qu’il nous fit cette incivilité à toutes, de nous laisser à la pluie qui survint dans ce temps-là pour donner la main à La Vallière, à laquelle il couvrit la tête de son chapeau. Ainsi il se moqua de nos desseins, et ne fit plus de secret d’une chose dont nous prétendions faire bien du mystère. Jugez après cela, ma chère, de l’obligation que je dois avoir au Roi.

La duchesse [6] la plaignit, et elles passèrent cinq à six jours parlant chacune de leurs affaires, après lequel temps elles revinrent à Paris. Madame alla descendre au Louvre, où elle trouva presque toutes les femmes de qualité de la cour qui étoient venues visiter la Reine-Mère, qui avoit une légère indisposition [7]. Le Roi vit entrer monsieur de Roquelaure, auquel il demanda si l’on parleroit éternellement de ses malices pour les femmes, à cause que le soir précédent il avoit rompu avec madame de Gersay [8] fort mal. — « En vérité, lui dit le Roi, cette réputation de se faire aimer des femmes et puis se moquer d’elles ne me charmeroit point ; qui peut autoriser un homme qui manque de probité pour elles ? car enfin, si parce que l’on n’a à essuyer que leurs plaintes et leurs larmes il faut n’en rien craindre, je trouve cela horrible ; et puis, quiconque a de la probité en doit avoir partout. — En vérité, reprit la première et la plus aimable duchesse de France, cela est bien glorieux pour nous, qu’un roi comme le nôtre défende nos intérêts si généreusement. — Ah ! Madame, dit le Roi, je n’en aurois pas besoin si toutes les femmes étoient faites comme vous. — Après tout, dit la Reine, monsieur de Guise [9] se décria tellement pour deux ou trois affaires de cette nature que quand il est mort il n’eût pas trouvé une lingère du palais qui l’eût voulu croire. — Mais, Madame, lui dit Roquelaure en riant, quand un confesseur commande de rompre ? — Ah ! la bonne conscience ! interrompit le Roi ; ah ! l’homme de bien ! » Il continua cette conversation encore une heure, toujours pillant [10] Roquelaure. Ensuite il alla penser pour se confesser le lendemain, qu’il communia avec une dévotion admirable, et partagea la journée en trois : à Dieu, aux peuples, et à La Vallière, à laquelle il donna la fête de toutes les façons. Mais celle qui m’auroit le plus agréé, c’est un meuble entier de cristal tout façonné : il est certain que tous les meubles que j’ai jamais vus en ma vie doivent céder à la beauté et à l’éclat de celui-ci ; le seul candélabre est de deux mille louis. Deux jours après La Vallière envoya au Roi, par un gentilhomme de son frère, un habit et la garniture avec ce billet :

Je vous avoue que je me sens un peu de vanité lors que je pense que je suis en état de pouvoir faire des présens au plus grand roi du monde ; car vous voulez bien, mon illustre prince, que je sois persuadée que tout ce qui vous vient de moi vous est agréable, et que vous estimez plus une marque de ma tendresse et de mon amitié que tous les trésors de votre royaume. Pensez un peu, en vous habillant, qu’il n’est pourtant pas besoin d’être magnifique pour me plaire.

Cette lettre plut au Roi, comme tout ce qui vient de La Vallière ; voici ce qu’il lui repartit :

Oui, ma chère mignonne, vous êtes en état de me faire des présens, et je les reçois avec plus de joie de votre main que je ne ferois de tout l’empire de l’univers par celles de tous les hommes ; mais, ma belle enfant, conservez-moi toujours le glorieux don que vous m’avez fait de votre cœur, car c’est celui-là qui m’oblige à regarder tous les autres avec plaisir. Ayez un peu d’envie de me voir avec l’habit que vous me donnez.

Elle en eut une grande commodité, car il le porta plus de quinze jours de suite. Il lui en envoya peu de temps après six merveilleusement riches et superbes, avec une échelle [11] et une ceinture de diamans, afin de monter avec plus de facilité au haut du mont Parnasse, et une veste [12] comme celle de la Reine, qui lui sied fort bien.

