Histoire archéologique de l’époque gallo-romaine de la ville de Rennes/Troisième partie

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TROISIÈME PARTIE.


APPENDICE

OU

COUP-D’ŒIL RÉTROSPECTIF

SUR

L’Époque Gallo-romaine de la Ville de Rennes.


J’aurais pu terminer ici le travail que j’ai entrepris sur les antiquités romaines trouvées dans la Vilaine. Mais j’ai pensé qu’une appendice, dans laquelle je ferais connaître celles étrangères à cette rivière, mais de même origine, que l’on a découvertes dans certaines parties de la ville de Rennes, propres à démontrer son occupation par les Romains, devenait en quelque sorte le complément de cet ouvrage.

J’ai donc cherché à réunir le plus grand nombre de matériaux qu’il m’a été possible de me procurer, dans le but surtout de conserver à la science une certaine quantité d’objets plus ou moins intéressans, disséminés entre les mains de personnes qui auraient pu les laisser perdre ou les échanger.

J’ai en conséquence, décrit et fait représenter dans des planches annexées à ce travail, les fragmens de poteries romaines historiées ou non les plus remarquables parmi ceux trouvés, dans le but de faire voir à quel degré de perfection était parvenu l’art du potier, et combien encore, aujourd’hui, nous en sommes réduit dans l’art céramique à n’être bien souvent sous le rapport de la forme et de l’ornementation, que des copistes.

Je me sais également efforcé de faire connaître les inscriptions, les statuettes, les monnaies et les autres objets d’origine gallo-romaine rencontrés dans la même ville, propres à étayer l’opinion que j’émettrai sur l’emplacement de l’ancienne Condate, et à m’aider dans les tentatives que je vais faire pour en reconstituer l’histoire à cette époque reculée.

Cette cité encore désignée par Ptolémée sous le nom d’oppidum des Rhedones[1], et qui occupa d’abord une étendue très-circonscrite, Vers l’extrémité du triangle formé au sud par la Vilaine, et au nord par la rivière d’Ille, qui devaient lui-servir de défense, ainsi, que les marécages impraticables qu’elles formaient au-delà et vers leur point de jonction, fut primitivement possédée par les vainqueurs dans les conditions d’une enceinte assez mal fortifiée, mais dans une excellente position stratégique. Ils durent donc ne pas négliger cette dernière et s’y retrancher, mais en rendre les abords plus difficiles, en y élevant de plus fortes murailles, à l’aide de briques et de pierre, pour y établir un camp[2].

Cette ville, avant son occupation par les Romains, fut connue sous le nom de Kondatt, que ces derniers avaient transformé en Condate Rhedonum [3]. Une fois qu’ils s’en furent emparé, ils s’en firent un boulevard contré les agressions des Amoricains. Ce ne fut du reste qu’après avoir employé dix années à la conquête de la Gaule et à celle de l’Armorique, qui fut attaquée la dernière, l’an 57 avant Jésus-Christ, par Publius Crassus, l’un des lieutenans dé César, que ce dernier put s’emparer de Condate. Mais avant, il lui fallut vaincre les Vénètes qui, de même que le reste

des Armoricains, s’étaient révoltés, ce qu’il effectua, comme il le raconte dans le troisième livre de ses commentaires, après avoir construit une flotte sur les bords de la Loire et leur avoir livré un combat naval l’an 56 de Jésus-Christ.

Les Romains, lorsque leur domination fut mieux assise, cherchant à se créer des habitations de campagne ou villas[4] sur les bords des rivières, et le peuple de simples maisons dans le voisinage de ces dernières, durent se porter de préférence le long de ceux de l’Ille, dont les côteaux plus pittoresques et plus élevés, les mettaient à l’abri des inondations, leur permettaient de découvrir au loin la moindre tentative de surprise, en même temps que cette petite rivière moins rapide et moins profonde que la Vilaine, les exposait peu à des descentes armées, parce qu’elle ne pouvait porter des embarcations assez grandes pour transporter des troupes de débarquement et compromettre leurs possessions.

Mais plus tard, ne regardant pas les diverses villas et maisons de faubourg, qui s’étaient établies sur ces collines, comme suffisamment protégées, songèrent-ils à les défendre en les entourant d’une muraille, comme le prétend M. le président de Robien, dans son manuscrit que possède la bibliothèque de Rennes ; et, en second lieu, la présence de nombreux débris de tuiles rouges disséminés dans tous les terrains voisins, prouverait-elle, comme il l’avance, que là était la cité gallo-romaine qui aurait été détruite, lorsque les vainqueurs furent obligés d’abandonner leur conquête ? Je discuterai d’abord cette dernière question, comme étant la plus importante, et ensuite j’aborderai l’autre.

MM. Ducrest de Villeneuve et Maillet, probablement d’après l’autorité du même magistrat, fixent, dans leur Histoire de Rennes, exclusivement la station ou ville romaine sur le côteau qui borde l’Ille[5], vers le côté nord, » et admettent que « le mur de clôture s’étendait, comme le corde d’un arc, entre les points extrêmes du pont Saint-Martin et du Bourg-l’Evêque. »

Je n’adopte pas leur opinion, d’abord, parce que ce dernier, incontestablement, n’existait pas à cette époque, puisque, d’après eux, ce faubourg, bien plus tard, ne consistait encore qu’en quelques amas irréguliers de maisons qui peu à peu devinrent plus nombreuses, et de jardins situés entre les fossés de la ville et le Pré-Raoul jusqu’au carrefour Jouault, espace qui s’appelait encore Terroir de Mordelaise ; ensuite, parce que, suivant toutes les probabilités, cette partie des coteaux de l’Ille ne fut occupée que successivement, par un certain nombre de villas ou maisons élevées par les Gallo-Romains les plus riches et par d’autres plus humbles, appartenant ou louées aux habitans eux-mêmes, et qu’eussent-elles été entourées un peu plus tard par la muraille dont parle M. de Bobien, elles n’auraient pas davantage constitué la véritable ville romaine qui occupait l’emplacement même de l’ancienne Condate. située plus au sud, an confluent des deux rivières, comme du reste son nom qui signifie confluent, ainsi que les mêmes auteurs le disent eux-mêmes dans leur ouvrage, aurait dû, le leur prouver péremptoirement.

M. de Robien aura pris quelques murs de terrassement on d’enceinte de villas ou d’enclos de maisons formant peut-être un faubourg, et élevés comme clôture ou même comme moyens partiels de défense[6] pour une muraille de ville. Car, ce qui doit porter à croire que celle de la première enceinte de notre cité représente seule la véritable circonscription de l’oppidum gallo-romain, c’est d’abord sa situation an confluent des deux rivières, ce qu’indique, comme je viens de le dire, son nom de Condate ; son exiguïté analogue à celle de toutes les villes gallo-romaines[7] et le nom d’Aquaria conservé à une porte qui est bien encore de même origine, témoin une semblable retrouvée à Saintes, ville dont la construction gallo-romaine ne peut être mise en doute, et encore, bien d’autres considérations que je ferai valoir plus bas.

Quant aux bords de la Vilaine, auxquels une pente douce conduisait, tout porte à croire que les Romains y avaient établis seulement quelques temples ou plutôt quelques lieux consacrés, et encore en très-petit nombre. Car les restes de ceux rencontrés au xive siècle, le furent surtout dans l’intérieur de l’ancienne cité qui était alors très-circonscrite, puisque, même plus tard, elle ne renferma que très-peu d’édifices saints dans son enceinte si petite[8] (V. la pl. XV).

En outre, les rives de cette rivière, trop souvent inondées et couvertes de forêts séculaires, et la profondeur de ses eaux qui permettait à de fortes barques, propres aux débarquemens, d’en descendre ou remonter le cours, durent éloigner les romains de chercher à accroître leur ville de ce côté. C’est aussi ce qui eût lieu, car, dans les diverses fouilles faites le long et dans le voisinage de ce fleuve, on n’a jamais rencontré au-delà des limites de la primitive enceinte gallo-romaine, des vestiges de fondemens d’édifices et que très-rarement des objets romains, si l’on en excepte la dernière découverte dans une étendue si bornée de celui-ci, mais déjà à une certaine distance de la muraille, tandis que l’inverse s’est fait et se fait encore remarquer pour les terrains qui avoisinent la rivière de la ville.

Malheureusement on ne trouve d’autres documens dans la bibliothèque de Bennes, propres à faire connaître la circonscription de la primitive cité, que ceux si incomplets renfermés dans le manuscrit de M. de Robien.

« La Bretagne, dit-il, faisait partie de l’ancienne Gaule Celtique, Elle

était connue sous le nom d’Armorique, nom commun à tous les pays voisins de la mer. Elle fut conquise par Jules César, l’an 696 de Rome.

» Suivant Ptolemée, la Vilaine était le flumen herius et Condate la capitale des Rhedones, encore appelée Civitas rubra[9] et dont il ne reste plus aucunes traces. »

Il faut en excepter celles découvertes tout récemment au bas de la rue du Cartage, par suite des fouilles profondes qu’a rendu nécessaires la reconstruction de la maison de M. Fablet, en partie démolie pour rentrer dans l’alignement des nouveaux quais, dont je parlerai plus bas, et qu’il ne faut pas confondre avec la muraille qui se voit encore aux environs de la porte Mordelaise, offrant vers le haut un ou plusieurs cordons de briques et qui est d’un temps bien postérieur ; d’autres fragmens, que des coupures profondes pratiquées dans plusieurs points du mur élevé sur les anciennes substructions gallo-romaines, ont permis de relever, comme je le ferai connaître également ci-après, les nombreuses tuiles de même origine employées à leur construction ; et enfin quelques portions d’autels ou des matériaux ayant fait partie d’édifices très-anciens.

Tandis qu’il ne faut considérer les nombreux débris de briques rouges, de vases, de statuettes, de cercueils et de petits autels en granit qu’on a retrouvés le long des côteaux de l’Ille et dans tous les terrains de la rue Haute, et la prétendue muraille qui s’étendait depuis les côteaux voisins du pont Saint-Martin, en passant derrière les Jacobins, jusque vers le Bourg-l’Evéqué, dont M. de Robien put encore retrouver les traces, et que j’ai représentée, d’après son manuscrit, dans la pl. XV de mon livre, par une ligne irrégulière et en zig-zags des plus bizarres, que comme de simples indices de l’existence de nombreuses villas ou d’un faubourg dans cette partie voisine de l’oppidum gallo-romain.

« La ville romaine, en outre, ajoute-t-il encore, était plus au Nord qu’aujourd’hui. Elle s’étendait sur le côteau et la hauteur de la rivière de l’Ille, et elle était renfermée par un mur qui se prolongeait entre l’église Saint-Martin et le pont du même nom jusqu’à la rivière, sans aucun doute. Ensuite il prenait à travers le terrain des Petites-Ursulines et de l’étoile des Capucins où je pus encore en revoir un reste en 1770. Puis il s’avançait dans les jardins et les champs qui sont derrière, où je rencontrai un massif de tour arrondi : de là, il traversait les jardins et les maisons de la rue Haute en se dirigeant vers le Bourg-l’Evéque, entre l’ancienne église Saint-Étienne[10] et le primitif bâtiment de Séminaire. Ces murs étaient composés de pierres et de grandes briques[11]. »

Je crois que M. de Robien se trompe, lorsqu’il place le long de la rivière d’Ille, l’ancienne ville gallo-romaine, tandis, que toute cette partie ne fut occupée que par des villas ou des maisons constituant un faubourg et que la première cité n’était point située vers la paroisse Saint-Martin, comme il le dit, quand les Romains s’en rendirent les maîtres et y jetèrent une garnison, sous le commandement de Crassus. Lorsqu’il ajoute qu’ « ils la transportèrent plus près de la rivière où est actuellement la vieille ville, c’est-à-dire vers les portes Mordelaises, près desquelles ils bâtirent un temple à Minerve, » on peut affirmer que ce fut l’inverse qui eut lieu et que la cité romaine devait au contraire occuper ce point, bien mieux défendu par sa position au confluent de deux rivières, comme je crois, l'avoir démontré.

Quant au mur qu'il regarde comme gallo-romain, sans en fournir la moindre preuve, et qu'il fait se diriger de la manière la plus inusitée vers le Bourg-l'Évêque, entre l'église du vieux Saint-Etienne et l'ancien bâtiment du Séminaire, il est évident qu'il erre également, et qu'il n'en exista jamais qui ait un cette direction, car il serait allé se perdre dans les marécages qui devaient se trouver, au moins dans une certaine partie de son étendue, du côté du confluent des deux rivières ; aussi, l'abandonne-t-il dans cet endroit et laisse-t-il la difficulté pleine et entière, sans pouvoir indiquer ce qu'il devenait au delà. Ce mur, en effet (en supposant qu'il ait jamais existé), allait-il aboutir à la petite rivière d'Ille avant qu'elle ne se réunit à la Vilaine, ou, au contraire, continuait-il, à se diriger parallèlement à la première vers le Sud-Ouest, pour venir, en passant au-dessous du point qu'occupait l'ancien couvent de la Trinité, remplacé aujourd'hui par le nouveau marché compris entre le bas des Lices, la rue de la Monnaie et celle des Trois-Journées récemment percée, gagner la Vilaine au-dessus de son confluent avec l'Ille ? Il n'émet aucune opinion à cet égard et abandonne vaguement cette muraille peu loin de l'extrémité Sud de la rue de Change, entre l'ancienne église de Saint-Etienne et les terrains voisins, appartenant à l'Hôpital miltaire.

Dans tous les cas, pour que cette enceinte eût répondu au but protecteur que les Gallo-Romains se seraient proposes en l'élevant, il aurait fallu que du côté regardant l'espace de terre, occupé actuellement par le Bourg-l'Évêque, un large fossé eut été creusé par eux depuis la rivière d'Ille jusqu'à ce prétendu mur ; ou bien, que ce dernier cours d'eau lui-même, ayant à cette époque une direction de À à C (V. la pl. XIV), eût rendu inutile le précédent moyen de défense et suffi pour enfermer et protéger de ce côté les villas on maisons élevées le long de ses coteaux.

Mais alors, quelle disposition inusitée, quel développement singulier, quelle absence de résultats stratégiques, cette muraille n'aurait-elle pas offert, contrairement à ce que se proposaient constamment les Romains ! J'ajouterai, qu'en admettant son existence, il resterait toujours plus que des doutes sur son origine bien décidément gallo-romaine. Car M. de Robien n'en décrit aucunement le caractère de construction, et de nos jours on ne se conteste guères en archéologie de spéculations ingénieuses et d’assertions dépourvues de preuves. Or, à l’époque où il écrivait ; les études étaient bien moins avancées dans cette science qu’elles ne le sont aujourd’hui. En outre, on s’étonnera à juste droit de l’étendue qu’aurait eu cette muraille, laquelle en eût rendu la défense très-difficile ou à peu près impossible. On sait, en effet, qu’en général les villes gallo-romaines sont toujours d’un périmètre très-limité, et qu’ici le développement de ce mur l’eût emporté de beaucoup sur celui de l’enceinte de Condate ; puisque cette dernière n’avait depuis la porte Chastelière ou Saint-Michel (K de la pl. XIV) jusqu’à celle Aivière (Aquaria) supposée avoir existé peu loin de la rue du Cartage (M de la pl. XIV), que 276 à 280 mètres (838 à 840 pieds) ; de cette même partie à ladite porte, supposée avoir été élevée au point répondant à l’ancien abreuvoir de Saint-Yves (M′ de la pl. XIV), 304 mètres (912 pieds) ; et enfin, de la porte Mordelaise (I de la pl. XIV) à celle dite Baudraëre (L de la pl. XIV) que 350 mètres (1050 pieds).

Il est appris d’ailleurs, qu’en cas de danger, les propriétaires de villas ou maisons et les habitans de faubourgs[12] se réfugiaient promptement avec tout ce qu’ils pouvaient emporter de précieux dans l’oppidum protecteur[13] devenu indispensable, par suite des invasions plus fréquentes des Barbares, et qu’alors, l’ennemi pillait, ravageait ou brûlait les habitations momentanément abandonnées, si des sorties de la place, faites à propos, ne venaient le repousser ou même prévenir son agression.

Il est bien vrai que ce système de défense s’était étendu aux habitations privées qui s’entouraient d’une enceinte pouvant servir de retraite aux voisins, car dès le ive siècle il y eut des bourgades et des maisons fortifiées comme au moyen-âge, les habitans pourvoyant eux-mêmes à leur défense, en circonscrivant leurs demeures de palissades et de fossés, ou en élevant une tour en bois ou en pierre au milieu d’une petite cour flanquée de retranchemens.

C’est ainsi qu’à la fin du ve siècle la Haute-Auvergne s’était couverte de maisons de campagne et d’habitations fortifiées. (Cours d’Antiquités Monumentales de M. de Camont. 5e Partie, pages 29 et 35 ; Architecture militaire.)

Mais alors on ne devrait considérer, tout au plus, la muraille décrite par M. de Robien, que comme une suite de fragmens de semblables défenses ; les directions irrégulières qu’elle affecte en se portant tantôt au Sud, tantôt au Nord, ici à l’Est, là à l’Ouest, ne pouvant se rapporter qu’à des portions de murs, soit d’habitations, soit d’enclos, qu’on aura découvert dans des points variés et assez multipliés, et qu’il aura relié arbitrairement entr’eux pour en constituer une muraille continue d’enceinte, pré-occupé qu’il était que l’ancienne ville gallo-romaine devait occuper ce lieu[14].

M. de Robien ajoute que les Romains occupèrent l’Armorique[15] jusqu’à l’époque où le tyran Maxime l’envahit avec Conan, qu’il y créa duc des frontières, et qui gouverna pendant vingt-six ans sous leur dépendance ; mais, qu’en 409, les Bretons, profitant de la faiblesse de l’empire, chassèrent leurs vainqueurs, et élurent Conan pour leur souverain, etc.

Ne voulant pas discuter ces assertions historiques de l’invasion du tyran Maxime aidé de Conan, et de l’établissement de la royauté de ce dernier, qui malheureusement n’ont pas été jusqu’ici prouvées assez clairement, je dirai seulement que la vieille cité resta soumise aux Romains et obéit aux lois de l’empire jusqu’à l’époque où les Armoricains, s’étant réunis aux Francs, s’en emparèrent en 497, la donnèrent à Clovis[16], y établirent

un comte ou gouverneur, que, plus tard, en 811, Charlemagne soumit les premiers, mais que ceux-ci s’étant révoltés de nouveau et ayant entraîné la ville de Rennes, ses murailles, qui étaient gallo-romaines furent détruites et rasées vers 824 par l’armée de Louis le Débonnaire. Elles furent bientôt rétablies (en 829) par Nominoé qu’il avait nommé son lieutenant ; qui les releva en les entourant de larges fossés dans lesquels coulait la Vilaine appelée alors Vicenonia, puisqu’en 845, lorsque, suivant Ogée, Charles le Chauve vint assiéger la ville, il ne put entrer[17].

Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/199 pl. XV), actuellement Saint-Michel ; à l’est, par la forêt de Rennes qui venait jusqu’à la place du Chanps-Jacquet, dont elle était séparée par un mur que défendait la tour Neuve[18] (16 de la pl. XV), puis ce dernier continuait jusqu’à la porte Baudraëre[19] (18 de la pl. XV) qui était aussi flanquée d’une tour ; il allait de U à la rivière qu’il côtoyait jusqu’à la porte Aivière (porta Aquaria) (22 et 23 bis de la pl. XV), ainsi nommée à cause de la proximité de l’eau[20], et enfin il se rendait à la tour du Furgon. On voit combien la ville était limitée ou bornée à cette époque, bien qu’elle est été, dit-on, un peu agrandie.

L’ancienne cité que les Romains occupèrent d’abord et dans laquelle ils se retranchèrent ne suivait pas, au moins dans un point que j’indiquerai, ce périmètre. J’essaierai donc de reconstituer ce dernier à peu près ce qu’il fut.

Il est à désirer, dit M. de Çaumont, dans la 3e Partie de son Cours d’Antiquités, qu’on dresse des cartes des anciennes villes gallo-romaines,

quelques incomplets que puissent être à présent les renseignements au moyen desquels on le fera, quelques nombreuses que soient les lacunes qu’on y laissera ; elles seront toujours d’un immense intérêt pour la topographie comparée de nos villes gallo-romaines.

l’ajoutent que, dans les recherches sur des sujets aussi obscurs, se perdant dans un lointain trop éloigné de nous, il font se résigner à y trouver beaucoup de peut-être et des à peu près. en compensation des vues neuves et vraies qui peuvent s’y rencontrer. Il faut de la défiance et de, la sagacité à de tels travaux et savoir substituer un doute raisonné à des assertions trop pleines d’assurance et de superficialité.

« L'étude de l’histoire, dit M. de la Monneraye, jette une vive lumière sur les monumens du passé ; les monumens à leur tour complètent l’histoire, la contrôlent, la suppléent dans son silence. Si leur langage est plus mystérieux, plus limité dans son expression, il a pour lui la vérité, à laquelle ni les passions individuelles, ni l’intérêt de système n’ont pu porter atteinte. En effet, outre l’idée spéciale qui s’attache à chaque monument, ne les voyons-nous pas s’enchaîner selon les règles du développement de l’esprit humain, se grouper selon les lois de temps et de lieu. Le génie d’un peuple et d’un siècle plane sur tous les monumens que ce peuple a élevé, que ce siècle a vu naître. Envisagée comme un puissant auxiliaire de l’histoire, il nous semble que l’archéologie est une belle et noble étude.

La Bretagne offre une mine féconde aux archéologues, dont les patiens et laborieux travaux seront sans doute un jour couronnés par des résultats importans. C’est, en effet, par l’investigation seule des monumens, qu’ils pourront arriver à connaître les commencemens, la force et la durée de l’occupation romaine dans notre pays. »

En fait d’histoire et d’archéologie, avance encore M. Moet de la Forte-Maison, page 179 de son Histoire de Noyon, rien n’est à dédaigner ; les preuves morales viennent se joindre aux preuves physiques, et réunies a mille observations, en apparence futiles au premier aperçu, elles forment un tout respectable et imposant.

J’ai cherché autant que je l’ai pu à ne pas trop m’écarter de cette méthode prudente d’investigation, et à ne m’avancer que pas à pas en m’appuyant sur l’analogie de ce que je voyais avec ce que d’autres avaient observé, sur les indications historiques et morales que j’en pouvais tirer, sur l’espèce de lumière qui jaillissait du rapprochement d’une foule de remarques et de faits notés sur les lieux mêmes. Aurai-je réussi, le lecteur en jugera.

Des travaux exécutés depuis un certain nombre d’années, dans quelques points de la ville de Rennes, et qui ont entamé assez profondément des fragmens de la muraille de sa première enceinte, ont permis de reconstruire à peu près tout l’ancien circuit de la ville gallo-romaine.

En effet, en partant de cette observation, que dans les points de la première enceinte, dont on a pu fouiller les murs profondément, on a toujours trouvé, comme dans la coupure faite pour la place de la Trinité, des fragmens d’anciens moumens, tels que le petit autel granite actuellement dans la cour du Musée, et dessiné par M. de Penhouet dans un manuscrit qu’il a laissé, des fûts de colonnes, d’autres pierres taillées, ou enfin d’énormes blocs de granite avec mortaises pour recevoir des liens en fer ou des gonds, et une multitude de grandes briques droites ou à crochets, comme le même antiquaire l’observa encore au nouveau percé aboutissant au bas des Lices, et comme tout récemment je les ai encore retrouvées à la base du mur découvert à l’extrémité sud de la rue du Cartage, on ne peut douter que cette première enceinte n’ait été bâtie sur l’ancienne muraille de construction gallo-romaine, et qu’elle n’en représente parfaitement la forme et la grandeur. Seulement, en mesurant (fig. 3 de la pl. XIII) la hauteur à laquelle se trouvait la première assise des blocs de granite de cette partie de mur mise au jour au bas de cette rue, dont l’élection depuis ce point jusqu’à la partie supérieure était de 5 mètres 38 centimètres, et jusqu’à la tablette des quais (fig. 3 et 4 de la pl. XIII) de 3 mètres 8 centimètres, et en constatant qu’elle était encore à 3 mètres 70 centimètres (fig. 3 de la pl. XIII)[21] au dessus de la couche des sables de l’époque romaine, il est rationel[sic] de penser qu’elle doit avoir encore de 2 à 3 mètres de hauteur avant de parvenir à l’assise la plus profonde ou de première fondation, et être enfouie dans toute cette élévation. Effectivement les pilotis qu’en fut obligé d’enfoncer dans la couche argileuse pour bâtir au-dessus (fig. 2 de la pl. XIII), furent arrêtés au ras de la muraille à 1 mètre 50 centimètres, un peu plus loin à 1 mètres 60 centimètres, puis, à mesure qu’ils se rapprochaient de la rivière, à 1 mètre 80 centimètres, et enfin, à la distance de 1 mètres 70 centimètres de la même fondation, à 2 mètres 60 centimètres, ce qui indiquait que la déclivité des schistes sur lesquels cette dernière dût être assise, était assez rapide dans ce point, et que le fleuve devait en battre, ou à peu près, la base.

Si l’on ajoute, qu’on mesurait encore 2 mètres de hauteur de mur (fig. 1 de la pl. XIII) depuis la première assise en granit jusqu’à la septième en briques et en schistes au-dessus, on sera autorisé à conclure que par le fait il n’en aurait été mis au jour que 3 mètres 60 centimètres en hauteur, tandis qu’il en restait encore 2 mètres 10 centimères d’enfouis (fig. 3 et 4 de la pl. XIII).

Enfin en considérant 1o la forme de cette première enceinte semblable à celle de toutes les cités gallor-romaines, 2p son étendue des plus limitées, 3o la quantité si considérable de grandes briques qui entraient dans sa construction, 4o le nom d’Aquaria (Aivière) conservé traditionellement à l’une de ses portes, comme à Saintes dont les murs ont été reconnus de structure gallo-romaine, 5o l’inscription de la porte Mordelaise remontant à la même époque, la patère trouvée au côté oriental de la place de la Monnaie s’y rapportant également, on devra conserver peu de doutes sur l’origine identique de la base ou substruction sur laquelle a été fondé le mur de la première enceinte.

Devons-nous au contraire envisager les constructions analogues à celle découverte au bas de la rue du Cartage, que je décrirai plus bas, et qui se sont élevées sur elle, comme ayant été érigées au moyen-age seulement, par des ouvriers continuant à imiter un des appareils qu’ils avaient vu employer par les Romains ? La chose serait à la rigueur possible, si l’on considère combien les traditions se perpétuaient avec ténacité dans l’Armorique, et combien encore, aujourd’hui elles sont vivaces. Cependant, des raisons puissantes doivent en faire reporter la date à une époque plus rapprochée de celle de l’ère gallo-romaine, malgré que M. de Caumont observe que ce mode de construction, en arêtes de poisson, se soit perpétué jusqu’au xie siècle, et qu’en Bretagne, ce qu’il ne dit pas, il a dû s’y continuer bien plus long-temps, puisqu’on en trouve des exemples dans des églises remontant aux xiiie et xive siècles, et qu’on découvre encore une disposition, presqu’analogue, dans le fond des cheminées des manoirs du xve[22].

Quoiqu’il en soit, ces murailles n’en permettent pas moins de retrouver et de suivre la trace de la primitive enceinte gallo-romaine, et d’après cela d’en reconstruire, en quelque sorte, le circuit dont la forme était à peu près celle d’un carré long, très-irrégulier, à angles arrondis[23] (V. la pl. XIV).

Trouvant, en effet, dans les murailles rasées de cette époque d’excellentes fondations, on ne se sera pas amusé à les enlever péniblement et avec les plus fraudes difficultés pour en fonder de nouvelles, mais on s’en sera servi, après en avoir distrait toutes les tuiles qu’on aura pu obtenir entières, quoique je pense que le plus grand nombre de celles qu’on y rencontre n’aura été pris qu’en partie dans celles-ci, et en bien plus grande quantité dans les anciennes villas ou maisons des faubourgs, détruites à la même époque par les guerres intestines et celles des Bretons contre les Francs, ou mêmes par les Gallo-Romains eux-mêmes, qui auront renversé les monumens restés en dehors des enceintes militaires, soit parce qu’il fallait des matériaux tout préparés, soit pour éviter, qu’ils ne servissent de retraite aux ennemis. Tout annonce, effectivement, que ces fortifications furent faites rapidement, dans l’attente de nouvelles invasions de la part des Barbares.

Quant à l’objection que l’autel qu’on y a trouvé viendrait infirmer l’origine gallo-romaine de la muraille, en ce que c’eût été une sorte de sacrilège ou de profanation, elle est de peu de valeur[24], parce qu’on l’a rencontré à une hauteur qui était celle des constructions des viiie et ixe

siècles, presque déjà à ce niveau on se trouve à 1 mètre 60 centimètres (V. les fig. 3 et 4 de la pl. XIII) au-dessus du fond de l’ancienne rivière, qui lui-même était encore à 2 mètres 10 centimètres au-dessus de celui de l’époque de l’occupation romaine (fig. 4 de la pl. XIII).

On doit donc préjuger que la base elle-même de la muraille se rencontrerait beaucoup plus profondément, et que dès lors la partie mise au jour serait encore bien au-dessus de celle-ci ; enfin, si l’on ajoute toutes les autres raisons que j’ai précédemment déduites, on devra ne conserver aucuns doutes sur la nature gallo-romaine de la base sur laquelle fut construit le mur de la première enceinte.

Les murailles gallo-romaines, élevées presque toutes aux iiie et ive siècles, avaient, en général, la forme indiquée par celles de la première enceinte, représentée dans la pl. XV ; je chercherai donc à en retracer le périmètre ou contour, en me servant de ce qui reste de cette dernière, indubitablement édifiée, comme je crois l’avoir démontré, sur les anciennes et très-fortes substructions gallo-romaines. C’est la carte d’Hevin à la main, et après avoir vérifié pas à pas sur le terrain ses moindres indications, que je vais écrire ce que j’ai vu.

Ce mur de la première enceinte partait de la porte Mordelaise (1 de la pl. XV), se dirigeait vers le Sud, le long du côté Est de la rue actuelle dite Nantaise, dont les maisons ont été bâties dans les fossés en majeure partie comblés, et appuyées sur lui[25]. On peut l’étudier parfaitement encore dans les cours de MM. Chapedelaine et Petit, où l’on aperçoit sa base formée de blocs de granits faisant saillie, dont quelques-uns offrent des mortaises dénotant qu’ils ont dû appartenir à d’anciens monumens, en même temps que derrière les revêtemens, on rencontre dans la maçonnerie, une multitude de grandes briques ayant probablement été enlevées à la muraille primitive ou à des constructions gallo-romaines. Dans la cour de M. Petit on voit ce mur se réunir à la tour du Chêne ou à Piron (29 de la pl. XV) ; ensuite il se porte obliquement vers, l’École d’artillerie élevée aussi en partie sur lui, comme on peut le vérifier aisément à son angle Sud-Ouest ; puis à travers la rue de la Croix-de-la-Mission, qu’on n’a même pu ouvrir qu’en le coupant obliquement dans toute son épaisseur[26], tandis que de l’autre côté, les jardins du petit hôtel de Coniac, autrefois celui du premier président, sont disposés en terrasse sur lui. Dans toute cette partie, l’ancienne enceinte gallo-romaine devait être défendue par la petite rivière d’Ille, qui du point A (V. la pl. XIV) se dirigeait vers elle et venait en baigner les murailles depuis la porte Mordelaise I jusqu’en C, où elle se jetait dans la Vilaine[27]. Il continuait ensuite à se diriger vers le Sud ; l’on ne tarde pas, en effet, à le retrouver au fond d’un chantier appartenant à la ville et renfermant le vieux matériel et les appareils gymnastiques du corps des pompiers ; on y remarque toujours de grandes tuiles employées à sa construction et probablement empruntées à l’ancienne muraille gallo-romaine ; puis il passait derrière la tour du Furgon (28 de la pl. XV), se portait à l’Est par une courbe arrondie, représentée dans les pl. XIV et XV, et remplacée dans le plan d’Hevin par un mur droit dirigé jusqu’à l’angle du prieuré de Saint-Denis (25 de la pl. XV), qu’on voit encore parfaitement au fond du jardin de M. Moreau, et il tournait là brusquement, à angle droit, pour se diriger perpendiculairement vers la Vilaine, et offrir dans le premier tiers de la longueur de cette partie, une poterne qui servait de sortie en 1356, et vers celui des deux autres, une seconde porte dite de Chaulnes qui y fut pratiquée en 1677.

Après la courbe précédente, il courait parallèlement à la rivière dans toute la longueur du port Saint-Yves, passait à travers les anciens bâtimens de l’Octroi, où l’on peut encore, dans un petit fragment à découvert ; y reconnaître la même disposition de construction, en arêtes de poisson, remarquée dans le mur du bas de la rue du Cartage[28].

De là, il s’avançait à travers la petite rue du Port-Saint-Yves, dans les terrains occupés par l’hôpital du même nom, à peu près dans la direction d’une ligne qui viendrait couper la seconde cheminée de l’aile correspondante de ce bâtiment, puis il passait au-dessous de celle-ci et de la cour qui y fait suite ; alors il coupait l’aile opposée regardant l’Est, continuait le long du côté Nord de la cour actuelle de la division des enfans, dans laquelle on le voit à découvert auprès et au dessous de la petite chapelle gothique élevée sur lui, ce qu’on peut aisément vérifier en entrant sous une voûte contigue à cette dernière et qui a été pratiquée dans l’épaisseur même du mur.

Ensuite, il se dirigeait sous les salles des enfans malades, le long du côté Sud du roulage Anbry établi au-dessus, pais à travers les maisons de M. Fablet, bâties elles-mêmes en partie sur lui ou sur d’anciens bâtimens avant appartenu au couvent des Filles du Calvaire, ensuite il passait au bas de la rue du Cartage où on a pu l’entamer jusqu’au, dessus de sa base bien évidemment gallo-romaine.

Il continuait à se porter à l’Est, parallèlement à la Vilaine, et l’on peut de nouveau y reconnaître, par endroits, le même mode de construction en opus spicatum, que je décrirai en parlant du fragment de ce mur mis à nu au bas de la rue du Cartage.

La Vilaine devait, à cette époque, baigner immédiatement la muraille dans toute cette longueur, comme l’a prouvé le sédiment argilo-terreux rencontré à sa base, ayant succédé partout à l’époque romaine, et se diriger à peu près en ligne droite du point B au point C, où elle venait se réunir à l’Ille (V. la pl. XIV).

A l’endroit correspondant aux dernières barraques du côté gauche de la rue de la Poissonnerie, où il changeait de direction pour se porter au nord, à travers le massif de toutes celles-ci, on avait construit, au moyen-âge, une tour qu’on ne trouve représentée sur aucun plan, pas même sur celui d’Hevin, et qui n’était pas celle que le peuple appelait Tour-d’Argent de date bien plus moderne, et que je me rappelle avoir vu dans l’ancienne rue de la Poissonnerie, laquelle a été détruite pour l’édification des nouveaux quais, mais bien une autre dont on découvrit la vaste base à 25 mètres de la culée Nord du pont de Nemours et représentée 19 de la pl. XV.

Le mur arrivé à la maison de M. de Lorgeril, la traversait du Sud au Nord, puis l’intervalle situé entre l’extrémité Nord-Ouest de la rue de Volvire et l’entrée Est de la rue de Beaumanoir, endroit où devait se trouver la porte Baudraëre, tandis que la tour qui la flanquait devait répondre à l’angle de l’Hôtel-de-Ville, formant l’encoignure des rues de l’Horloge et de Volvire.

De là, la muraille se portait à travers une partie de la façade Nord-Ouest de l’Hôtel-de-Ville qui forme le côté Est de la rue de l’Horloge, et, dans une direction presque parallèle, coupait une petite partie du Présidial[29] ; ensuite elle se dirigeait vers le Nord en passant à travers le pâté de maisons formant le côté Est de la rue Châteaurenault pour gagner la chapelle Saint-James (16 de la pl. XV), en dehors de laquelle elle passait ; tandis que l’ancienne tour qui y avait été ajoutée et sur laquelle on avait établie la vieille horloge, devait se trouver, à peu près à l’endroit répondant à la partie Sud-Est de la maison actuelle de M. Pontallié.

Puis elle changeait de direction, s’avançait obliquement dans le Nord-Ouest à travers le bas de la rue de Champ-Jacquet, le pâté de maison formant l’angle de celle-ci et de la rue de Toulouse, laissant en dehors tout le Champ-Jacquet et la petite rue du même nom ; ensuite elle traversait la Feillée, depuis prison Saint-Michel[30](13 de la pl. XV), pour aboutir à la porte Chastelière (12 de la pl. XV). Tout ce côté de l’enceinte devait être protégé par un vaste et profond fossé indiqué par un pointillé dans la pl. XIV, et rempli d’eau provenant soit de pluie, soit de ruisseaux, retenue par des moineaux, soit enfin de la Vilaine elle-même, ce qui est moins probable.

Depuis la porte Chastelière, la muraille se portait au Nord-Ouest, comme on peut encore le vérifier parfaitement au côté Nord de la cour de l’hôtel la Rivière, puis elle décrivit une courbe qui contournait une motte ou château (10 de la pl. XV) qui devait se trouver dans le terrain occupé actuellement par le même hôtel et les maisons voisines. Alors elle changeait de direction, descendait le long du côté Sud des Lices, en se dirigeant vers le Sud-Ouest, à peu près derrière les Messageries actuelles, où l’on avait élevé la tour Saint-Morand (8 de la pl. XV).

De là elle continuait, ensuivant la même ligne, jusqu’à la porte Mordelaise. Dans tout ce côté de l’enceinte, un large et profond fossé faisait suite à celui dont je viens de parler, entourait la porte Mordelaise et venait rejoindre la petite rivière d’Ille qui défendait, comme l’on sait, toute la partie de l’oppidum regardant le couchant. L’eau qui le remplissait lui était peut-être en partie empruntée, ou provenait de sources des terrains supérieurs et était retenue à l’aide de moineaux ou de certains barrages. De cette sorte, la ville gallo-romaine se trouvait entourée de tous côtés, savoir, d’une part, par les rivières d’Ille et de Vilaine, et, de l’autre, par des fossés infranchissables, qu’ils continssent de l’eau, ou qu’ils ne tirassent leur efficacité protectrice que de leur profondeur et de leur largeur.

On peut encore voir debout et aboutissant au nouveau percé (rue des Trois-Journées), un fragment de la muraille bien plus moderne, qui fut élevée sur la base de l’ancien mur gallo-romain, comme M. de Penhouet put s’en assurer, lorsqu’on poussa les travaux à une certaine profondeur, pour la construction de maisons voisines et pour l’établissement de la

nouvelle place de la Trinité ; outre qu’on reconnait encore, dans la maçonnerie de ce mur, les anciennes briques empruntées évidemment à des constructions bien plus antiques.

« Celles qui nous restent de l’époque romaine, dit M. de Caumont, ne consistait ordinairement que dans des débris de murailles enfoncées sous terre, ruinées qu’elles ont été par les Barbares et par les matériaux qu’on en a retirés pour d’autres constructions[31]. »

En étudiant avec le plus grand soin la coupure faite au bas de la rue du Cartage, dans toute la hauteur du mur qu’on vient d’y découvrir, on sera peut-être porté à croire que la porte Aivière (Aquaria) devait se trouver dans la direction de la tour d’Apigné, peu loin du pont de l’Ila[32], et non point vers l’extrémité ouest de l’hôpital Saint-Yves, comme l’a indiqué Hevin dans son plan qui est le plus ancien de la ville.

Ce mur qu’on voit se diriger d’un côté vers ce dernier établissement, et de l’autre vers la rue actuelle de la Poissonnerie, autrefois dite de Rohan[33], où, peu loin du pont de Nemours, il change de direction, et sur lequel, du côté de la ville, le couvent des religieuses du Calvaire et l’hôtel de Claie avaient appuyé quelques-uns de leurs bâtimens et leurs terrasses, tandis qu’en dehors, on y avait laissé attacher une quantité de barraques, parce qu’il était devenu tout à fait inutile lors de la construction de la seconde enceinte[34], a encore 6 mètres 42 centimètres à 88 de hauteur, depuis la deuxième assise des blocs de granite, et 8 mètres 98 centimètres au dessus des sables de l’époque romaine. La coupe qu’on y a faite dans ce sens, et que j’ai représentée fig. 1 de la pl. XIII, permet facilement d’en suivre et d’en étudier le mode de construction. Sa base, en effet, est constituée par des assises (1 Fig. 1 de la même pl.) de grands blocs carrés et parfois parallélépipèdes, en granite et en calcaire très-dur, ayant au delà d’un mètre de longueur sur 62 centimètres et le plus souvent 80 centimètres d’épaisseur, offrant vers leurs extrémités des mortaises à peu près carrées, dans lesquelles étaient probablement tenus des tenons ou liens[35]. L’épaisseur et le nombre de ces assises

doit être assez considérable, puisqu’en sondant au dessous de la dernière, à plus d’un mètre et demi de profondeur, on était loin d’être arrivé à la base et qu’on pénétrait dans le banc des argiles ayant succédé aux sables gris de l’époque gallo-romaine retrouvés, comme on se le rappelle, dans presque tous les points de la Vilaine et dans lequel on rencontra des crânes de taureaux à cornes très-courtes et très-pointues.

En outre, cette assise était de 70 à 80 centimètres plus saillante que le reste du mur, en sorte que son épaisseur totale dans ce point était de 4 mètres et demi[36]. Plus profondément, elle était encore plus

considérable, puisqu’immédiatement au dessous de celle-ci, elle mesurait 4 mètres 70 centimètres ; enfin, au dessous de la couche argileuse, elle devait l’être encore davantage, la troisième faisant, comme les précédentes, une saillie ou gradin analogue, comme on peut le voir dans la fig. 2 de la pl XIII, en même temps que le mur qui s’élevait au dessus était en talus.