Elle étoit dans cet état lorsque le Roi alla à la revue qu’il fit de ses troupes à Vincennes devant messieurs les ambassadeurs d’Angleterre. Voyant passer le carrosse de La Vallière, il s’avança au galop et fut une heure et demie à la portière, chapeau bas, quoiqu’il fît une petite pluie que nous trouvions fort incommode, et, en s’en retournant, il rencontra à douze pas de là celui des Reines, auquel il fit un grand salut. La semaine suivante, ils allèrent tous deux seuls à Versailles, ne voulant point que mademoiselle d’Artigny y fût, tant il est vrai que dans l’amour le secret est plaisant. Cela me fait souvenir du cardinal légat [13], qui disoit un jour à monsieur de Créqui : « Parbleu, Monsieur, mon plaisir diminueroit de la moitié si je croyois qu’on m’entendît. »

À moitié chemin, Des Fontaines [14], par ordre du roi, lui prépara un grand repas, duquel il eut cent louis. Ils restèrent six ou huit jours à Versailles, et se divertirent à la chasse, à la promenade, au lit et à tout ce qu’ils voulurent. En s’en revenant à Paris, mademoiselle de La Vallière tomba de cheval, qui ne se seroit pas fait grand mal si elle n’eût pas été maîtresse du Roi ; mais, à cause de cela, il la fallut saigner promptement. Je ne sais par quelle raison elle vouloit que ce fût au pied ; le Roi, qui voulut y être, fit plus de mal que de bien, car il cria tant aux oreilles du chirurgien que la peur lui fit manquer deux fois son coup. Son amant devint pâle comme un linge ; mais ce fut bien autre chose quand on vit que mademoiselle de la Vallière, en retirant son pied, fit rompre le bout de la lancette. Le Roi, animé comme si ce misérable l’eût fait exprès, lui donna un coup de pied de toute sa force, qui en vérité est beaucoup dire, et l’envoya d’un bout de la chambre à l’autre. Le Roi se jeta à sa place, et prit le pied de cette admirable [15], en attendant un autre chirurgien, qui lui tira le bout de la lancette et la saigna fort bien. Elle fut pourtant obligée de garder le lit un mois. Le Roi différa dix jours, pour l’amour d’elle, son voyage à Fontainebleau, après lequel il fallut partir ; mais tous les jours elle avoit des nouvelles du Roi, et le Roi en avoit des siennes. Voici un des billets qu’elle lui écrivit :

Mon Dieu ! qu’il est incommode d’aimer un prince aussi charmant que vous ! on n’a pas un moment de repos, on craint même mille choses qui ne peuvent pas arriver ; enfin je vous veux souvent du mal d’être trop aimable. Plaignez donc ce cœur que vous rendez malheureux ; excusez-le de toutes les peines que je vous donne de m’aimer triste, absente, importune, et, si j’ose dire, jalouse.

En voici la réponse :

Le triste état où mon cœur me réduit depuis que je ne vous vois pas, mon enfant, est assez pitoyable pour vous obliger à partager mes chagrins, et à être touchée de pitié pour les maux que votre absence me fait souffrir, qui ne peuvent être adoucis par tous les divertissemens que mon cœur me fournit ; ainsi je puis être persuadé qu’il est des momens où vous souffrez tout ce qu’une personne qui aime peut souffrir.

Une heure après que ce billet fut parti, l’impatience du Roi fut si grande pour voir sa maîtresse qu’il pria le duc de Saint-Aignan de l’aller quérir, ne le pouvant pas lui-même à raison de quelques affaires importantes qu’on traitoit pour lors dans le conseil. Le duc partit aussitôt, et deux jours après nos deux amans goûtèrent la satisfaction qu’il y a de se voir après une si petite absence. Leur joie fut grande ; celle de la Reine ne fut pas de même, qui avoit déjà assez de chagrin sans celui-là, d’avoir presque entendu toutes les nuits que le Roi rêvoit tout haut de cette petite pute (c’est ainsi qu’elle la nommoit, parce qu’elle ne sçait pas assez bien le françois).

C’est une bonne princesse ; le Roi est un grand prince, personne n’est digne d’être sur nos têtes que lui ; jamais on n’a vu de grands hommes qui, aussi bien que lui, n’aient été vaincus par l’amour : admirons toujours sa bonne foi, sa tendresse et sa grande constance, et de mademoiselle de La Vallière l’esprit et la modération [16].