C’est toute cette partie qui doit être considérée comme gallo-romaine. Quant à celle qui supérieurement faisait suite, elle pourrait bien avoir été postérieure et une imitation grossière du mode de construction de cette même époque, quoique la quantité prédominante des briques, leur disposition, la qualité du ciment au dessus de ces assises granitiques, et le plus de soin dans le mode d’exécution de cette construction en opus spicatum, dans toute cette première portion, me fassent pencher davantage pour la même origine, au moins pour toute la partie qui s’étendait jusqu’à la sixième assise, à partir des premiers blocs de granit.

Si l’on considère, en outre, qu’au temps de l’occupation romaine, le fond du lit de la Vilaine était à 2 mètres 10 centimètres (6 pieds 3 pouces 6 lignes) au-dessous de celui actuel dans ce point, et que déjà la partie de la muraille gallo-romaine, à découvert est, à partir de la sixième assise, de plus de 5 mètres 24 centimètres plus haute que le niveau des sables romains, on concevra quelle élévation elle devait avoir alors, et et que ces blocs carrés de granit n’en sont qu’une partie encore, élevée d’au moins 2 mètres 10 centimètres, ou plus, au-dessus de la première assise de fondation.

Ce qui semblerait confirmer, du reste, cette assertion, c’est l’existence de la construction en ciment et en briques, derrière et surtout au-dessus de ceux-ci, sur laquelle on rebâtit plus tard dans le même style, mais d’une manière plus grossière[37], comme on peut le voir dans la fig. 1 de Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/215 la pl. XIII), posées à plat dans le ciment rougeâtre ou grisâtre par endroits, et d’une dureté extrême [38] dont je viens de parler.

Une couche (3 Fig. 1 de la pl. XIII) composée de briques associées à une très-petite quantité de schistes gris, et jetées très-obliquement dans le même béton sur deux rangs superposés.

Une autre (4 Fig. 1 de la pl. XIII) formée de briques seulement, sur un seul, mais en sens inverse des précédentes, et au milieu desquelles on en trouva quelques-unes à crochets ou rebords [39].

Une assise (Fig. 1 de la pl. XIII) pins épaisse que la dernière, constituée par un doublé rang de briques [40] et de pierres schisteuses disposées en imitation de feuilles de fougères ou en arêtes de poissons (opus spicatum) [41], et noyées dans le ciment. Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/217 Dans lemor de ReoDes ; od ne Eetroure point ce dernier,’ maia une grossière imitalioB de la disposition en arêtes- de poisson prédominaQt entièrenieDt.

En outre, dans la fig. 9ie la pl. XLVÙl du même ouvrage, on Voit représenté un appareil ressemblant toi)t-à-fait ii celui du mur découvert à l’extrémité de la rue du Cartage dont je parle, et qui ’, suivant te mdme auteur, aurait été usité an mo^ea-^e jusqu’au ^i* siècle. Mais on sait, ajoute- .t-il plus loin ; que si le gouvei^ement romain transmit les principes de ses. diverses constructions,’ il lussa les architectes gaulois.libres de suivre leurs inspirations, de même que ceux qui accompagnèrent ses légions qui ne pouvaient, faute de temps et souvent de matériaux convenables, et dans des pays défendant leur nationalité, construire avec le ’même ëoin.qnè dans ceux, soumis depuis long-temps pu dans l’Italie. il est, au surplus^ difficile d’obtenir à ce sn|et des.docuraens complets et précis. Cependant, il existe encore tant de. débris épars sur le sol de nos cités antiques, qu’un inventaife de ces précieux restes condui- rait k des données du plus haut intérêt. Cette étude n’a’ encore, été fiute par aucuù architecte français. Ceux gaulois n’imitèrent pas servilement les modèles rom^s. {Ère Gallo-Romaine. i’PariUdu Court d’Anliqmti Honumentéla.’).

Si, dans la muraille de Rennes on i^e trouva pas, comme dans celles des anU-es enceintes gallo-romaines, et par exemple dans celle de Noyon, inunédiatement au-dessus des gros blocs,’ une construction composée de rocailles, de mnëUbos et dfrgrès Jetés ensemble sans ordre et noyés en quelque sorte dans le mortier, revétne de pierres en petit appareil et présentant, ii des intervalles variant de  à 7 pieds, des aàsises’dé tuiles ordbiaires sur trois rangs, c’est que la difficulté de trouver des pierres faciles à tailler en cubes carrés pour ce genre d’appareil, et^ au contraire, la grande abondance des schistes, força à en ehoisir un plus approprié k la constitution de ces derniers, eu celui dit oput,fpicatum. Quant aux rangs de briques posées k plat, on peiit facilement en reconnaître un premier iminédiatement au dessus de l’assise supérieure des gros blocï, et un. second à 2 mètres 50 centimètres (7 pieds et demi) au-dessus, endroit oii finit cequi resta probablement de ù muraille galloromaine, laquelle doit encore avoir de ’2 à S’mèh’es de profondeur au dessous de la "première assise des cubes de granité.

Le même ù’agmentdfe mur, mis au jour,au bas de la rue du Cartage, présenta, en outre, au dessus de la rainée supérieure des grosses pierre ep granité, et, dans du point répondant à peu près au milieu de ladite.rue, une espèce de poterne’Toàtie eu grandes briques’ romaiues (V. la fig. t e3 de la pl. Xlil), ayant 2 mètres 50 centimètres depuis le sol jusqu’au ceintre on è la clef, et eu largeur, 1 mètre 60 centimètres ; .elle était comblée par des rwiblais jusqu’à cette dernière. Après avoir obtenu de l’administration muuici^e des ouvriers pour les enlever, on y pénétra jusqu’à 3 mètres de profondeur ; car le fond, à cette distance, en avait été fermé par un mur assez moderne, qui n’avait que 33 centimètres d’épaisseur. Lorsqu’on l’eût percé dfi part «n part, dans plusieurs points, pn ne. rencontra, au delà, que des terres accumulées. C’était probablement un passage pour communiquer avep la rivière qui venait battre ou appt-o.cliait beaucoup de la muraille.

Si l’on ajoute que ce fut aussi près’ de cet endroit qu’on découvrit, dans les fouilles de la Vilaine, quelques fragmens de poteries romaines, un, certain nombre de pièces et, qu’en outre, a un mètre fie la culée du pont neuf de Nemours, ^u côté de la rue d’Orléans, on relrpova au pied de l’ancien mur de la seconde encûnte, des tessons de vases en terre d’origine semblable, et, au même point, deux monnaie^, l’une de LuciUe et l’autre de Constantin, couvertes d’une patine verte qui prouvait bien qu’elles. ne provenaient pas du lit de la Vilaine,.on ne pourra doutw que les Gatlo-Romaiiis n’afent eu leur oppidum dans cette partie de la ville. .C’est donc à l’aide des documens’ précédens que j’ai pu en quelque sorte en reconstruire l’anoenne enceinte, en retrouve^ la configuration, l’étendue, et m’espliqùer l’importance de la cité qu’elle renfermait, avant et surtout sous Auguste, ce que le nopibre de voies ou routes <{uî y aboutissaient vient encort confirmer.

C’est après avoir vainement chercbé de^ documens historiques préds, relatifs à l’occupation de l’Armorique. par les Boutains, dit M. Bizeul (de Blaio), après avoir lu les vieux. historiens, n’y avoir rencontré que la répétition des mêmes légendes, des mêmes- £aits vagues, que j’ai cherohé à retrouver dans les dâiris de notre sol, les tracés des routes de ce peuple conquérant et civilisateur- et les établissemens impartan$ auxquels elles conduisaient. 2(4

Les Bomaina, dit-il, ont occupé la Gaale et l’Armorique, qui en faisait partie, pendant plus de quatre siècles. Ils ont ea, dès lors, le temps de couTertir les rustiques capitales des Armoricains en cités, de les relier par des routes nombreoses, serrant ï ta fois kdes rdations conuneri claies et au maintien de leur conquête ; de créer, daus lenr voisinage ou dans des points plus éloignés, des villas dans les restes desquelles on retrouve des indices d’un certain degré de luxe, tels que salles de bain, ragmens de mosaïques, véritables importalions.dn confortable de l’italie ; le long de leurs routes, un certain nombre de colonnes milliaires ; dans leur voisinage, des camps de toutes grandeurs et de toutes formes, vestiges des difficultés qu’ils rencontraient dans leur conquête et dans les moyens de l’afTermir. >

Après s’£tre assuré combien l’itinéraire d’Antonin, qui date de la seconde moitié du iv’ siècle, était imparfait, combien la carte de Peutiuger, qui est un monument de la même époque, dressé sous le règne de Théodose, d’où son nom de Table Thiodosimnê, et dont la copie qui eu est restée doit être rapportée au xii’ siècle, était incomplète, et enfin la notice de Danville sur les Gaules, pleine de fautes (1), il s’est décidé, ta carte de Cassini et le crayon k la main, à étudier par lui-mi6me. C’est âiâsi qu’il est parvenu, ajoute-t-it, !i retrouver plusieurs villes gallo-romaines, telles que Corsent, Jublaius, Cârhaix, aujourd’hui entièrement déchues dC’ leur grandeur passée.

Les voies qui, suivant lui, rayonnaient autour de Bennes, étaient très-nombreuses. Ainsi, l’une d’elles, se rendait h Blain (Loire-Inférieure) ; Je crote qu’elle ne faisait qu’y passer, et même dans son voisinage seulement ; c’était celle de Condate ii Condivicnum (Nantes), dernière ville dont U partait paiement une autre voie ^i se portait directement d’abord k Dariorigum (Vannes), puis à ForamutrT (Carliaix), et de là à l’extrémité de ta presqu’île armoricaine, tandis qu’une troisième se dirigeait en sens inverse de la précédente vers Juliomagns (Angers) ; une quatrième vers Bourges pour aboutir à Marseille, et une cinquième vers

(1) Il est dilficile de partiger l’opiaioD <le M. Biieul sur DiDville, dont li science ne peut être mise en doute, et dont les travaux sur l’ancienue Gaule rëvilent autant de connaiwances géo^phiques profondes que de perspicacité et de génie. 215

Poitiers et Bordeaax pour se tenniner à Narbonae ; en sorte que tout ce que - cet archéologae dit du point probable d’entrée de cette voie de Blain dans CondoM, doit se rapporter à £eUe de Condtvicnum dont on a retroDTé, en effet, des fragmens dans les commanes de Fougemy, de Bain, de Bourg-des-Comptes, de Laillé, et de Bruz ( 1 ).

Je ferai connattre plus bas, une autre grande vole qui se rendait directement de Juliomagus (Angers) à Forganïui» (Garhaix), en traversant le Snd du département d’Ole^t-Vilaine, croisant la précédente pen loin de Bain, et dont on n’a point expliqué jusqu’ici l’origine, le trajet, la terminaison et l’importance capitale.

Le même observateur ne peut préciser par qnel point la voie de Nantes entrait dans l’étroite enceinte du Condate rooiain. Cependant, il incline à croire qne ce devait éire par la porte Aiviére (Aqoaria) qu’il pense avoir été probablement située peu loin de la me de l’Ue et sur la rive droite de là Vilaine. Il est, en effet, possible qu’elle se-trouv&t dans ce point, puisque, suivant HM. Dncrest de Villeneuve et Maillet, il est avéré par des documens anciens, que le mur de la seconde enceinte, aprfes s’être replié vers la porte Saint-Germain, courait le long de la rivière, vers la porte Aiviére, qui s’ouvrait près de la tour i’Apigni ijui la protégeait. En outre, en démolissant la dernière pile du vieux pont de l’Ile, durant les travaux de canalisation de la Vilaine, on découvrit peu loin de l’entrée de la rue du même nom, la base d’une très-ancienne tour, qui doit avoir été celle de la pcH-te fortifiée dite de Vilaine. laqoeQe avait remplacé celle appelée ^iviére ; tandis qu’un peu plus à l’Est, dans l’épaisseur actuelle des quais de la rive droite, & 25’mètres du pont de Nemours qu’on vient de construire, on rencontra les fondations d’ane antre tour qui probablement avait été élevée à la même époque, à l’angle Sud-Est du mur de la première enceinte, et que le plus ancien plan de là ville n’indique aucunement, ce qui ferait croire qu’à l’époque oii Hevin le dressa, elle avait déjà été rasée. La porte Aiviére, ajoutent les mêmes auteurs, page 161 de leur

(1) Ce grosbourg n’est éloigné de II route actuelle de Rennes 1 Nantes pir Bain, que de 3 kilomètres. M. de Penhoaet, qui «v*it beaucoup parcouru la commune dans laquelle il est silué, avait découTert, dans la partie de celle-ci la plus rapprochée de la route de Nantei, un fragment de Toie romaine appartenant à celle de Condate ï CondMenvn (Nantes).

Hiitoire de JUnntt, àTait été remplacée par celle de Vilaine plaa voisine » de la rÏTière et s’ouvrant sur l’Uot de Jocalé, de même qne celles dijtes a Jacquet et Baudraëre derenues’ ioatiles, avaient été supprimées : Je ferai comiaitre plus bas les raisons qui me feraient pencher a eu ad~ mettre l’emplacemenE plalAt à. l’ancien abreuvoir conUgu ii l’hôpital Saiot-Yves, que dans ce point.

M. BizenI pense que la Toie devait arriver dans CoiidaU en passant près de la chapelle du Lazare,’ dite depuis de ta Magdeleine (f) {pi. XV), bien ant^ieure à ç^e qu’on voit aujourd’hui, qui après avoir été transfonbée un moment en une manufocture de plomb k gibojer, a fini par être eotiërement abandonnée^ que, laissant la rue. du feubonrg de Nantes et prenant à gauche an^ maisons nommées la Teillais. eUe suivait un chemin passant à l’Est, pr^ de l’Arsenal qu’elle rasait, et arrivait vis-ii-vis lé Cbamp-I>ol«nt, on les fortifications élevées en 1433 par Jean v de Bretagne et le bras de rivière détourné dès Mvn destiné à leur servir de fossé, qui n’existaient pas alors (3), ont entièrement changé l’état de ce terrain, sur lequel se sont entassées tant de barraques -, et que de là, elle se dirigeait, pour franchir la Vilaine ; vers un pont qui devait avoisiner l’emplacement.de celui de l’Ile (3). ’ ’ Une seconde voie,. suivant lui, se dir.igeait vos Corseul (Fanum martù). Une troisième, an mont Saint-Michel {Mont Jùtii). Ce n’était point’ à celui-ci qu^elle se rendait, elle passait seulement k l’Ouest de ce dernier, à travers la baie du même nom, qui n’avait pas encore été envahie par la

(1) Cette chapelle (ut t>ltie en 1140, dini lefiubourg de U Magdeleine, qui ne (ut appelé ainsi que depub 1400, car, avant, il ae nommait (aubourg du Laaare.

(3) La ville de Rennes fut accraepen^anllea années 1425, 14S8, 1430, 1431 et 1464. On lit avec des terres rapportées les bonlevardi des portes Blanche, Toussaint et Mordelaise, par commission, en 1476, 1477, 1480 et 1487.

(3) Lorsque les Romains avaient i traverser des cours d’eau considérables, ÎU } construisaient des ponta tantAl en pierres, ce quiëtait rare, elle plussouvent ils les passaient en bac ou sur des ponts en bois’appeléa ivmvlliMni. C’est ainsi que César en construisit un sur la SaAne en un jour. Lorsque les cours d’eau étaient, au contraire, de médiocre importance, ils en effectuaient le passage, sur des poteaux <n bois ou à l’aide de gués ou chaussées méqagés au (ond, lorsqu’il y avait peu de profondeur. {Bergier, OUenaHotu nir te*p<mt$dt$ riiiiru, chti Ut Romain».) 217

ner, k l’époque gallo-romaine, pour, atteindre en droite ligne Alauntt (Alleaume près :de Valo^es), et ao delà, Coriallum (Cherboui^). Une qnatrikiie, à Avranches {Ingma). U eM probable qu’elle.a existé ; mais, £aute’de preaves snlfisantes, je n’ai osé ta &ire-figurer sur ma carte (Pt. XVI) que par un pointillé.

Une cinquième à Fougères (Filgerium). C’était une voie qui de Condat$ se rendait à à Novtomagu» (Lisieux) (I) en passant par cette localité. Une sixième, à Ernée on même peatétre à Jublains (JVoAluhnm ?), qu’il n’admet qu’avec doute. Cette route n’allait poipt à Condate, mais de Corseul au Mans, en passant près de Jublaios-, après avoir traversé obliquement le Nord du département d’Ille-et-Vilaine, dans la direction de l’Ouest-Nord-Ouest ii l’Est-Sud-Est.

Une septième, à Angers (Juliomagus) par La Guerche.

Une huitième, à Carbaix (Forganiuni ou Vorgium de Ptolémée) par Castd-Noec. Elle ne’passait point par ce lieu et les autres qne loi assigne H. Bizenl, mais en droite ligne par Ixiudéac-, parce que, dans le premier cas, eUe-anrait décrit une courbe exagérée et des plus étendues, et que d’ailleurs H. Moet de la Forte-ÏIaisoa me semble avoir démontré li la page 332 du Nwvemt Dictionnairt d’Ogée, Jque tout ce qu’il dit de cette prétendue voie de Rennes à Carhaix par Casiel-Noec doit être attribué à celle de Dariorigum & Yorganium (3).

Une neuvième se dirigeait vers Ploermel ; c’était, suivant moi, celle qui

(1) Cette ville éUit encore appelée CMtat Ltieovtonm. Le* Lesoviens n’é|aient donc pa* un peuple de ta Petite-Bretagne, mail celui dont la Tille princiiwle était Xteiomagw (Lisieux), et il> occupaient la rive gauche de la Seine.

(2) H. Moet de la Forte-Haiion établit, en effet, que le lieu marqué dans la carte thëodoiienoe mus le nom de Sulit, ee retrouve précitëmebt dani le point d’union d’une petite rivière nommée Snel avee- celle du Blavet ; que ce nom de Suel concourt avec la diilancel noui faire codnattre Sultt, et, qne Samutn, n’ayant pour gnide que «on génie el la voie de Vanne* au Nord, et voulant que SulU fui dam le* en-Tiront de Baud et non à Pontivy, s’eit beaucoup «pprot^é de li vérité. Je me lui* ’ rappelé, ajoule-t-il, ce camp remarquable ou sUlion militaire romaine, au prieuré de la CoHanft, commune de Bieuiy, «ir un mameton-contonméparle Blavet, qu’a décrit M- de PéDhouet, et j’ai été trappe tsut d’abord de l’idée que ce canfp de^it être SUT la voie conduisant de Dariorigum i Yorganivm ; et, p’ensaia-je, si ce n’est paa 5u< lu elle-même, c’est du moins daoa us endroit fort prêt de ce lieu qu’était vraisemblade CondaU se rendait à Duriorigum. coupant entre c^le localité et Gaer la grande Toie de JûUomagui à Vorçanium.

Enfin, une dixième tcts JHtretù (Rieox sur la Vilaine). C’est celle que M. Bizeu) conduit de Dariorigum (Vannes) à Blam, et de U à JuUomagvt (Angers), malgré qu’il soit appris que les trtùs grandes Toies qui partaient de c^te dernière ville se rendaiait à Nantes et de Ib à Dariorigum (Vannes), puis à Rennes, à Tours, et une quatrième, ind^endante des précédentes, en droite ligne, k Vor^oiutHn (Gartiaii), comme je le ferai connaître pins loin.

Il est bien reconnu aujourd’hui, que les villes romaines ne présentaient ordinairement que quatre portes et même parfois que deux, quoiqu’on en ait observé six ou plus dans des cités très-considérables, et que de celles-ci partaient des routes coBdnisaiit aux établiasemens les plus importans, et venant te croiser b peu près vers le milieu de ces oppida. Il est certain qu’une grande ligne (N de la pl. XIV) sortait de Condate pour se rendre à Juliomagm (Angers) en passant par La Gu«chev qu’une seconde (Q de la pl. XIV) se dirigeait vers Vorganium on Vorgium (Carbaix) (1) et de Ik à l’extrémité de la péninsule annoricaine où se blemeot CatUl-Sote ; rar umt en breton comique e galloit, pintt voir signi&ë flofio du verbe tmtl, ttan : A’oit sera venu p*r U luite le nam de U Couarde ou de la Gard». H. Moel de la ForU-Haison traduit Ca*tel-Noec, qui désigae le hameau de Casteonec, par Château de la N<me ou Cattel-Nojfat. En outre« suivanl lui, la distance de Dariorigum k cette station ne laisse aucun doute i, cet égard, les vin^ lieues< gauloises se retrouvant avec une exactitude frappante, de même que les vingt-quatre autres qui la séparent de Vorgaittum. {Nouveau Dictionnaire d’Ogée, page 334, T. If.) Quant au Iracd indiqué par M. Biieul, comme l’ancienne vsie de Rennes à Carbaix, elqueH.HoetdelaForlC’Haisoncroit n’avoir ^U qu’un tronçon de celle de Dariorigum k Yorganiim, je serais ataei disposé h partager celle opinion ou i admettre qu’il devrait peut-être se rapporter i une autre qui allait Ue Carbaix k Blain.

(1) Carbaix, en latin Cartlum, ëUit, par sa position au centre de la presqu’île armoricaine babilement dioine par le* Romains, comme un point duquel ils ponvaient (aire partir toutes leurs voies en forme de rayons aboutissant k sa circonférence ; tandis qu’k sa base se trouvaient Vannes {Dariorigitm) et Corseul (Fanitm JfarMi), et plus vere. l’Est, Nsnle* (Condivienum) et Avranches (higma). M. Moet de la Forte-Maison, dans le iiroMVMK Dictimmtirt d^Ogée, page 3SS du Urne II, s’est livré k de curieuses recherches étymologiques sur cette cité, auxquelles je ne puis que renvoyer. Carhet ou Carbaix, dit-il, n’a pas d’autre nom dans l’acte de fondation du prieuré IrODTftit Gœtoetibate (1) tàtai ptobablement vers le Conqnet et non à Brest où I’od a placé Umt aussi à tort le Brivabu porltu (2) ; qù’oce tpoisiènte (O d« la pl. XIV) se portait à CoHdt^tcnum (Nantes)^ et de Saiot-Micolit-d^^rhais, hit en 1109, pu Tanguy i*’, qae celui de ^ai/«Uim qui est, en effet, U ii{ ;niGcation dn mot Con-ai ou Carht%- Cette cilé e*l indubitablement Vorgamium, capitale de* Oaaiimiens ; toat concourt I te prouver, tes débris de colonne*, de statues, de payé* en mo»aK[ne, d’aqueducs, lei bromes antiques et les nombïetuea monnaies qu’on y rencontre, le grand Mmbrede voies qui y aboutissaient, ’l’eiaclitude des distances données par la table théodonenne.

A Carbai’i, dit H. de la Monneraye {Mémoirt déjà tUé), H. de Fréminville n’a refotmti tiu» ((v^qMë fûibtei tiiUgti d4 eonitmeliens nmvtnn, el ajoufe que les Romains j sont venua, mais n’y ont établi 9110 tmtporairiwtent «m $lalio» on jKwte wrtlUatn. Or,lCarbais, que nous visitions il y a quelques mois k peine, c’est toute une ville romaine ensevelie aous la ville moderne. Car, nulle part au dessous des maisons,’ 4e* rue* actuelles, et’ même dans leichau^ps qui s’étendent josqu’k l’antique église de Plonguer, on ne crause- sans rencontrer k 19 ou 30 pieds des cositnictiona, des monnaies et des tessons de poteries romaine.

(1)H. de la Monneraye^ d’après les investigation auxquelles il s’est livré, serait porte à rechercher Gatoertbatt, sur le prolongement d’une voie romaine qui *e dirigeait de Carbaix vers Plougq^rneau, aux environs dn fort CesAn. Tandis qu’il lui semble certain que 5(aI(o«<intMpor(iM était Pt>rsliogan, petite rade entre le Conquet et le cap Saint-Mathieu, et que U, par conséquent, ne pouvait pas itrefîtrtoerfbaM. n. HoetdelaForie-Haison.au contraire, croit que celte dernière te trouvait kl’ex-Irémité delà péninsule j se fondant sur ce que ce nom.rappile celui de fîtesorttuwn (Boulogne) sur la ’cAte de la Manche, snr ce que jTiHoqui vient de goet ou yoet écrit gi«to dans U langue franqoe et tudesqne, interprété frtlum par Talien et dans le mCme sens en celtique (témoin GoMlnt, le nom breton d’Audieme, qui signifia braidemer), veut dire un port on bassin,- et eribaie, l’extrémité du monde, décrit en gallois, la pointe de (oale chou, de erioeh ou erieke en gaElique et en irlandais, «uf, eKirentity, et débet ou b«d, U monde ; d’où fîiuoerfbafs,* qui signifie littéralement port AxiiaUdu html du mondej et ebGn sur ce que le lieu qu’il assigne à Gaiocrihate se trouve t qna~ rante-cinq lieues gauloises de 7orj7attùMi.

(3) Ptolemée appelle BrivaUt porttu un port situé i l’emboucbure de U Loire, et c’est ’ par erreur qu’on a confondu ce lieu atecfîafocribaftf, puisque les mesures fotunie* par lui le font retrouver près du Croisic, dans un lieu nommé firitxrfn, autrefois *i|né sur les bords de U mer. (F. Geogr. aneienne dw Giuiiet, 1. 1, p, 37 ?, par le hmm WaOsê’ nOfT.) D’autres antiquaires le placent an contraire plus dans l’intérieur dea terres et versleSud.£st, dans un point intermédiaire entre Saint-Maiaire, le Croisic et Pontchiteau, envahi autrefois par la iner et converti, aujourd’hui, en marais et en tourbières.


y qa’eDfin, une quatrième (S de Id pl. XIV), parTenait à Atatata (AiUeaume, près de.Valognes)/ S’il existait d’autres - votefl rayoutaDt de la màne cité) eUes étaient bien doins nombreuses que oéllec admises par M. Bizeul qui, en effet, ajoute epcoi% aux précédentes : Um («zièmese dmgeant vers Cosedta (Goutances), tandis que c’était la même que celle qui aDait h Alauna.

Une douzième, vers Reginea ou Erquy (petit port entre Saint-Brienc et Saipt-HaU>) qui ne partait point de Condate maïs de Corseul. Une treizième, vers Sipta (Visseiche, dans Vllle^t-Vilâinë). C’était celle qui de Çonàate se rendait par La Guerche à Juliomagus. Une quatorzième, vers Bedon (1), qu’il n’a point décrite, et sur laquelle le manqué de documens me force k rester dans e doute. Enfin une quinzième, k Aletum (Saint-Malo), dont l’existence est encore problématique pour moi, parce qu’on n’en a découvert jusqu’ici aucunes traces....

On verra plus basque je n’admets qu’un nombre beaucoup plus limité de voies, et que plusieurs.d’entr’elles. ne devaient être que secoudaires ou de simples embrancheibens, venant se relier aux jirécédentes d^h indiquées, soit aux quatre entrées même ou portes principales de Condate, soit h une certaine dis^ce de celles-ci, se comportant en quelque sorte avec ces quatre voies principale^, comme le font nos grandes routes actuelles sortant de nos villes, par rapport a d’autres secondaires ou de même importance venant s’y joindre on s’y embrancher k des dis^ tances variables, ce qui les fait paraître de la sorte bifnrqoées ou trifurqoées.

C’était donc avec ces quatre grandes artères que venaient se réunir

(I) Il y turail k rechercher «’il n’aurait pa# esiilé une voie se dîrigeml île Rennes sur Bedon, travenanl la ViUine i Ponl-Rëan, oii lorsqu’on relit, en 1767, son ponlhilien piles de pierres avec des travées de bois, on trouva sur la tête des pieds qui souieniient les pierres, un grand nombre de pièces on cuivre frappés au coin de Julei CéMr (iVouv. * Dictionnaire d’Ogée, page m), se portant ensuite 1 travers les commuoes de Guichen, Guignen, Lohëàc, Guipry,Pipriac,SiiDl-Just, Bains, la petite ville de Redon, rcinchissantla Vilaine à Rieu)i(DHre(f«)et Su delà, «’avançtot k travers lescommnnes de TheilUc.deDoley, passant au N.-O. de Muiitlao, pour abbolir i Guerande et au Briratet porttu (Briviin), qu’il ait existé près du Crotiic ou plus dans l’ioterieur de* terres. s’aDasUHQoser pluiieurs des voies seeeqdûres dont parie H. Bisflul, tandis que d’autres, an contraire, devaient partir prç»qD’inunédiat#vent et direoteiii«it de la cité, conjointement aiec les pre,miire8. -Je crois qu’U ne sortait de Comdate qœ huit on (Ânt au filos neuf noies, sanùr ; conune je le fa^i connaître, du reste, un peu plus loin et avec détails :

Au Sud, une première, déjà citée, qui passait par la porte Aquaria et se rendait à Condivicnum (Nantes),

Au Nord, une seconde, également indiquée, qui partait de la porte Chastelière pour atteindre par Cosedia (Coutances), Alauna (Alleaume, près de Valognes).

Une troisième, au moins probable, d’après certains indices, qui sortait par le même point, pour se rendre à Ingena (Avranches).

Les deux premières voies n’en constituaient, en quelque sorte, qu’une même, traversant du Sud au Nord toute la largeur de la base de la presqu’île armoricaine, et, dans une direction semblable, Condate qui se trouvait à peu près au centre sur cette ligne, en sorte que les Romains pouvaient, à l’aide de cette dernière presque droite, communiquer promptement de l’Océan à la Manche, éviter de la sorte d’être obligés à faire le tour de cette vaste langue de terre, à travers une mer toujours dangereuse, et s’affranchir ainsi des longs retards d’une navigation difficile. A l’Est, on comptait trois voies qui partaient de 1» porte Baudraëre. L’une d’elles, formant la quatrième et dont j’ai d^à parié, allait de Cotuiate, par La Guerche, ii Juliomagta (Angers). Une antre, constituant la cinc|aième, se rendait de la même cité à Subdinûm (Le Mans).

Uqe sixième, sortant également de Celle-ci, communiquait, eU passant par Filgerivm (Fougères), avec Noviomt^us (Usieux). Toutes ces voies étaient destinées ii relier la cKé gallo-romaine, ou plutdt l’Armorique, avec les provinces limitrophes an Nord-Est, à l’Est et au Sud-Est du reste de la Gaule.

Enfin a l’Ouest il existait encore trois autres voies sortant par la porte Mordelaiu, savoir :

l’ne d’elles, coDstiInaot la septième, qui allait ’ÀFanutn martis (Corseul). Une autre, la huitième, se rendant de Condaie à Vorganium (Carhaix). Et niM dernière,’ la neuvième, qui de la même ville se dirigeait sur Dariorigutn (Vaimes).

Ces Toie$ étaient admirablement disposées pour mettre J’oppiduin en communication, d’ane part avec le littoral septentrionai et jcelai méridional de la priosqa’Ile armoricaine, et de l’autre avec son cenb% et même son extrémité.

Quant à la détermination ’ des points de l’encdute où ppàvaient se troQTer les quatre portes d’»trée, je n’ai pn me gfuider pour l’établir, que siir les connaissances liîfetoriqaes de la dispositiou que les Bomains leur donnaient communément,.que sur l’anEdogie de dénominations de celles de plusieurs autres, villes gallo-Eomaines, et, enfin, qne sur une étude patiente du plan d’Herin.

On trouTe ijans un nlannserit du iv’ siècle, qui existe i labibliotbèque de Bennes, qu’il.n’y avait qne quatre portes k la première encùnte, désignées soUs les noms de iforbiise (t), de Chasleliire.’de Battdraëre,ei à’Â^iaria. Il est probable que dans Condate, celle dit,e Ckatteliére (K ds la p^ XIV) devait correspondre, k la porte prétorienne des camps romains retranchés^ du moins, si l’on a égard k la ^position du terrain et k celle des portes à droite et à gaacha qui étaient ’les -principales (2). C’est en faisant dès rapprochemens, qne j’ai été amené h pouvoir indiquer d’une manière à peu près certaine la position de trois d’eatr’^es, savoir 1° de celle qui répondait aux voies de Juliomagui (Angers), de Subdinum (Le Mans), et de Noviomagus (Lisieux)j 2" de celle qui donnait issue aiix voies de Panum marlis (Corsent), de Vorgtmium (Carhaix), et de Dariorigum Vannes) ; 3° de cdie qui.regardait les voies d’ÀlauM et d’iagen’a (Avranches) et, avec plus de doutes, 4" de celle qui ; donjiait entrée dans la cité, h la voie de Condimcnum (Nantes). Aussi ai-je cru devoir présenter deux hypothèses sur le poii|t réel que pouvait occuper cette der-

(l) MoTlaUt par altëration de JfordeistK, nom qui aTut été donné, comme je l’ai établi precéd^mmesl, à cette porte, parce qu’elle répondait jk Iiroulequiconduisait à Mordellet, gros bourg qui eiislail dèsavanlle x’siècle, etqui, h cette époque, dépendait des moines de Saint- Melaine.

(I) Dans lea villes gallo-romapies de Rheims, de Nojon, il n’y avait également que quatre portes. ; dans celle de Beauvais que deui seulement, une aenle voie la traversant ; tandis que dans des cités plus considérables, il pouvait y en aroir lix ou plvs. Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/229 vait, après avoir traversé la place Saint-Pierre, à la porte Mord^ise (1 de la pl. XV) par laquelle elle sortait poar se rendre à Vorganium tioo delaUlhurgie.etne permettint pas d’y réunir lei Bdfelei, les architectes byiantinsy introduisirent une toriae toute nouTelle, en y ajoutant un carré, et les R«ni*)nS en y substituaut d’abord un rectangle oUon^, çomtd« on l’a reconnu t Pompèia et i HercuUnum, et poslérieureinent en terminant l’une de leurs’^xtréiniteS’par un hémicycle, .ce quo M. BumMD véri6é dans les basilique* Argeplvia, Ulpia, Fulvia, iemilia deasinéAs daos l’ancien plan de Rome. Ces basiliques furent couvertes dans l’ori’ rine d’une toilurç en bois et ce ne fut, que plus tard, qu’on remplaça cette dernière par un dôme ou des voâles.

Il y en eut, avant elles, de s£culiËres, dans lesquelles l’archonte, pare des vAtMaens royan», remplissait les fonctions de juge| dans toutes tes matière* ayant rapport i la religion. Laifoay devint l’origine de* premières basilique». Leur tanup était on carré obipng, terminé par un hémicycle au centre duquel s’élevait une plate-forme exhaussée, sur laquelle était placé le siège du préteur ; autour, ceux des eenlumvirs, des otGcieri civils, et plus bas la place assignée aux notaires et aux avocats. Les trois autres quarts formaient la grande salle,- semblable à la’ n^ centrale d’une église’, dont la forme, suivant les constitutions apostoliques, devait être celle d’un vaisseau ou de l’arche de,Noé. Ainsi, la disposition générale du corps principal de l’édifice’ devint la nef ; la place exhaussée du préteur, l’abside dans laquelle s’assit l’évéqpe et son clergé ; les caveaux au-dessous de la tribune donnèrent l’idée de la chapelle soularraioe ou de la crypte destinée à recevoir les restes d’un sainf ou d’un martyr ; les clAlures ou caneelli des notaires et avocats reçurent les chantres du chœur ; les cAtés s’allongèrent et devinrent les transepts destinés i contenir lés fidèles ; les galerfes supérieures dérobèrent lés femmes à la vue du puUic, d’apis le ? traditions juives qui forment la base du rituel et de la lithurgie romaines ; et, de plus, une place particulière fut affectée à séparer celtes mariées ou veuves des vierges, de même que parmi les homiiies le pénitent resta isolé des membres auxquels il avait été permis de participer à la communion, et le catéchumène privé de renseignement donné à ceui qui avaient reçu la confirmation. Le porche en avant ou la portion découverte détachée de l’édifice, appelé atrium, narthex, pronaos, devint un lieu affecté k ceux qui étaient séparés du reste de la communauté, à cause de leur* péchés, ou qui n’avaient pas encore la permission de participer aux saints sacremens, et il fut dans l’origine orné d’an simple portique surmonté de trois fenêtres i. plein ceintre couronnées par un eed-de-bœuf.

De chaque c&té du chtcur s’élevèrent les ambons on chaires, d’oii le sous-diacre et le diacre lisaient alleriiativement les épltres et les évangiles, les ceusiire* et les commandemens épiscopaux, les prières ordonnées, et les prêtres prêchaient ; tandis qiie l’évêque le faisait assis sur un pliant placé devant l’autel. Enfin, au milieu, furent placé* les chantres qui étaient tous prêtres, dans les temps primitifs de la foi. La seule table de la communion ou mattre-aulel, car l’église primitive était étran 225

(Carhaix) et de Ik à Gtmocribate. Hais ayant de pénétrer dans roppidum par la porte Bandraëre, peut-être se rédnissùt-elle à deux antres Toies Tenant l’une de Subdinum (Le Mans) et l’autre de Noviomagvs (Lisieux).

Quant à la voie qni de Cçndivicnum (NaDtes) se rendait k Cotulale, elle entrait dans cette dernière par la porte Aquaria. Seulement celle-ci ajant pu exister dans deux points (22 et 22 bis de la sS- ^V) controversés de )a portion de la moralUe regardant le Sud, je hasarderai deux hypothèses gère à U multipliciU des objets sccrés du rituel de celle romain» moderne, était toujours isolé de la’muraille, et placé daru le sa actuaire qui était séparé de la net, dans les grandes lasiliques, par l’arc-de-triomphe et se terminait par l’abside fermée ainsi que le cbœur par.des cIAture*. Aucun laïque n’oaail ypénétrer, et ses secrets profonds étaient dérobés, par dé richea draperies, k la vue de 1* coimmanaalé, jusqu’i la consécration de l’Eucbarislie.

Les parois des murs laléraui furent revêlup.s de mosaïques simples ou histonéet, lesquelles depuis le v* siècle jusqu’au xm" leur servirent d’ornement, tandis que les sculptures étaient bannies des monumens de l’ancieiine église, catholique et n’apparaissaient que sur les sarcophages et encore grossièrement esquissées au trait sur la pierre. Dans les basiliquesdu Bas-Empire, les Toâles remplacèrent la couverture eu charpente apparente, formée de poutres transversales. L’art de voûter avait été porté i un haut’degre de perfection par les Romains, dans leurs constructions de bains, de villas, il’amphilhcàlres ; en outre, elles furent presque toujours bSlies de matériaux antiques. Quant aux basiliques romanes-germaniques, elles proviennent de la greffe de la basilique impériale sur celle du Bas’Empire.

L’église primitive s’abslint des cloches pour appeler les fidèles i la prière. Ce n’est que dans la vie de sainlColomb, mort «n 59S, qu’on trouve le plus ancien document de leur consécration première, tandb qu’en Bretagne, c’est au vin^ siècle seulement qu’il faut rapporter l’usage des cloches dans les principales églises de celte province, quoique plusieurs autres eu fussent probablement fournies, puisqu’elles avaient des clochers.

Les églises romanes succédèrent et, plus tard, dans le gothique du continent, Tidée principale de la basilique fut encore maiillenue, seulement tes voûtes s’élevèrent avec plus de hardiesse, sa firent jour à travers les ogives, se modiQant suivit les coolrées et â mesure que les chapelles s’y multipliaient. En même temps, les transepts s’y ajoutèrent et leur donnèrent la forme d’une croix, et l’ahside se termina (antAt d’une manière demi -circulaire ou polygonale, tanl&l carrément comme en Angleleri^. (Doeumeni Ihéi d’un ouvrage infifufe l’Architecture religieuse d’Italie, pur JV. Henri Gatty Knighl, publié à Londret «n 18f2 et 1844, avec ploMefiet lithoehr<»HatUfun par OieenJontt, tt pviift dant la Revue Britannique, année l8iS.) cDtre lesquelles le lecteur choisira pour asseoir son jag«nént sur la place réelle que cette entrée devait occuper.

Dans la première, la voie dé Condivienum après avoir IravMsé la Vi-’aine au-dessous du pont de l’Ile ^ devait entrer dans Toppidnin par la porte^çuariq (M de la pl. XIV), située on peu an.dessous de la tour d’Apignc et dans, sa direction, passer a travers la portion k l’Ouest de l’emplacement occupé par le roulage de M. Anbry (1) (ancien jardin de la communauté des filles du Calvaire) (2), ensuite la ligne snr laquelle s’élève la façade Est de la maison formant le cAté occidental de la (1)11 ne faut pas croire que les terres tmoncelées presque jusqu’au faite de la sitiraille, lonque cette première eocelute fut deveniie inutile, par suite de la construclion de la seconde, et sur laquelle s’éleTërent le couvent des filles du Calvaire.et plus tard le» bàlimens de cet établissement de roulage, existassent i celte hauteur, à Tepçqu^ gallo-romaîne, si la forle Agwxria répondait i ce point. Une pente, au contraire assex douce, devait indubitablement conduire de celle-ci dans l’oppidum. Ce n’est pas que dès ce temps, comme au moyen-Sge, on n’e&t établi tout autour et au dedans des murailles, des espèces de plates-formes pour la facilité de la défense ; mais, alors, elles étaient toujours interrompues aux «fiVersés entrées. Aiiisi, dans la coupe faite i l’ancien mur près de l’Ecola d’artillerie, pour y ouvrir la rue delà Croisde-la-Mission, on peut encore voir, le long de la Hase de l’hAtel Coniac, la hauteur à laquelle, i l’aide d’une ma^nnerie, on avait mainlenji’les terres ou remblais destinés à y former une sorte de plate-forme ou terre-plein.

Chez les Romains, 4]it Vegèce, derrière les murs de fortification des villes, se trouvaiwt parfois des (errasses form^ avec des terres battues, maintenues par deux murs dislans l’un de L’autre de 32 pieds, et s’abaissaol en pente douce du c6(é de la cité, pour faciliter l’accès du rempart aux hommes chargés de le défendre. En outre, l’entrée des portes«tait’ protégée par deux tours, et surmontée d’ouvrages en pierre, d’oii l’on pouvait assaillir ceuK qui auraient essayé de les briser ou de Us brûler. (Vegêce, de l’Arl Mltilam, livre IV.)

(i) Le monastère dé SaiBl-CjT, situé au haut du faubourg de Brest, était le premier des deux Wuvens de Bénédiclines que Rennes possédait. A la tële de cette congrégatioa était une gené|ple élective qui faisait régulièrement ses visites dans les maisons qui lui étaient soumises.

Ce fut le 13juillet 1630 que la ville de Rennes’ accorda à ces religieuses pour leur établissement la maison de Saint-Cyr, qui était un prieure en tOS7, et qui fut ensuite nommée le Grand-Calvaire. Cette maison n’avait plus en IT64 que qninie religieuse». Ces Cal vairiennes firent Un second établissement en 1671, en l’hètel déCucé. situé alor^ près la place de la Grande-Pompe (aujourd’hui celle du Calvaire). Saifll-Cyr servit pendanlia Révolution de caserne et ne redevint maison religieuse y

|daoe d« la PtHcpe, et Te^iMe corrcmioBdaBt de cette ’doroiàre, ob, ta &tee de la ne do FaoïnlfrChapitTe, die coapait la voie de yttltflUMfw, et dâtoocbaU dau eeU« d’Ateuna (AUeaume, jïrè» d« Valognea), kiqudl» devait rairre eniuite la rne de te Hiterie appelée àctaelknieiit de Montfort, eoDftcff lOngitBdinalcpwBt J ;eitiàuté Sad do sraad bout de Cabttt {H bis de la pl. XV) doot la ^ace moderoe de ’Saîitt<-Saave«r ece«^. nae petite partie, parcourir le reste de s^ioagaeiM uir laqaeUe on a bâti, d^nù, tout le e6t^ Bat de la mie de Clieson, pois la rue Saint^Hiebel aq)oard’liiii Rallier,, et eofto «ortir par la porte Chastelière (1) dite Sûnt-Hiclid (13 de la pl. XV) ; pe«t^, alors, cette denàire étaiirelle appelée du nom d’Àlauna.

Dans la seconde, la voie de Coadivicntun (Nantes), ’après avoir paasé à Làillé, daa» la partie de la eoMmaoe de Rna pea ékngiiée de la roate actaeUe de Nantes par Bain, ensuite à l’Est de l’Arsenal, traversé an Sud une portioa des terrains occupât par les oaaisons du Cbamp-Dolent, devait arriva- en bce de l’ancien abreuvoir de Saiat-Y7â9 oit Hevin place, dans SOD plan, la porte Aivière {Aqintria) (22 bi$ dt là pl. XV). AjH-ès avoir fr^lû la rivière, elle devait pénétrer pac cette entrée dam CM» doM, passer devant le portatt de l’iiftpital et celui de la chapelle Saiat^Yves (23 de la pl. XV), snivre la rue des Laoriers, en. empiétant vers le haut sur les maisons de son cAté Est, continiier ii travers celles rëpoodant aoa D** 20 et 18 de la rue da Fon^la-Chapitre, où elle venait ctoisot les veies de Juliomagui et de Foryantuar et rencontrer cd|« d’Aiavna. Cette de»qu’an latOon 1811, purnitedeSMlUciUtioiudelt mire Entenic. {Scir M mmm » t§ ui* far M. Maillet, baii9théealreatla9iatd4jtimut.} -

(1) Porte ChHlelièr»(de«a(teUiim,cité on pUoe forlifiéa). Elle avail élé aiiMi ooiqmee, parce qu’elle voisiniit ou faisait partie d’un endroit dëfeo^u, que 1m Bomiiu, comina je le prouverai un peu plus tard, désigoaieul par eattellum. Ausii, ces noms de ehatUl, ehâtUUi, efuutelUr, dit H. Biaenl,- aniMneeDt-ils loujoura des enceintes fortiGëei, et ^es voies eu étaient souvent avoisinëes. Ces dénieras, dams l’Annoriqse, province H ékùgnëe’de la capitale de renpira, te eoDstrotsaieot, dit-il, comme nos roiÂcs aetnelies avec la syalime de Hac-Adua, qai o’est qu’une nùtatioD delà maaière.de faire des fioMains, avec Fexeeptioii, lonlefois, que m* demien, saof quelque* courbes frï»-donoes et tria-tarammrtat roëa ag^, suivaient preaque toujours la lifne droite. {lUmotn i«r f wrip ut FoM RomainniuPHUm, par Jf- #iuaf, ISM.) nière devait passer derrière rbémicycle de la cathédrale noarelle (1), se port» à travers une partie du terrain occupé par l’hAtel da Saint-Esprit, traverser obliquement la nie Sidnt-Saaveur, passer k l’Ouest de l’ancienne église du’ même nom (17 de la pl. XV) qni occupait une bien plus grande longueur de. cette partie de la rue que celle actuelle, continaer diagonalemeot k travers le pfité de maisons intermédiaire entre la rue SaintSauveur et celle de la Monnaie qu’elle tt-aversait obliquement et en suivant la même direction que les maisons faisant l’angle et le cAté. Ouest de la rue Rallier, enfin la porte Chastelière, dite aujourd’hui SaiutrHichel (12 de la pl. XV) par laquelle elle sortait de la cité, pour se rendre k Alauna (Alleaumc, près de Valognes).

C’est cette seconde hypotbëse que je suis plus porté à adopter, et je m’appuie, pour justifier la probabilité que la porte Aivière existait plutdt à l’endroit répondant à l’ancien abreuvoir de Saint- Yves, sur ce qn’^e est désignée dans le titre de fondation de cet hApital, sons le nom â’A- ^arta, à cause de ta proximiti de la rivière ; sur ce-qn’elle’ se trouve correspondre davantage que l’autre an milieu du côté méridional de l’oppidum ou vis^vis la port« Chastelière, ce qui permettait à la voie de Condtvicnum de le traverser pins à son centre que si elle avait été située visà-vis ou dans le voisinage du pont de l’Ile, dans lequel cas elle se serait trouvée beaucoup trop rapprochée de son cAté oriental et aurait imprimé j) la même voie une déviation des pbis anormales, comme oo peut s’en assurer en jettant les yeux sur la pl. XIV ; et ^fin, sur ce que cette porte, admise comme ayant occupé le lieu de l’abreuvoir de Saint-Yves, la laissait arriver en droite ligne dans Condate. ce qui n’aurait pu se faire si elle eut été réellement placée en face du pont de l’Ile. Ainsi donc, les principaux établissemens, sous l’occupation romaine, étaient, suivant M. Bizeul, Nantes (Conditn’cnum) chez les Namnete$. Blain, Rennes (Condafe) chez les Rhedones. Corseul (Fanum marlis) chez les

(1) On Toîl encore derrière cet hémicycle, din$ )a rue de la Psilelte, une petite maiMni pignon, trës-incienne, ouïes enraosde chœur apprenaient ï chanter, tandis que l’ancien âvëché occupait à Test de’ la cathédrale tout le terrain compris, depuit ta maiion Duchène et la partie de la rua de la Monuaie qui y fait suite au lud-ouett, jutqu’à l’impasse ou cul-de-sac de la petite rue Saint-Sauveur et de celle de Saint-Guillaume, où l’on voit encore l’ancienne chapelainerie et i cAté la pénitencerie.

CurwuoItiM, Vannes (Dariorigum) chez les Venilu,.Carbaix (Vorganiwn) chez les Otitmii.

Hais il en est une foule d’autres, dans l’Armoriijue, qui avaient une impOTtanoe réelle et qui sont encore ignorées ; ainsi Quimper {Corûopitum) chez les Coriiopitt (1) dont aucun auteur ne f^t meatioo avant la notice des provinces, lesquels, suivant Danville (Notice de l’ancienne Gaule, page 349), n’étaient primitivement qu’une portion des Osismiij Gmocribate an Conquet, où, d’après H. de la Monneraye, à Plougnemeau aux environs du fort Cetôn, tandis qu’il met à la place de la première Por-tu $ Slaliocanut aujourd’hui Porsliogan, petite rade entre le Conquet et le cap Saint-Mathieu j Brivatet porlvs qu’on regarde comme se rapportant à Brest (2), etc.

Combien d’antres lienx ont pa avoir quelque spendeur qui, aujourd’hui, recouverts de couches de terre accomalées par les siècles, restent encore ignorés !

Ainsi au village de Kerilien, près de Lesneven, les substructions qu’on y a découvertes, les tessons de briqnes à rebord {tegula) et de briques

(1) Les habitants étaient appelés CorUopiU* ou ÇoritoUU* (Hotiee de* Gaulet). Les Cnriosoliles n’ont rien de commun avec la population qui habitait le pays de Quimper. (pe Bloii. — Dictionnaire d’Ogée, page 395, t. II.) Lei Bomains, après leur conquête, envoyèrent un préfet dans chaque cité et un consul dans la capitale : chaque citoyen re«ta maître de set propriétés.

(2) On place sous l’empereur Gratien (vert 275), la créatioQ de la troiaième et de la quatrième Lyonnaise. La deuxième comprienait use partie dé U Normandie, la troinëmfr C4uarod»nmK (Tours), Juliomagtu (Angers), Condivienum (Nantes), villes habitées par les Turone», les Andegavet, les IfamneUi, et dans la presqu’île bretonne Condate (Rennes), Fanum Martii (Corseul), Vorganium (Carhaii), DartoH^um (Vannes) CoritopHum (Quimper), Àleltim (Ssint-Malo), habitées par les Rhedtmii, les CwionHUt, les OMtfmiens, les r«n^l««, les Coriiopd», les i)<ali{(Nl«f. Les cAles de Bretagne et odlei de la Normandie étaient appelées traeiut annorieani, et les lies de Gersey, deGuemesey, d’Avrigny, d’Ouessant, de Sein, d’Uouat, de Belle-lsle, Catarea, Sarnia, Ridua, Vxanlit, Sena, Siata et TindelU.

L’Armorique s’étendait jusqu’au-delà de la Loire, entre elle et la Seine, comme l’indique l’/Hn^dircd’Antonin.

En outre, dès la première moitié du in" siècle, les villes furent désignées par les nomades peuples dont dlea étaient les capitales, de mftmeque la lieue gauloife remplaça le mille roania qui «vai t aenl été employé pendant le i*’ et le n* de l’ère chrélienne. courbes {imbricet) qui jonchent le sot, pn assA grand ncHubreclë pièces romaines en or, do Haat et du Hoycn-Eibpire., guê les travaux des cbamps y ont fait décoaTrir, et cpje H. de K^erdanet.a eu l’obOgeance de me màntrer, et parmi lesqueUe^i anè de Tltèllius représentait d’nn côté ta tâte de cet «mperfenr. avec t’inscription vtrELLlVS. GEBMÀMCVS IMP. TR. P. ; ap revers on daophin surmontant un trépied, au dessous dnqoel te voit eiicore un dauphinjét autour Xy TIR. SACR. FAC* ne permettent pas de donterqu’il aijtelisté en ce Meu une importante station rooiaine.

Il n en dut être ainsi^ dit H., de Ëi Uonneraye, à la poiiate du Raz, à l’eztréinité occidentale de la ’Bretagne, oii ont élé signalés d’importans vestiges. (Jforeou, Histoire de la Ligue tn Bretagne, page 6 et suivantes.) Il est vrai que M’ de Frénùbville noos apprend {Antiquités du Finislère, 2* Partie, page. 9Z, année 18S5) qu’il n’a pu réussir, après une journée entière de reclierches, k découvrir les débiris signalés par le bhanolne IHbreau. Mais un de nos.aittis qui visitait lés mêmes lienx, il y a deux années, a été plus heureux.. II a vn, au- village de Trogner, prSs et an Nord de la baie des. Trépassés^ des pans de murs de construction romaine qui, par endroits, s’élèvent encore de plusieurs pieds au dessbs du sol, en même ten^s qu’il a reconnu également, de distance en distuioe, les restes dsobebiia pavé dont parle le chanoine, lequel conduisait de la pQinte du Baz à P’ouldavy près Douaraoïez, et de Ik àCarhaix ; les habitans le désigsent soos lé âoU de Htnt-Miit. Un hwamë très-versé dans la conoaissanoe de nos tstiqdités, M. Lebastard de Dfesmeur, a vu aussi une partie des ve^iges signalés par Morean. Un autre chemin pavé^ dit encore le chanoine, se dirigeait du même viOage de Trogner « jusique es- ta viUa de Quin^f»er, si entier, sauf quelques inter- > raplion», que s’il était moderne.

Des Voies Ronaines qgi parUieBl de Cftodale, k de km fmmn Ans le Déparlemeat.

AMwné par les études aaxqndles je viens de me livrer sv ^’époque gallo-romaine de la viUie de Rennes, et sur ht fisposition des y

TOiM I imniMiH pu rapport à ocUe-ei, k en Andïer les fra^eiifl qoc le hwvd Brait po &ir« décooTrir dau bob TOisiBage ei dus le département, la direcMons qu’elles prenaient en sortant de la cité, la matàèn dent ettes- se reliaient entr’elles, i’ai d4 efaerohcr è en dooner on aperça el k mettre sra^ la voie de leur paroonrs dans Mtre coetrée. Les docomeas qde je Tais bin comiattre, poisés en partie k des sooree* certai-Ms, ’et rindicati<M positive cte qnelqaW-QDetf de ees roMlnqai existent encore d’noe manière reconnaissable, pourront devoir debonsmatériam, et permettre à d’aolres obsemdears de eombler les nt^ireoscs lacnoes ^e cet essai imparfait poom p-ésenter.

Mais avant d’ol&lr, comme lignes d’^étndes on simples indications, d’après les BOtiens si rares -qa* j’ai po,me procnrer et le trèa-prtit nombre de relevés qae j’u pa faire par moi-même, la disposition qae j’&i cm devoir donner aux voies qni arrivaient h Rennes’oa en partaient, et la direction qne je leur al fait «nvre k travov le département d’IUe^-Vilaine, qa’oo me permette- d’empranter an savant mtooire de M. de la Sfraneraye, ancien capitaine d’état-major, membre do conseil fénéral du Morbihan, In k la section d’arobëolo^ du congrès de J’ Association bretonne, à Nantes, aa mois d’août t84ô, et dontmiepartie a déji été publiée, page 1 !}3 et’ snivantes, dans l’Histoire du MorbUkUm H de h$ Monument.. par M. Cayot de I.aadre, les détails si intéressans war les Voies romaiaes qn’il 7 a donnés. J’aorai de la sorte mi appoi ponr la ticbe diffiiùle qne j’entreprends et ane excnse pour les résaltaU si imparEiiuts auitpiels je sais arrivé, et qne le seul bnt tfétrentâe m’engage ^publier.

Il existe dans nos annales bretonMs, dit cet observatenr, nne lacune 

qne les travaox historiques modernes n’ont pn ccnnbler ; Oud fat l’état de notre pays pendantroccupationde’taGnale parles Romains ? Tel est le problème qœ les historiens anciens n’ont tenté d’éclairer qne par des tipiculations dénuées de preaves et que les modernes ont résoin de façons Bonvent oontradîct<rires. Il importe donc d’opposer des investigations méthodiques aax difficottés très-grandes qni environnait l’étude de la période d’occupation de la Bretagne par ces compiérans, et de forc« l’archéologie k nons dire le mot qne nons refose l’histoire.

A]H^ ^e César ent sonmis la 6aide, la poUlifpie des premiers empM’enrs dnt tendre k consofido k jamais cette coaqo^ : Peur atteindre

ce bat, le premier et le plus efficace de’tooa les moyens était d’ounir des commiuiicatîoDs faciles et directes, du centre de Tempire jnsqti’ii ses limites DOuvelles.

» Aussi apprenons-noos de Straboa {Géogr., Uv. /7f), que dès le règBe d’Au^ste, Agrippa fut chargé de faire construire des routes qui rayonnèrent de Lyon dans quatre directions principales. Les empereors qui lui succédèrent entretinrent et multiplièrent ces voies qui, en facilitant la marche des légions et lenrs communications enù-’elles, pemùrent de teair en respect les peuples des cités j de rompre leurs intelligences, et, ce qui n’était pas moins important pour la métropt^e, de faire rentrer le tribat annuel que César avait imposé à la Gaule {Sutt. in Cœt., cap. 2S). ^Les médailles do Baut-Empire trouvées en abondance à Rennes,’à Corseul, à Carhaix, etc., témoignent que dès le i^"" siècle, notre pays fat occupé par les Romains et par leurs colonies.

Une borne miliaire découverte aux environs de Carbaix et qui porte inscrit le nom de Septime-Sévère, prouve qu’à la fin du ii’ siècle au plus tard, les conquérans avaient déjit sillonné de lenrs voies la presqu’île armoricaine ; enfin la prodigieuse quantité de monnaies unpérjales du m’ siècle trouvées sur tous les points de la Bretagne, ne permet pas de douter, qu’à cette époque, l’occapation romaine de cette partie de la Gaule fut complète et permanente.

Plusieurs monnmens ou bornes millmires nous présentent les noms de Gordien-Pie, Trébonien-Galle, Piavonius-Victorious, Pivesuvius-Tetricus, Aurélien, etc. Vers le milieu da m* siècle, les établissemens et les voies existaient déjà en grand nogobre ; mais l’eSbrt des empereurs pour percer la Gaule à jour n’a pas dtk se ralentir, et il leur reste encore près d’un siècle et deoii jusqu’au moment oii l’invasion des Barbares, en les forçant à se replier vers le cœur de l’empire, interrompit pour jamais leurs immenses travaux. »

Depuis le président de Bobieo qui écrivait vers le milieu du xviii* siècle, personne n’a rien publié âur ces voies antiques, dn moins pour le département d’HIe-et-Vilaîne.

Quelques observateurs, il est vrai, avaient bien de t^nps à autre, hasardé des communications sur des.fragm«is de routes romaines reconnus dans certaines localités, mais il n’était rien resté de ces causeries ou de ces simples, renseignemeus ; aucun archéologue oe s’en était emparé pour les coordonner et reconstituer les lignes. Il est bien vrai queM. Biteol (de Blain) a parcouru quelques parties de notre départ^ent, etqu’ilaenl’obUgeance démettre àma disposition les observatioDs qu’il a été k mâme d’y Caire, mais il n’a encore rien publié â ce si^et, et d’ailleurs sa manière difffere trop, d’iqirès ce que j’ai va des lignes qu’il a tracées pour les voies romaines du Morbihan, de celle que j’ai adopte, pour qu’il me soit permis de le suivre, relativement à certaines d’entr’elles, dans la méthode d’investigations qu’il a cm devoir adopter, sans donte comme la meilleure.

Il n’en a pas moins des droits incontestables à la reconnaissance des archéologues, pour le dévoAment et le zèle avec lesquels il s’est livré k des recherches difficiles, et pour la direction d’ensemble qu’il leur a donné, imprimant de la sorte aux études sur les voies romaines, un caractère d’eo- $«nble propre à créer de nouveaux horizons et à rendre plus importantes les découvertes anciennes et celles à faire ultérieurement.

Les voies romaines, dit M. de la Monneraye, étaient avant tout des 

routes militaires, stratégiques ; aus^ sont-elles souvent nommées mililarts, coMalarn.

Elles furent construites d’abord par les soldats des légions et par les troupes lœtiqnes. Plus tard, on y employa pour les occuper, l^ peuples des provinces conquises {ttid. deSéville. Origine», lib. XII, cap. 16). > Sur leurs directions, on échelonna des petits camps (exploratoriu) qui recevaient des détachemens pour en assurer le parcours, pour protéger le passage des convois.

De distance en distance, séparées par une journée de marche, on construisit 

ces mamiont on étapes, où le soldat se reposait eu allant ou en revenant de la guerre, et trouvait des magasins de vivres et de fourrages.

Les Romains ne faisaient que peu ou point usage de voitures pour 

transporter les équipages de guerre ; c’étaient des bétes de somme ou le soldat lui-même qui portaient armes, tentes, palissades, vivres, etc.

Leurs années étaient composées d’infanterie pour la plus grande partie ; 

leur marche ne pouvait donc pas être rapide ; aussi la distance parcourue dans une journée est indiquée dans les itinéraires anciens par celle qui sépare entre eux les lieux de séjour,* dvitatés et niami’on», cl elle y paratt être en moyenne de dix-haH k vingt-lienes gantoises oa ile«Càdix françaises, de vingt-cinq an degré. Mais noins était grande la rapîdîtë’4n parcoara, pins les BomaJns avaient intérêt k rapprocher, dans la eoaxtntction de tenrs voies, la longiienr itinéraire de la dlstifnce k toI #(riseaa. C’est, par dessus tont, la rapidité des moyens de transport qni ex^ l’augmentation des liHstances itinéraires pour dimhmer les ^ntes on les éluder ; aoas en avons la prenve an xix* siècle, on, par suite de L’adoptiOn deS’Voies de fer, nos ingémeor* achètent PhoriEOtttaBté par nne énorme augmentation de la distance itinéraire.

> Notre opinion est que les Romains traçaient lears routes te flot prit potsible de la ligne droite ; nous Edions d’ailleurs eu fonmir des’prenves puisées dans tes travaux de savans antiquaires.

« Les Gallo-Romains, dit H. de Gérville, avaient comme noua leurs voies principales, qui répondent assez-bien à nos routes royales et départemeatales. Coumie dons, ils avaient des chemins vicinaux et des voies d’accession ; nous ne nous occuperons dé celles-ci que pour dire qn’eQes étaient nombreuses.

Toutes étaient droitesj quand elles ne rencontraient pas des obstacles insurmontables, tels que des collines escarpées, -des montagnes, des marais et des fondrières..... On les faisait monter on descendre beaucoup plus que ne (ont aujourd’hui nos routes royales ou départementales ; mais indépendamment de ces sinuosités indispensables, Tensemble était droit, > {Des Villes et Voies Romaines eh Basse-Normandie, Introducliùa, pageX. Valognes. 1838.)

Le même auteur conclut : Que la règle entre deux stations recooDiies pour romaines, sutBt parbitement pour tracer nne direction d’étude.... dont les tracés de la voie, quand on opère sur une bonne carte, s’écar- teront rarement, sauf des obstacles insurmontables, où k moins que la ligne entre deux villes ne se mette en communication avec une station appartenant k une autre direction peu éloignée de la ligne sor laqneHe on opère. »

Dans le même mémoire, H. de ta Hoiineraye rapproche de ropiuion précédente celle de H. de Caumont qni s’exprime ainsi dans son Cours d^Antiquilêt : Elles suivaient ordinairement des lignes droites, excepté lorsque des obstacles naturels, tels que des montagnes, des ravins pro-y fonds, des marais...., s’oppoaaieDl à c^te direction. Seulement il ^oute, en parlant des routes d’une moindre imporlancé : « Elles n’étaient j>a8 alipiées comme les premières.

M. de la Hooneraye reprodoit l’opinion’ non moins explicite du docteur Batissier qui, dans ses Elimens d’Ârehioiogù Nationale, dit : que les voies nHoaines soivaient prçsqne toujours une direction rectiligne  ; celle analogue de M. le baron Chaudroc de Grazanne {Mémoire da Antiquaires dé Franc*, tome X, page» 120 et.121), celle d’un antre auteur relatée dans le même ouvrage, (onu X> pages 78 el 79,’ enfin une observation de M. Croist^, développée Aasis V Annuaire ôm Morbihan, pour ï^kZ^page 166, qui vient à l’i^ipui des précédâtes.

Après ces témoignages contemporains, continue-t-il, qu’on nous permette d’invoquer encore celui plein d’intérêt et d’originalité d’an vieux jurisconsulte du xiii’ siècle, dont l’affirmation a d’autant plus de poids, qu’en son tanps les voies romaines étaient dans un état de conso’vation très-supérieur à celui oti nous les voyons six siècles plus tard.

Philippe de Beanmanoir, dans ses Coutumes de Beauvoisù (Nouvelle édition publiée par le comte Beugnot, Paris, 1842), parle ^ sa façon des voies romaines : Li cemin, dit-il, que Julien César fit’fa% ; etcilquemio furciit fet à droite lingne. es liex ou liogne se pooit porter sans empecquemenl de très^rant montaigoes, de rivières ou de mares > Enfin U. de la Monneraye tire une dernière preuve, du peu de différence que fournit la comparaison des inesurés des anciens itinéraires avec les distances directes, entre des points bira reconnus et dont l’assiette moderne est identique à leur position ancienne.

Nous pensons donc, continue-t-il, que des lignes droites tracées sur une bonne carte entre les villes ou les établissemens romains bien reconnus de notre Bretagne, comme Bennes, Gorseul, Erquy, Iffiniac près Saint-Brieuc, Cos-Yaudet prèsLannion, Tréguier, Plouguerneau à l’Ouest-Nord-Ouest de Lesneyen, Carhaix, Troguer k la pointe du.Raz, Quimper, la pointe de Peiunarc’h, l’embouchure do Blavet, Vannes, Bieux, Blain, Nantes, etc., fourniraient des lignes d’études sur lesquelles les investigations des archéologues bretons- s’exerceraient avec succès (I). Nous

(I) Pouréviler, toutefois, qu’on ne tire de notre système une conclusion trop croyone d’après l’état de nos études, qu’en serait amené ï recoiinakre que les -éUbliMemfflM iDtennédiaiNs sur la Jigae qui joiôt deux villes importantes, ont été- plus sonvent créée pour la voie et afK-ès elle,. qu’ils n’Aot, par UDe..existeace antérieure, détermiiié son tracé ; eidin quei’îateùection de cleux Ou’ de plosioirs de ces Toies a donné postâieuremeat naissanoe à plus d’an ’établifsemeot important qni snb#te encore de/nos jours à l’état d^ boôrg ou de TiUe.

On cooupottrait ope’err^, -si-on, pen^t que les voies romaines ont toujours, été-cbnslcaites diuu liotre pàys’avec le luxe qu’on déptoyait.dans l’établissem^t de c^e« d’lt^e :oo du midide ta.fraaice. Outre l’état de dégradation oii nous les voyous après tant de sîàcles, les conditions locides, oudra raisons d’économie en ootfait«impUfier.la constmction ; souyent (m y chercherait en vain les parties, aoouuéés,ffraluflMn, rud«rtUio, flbcleiu, mmma crtuta.

Ici ce». vieux ehemfais sont construits ea clianvée9,’C’ést-4-dire élevés’ de plusieurs pieds au dessus, du terrain qui les Ix^de. Ailleurs, ce sont simplement des voies ; alors ils sont au niveau dn terrain adjacent ; d’astres fois encore ce» deux modes -de construction ont été emi^oyés alternativÊment sur Ja mèose- direetion : vfiiei dans le trajet* des. lieux solides et secs ; eh^muéet dans ’ les- ba»-fonds et les lieux huoùdes. Leur largear varie depuis’ U jusqu’il 70 pieds, selon leur importance ; mais cites ne se son^ cooserrées à peu près intactes que sur les sonunets de nos. coUïBes -couverte^ de landes, à "Uavers’les^tecrains incultes et les forêts ; presque partout aiUeurg les envahisseBienssBticessife faiu par les propriétaires riverains, lorsqu’ils restfme«kt leurs fo«sé«, ont altéré leurs dimoisioi^ et leur direction.

Souvent ils sont pavés de blocs de pierres, bordés de-chaqae cdié, d’autfe blocs formant accottemeos {margitut). Ooeu trouve constiroits en chaussées qui ne se composent que d’un apport de sable ou de caiUeox reposant sur un lit de {)iérre8. irrégntières et dé petites dimensifms, posées à piat et dé manière ii nb ftoltit laisser d’,intervalle entre eUes.

rigoureuse, nout dirons que nous n’avons jamais prétendu que les voies romaiaes-siû- ’ vent, sur le terrain, une ligne malhématiqueipenl droite, mais bieD que Vepsemble de leur directibn et leurs rares ûexions réduilea à l’échelle de nos cartes, ne s’écartent gucres de la ligne droite. Lorsque ces voies rencontrent une rivière, on y trouve ordinairement un gué naturel on artificiel. On a pu reconnaître que ces gués supportaient soDTeiit des ponts de bois, comme à Rieux, à Kerantré près d’Auray, au passage de la rivière d’Er-Goz-Ster, aii levant de Garhaix.

On a signalé aussi en Bretagne les vestiges de quelques’ ponts en maçonaerie, doiot on croit ppuvoir foire remonl«r la construction à l’épo-’que. gallo-roqaaîoe. Tels sont ceut de Port-Neuf sur la Vilaine,.à environ 4 kUomitres au Nord du boarg de Messac ; de Saînt-Cooegoo, près de la chapelle de ce nom, au Midi deGlomel ; de la ViUe-BeUec snr laClaye, à l’Ouest de CaHac ; du pont fie Marsac, au Nord-Est de Garentiùr, etc. On tirera un ^rand avantage pour’ l’étude des voies romaines de la remarque d’un certain nombre de noms topogràpbiques qili se retrouvent invariablement sur leurs directions. « 

» Il y a, dit M. de Gérville {Notiee4éjà ciWe.’pàj/eSI),* sur les directions d’études, des noms qiii peuvent tenir lieu de ioioDumens, Les noms qui doivent &xer l’attention sur les chemins ou vestiges de chemins qu’ils désignait, sont les suivans : Chemin hauùé ou ebpusié. Haut-Chemin, voie,- chmutie, Chtmin ferré, : ptrré ou pavé, Chemin-Conan dans le pays de Vannes, Chwtin de la dxKheite Astne dans presque toute la Bretagne.

De vieilles routes, importantes autrefois, aujourd’hui abandonnées, sont désignées dans le pays de Vannes sous le nom de Ar-Boh-Heat-Brat. le Viens-Grand-Cbemin, et dans les «ivirons de Lannion et de Carhaix sous celui de Ar-Bent-BraM*Cas, ijui veut dire la même chose, et de Henu Ahis ; ce sont presque toujours d’anciennes voies romaines. Le nom de chausièe porté par un bourg, un village ou une habitation, doit ^peler les investigations. Le nom de Chauchix, fort commun en Bretagne, ne serait-il pas le m£me que Catuhie que Danville. ti^duit par Cafceta ? {Danville, Notice de la Gaule, page MS). Le nom de {ru^ ou vi (oodum) signifie un passage de rivière, selou Danville.. (lUd., page 609). Celui de trait et port {trajeclus et portus) indique le tnyet d’tue rivière par bac. (F. Danville et Dueange pu mot Tbajectus.) La Chtute, la Chats0-Ferrée,’Estré«, £t(rellé, Estrae ou PE$trac, et tous mots qui contiennent en composition le mot stratum sont une bonne indication, ainsi que Tes noms de le Pas-aux-Bceufs, le Pat^Bichei, ou

simplemeot le Pas, Maupas, Sfaurepas. Les lieux nommés Planche, rappellent presque toujours ces petits pooceaux qu’on construisait à l’époque gallo-romaine sur les ruisseaux et les cours d’eaux de peu d’importance.

tes mots ôii fines entre en composition et qu’on trouve souvent sur les voies romaines, indiquent les lieux oii ces voies fi’ancbissaient la limite entre deux cités ou pagi. Nous avons en Bretagne Iffiniac près Saint-Brieac, 2^n/’atnï près Quintin,- f^endic près Montfort, Castelfinans dans la forêt de Quénécan, Saint-Michel-de-Feins, a trois lieues Sud-Çst de Cbâteaugontier, La Roche-Trifinéu entré Lohéac et Guipry, Feim entre Bennes et le Mont-Sainl-Michel, etc.

Dans nos vieux actes et dans les anciens cartulaires, on doit remarquer pour être de boos.indices, les noms de Queminum ou Ckeminum catciatum et de Via pubtica. Lès Mitliires, les Milleriet viennent de UUHare m MiUiarmm ; ils rappellent les bornes que les Bomains plaçaient de de distance en distance le long de leurs voies. D Bien que sous la domination romaine les ponts fussent rares chez nous, et que le trajet des cours d’eau de médiocre importance s’effeclnât sur des planches fixées k des poteaux en bois, et par 6ac sur les grandes rivières, il en existait, ainsi que nous l’avons dit plus haut. On de^Ta remarquer les noms de le PonC, le Vievx-Pont, Pont-du-Châleau, Po«(-ar-C’hasiel en breton ; et ici encore, on pourra interroger utilement les vieux actes et les cartulaires. En cEfet, durant’ toute la période méro>iogienne et même sous les Carolingiens, on ne fit guère que restaurer les ponts aux lieux où il en existait de toute antiquité, comme en témoignent les deux cartulaires suivans, le premier de Pépin’, l’autre de Cbarles-le-Gbauve. B PippM régis capUulare Papiense a. 789-9. Consideravimus ut vias et porloras vel pontes infra regnum nostrum ; in omnibus pleniter emendats debeant per illa loca ubi antea semper fuerunt. Nam per alia loca super ipsa fluraina nnllatenus porlorof esse debeant. » Karolill conventus Altiniaeiens a. 853-i. De pontibus restaurandis, videlicet, ut secundum capitularia avi et palris, ubi anliquitus fuerunt, reficiantur

La circulation sur les grandes voies était protégée par des vigies {exploratoria) dont les mots Châlel, Castel, Chaslelier, Ckâtillon, et en breton Àr-C’hastel, Coz-Caitel,’ rappeUeat l’existence. Ces petits camps dominaient on snrveillaient quelquefois plusieurs routes, surtout aux ’approches des viUes on convérgMent celles-ci.

Les camps romains plus importans portent également le nom de ea$tet, ou d’antres ntHRs dans lesquels le mot cattrum entre en composition.

Les noms de haite, chaiie, tatle (caia, «lia), indiquent souvent une origine romaine.

Enfin les fragmens de briqnes à rebords on de briques courbes, les tessons de cette poterie couleur de cire d’Espagne et souvent ornée de dessins en relief, tes tronVaiUes de monnaies impériales, décèlent le voisinage d’une habitation ou d’un établlss^uent gallo-romains.

Un examen attentif du terrain environnant fera souvent découvrir les murs de ces vieux édifices, construits en petites pierres carrées et bien appareillées, formant un parement régnlier. L’intérieur du ranr est fait d’un blocage de pierres noyées dans le ciment. Enfin la carte de Cassini et les lieux-dits si détaillés dans les travaux du cadastre, offriront aussi de grandes ressources aux observateurs.

L’importance comparative des voies romaines est aussi un caractère intéressant à déterminer ; on en pourra déduire celle des lieux oii elles tendaient, et l’on «era plus d’une fois amené à constater que des villes, des bourgades et des villages dont le nom est a peine connu de nos jours, jouaient un assez grand r6le parmi les établissemens de l’époque gallo.romaine. Les deux élémens principaux de cette étude sont : la largeiir qu’elles ont encore dans les endroits ou elles sont bien conservées, et If plus on moins de luxé dans leur construction.

Nous ne saurions nous empêcher de prémunir encore les hommes qui s’adonnent à la même étude que nous, contre deux sources d’erreur. Il faut éviter soigneusem^t tle confondre les différentes voies aux approches des villes, en liant entr’eux des vestiges qui n’appartiennent pas aux mêmes directions ; il ne faut tracer sur la carte, avec leur orientation prise à la boussole, autant que possible, que les tronçons dont l’état de conservation est assez bon pour que leur authenticité ne puisse être révoqué en doute, et noter les antres seulement k litre de renseignement, > Les voies romaines qui de Rennes rayonnaient vers les villes ou points importims qu’elles étaient destinées à relier entr’eux, n’ont été jusqu’ici

étudiées, dans le département d’IUe-et-Vilaine, que d’une maBi&re bien imparfaite ou même fautive’, le plus souveot parce qu’on a trop onblié que les Bomaias traçaient ordinairement, leurs roates le plui prés pouible de la ligne droite.

Ce sera donc un essai -de lignes d’étode de ces voies-quéje vais tenter dé donner., laissant à d’autres obBflrTat«ur9.ie soin dé : confi^ber oud’inlirmer ultérieurement lès données, que j’aurai avaneées, de décontrir de de nouveaux £ragmens propres à devenir des jalons, et de fend^ plus complète eti même d’achever une œuvre qui deinanderait tant de teiups, de pati^ice etde sacrifices, et qu’un seul homme ne peut se (Mt)mettre d’exécuter entièrement. Néanmoins, ce sera quelque ehose que d’avoir le pcemier ébauché un ensemble qui permette d’éviter des écueils ou des l&tonneMèns coûteux.

C’est principalement -en comparant la dispasition des grandes, voies de la Gaule, mieux connues ètplus «dières, que j’ai été amené par iuduc- ’ tioQ k rechercher si dans celles de l’Armorique elle n’était pas la même, moins peuL-ètre le luxe des matériaiK et la làrgenr. En consultant l’itioéraire d’Antonin et la carte de Petitinger, on trouve que les voies romaines qui siUonnaienl la Bretagne étaient peu nombreuses, ce qui dépend de ce que l’on «t l’antre ne coDlie«nént que les lignes principales, ou, suivant B«^ier, que les chemina ou pa8MflititUu>ei(l), ou plutôt de ee que ces oavrajges n’étai^ent que des espèces de livres de poste les indiquant, tandis qu’il existait un bien plus grand nomlure de voies, comme des recherches ultérieures l’ont’démontré. En effet, l’on sait que les Romains avaient trois espèces de routes^ les vomi publiquei (vis publicse), celles privéM (agraiiœ, domesticse) ; les. ornes particulières (dbmesticse), les (0 L«s chenùns miliUi.reé.étiieut diviiéa en grand* (via), qui >Tti«nt 8 piadi de largeur ou plus, mais jamiis moins, et pouTiient laiuer puterdeux cbarssecroiHol en même temps ; en moytni (oetw), qui n’en vaient que 4 1 destinés au passive d’un simple cbariol ; en petiU (iler), n’en ayant que S et destinés seulement i un homme à pied ouiicheval ;etenfinenfein<(a ou sentier ordinaire d’un ^ied et.pour un piéton, seul. Bergitr,Ht*MredetGTaitdtCheftin$r(miMu.)

Je crois que cet auteur «’beaucoup trop nibdirisë ces voies. Celles françaises, qui sans doule ont une largeur conservée des routes romaines, étaient, selon la coutume de jilusieurs contrées de France, de 16 pi.eds de largeur. autres publiques divisées en vicinales (vicinalea) allant à un vicus ou hameau, ou à une grande rue de village, et en cantonnale (paganicæ) traversant un pagus ou canton ; et enfin les urbaines (urbicæ) dans une ville. (Bergier, Histoire des Grands Chemins de l’Empire romain, page 592.)

Ces conquérans attachaient une importance capitale à leur bonne direction, à leur solide construction, à leur multiplication partout où elles leur semblait nécessaire, et surtout à leur entretien. Aussi, les empereurs y apportaient-ils tous leurs soins, et Jules César lui-même avait-il pris le titre de commissaire des voies. Il existait, en effet, sous le nom de curatores viarum et vicorum, une classe, nombreuse de fonctionnaires chargés spécialement d’inspecter, les premiers, les grandes voies ; et les seconds, celles des quartiers dans les villes.

On conçoit de quelle valeur devait être la bonne confection de ces routes et la préférence donnée à la ligne droite pour abréger les distances, chez un peuple dont les soldats portaient, chacun et toujours, un pic et deux pieux (vallum), outre leurs armes (Bergier, page 183), et qui en cinq heures, l’été, faisaient au pas militaire [42] xx milles italiques (dix lieues), et au pas plein ou pleine marche, plus habile que le précédent, XXIV milles (douze lieues). (Ibid., page 680.)

Les voies romaines principales qui partaient de Condate étaient au nombre de neuf. Une dixième ne s’y rendait point, mais traversait seulement, de l’Est-Sud-Est à l’Ouest-Nord-Ouest, la partie méridionale du département d’Ille-et-Vilaine, pour se porter à travers le centre de la Bretagne jusqu’à Carhaix (Vorgonium); elle était la continuation de l’une des quatre grandes voies des Gaules qui partaient de Lyon pour se rendre dans les diverses provinces; et enfin, une onzième traversait également sa partie septentrionale, à peu près dans la même direction que la précédente, et sans davantage se diriger vers Condate.

J’essaierai de faire connaître d’attord les premières. Malheureusement, toujours au voisinage des viDés, les traces s’en perdent k caase du remoe^ ment du sol, nécessité par les cultures, dans un rayon de plusieurs lieues. C’est ce qu’on observe aassi autour de Rennes, et- au-delà, où Yoa n’en a découvert encore que qudques rares tronçoDs poUr plusieurs d’entr’elles, ou même oo’est rédnîtà de vagues indications, tandis gne pour quelques autres, les observations deviennent plus nombreuses et plus cmnplètes-Cette pénurie devra donc désarmer la critiquera l’égard du peu de preuves qui se fera remarquer dans plusieurs des lignes que j’indiquerai, plutAt en me fondant snr des analogies on des nécessités, et sur l’observation de ce que les Romains ont fait dans d’autres contrées, que sûr des faitâ bien avérés -,’ car les documens ont manqué jusqu’ici et feront encore long-temps défaut avant qn’on puisse connaître le réseau complet des voies romaines et leurs directions. Il faudra encore de laborieuses investigations, néanmoins je dirai le peu -que j’en sais. V«l« «le Cond*te m Coodlvlenam (NanTES).