  1. L’auteur fait allusion au séjour de madame de Créqui à Rome, où son mari étoit ambassadeur en ce temps ; il y fut victime d’une espèce d’assassinat qui motiva l’envoi en France du légat Chigi ; celui-ci, en même temps qu’il apportoit au Roi une satisfaction, faisoit, paroît-il, une cour assidue à la femme de l’ambassadeur.
  2. Voy. t. 1, p. 163 et suiv.
  3. Gabrielle de Rochechouart, de la branche des comtes de Tonnay-Charente, étoit fille unique de Jean-Claude de Rochechouart et de Marie Phelippeaux de la Vrillière. Elle épousa, en 1672, le marquis de Blainville, fils de Colbert. Son père et le père de madame de Montespan étoient, l’un et l’autre, petits-fils de René de Rochechouart ; Gaspard, fils de René, avoit eu lui-même pour fils Gabriel, père de madame de Montespan, et Louis, comte de Maure. La comtesse de Maure, tante de madame de Montespan, étoit donc alliée, à un degré fort rapproché, de mademoiselle de Tonnay-Charente. Il étoit nécessaire de débrouiller cette parenté qui explique certains faits postérieurs.
  4. Anne Doni d’Attichi, femme de Louis, comte de Maure, la célèbre amie de madame de Sablé et de mademoiselle de Montpensier. — Voy. la note précédente.
  5. Voy. ci-dessus p. 100. — L’auteur lui prête ici une sorte de fierté fort susceptible que n’avoit point madame de Maure, si l’on en croit les portraits que nous ont laissés d’elle le marquis de Sourdis, dans le Recueil de portraits dédiés à Mademoiselle, et Mademoiselle elle-même dans son petit roman de la Princesse de Paphlagonie, où Madame de Maure paroît sous le nom de Reine de Misnie. Partout on s’accorde à louer sa bonté.
  6. L’auteur prend ici brusquement la parole, qu’il avoit laissée à Madame depuis le commencement de ce récit. On se rappelle que Madame s’adressoit à la duchesse de Créqui.
  7. La Reine mère étoit depuis long-temps atteinte d’un cancer.
  8. Voy., sur le marquis de Jarsay, dont la femme est ici en jeu, t. 1, p. 74.
  9. Henri de Lorraine, deuxième du nom, duc de Guise, pair et grand chambellan de France, né en 1614, mort en 1664. Ses prétentions, sa jactance, ses nombreuses amourettes, ont été maintes fois racontées et chansonnées. On a vu plus haut (p. 93) une allusion à son amour pour mademoiselle de Pons. C’est à lui que Somaize dédia son Dictionnaire des Précieuses. Voy. notre édition de ce livre, t. 2, p. 251.
  10. Piller, railler, agacer. Terme pris de la chasse ; on dit à un chien : Pille, pille, c’est-à-dire mords. De là houspilier.
  11. Les femmes portoient alors des échelles de rubans, c’est-à-dire des nœuds de rubans fixés par échelons le long du busc ; les diamants remplacent ici les rubans.
  12. « Veste. Espèce de camisole qui est ordinairement d’étoffe de soie, qui va jusqu’à mi-cuisse, avec des boutons le long du devant et une poche de chaque côté. Les vestes étoient, il y a quelques années, plus courtes, et même elles n’avoient point de poches d’homme. » (Richelet.) — Il est à croire que les vestes des femmes différoient de celles que portoient les hommes.
  13. Le cardinal Chigi, dont nous avons parlé plus haut, amoureux de madame de Créqui.
  14. Le sieur Des Fontaines ne figure à aucun titre à cette époque sur l’état de la maison du Roi.
  15. Admirable, illustre, remplacèrent le mot précieuse, lorsqu’il fut discrédité.
  16. À voir cette sorte de conclusion qui se rattache si peu à ce qui précède, il n’est pas douteux, ce semble, que le récit n’ait été interrompu, et qu’il y ait ici une lacune. — Nous avons vainement cherché un texte plus complet.