Une première vtiie(l d^^àpl. XVI), sortant dé Condole par la porte Aivière (Aquaria) se rendait à Condivicnum (Nantes). J’ai’ décrit son trayet aux abords de la cité et dans son intérieur ; je ne reviendrai donc pas sur ces détails. On a, «n effet, découvert des ficiagmens de cette voie dans la partie Est de la commune de Rruz voisine de la route actuelle, dans celle de Laillé, k l’Est de celle de Rourg-des-Comptes (I). En sorlant de cette demiëre, elle entrait dans le territoire de Pléchfttel, en franctiissant la petite rivière du Semnon, k environ 300 mètres à l’Est da Grand-Houlin ; elle se dirigeait au Sud, en passant à peu près a 800 mètres à l’Est du bourg de Pléch&tel, traversait les villages.du Peray, de la {l)Vtaofylai£ut au Dictionnaire d’Ogéf, tn parlint des pièces en bronu i l’efDgie de Jules Cctar, trouvée ! en assez grand nombre sur la tête des pieux qui «outenaient les culëes du poDt jetéàPont-Réan sur la Vilaine, lorsqu’on le reitt enlTBT,’ ajoute, p. IM, que ce passage de la rivière se trouvait peu loin de la voie de CondMmtim, Ira^ersartl dans l’Est la -commuoe de Laillé. Je serais porté i croire que s’il a existé une voie allant directement de ronito(« (Rennes) i Rf don et au Porlut Namnetwn, c’était dans cq point qu’elle devait traverser la Vilaine. Grée, fie la Farootaie, de la Laubaodais, rangeait à l’Est le bois du Plessis-Bardoult, la lande de BagaroD, dans laquelle on ea retrouve des fragmens parfaHement conseirés, particulièr^nent sur le Tertre aux Blosses, où, à 485 mètres Nord-quart-Nord-Ouest de son croisement avec lavoic de JuUomagus,’ie l’ai feit-couper transTer^emênt et fouiller dans toute son épaisseur, pour eu étudier la striietnre.

Sa largeur totale, dans ce point, était de 20 mètres, chaque Contre-fossé en avait 2 de largeur, les banquettes &, la chaussée (agger) G, avec une pente latérale encore sensatle dans quelques parties. L’empierrement avait 1 mètre de profondeur pour la chaussée, et 60 centimètres pour les banquettes. IL était composé d’un macadamisage grossier formé de cailloux plongeant dans une ferre argileuse et mêlés à tm certain nombre de grosses pierres dont qiielqaes-anes atteignaient le poids de 50 kil^rammes. Il est impossible dé ite ;’pds reconnaître k cette voie une origine romaine-, râr, depuis cette époque,, aucune domination n’a été assez importante pour permettre d’établir des rontës ayant nécessité des travaux aussi gigantesques et qui n’ont pu être exécutés par ces conquérans, que parce qu^ils restèrent fidèles au système adopté par* em^,- d’employer les peuples k de grands travaux d’utihté’ publique, pour les détourner des séditions, et pour satisfaire en même temps leur goût habituel d’entreprises grandes et durables.

La voie se prolongeait ensuite au Sud, côtoyait le cbamp’ du Trobuan (limite Ouest de là conunune de Bain),.^et venait se croiser à la hauteur du chemin de la Vieille-Rue, avec la voie de JuHomagui h For< ;antum. De là, elle se prolongeait au Sud sur le chemin désigné encore aujourd’hui par le nom de Chemin Renait. dans one longueur d’environ 1,100 mètres, côtoyant les champs dif Frêne situés à l’Ouest dii village de ce nom, puis ceux de l’Ërablet ; ensuite elle entrait dans le Nord de la. lande du Poiré qu’elle traversait longitudinalement, se dirigeant an Sud un quart Sud-Est jusqu’au, village de la Liais. De là, elle reprenait le Sud, en passant sur le ruisseau du Pont-au-Boux, puis successivement par les villages de la Brosse-Robert, de Merhaulé, de Lingeniac, de la Chapelle-de-^Noë-Blanche, par l’Est de Coët-Grannet et de la Béneraîs, enân elle traversait le ruisseau des Doués de la Vallée, en se dirigeant en droite ligne sur le Calvaire situé à l’entrée de Fougeray.

Partout, les riverains ne coanaissent cette voie que sous le oom de Chemin Renais. Partout, aussi, elle suivait fidèlement la ligne droite, et si elle s’en écartait quelquefois, ce qui était rare, la déviation était peu sensible (I).

Dans ce gros bourg de Fougeray, situé à peu de distance de la route actuelle de Nantes, et dans la commune à laquelle il donne son nom,, le docteur Gaudio l’a reconnue par&itement ; elle y est désignée par les babitans sous le nom de Chemin de la duche$u Anne, et est presque partout en bon état ; en beaucoup d’endroits, elle a 6 m^res de laideur et son pavé est bien conservé. Il l’a suivie, depuis le Don jusqu’à Brandemeuf, sur les limites de la paroisse de Messac (2). 11 n’a jamais parcouru 100 mètres sans la rencontrer.

A quelques lieues de la commune de Fougeray, la voie traversait les plaines de Conquereuil, en se dirigeant vers le Sud, et toutes les habitations féodales de la contrée, telles que Ponveix, Loray, la Cochinais, Caban, Guenouvrie, le Soucbaix., le Plessis, etc., sont placées k peu de distance de sa direction.

De là, elle s’avançait, suivant M. Bizeul, vers la conunune du Gavre, pour se porter sur la petite ville de Blain, à travers laquelle il la bit passer. Il croit que cette dernière localité avait, sous les Romains, nne

(4) Au XIII* siècle, suivant la remarque du jurisconsulte Beaumanoir, au chapitre xsv de les Coutume* dt Bmuvoûù, ainri conçue : " La <]uinte manière de QumiiDs qui furent u fel, ce turent li cemin que Julien César fit fere ; et cel quemin furent fet à droite lingne, n «s liex ou ligne se pooit sans enipecqiiement de très grant montaignes, de rivières ou de » marea, etc. s ; passage dont M. de la Monneraye a reproduit un fragment, coinine on peut le voir à la page 235 de mon ouvrage.

Les vffles de construction romaine se distinguaient encore par la rectitude de leur tracé. M. de Kerdrel, auquel est due cette note, est porté à croire que si l’on consultait le cartulaire de Redon, nombre de textes rendraiuiC plus facile et [dus sûre la reconnaissance des voies romaines de la Bretagne, et qu’on ne saurait trop appeler l’attention des antiquaires sur les monumens écrits, et engager ceux qui s’occupent de recherclies liistariques à venir en aide à l’archëologie. {V. (ktmpte-Kendu, par H. de Rerdrd, de la séance du i aoAt de la Classe d’Arcliéologie dn Congrès Breton, tenu à Nantes, en 18iS}.

(5) La chronique de Sùnt-Brieuc porte que la paroisse de Messac, actuellement dépenliante de Rennes, faisait encore partie du territoire de Nantes, au ix* siècle, [ftrfc, iruroduc- (KM d tHisioire Kcctéêiaiique de Bretagne, page 1 4.) grande importance, car il a remarqué qn’on rencontre dans une étendue de plus de 100 hectares, tout autour, une quantité prodigieuse de briques il la considère même comme ayant été le siège de la ville des Namnetes, dont Nantes n’aurait été que le port ( Portm Namnttum de la carte de Peutioger). (Lettre adressée à M. Cayot de Landre, et publiée page 125 de l’oarrage de ce deroier : Du Morbihan et de ut Monument.) Cependant, il est à remarquer qu’il n’en est question, ni dans l’itinéraire d’Antonin, ni dans la carte de Pentinger, ni dans aucun auteur ancien, ce qui pourrait jeter an moins des doutes sur son importance. Au delà de Blaiu, voici, suivant le même archéologue, le trajet qu’elle suivait : elle passait au bout septeatriwial de la chaussée de l’étang du Rocb, de là elle se portait à Z kilomètres à l’Onest (I) du clocher de la paroisse de Fay ; ensuilA elle se rapprochait de celle d’Heric, sons le nom de Ckauttia de la YietUe-Forit oii elle est des mieux conservée, elle inclinait donc, dans c^te partie, vers le Snd-Est ; elle passait plus loin près d’une borne commune aux trois paroisses de Fa ;, de Grand-Champ et de Vigneux, et séparant ces deux dernières, puis ii 300 mètres k l’Est du village de la Bouexière et de là, au bourg de Treilières (2) ; alors elle se dirigeait vers le pont de la Magdelaine au ruisseau de Gesvres, vers le village de la Bemardais et celui des Breillas ; elle arrivait en (àce du télégra- |Ae, à la maison de Pierre-Piate, sur le bord occidental de la grande route de Nantes à Rennes qu’eUe cAloyait ; ensuite, elle passait à l’entrée de l’avenue du château d’Orvault et venait aboutir à la grande route qu’elle suivait pendant plus de 2 kilomètres, bord à bord et à l’Ouest, jusque vis-à-vis le moulin à vent de la Rochette où elle la coupait à angle très-aigu ; de là, elle se rendait, suivant queues observateurs, vers le ruisseau de Gesvres, puis au château de Verrière, dit de Barbe-Bleue, situé à l’endroit oii ce petit cours d’eau se jette dans l’Erdre qui, à cette époque, n’avait pas été convertie en une sorte d’étang par la chaussée de Barbin ; là, d’après eux, elle traversait cette rivière, lians ce temps très-

(4) Je pensa que e’e« à trob kilomètres à l’Est et non i l’Ouwt du clocher de la paroisse de Fay que devait passer la voie, car autrement, elle aurait fait un coude des pins prononcé et toat-â-tait inutile pour se rapivodur ensuite de la paroisse d’Hëric.

(5) n est probable que la voie ne se portait point au bourg même de Treilières, mais qu’elle en traversait seulement, à l’Ouest, le territoire.

petite, sons la forme d’une chaussée larg^ de 10 pieds, oii, si Fod en croit Richer, devait passer la route de RenoM, «Tant qu’on l’eût dirigée par les vallées marécageuses du Pont~dn-Gens, ce que n’admet pas M. Bizeul qui la fait se porter-au- Sud-Est, en ligne presque droite dont eUe s’écarte rarement, et encore par des courbes insensibles. Ainsi, suivant lui, elle arrivait au village du Petit-Port situé sur le ruisseau d’^uLtmce. dont on a fait depuis du Cetwe, et de là à Barbin, en passant près de Loquidic ; ensuite die franchissait l’Erdre, peu large dans ce point, par une chaussée submersible ou. un gûé qu’on a successivement exhaussé pour faire de cette faible riyière un long étang. Puis, la voie venait par le chemin de la Poudrière, continuation de cette chaussée, jusqu’à la porte gallo-romaine de Condtvicnum qui répondait à la tour du Trépied abattue lors de la construction de l’bdtel n" 7 de la rue Royale, où elle la séparait d’une seconde dont le nom n’a.pasélé conservé.

Je pense que, de Blain k Nantes, la voie devait assez généralement suivre la direction que M. Bizeul indique, moinç le double crochet qu’il lui bit faire sur Fay à l’Ouest, et sur Treillères à l’Est. Seulement, il fie m’est pas prouvé que toute cette portion fût la.continuation de ceVe de Condale à Condivicnum, et nti.fût pas plutôt uniquement une voie particulière à Blain, se rendant dans la, dernière de ces deux villes. U faudrait, pour lever les doutes à cet égard, rechercher si la voie au delà de Fougeray, au lieu de se diriger vers Blain, ne se portait pas à l’Ouest de Derval

(1) sur le bourg de Marsac, les communes de Bout-de-Bois, de Grand-

(I) On atiuve dans cette localité un vieiix chunin dit de In VUk-Boarg, empierré, ayant encore actuellement quatre mètree de’ lai^ur. Pub, dans la commune de Luaangé, à l’Est-Nord-Est de Derval, une autre voie, peut-âtre romabe, Qui la travoaait de l’Est. A l’Ou^. i’|i coupant.fa forêt de Domneche et se dirigeant sur Saint-Aubin-des-Chlteaux. Elle porte, dans le paya, le nom de Chamttt-ir-la-Joymee, bizarre appellation sur l’origine de laquelle on ne peut bâtir que des hyputhtees plus ou moins erronées. De plus, l’un des villages qui la toncbe conserre le nom très-tîgnificatif de la’Chatmie, et les restes d’antâens retranchemens que l’on voit sur une lande située )u Nord de la terre dite Le Verger, semblent encore se lier à aon existence. [Novoean Dktknvutire d’Ogée, page 634.) Cette voie étrangère à celle de Condivicnum, se dirige sur Châleaubriant, et liwsqu’on la prolonge A l’Est et aunkli, elle semble se rendre au ATan ;,.tandis que si on la continue à l’Ouest, die arrive A Dvrtris (Rieux, sur la Vilaine), et plus loin elle parait tendre vers Musillac, où elle venait sans doute s’embrancher, dans ce point, avec la voie de Condieienam i Dariorigtim.

Cbamp, dernier lieu où, dans d’anciens titres, il est question d’une voit- (ma publka), puis dans celle de Treilières, ensuite dans celle de la ChàpeUe-Orraolt et de là à Cotwlivicnum.

Une seconde TOie :(2 de ta pl. XVI) se rendait de Condale i JuHtmagus. Des ’fraçmeDS qu’on en a retronTés dans le département diUe-et-Vilaine, ont été notés dans la commune de Chàteauçiron, oii tS. Corbe, agent-voyer eo chef, m’a dit «i aToir recouBo les traces, près d’un petit ruisseau, â YenefDes,. qui se trouve au sud de cette localité, et M. Heigner, ancien maire de cette petite ville, de semblables dans ses champs, avec des pièces romaines du Haut-Empire. J’en possède une qu’il a bien voulu me donner et qui est d’Ànlonin le Pieux. (G. B.)

Dans la commune de Pire, Il existe un camp romain, h la butte du Châtelier, tout près de la rivière de la Seiche. Ensuite, la voie traversait Sipia (Visseiche), à 8 kilomèb^ de La Guerche, où H. Ducrest de Villeneuve m’a affirmé l’avoir r^ouvée.

On voit encore à HarciUé-Bobert, qui devait être à peine éloigné de 3 kilomètres et un quart de cette voie, et sur une banteiù’, les rojnes d’un très- vieux- château Tort, avec douves du cdté de terre, tandis qu’au Sud-Sud-Ouest il a pour défense naturelle un vaste étang. Ce ch&teau pèurrait bien avoir succédé ti un petit camp romain. ) Enfin elle traversait diagonalement l’arrondissement et la. forêt de. La Guerche et au delà, atteignait /uftotna^ut. Cette voie était partagée en trois parties égales, par les deux points de Sipia et de Combariitum, dernier établissement dont l’assiette n’est pas irrévocablement étudiée^ Je crois qu’il resterait des recherches intéressantes à foire dans les points intermédiaire^ ; ainsi, dans les communes de Chantepie, de Dom^ loup, de Veneffles, de Houlios, et au delà, dans la direction d’une ligne courant du NQrd-Ouest au Sud-Est et passant par le milieu de l’intervalle qui sépare l’une de l’iuitre les communes de ttomalain et de Marcillo. Cette voie (N pl. XIV) devait entrer dans Condale par la porte Bàudraêre (L p(. XIV). Vale de Gmidate à Sobdlniui (U Haks].

Une troisième voie (3 de la pl. XVI) sortait de la même ville et se dirigeait à l’Est, par Châteaubourg (via publica de Castelburg du cartnlaire de Bedon), passait aux environs de Vitré, de Laval, pour aboutir k Subdinum (1). Des explorations faites dans cette direction, en confirmeront indubitablement l’existence. Déjà, il y a quatre à cinq ans, en démolissant à Domagné une petite chapelle, on reconnut qu’elle présentait, dans quelques parties, des constructions romaines de plein-cintre et du petit appareil. Or, cette commune se trouve peu Soignée dn point qu’aurait traversé cette voie.

Le nom de via publica donné à toute la portion de route qoi longeait le nord de l’abbaye de Saint-Georges, doit avoir été conservé de l’ancien chemin public gallo-romain.

Une autre voie du Hans passait, suivant le baron Walkenaer, par Jublains (Noedunum) (3), Vieux (Fidueaset), Bayeux {Auguitudurui) et rejoignait dans ce dernier point 4es routes qui pénétraient à l’Ouest k Âlauna (Alleaume, près de Valognes), à Corîallum (Cherbourg), etc. ; à l’Est, à iVtPomagus (Lisienx) et Rotomagiu (Rouen). Elle a été très-bien étudiée par M. de Caumont, depuis Cesny dans le Calvados ; c’était celle qui du Mans se rendait dans le territoire de ce département.

Les recherches à ^re dans le nôtre, devraient être Conduites toujours dans une direction de rOnest-Nord-Ooest k l’Est un quart Sud-Est, et dans les communes de Gesson, de Noyai, de Brecé, de Châteaubourg, de Saint-Jean, de Pocé au Sud de Vitré, dans celles.d’Erbrée, de Bréal, de la Bmlatte, en se dirigeant vers le Nord de Laval et de Ik, au Hans. Comme le soi de toute cette partie de l’Ille^t-Vilaioe a été fortement (0 SubdJpiUH, ville des Cmmomàni. Dans Ix notice des provinces de la Gaule, elle est appelée Cmlu Cmnomanorum, et dans Pt(deniée Vindimm. Elle suivait immédiatement la métropole de la 3* LjODn&ise. (NoHu de l’eatÊimns Gaule, par LamiUe, page 6%i.) (8] Jublaiiu, l’ancieune ville, suivant le baron Wslkeoaer, des DioMMu, qui faisaient partie ou étaient voisins des CsmomoM, était dans la direction de U voie qui conduisait à mgma (Avrandies), A SuMmum (Le Mans) et à Catarodumtm (Toura). (Géographie ancienne des Goulet, page 389, Tome I, par le baron Walkenaer.) D y a peut-être autant de raisons <le croire que ce point n’éUit qu’un vaste camp «atif destiné i protéger plusieurs voies. remanié par les nécessités de la culture, et que la route actuelle de Paris, qui dans plusieurs points avait dû être, en majeure partie, établie sur une ancienoe Toie romaine, a été refaite en entier et rectifiée, il est probable que ces travaux auront amené la destruction de cette voie, et qu’on aura beaucoup de peine à en retrouver même des fra^ens cependant il serait important de se livrer k des investigations nonvelles et de ne pas se décourager.

Cette voie (V pl. XIV) devait sortir de ConAate par la porte Baudraere (L pl. Xl>-).

V«l« fie C*iidate à NATlsiiuiKas (Lisieuv).

Une quatrième voie (4 de la pl. XVI) partait du même point de la citt^ que la précédente, se dirigeait au Nord-Est vers Fougères (Fugtrium), qu’il &ut regarder comme le lieu désigné dans les itinéraires romains par Ad fines, du moins d’après Déric et Dom Morice, pour de là gagner Noviomagus. Seulement, il est possible que cette voie qui devait être parËiitement droite depuis Rennes jusqu’à Saint- Aubiu-du-Conmer, se soit portée vers le Sud-Est de la commune de Saint-Jean-sur-Couesnon, puis à l’Ouest de celle de Vcndcl, pour atteindre Fougères et, au delà, traverser la forêt de ce nom, ensuite, dans une direction du Sud-Ouest au Nord-Est, la partie septentrionale du même arrondissement, et enfin le département de la Manche, oii sa prolongation semble indiquer Noviomagva, point important de la seconde Lyonnaise.

Il faudrait entreprendre des recherches dans toute cette hgne, oii, jusqu’à ce jour, on n’a pu recueillir de renseignemens propres à la &ire connaitre, puisque ceux donnés par MH. Amédée Bertin et Léon Haupillé {Notice historique et tiatistique sur la Baronnie. la Ville et C Arrondissement de Fougères, 1846), sur la voie romaine connue sous le nom de Chemin Chasles qui traversait ce territoire, appartiennent à ceUe du Mans (Subdinum) à Corseul (Fanum Martis), qui passait peu loin de Jublains et non à la voie de Condate. En effet, la ligne qui mettait en communication Fougères avec Reunes (si toutefois la première de ces villes avait une importance quelconque ou même existât durant l’époquç gallo-romaine), devait se rendre directement de Saint-Aubin-du-Cormier à la Chapelle-Aubert, au Nord de Vende !, pour de là se porter à travers la commune de Fougères, sans faire un coude à angle droit comme celui tracé par^ H. A. BertiB dans sa carte de cet arrondissement.

Halheureusement, les données manquent sur cette voie qui se rendait dans la seconde Lyonnaise, et j’ai appris bi«i peu de cbos^ à cet égard. Dès lors, qn v,oit de quelle importance il serait pour la science,- que des archéologues portassent leurs inTCStigations dans la direction qu’elle devait affecter et que j’ai tâché d’indiquer.

Il serait donc nécessaire, pour arriver à quelque résultat, de la rechercher dans le trajet qu’elle devait parcourir k travers la forât de Rennes oti porte cUrectemeot lé prolongement de cette ligne.

V»le de Condate à iii(eiia IAtrincibs).

Existait-il dne voie allant directement de Condale a Ingena (5 de fa pf ; XVI), qui aurait alors été la cinquième ? Les observations qui vont suivre répondront suffisamment à cette question.

Le président de Robien, dans son Histoire ancienne de Bretagne, t. I, p. 55, au chap. xvi, intitulé Dei Grands Chftnins, dit : < Le chemin qui » passe près de Roraazy (voie romaine d’Ayranches à Rennes, pour M. de » Gerville) se ranarque encore dans lés landes, d’environ deux lieues, oîi

on le reconnaît par une portion de pavé assez délabrée. H se rendait, 

» ainsi que plusieurs autres, aoboùrg de Feins. » Gaylus parle dans le 6° volume de son Recueil, page 373, de la voie » romaine qui pisse (il y a un siècle) près de Romaîy, se continue dans > les landes, dans.une/longueur de deux ligues, et se rendait, comme » plusieurs autres,, au bourg de Feins. >

le ne pense.pas, ain^i que H. de Gerville, que le ifragment de voie indiqué par ces au(eifrs,’conune pmiant sur Feins, dût apparteuit k celle d’AUeaume, oiais qu’ils lui ont attribué à tort cette direction et qu’elle devait tendre ’vers jâennes. En effet, il ne peut avcûr fait partie de la voie d’AUeaume qui passait bien plus à l’Ouest dans les, communes de Feins, de Marcillé-Robert, et nullement dans celle de Romazy. Il faut donc le rapporter à -celle d’Ingena qui servait surtout aux voyageurs, tandis que celle d’Àlattna, par le Mont-Saint-Michel, avait été à peu près abandonnée aux pèlerins : ce qui le prouverait d’ailleurs, c’est qu’on en a découvert d’autres traces dans les communes de Sens et de Gabard.

Si les mêmes observations ont rencontré nne autre voie croisuit la première <)aiis cette localité, je pense, comme M. de G«rTille, qn’eUe doit être rapportée à celle qui de Corseul se reodait au Haos et que je décrirai plus bas.

H. Lesoé, géomètre en chef da cadastre, a aussi reconnu dans la Ira-Terse de Saint-Aubin-d’Aubigné, de Sens et de Gahard, on tronçon de voie se dirigeant du Sud au Nord, qui doit être rapporté à celle d’Ingena. « A Ghasné, commune à 15 kilomètres au Nprd-£st de Bennes, on remarque sur la ririère d’Islette, dit H. HàrteTille qui a visité les lieux, une triple motte féodale et une vieille route dite le Chemin de la dwheue Anne, qui. est, pour lui, un fragment de la voie romaine qui allait de Rennes ii Avranches, voie que, jusqu’à ce jour, les antiquaires avaient Élit arriver h Condatt par la rive droite de l’IUe, sans pouvoir indiquer son gisement. > A l’époque oii il écrivait ces lignés, il ignorait sans doute les travaux, de H. de Gerville, sur là voie d’Alauna. publiés en 1830. « Ensuite, la voie devait passer, suivant le même annotateur du Dictionnaire d’Ogie. ia petite rivière de l’Islette, aux environs de la Gavouyère en Saint-Aubin, oii on la retrouve^u Nord-Est, et on h voit bien distinctement en Chasné, depnis le village qui porte le nom de Chemin-Chavuée, jusqu’à cdni qui s’appelle te Chine-det-Plaids. n {Nouveau Dictionnaire d’Ogie, page 165.)

H. Gorbe,. agent voyer en chef du département, a retrouvé cette ancienne voie, qni est très-large dans le teiritoire des communes de Ghasné et d’Ercé, courant dans la même direction.

M. Hartevilte ajoute également à l’article Guurd (Même Ouvrage, page

t02)
« que le territoire de cette commune a été traversé jadis par la

même voie, dont il a signalé l’existence entre Ghasné et Mouazé, dont on suit encore les traces en Saint-Aubin-d’Aubigné, qu’on y trouve deux camps évidemment romains (ilativa) (1) dans la direction du Sud-Ouest au Nord-Est que devait suivre la voie, et qu’on y rencontre quelquefois des débris de même origine dans tous les environs. > (4) H. Harteville appellerait à tort iioii/’t (etatiTa)cMcanips,i’ilB sont cotutruils en terre, parce qu’m ne désignait ordinairement mus ce Dom, que ceui qai étaient batb en pierre et oonnd^aMM.

Il est à désirer qu’on contiaae, flans la direcUoD de Sens, de -Trembh) 4*1 d’Anlrain (I), les recherches entreprises, il ; a quelques années, aiin lie bien coaslater sa direction.

J’ajouterai qu’avant d’arriver à ATranches, on a trouTe, il y a trois ans, an Pont-aux-Beaux, lorsqu’on en élargit les arches, à un endroit de la petite rivière la Celune probablement très-voisin du point oii la voie romaine devait la traverser, une très-grande quantité de pièces romaines au dessous de ces arches, de mâme qu’en amont et en aval^ elles étaient d’une très-belle coos^ration ; H. Gorbe en possède une de Néron (H. B.) qu’il m’a montrée et qui lui a été donnée par l’un des OUvria-s qui 1rs découvrirent. On y voit, au revers, un Génie sacrifiant sur on petit autel, et, autour, on Ul GENIO. ÀVGVSTI.

Cette voie rejoignait^elle s Feins celle d’Atauna, comme l’ont prétendu le président de Robien et Caylus, ou continuait-^e a se diriger sur Condatt ?

J’ai déjà répondu négativement ii la première question. Quant à la 

seconde, je (3x>iB qu’elle doit être résolue d’une manière affirmative. Je me fonde pour cela, sur ce que le fragment qu’en a reconnu H. Bizeul, à l’Est de BettoD, et qu’il attribue à tort à la voie A^Àlauna, appartenait très-certainement à celle dont je parle, et sur ce que sa direction porte sur Bennes, on tout me fait croire qu’elle arrivait, malgré qu’on n’en ait retrouvé aucunes traces dans son voisinage.

Lorsque j’écrivais ces lignes, et qu’à la page 231 j’admettais seulement la probabilité de cette voie, j’étai» loin de penser que deux mois plus tard, cette présomption serait convertie eu certitude, et que cette route [1 ) Une voie désignée dans le cartulaire de Saint-Melaine, au xni* siècle, wua le nom de via pubNéa, que bornait un terrain donné par les religieux de Saint-Melaine aux moines de l’abbaye de Savigné située â vingi kilomètres au Nord-Est de Fougères, était sansdoutficelle romaine i^higena. En effet, elle passait prés de RuAordma qui, suivant Ogée, est Saint-Ouen-de-la-Roirie, i trois kilomètres à l’Est d’Antrain, où existe encore la terre et le château de la Hoirie {Kctimnmre dOgés, Tom fV, page 3S2. — F. Dueange, Kohabia, Boahia, page U66), point qui est bien dans la dÎFectian que cette voie devait suivre de Rennei A Avrauches. Si l’on ajoute, comme une très-bonne indication, qu’nn village qui porte le nom de BottM-Voie se trouve dans le voisinage, on ne conservera guères de doutes à cet égard. Vùci du reste et passage du cartulaire : ° Quamdam pecùmi l«rtie tiUm jimtA Eoharderiim > Tuam habiiaitl (les moines de Sainl-Melaine) ibUem «I pratum eum ritww ntum Manticfont D Urram et M«r diclam vîam publicam. s {Cartul. Sancti Meleni, foi. 23, atmo AUi.) romaine d’Ingena, que dans la pl. XV je n’avais fait d’abord figurer que par nn pointillé, et, par induction, passer obliqDeinent à travers le jardin de Laneezeur, serait retrouvée telle que je rindlc[uais. En effet, dans la jKirtie de ce terrain, acqnise par MM. Frcsnel et de Neuville, dont ils font actuetlement enlever les terres, pour y jeter les fondations d’un hAtel, on vient de déconvrir, à un mètre ou un mètre et demi de profondeur, une voie romaine se dirigeant du Nord-Est ii l’Oneat-Sufl-Oiiest, qni est bien celle d’Ingena. Elle a 5 mètres 10 centimètres de largeur, ne présente que trois conches, la plus profonde (nticJeut) formée d’un lit de marne de IS centimètres d’épaisseur ; la seconde (ruàtratio) composée d’une couche de schistes gris-bleuâtres, aaak^nes à ceux des carnées de Saint-Cjr, et de 15 centimètres de hauteur ; enfin la troisième (nimtna crtu(a), constituée par des cailloux roulés, noyés dans une terre argilo-sablonnease et ayant 40 centimètres d’épaisseur. La quatrième couche (itatumeny manquait, probablement parce que les pierres qni la composaient avaient été enlevées pour être employées à des constructions ou pour être remplacées par nn mètre de terre végétale destinée à la culture, ou bien encore, parce qne primitivement cette voie n’en aura eu que trois, ayant dà n’être que secondaire, si l’on en juge par sa largeur : on reconnaît encore parfaitement la forme de sa chaussée.

Quoiqu’il en soit, elle coupait la rue d’Antrain sons un angle d’k pen près 55 degrés ; ensuite elle se dirigeait vers l’extrémité Sud-Est de la ruelle de Saint-MaKin qu’elle croisait obliquement, ainsi qu’une partie de l’ancien enclos des Capucins, oii probablement on la rebwiva avant 1755, comme tendrait à le prouver le passage suivant du manuscrit du président de Rol )ien ; a On découvrit aussi derrière la maison des Capncim, une espèce > de pavé à deux revers avec une grande quantité de charbon, ce qui indiquait un vaste incendie. Ce pavé se dirigeait du Levant au Nord, et » sa pente inclinait vers la rue Haute, où l’on retrouva les mêmes lignes

d’incendie dans les jardins du haut de la même rue, vis-k-vis les Petites-Ursulines 

et dans ceux voisins. » Ensuite, elle traversait les jardins du c6té Est du haut de la rue Saint-Malo, puis cette dernière obliquement ainsi que l’extrémité Nord de l’eacloa de l’ancien couvent des Jacobins, aujourd’hui la Manutention, oii on l’a retrouvée, dernièrement, dans les jardins de M. Potier qui en Eaisaient partie, lorsque ce dernier a creusé les fondatio,s de la maison qu’il a élevée derrière le même établissement, dans un point un peu antérieur à celle de t/t. Fauconnier et au Sud de celle-ci, et par conséquent très-ntpjHYtché de la lae Saint-Malo. En effet, M. Lesbaupin ; a constaté les trois couches identiques et de même épaisseur que celles de la voie décoarerte dans la rue d’Antrain,’ et en outre, la même largeur et une direction presque Nord ; seidemeat, ce fragment n’a pas été découvert dans une étendue suffisante, pour qu’on ^puisse décider s’il appartenait k la voie A’Alauna ou à celle dont je parle. Je n’ose traicher la difRculté. Cependant, il est au moins {M’obable qae’si w tronçon ne faisait pas partie- de la seconde, celle-ci devait au moins venir s* ; rélier peu loin dç ce point et dans une direction assez. oblique ; car la voie A’Àlauna, après être sortie de Condate, 9e dirigeait très-probaMeibent à travers ces terrains, le long de l’e^tèce de coteau qui de la rue Haute- s’abaisse pai* une pente douce vers l’Illc, et courait, presque fâralèll^nent d’abord ; à cette dernière pour s’en ra[q)rocher ensuite a mesuré que là déclivité dii terrain diminuait, puis s’avancer vers le pont Saint-Martin oii elle devait traverser cette petite rivière, à peu près à 140 mètres au Sud-Ouest de celui-ci, et de là se porter enfin presqu’en ligne dnnte sur le village de Saint-Gr^ire. Déric, dans son introduction à VHistoire Ecclésiastique de Brtlagne, dit : > qu’une voie sortait de Rennes, pour se rendre à Ingena (Legtdta de la Notice des dignités de l’Empire. Cependant la carte dç Peutinger n’en indique aucune allant vcrs’eè point, ce qui provient de ce qu’il ne s’y trouve guères retraeéeft que lés Toies mililairçs ou stratégiques les plus importantes. VMVjéiD €mmM«tm k àlmmmH (Alleauih, près de Valogura). Une sixième voie (6 de la pl. XVI) isortailde Condate par la porte CLastelière, pour se rendre à Àlaunà (1) en passant par Co»dta (Coutânèes) (3).

(f ) Il ne faut pas conrondre ^InundtAUeaiime), qui, suivant M- le baron Walkenaer, est un pnntà un quart de )ieue de Valognes, on esisient les ruines, d’une vide romaine, avec - Valognes actuelle. Hi de Oerrille place Grannomm non pas à Granville, pistent d’itne lieue > l’Ouest de la voie romaine (oia pnûica) de OoMdfa (Coutances), mais i Pcat-Bail i et le Panum Maria i Saint-Pair.

( !) M. de Gerrille place CoKdia i CoMaaaa, tandis que H. le baron Walkeoaer recule Elle se dirigeait, puivanl H. de Gervflle qui l’a padaitement décrite, depuis ce liea jiuqu’i Feins, passant à l’Ouest du Afoot-Saint-Hichet et eu droite ligne à travers la baie du même nom, qui n’a été eoTabie par la mer que postérieurement à l’époque gallo-romane, on en l’an 709 (1). Ainsi, elle sortait d’Alleaume, gagnait laCroix-Hilleare, ï 1,200 mètFM plus loin, die franchissait, toujours en l^ne droite, le marais d’Etienville où l’on y retrouTe 620 mètres de pilotis se t«rmiaant au radier d’un pont détruit sur la rivière d’Ouve, en même temps qu’on y a rencontré des médailles romaines. Ensuite, sous le nom de Chemin-Ptrri encore praticable, elle traversait les’ communes dès Hoitia^, de Vin-de-Fontaine, de Pretot, de Saint-Jores, du Plessis, de Saint-Germain-la-Campagne, de Gorges, df Ganfireville, de Saint-Patrice, de Periers et de Milliirts. de..Vandremcsnil, de Saint-Sauveur-Landfilin et de Monlliuebon. An delk de Periers, elle prenait la route royale actuelle de Coutances (Cosedta), de là elle se prolongeait en droite ligne à Saint-Pair. Ensuite eDe passait par la mare de Bouillon, laissait à gauche la pointe de CaroUes, traversait l’espace vide des grèves, à l’Ouest du ttont-Saint-Hich^, venait al>order la cAte àv Bretagne, au point appelé Paluel (2) ; Cette route qui, au xii" siècle, s’y retroDvait encore allant à Rennes, avait été abandonnée au moyen-âge par suite d’irruption de la mer, ce qui avait peut-être obligé à suivre ont’ cette station à âx lieues ganloiscs vers le Nord, où il la fixe près du bourg de Periere, att poot Tardif ou au hameau de la CouuBière.

(<) L’abbaye du Mont-Sainl-Michel M fondée en 708. Il paraît que la mer en était bîeii éloignée, comme leprouïe un ancien r^istre du xiP siècle (Jtfon. n* 80 de /o Mdt. d’Av^m^ cha) où on lit : Mare quod longé dàtabat, fouiaùtn atturgen», omnem sylva magnUutidimu tud tù-luU eomplatuivit et fn arena tua formant euncta rtdegit, mais qu’elle s’en approcha insensiblement, que la forêt qui entourait ce mont tut renversée et convertie en grève, telle il jieu pris que nous la voyons aujourd’hui, saut des empièlemens progressifs de la mer. (Pagt 10 du SuppëmenI au Ménvnr» tur ki Villei et Voiei romaûta m BtMM-NormondK, par M. de GtTvUle.}

Le CouesDon passait, autrefois, à l’Ouest du Mont-Sain t-Michel. Le changement de sou cours remonte sans doute i l’année 109, époque du grand cataclysme qui ensevelit la foret de Scicy, où sont aujourd’hui les marais de Ilol, et qui forma labaiedu Mont-Saint-Hichel.

(^} C’est vers ce point que les chartes de Montmorel jalonnent la voie par les indications de Viau Petrotus, de Pierre de Rennes, Peirà de Redom, et de la voie sous-merine, via de autre grande voie romaine venant de Coutances et de Bayeux, et passant au Mont-Saint-Michel. Ce dernier, au xie siècle, n’était pas isolé comme il l’est aujourd’hui, mais sur un promontoire : « Quœ silicet constituta est in quodam promuntorio littoris Oceani. » (Glaber Rodolphe.)

M. de Gerville s’est appliqué à prouver (p. 13 du même Mémoire) par les documens historiques les plus précis, qu’il passait une grande voie (via publica), sur laquelle existait un droit de péage pour les marchands allant de Bretagne en Normandie, comme il a pu s’en assurer par des actes ou chartes de l’abbaye de Montmorel, d’autres antérieures, par de semblables de Robert Dumont, abbé du monastère du Mont-Saint-Michel, et enfin par des extraits de la tapisserie de Bayeux.

Ensuite, la voie depuis Paluel, à l’Ouest de Roz-sur-Couesnon, se portait sur Trans, puis à travers la forêt de Villecartier, passait à l’Ouest de la commune de Bâzouges-la-Perouse, dans celle de Marcillé et de là dans celle de Feins, qu’il regarde comme ayant été le Fines de l’itinéraire d’Antonin, ce qui est encore contesté, suivant M. Bizeul [43], malgré qu’il prûtendc qu’on en a retrouvé des traces entre Feins et un château ruiné marqué par Cassini près du bourg d’Aubigné, puisqu’on rencontre, en effel, sur les confins de cette localité et de Marcillé, de nombreux IJragmens de briques romaines, de même que dans un mur d’une assez grande antiquilé oii elles ont serri de matériaux.

De Bennes à Feins, la même voie a été étudiée par H. BizenI qui a bien voulu mettre à ma disposition, avec sa libéralité babitudle, le manuscrit dans lequel j’ai puisé ce qui va suivre :

a La voie romaine d’Alauna sortait de Condafe par la porte Cbastelière, suivait la rue Haute, traversait la petite rivière d’ille au pont Saint-Martin, se reudait au bourg de Saint-Grégoire, en passant par le village de ta Chauttée qui lui doit son nom et en suivant la rive droite de l’Ille. Le fragment de la voie d’Ingena. retrouvé dans le jardin de H. Potier, an Sud de la rue Haute, où elle venait indubitablement se relier a celle d’Alauna, me porte à croire que cette dernière ne suivait pas cette rue, comme l’indique H. Bizeol, mais qu’en parlant de la porte Cbastelière. elle se dirigeait dlagonalement à travers une partie des terrains occupés par les cours et les maisons du cdlé Ouest de la me Saint-Hichel, qu’ensuite elle traversait obliquement, le haut de celle de Saint-Louis, et de la mém<> manière, l’emplacement de tout le p&té des maisons intermédiaires entre cette partie de la même rue et celle de Change, puis lesjardinsdeM. Potier qui autreTois faisaient partie de l’enclos des Jacobins, oii dans la partie Est, ou la plus rapprochée de la rue Haut«, dont elle est encore séparée par la Manutention, elle recevait une autre voie secondaire, celle d’Ingena. On l’a, en effet, retrouvée dans ce point avec ses trois couches, mais dans une direction un peu plus an Nord que dans la rue d’Antrain, ce qui semblerait indiquer qu’elle se déviait un peu vers Bennes, pour rencontrer h angle plus aigu la voie d’Alauna qui, au delà de ces jardins, devait se continuer à travers ceux exislans entre la rue Haute, les rues Basseg et la petite rivière d’IUe qu’elle traversait probablement au Sud-Ouest du pont Saint-Martin actuel, pour se porter ensuite directement sur le village de Saint-Grégoire.

« Cette voie, continue M. Bizeul, n’est connue dans cette dernière paroisse, de même que dans celle de Melesse et de Saint-Germain-sur-Ille, quf sous le nom de Chemin de la Chèvre, et, suivant M. Duplessis deGrénédan qui. en 1830, avait fourni plusieurs rensetgoemens à M. de Gerville, à F«iDs 4>t à Aubigné, sous celui de Chemin dt ta duchesse Anne, donné dans toute la Haute-Bretagne. à ces voies, et, enfin de temps inunéniorial, sous celui de Chemin des Pomonniers. Elle a de 34 à 30 pieds de largeur, par endroits.

> De Saint-Grégoire elle passait au village du Vivier-Louis, à celui de la Bretéche d’Evran, de la Hamdais, ii l’Est de Betton (1), où elle traversait un afQuent de rille, remontait le coteau entre’ lés villages de la Gauffrais et de la Maznre, passait à 2 kilomètres à l’Est du boni^ de Cfaevaigoé, à l’Ouest de Melesse(2)-, ensuite eUe se dirigeait vers les villages de Servande et de la Spetière, laissant un peu à l’Ouest la ferme du Ghâ^ telier (3), ensuite sûr le bou !^ de Saint-Germain-sur-Ilie. Dans ce trajet, elle traversait -deux petits afQoens de l’ille par an gué. De là, elle gagnait Aubigné(4), laissant à 1 kilomètre à l’Ouest Saint-I^édard-snr-’lllç et ensuite elle s’avançait vers Feins.

Suivant M. Lafosse, la voie passait à quelques centaines dé mètres à l’Est de l’église de Marcillé-Raoul, au bas, d’une butte qui pcHte le nom de Chasiei et qui était eutourée de fossés-, elle formait une route assez large, dite Chemin de la duchesse Anne, se dirigeant au Sud (5) et laissant à 700 toises à l’Ouest le bourg’ de Feins. Dans les 1 1 kilomètres qu’elle parcou-r rait, entre Saint-Aubin-Hj’Aubigné et Marcillé, elle passait au village de la Bigotais, à travers la grande lande des Ch&teaux, point culminant entre le bassin de la rivière d’ille et celui du Cgtiesnon, oii existe un camp qui (4) La partie de cette voie indiquée par H. Bizeul, oomme paxanl à l’Est de Bettoo et à deux kUomëtres dans la même direction de Chevaignë, paraît Évidemment avoir appartmue à la i<àe qui de Rennes se dirigeait sur Âvrauçbes ; car on connaît dans la paroisse de Betton, à un kilomètre i l’Ouest du clocher, un autre fragment dans la vraie direction de cçlle fi’Alaima.

{%) Si4a voie eflt suivie cette ligne, elle aurait tait un coude d«s plus prononcé. Elle der vait donc passer, au coatrnrt, tout-i-tait à l’Est de Helesse. (3) H. Bizeul commet encore ici, pndubtement, une erreur. C’est à l’Est de Melesse que de^it se trouver la voie.

(i) La voie devait plutôt se porter un peu i rOuestd’Âubigné, ^suivant la direction prei

(6) Cet archéologue la suppose sans donte se dirigeant sur Condali. dcTail se trouver au point d’intersection de cette voie et d’une autre courant du Nord-Ouest au Sud-Ouest, et qui parait se diriger de Gorseul au Mans. Ce camp était romain, car on y trouve de nombreux fragmcns de tuiles à rebords et de briques, tout autour, et, en outre, des fondations fie murailles, des marches d’escalier, des pièces de monnaie, des ustensiles, etc.

La voie passait à la Chauitie, le long- du Gbâstel qui servait de fortification à ce point, et sous la forme d’une route large et assez droite, toujours désignée par le aom de Chemin de la ducheiie Annt, puis à droite des villages de Taîllepied et de la Fauvelais-, elle traversait le ruisseau de Leuremont, dans un point oii l’on a trouvé les débris considérables d’un pont en granit. M. Lafosse a vu dans le cimetière de MarciUé, fouillé récemment pour l’élargissement d’une route, des fragmens de tuiles à rebords et une couche horizontale de ciment de 6 pouces d’épaisseur sur 25 à Zù pieds de laideur, et légèrement convexe, qu’il croit avoir ^t partie de la voie romaine, maie qui pourrait bien n’être que l’ancien sol d’une habitation gallo-romaine peu éloignée de celle-ci. Enfin, il a remarqué dans les murs de l’église des briques de la même époque.

Au delà, la voie passait h 1 kilomètre à l’Ouest de Bazouges-la.-Pérouse, d’après les nombreux débris de briques romaines qu’il a notés dans les champs de la métairie de la Haie, lors de l’ouverture de la route de Fougères il Dinan, et dans ceux voisins qui en étaient jonchés ; cependant, il ne l’y a pas rencontrée ; elle devait, soivant lui, traverser les villages de la Charrière, de b Morinière, du Lavoir, puis entrer dans la forêt de Villecartier.

C’est dans celle-ci qu’existe, d’après M. deGerville, un ancien chemin empierré, allant dans la ttirection de Renues au Hont-Saint-Michel, appelé Chemin Montais, et un autre qui s’embranche avec le premier, nommé Chemin de la duchesse Anne, l’un et l’autre très-connus des bûcherons. Il est regrettable qu’on n’ait pas indiqué la direction du dernier, afin de savoir s’il venait d’Aptrain ou d’Avranches. Au delii, suivant M. Bizeul, la voie passait au village de la Hotte ; laissant à 13 ou I,âOO mètres à l’Ouest le bourg de Trans (I). s On voit que dès qu’il l’étudié au-delii de la forêt

(I ) Je croîs que la voie devait paiecr dans un point plus rapproché de ce bourg. rie Villecartier, il lui fait abandoimcr la ligne droite suÏTle par H. de GervîUe. En effet, après avoir passé le village des Vanx, ^e laissait, suivant lui, à un kilomètre à l’Est le bourg de Vieuxvid, nn peu plus loin, à 5 ou 600 mètres à l’Ouest, celui de Pleine-Fougères, et à 3 kilomètres à l’Est, le village du Cbastelet, dont le nom et la situation sur une pointe de terre, entre deux afQuens du Couesnon, doivent faire croire à l’existence d’un camp romain. Au delà, elle arrivait par la grande route moderne de de Dol à Pontorson, jusqu’à 3 kilomètres de cette ville, ou dans cette dernière elle se serait croisée avec celle qui venait de Corseul. Il aurait dit dire vers quel point elle se dirigeait. Je crois que la voie, au ddà de la forêt de Villecartier, devait suivre une ligne plus droite, porter, comme l’a indiqué H. de Gerville, sur le bourg de Boz,-sur-GouesnoD, puis sur Saint-Pair, en passant à l’Ouest du Mont-Saint-Michel, tandis que M. Bi-Keul prétend qu’elle s’y rendait directement, en se dirigaut à l’Est du bourg de Saint-tieorges-de-Grebaigne, ce qui lui donne un écartement de â kilomètres de la précédente.

Il est bien vrai, qu’au moyen-Âge (plusieurs siècles après l’invasion de la mer, qui avait eu lieu en 709), lorsque la première vwe fut devenue pen sâre, oa eâl été envahie et interrompue par la mer, on se servit d’une autre route, également nnuaine, qui passait exactement par le Mont-Saint-Michel, laquelle venait de CouUnces et de Bayeux, et était connue «ous le nom de Chemin Montais. Mais cette ancienne voie de Bayenx {Àngtutoduruc ) a Rennes, par Genest et le Mont -Saint -Michel, qui donnait le nom de Cbauitie à un village par lequel Hle arrivait à la baie entre Vains et Genest, tandis qu’elle en sortait, en face du hameau de la Rue, à Boz, marchait presque parallèlement et à pen de distance de la première. Ces chaussées du Mont-Saint-Michel qui existai«it et fm-ent encore fréquentées juscpi’au milieu du règne de saint Louis, et qoi, pendant plus de deux ûêcles consécutifs, et pins de cinq cents ans après l’inondation de 709, avaient servi de grandes routes, bien plus praticables avant la fondatioa de l’abbaye dn Hont-Saint-Hichel, sont indiquées par Robert Dumont, abbé de ce monastère, de même que dans les chartes de Montmorel, dans d’autres antérieures et dans des extraits de la tapisserie de Bayeux. M. Bizeul, malgré les citations et les preuves apportées par M. de Gerville, rejette la direction qu’il a donné à la voie, depuis la pointe de Carolles jueqn’à Palnel, k l’Ouest de Roz-snr-Goiicsnon, laissant le Hont-Saint-Miehel à prèe d’une lieoe et dmiie k l’Est, parce que, dit-il, elle aurait traversé un véritable bras de mer, et, qu’eu outre, le même antiquaire n’a si^alé su* le point d’arrivée k la c6te de Bretagne aucuns vestiges d’une voie ayaat pn lui aj^tartenir, mais seulement une chaussée aperçue, il y a cinquante ans, sous le sable, en face du bameau de la Sue, en la paroisse de RoE, qu’il amène de ce Mont, h travers les grèves se réunir dans ce ce lien à la précédente.

Mais d’abord, ta première objection de M. Bizenl tombe d’elle-même, poisqn’à l’époque gallo-romaine il n’y avait point, dans toute la partie parcourue par cette voie, de bras de mer, l’irruption qui ie forma n’étant survenue qu’eu 709.

Quant a la seconde, qui tendrait à Êdre croire que te même observateur n’a pas bien compris H. de GervUie, savon- ftie ce dernier it’a poê pu démontrer le moindre vetlige de voie à travers ta baie, elle n’est guères plus sérieuse. Enefiet, en l’absence de tronçons conservés dans cet espace. M- de Gerville’a comblé cette lacvne, autant qu’il t’a pu, par des docuneus tirés d’un passage d’une cliarte de donation de la paroisse de Palud aux clianoines de Moatmorel. Voici ce passage : « Dans le xii* siècle, la cwnmune de Paloel fut donnée anx cbaBOines de M<mtmorel par un seigneur de Conbourg, et, dans la charte de celte concession, le passage de la voie de Saint-Pair à Rennes est indiqué. Elle était jalonnée par une pierre levée, petra ou roca Redonis, appelée dans le Cotentin Queminum Petron jiuffl, et avait donné le nom de Vieue Pttrows à Paluel, k Saint-Marcan et â d’antres paroisses, dans sa traversée à l’Ouest, et désignée, à cause de son peu de sàreté, par Malpertus, Matpatieor, dans le cartolaire de Montmorel. > Ces rensdgnemens ne sont null«nent affiiibUs par les difficultés de la mer, puisque M. Beautems-Beaupré, auteur d’une remarquable Carte des côtes de Bretagne, consulté par H. de GerviUe, lui envoya celle de la baie du Mont-Saint-Michel, eu lui disant qu’il y verrait la preuve de la possibilité de son assertion sur le passage de la voie romaine à travers cette baie.

M. Bizoïl objecte encore que la voie ^e Contances, tefie que l’a tracée M. de GerviUe, aurait, en cmitinuant sa direction droite, traversé le Couesnon à plus d’une lieue an dessous de Pontorson et se serait jettée dans une assez grande étendue de grèves. Hais il lire toujours ses objections de l’état actuel des grèves qui n’existaient pas ii l’ëpoqne galto-romaine. Il ajouté que, sauf Térification ultérieure, il est plus porté à croire que, à partir du voisinage de Pleine-Fougères, elle pouvait fort bien incliner à l’Est par une belle courbe, venir passer le Gouesnon à Pontorson, et ensuite arriver directement au Hont-Saint-Miehel.

J’avoue être peu disposé à admettre ces courbes prononcées dans les voies romaines, ii moins qu’elles n’aient été commandées par des difficultés ou des obstacles les expliquant.

Vole 4e Coodato à VMiDai Hartts (Corsbdl).

Une septième voie (1 de la pl. XVI) se rendait de Condate au Fanum iîartU de la table Tbéodosienne, point où se trouve aujourd’hui Gorseul. a Tout porte à croire, dit M. Dubreil de Pont-Briand, ancien maire de cette localité (p. 207 du Nouveau Dictionnaire d’Ogie), que cette cité fût détruite au eommencement du v° siècle, lors de l’invasion des Barbares. C’est ordinairement à â ou 6 pieds de profondeur qu’on trouve les ruines ou substrvctions romaines. La ville fut reb&tie un peu plus tard, si l’on en juge par les matériaux plus grands, posés et taillés avec moins de r^ularité, par les pierres qu’on trouve dans ces murs, ayant appartenu à un autre genre de eonstruction et liées entr’ellcs avec un ciment évidenunept romain et-bien supérieur à celui dont on s’est servi pour la reconstruction ; » L’importance de cette cité qui était la éapitale des Curiosolites, est d’ailleurs démontrée l" par des traces encore évidentes de voies romaines ; 2° par des bornes milliaires assez nombreuses ; 3** par un débris d’un temple de Mars, de forme octogonale, dont plusieurs pans sont encore visibles : i" par des urnes, des inscriptions funéraires, des statuettes nombreuses en bronze ou en terre, qu’on y a trouvé et qu’on y rencontre encore fréquemment ; 5° enfin, par des traces d’enceintes et d’édifices découvertes h chaque pas dans un espace dénotant une ville coosidéiable. Un passage du cartulaire de Saint-Melainc (f 72, anno 1314) ainsi conçu : Cheminum ponte Safwti-ltfartini quod vulgarifer nuncupafur Dinanense, se rapporterait-il à la voie de Fanum Martit, cpi’on aurait voulu y désigner comme ayant traversé l’Ille au pont Saint-Martin ? Je l’admettrais diEGcilement, parce qu’iuie semblable direction lui aurait fait faire un coude trop prononcé, et, qu’en outre, elle se serait bientôt confondue avec la l’oie d’Alauna pour s’en séparer presque immédiatement, ce qni aurait été contraire à toutes les règles suivies par lesBomains dans les dispositions de leurs routes. Je suis bien j^us porté k croire que la voie devait traverser cette petite rivière, vis-à-vis ou très-près de la porte Mnrdelaise, pour gagner les les cAteaux qui bordent sa rive droite, ensuite se diriger au âud-Ouest de de MonIgermoDt, de la Cliapelle-des-Fougerets, etc. U est donc pins probable que ce chemin du pont Saint-Martin, dont il est question, avait été crée avant le xiv< siècle pour communiquer avec la voie romaine, comme de nos jours l’ancienne route de Dinan a été cbangée et est devenue celle moderne actuelle, et connue tant d’autres analogues furent construites à des époques antérieures ou correspondantes, pour relier une foule de localités avec les grandes voies de communications établies par ces conqoé» rans, les seules qui existassent, long-temps après qu’ils eurent été forcés d’abandonner l’Armorique.

Cette voie de Gorsenl, d’après M. Bizeul, suivait, avant et depuis la Chapelle-< !tiaus8ée, la route moderne de Rennes à Dinan par Saint-Symphorien oti, au delà de cette localité, lorsqu’on ouvrit en 1840 le chemin de Qnébriac à Tinténiac, on trouva, peu loin de cette voie, des constructions romaines, puis elle passait au petit village de la Barre, sorte de faubourg de Bécherel, d’oii Ton aperçoit la ville à un demi-kilomètre sur le sommet de la montagne, laquelle devait être une position militaire indubitablement fortifiée par les Romains, pour la défense de la voie qu’ils traçaient dans nu voisinage aussi rapproché, et que le ch&teau de Bécherel y aura remplacé dans le moyen-fig.. (Nouveau Dictionnaire d’Ogie, p. 77, . 1.)

Cet archéologue, comme on peut le vérifier sur la carte, Eait encore décrire des courbes îrrégulières a la voie romaine, en lui faisant suivre la route moderne de Rennes à Dinan, tandis que je suis plutôt disposé à penser qu’elle devait traverser une petite partie de la commune de Pacé, celles de Gevezé, de Langan, de Cardroc, au Nord-Est de Bécherel, de Quiou, franchir ensuite la Rance, pénétrer dans les communes de Saint-André, de Saint-Carné, de Trélivan, en laissant Dinan à i kilomètres au Nord- ; Est, se diriger par le bourg d’Aucaleuc, et enfin atteindre Corseul.

Quant à la voie romaine qu’on trouve au village de Léon, au sortir de Dinan, où elle est connue sous le nom de Chemin de Saint-James, elle n’appartient point à la précédente, mais à celle qui de Corseul se rendait au Mans. En effet, l’abbé Ruffelet dit qu’il sortait de Fanum Martis deux autres voies, l’une allant à Dinan[44], observée par un ingénieur de Saint-Malo en 1709, c’était la dernière, et l’autre qui se dirigeait vers Dinard, à l’embouchure et sur la rive droite de la Rance, vis-à-vis Saint-Servan; outre que l’abbé Manet en a signalé une troisième qui traversait la même rivière entre Dinan et Taden, en se portant de là vers Dol pour aller gagner la côte du Cotentin.

Une autre voie, parlant de Corseul, se continuait-elle au delà de cette cité, en ligne droite, en passant bien au Sud-Ouest de Matignon, jusqu’à Reginea (Erquy), qui était distante de 14 milles de la première? Ce qui porterait à le croire, c’est qu’à Plancouet, on y retrouvait autrefois le grand Chemin Ferré, nommé le Chemin Chaussée, et qu’en creusant le bout Nord de ses quais, on y découvrit les débris d’un ancien pont en bois, sans doute construit par les Romains pour traverser la rivière.

La voie de Corseul sortait de Condate par la porte Mordelaise (1 pl. XIV).

Existait-il une voie allant directement de Condate à Aletum (Saint-Malo)[45]? Il est difficile de l’admettre, parce que les documens manquent entièremeDt. Ce serait, en effet, tout donner au liasard que de préjuger kl possibilité de son existence, parce que, très-peu loin de Bédé qui se serait trouvé à peu près sur cette ligne, on aurait rencontré, dans des travaux de canalisation exécutés entre les rivières d’IUe et de Hance, un glaive romais en bronze, d’une magnifique conservation, que j’ai examiné avec intérêt, de nombreuses pièces de même origine et, dernièrement, une quantité considérable de ces deroières réunies dans une excavation carrée. Cependant, en supposant que cette voie eAt existé, elle se serait dirigée vers le Nord-Ouest, et il fondrait la rechercher k travers les communes de la Chapelle- des- Fougerets, de la Heûère, de Vignoc, de Hédé, de Bazouges, île Saiat-Ueloir, de Québriac, de la Chapelle-aux-Filunéens, de Meillac, de Tressé, de Hiniac, deSaint-Suliac, deSaint-Jouan, et enfin aux environs de Saint-Servan.

Hais elle eut été bien rapprochée de celle de Corseul, tandis que les Romains auraient bien pu, avec moins de peine et de parcours, rdier Aletum, qui n’était qu’un point occupé par une garnison, à Condale, à l’aide d’une voie qui de Dinard, en lace de ce lien, aurait communiqué avec celle d’Erqny ou de Corsent conduisant à Bennes. Si l’on en croit le baron Waikenaer, d’après les recherches auxquelles il s’est livré, les Rluionet ne s’étendaient pas vers la oAte, et étaient re»* treints aux environs de la baie du Mont-Saint-Michel, aussi Aletum fusait-il partie des CvriosoUteg. Hais d’abord on peut lui objecter que César cite les Rkedoneê parmi ceux qui Oeeanutn altingunt, et qu’ensuite la baie du Mont-Saint-Michel n’existait pas alors et était une vaste forM. Déric n’est pas plus dans le vrai, lorsqu’il dit que les Rkedonet étaient séparés de la mer par les Curieiotitei et les DiabUntes. Tôle de Condate h VorgaBlnaa (CAMin}.

Une huitième voie (S de la pl. XVI) se rendait directement de Condale à Vorgamutn, la capitale des 0$$i$tniem.

Im est Hupossible d’admettre qu’elle y parvint par Castel~Noec, et avec la direction que lui a donné H. BizenI, dans l’Annuaire du Morbihan pour 1841. En effet, en la faisant partir de Carhaix, il lui a imposé une énorme courbe, en la conduisant successivement par Glomel, Mellionec, Lan-Coelan, Guémenée, Guern, Bieuzi, commuoe oii était piimitiTement un camp romain, depuis Castel-Noec (Castellum-Noee), foodé ea 1334 par Alaio, tîeomte de Castel-Noec, et entouré par la rivière du Blavet ; de là, en la taisant se porter au Sud-Est vers Guenin, le Moustoir, se relever un peu au Nord-Est vers Serent, Malestroit, Tréal, et continuer sa direction sur Bennes par Maure. Elle aurait décrit de la sorte, pour atteindre Coniate, presque la plus grande courbe qu’on pourrait tracer en Bretagne pour aller de Rennes à Garbaix.

Quant à ce qu’il ajoute, p. 106 du chap. viii de son ouvrage sur les Voies du Morbikan, que la même voie aurait été observée et reconnue dans la lande de la Motte^lu-Buc, entre les bourgs de Gomblessac et de Saint-Scgiin (llle-et-Vilaine), et dans le voisinage du château de la Laddais, etc., il est probable qu’il a pris pour elle une portion de voie qui ne serait que la continuation de celle qui, de JuUomagui, se rendait a Vorganium ; ou bien une autre, passant un peu au Nord de Missiriac et un peu au Midi de Reminiac, et semblant indiquer, par sa direction, d’un côté l’emboucbure du Blavet, et de l’autre Sipia (Visseiche). Il y aurait donc d’importantes recherches à faire dans ces localités, pour éclaircir ce point douteux et dissiper la confusion qui provient de ce qu’on a relié des tronçons de voies à d’autres qui leur étaient étrangères. Je crois que la seule et véritable voie qui allât directement de Condale à Vorganium, devait passer par le bourg de Vezin où l’on trouve un peu au delà, et au Nord de ce dernier, une motte ou fortification en terre, de même que dans la commune de Pacé, près d’un petit ruisseau, un ouvrage analogue, ensuite par Montfort, par le cantou de Saint-Méen, les communes de Merdrignac, de Loudéac, cdies de Saint-Thelo, de Laniscat, de Plonguernevel, continuer au nord de Rostrenen, et enfin parvenir à Carbaix.

En effet, H. Uabasque dit, d’après M. Gaignoux, commissaire général voyer à Saint-Brieuc, qu’il existe à Merdrignac une voie romaine, connue sous le nom de Chemin de l’Estrat. qui traverse cette commune, et, qu’en outre, on retrouve, dans plusieurs endroits, des briques romaines, notamment dans le champ do Moulin-du-Plessix.

M. Bizeul ajoute (Nouveau Dictionnaire d’Ogie, pagv 148, (. i) qu’il a les reoseignemens les plus certains sur l’existence d’un pareille voie sortant de Beimes par Saintr^Tr, parcourant les communes de Vezin, de l’Hermila ^, dans la direction de Hootfort. Il faut ajouter qne dans le Toisinage de tonte cette ligne, on trouve de nombreux restes d’antiquités ; ainsi dans la commune dé Talensac, an ouvrage militaire nommé le CkaHelUr ; à Montfort, des mines romaines ; è Iffendic, une grande quantité de briques à rebords ; de pins, on tronçon de voie romaine reconnu par H. Ducrest de Villeneuve, il environ on Ulomètre an Nord-Est du l>oarg et se dirigeant vers Carbaix-^ outre qne le mot fines, qui doit être la racine d’Ifiîendic, indique souvent le point oiinncvoie romaine coupait une limite entre deox peuples ; enfin les vienx cbftteanx de Cahideac et Boat-à-Vent ; dans la commune de Gaël, les mines d’un chAtean connu sons le nom de Ckastel ; a Saint-Héen, un monastère remontant au, yi" siècle ; près de Lbudéac, on camp k triple enceinte snt" la lande de Cadelac-, no antre à double enceinte et motte au Vieux -Marché, commune de Saint-Mayeux ; au Nord de Mnr, l’abbaye de Bon-Repos, oîi l’on a trouvé des constmctions romaines et un grand nombre de pièces ; à Laniscat, dés briques et des médailles ; à Goarec, une vieille motte de châteao ; enfin, àRostrenen, un un autre ancien castel. (V. le Nouveau Dictionnaire d’Ogée, t. I, p. 148.) Cependant M. Lesné, géomètre dn cadastre, qui a beaucoup étudié la partie de notre département par laquelle cette voie aurait dâ se diriger, m’a affirmé n’en avoir rencontré ancones traces aux enviroBs de Hontfort, ni k Saint-Maugan, ni au Bois-Gervilly, ni k Saint-Onen,. quoiqu’elle eàt d& passer entre ces denx dernières communes.

Je crois à l’existence de cette voie, mais les doutes élevés par M. Lesné doivent faire, désirer que M. Bîzeul veuille bien indiquer d’une manière plud précise, les observations snr lesqneDes il a pu baser sa conviction. Enfin, ce que dit le même arcbéologoe de la voie qui de Carbaix allait à Plonguemean, laquelle, suivant lui, aurait été la continuation (1) de celle de Rennes à Vorganium, me semblerait bien plutôt, si on admettait cette dernière disposition dans les voies, devoir, d’après sa direction, se rapporter et faire suite k la grande voie qui, de Juliomagui, se rendait en droite ligne à Vorganium. tandis qu’au contraire, ce serait celle se di-

(1) Je n’admet ! pas cène couiinuation d’uae voie, parce que lorsqu’elle arrive dans une rille elle s’y termine, et qu’il en rayonne d’autres vers des points variés dilftrens. rigeait vers le Conquet ou Gceioeribale, en sopposant que cette deniiëre TÏHe eût occupé ce point, qui aurait été réellement, dans la manière de TOir de M. Bizeol, la continuation de la voie de Condate i Carhaix. Cette dernière Toie sortait de l’oppidum par la porte Hordelaise ( 1 de la pl. XIV).

Vote de Candato à DartorlfiiiDi [Vàhsis).

Une neuvième voie (9 de la pl. XVI) partait de Rennes, pour se rendre à Dariorigum (I) et en sortait par la porte Hordelaise. Elle derait passer par les landes d’Apigné, oii l’on trouve, en effet, des fragmene de briques, des terres charbonneuses et des pierres qui ne ressemblent point à celles que fournit le sous-sol et qu’on découvre notamment près de la ferme de la Jouardière (Nouveau Dictionnaire d’Ogée. t. I, page i99) ; easuite traverser les communes de Moigné et de Chavague, passer le Meu, entrer dans celle de Bréal où l’on rencontre sans cesse des briques romaines, oii cette voie a conservé dans le pays le nom de Chemin Ferri. et on, en outre, on vient de trouver, à la Bouexière, à 2 kilomètres & l’Ouest du bourg, de nombreux débris de briques plates et i crochets, de poteries romaines, et parmi quelques pièces, un Probus (P. B.) ; enfin, sur le haut d’une colline voisine, à deux pieds de profon~ deur seulement, la base de murs ou de constructions en ayant encore deux d’élévation, et revêtus en dedans d’un enduit blanc sur lequel on voyait encore peintes des lignes rouges, tandis que le sol était un béton très-lisse. J’^onlerai, qu’entre la même localité et Chavagne, on rencontre également des briques et des pierres paraissant avoir subies l’action du feu, et que dans cette dernière, en démolissant, dans le pâtis de Cicé, lande à 60 pas du bord de la Vilaine, une motte circonscrite par un vaste fossé circulaire, et, dans une partie de sa base, par un ruisseau, offrant i son sonmiet un espace parallélogranunatique, et qui était, en outre, entourée au delà de son premier fossé par un second large de 5 ï 6 pieds, dont les talus n’ofiraient aucunes traces d’arbres ou de racines indiquant qu’ils eussent été ceux d’un enclos moderne, et formaient les trois côtés d’un

(1) L’évécbé de Vannes, fondé 1 la fin du it* aiède, a contenu d’abord tout le territoire de la nation des VtnHn. carré ajovU h la première enceinte circolaire, on a aussi déconrert une pièce en argent de Gordien m, et, Tis-à-TÏs le chAtean de Gcé, lorsqu’on y crensa nn canal se rendant à Chancor, plusieurs antres en or, également romaines.

A Hordelles, on a tronvé dans im champ, près da village de Caserouge, une multitude de briques aanonçant un établissoeent romain. La Toie devait continuer ensuite ii ttmen les communes de Saint-Thnrial et de GoTen, oîi existe, dans la dernière, nn camp à double fossé (1), et celle de Haxent oii, ï 800 mètres an Sud de Plélan, M. Lesné a pn constater, en IS23, son épaisseur considéraHe, et sa largeur qui était de 8 mMres y couvris les fossés, de même que sa direction du Nord-Est au Sud-Ouest, son étendue dans une longneor de 4 è 500 mètres, et qu’il a figurée sur les plans parcellaires de Plélan. N’est-ce pas cette même voie que M. Bizeulavu coupa* de l’Est à l’Ouest le chemin de Plélan constituant la ronte de Ploer-. mel k Haxent (3) ; puis la voie passait an Sod de Saint-Halo-de-Baignon, entre cette commune et Gner ; ensuite elle traTersait les landes de Montnenf, où là elle devait se croiser, an Nord-Ouest de cette localité, avec la grande voie de /uJtomaj/tii à Vorganium. C’est sans doute on fragment de cette dernière qu’y a vu M. Dncrest de Villeneuve. Ensuite elle se portait à travers les coounones de Caro et de Missiriac où, dans ce point, elle devait rencontrer une autre voie reconnue par M. Bizeul, bien étudiée par H. de la Honneraye, et qui ne doit probablement pas être placée parmi les plus importantes de la Bretagne, puisque sa largenr n’est guères que de 5 à 6 mètres, et que sur la lande

(1) On lit dîne le cartulaire de Redon (^ 131, **t*] : Qnevenl’anlOTO, JudicMl donoa «ux oUHiiM de Bedm : Tarram qua Gorent mnet^atur, atm eapcUA qua m iOd conMuta ut eum pratis, tykù, cum omm Uniiorio tuo, cumgw p«ntluf wâvtrmi Utm dMtk guam «rrw- iSs qum tnihi ab Kt dftenttir praterea juxta opidum Clinim, ti5i vinea quondim fuit, u6> mo- luulerium et domos atçue mbtirbium edijkart poiaml, nec non riwlum qui nib aivum deeunil ad Oagnum faeiaidvm. a

(2) Peut-«tre ce tronçon, vu par H. Lesné, ne m rapporte-t-il point à la voie de Dariorigwn qui dévierait un peu vera le Nord, mais à une autre qui se «erait portée de Condatt à l’embouchuTe du Blsvet. Je n’avance cette assertion toute hypothétique, qu’avec beaucoup de doutes, et il serait indispensable de w livm à de nouveik» KCherdws dans cette direction, pour la juatifler ou rbOnner. de Trévégat, où elle est bien conservée, on peut constater qu’elle n’a pas de coDtrefossés, et qu’enfin sa coBstraction est fonnéë d’on apport de sable et de cailloux, et d’un petit itafumen de pierres fiatea de petit échantillon. Seulement, d’après sa direction, de l’Ouest un quart Sud-Ouest à l’Est un quarC Nord-Cst, il faudrait rechercher lea points extrêmes oii clic tendait, et qui ne ponvaient être ni Vorgamum ni Coudait. car prolongée en ligne droite, elle vient aboutir, d’une part, à l’Est, vers La Guerche, peut-être k Sipia, et de l’autre, ati Sud-Ouest, v»« l’emboucbure du Blavet.

La voie continuait à se diriger versMalestroit, oii elle traversait l’Oost, puis franchissait les communes de Saint-Harcel, de Bohal, la petite rivière de la Claye, endroit à partir duqnel H. Bizeal, en la bisant sortir de Vannes, la (ait se dévier en ligne droite, pour se porter & Ploermel et y faire un inutile.

Au ddà, elle atteignait la commune d’Etven, celles de Saint-Nolf, de coude Saint- A vé, et enfin Vannés.

L’archéologue que je viens de citer ne loi a pas bit suivre la même direction voici comme il la décrit : la voie partant de Dariorigutn arrivait au bourg de Saint-Avé-d’Embas, an village du Pavé dans la commune de Mouterblanc, se dirigeait sur celle de Palfaouarn, passait h la Chamsie le long de Kerfleaoh, à la limite de Samt-Nolf, puisa l’Onest de cette dernière oii elle atteignait celle d’Elven^ ensuite elle se portait snr le village deKeri-’ ven et an delà, après avoir traversé la rivière d’Ars, sur les bourgs de Kerolo et de Duboterf, pnis elle se rendait à celui de Trection, vers le moulin à papier de la Ville-Hdlec, situé sur la Claye. De là, il la Mt tendre vers Ploermel, tandis qu’au lien d’aller &ire tout ce coude, elle devait, an contraire, continuer directraient vers Bennes par Halestroit et le Nord-Ouest de Guer : ce qni le proore bien, c’est qu’on la retrouve dans les landes au Nord de Hontneuf. Quant à une autre voie que le même observateur fait partir de Dariorigum. et se diriger par Blain sur Juhotnagtu, en la faisant passer successivement par les communes deTrefléan, d’Elvea, de Sulniac, de’Questembert, de Limerzel, de Saïnt-Gorgon, pour lui foire traverser la Vilaine à Rieax (Dur-JSrie), où, depuis Allait jusqu’à ce point, M. Corbe l’a parbitement étudiée, et enaiùle la coauuune defégreac, aChatuii9 etBJain. le suis portée - à croire, d’après la cBrecUon qne sait toute la partie de.cette voie comprit entré cette dernière localité et Aflair, qu’elle pourrait bien aTOir été destinée, en continuant sa direction, à mettre Blain en communication avec Vorgatiiutn. Seulement, elle aurait conpé la Toie de CondaU à Dariorigum, tandis qu’au delii de Henstoir, ce serait sa eontinoation que H. Bizeul aurait retrouvée, et dont il amait faijt, depuis «e point jusqu’à Cavhaix, la.pronière moitié de la grande cOorbe on angle ouvert dont il a formé si singulièmeot la route directe de Carbaix h Cottdate ; de même qne la seconde n’aurait pas plus appartenue i, cette dernière, mais aurait été on simple fragment d’nne voie secondaire, paraissant.se diriger de l’emboocbare du Blavet vers Visseiche ou La Gnerdie. Cette voie de Blain ne se serait donc pas rendue- à Dariorigttm’., parce qu’elle eût été trop ra{qMrochée de celle qui de Condimenum allait k Vannes, conune on peut s’tn assurer en mesurant la dislance entre Bieux sur la Vilaine, oii la première passait, et le point on peu au decsoos de la Roche-Bernard oii la secoifde. traversait la mémerivière, et parce qu’il eât été bien plus simple et plus court de conduire directement la voie de ’ Blain à la Roche^lernard, oii elle serait Tenue» dans ce point, reprendre celle de Condimenum a Dariorigum ; dès lors, il est bien pins rationnel de la faire aboutir è Carbaix.,

Il semble que cet archéologue ait voulu prévenir cette objection tà forte, lorsqu’il dit (V- la page 125 de VHittoire, du Morbihan tt de ut Monument, par M. Cayot de Landre) qu’il n’y avait pas de voie directe de Vap-Des it Nantes, mais qu’elle passait par Blain pour se rendre à Angers ; tandis qu’au contraire il y en avait incontestablement une directe, allant de cette ville à Vannes, si bien mentionnée par la Notice des dignités de l’Empire, la carte de Peutinger, et dont le président de Hobien dit avoir suivi les traces pendant douze lieues. En effet, ce dernier l’avait ot^servée depuis Pont-Château, diocèse de.Nantes^ en ligne assez droite jusqu’à. la Vilaine, ne faisant qu’un très-léger coude à rextrénûté de la Torét de la Bretéche, et au delà de cette rivière qu’elle traversait un peu au dessous de la Boche-Bemard, se portant avec, une grande rectitude à travers Huzillac, les communes de fa Trinité et de Theix, jusqu’à Vannes, en même temps que, depuis Pont-Château, elle se dirigeait vers Nantes, en passant par Savenay et marchant directement vers cette dernière cité. Malgré que H. Bizeul déclare n’avoir pu découvrir ancnnes traces de la Toie directe de Nantes à Vannes, H. Gayot de Landre conclut avec raison que très-probablement elle aura été détruite par les travaux d’élablissement de la nouvelle route. En effet, la direction de cette dernière de Ponl-Ch &teau et Le Temple jusqu’à Nantes, est si nalurdleoient le prolongement de la voie romaine, qu’on ne peut guères douter qu’elle ne l’ait remplacée et qu’elle n’ait bit disparaître à jamais ses vestiges. Il ajoute qu’il est difficile d’admettre que le président de Robien ait pu prendre pour une voie romaine, un chemin qui n’eût présenté aucun des caractères de ces voies antiques, et qu’U a décrit avec tant de précision jusqu’au bourg de Noyalo ; d’ailleurs, des études plus récentes de MH. Croizer et Gaillard sont venues cooBrmer l’exactitude de ses observatlODS ; effectivemait, le premier de ces deux archéolo^es a achevé d’établir rigoureusement cette voie dans la commune de Tbeis, dans celle de Séné jusqu’au village du Versât, oii de ce dernier point à Vannes les traces se perdent, quoiqu’il présume qu’elle y faisait sou entrée par le cbanin du Petit-Beaupré. M. Bizeul pense fpie le point extrême de cette voie était Port-Navalo, tandis qu’il n’est plus douteux qu’elle tendait à Vannes par la conmione de Theix, comme on vient de le voir, seulement elle avait un embranchement vers Port-Navalo.

Enfin, pour terminer par une observation ayant rapport à cette voie, je suis porté k croire que celle que H. Bizeul bit aller de Portr-Navalo à Blain, n’était qu’un embranchement, dans la commune de Sunar, de la voie de Nantes k Vannes sur Port-Navalo, pendant que peut-être il y en avait une antre de Blain k la Roche-B^nard, comme le fragment qu’il en a retrouvé à Arzal, et qu’il a «leore prétendu avoir appartenu à la voie de BbùD, tandis qu’il Ëtisait nécessairement partie de celle de Condtcicnum k Dariorigum, semble le prouver (I).

Je croîs devoir appeler l’attention des archéologues sur une voie qui partait de Guer et devait croiser, k une très-petite distance au Nord-Ouest (0 n De faut pas oublier, qu’outre cette foie et celle allant i CondaU, il partait de Condimmum une autre route romaine qui allait du cOté de Bourges, pour almitir i HarMÏIIe, et une quatrième qui, pasunt par Poitiers et Bordeaux, le lenninait i Narboone. ( Dérie, Bûtoirt Ecdétiattigue de Brelognt, fogt 131.) de cette localité, celle de Condate à Dariorigum. Elle alTecte une direction parfaitement droite, et sa largeur a été admirée par H. Corbcqui l’a suivie, se dirigeant d’abord de Guer sur Paimpont et sa forêt oti on l’a retrouvée ; de là à travers le territoire de Concoret, en passant près du cbâtean de Gomper, au delà duquel elle Tonne la limile entre les conuniuies de Gael et de Huel, ob l’on a deconvert des toiles et des traces de coDstractions romaines ; puis, toujmirs en droite ligne et du Sud au Nord, elle se dirigeait vu« Saiot-Héen, au Nord duquel elle continue dans cette direction jusqu’à l’Est de Flomaugat.

Cette ligne semble indiquer pour points extrêmes, au Nord, Corsenl, et an Hidi, un autre qui n’est pas bien déterminé vers l’emboucbure de la Loire, peut-être Brivalet Portai que Ptolémée indique entre l’entrée de ce fleuve (tigmi (luminù oitia) et Herius fiutius. que la plus grande partie des archéologues croit être la Vilaine ; alors cette voie aurait traversé cette dernière rivière à Dvr-Erie.

Tôle dr BaMInwn (Li Mars] A VaHiun Marti» (Cobsbul). Outre les voies qui partaient de Kennes et que je viens de décrire, deux autres passaient, l’une au Nord et l’antre au Sud de cette ville, sans la traverser ; la première à 32 kilomètres de celle-ci, et la seconde à peu près à la même distance, courant de l’Ouest un quart Nord-Ouest à l’Est un quart Sud-Est, et se dirigeant presque parallèlement à la précédente, de rOuest-Nord-Ouest à l’Est-Sud-Est.

La première qui, ^vant M. Bizeul, se rendait de Condate à Jublaitu qu’on doit considérer comme ayant été un vaste camp $tatif et non l’ancien Noedunum qne M. de Gerville place à Séez, voie dont M. Bizeul n’admet l’existence qu’avec doutes, ne se dirigeait point sur Rennes, mais partant de 5ubdtnum, elle traversait une petite partie du département de la Sarthe, passait dans celui de la Mayenne, se portait T«rs Jublains, et entrait eusoite dans le département d’ille-et-Vilaine oii eUe parcourait les conunnnes de Lnitré, de Vendel, de Romazy, de Gombonrg, le voisinage de Diuan pour atteindre Corsenl.

Voici ce qu’en dît H. Léon Maupillé, dans sa Notice hiitorique tt itatittique tur la Baronnie, la Ville et l’ Arron^Mtment de Fougiret, 1846, pagt et suivantes pour toute la portion de cette voie, an Sad de Fougères, connue sous le nom de Chemin Chàsles.

Cette voie pénètre dans le département d’IUe-et-Vîlaiae a la câte de la Pèlerine, limite du Maine et de la Bretagne, où la tradition Êiit encore recoonattre son parcours, quoique dans plusieurs points elle soit réduite presqu’k l’état d’un sentier, par suite des usurpations. « Les travaux que radministration lait exécuter sur le chemin de Vendel à la Selle-en-Luitré, ont permis de constater d’une manière positive, dans les communes de Javené, de Bille, de Vendel, l’existence ^d’une voie romaine, qne jusqu’ici on n’avait fait -que deviner ou supposer’, comme le prouve l’article LA SELbE-EN-LmTs6 da Nouveau Dictionnaire d’Ogée. ainsi conçu : « Cette commune est traversa dans sa plus grande longueur par ime voie romaide dite le, Ckemin Cfyulee. dont la dire(^on peut donner à croire qu’elle allait de Rennes à Eruée (MayMtne) ou jAatM vers Jublains. »

Dans les endroits oit elle n’a pas été dimionée par les riverains, celte voie n’a pas inoina de )5 mètres de largeur et elle est solidement pavée. Charlemagne, par on de ses Capitulaires, prescrivit la répai^tion des voies romaines. C’est sans doute de là que celle dont nous parlons a pris soi) nom de Chatrles. «t par ccwniption de Chasles qne fa tradition lui » conservé.

D’un autfe c6të, sûr le même terriUHre de la ChapeUe-Janson à 1000 mètres an Nord-ôuést- de la Selle-en-Loitré, auprès et à l’Onest du village de la Boussardière, et à 200 mètres du Chemin Châties, on voit encore quelques traces d’an camp, {vobablement romain, qui devait avoir la forme d’un carré long et une étendue d’un hectare. SousChildebertii, les armées françaises pénétrèrent en Bretagne par un chemin situé entre les lieux où sont aujourd’hui Fougères et Vitré, ce fut prolKiblt^ent par le Chemin Chaslei.

Sur la commune de Javené, on peut suivre presque pas à pas les traces de la voie romaine appelée de ce’ nom. Il faut les chercher tantAt k droite, taintAt k gauche du chemin, au niveau des champs riveraios, ou dans les - talus de cechemin, dont le sol actuel est parfois à 3. ou 4 mètres au-dessous de celui des champs. On les retrouve aussi, lacilemeut, dans les communes de Bille et de Vendel, dans les poitits où la route a été rétablie comme chemin vicinal.

Dans les très-rares endroits où ce chemin est solide, qu’il ait on dod conservé sa largeur primitive, il est resté an niveau dn sol des champs Toisins, et c’est seulement, lorsque la roate a été lavée par la pluie, que l’on peut y apercevoir çà et là quelques traces d’un empierrement Eait avec des cailloux blancs qui n’existent point dans la commune de Javené ; ils j ont donc été apportés par la main de l’homme. Ce fait joint à la tradition qui donne à ce chemin le nom de Ckaile$. an témoignage des cultivateurs qui disent avoir trouvé des couches de pierres en labourant leurs champs, doit Ëiire penser qu’il y a eu Ib une grande voie, de communication réparée au moyen-Age, les chemins dont on ùdl remonter la con»tniction h cette époque n’étant probablement que des voies romaines réparées. D’un autre câté, comment croire qa’en présence de la rivalité qui existait au moyen-âge entre la France et la Bretagne, les Bretons eussent &it une route dans la direction de la France, pour rendre plus fiicile l’entrée des Français en Bretagne ?

» Les travaux &its, d’ailleurs, depuis peu, sur ce chemin, ont permis de reconnaître bien distinctement un empierrement à deux couches ^ de plus, la présence, sur les bords de cette route, de constructions qui paraissent être gallo-romaines, ont levé tous les donles, et permettent d’affirmer que le Chemin Ch(ule$ était bien une voie romaine, qui pouiràit être celle que l’on suppose avoir existé de Rennes k Jublains (Mayenne) et qui devait être une route vicinale de peu d’importance : encore fondrait-il l’avoir reconnue dans une plus grande étendue, ce que l’on est loin d’avoir fait. »

Cette description de H. Léon UanpiUé est venue confirmer la direction que j’avais assignée k cette voie, avant de l’avoir lue. Seulement, n’ayant pas de données suffisantes, je reconnaissais bien qu’elle devait venir se relier à la voie de Bennes à Fougères, au dessus de Saint- Aubin-da-Gormier, mais je n’en pouvais préciser le point ; aujourd’hui, je pense que ce devait être à la hauteur de Vendel.

eût été, néanmoins, à désirer qu’on eût indiqué les parties bien conservées du Clumin Chatlei, celles-là seules pouvant assurer sa direction, et le trajet que lui a fkit suivre H. À. Bertin, sur sa carte, donnant lieu, par son tracé, à beaucoup de doutes. En etTet, il semble qu’il y ait des parties bien conservées qu’on a reliées à d’autres qui ne lui appartiennent pat.

« La portion empierrée n’avait pas plus de 7 mètres et non 15, comme l’indique, à tort, l’autenr de l’article de la SELLB-Eit-Lurnté, dans le A’^ouvMu Dieiiotmaire de Bretagne. Elle était composée do deux couches de pierres diSërentes, ayant ensemble 15 à 20 centimèfares d’épaisseur. La couche inférieure était formée de pierres schisteuses tendres, dont les plus fortes sont grandes comme la main ou grosses conune le poing. Elles sont de la même nature que la pierre que l’on trouve dans toute la partie Sud du basân du Gonesnon qui avoisine cette rlTîère, à Goeret, k Javené, an pont k l’Ecoosse où existent des traces d’anciennes carrières. Cette première couche qui repose sur le sol, a 8 à 10 centimètres d’épaisseur : c’est le second lit des voies romaines les plus parfaites, celui que les Romains appelaient ruderatio. La couche supérieure ou la seconde {tumma cnuta) du même chemin est formée, dans quelques points, de cailloux blancs, bmts dans l’origine, aiyourd’hni très-poUs sur presque toutes leurs tacea, étroitement tassés les nos sur les autres ; sur d’autres points, cette couche est composée de gros sable (jgîarea) nécessairement recueilli dans les rivières voisines, car on n’en trouve pas de semblable dans te sol des environs-, sur plusieurs points on ne voit plus que quelques-unes des pierres qui formaient la première couche.

a Ensuite la voie passait )i Vendel qui paraît avoir eu dans l’antiquité une importance qne ce lieu est loin d’avoir aujourd’hui. Il était, en effet, le chef-lieu d’un pagus de la cité des RheiMut (pagu$ VindeUtuis). On découvre assez fréquemment, dans ses environs, des cercueils composés ’ d’un coffre de ta longueur du corps qu’il devait renfermer, moins large aux pieds qu’à la tète, et d’un couvercle plat, en pierre d’ardoise grosàèrement taillée, de même dimension et de 9 centimètres d’épaisseur, quelquefois en granité, d’autrefois en briques, mais le plus ordinairement en calcaire coqaiUer, constamment toomés les pieds à l’Est et la tête k l’Ouest. Le plus grand nombre se trouvait dans les pièces de terre voisines d’un petit sentier, auquel la tradition a conservé te nom de Rue dee Tombeaux. Ils ne portent aucune gravure ni inscriptions. Cependant, leur identité avec ceux trouvés à Jublains, doit portv à croire qu’ils sont gallo-romains et antérieurs au ix^ siècle, époque à laquelle rancienne cité des Diablinlet fut détruite.

> Quant il la suite de la direction de la voie, à partir de là ou à l’Ouest*

OD n’en sait plus rien. (Notice hittoriqut et $tali$iique sur la Saronnie, la ville et l’^rrotultuemcnl de Fougères. 1846, page 210, par MM. A. fierlin et Léon MaupilU.)

Avant qu’on puisse formnler avec certitude nne opiaion sor la Téritxble direction de la Toie romaine connoe sons le nom de Chemin Chastes, il fendrait savoir dans quelle partie dn parcours que Ini attribue U. A. Berlin sur sa carte, elle est conservée d’une manière non équivoque. La ligne qui relierait entr’eox ces tronçons, indiquerait quelle dut être sa disposition générale et les points extrêmes vers lesquels elle tendait. U y aurait donc des recherches intéressantes à Êiire pour en connaître la direction, au delk. Les seuls docomens propres à gnider dans les investigations à entreprendre que j’aie pu me procurer, sont les soivans : H. Lesné m’a dit avoir constaté, an Nord de la commune de Hezières, une voie romaine appelée le Chemin Pavé, se dirigeant de t’Est-Sud-Est i l’Ooest-Nord-Onest. Il est probable qn’on la retrouverait dans celles de Vieuxvy, de Dingé.

Dans cette dernière commone, on découvrit, en 1815 on 1816, dans une ferme, qui aurait été peu éloignée de la voie, un pot qui renfermait 2 k 300 pièces romaines, parmi lesquelles on nota des Antonin le Pienx, des Gordien, des Probns.

Le docteur Goupil a vu dans la même localité, près de la route qui conduit k Combonrg, un grand nombre de briques romaines plates et à crochets, puis nne espèce de baignoire en stuc grossier, de 3 mètres 3 centimètres de longueur, sur on peu pins d’an demi de largeur et de hauteur, à extrémités arrondies, percée vers son fond de deux ouvertures, dont l’nne sur le cdté et l’antre k l’un de ses bouts, ouvertures auxquelles aboutissaient des tuyaux en plomb ; et, près d’elle plusieurs petites chambres enduites dn même stuc peint de lignes bleues, vertes et rouges. Au delà, la voie devait passer à Combonrg oii on la retronve, en effet, très-apparente et fa-ès-bien conservée et suivant la même direction. De Ih, elle devait traverser les communes de Heillac, de Plesder, de Tressaint ; c’est elle qn’on a reconnue k Léhon ; ensnite, se diriger entre les bourgs de Quevert et d’Ancaleuc pour atteindre, plus loin, Gorseul. Cette voie se portait-elle sur Feins même, oîi elle y aurait coupé celle d’AIauna, on seulemnit sur la limite de cette commune et de celle

de Harcillé, et par conséquent plus au Nord ? Je manque d’élëmens pour décider cette questiou importante. Cependant le camp, probablement romain, signalé par M. LaTosse, dans la grande lande des Châteaux, point culminant entre le bassin de la lîTière d’Ille et celui du Couesnon, qui devait se trouver au point d’intersection de la voie d^Alauna et d’une autre voie qu’il a reconnue, qui court du Sud-Est an Nord-Ouest et qui est bien certainement celle que je viens de décrire, allant du Mans à Gorseul, me permet de fixer ce dernier endroit comme celui précis oit elle passait et croisait la précédente^ car si on la feisait se porter plus an Sud par Feins même, et qu’on, la prolongeât en ligne droite, elle ne se relierait à aucun point important, et pour lui Ëdre reprendre sa direction par Le Mans, il fendrait loi Étire décrire une courbe prononcée. c Cette Toie dé Joblains, dit H. Léon Haupîllé, a ser ?i à Ëùre commoniquer les deux cités des Rhedone» et des Diablintei (Rennes et Jnblains ) (t). Elle ne paraît pas aToir appartenue k la classe des voies militaires, mais bien à celles auxquelles on donnait le nom de votes vicinales, car elle n’offre que deux couches, le itratumen et le ruderatio ou g.larea, le nveleus manquant, et sa largeur n’est que de 6 à 7 mètres seulement, an lieu de 15 que lui donne l’annotateur du Dictionnaire de Bretagne.* Cette Toie n’était point celle de Jublains à Bennes, conmie t’indiquent MU. Léon Maupilié et A. Berttn, mais celle de Corseul an Uans, qui passait peu loin au Sud de Jublains, distant de 10 kilomètres de Mayenne. Vole dr JlnlIemagiM (An«Eu) à TorgaDliun (Qeshx]. Enfin, une onzième voie, étrangère, à la vieille cité gallo-romaine Condate, puisqu’elle passait k une distance de 32 kUomëtres de cette dernière, en trav^^ant obliquement de l’Est-Sud-Est à l’Onest-Nord-Onest la partie méridionale du ’département d’Ille-et-Vilaine, se rendait directement de Juliomagut aVorgantum, et continuait dans cette direction b travers le Morbihan. Elle parcourait ainsi toute la partie centrale de la presqu’île armoricaine, pour se terminer à son extrémité.

Cette route était la continuation de l’une des grandes voies qui de Lyon U) J’ai déji dit que Jutdaini umlik’ n’avoir élé qu’un camp tiatif. se portaient dans les diverses provinces de la Gaule dont l’Armoriqne disait partie. Anssi sa largeur. totale est-elle de vingt et quelques mètres ; et, en outre, cette voie, qui a été détruite dans l’intervalle de Port-Neuf i Lohéac, snr le territoire de Guipry, avait-elle 1 mètre &0 centimètres d’épaisseur d’empierrement. La même, fouillée i ïll mètres Ouest-Nord-Onest dn croisonent de cette voie avec celle de Condtvtcituin, dans la lande du Trobaon, m’a encore offert un empierrement de 75 centimèlres de profondeur.

Cette voie devait passer à peu de distance de Chftteaubriant qui, selon H. Bizeul, paraît avoir été dans l’origine on camp romain, car une route antique, qu’il Ëiit venir de Blain, se retrouve très-près, se dirigeant vers le Bas-Maine, il iublains probablement. Ensuite elle se porbiit sur la forêt de Teille qu’elle traversait dans son extrémité Nord ; de là, elle se continuait jusqu’à l’angle Sud-Est de Teille, passait sous la partie Sud-Est de l’ancien cimetière ; ensuite elle tendait vers Bain, se dirigeait sur Lobéac en suivant parall^ement la ronte de Bain an Port-Neuf jusqu’à la hauteur de Levenaia, en se portant directement sur le chemin de la Vieille-Rue qu’elle accompagne dans toute sa longueur, et à l’extrémité duquel elle se croisait avec la voie de Coudoie à Condivicnum. Sur ce point existent, m’a-t-on dit, à l’angle Nord-Ouest du croisement des deux voies, les murs d’un édifice (mansio ?) dont la forme était rectangulaire, et la fàcade princîpnic. tournée vers le Sud, avait 22 mètres de longueur sur 11 de profond<’ur et qui était partagé en deux par un mur.

A 16 mètres Est-quart-Sud-Est du même croisement, on m’a également assuré qu’U se trouve un four, d’environ 5 mètres de diamètre, qui, après avoir été dégagé de la croûte épaisse qui le recouvrait, o0nt une sole en terre cuite, parfoilement conservée, assise sor de grosses pierres. La voie, depuis cet entrecroisement qui se trouve exactement sur la limite des communes de Bain et de Hessac, continuait à s’avancer dans rOuest-Nord-Ouest, entrait flans la dernière par les landes de Trobuon, franchissait une très^rande étendue de ces dernières, se dirigeant sur le Port-Neuf pour traverser la Vilaine sur un pont (I) oii, avant d’y arriver, on en découvre encore aujourd’hui des traces.

(1) Ce pont était origiiuirenwRl oomptwé de cinq arches. La qiuire piles liu milieu est

De Port-Neuf la voie se dirigeait sur Lobéac par le village des Oumei ie Govtn ; dans ce trajet elle traversait environ 1,300 mètres de la commune de Saint-Ualo-de-Phily et 4,000 de celle de Guipiy ; les habitans de celte-ci l’ont détruite et se sont empara des matériaux dont elle était formée, pour constnUre un chemin de grande eouminnication. Elle était empierrée, dans certaines parties, à 1 mètre 50 centimètres de profondeur.

c A Lobéac, il existe tm grand camp romain et nn plus petit. La Roche-Tr ^nen, entre cette localité et Guipry, indique, en entre, le voisinage d’une voie ; les mots, dans la composition desquels entre fine», Texprimant ordinairement. En outre, on retire dans tous les points de ce bourg, principalement vers l’Est, des débris de toiles romaines et des fragmens de pierres en calcaire coquiller. M. Langlois s’est assuré qu’il en était de même dans les fortifications romaines qu’on y découvre, dans l’une desété enlevées parce qu’elles gênaient ta navigation de la Vilaine, et que d’eillenn elle menaçaient de s’écrouler, minées qu’elles étaient presqu’entiérement par les eaux. Cette dtoolltion exigea beaucoup de temps et de forces, parce que le dmrait liait tellement lea pierres entr’ellea, que malgré des effbrts multipliés on rompait pInlAt celle»-d que le premier. Ces pQes avaient diacune un éperon en aval et en amont. H ne rerte plus aujourd’hui que deux culées élevées au dessus du niveau ordinaire de la Vilaine d’i peu près i mètres. On voyait encore, en 4830, m’a dit H. Lesné, géomètre du cadastre, comme il le vérifia àcetleépoque, deux raines de piles de ce pont tombées en bloc au fond de l’eau. On lit dans le Dictionnaire d’Ogée, pageili, tomt II, art. PliCBATU, qu’on trouva, il y a iO i iSO ans, en démolissant l’une d’elles, pour élai^r la rivière, des fùèces en bronze i l’efflgie de Jules César. Un bac remplace aujourd’hui ce pont. Au vm* itècle, les ponts conservés en totalité on en parlk, panaient pour avoir existé d^ toute antiquité, c’est-A-dire qu’ils étaient évidemment romains, ainù que le prouve le capitulajre de Pépin dté par H. de la Monneraye (Page 238 de cet ouvrage]. « Au IX’ tiède, dit M. de Rerdrel, la même croyance était encore si géniale, que Louis le Débonnaire, ayant voulu faire construire de nouveaux ponts sur la Seine, les corvoyeurs prétendirent qu’on ne pouvait leur imposer de pareils travaux, et déclarèrent qu’ils se borneraient i réparer les ponts anciens ; c’est encme nn capitulaire qui nous fournit ce précieux renseignement : Le roi ordonna, il eat vrai, de ne tenir aucun compte des » vame» réclamalioiu de eeux qià diaenf : Jioti* tm tonmiM Itmu da eonilruire dei ponu qtw ti « où il m ec^tUUt (UKtmwment, tt dé let ob&gtr à ta bdtir ià ouïe bnom (’«n [ait Mntfr. > En constatant les réclamationg des corvoyenn, il prouve assez qu’il déroge aux usages, qu’il txée une de ces exceptions dont on peut dire, sans paradoxe, qu’elles confirment la règle, i’

quelles on a tronvé des os, des charbons mêlés à des pierres et da mortier. » (Nouveau DietUmnairt d’Ogée. 1. 1, p. 617.) Ed sortant de Lohéac, la Ttne se dirigeait i, rOnest-qnart-Nord-Ouest, SOT nne étendae d’envirOD 1,300 mètres, entrait dans la partie Nord-Est de la commune de Lienron, passait à one petite distance de la propriété nommée h Garenne. et près de ce lien entrait dans la commone de Maure où l’on reconnaît, en effet, plusieurs campa romains et de nombreux débris de même origine.

A Mur, en Gomblessac, ferme près de laquelle se Toit nne espèce de redonte en terrassement avec fossés, M. Lesné a constaté que la Toie romaine oo Chemin Alut passe auprès, formant la limite entre les communes de Maure et de Comblessac, courant de l’Est i l’Ouest, ayant nne largeur, y compris les fossés, de 8 mètres, encore très-Tisible dans nne étendue de plus de 800.

H. Lesné a pris, pour la voie que je décris, la continuation de celle secondaire qui passait entre Hissiriac et Beminiac, et qui a été par&ùtement suivie par H. de la Monneraye.

M. Gorbe, qui a visité avec soin tonte c^te localité, a reconnu que la voie passait à & kilomètres au Snd du bourg de Comblessac, que de lï, jusqu’au pont de Harsac sur la rivière d’Àff où elle la traversait, elle est encore pavée dans bien des endroits et désignée par les paysans sous le nom de Voie Aket ; qu’ensoite eUe montait une colline on cAtean dit des Murs, où existent les traces d’un camp romain ayant la forme d’un parallélogramme de 300 mètres de longueur sur 50 de largeur, défendu du cAté des terres par de larges fossés avec talus, tandis qae l’Aff le protège du c6té do Levant ; qu’elle le contournait de l’Est an Nord, et se dirigeait ensuite ï rOnest, en passant à 6 kilomètres an Snd de Guer (1). D est probable que la voie décrite par M. Corbe, comme franchissant l’Aff au pont de Harsac, était la même que celle notée entre Missiriac et Reminiae, laquelle allait coi^>er on se relier h la grande voie de Juliomagui. vers Lohéae.

(1) Cette voie, reconnue au Midi de ComblsMae et nommée CAotinA-ilte, iUit probablement celle dont il a été parié et qui h dirigeait àe l’emboudiure du Navet *en Sepia (Visseiche).

Je pense que de là elle devait traverser les landes de Hont-Neof, les commanesd’Augan, deGoarel, restrémité Sud de la for^ de la Nouée, passer près de Roban, puis an Kord de Prativy, franchir le Blavet, la forêt dn Quénecan, les commones de Hélionec, de Locmaria et de GIomel oit on en a retrouve des traces, et, se portier au Sad-Ouest de Rostrenen, pour de là ga^er Carhaix.

D’après ce qui précède, on embrasse d’an coap-d’œil général l’ensemble si admirablement coordonné des voies stratégiques on autres, à l’aide desquelles les Romains avaient su consolider leur domination dans l’Armorique, en reliant entr-eux les divers points de cette vaste presqu’île, et se ménager de là sorte les moyens de se porter avec rapidité vers tons les endroits qui auraient pu devenir menacans pour eux. On voit, en effet, qu’ils avaient continné la grande ligne des Gaules qui partait de Lyon et arrivait à travers ces vastes provinces jusqu’à Juliomagus, depuis cette ville jusqu’à fori/antum, et delà, jusqu’à l’extrémité de la Ganle celtique, en eu suivant tonte la longueur. Carhaix avait été, dn reste, admirablement’ chbisie par eux, pour en faire irradier une foule de routes secondaires, puisqu’elle se trouvait an centre de la presqu’île et sur sa partie la plus élevée. De là, ils avaient fixé leur attention sur dmx antres points importans plus rapprochés de la base de cette province, savoir : Dariorigum et Fanum MartU. avec lesquels ils l’avalent reliée par deux voies, tandis que d’antres plus secondaires eu partaient également en forme de rayons, les nues dirigées vers les diverses parties importantes de la cdte septentrionale, les antres vers de semblables de celle méridionale, et enfin d’autres vers les promontoires qui constituaient l’extrémité si découpée de la même contrée. En même temps, trois autres villes, encore plus à la base de cette dernière, Condkienum, Condate et Ingerta, se reliaient aux deux précédentes. Vannes et Goreenl, et communiquant, eu outre, entr’elles, colnplétaient ce vaste réseau de voies propres à assurer de promptes et rapides communications, tandis que cdles des provinces limitrophes, vers te Nord-Est, l’Est, et le Sud-Est ou dn reste de ta Gaule, allaient ettes-mémes communiquer avec les précédentes.

Avant de reprendre l’tiiatoire archéologique de la ville de Rennes, que l’étude des voies qui en partaient, à laquelle je viens de me livrer, m’avait obligé à interrompre, il est peut-être nécessaire, pour mieux comprendre ce qui va suivre, de faire remarquer qu’à l’époque gallo-romaine, et au commencement de l’ère chrétienne, la succession rapide des empereurs du Haut et du Bas-Empire, avait peu de retentissement dans l’Armorique et la vieille cité Condate, à cause même de ces fréquens changemens de règnes, dont les empereurs n’y étaient connus que par leurs effigies empreintes sur les monnaies que les légions y importaient ; d’étudier les évènemens qui se passaient dans cette partie si éloignée des Gaules, on venaient en quelque sorte expirer les bruits du colossal empire, évènemens qui ne consistaient que dans des soulèvemens, assez fréquens, pour secouer le joug des vainqueurs, tentatives qui finirent par une réussite définitive ; d’y suivre le comte et l’évêque succédant aux magistrats romains dans l’administration civile et militaire [46], gouvernant une population devenue vassale, sous le nom de letes, de serfs, de fiscalins ou colons, et empreinte d’une barbarie mêlée à la corruption romaine ; d’y chercher les premiers efforts du Christianisme pour arracher les Rhedones au culte des envahisseurs, qu’ils avaient fini par adopter et substituer à celui druidique ; et enfin d’y surprendre, d’abord, la lenteur de ses progrès et, un peu plus tard, la hardiesse de ses mesures, en proportion du terrain qu’il gagnait, pour arriver, de la sorte, à la destruction entière du Paganisme [47].

Les Romains, après avoir fortifié l’ancienne Condate, et avoir élevé, un peu plus tard, sous sa protection, des villas ou maisons le long des côteaux de l’Ille, lesquelles constituaient peut-être un véritable faubourg, avaient construit, surtout sous le règne d’Auguste, qui mourut 15 ans après la naissance de Jésus-Christ, des temples pour pratiquer leur culte. Ainsi, d’abord dans la cité, peu loin de la porte Mordelaise, il y en avait un dédié à Thétis, qui fut détruit, disent les chroniqueurs, par l’évêque

Maximus, et sur remplacement duquel s’éleva la petite église de Notre-Dame-de-la-Cité (33 de la pl. XV), qu’on prétend avoir été la première de Rennes, et avoir servi de cathédrale à plusieurs évêques, et qui était la seule dans l’intérieur de l’antique cité [48] relevée de ses ruines en 839 par Nominoé (2). Toutes les autres, en effet, telles que celles primitives de Saint-Etienne, de Toussaint, de Saint-Germain, etc., qu’on dit avoir été fondées vers la fin du ive siècle on du ve (ce qui est plus que douteux), étaient

[49] comme je l’ai déjà observé, en dehors, de même que le reste des autres paroisses et les abbayes de Saint-Melaine et de Saint-Georges[50] . Ces dernières, en général, surtout pont un grand nombre de celles bâties antérieurement au xiT’ siècle, étaient placées dans le voisinage des voies romaines[51].

Près de la porte Mordelaise, avait existé un autre temple consacré k Minerve. L’inscription latine qu’on remarque sur l’un des jambages de la première, pourrait bien être un débris de celui-ci on de quelqu’autre. L’usage romain était, en effet, de consacrer de pareils monumens à la

mémoire des empereurs, soit à la porte, soit dans l’intérieur de ces édifices.

Cette pierre offre l’indcription suivante :

IMP. CAES. ANTONIO.

GORDIANO. P. FELI. AVG.

P. M. TR. P. COS. O. R.


qu’on peut traduire ainsi : IMPeratori CAESari m. ANTONIO GOBDIANO Pio FELIci AVGusto Pontifici Maximo TRibvnitia Potestate COSuli Oppidum Rhedonense, on Optimati Rhedonum, ou encore Offerunt Rhedones, suivant M. de Robien. M. Bizeul croit que les lettres O et R qui terminent cette inscription veulent dire Ordo Rhedonensis qu’il a trouvé écrit en toutes lettres dans d’autres [52].

Un troisième monument religieux dans la ville, était une tour, nommée la Vision du Dieux, qui était un véritable Panthéon, que les Romains avaient élevé dans l’endroit où fut depuis la chapelle Saint-James et la grosse horloge, et que l’évêque Suffrenus [53], surnommé Synchronius, avait plus tard renversé, pour y fonder sur son emplacement un oratoire pour la commodité des fidèles, dont le nombre allait croissant d’un jour à l’autre, car, au vie et même au viie siècle, l’idolâtrie existait encore en Bretagne [54].

Ce qui prouve, en outre, que Condate devait être, dès cette époque, une cité importante de l’Armorique, ou que les Romains l’avaient rendue telle par les établissemens, les édifices publics et les temples qu’ils y avaient fondés, c’est qu’on y découvrit près de la place de la Vieille-Monnaie, en 1741, dans la cour de M. de Sales, occupant un terrain fermé par la porte Mordelaise [55], une plaque de bronze (citée dans Ogée) qui donnerait à penser qu’il avait dû exister, non loin de cet endroit, un temple consacré à Juno Moneta, et destiné, à l’instar de celui de Rome, à conserver l’argent monnayé. Seulement ses prêtres, effrayés de la guerre allumée dans l’Armorique par le passage du tyran Maxime dans les Gaules [56].

ou peut-être forcés de fuir, par l’établissement du Christianisme, auraient caché en terre les vases précieux qui servaient au culte de leurs dieux,

et qu’ils espéraient retrouver avec le l’établissement du calme et de la paix.

Cette inscription, dont on nie anjourd’hui l’existence, aurait été destinée par eux à en protéger le dépôt. J’ai cru devoir en conserver l’orthographe telle qu’elle se trouve dans Ogée ; elle portait :


HEIC UBI JUNONIS CELEBRANTUR SACRA MONETÆ,
VENUS ET LIBER JONGONT PIA NUMINA DEXTRAS ;
NON PROCUL A MADIDIS QUÆ AMBIT VIVONIA PRATIS,
TURBA SACERDOTOM, MARTIS STREIDENTE PROCELLA,
CONDIT HVMI PATERAS, CYATHOSQ. ET TASA LIÆI.
NEC NISI POST LONGAM ÆTATEM, SEROSQUE NEPOTES,
COM REGET ARMORICAS PRINCEPS ÆQUISS. ORAS,
EFFODIENTUR OPES : HIC DIVÆ TEMPLA MONETÆ,
RESTITUET, SACRAMQUE VIRIS PLAUDENTIBUS ÆDEM
AURO, NON COLOR EST, NI JUSTO SPLENDEAT USU.


Malgré que ces vers soient malheureusement sans date, ils semblent d’une facture tellement romaine, qu’ils pourraient bien, en raison de cela, revendiquer cette origine ; cependant, je n’ose être affirmatif à cet égard.

Il fut également découvert, en 1774, par des maçons qui travaillaient à la démolition d’une maison canoniale du chapitre de Rennes, située au côté oriental de la place dite de la Vieille-Monnaie, à 2 mètres de profondeur, avec une agrafe on fibule, une chaîne longue de 1 mètre 50 centimètres, et quatre médailles de Postume, entourées de cercles travaillés en filigrane et garnis d’une belière pour les suspendre au cou, portant au revers INDVLGENTIA. PIA. POSTHVMA., et 94 autres romaines, depuis Néron jusqu’à Aurélien, dont 34 à fleur de coin ; en outre, un magnifique vase en or avec lequel, suivant M. Barthem Courcay, on trouva des ossemens humains. Ce trésor fut envoyé par le chapitre au duc de Penthièvre, gouverneur de la Bretagne, qui le présenta au roi. Il fut déposé entre les

mains de M. Barthem Courcay, en présence de M. Barthelemy, bibliothécaire, par M. de la Vrillère, alors ministre.

Ce vase, suivant M. Cointreau [57], remontait à 960 de Rome (208 de l’ère chrétienne), et aurait été consacré à la piété de Septime Sévère, qui avait une dévotion toute particulière pour Hercule et Bacchus. Il aurait été fabriqué sous son règne, par un ouvrier romain qui y aurait placé les portraits de cet empereur et ceux de toute sa famille, qu’il croyait issue des Antonins, sans s’occuper du choix, ni de l’ordre. Ce vase (V. la pl. XVI bis) avait la forme d’une soucoupe (patère), de 25 centimètres de diamètre sur 4 de profondeur. Il pesait 1,311 grammes 50 centigrammes (5 marcs 5 onces et quelques grains), équivalant à une valeur intrinsèque de 4,554 fr. 63 c. (l’or supposé fin ou à 34 carats).

Il offrait à son pourtour intérieur, seize médaillés encastrées dans autant de cavités, dont les bords étaient alternativement couverte de feuilles d’ache et de laurier. Toutes montraient le côté de la tête et avaient l’autre revers caché. Elles environnaient un bas-relief rapporté servant de double fond, et compris dans une guirlande de laurier, qui l’assujétissait. Il avait été estampé et terminé ensuite an ciseau.

Dans cette partie centrale, on voyait Bacchus et Hercule buvant au milieu d’un groupe composé de figures hantes de 2 centimètres ; savoir : d’un jeune faune jouant de la double flûte, de Silène, de deux femmes couronnées de pampre, de Pan, d’une jeune fille, et, sur le devant, une panthère qui lève la tête et regarde le dieu.

Le second bas-relief, circulaire et en dehors du précédent, représentait une bacchanale, longue procession commençant en E de la pl. XVI bis, par un bacchant appelant, au bruit de ses cymbales, tout le cortège composé de huit groupes. Il précède des enfans, dont un seul est ailé, un autre foule des raisins dans un panier ; ils semblent servir comme d’un point de repos entre l’ouverture et la fin de cette fête.

Le premier groupe (en allant de droite à gauche et continuant toujours dans la même direction pour les autres) représente un bacchant tenant de la main gauche un thyrse, et de la droite la bride d’un chameau qui porte Silène ivre, acceptant encore an cantharus plein de vin que lui offre une bacchante qui le soit, et qui tient un thyrse de la main gauche ainsi qu’âne partie de sa draperie.

Le second laisse voir deux enfans dont le premier nu, a dans la main droite on pedum renversé, porte sur sa tête des raisins, tandis que l’autre tenant de la gauche le bâton de férule dans le sens accoutumé, le soutient, et qu’une bacchante, couverte d’une draperie qui retombe par derrière et flotte an gré du vent et jouant du tympanum, les suit.

Le troisième est formé par on enfant nu tenant le pedum de la main droite, regardant une lutte d’un bouc contre un satyre, qui se dispose à asséner à ce dernier de vigoureux coups de poings, et sur les épaules duquel voltige une nébride ou peau de faon.

Le quatrième représente de face un jeune bacchant jouant de la flûte pastorale, battant la mesure de son pied gauche, ayant à sa droite une jeune femme drapée dansant à reculons, tournant la tête de son côté, et agitant son tympanum, et à sa gauche une seconde tenant un thyrse et paraissant pins occupée de la rixe burlesque précédente que de la danse.

Le cinquième est composé d’un bacchant ayant la main gauche élevée comme pour obtenir de la place et dans sa droite le pedum, et conduisant un char traîné par deux chèvres, sur lequel est posé un panier de raisins à la gauche duquel se trouve une femme qui soutient ce dernier.

Le sixième montre un bacchant couvert de la pardalide qui retombe denière lui, jouant de la double flûte, au son de laipieUe dansent une femme qui fait voltiger sur sa tête une partie de la draperie qu’elle tient de ses deux mains, et un bacchant nu portant le pedum.

Le septième fait voir Hercule accablé d’ivresse, soutenu par deux enfans, dont le premier placé à sa gauche retenant sa massue et sa peau de lion repliée sur son bras gauche, le soutient du droit, tandis que le second en fait autant.

Le huitième représente le dien Pan marchant devant un char traîné par deux panthères, qu’il anime de la voix et du geste, et secondé par un Bacchant jouant de la double flûte. Le dieu Bacchus paraît enfin, presque couché, tenant de la main gauche son thyrse, s’appuyant sur le coude du même cAté, le bras flroit élevé et passé sur sa léte, tandis que derrière le cbar marche une femme vêtue d’une double tuuîque, l’une longue et l’antre très-courte, tenant de la main gauche un tfayrse «t paraissant s’entretenir avec un enbnt qui la suit, la main gancfae levée et un pedum daos la droite.

Quant aux médailles encastrées qui ornaient le pourtour du vase, elle* furent enlevées pour pouvoir les étudier et ensuite replacées. Elles représentaient :

La première, la tête d’Hadrien ; autour HADRIANYS. AVG. COS. UI. P. F. (1 de la pi. XVI bit). — B. L’Espagne assise, tenant de la main droite une branche d’olivier, ayant la gauche appuyée sur des rochers et à ses pieds un lapin ; autour HISPANIA. {Caylxu, pi. XIX, n" 377). La deuxième, le buste lauré de Caracalla ; aptoor ANTONINVS AV-GVSTVS {2 de la pi. XVI bit). — B. Tête nue de Gela ; autour SEPT. GETA. CAES. PONT. iCaylwt. pi. XXXIV, n" 770). La troisième, la tête laurée de Marc-Aurèle ; autour M. ANTONINVS AVG. SARM. PART. MAX. (3 de la pi. XYI bit). — R. U Victoire marchant, tenant de la main droite une couronne et de la gauche une palire ; autour TR. P. P. XXI. DIP. UU. COS. III. (Caylui. pi. XXVII, «" 559).

La quatrième, la tète de FaosUne ; autour FAVSTINAE. AVG. PII. AVG. FIL. (4 de la pi. XVI bit). — R. Fenmie debout, tenant de la main droite une couronne et de la ganche une haste (Caytui, pi. XXIX, n** 58&). La cinquième, la tête laurée d’Antonio ; «ntonr ANTONINVS. AVG. PIVS. P. P. TR. P. XU. (5 d» la pi. XVI 6m). — R. Femme deboot tenant une balance et une corne d’abondance ; autour COS. UII. (Coylui. pi. XXIII, n» 477).

La sixième, la tête barbue de GeU ; autoar P. SEPTMIVS. GETA. CAES. (fi de la pi. XVI bit). — B. Septime Sévère assis sur une estrade entre Garacalla couronné de lauriers et Gela ayant la tête nue ; aotoor PONTIF. COS. U. (6 bit de la pi. XVI bit). La sepUème, la tête laurée de Commode ftgé ; autour H. COHH. ANT. P. FEL. AVG. BBIT. (7 de la pi. XVI iit). — R. Femme debout et en stole, tenant de la main droite un bonnet et de l’antre une baste ; antonr y

LIBERT. P. M. TE. P. MI. IMP. VIII. COS. V. P. P. (7 bit ie la pl. yibii).

La huitième, la tête de Faustine la mère-, autour DIVA. FAVSTINA. (8 de la pl. XVI bit). — R. Cérès debout, tenant de la main droite un flambeau et de la ganche un sceptre., autour AVGVSTA. (Cayltij, pt. XXV, n» 511).

La neuvième, le buste lauré de Septime Sëyère ; autour SEVERVS. PIVS. AVG. P. M. TH. P. X. (9 de la pl. XVI bis). — K. Têtes lauréra de Caracalla et de Geta en lace l’une de l’autre ; autoiir AETEBNI. IM-PERI. iCaylm. pl. XXXIII, n" 682).

la diiième, la tête laurêe de Caracalla ; autour ANTON. P. AVG. PON. TR. P. V. COS. (10 de ta pl. XVI bis). — K. Têtes accolées de Septime Sérère radiée et de Iulia Domna ceinte d’un diadème et posée sur un croissant-, autour ÇONCOBDIAE. IHPESI. (.Caylm, pl. XXXVI n« 733).

La onzième, la tête laorée d’Antonio le Pieux, autour ANTONINVS. AVG. PIVS. P. P. TR. P. V. COS. m. (11 de la pl. XVI Us). — R. Inpiter assis regardant à droite, tenant un foudre de la main droite et de la gauche une haste ; autour IMPERATOR. II. (Cajflui, pl. XXII, n» 465).

La douzième, la tête Toilée de Faustine mère ; autour DIVA. FAVS-TINA. (12 de la pl. XVI bis). — R. Cérès debout, tenant de chaque main un Oambeau ; autour AVGVSTA. (Cnvlus. pl. XXII, n" 610). La treizième, la tête laur^e d’Antonin Pie ; autour ANTONINVS. AVG. PIVS. P. P. TR, P. XI. (13 de la pl. XVI bis). — R. Femme debout tenant de la main droite une tessère et de l’autre une corne d’abondance ; autour COS. III. ; dans le champ LIB. V. (Caglus. pl. XXIII, n" 472). La quatorzième, la tête de Commode Jeune ; autour COHMODO. CAES. AVG. PII. GERH. SASM. (14 de la pl. XVI tii). — R. Femme debout tenant de la main droite une palme et de l’autre une corne d’abondance ; autour HILARITAS. (14 (il de la pl. XVI bis). La quinzième, la tête laurée de Septime Sévère ; autour SEVER.P.AVG. P. M. TR. P. X. COS. III. (15 de la pl. XVI bis). — H. tête de Julia Donuia Tue de Êice, entre celle de Caracalla laurée et celle de Gela Due, aa-deâsns FELICITAS. ; au-dessous SÀ£GYLI. (Caylus, pl. XXXllI, n" 680).

La seizième enfin, la tête de Jolia Domna-, autour JVLIA AVGVSTA. (16 de la pl. XVI bis). — R. Femme debout regardant à droite, tniant de la maîB droite une cooronne et de la gauche un gouTcruail ; autoor LAETITIA.

Les Bomains aydient encore élevé, en dehors des murs de la cité, d’antres temples, dans le but très-probable d’habituer à leur culte le peuple conquis ; car ils n’avaient point prosent celui des.dieux de la Gaule qu’il» s’étaient même efforcé d’assimiler ou de confondre avec les leurs (f), et les Rkedones, comme le reste des Armoricains, adonnés. primitivement au H) n y avait deux reliions en Gaule, celle des Galls, paganisme pur, déification dei forces matérielles, et celle plus épurée du druidisme, qui était celle des Kimris. Elle ex-’ pKque, par ses analogies avec le christianbme, let progrès ra^ndes de ce dernier et les per- écutionsdontdlefut l’objet de la part des Romains.

Ces conquérant protégèrent, an contraire, l’autre religion. Le polythéisme gaulois s’associa à celui romain etjes dieux de l’un et l’autre peupleobtinrent les honneurs. Dès l’époifuf de l’arrivée de César, les croyances des Gaulois avaient commencé à s’altérer, et aussitôt que la religion des païens eut été reçue, lea Celles adoptèrent Jupiter sous le nom de roraMM, ne mirent aucune différence entre Mars Esm ou Hotui el lui, et commencèrent i leur sacriBer des victimes.

Ils adm’aient encore, comme dieu principal, ai l’on en croit César, Mercure {HutaUt) : mais il se trompe, de même que lorsqu’il prend celui qu’ils appelaient Tia pour Fluton, car les Germains désignaient sous ce nom l’Etre suprême, et les Gaulois en firent Teuiaiu qui veut dire le pèn de» homniM. Lucafn, au livre 1 " de «a Pharsale, avance qu’ils se le rendaient propice en répandant le sang bumain.

Enfin, ils avaient pour dieux de second rang, Vulcaîn (roliontu).Baccbus, Hercule, i’Ioton, Serapion [Ogmius], Minerve {Alcit), la mère des dieux, Baduma, Castor et Pollux, Cybèle {Berrcynlhie), Proserpine, Cérès, Diane ou la Lune, Venus, les déesses mères ou m»tronea, les Parques bonoréea sous les attributs de Lucine, le dieu Garnie {Ctrwnoà), les divinités aquatiques, Isis ; ento ils adoraient aussi un taureau d’airain. HM. Ducrest de Villeneuve et UaSlet diseiit, dans leur H»U»re de Amtm, page 27, que Auguste affecta de faire adorer les dieux du pays dans les mêmes temples,- confondus avec ceux de la conquête, que cet empereur, après s’être fait proclamer ^and pontife et le dieu tulélaire de la Gaule, vit partout des autels s’élever en son honneur, et que Rennes lui en consacra quelques-uns dont on retrouve aujourd’hui les débris.

culte druidique (1), avaient dû en partie adopter leurs cérémonies, durant les qnatre siècles que dura la domination romaine, puisque pendant plusieurs des autres qui suivirent, ils continuèrent à les pratiquer, èomme le prouvent les efforts soutenus long-temps encore après celle-ci par les premiers évéques ou apAtres chréliens (2), pour achever d’extirper l’idolâtrie qui continuait de régner. On peut en acquérir la preuve en lisant la Vie des Saints, la Chronologie historique des Etiqaes de Rennes, et plusieurs autres documens assez positif à ce sujet.

C’est ainsi que, suivant les chroniqueurs, l’église de Saint-Melaine (3) avait été fondée sur les mines et même construite avec quelques-uns des matériaux de quelque temple païen. Cette assertion, avancée par H. de Bobien (4), d’après l’examen des chapiteaux du porche de cette église, qu’il croyait avoir appartenu Ji un temple romain, tandis qu’ils ne peuvent remonter an delà des xi’ ou xii* siècles, et même xiv< pour les feuilles situées au-dessus, est donc entièrement dénuée de fondement. La vieille tour de l’abbaye de Saint-Georges (&) s’éleva aussi sur l’emplacement d^un

(A) Après les Druides, le sénat, composé de nobles, était le premier ordre, Uodis que le peuple était réduit presqu’à b condition d’esclaves. Â cette époque, c’était par le duel que le bon droit et la justice le manifestaient. [BiUoire EecUtiaMiiqm da Br^agn», par DMc, page 164.)

{tj « Rotnesobtiasait aux Bomaios et en suivait les lois. Hodérao, son ^nimitif évéque,

y avait jeté, 40 ans avant, les premières semences de la toi. Mais cette ville tenait encore àses 

» andennee erreurs, et peu de personnes avaient eu le courage de les abandonner. « (Dtetjonnair » de Bntagm d’Ogie, t. IV, page 2S, nrl. Kehres.]

(3) Honasterium aanctî Helanii in suborUo Be^onenn, ordînis Benedictini, a SalomcKW Brilannite rege, conditur, circaan. 630, IfiaSia Ctaritliana, t. IV.pag» 637). Celte aUtiye hil rebltie en 40S5 par GflaEtlN>y, dit le BûUu^.

(4) a L’abbaye de Saint-Helaine, dit M, de Robien, dans son manuscrit, nous tittn un ancien rcMe de voAle à l’oitrée de la tour. Les diapiteaux des colonnes sont fbrmés de figures peu décrites pour un temple de chrétiens ; dles conviennent mieux i un temple d’idoUtres ; la fabrique rustique et ancienne de cette voAle stable le dési^m. Je M la croii pas, cependant, d’auin haute antiquité, mais je penserais volontiers que cette abbaye eût été fondée sur les ruines ou construite des raaténaux d’un pareil édifice. Après cette citation, s’étoima«-t-on que tant de fois, en matière archéologique, je me sois vu forcé de dèpliner l’autorité ou la compétence de cet observateur.

(s] ’ Cette abbaye, dit le même antiquaire, nous fournit un oionument encore plus édifice consacré à la déesse Isis (I), qui était probablement, pour les habitans de Condate, le génie de )ear fleuve, d’après la croyance Gauloise (3), et qui était situé hors des mnrs de la ville, dans un bois l’eavironnant alors.

En creusant les fondations du convent des petites Ursulines (70 de la pl. XV), et dans presque tous les terrains voisins, on trouva on assez grand nombre de médailles romaines, qui sont autant de preuves de l’occupation de cette partie du sol par les Romains. On découvrit aussi, derriwe la maison des Capucins, mie espèce de pavé à deux revers avec une grande quantité de charbon, ce qui indiquait on vaste incendie. « Ce pavé se dirigeait du Levant an Nord, dit H. de Robien, et sa pente inclinait vers entier de lldoUtrie des Rtedona*. La tour, dont la Tonne et la «tnicture antique Mmbloit marquer l’uBage, lervait de temple, dit-on, I b déewe bis. > On drat taire pour cette église la ménie observation que pour eetle de Saint-Melaine, car rien dans les desaiDs qui nous en sont reMés, ne peut la bire remonter plus ItAn que le xi* ntele pour la base, et que le xn* pour les fonétrea ai ogives qui la surmontaient. Suivant les l^endaires, cette tour avait été consacrée au culte du vrai Dieu, sous le règne de Wron, l’an 67, par Helveniua, évéque de Rennes -, elle serrait de portique à l’abbaye de Saint-Georges qui fut fondée en 1008, par Alain t, duc de Bretagne, non loin de la Vilaine nommée alors Viotnonia, et terminée en 1 033.

Le terrain appartenant i cette aU>aye était limité, i cette époque, au Hidi, par la Vilaine, et au Nord, par une vine publique, via pubhea, qui était pndnUement un chemin des Bomains, car jusqu’au xn* siècle on ne se serrit guère que de ceux qu’ils avaient construit. fDom Lobineau, t. Il, pagt 107.)

Albert le Grand assigne à l’édification de l’aUnye de Saint-Georgles la date de 1006, tandis que, d’après les recherches de M. Paul Villeneuve, la charte de fondation qui existe aux archives de Rennes n’en porte aucune. Il budrait donc connaître les raisons pour lesqudles Dom Hmîce lui Mtribue celle de 1 00t.

(4 ) Isis, dans la langue critique, signifiait eau. Pour les Armtnicains, c’était le génie qui animait l’eau. Les HMoim Vmt bit figurer vis-^is de Tbétis et des autres dieux latins qu’ils avaient adopté. Les fontaines et les bœ avaient aussi leurs génies, et au xvu* siècle, a Quimpar, on y taisait encore des tacrifioes. {Hittoir» BceUtiattiqm à» Br^agne, par DMe.)

(i) a parait que, dans d’autres points plus éloignés de la Vilaine, les Romains avaient encore construit des temples, puisque, suivant Déric ((. /, page t’a), on ai voyait encore autrefois un consacré é Fan et un autre à Cérès, sur les bords de cette rivière, proche le lieu où est maintenant b ville de Vitré, dont le nom celte composé des mots wi qui venl dire rivière et irei, courbure, exprime sa position i un endroit où le Seuve était très flexueux. » la rue Haute, et l’on retrouva les mêmes si^es d’îiiceodie (1) daDS les jardins dn haot de la même rue, vis-à-ris les petites Ursolines et dans ceux voisins.

On rencontra aussi, dans presque tOus les jardins de la rue Haute, au pont Saint-Martin, k l’ancien couvent des Capucins, et dans tons les enclos environaans, de grandes briques plates à rebords, larges de 33 cenlimctreS sur 42 à 60 de longueur et 3 «t demi d’épaisseur (2). Enfin, dans la cour du Musée, on voit encore aujourd’hui, disent MM. Ducrest de Villeneuve et Maillet, un bloc de granit de forme cara rée, qui avait été employé aux fortifications de la ville an moyen-âge, et qu’on en a exhumé lorsqu’on les a abattues, qui n’est qu’une ara ou petit autel domestique, creusé à la partie supérieure de deux cavités propres à recevoir les réchauds dans lesquels on brûlait les entrailles des victimes ; les ligues gravées en croix sur l’une des faces de la pierre, désignant. le cdté qui devait être tourné au levant. On voit représenté, sur une foule de pièces, des petits autels de la même espèce, où sacrifie le génie du peuple romain. (Histoire de Rennes, page 23.)

Après avoir ainsi relaté tous les objets ou débris romains anciennement découverts, dont quelques rares chnHiiques nous ont conservé le souvenir bien effacé, il me reste h indiquer ceux identiques trouvés récemment dans les mêmes lieux ou dans des points voisins, et dont la présence est venue confirmer les assertions que j’ai émises sur la position de l’ancienne ville CondaO. à l’époque des Romains, au confluent des deux rivières et non

(i) Lm cabanes gallo-romainfes avaient de petites dimensions, la plupart paraiBsent avoir éU détruites par le feu, car on rencontre presque toujours des cendres et des charbons là où elles étaient placées.

U faut que les malheurs de cette époque aient été bien grands et ee soient bien profondernsnt gravés dans la mémoire des peuples, dit H. de Caumont, pour qu’on trouve encore presque partout la tradition de grandes destructions consomméet par les Anglais, ce mot étant, dans la bouche de nos paysans, le synonyme d’ennemis, ignorants qu’ils sont de l’époque i laquelle ces dévasutionB peuvent avoir eu lieu.

(S) Les légions romaines avaient des tuileries où ella fabriquaient les briques dont tWn r« servaient pour les fortiBcations des places qn’el les occupaient. (Voir le tome XV des M^ moires de l’Académie des Inscriptions et Belles-I.etires.) by. vers le Nord, le long des bords de l’Ille, où ces derniers n’avaient élevé que de simples habitations ou des villas, nullement entourées d’une muraille continue, mais tout au plus de défenses partielles ou mors d’enclos et plutôt protégées par l’oppidum.

M. Joseph Bernard, en creusant les fondations de la maison qu’occupe actuellement M. Jouaust, président du tribunal civil, sur le versant du même coteau, vers le haut de la ruelle Saint-Martin, et en remuant une partie du sol voisin, pour y créer un jardin anglais, découvrit une statuette en terre cuite, de fabrique gallo-romaine, qu’il donna à M. Lorois, préfet actuel du Morbihan, qui la possède peut-être encore. En outre, il rencontra quelques blocs de granite en forme de petits autels, une quantité innombrable de tuiles romanes plates et à rebords, et enfin pinceurs monnaies de même origine.

H. Jouaust, devenu possesseur de cette propriété, trouva, il y a deux à trois ans, en disant creuser un puits, près de sa maison, une statuette gallo-romaine en terre, représentée fig. 1 et 1 bis de la pl. XVII de ce travail, et beaucoup plus mal dans celles 8 d« la pl. XXX de l’ouvrage de M. de Caumont.

Ce dernier ne s’est point expliqué sur sa signification allégorique. Voici ce qu’il en dit, page 220 (Ère Gallo-Romaine) de son livre : « Les figurines que j’ai rencontrées le plus souvent, après les Vénus, représentent une femme assise dans un fauteuil en nattes d’osier, et allaitant un on deux enfants, que MM. Rever et Langlois regardent comme l’image de Latone, et d’autres comme celle de Lucine. M. Bever pense que ces figures étaient des ex voto, soit pour les femmes désirant avoir un heureux accouchement eu reconnaissantes de ce qu’elles l’avaient obtenu, soit peur des mères qui allaitaient leurs enfants et qui offraient cet ex voto à la déesse invoquée dans cette circonstance.

M. Moët de la Forte-Maison qui a en occasion de constater que ces statuettes se trouvaient presque toujours dans les tombeaux, croit qu’elles sont des figures allégoriques de la Nuit, portant entre ses bras, sous la forme de deux enfans, le Sommeil et la Mort. Montfaucon a dessiné la même figure, mais sans pouvoir déterminer ce qu’elle représentait.

En outre, dans des travaux de terrassement que le même propriétaire, M. Jouaust, faisait exécuter pour ouvrir une porte, il découvrit dans une bntle de terre, un tombeau gallo-romain en briqaes de la plus grande «Umeasion et à crochets, disposées an nombre de quatre, et mises à plat pour en constituer le fond, et de chaque c6té en quantité suffisante et dans une direction oblique en dehors, propre à en former les parois, tandis que le dessus était complété par d’autres, également plates et à crochets, retenant supérieurement les précédentes. 11 était rempli de diaus qui avait oonsomé les os du squelette qall avait r^ermé.

Dans un puits qu’il disait nettoyer, qai n’avait que 5 mètres de profondeur, et dont les parois étaient formées de petites pierres de schistes posées k froid, il trouva cinq têtes humaines, nne de taureau, plus, une bague d’ai^nt représentant deux mains entrelacées, une pièce de Trajan, deux autres de Constantin, une de Grispus, beaucoup de débris de statuettes, dont ime dessinée fig. 2 de la pt. XVII est une effigie de la Vému Anadfomène représentée nue, la tête garnie d’une chevelure épaisse, tenant de la maiu droite ses cheveux, de la gauche soutenant une draperie, et montée sur un socle circulaire. Elle est indiquée d’une manière beaucoup trop correcte, et non avec le caractère de raideur et de grossièreté de dessin du tjpe gallo-romain, dans les fig. T de la pl. XX.X de l’Atlas de l’ouvrage de H. de Caumont ; c’est ce qui m’a engagé à la faire représenter plus fidèlement ici. J’aurais pu également en reproduire une antre entièrement nue, les cheveux nattés et les bras allongés le long du corps. La fig. Z de la pl. XVII offre la base d’un vase en poterie noire, réduite, et dont la forme rappelle certains des nàtres, destinés à contenir des fleurs et ii être placés sur nos cheminées. Il ne fut pas tronvé dans le même terrain, mais dans celui occupé par les jardins de M. Potier et ayant constitué, naguères, cenx du couvent des Jacobins. On découvrit dans la même localité (ordinairement k la profondeur de I mètre et demi à 2 mètres âS centimètres), un petit vase entier {Fig. A de la pi. XVII) en poterie grossière, rougeâtre, de 6 centimètres et quart de largeur sur 1 de hauteur et ayant absolument la forme de nos lampions. Parmi les fragmens de statuettes rencontrés dans le puits dont il a été question plus hant, je distinguai nne tête {Fig. l de la pl. XVIII) coiffée d’une manière assez singulière, et ayant appartenu à l’une d’elles (1). Il (1 ) Cc8 BtatuetUs en terre cuite, longues ndinairement de 22 centimètres, étaient plaota y Ait tronré, en ontre, one croche od amphore en terre roage&tre ^ossière, qui avait 25 centimètres de haatenr sm- 20 de lar^ur à sa partie la phn érasée, et dont la forme était celle représentée dans la fig. 2 de la pl. XVIIi. Le goulot, en terre roogeâlre et sans coaverte, d’un flacon {fig. Z de ta pi. XVIII) qui devait avoir la forme de nos bouteilles en grès ou cruchons, et que ne rappelle ancun de cenx des vases analogues dessinés dans la pi. XXIX de l’Atlas de l’ouvrage de M. de Caumont (1), fut rencontré dans les jardins de H. Potier.

en fut de même d’un antre vase entier en terre notre (Fig. 4 d9 la 

pi, XVIII) qui a quelqn’aualogîe avec une nme fnnérùre représentée dans Il fig. Z de la pt. XXIX de l’Atlas de l’ouvrage du même auteur (2). Ia fig. 5 de ta pt. XVIII offre un fragment de poterie rouge fine et à cooverte brillante, trouvé dans la même localité, ne laissant voir qu’une partie d’un personnage levant nn bras au dessus de sa léte, et placé entre deux rangs verticaux de pertes, tandis qu’an dessus court une frise élégante simulant une espèce de guirlande.

H. Jouaust retira encore du même puits, beaucoup de fi-agmens de poteries rouges et noires, sur le fond de l’une desquelles existait un cachet portant l’inscription ALHACIN.

Enfin, le même rencontra, an dessons d’un jeune arbre, dans sa propriété, un second cercueil gallo-romain en pierre calcaire coquillïère, creuaée en auge, qui était rempli de cliaux dans laquelle on reconnaissait les empreintes d’ossemens humains et fermé supérieurement par des tuiles plates à crochets (3).

probablement près des toyers, comme les images de la Sainte-Vierge et des Saints le sont encore de nos jours sur les cheminées des habitants de ta campagne. Elles étaient rorm6M de deux demi-bosses empreintes dans des moules de deux pièces, lesqu’elles étaient ensuite réunies et raccordées au moyen du collage des bords. (Coun d’Àntiquiléi de M. de Caimont.) (0 11 existait des poteries ro>jges et grises sans couTertes, formant des assiettes, des plats, des bouteilles et des vases de difiértntes formes, partds ornées de guillocbis et de filets. {%) L’orifice de œs urnes en terre, dans lesrjuelles on recueillait les cendres du défunt, était fermé, tanlùt avec une plaque en cuivre, tantdt avec une assiette retournée, et fréquemment avec une brique ou une ardoise. On trouve souvent t oMé d’elles d’autres petits vase* i cd très-allongé, en terre rouge, ayant renfermé du vin, du lait ou d’antres liqueurs oSbits au mânes du mort. (Cours d’AntiguiUt JtonunMnJofei d» M. di Caumont.) (3) L’usage de brûler les corps a’ été généralonent répandu pendant les deux premiers 803

On trOQTe cliaque jour, dans les jardins de la Cochanfière et dans ceux de la rue Haute, des pièces romaines. On y a tout récemment déconvert un Tibère et nn Commode, et près de la Manoteotion, one médaffle (G. B.) de Harc-ÀDFèle.encore jeooe, portant aa rêvera la tite d’Antonin, et, en outre, une monnaie de Tibère avec l’aotel de Lyon. On relira mcore des mdmes terrains on petit sufiport en verre, d’une forme analogue è celle des pilastres en pierre de nos balustrades, rt la tête d’une statuette, ii coiflFore en cheveux assez bizarre, creuse, aplatie par derrière, faite avec unelerre analogue ï celle de pipe, seulement plus grise, et de ^brique galIo^t>maiae.

’ On a constaté dernièrement, dans le jardin des Jacobins, peu loin de l’ancienne église du mfime nmn, dans la propriété de U. Potier, un grand nombre de fragmens de poteries gallo-romaines (1) en terre fine, rouge,

siècles de notre ère ; cependant, dès cette époque, on a enterré des corps entiers. Les médailles, trouTiet prés d’eax, vmt de cette époque et, lee plus commîmes, de Néron, Dès k 10’ nécle, on déposa souvent les corps dans h terre sans les brûler et, généralement, du temps de Conatantin. Aussi, les tombeaux et les cercueils gallo^mains découTcrti dans nos contrées, sont- ib du m* et du ir’siëcle. {Cound’Mtiquitit itonumentalade M. dtCaumonl, Èrt GttBo-Komaiim.)

De même, dans les premiers temps du cbristianisme, on admettait tout le monde dans les dmetiéres ; maïs la vanité et l’orgueil exigèrent bimUt des tombeaux séparés du mlgaîre, et l’on voulut être inhumé dans les couTents ou dans les ^listt, à prix de diHiatio&acoùteuses, ce qui n’eut lieu, dans ces dernières, comme coutume, qu’au commencement du xr ùècle. D’abord ce privilège ne fut accwdé qu’aux évéques, aux aUtés, aux prêtres, aux patrons ; mais, dans la suite, tout le monde y trouva place pour de l’argent. (Nouoeau Dietiomain d’Og^, pagt 43C.)

(I ) Ces poteries se rencontrent «i grande quantité, dit M. de Caumont, dans tous les lieux qui ont eu quelque importance, sous la domination romaine. Ce sont des ècuelles, des coupes i pied, des compotiers, des petites tatses, des coquetiers, des plats é rebords salllans, des assiettes, des soucoupes servant à table ou dans les sacrifices. Elles sont, le plus souvent, en terre rouge couverte d’un vernis brillant, et Uen plus rarement en noire, représentant ordinairement en relief des personnages, des masques scéniques, des rinceaux, des guirlandes de feuillagM, des lièvres, des cerb, des lions, des chasses, des Radiateurs, des bacchantes. des ehan attelés, des génies ailés, des satyres, des femmes dans des postures lascives, Vénus, etc. leiir intérieur est uni, j cela prés de quelques cercln concoitriques faits au tour. On trouve le plus souvent te nom de l’ouvrier ou du fabiicant au génitif, imprimé au fond ou sur le cOté, avec un cachet ou estampille-, précédé d’un pour opui ou offkina, tl parfois suivi d’un H pour manu et d’un F foarflidl. 303

avec nue cooTerte encore brillante de la même conlear, et qoelques-ons bien plus rares en noire, dont les figures et les omemens si riches et si variés m’ont paru assez remarquables, pour mériter d’être reproduits, dans cet oQTTaçe, et d’autant plus qu’ils diffërent de ceux représentés dans les plaoches du Cowri d’Antiquitit de H. de Caumont. Je tent«ai de les.décrire trës-sonunairement, et sans revenir sur les denx dont j’ai déjà parlé, en m’aidant surtout des dessins qoi en ont été bits (1).

lA ftg. 6 de la pl. XVIII représente le fond d’une conpe, sar lequel on lit ALBYGl, nom dn fobricant (2).

La /tg’. 7 de to pf. XVUI est nn vase de petite dimension, en forme de tasse, à bord mousse avec un cordon courant autonr. La jli|i. 9 de la pl. XVIII offre use portion de vase k bord supérieur épais, ayant, à deux centimètres au-dessons, une moulure élégante, formée d’oves, placée ao-dessns d’un rang de perles très-pelitea. La fig. 9 de la pl. XVIII en laisse voir un autre, dans lequel se trouve une figure entière levant une jambe, comme dans l’acte de danser, et tenant de chaque main on petit objet indéterminable, renfermée dans un médaillon semé de petites fleurs, répétée alternativement sur le contour du vase et surmontée d’un rang de perles et an drasus d’un second d’oves séparés par on cordon et loi formant coouue une sorte de guirlande. La fig. 10 de la pl. XVIII foit connaître un fragment de poterie rouge, il la surfiice duquel se dessine en relief on renard qui court, au-dessous, une (i) H. Lcsbaupin (BapUtte) a bien voulu le chai^r d’exécuter ces de^sn», d’après les divers fragmens de poteries qu’il possède, et les mettre i ma disposition. Je lui en témoigne id toute ma gratitude.

(3) Les tonds étant plus épais, dit M. de Caumont, ont mieus résisté aui diocs. U reste encore beaucoup t dire sur les poteries et leurs orneniens. Outre que cet examen est très-important, pour déterminer si l’art en Gaule avait pris un caractère particulier et un lypr de dcssbi ayant modifié celui de l’école romaine. n devait indubitablement exister dans l’Amiorique des étahlissemens céramiquee Tondes par les Romains, à en juger par les nombreux fragmens rencontrés dans tous les terrains voisins ou compris dans l’ancienne cité. Cette assertion est d’autant plus probable, qu’il est aujourd’hui bien avéré, qu’ils avaient établi dans toutes les Gaules des fabriques de poteries noires et ^uges ou de jolis vases, qu’il est si rare de trouver ratien et qui of-Trent tant de variétés de formes gracieuses. fleur, et qui est surmonté d’une frise composée d’un rang de perles, puis d’oves séparés les uns des autres par on cordon pendant, terminé par un gland.

La fig. 1 de la pl. XIX représente un fragment d’une petite coupe à bord évasé , au milieu du fond de laquelle existait l’empreinte d’une fleur ronde.

La fig. 2 de la pl. XIX est un reste de poterie rouge, offrant supérieurement un rebord saillant, puis une surface très-légèrement concave, bornée en bas par un double filet et une moulure saillante. Au dessous, on remarque une branche ondulée et gracieuse de chêne avec ses fruits, courant sur un fond parsemé de petits cercles doubles en creux, et plus bas une riche moulure striée, entre des rangs de perles ; enfin, dans le compartiment inférieur, des tiges et des feuilles de nénuphar ou de lotus en rinceaux, accompagnées, au dessous, d’enroulemens parallèles de feuilles légères, et plus bas que celles-ci, de vrillons d’une délicatesse extrême qui suivent les inflexions des précédentes.

La fig. 3 de la pl. XIX laisse voir un fragment sur lequel on aperçoit deux personnages, dont l’un de face tient dans chaque main un masque, tandis que l’autre, à droite, porte un panier de fruits d’une main, et s’appuie de l’autre sur un long bâton. An devant de lui un chien semble se dresser sur ses pattes pour le caresser. Entr’eux, et à la hauteur de leurs têtes, des amours voltigent. L’ornement du haut du vase consiste en one bordure saillante de petits caissons creux, séparée par un cordon tressé, d’une petite draperie courant gracieusement autour de sa surface qui était, en outre, parsemée d’empreintes rondes parfaitement régulières.

La fig. 4 de la pl. XIX offre le dessin d’un autre fragment sur lequel on voit, dans des compartimens formés par des rangs de perles très-petites parlant de la base du vase et divergeant légèrement, dans l’un, un personnage écartant les bras, enveloppé d’un vêtement très-ample flottant, et dans un autre, à droite, un léopard ou une panthère courant.

La fig. 5 de la pl. XIX consiste dans un débris de poterie qui devait avoir là forme de nos bols[58]. Il représentait, au milieu d’une riche guirlande constituée par un double cordon de graines nettement détachées, terminées par une petite fleur et renfermant une corbeille pleine de fruits posée sur on support, avec entrelacs qui soutient en même temps un masque scénique et finit par un ornement imitant deux dauphins, un médaillon qui contient un personnage grotesque et an dessous une levrette courant, tandis que sur le haut du vase, se voit, entre deux rangs de perles, une frise assez riche.

La fig. 1 de la pl. XX offre un tesson de poterie, sur la superficie duquel se détachent en relief des enroulemens de tiges et de feuilles de lotus gracieusement jetées sur une surface parsemée de petites fleurs rondes à six pétales.

La fig. 2 de la pl. XX fait connaître an fragment de vase historié, bien remarquable par la richesse de son ornementation, offrant à sa base un cordon de cannelures, séparé par on petit filet en zig-zags, d’une branche flexueuse de chêne dont le dessous des courbes inférieures est occupé d’une manière alternante par des écailles saillantes imbriquées, et par les feuilles et les glands de la précédente courant en élégans rinceaux autour du vase ; au dessus, un second petit filet saillant en zig-zags sépare cette gracieuse branche d’un autre dessin qui représente dans des demi-guirlandes avec des glands retombans, dans l’une, deux pigeons, dans l’autre, une oie, et, dans une troisième, deux pélicans ou des cormorans. Un filet de perles fines court au dessus, tandis qu’un rang de petites feuilles verticales parallèles est séparé en haut, par un petit cordon en zig-zags d’une guirlande d’oves 306

surmontée d’une surface plane finissant par un bord saillant qui terminait ce grand bol.

Lafig.Zde la pl. XX est une portion de coupe en terre rouge, sur la surËice de laquelle on voit, dans un demi-médaiUon, une oie qui bat des ailes et an dessus un rang d’oves séparés les nos des autres par on cordon pendant terminé par on gland, genre de moulure ou d’omemrat extrèmemoit commun sur ces poteries.

La fig. i de la pl. XX offre un fragment d’une poterie rouge, très-fine, sur laquelle se dessine en relief un médaillon renfermant un fleuron rappelant les flenrs-de-lis, flanqué de deux lignes droites ondulées, terminées supérieurement par des génies allés et auxquelles est suspendue fers leur milieu une petite ampbiwe de chaque cdté, enveloppé de fleors délicatement profilées entre des lignes formées de très-petits ïig-zags d’une grande pureté, terminées par une petite flear, et borné en haut et en bas par des lignes ondulées parallèles. À gauche, on découvre mie partie d’un personnage tenant i la main une amphore. Le haut du vase est coaronné par une frise en forme de guirlande.

On trouva, dans le même terrain, des fragmens assez nombreux d’amphores, en terre rouge grossière (1), d’une dimension d’an moins 55 à 60 centimètres de hanteor, si l’on en juge par l’éflaisseur de leur parois qui était de 2, la largeur de leur goulot, et la longueur de leurs anses qui était de 7. Leur forme était identique à celle d’une semblable découverte dans le jardin de H. Jonançt et représentée ftg. 2 de la pl. XVIII ; senlemeot, les anses de celles-ci étaient pins aplaties, leur col plus court, et le pourtour de leur orifice, au lieu de présenter trois bourrelets, se terminait par un bord plat, horizontal, et de près de 3 centimètres de saillie. On rencontra aussi deux portions d’une antre amphore qui était proba- (0 n existait aiud des poteries en terre rouge, jaune ou grise, sani conrerteet gronières . avec lesquelles ou fabriquait des amphores, des plats, des jattes, des cruches, des bouteilles, des terrioes, etc

Ces amphores étaient de trèfr-grands vases munis de deui anses, tenDiDéspar une base fort étroite ou pointue parfois, qui ne pouvaient se tenir debout sans être engages dans la terre, et qui servaient à renfermer l’eau, le vin, l’huile et les autres liquides néoessairés i la vie. On les rencontre presque toujours brisés. {V. tes Pg, i A i de ta plane** XXVIUàtrAUatduCourid’AntiquitétMmumenttUe» dt M. de Cfiomonf.)’ ’ 307

blement encore plus ^nde, et de la forme de celle représentée entière fig. 1 de la pt. XXI, on telle que l’a dessinée M. de Caumont dans les fig. t et i de ta pt. XXVIll de l’Atlas de son Court d’Anliquilit Slonumentatet. On peat se faire une idée de la grandeur de ces vases, en remarquant que les fragmeas qne j’en ai fait retracer (fig. 2 et i bit de la pl. XXI) sont réduits de moitié.

La fig. 3 de la pl. XXI est un tesson d’assiette ou de patère, dont la sur&ce était ornée de feuilles imbriquées d’un effet charmant, puis d’un rang de perles, et au dessus d’une guirlande d’oves, bornée supérieurement par une ligne en saillie, surmontée d’un bourrelet orné d’entrelacs limitant en bas une snrlace concave assez large, et qui se terminait par un bord épais orné de petites feuilles lancéolées, parallèles. On découvrit, en outre, un fragment ayant appartenu k un vase ou coupe assez large et assez grande, dont l’intérieur oBraît deux cercles concentriques faits avec le tour.

Puis, une portion d’un autre vase assez vaste, avec on bonrre4et sailhml et guilloché à sa base.

Enfin, d’autres fonds, k rainure extérieure anguleuse, terminés inférieurement par un léger bord rayé, se portant obliquement en dehors. On rencontra anssi dans le même terrain, avec les précédentes poteries, -de nombreuses pièces romaines en bronze, de grand, de moyen et de petit OK»dule, d’Auguste, de la colonie de Nismes, de Tibère, de Néron, de Vcspasien, de Trajan, d’Hadrien, d’Antonin le Pieux, de Julia Maesa, de Gordien m, de Gallien, de Postnme père, de Tetricus, de Constantin i,. et de Crispns.

Dans un jardin voisin, on trouva une pièce de Lucille, de grand bronze, recouverte d’une belle patine verte ; une autre de Marc-Aurèle, présentant au revers une couronne, au milieu S. C., et autour, l’inscription suivante : PRIMI. DECENNALES. COS. III. ; une monnaie d’argent des légions d’Antoine (bmille Anionia). »

Un denier (AR.)- Télé de Gela ; autour PusLius Septimids CETA. — B. Une femme assise ; autonr SECVRITAS.

Dans les jardins de la Cochardière, k l’endroit où H. Louise, entrepreneur, creusa les fondations des maisons qu’il y a élevées, il mit à nu une quantité extraordinaire de grandes briques plates et à crochets, puisqu’il en recueillit plus de 1,500, qu’il put employer à ses constructions. Il dëcourrit, en outre, un assez grand nombre de fragmens de poterie rouge, ûoe et à couverte brillante, et des bases ou portions de graiides ampbores, au nombre de plus de quarante.

H. Hjaciutbe Pontallié, duquel je tiens ces détails, vit dans la même localité une aire entière du sol d’une cbambre, pouvant avoir de 15 à 18 mètres carrés, et composée d’un ciment formé de cbaux et de briques pilées.

Dans la partie du jardin de Lancezenr, acqnise par MM. de Neuville et Fresnel, on vient de reconnaître, en creusant les fondations des deux bdtels qu’ils y élèvent, et à 1 mètre on 1 mètre et demi de profondeur, on fragment de la voie romaine que j’ai décrite, page 250 de cet ouvrage. Puis,. de chaque côté, des débris de maisons rasées, dont le sol, en argile battne, était recouvert d’un sable très-fin, et entre les murs desquelles se rencontraient des débris de charbons et des cendres annonçant un incendie. Leur coDstniction m’a para n’avoir rien de romain. Au-dessus de la même voie, on a trouvé divers objets, entr’autres, i° un Cragment d’un instrument en fer, épais, aplati, de forme ovalaire allongée, ayant 16 centimètres de longueur sur 11 de largeur, se relevant à angle presque drmt à l’une de ses extrémités qni diminuait en se recourbant en dehors et se terminait par une espèce d’anneau fixe, tandis quel’autre présentait probablement la même disposition, h en juger par ce qu’il en restait d’analogue à la précédente. Les côtés s’offraient sous a /orme de deux crochets aplatis, larges de 5 centimètres et davantage à leur partie libre. J’avoue ne pouvoir partager l’opiolcHi extraordinaire de l’auteur de l’article de VÀuxiliaire Breton, du 9 mai 1846, relative à cette découverte, lequel a vu dans cet instrument un oiseau aux ailet ilendhtet (peut-être un aigle ?).

"* Deux anneaux d’une forte chaîne qui se terminait par on crochet.

    • Des dons en cuivre.
    • Deux très-grosses éjùngles en ce même métal.

" Un petit fragment en bronze, ayant sur l’une de ses faces trois cane-Inres verticales, surmontées de deux rainures parallèles, transversale^C/ij/. i de la pl. XXll), se terminant supérieurement par un enroulement régulier, et inférieurement par une surface conique, et sur ht face interne de 309

laquelle od remarquait des indices propres à Ëiire reconnattre une fibule, taudis que du milien de chacun de ses bords latéraux fonnant un léger angle obtus, parlait une appendice cannelée intérieurement (1). » Une clef en bronze a anneau ouvragé {fig. H de la pl. XXII). ’ Un disque en os, de 3 centimètres 3 millimètres de diamètre, et de près de 1 centimèlre d’épaisseur, percé au milieu d’un trou, et offrant nne ligne creuse à sa circonférence.

° Des tessons d’amphores, de diverses dimensions.

    • Un fragment en bronze avec patine, formant deux saillies rondes séparées

par une goi^e, et dont l’ioférienre indiquait nn commencement de hase élargie qui rappelait la ftHine dn pied d’une coupe. L’auteur du mèiae article archéolttgîque, dans V Auxiliaire Breton, ajoute qu’on rencontra encore une hache celtique en grès que j’ai vue, un bassin en granit qui avait 30 centimètres de diamètre snr 10 de hauteur, une lame de couteau fortement recourbée et un fer de lance qui ne m’ont pas été présentés ; enfin, un firagment de chaîne en bronze, tressée, quadrangnlaire (fig. 2 de la pl. XXII), et une tige carrée d’an bout et aplatie de l’autre.

Presque tons les vases en poterie ronge fine, et h couverte brillante admirablement conservée, étaient brisés. Il n’en fut trouvé qu’un seul entier et malheureusement tes ouvriers le mutilèrent. Ils consistaient en tessons, pins ou moins grands, d’assiettes, de coupes, d’nmes, de bols, d’amphores. Ces fragmens étaient, les uns unis ou simplement ornés de filets oo de rebords, et de formes plus on moins élégantes-, les autres embellis, tantôt par des guirlandes de fleurs et de feuillages, lautAt par des médaillons renfermant des personnages isolés ou groupés, des animaux fantastiques et séparés par des fleurs, des omemens ou des fignresî enfin, parfois, le tour du vase représentait des chasses on des sujets lascifs, ou des ornemeos d’une grande élégance qui en faisaient le tour. L’anteoT de l’article déjà cité (2), a vu sur l’nn de ces vases le nom du potier, et â la ARETON-, sur un autre, moins beau, celui de CACASUS [^) H. Godefroy, docteur médecin, auquel c«s objets et les Buirans appartiennent, a bien voulu me les confier, et me permettre de les faire dessiner et représenter dans la pf. XXD. (S) V<Hr le numéro du 9 mai 48U de VAuxilimre Breton. 310

(gacasi-h) ; sar do troisième, dont une fracture avait emporté une partie du nom, 0-GOH ; enfin, une jolie petite coupe unie oflrait, au lieu du nom du potier, le chiffre XIII, et un autre fragment présentait gravé, depuis sa cuisson, celui de VIII. U fut également trouvé un assez grand nombre de poteries noires, les unes unies, les autres richement ornées, et qnelques-uues historiées.

Des tessons de poteries blanchâtres, légères, paraissaient avoir appar-r tenu à des urnes ; enfin quelques autres étaient comme micacées. On rencontra, en outre, de nombreux débris d’amphores à goulots assez élégans, de terrines, d’éeuelles, et, de plus, dans tout le sol, uue grande quantité de briques plates à crochets ou courbes, des dents de porcs ou de sangliers, des os de bœufs, de moutons, des mâchoires d’animaux, des coquilles d’huîtres et de moules d’une grande dimension. Un fragment de poterie noire, percé d’une multitude de trous carrés, fut aussi recueilli, de même que quelques pièces romaines, entr’autres : une de Tétricus (P. B.) ; une autre (P. B.) de Claude le Gothique, portant au revers Mars debout, et autour FAX. AVG. ; deux de Faustine Jeune {G. et M. B.) avec l’inscription DIVA. FAVSTINA., et, au revers, nue femme debout, tenant une haste de la main droite ; enfin, unepiëce (M. B.) de Claude. Tête à droite, autour TI. CLAVDIVS. CAESAR. AVGVST. P. M. T. R. P. IHP. — B- Un guerrier debout s’appuyant sur une lance et levant la main droite ; autour CONSTANTIAE. AVGVSTI. J’essaierai de décrire quelques-unes de ces poteries, dont j’ai fait représenter les plus originales, dans la pf. XXII. Les plus remarquaUes étaient :

l" Un tesson en terre rouge très-fine, ayant &it partie d’un vase assez grand, offrant de magnifiques ornemens, exécutés avec une pureté extraordinaire. U était semblable i celui représenté dans la pl. XXV de l’Atlas de l’ouvrage de H. de Canmont, seulement les dessins en étaient beaucoup plus nets et encore plus riches.

" Un autre de poterie rouge fine {fig. 1 de la pl. XXIl) était précieux par les sujets dont le vase, auquel il avait appartenu, devait être orné. En effet, au dessous d’une guirlande d’oves séparés par des glands touibans, et d’un filet finement ondulé, on voyait une partie d’une femme sur un cheval lancé au galop, poursuivi par un buffle, et au dessus de ce demier, ud cerf derrière lequel se trouve une tige gracieusement jetée et terminée à cbacuoe de ses extrémités par un flenron différent, tandis qu’un cordon, autre que le premier et surmonté de fleurs ou d’tierbes, indiquait le sol.

Z" Un ft-agment de poterie rouge (fig. 3 de la pl. XXtl) avec filet en lig-zags d’une délicatesse extrême, et autour, des médaillons à doubles fileta saillans, dont l’un renfermait une large feuille de vigne enveloppée d’une tige légère avec grappes on fruits qui lui formait un encadrement presque rond.

  • Un autre, d’un grand bol de même couleur, représentant, dans des

compartimens i peu près carrés, formés de filets cordonnés, des scènes lascives ; dans les intervalles, un satyre nu, debout sur un vase, et supérieurement une goJrlande d’oves avec glands pendana. ° Va tesson ayant Ëiit partie d’un vase de même proportion que le précédent, offrant un bord saillant arrondi avec un filet au dessous, puis une surface lisse, et plus bas une guirlande d’oves «n relief avec glands tombans, bornée inféricurement par un filet tressé, saUlant, tandis que des feuilles de chêne se détachaient sur un fond uni. ° Un fragment d’une poterie, semblable à celle qui précède {fig. 5 de la pl. XXII), remarquable par une surface couverte d’ornemeos en relief, qui consistaient en des petits cercles renfermés dans de plus grands en peries, situés les uns au dessus des autres, et séparés par de doubles goirlandes.

" Ud tesson de poterie ronge (fig. G de Ut pl. XXII) dont la surface supérieure était lisse, et bornée par un filet saillant auquel succédait une saillie disant le vratre de la coupe ou bol. On y voyait d’abord uni’ guirlandes d’oves avec glands intermédiaires pendans, au dessous nu filet ondulé, plus bas des médaillons k doubles Ugnes saillantes, de largeurs inégales, dont l’un renfermait un hypocampe ou cheval marin et au dessons un dauphin, et l’antre, dont il ne restait qu’une partie, des feuilles de lotus ; ils étaient séparés par des tiges surmontées de feuilles épanouies.

" Un semblable de poterie ronge (fig. 7 de la pl. XXII), aj-ant appartenu à un ^ase d’une grande richesse d’ornementation, oITrant un bord su- |)érieur suivi d’une saillie canelée ; au dessous, d’une guirlande élégante de âi2

tiges et de feuilles [dus bas, d’une surfoce ayant moine de relief et bornée par deux lignes, et enfin de la partie bombée ou ventre de la coupe qui présentait en saillie deux demi-cercles terminés par des anneaax plats.

" Un autre de poterie ronge {fig. 9 de fa pl. XXII), orné de médaillons, tantàt constitués par deux filets saillans à intervalle cannelé, tantôt par une couronne en feoillage. Dans l’un d’eux était un amour nu, tenant une bourse à la main, et ils étaient séparés par deux filets tordus, droits, s’écartant légèrement l’un de Tautre à leur partie supérieure. L’intervalle de deux d’entr’enx était occupé par une figure, de femme drapée, au dessous de laquelle se dessinait une petit« couronne saillante. ^ Un fragment de poterie noire (/b ;. 10 de tapi. XXII) avec une belle couverte de même couleur, représentant supéiieuremeat une tige ornée de ses feuilles courant autour du vase ; au dessous, un filet en torsade, puis, plus lias, un petit médaillon formé d’une couronne assez mince, renfennant un oiseau et circonscrite par des enroulemens paraUèles qui, dans l’intervalle de chacun d’eux, donnaient naissance ii deux autres tiges à inflexions gracieuses et surmontées de fleurs.

1° Un tesson de poterie rouge, ayant appartenu à la partie supérieure 

d’un grand bol, ayant un rebord arrondi, saillant ; au dessous une snrfiice lisse, de 4 centimètres de hauteur, bornée inférieurement par une guirlande d’oves avec glands pendans intermédiaires et un filet de petites perles, et présentant plus bas des médaillons dans l’un desquels on voj-ait une chèvre courant, dans leurs intervalles des feuilles avec leurs tiges, et enfin sur le fond, des Qeurs en saiiHe.

° Un spécimen semblable de poterie uoire, vernissée (fig. Il de lapt. XXII), dont la suTËiceofirait des lignes saillantes, parallèles, verticales, en spirales, séparées d’espace en espace par des petites couronnes ayant an nœud divergeant k chaque extrémité de leur diamètre vertical, et par des animaux dont l’un courant semblait être une lionne. ° Enfin, un fragment de poterie noire {fig. 12 de lapl. XXII), à rebord convexe et contpumé en dehors, & surface unie et coucavc, tramée au dessous par un ornement consistant en une succession de lignes saillantes, en S allongée, se suivant et formant des espèces de zig-zags. Lorsqu’on démolit, dernièrement, la tour Lêlat, achevée en U80, sous 313

François ii, od découvrit, dans des ; remblais qui j aTaieut été transportés du couveot des Cordelters {), une pièce romaine du règne d’Hadrien, (M. B.) représentant la tête de cet empereur, à droite ; autour IMP. HA-DRIANVS. AVG. COS. lU. P. P. — R. Le NU couché tenant une corne d’abondance ; b etHé un hippopotame et un crocodile ; au dessus NILVS. Quelques dénominations altérées de certains endroits de la ville doivent être aussi d’origine rMoaine, et décèlent de la sorte leur source primitive. Ainsi, le lieu quel’on appelait l’^niumerie, à cause de l’ancienne halle au blé, dont remplacement fut d’abord dans la rue de la Cordonnerie, aujourd’hui celle de la Honoaie, et qui, par conséquent, se trouvait près de la porte Mordelaise, dans l’intérieur même de la première enceinte, avait probablement tiré son nom, du grenier d’aboadance (Annona) qui 7 avait été créé par les Romains (2).

l’ai cherché, dans cet ouvrage, à sauver de l’oubli une des plus intéressantes découvertes pour la Numismatique qui ait été faite depuis l’empire romain.

Ainsi, j’ai d’abord essayé de Dure connattre ce que devaient être la largeur, la profondeur et le cours de la Vilaine, h l’époque de la conquête [4 ) les Cordeliers, en 1 S3t, demandèrent l’autorisatioii de construire un mur asaez élevé, pour les girantir de la vue du publicquiM promenait sur les remparts, ^tre la tour Sainl-Georgra et la tour Lebat. Elle fut accordée et il tut arrêté que le mur serait élevé entre ces deux points, sur l’axe de la me Militaire qui existait au pied du rempart, et que les Cordelien feraient les remblais. C’estdanscesterres rapportées que fut trouvée la pièce d’Hadrien. Dans l’une des tiaies de tenétres de ta mAiw tour, M. Couetoux, architecte, découvrit une ancienne botnharde construite en cercles «u barras de fer, au nombre de dix-huit, Fortetnent soudés entr’eux et dont la culasse manquait, parce qu’on l’avait probablement enlevée, lorsqu’on avait placé trte-obliquement cette pièce dans cet endroit, pour serïir de conduit ou de gargouille. La longueur de cet antique can<Hi était de trois mètres. 11 est sctuellement i Paris au Musée d’artillerie. (C’est en 4375 que les canons parurent pour la première fois en Bretagne, au siège de Bécherel. [V. tapage i6i de rBi»toindeKea»et,par MM. DutreU de letieiive et Maillet.)

(2) Comme cette halle menai^t ruine, la communauté de Rennes songea i en créer une nouvelle, qui fui établie sur le Pré-Botté et plus tard remplacée par la Balle aux Toiles. C’est donc bien à tort que quelques personnes, p^^uadées que cet emplacement aurait tiré son nom de ce qu’un couvent de nonnes y aurait anciennement existé, ont cru, par w, devoir le déùgner sous celui de la Noneiie au lieu de Tin su

romaine et durant celle postérieure, en étudiant les cooches da fond avant et pendant celle-ci, à mesure des coopes de terrain que nécessitait le creusement de son lit.

Ensuite, j’ai lait voir les changemens suirenos dans les siècles qui ont suiri, snrtout pendant le moyen-àge, et plus récemment dans les temps qui toachent à notre époque.

Puis, je me sois efforcé de rechercher la cause de l’accumulation de tant de richesses monétaires, dans an endroit aussi circonscrit de la Vilaine, de réunir les preuves qui pouvaient démontrer la réalité de celle que j’adoptais, eu m’aidant de recherches et d’inductions historiques, de rap~ proehemens chronol<^iques et de la présence ùmultanée de certains objets romains propres à la conGrmer.

Après, j’ai étudié consciencieusonent les pièces consulaires, surtout dans leurs revers si variés et si curieux ; puis celles du Haut-Empire dans leurs divers modules, leurs inscriptions, leurs contre-marques et leurs sujets non moins intéressans ; celles coloniales de la même époque, souvent sî difficiles à déchidrer ; et enfin celles de la portion du Bas-Empire 8’étendant de Constantin i h Valentinien ii, qui ont été rencontrées également. J’ai passé, pour échapper à l’aridité de mon sujet, à quelques considérations artistiques sur l’origine, les progrès, l’état stationnaire et la décadence de l’art monétaire chez les Romains, en hasant mon ap|H^ciatiou sur les spécimens si nombreux des types qui m’avaient passé sous les yeux.

J’ai cm devoir, dans le même but, me livrer à quelques recherches sur les diverses transformations qu’ont subies ceux-ci dans les monnaies, depuis la république ou l’origine de l’empire romain jusqu’à sa chute ; puis dans les siècles qui l’ont suivie et pendant le moyen-âge jusqu’à l’époque actuelle.

J’ai ensuite parlé, d’après les variétés que j’en ai vues, des divers métaux employés par les Romains dans la Imbrication de leurs monnaies, et surtout de celles eu bronze on en cuivre que j’ai été à même d’étudier, sur une bien vaste échelle, si l’on considère le nombre extraordinaire de pièces de ce genre que j’ai pu manier. Enfin, j’ai décrit et représenté les objets romains, presque tous exclusivement relatifs ù la toilette, qu’ona recueillis dans les fouilles de la Vilaine. SIS

Je ne sais si je ao^ parrenn à semer quelque iotérét sur cette première partie de mon travail, mais ce que je puis assurer, c’est qu’à défaut de talent, j’aurai apporté è cette ceuvre toute la véracité et la consciencieuse attention qu’elle exigeait.

Dans la seconde partie, j’ai fiiît connaître les monnaies d’origine française découvertes dans l’ancien lit de la même rivière, depuis l’époque carlovingienne ou de la première race et celle capétienne on de la seconde, jusqu’à celle actuelle, c’est-à-dire, embrassant l’intervalle compris entre te VIII" siècle et le XIX*. J’y ai joint l’énnmération d’one foule de légendes, plus ou moins bizarres, inscrites sur des jetons appartenant an moyen-àge et à des temps postérieurs.

Ensuite, j’ai signalé des monnaies baronniales dn plus grand intérêt, surtout celles concernant les ducs de Bretagne, et qui se sont étendues depuis le x* siècle jusqu’au xv", parmi lesqueUes j’en ai noté plusieurs inédites, et enfin celles appartenant à des comtes on ducs étrangers. J’ai indiqué la succession des diverses fouilles exécutées dans le lit de la Vilaine, et celle des objets ou monnaies qu’on rencontrait dans chaque couche de terrain qu’on entamait. J’ai eu soin de bien noter la position des vieilles tours et des murs de fortification de la ville, à mesure qu’on en découvrait les fondations, et de la comparer avec celle indiquée dans les anciens plans, pour en vérifier l’exactitude. J’en ai même parfois précisé le mode de construction.

En outre, j’ai décrit et représenté la plupart des objets d’art ou autres, qui ont été trouvés postérieurement à l’occupation romaine, et surtout pendant le moyen-âge, à dater dn xiv* siècle jusqu’à l’époque actuelle. Enfin, dans une troisième partie qne j’ai jugée indispensable, en ce qu’elle venait c(Hnbler une lacune dans l’histoire de la ville de Rennes, et donner beaucoup plus d’intérêt à mon travail, j’ai cm devoir me livrer à des recherches sur la position de l’ancienne ville des Rtudonet ou Condate. avant et pendant l’occupation romaine, sur son mode de fortification à cette époque, en me basant sur les docamens historiques ou légendaires qu’il m’a été possible de me procurer. Ensuite, j’ai recherché le nombre des voies romaines qui partaient de la cité, les quatre lignes principales qu’elles formaient dans l’intérieur de cette dernière on elles venaient se croiser à peu près vers son centre, 316

pois leur parconrs aa dehors, d’après les indices qa’oo apa en retroorer dans le département d’Ole-et-Vilaine, et enfin les points importans auxquels elles se rendaient.

J’ai lait également connattre la mise au jour de fragmens gaUo-romains de moraiUes, par suite des travaux récens exécutés dans toute la ligne des terrains Toisïus de la Vilaine.

Puis, les divers antiquités retrouvées avant notre époque, et enfin cdllcs découvertes plus récemment durant celle actuelle, et qu’il était si utile de cooserrer à la science.

J’aurai, je l’espère, apporté de la sorte quelques matériaux nouveaux à la reconstruction d’une pMode qu’il importait i l’histoire de uotre ville de ne pas laisser dans une obscurité trop profonde, aujourd’hui surtout que la t«ndance générale des esprits vers les recherches archéologiques, dans le but de reconstruire un passé dont l’intérêt et la gloire rayonnent encore tà vivement autour de nous, fait une nécesiûté, à chaque ville importante, de s’associer à ces nobles efibrts.

Sous ce rapport, ceux faits par MM. Ducrest de Villeneuve et Maillet, qui viennent de publier une Histoire de Rennes, et le premier, en outre, un Album Breton, oii il a consigné une foule de souvenirs historiques de cette ville ; ceux de MH. lAoët de la Forte-Maison, de Kerdrel, et les recherches auxquelles se livrent HM. Bamé, Jouaust fils, Langlois, Paul de Villeneuve, l’abbé Brune, et d’autres membres de la Société Archéologique de Rennes (1), témoignent de l’impulsion et des tendances de notre époque pour les études qui ont rapport k l’histoire du passé, dans le but d’en tirer un enseignement utile pour notre temps et pour ceux qui suivront. En consacrant cet ouvrage à une oeuvre dont l’étendue et les difficultés auraient exigé une vie d’homme, je ne me suis pas dissimulé qu’il laisserait beaucoup )i désirer ; que certaines parties n’y seraient, pour ainû dire, qu’ébauchées, et d’autres k juste droit controversées. Mais il Ëdlait que quelqu’un commençât k défricher ce sol ingrat, et se hâtât de sauver de l’oubli une foule de découvertes importantes. J’ai cm que cette mission (1) Cette sodëté fait partie de la vaste association archéologique bretonne, qui en a établi de semblables à Nantes, pour le département de la Loire-Intérieure ; à Vannes, pour celui du Morbihan ; à Saint-firieuc, pour les Wtes-du-Nord, et enfin à Quimper, pour le Finist ^, 317

était assez belle et snrtont assez utile, ponr jasUEer la témérité de ceini qui l’entreprendrait. J’ai donc osé, dans le senl bnt de payer ma dette i une Tille dont je sois devenu en quelque sorte l’obligé, et je n’ai reculé devant ancatw difficulté on dépense, pour rendre ce travail digne de lui être offert. Tai vonlu planter quelques jalons au millen d’un sol bouleversé chaque joor. En effet, à notre époqne, les travaux des hommes marchent vite, les villes se transforment, les anciens monnmens disparaissent sons les efforts des novateurs, sons les nécessités du confortable, sous c^ea des embellissemens, du percement de nouvelles mes et d’ali- gnemens meilleurs. La création d’édifices publics on particuliers oblige à remuer ou à creuser bien des terrains, et les restes enfouis qu’on y découvre, , s’ils n’étaient signalés par des observateurs zélés et studieux, s’efEaceraient bien promptement de la mémoire des hommes. Il y a donc nécesûté d’établir, pour ainsi dire, le bilan des richesses archéologiques qm ont pu 7 être rencontrées dans le passé, et de celles qui y ont été trouvées de notre temps.

Ce sont ces périls entrevus par tons qni m’ont bât un devoir de publier ce que je savais, et de tenter de frayer une voie anx travailleurs qni viendront après moi, route dans laquelle ils pourront pent-étre s’engager d’un pas plus ferme, lorsque j’aurai essayé de la jalonner, pour assurer aux explorations auxquelles ils pourront se livrer, la direction que j’ai cru la meilleure.

Par là, je les aurai mis à même de compléter un travail que je regarde conune une ébauche, de contrôler ce que j’anrai pu y avancer d’incertain ou de controversable ; de vérifier sur le terrain chacune de mes assertions ; de combler les lacunes si nombreuses qu’ils poturont y remarquer et qui sont dues anx difficultés du «ijet ; de rectifier, dans l’intérêt de la science et de la vérité, les erreurs involontaires que j’aurai pn commettre, autant par suite du manque de docnmens précis ou de découvertes, que par mon insuffisance même.

Ces raisons désarmeront, j’ose l’espérer, une critique trop sévère, et à défaut de talent scientifique, on me tiendra peutrêtre quelque compte des efforts que j’aurai Èiits pour éviter, autant que je l’aurai pu, les écarts de mon imagination et lutter ou me tenir en garde c<mtre elle ; ponr n’être affinnatif, que lorsque j’avais vu par moi-même ; et enfin pour m’étre S18

attaché à présenter avec doute les assertions que je ne pCNivais jostifier que par des inductioDs historiques, des analogies, des rapprochemens ou des probabilités.

Renouer le fil des temps passés, retrouver dans l’histoire les traces d’une époque aussi obscure et aussi éloignée de nous que l’est celle galloromaiue de la ville de Rennes, était une tâche d’une difficulté bien grande ; j’ai long-temps reculé devant la témérité de l’entreprendre. 11 a &llu les encouragemcns d’hommes consciencieux et animés de l’ardent amoar fie la vérité, et du désir de voir tenter quelques efforts dans le bat de combler cette lacune de l’histoire de cette cité, pour me faire aborder cette entreprise si ingrate et si périlleuse. J’ai dû, en ne rencontrant rien dans les auteurs anciens, dans le& légendaires, et les historiens du moyen-âge ou ceux luodemes, qoi pût m’ éclairer et me satisÊiire, consulter les restes ou les débris de cette époque arrachés au sol, comme la seule source à laqueUe je pusse puiser avec quelque espoir d’arriver à un résultat.

J’aurai été recompensé de ce travail si ardu et si difficile, si j’ai pu seulement apporter quelques documens précis ou matériaux nouveaux, ’ propres à être mis en œuvre par des mains plus habiles et plos exp^mentées que les miennes.

    lequel on a bâti, depuis, les maisons du côté Est de la rue Rallier, et toute celles qui forment le pâté ou grand carré borné par les rues de Toulouse, de Châteaurenault, de Clisson, de Duguesclin et par le côté Nord de la petite place Saint-Sauveur.
    Le grand bout de Cohue répondait à l’extrémité Nord de cette dernière et à l’emplacement occupé par les maisons constituant tout le côté Est de la rue de Clisson.

    tain iii, et sa chapelle construite sur la tour au comte, vis-à-vis le château ducal. (Histoire de Rennes, par MM. Ducrest de Villeneuve et Maillet, page 75.) La ville de Paris elle-même, dit M. Moet de la Forte-Maison, dans la note de la page 75 de son ouvrage sur les Antiquités de Noyon, la capitale des Parisii, est appelée Castelum Parisiorum, et cela au ive siècle par Ammien Marcellin qui avait fait la guerre en Gaule sous l’emporeur Julien, lequel, comme on sait, faisait sa résidence à Paris au palais des Thermes à quelques pas de la ville, « et la Seine et la Marne, écrit-il, après avoir enclo en une île la forteresse des Parisiens qu’on appelle Lutèce, achèvent ensemble leurs cours et se dirigent vers la mer…… Post circum clausum ambitu insulari Parisiorum castellum Lutetiam nomine, consociatio meani… » (Rer. Gest. lib. XV, c. II, Ap. D. Bouquet, t. I., p. 545.)

    près de Louis le Débonnaire et surtout les reproches que les évêques assemblés à Tours lui adressèrent, pour avoir outrepassé les limites légitimes de son pays.
    Il occupait donc, non point comme usurpateur mais comme souverain légitime, la Bretagne jusqu’aux marche, tout en reconnaissant la suzeraineté du roi des Francs, et ses successeurs la possédèrent de la même manière. (Compte-Rendu du Congrès tenu à Nantes, en 1845, Classe d’Archéologie, Séance du 7 août.)

    qui constituait alors la Bretagne et qui comprenait les populations bretonnes indépendantes, car les pays de Rennes et de Nantes formaient la marche française du pays de France, fines reguâ Francorum, comme dit Réginon. tn tua u TecoUiguat, signifie donc que les Bretons, après avoir vaincu Charles le Chauve sur la frontière de leur pays, rentrèrent dans l’intérieur de la Bretagne pour mettre leur butin en sûreté; 5° M. Marteville prétend qu’on ne trouve aucune trace, ni dans l’histoire, ni sur le sol, de ce soi-disant monastère de Ballon près Redon ; cependant il suffit d’ouvrir le tome 1er  des Preuves de D. Horice, coll. 215, pour y trouver un acte du cartulaire de Redon qui fait mention d’un monastère de Ballon, d’un abbé de Ballon : « Nofttia quoHttr Conottm et CoAooIon aaeardole» ex monasterio Ballon, " wnermt ad Nominoe, de. » Or, la suite de l’acte fait voir claironent que ce monastère était situé vers le confluent de l’Oust et de ta Vilaine, c’«st-à-dire aui environs de Redon ; 6° en- fin, la ville de Ballon, dans le Haine, qui existe encore aujounfhui, n’a jamiùs été appelée en latin Bofion. H. Ciuvin, dans sa savante géographie deFancien Maine [F. Inita. desPnv. de Prme», Mémoire, If Série, T. f*, page 39 et 40) nous donne l’orthographe latine du mot Ballon, depuis le iv* siècle jusqu’au xvr. Or, jusqu’au ix* siècle, et pendant ce siècle même, Ballon (dans le Maine) est constamment app^ Balaion. kn n* «ècle, il devient BaMo, puis Baiao, BaSoon, Balavn, auxxn* et’xm* siède, par la suppression du D. Enfin les dénomi- nations de Batonium et de BaBonbm qui sont les plus ra[qirochèe8 de Ballon (bien que Ballon breton n’ait jamais ta terminaison latine) n’apparaissent, la première, qu’en 1231, la secondé, qu’en 1S33. Ainsi donc cette ville de Ballon, oil H. BfartevUle place la bataille de Sis, ne portait même pas ce nom an ix* siècle. Or, comme le cartulaire de Redon et Oom Lobineau {V.muoired» Bretaçne, T.’ll, Col. B3) nous disent, formellement, que la bataille fut livrée in Bailon, in loeo guivocatur BaBon, et que Be^non, et la chronique de Fontenelle, placent en Bretagne le lieu dn combat, il faut nécessairement chercher en Bretagne l’endroit appelé BaDon oiï s’oigagea la lutte, et nous le trouvons dans ce monastère de Ballon ritué vers le confluent de l’Oust et de la Vilaine : c’est donc là qu’eut lieu la grande bataille qui, au iz* siècle, assura l’indépendance de la Bretagne.

  1. Les oppida gaulois constituaient tantôt des villes, tantôt de simples lieux de refuge.
  2. Les camps romans (castra) étaient de véritables villes, fortifiées de murailles et de tours, dont l’une beaucoup plus vaste, ordinairement carrée, renfermée dans l’intérieur, et habitée par le commandant, a servie de type aux donjons du moyen-âge, communément appelée la Tour du Comte. Ces camps affectaient la forme d’un carré long plus ou moins irrégulier, et contenaient un prétoire, des marchés, des boutiques, etc. Pour les asseoir, ces conquérans cherchaient toujours la proximité des rivières, un terrain en pente douce, exposé au midi, ou des points élevés d’où la vue put dominer l’horizon. Dans ces enceintes fortifiées ou villes, ils faisaient passer à leurs troupes leurs quartier d’hiver. (Cours d’Antiquités de M. de Caumont, Ère Gallo-Romaine.) Outre ces castra, il y avait encore 1o les castella, qui n’étaient pas, comme on l’a dit jusqu’ici, des places d’un ordre inférieur, très-multipliées au V siècle, analogues ans châteaux barouaaux do mojea-ige., occupant un espace carré de 66 pieds en tous sebs, ressemblant aux donjons des xi" et xii’ -siècles’) d’après les fondations encore visibles de plusieurs d’entr’eux qu’on a découvert en tSïl ; mais bian des villes, comme vient de le prouver M. Hoet de la Forte-Maison, dans une liote annexée à son Histoire de Noyon, et que je citerai ^lus ba; ; 3’ des burjri beaucoup plus petjjts que ces place* ; S" des foin (lurres) tonnant un carre dé t mètres ; t" enfin des Jtotioiu (man’sio) on gltçs militaires, k une journée de dîrtance les uns des ’autres,. dans lesquels il y avait certains lieux publics ; granges, magasins nommés horrea, contenant des provisions pour les bommes et les chevaux, et en outre, des mesures de pierre et de cuivre. (V. Bergier, Histoire des Grands Chemins Romains, page 681 ; et la table Théodosienne, conservée par Conrad Peutinger.)
  3. Kemdatth, Kendatt ou Condate, selon la forme latine que les Romains ont donnée à ce nom, dit M. Moet de la Foqie-Maison, dans la savante lettre publiée page 7 de l’Histoire de Rennes, par MM. Ducrest de Villeneuve et Maillet, est un mot gaulois qui répond parfaitement au confluens des Latins et composé de can ou ken, préposition gallo-kimrique, équivalant au cum de ceux-ci, qui se rendait par con, dans les mots composés, et du verbe tatthlaw, en construction datthlaw, itinerare, ambulaeè, d’ou daith (avec le préfixe pronominal si fréquent en gallois) <(fnerare et jfmddatlod flueieere. Les Bretons, en se réfugiant en Armorique, ajoute-t-il, apportèrent bien avec eux le nom de Kemper, qui dans leur dialecte signifiait également confluent, et qu’ils donnèrent à plusieurs villes de la Petite-Bretagne, situées à des confluens de rivière, comme Quimper, Quimperlé ou Kemper-Ellé, etc. Mais Condate est plus ancien, et incontestablement gaulois et armoricain, puisqu’on le trouve répandu en Gaule, et même dans toutes les «contrées comprises sous le nom d’Armorique : témoin Condivicnum (Nantes), en gaulois Condiwic’hen, c’est-à-dire villes ou bourg du confluent, la finale du mot, wic’hen, étant un suffixe explétif équivalant au ens des Latins, Condate super Itonam (Condé sur Iton) ; Condate turonum (Coudé), etc.
  4. Au ive siècle, les villas ou maisons de campagnes gallo-romaine, étaient des bâtimens bordant des cours plus ou moins vastes, suivant l’importance de l’exploitation, entourées de murs, de palissades, de fossés, et quelques-unes seulement fortifiées. C’étaient donc de riches fermes environnées de basse-cour, pour nourrir des volailles et enclore des troupeaux.
  5. Cette petite rivière est désignée par le nom d’Isola, dans les lettres d’Hamelin, évêque de Rennes.
  6. M. de Caumont fait remarquer, dans son Cours d’Antiquités monumentales, que le système de défense des Romains s’étendait jusqu’aux habitations privées ou villas, et que plusieurs des enceintes qui nous restent furent destinées à les protéger et à pouvoir servir de retraite aux habitans du voisinage.
    M. le baron Huart dit aussi, que les empereurs distribuèrent des terres aux légionnaires vétérans chargés de la garde de la frontière, leur permirent de fortifier leurs demeures, et que plus tard, ils étendirent cette concession à tous les citoyens possesseurs de domaines.
    (Baron Huart, Bulletin monumental, IIe volume, no  5.)
  7. La plupart des enceintes militaires n’étaient pas d’une grande étendu ; le plus souvent elles n’entouraient qu’une partie des villes et n’étaient, pour ainsi dire, que les châteaux au citadelles des cités. Et, lorsqu’aux xiie et xiiie siècle on construisit assez généralement des enceintes beaucoup plus vastes, les fortifications gallo-romaines restèrent souvent intactes au milieu de la cité. De là, le nom de Castrum ou Castellum qu’on leur, donnait ordinairement. (Cours d’Antiquités monumentales de M. de Caumont, ère Gallo-Romaine, page 341.)
  8. Les neuf églises et l’un des cinq prieurés étaient en dehors des murs de la cité. Il y avait, en outre, dans le diocèse de Bennes, cinq abbayes : 1o celle de Saint-Melaine, de l’ordre de Saint-Benoit, de la congrégation de Saint-Maur, fondée au vie siècle, et dont le cartulaire, manuscrit du xive, contient des titres de 1121 à 1353 ; 2e celle de Saint-Pierré-de-Rillé, à Fougères, qui fut dans l’origine une collégiale de chanoines séculiers, élevée en 1030, par Auffroi, seigneur de cette ville, et transformée par ceux réguliers qui s’en étaient emparés 118 ans après, en une abbaye leur ordre vers l’an 1150 ; 3o celle de Saint-Georges-aux-Nonnains, fondée au xie siècle, et appartenant à l’ordre de Saint-Benoit ; 4o celle de Saint-Sulpice-aux-Nonnains, ou de bénédictines, située dans la forêt de Rennes, autrefois appelée forêt de Nid-de-Merle, à trois lieues nord-ouest de cette ville, comme l’indique un cartulaire manuscrit du xvie siècle, de notre bibliothèque, commençant par le tiltre du don que Conan, duc de Bretaigne, fist à sa sœur Ennoguent, abbesse de Sainct-Sulpice, de touttes les terres d’allentour du couvent, contenant, en outre, trente autres titres de Pierre de Mauclerc, de Charles de Bretagne, vicomte de Limoges, de Jehan, comte de Montfort, de la duchesse Anne, depuis l’an 1215 à 1516, et terminée par une bulle de l’an 1660 du pape Clément viii, et de la neuvième année de son pontificat, qui confirme tout les droits et privilèges de l’abbaye (Y. la Description des Notices et Extraits des Manuscrits de la bibliothèque publique de Rennes, par Maillet, page 822 et suivantes) ; 5o enfin, celle de Saint-Pierre-de-Marcheil : Monasterium Sancti-Petri-de-Marcheil, quod est situm in suburbio Rhedonis ante portam çivitatis magnam, anno 1031. (Dom Lobineau, T. II. page 109.) Je n’ai pu retrouver, malgré mes recherches dans la bibliothèque de Rennes, aucunes traces de l’endroit précis où avait dû se trouver ce monastère, fondé au xie siècle, mais que je crois avoir été compris dans les terrains en face de la porte Mordelaise, alors la grande porte de la ville.
    On comptait de plus, dans cette dernière, quatre prieurés : 1o celui de Saint-Morand (7 de la pl. V), qui s’éleva sur le terrain occupé plus tard parle couvent de la Trinité, et qui était renfermé dans la première enceinte ; 3o celui de Saint-Denis (25 de la pl. XV) qui était dans le même cas ; 3o celui de Saint-Michel-du-Viel-Chastel (11 de la pl. XV) qui avait été bâti vis-à-vis le château ducal, sur une partie de l’emplacement de la prison Saint-Michel et compris aussi dans l’enceinte ; 4o celui de Saint-Martin (31 de la pl. XV) qui se trouvait également dans l’intérieur de cette dernière ; le cinquième celui de Saint-Cyr, qui existait en dehors de celle-ci, en 1037, n’est pas indiqué dans le pouillé général de l’archevêché de Tours, imprimé en 1748.
    Enfin le nombre des paroisses était de neuf, savoir : 1o celle de Saint-Étienne (78 de la pl. XV) ; 2o celle de Toussaint (61 de la pl. XV) et de Saint-Sauveur-Feilleté (17 de la pl. XV) qui n’en était alors qu’une succursale et qui ne fut convertie que plus tard en paroisse ; 3o celle de Saint-Germain (47 de la pl. XV) ; 4o celle de Saint-Pierre-en-Saint-Georges (l’Abbaye) (43 de la pl. XV) ; 5o celle de Saint-Aubin ; 6o celle de Saint-Jean-en-Saint-Melaine qui occupait alors une partie de l’emplacement de l’entrée actuelle du Thabor ; 7o celle de Saint-Martin ; 8o celle de Saint-Hellier ; 9o enfin celle de Saint-Laurent-des-Viges.
  9. On a prétendu que Rennes voulut dire ville rouge. Mais je suis convaincu que cette interprétation provient d’une fausse étymologie du mot Rhedones, dont les Bretons ont fait Rouason, dans lequel la première syllabe leur a paru signifier rose ou rouge, Rho en gallois voulant dire rose et Red en Écossais où gaélique rouge. Il serait possible, cependant, que cette idée fut venue à l’étymologiste, envoyant tant de tuiles rouges employées à la construction des murailles d’enceinte de la cité. Mais il ignorait que le nom donné alors à Rennes était celui du peuple Rhedones, et non celui qui lui appartenait primitivement, lequel était, comme on sait, Condate.
  10. A l’époque où écrivait M. de Robien, cette église était celle abandonnée et transformée aujourd’hui en magasins de l’artillerie, qu’on voit dans la rue Basse, à l’extrémité Nord-Ouest d’un terrain vague, autrefois un cimetière, qui existe au bas de la rue de Change.
  11. On lit dans le Dictionnaire d’Ogée, relativement à la position de la ville gallo-romaine, ce qui suit : « Quelques historiens prétendent qu’elle était anciennement située sur la rivière d’Ille, et que son enceinte s’étendait depuis la paroisse Saint-Martin jusqu’à celle de Saint-Laurent (cette dernière touchait à la précédente vers la Visitation).
    « On a remarqué une longue suite de murs qui commencent au bas de la rue Saint-Dominique (Saint-Malo), dans le champ de la Cochardière. On y aperçoit l’emplacement d’une grande tour, qui se connaît à la couleur du gason qui est bien moins frais qu’aux environs. » (Dictionnaire d’Ogée, art Rennes, page 19.)
    Il est facile de voir que cet auteur qui publiait son ouvrage en 1774, a copié le manuscrit du président de Robien qui était mort dès 1755.
  12. A l’époque gallo-romaine, les maisons formant alors des espèces de faubourgs venaient se grouper autour de l’oppidum ou dans un voisinage assez rapproché. (V. Cours d’Antiquité Monumentales de M. de Caumont.)
  13. En dehors des murs de chaque enceinte ou castrum, il y avait une bourgade habitée par des laboureurs, des artisans, et d’autres hommes tant romains que bretons, qui se plaçaient sous la protection de la forteresse. (V. Cours d’Antiquité Monumentales de M. de Caumont, page 20, 5e Partie, Architecture militaire.)
  14. On ne connaît pas au juste l’époque de la reconstruction des villes gallo-romaines. Il y a tout lieu de croire, cependant, que beaucoup d’entr’elles, du moins pour la Germanie, furent rebâties par Probus qui, au rapport de l’empereur Julien, releva et reconstruisit soixante-dix villes pendant son règne, ayant duré de 276 à 283.
    Tous les savans, néanmoins, s’accordent à dire que les fortifications des villes gallo-romaines ont été généralement établies dans le iiie et le ive siècles, dans la crainte des invasions germaniques. (M. de Caumont, Cours d’Antiquités Monumentales, ère Gallo-Romaine, page 367, et Revue Française, 1837, t. 1, p. 76.)
  15. Après que Jules César est soumis les Gaules aux Romains, Auguste, son successeur, les divisa en Belgique, en Celtique ou Lyonnaise et en Aquitanique. Hadrien rattacha l’Armorique à la 3e Lyonnaise, et l’un et l’autre y pratiquèrent des routes, y fondèrent des villes.
    Cette dernière reçut le nom de Lyonnaise parce que Lyon fut établie métropole de cette province.
    La 1re comprenait Lyon (métropole), Autun, Langres, Châlons, Mâcon.
    La 2e renfermait Rouen (métropole), Bayeux, Avranches, Bayeux, Lisieux, Sées, Coutances.
    La 3e, Tours(métropole), Angers, Le Mans, Rennes, Nantes, Vannes, le pays des Curiosoliles, des Ossismiens, des Diablintes, et généralement toute la Bretagne.
    Trois cohortes y tenaient garnison. La troisième était à Rennes. En effet, dans la notice des dignités de l’Empire, qui remonte au ive siècle, on lit : Præfectus lætorum francorum, Redonas, lugdunensis tertiæ ; et dans celle des Gaules, qu’on croit avoir été rédigée sous le règne d’Honorius, de 395 à 425, ou du iv e au ve siècle : Provincia Lugdunensis tertia, civitas Rhedonum.
    Le duc d’Armorique avait sous ses ordres dix cohortes, dont la notice des dignités de l’Empire indique les principales garnisons. Il existait, en outre, probablement, des camps d’observations dans les lieux les plus exposés aux invasions, et dont les cohortes fournissaient les détachements. Ils sont encore désignés, aujourd’hui, par les noms de castels, castelets, casteliers, castillons, camps de César, camps des Romains.
    Charlemagne conserva, ajoute M. de Caumout, pour la garde des frontières, l’organisation romaine. Ainsi, des comtes étaient chargés de la défense d’une certaine étendue de pays, comme au temps où fut rédigée la notice des dignités de l’Empire.
    Les peuples barbares qui avaient reçu des terres sur les frontières de ce dernier, avaient conservé une organisation militaire ; tandis qu’au ixe siècle, ) l’intérieur, il n’y avait que les villes et un très-petit nombre de bourgades qui pussent opposer une sérieuse résistance, les châteaux étant encore très-rares sur les frontières. (Cours d’Antiquités Monumentales, 5e Partie, Architecture militaire, par M. de Caumont.)
  16. « Les Armoricains s’unirent aux Francs, dit dom Morice dans son Histoire de Bretagne, p. 13, et Clovis fit alliance avec eux en 497. Les garnisons romaines enfermées dans l’Armorique, et très-faibles, consentirent à se joindre à eux (ce qu’ils avaient fait des 409 contre les Francs). Seulement, pour conserver encore quelques restes de la dignité de l’Empire, ils voulurent qu’il leur fut permis de garder leurs armes, leurs enseignes, leur discipline et leur manière de s’habiller et de combattre. » (V. l’Histoire de Bretagne par Dom Morice, et l’Art de vérifier les Dates.)
    D’après plusieurs savans, Rennes, Vannes et Nantes auraient été temporairement soumises aux Francs sous la première race, mais le reste de la Bretagne leur aurait échappé. (V. Vertot, Lobineau, Daru, Ducrest de Villeneuve, etc.)
    L’histoire nous a conservé, dit M. de la Monneraye, dans un mémoire lu au congrès de l’Association bretonne, tenu à Nantes, au mois d’août 1845, le souvenir de l’époque où les Romains furent contraints d’abandonner l’Armorique. En effet, nous apprenons de Zozime, livre VI ; qu’au commencement du ve siècle, les Bretons et quelques peuples des Gaules réussissent à se soustraire à l’obéissance de l’Empire et à reprendre leur indépendance. « Les habitans de la Grande-Bretagne, continue Zozime, ayant pris les armes, délivrèrent les villes de leur île des incursions des étrangers. Les Armoriques et les peuples des Gaules, suivant leur exemple, chassèrent les magistrats romains et établirent parmi eux un nouveau gouvernement. Ce soulèvement de la Grande-Bretagne et des Gaules arriva au temps même de l’usurpation de Constantin (407), qui par sa lâcheté avait donné aux barbares la hardiesse de courir et de piller ces provinces. » Ainsi donc, durant quatre siècles, les Romains et leurs colonies ont occupé notre pays. Chaque jour vient nous apprendre la découverte de quelques vestiges de leurs antiques constructions. Sous la poussière de plus de quatorze siècles on retrouve la trace de leurs pas, depuis Rennes jusqu’au cap Saint-Mathieu, depuis Nantes jusqu’au-delà de Quimper. Les ruines de leurs habitations, les remparts de leurs camps, les traces de leurs voies, les restes de bains ou d’aqueducs témoignent de leur permanent et laborieux séjour au sein de la Bretagne. Le champ des découvertes est en partie défriché, mais il reste encore beaucoup à faire aux travailleurs. La création de sociétés d’archéologie départementales donnera plein essor à l’étude des antiquités de la Bretagne et doit faire espérer que dans peu d’années on aura moins à regretter le silence de l’histoire sur la période de l’occupation romaine, et qu’il sera peut-être, possible de restituer la géographie ancienne de cette contrée.
  17. Ogée commet ici une erreur manifeste, puisque Charles le Chauve, lors de sa première incursion en Bretagne, en 842, avait été vaincu, et qu’en 845 on ne trouve pas de preuves qu’il soit venu investir Rennes, mais qu’au contraire, comme les chroniques du temps, le font connaître, il livra plusieurs batailles à Nominoé hors du territoire breton, celui-ci étant allé à sa rencontre pour l’attaquer, après avoir passé la Loire, avoir pénétré en Aquitaine et marché contre les Angevins, comme on en a la certitude par le combat qu’il engagea contre lui à Ballon, à six lieues du Mans, et non auprès du prétendu monastère de Ballon, dont les ruines ne se retrouvent ni à Bains ni dans les environs de Redon, malgré que les historiens bretons, pour donner au fait quelque
  18. C’est là qu’était la vieille horloge ou tour de Saint-James, peu loin de la porte Jacquet (36 de la pl. XV). Cette dernière donnait sur l’ancienne rue du Puy-du-Mesnil, et devait se trouver un peu au delà du côté Est du bas de la rue actuelle dite Châteaurenault.
  19. La porte Baudraëre correspondait à l’angle du magasin de M. Leveillé, à peu près au milieu du carrefour situé entre la rue de Volvire et celle de Beaumanoir ; et la tour qui la défendait, à l’angle Sud-Ouest de l’Hôtel-de-Ville, seulement elle avançait à la fois dans la rue de l’Horloge et celle de Volvire.
  20. A Saintes, ville fortifiée par une ceinture de murailles gallo-romaines, il existait, comme à Rennes, une porte appelée Aiguière ou Aivière (Porta Aquaria) donnant sur les prairies de la Charente formées par les attérissemens de cette rivière. (Cours d’Antiquité, de M. de Caumont, 3e Partie, Ère Gallo-Romaine, page 395.)
  21. Une faute de typographie nous a fait, à la troisième ligne de la page 7 de ce livre, évaluer l’épaisseur des sables gris à 24 ou 30 décimètres, c’est de 45 à 80 centimètres qu’il faut lire ; de même qu’à la dixième ligne de la même page, au lieu de 2 mètres au plus de puissance, c’est 1 à 2 mètres qu’il faut également lire ; et enfin à la septième de la 3e, au lieu de 5 à 6 mètres, 2 mètres et demi à 3. Nous tenons à relever ces erreurs qui tendraient peut-être à jeter des doutes sur la précision des mesures précédentes et sur celle des autres qui vont suivre et que j’ai indiquées fig. 1, 3 et 4 de la pl. XIII.
  22. Au ve siècle, dit M. de Caumont, la masse des populations restait romaine et les Barbares eux-mêmes subirent l’empire des conquérans. L’architecture de cette époque offre donc tous les caractères de celle romaine mais dégénérée, abâtardie, altération que les Goths, en s’emparant de l’Italie à la même époque, avaient déjà commencée, et qui s’étendit avec le style roman jusqu’aux xie et xiie siècles, au moins dans la Normandie et l’Angleterre.
    D’ailleurs, les armées romaines ne renfermaient pas des architectes de premier ordre, elles n’avaient que des ingénieurs et des ouvriers qui accompagnaient et précédaient les troupes, pour aplanir les routes, jeter des ponts sur les rivières, préparer les campemens, élever des retranchemens, des forteresses, sorte de corps du génie militaire qui dépendait du maître des offices.
    Dans l’église de Savenières, sur la rive droite de la Loire, on voit sur une partie de muraille qui, suivant M. de Caumont, remonte aux vie et viie siècles, une construction analogue à celle du petit appareil, mais à différentes hauteurs, de larges bandes de briques disposées en feuilles de fougère, avec trois petits cordons composés seulement d’un double rang de briquet posées à plat. (Pl. XLVI de l’Atals de l’ouvrage de M. de Caumont.)
    Dans l’architecture romaine et romane primitive, ajoute le même archéologue, lorsque, dans les édifices construits en moëllon, on s’est servi de pierres plates, elles ont presque toujours été rangées sur le côté et inclinées alternativement à droite et à gauche, ou formé une maçonnerie en feuilles de fougère et en arêtes de poisson, (fig. 9 de la pl. XLVIII de l’Àtlas du Cours de M. de Caumont.) Enfin, dans les constructions des viie, viiie et ixe siècles, on a quelquefois employé dans les murailles des briques semblables à celles des constructions romaines. (Page 163 du même ouvrage, Ère Gallo-Rom.)
  23. Les camps romains, véritables villes fortifiées, dans l’enceinte desquels les troupes passaient leurs quartiers d’hiver, étaient carrés ou oblongs, à angles arrondis ; mais les difficultés du terrain obligeaient souvent à déroger à la règle. (V. Cours d’Antiquité de M. de Caumont, Ère Gallo-Rom.) L’enceinte gallo-romaine de la ville de Reims avait la forme presqu’ovale de nos cités gallo-romaine, et était adossée à la petite rivière la Vesle, sur un terrain en pente. La même forme a été retrouvée, par M. Moet de Forte-Maison, dans l’enceinte de Noyon, laquelle diffère peu de celle de Rennes. Le circuit de la muraille d’Auxerre forme également, comme dans la dernière, une espèce de polygone irrégulier commandé par les localités. Enfin, l’enceinte gallo-romaine de Beauvais se rapproche aussi beaucoup de la forme de celle de Rennes, puisqu’elle offre un pentagone irrégulier, ou plutôt un parallélogramme, dont un des grands côtés serait remplacé par une ligne brisée, comme dans les côtés Nord et Ouest de Condate.
  24. Les populations malheureuses de cette époque, dit M. de Caumont, employèrent pour conjurer les nouveaux malheurs qui les menaçaient et se défendre, les débris de monumens somptueux et la pierre même des tombeaux, parce qu’aux termes de la loi romaine, la ville une fois prise par l’ennemi, les monumens sacrés cessaient de l’être, et que l’on pouvait en employer la pierre à toute espèce d’usage, parce qu’en outre l’enceinte murale était, d’ailleurs, un objet sacré et qu’elle pouvait recevoir des monumens funéraires. « Cum loca ab hostibus capia sunt, desinans omnia religiosa esse… Ideoque lapieds inde subiatos in quemlibet usum convertere possumus. » (Jac. de Gutherii, de Jure manium, lib. III.)
  25. En général à Rennes, comme à Noyon, toutes ces maisons, de même que celles autour du périmètre de l’enceinte gallo-romaine, sont de 12 à 15 pieds plus basses que le sol de la ville de cette époque. Elle se trouvent presque toutes sur les fossés qui ont été comblés et adossées muraille, en en conservant en quelque sorte la forme, mais d’une manière très-irrégulière.
  26. La muraille dans ce point bornait, vers le Nord-Ouest, l’ancien placis Conan ou de la Vieille-Monnaie (31 de la pl. XV), qui occupait tout l’espace compris entre l’hôtel Coniac, le point sur lequel s’éleva l’École d’artillerie, et au Sud, une faible partie des jardins du petit hôtel de Coniac.
  27. J’ai trouvé depuis, dans une carte de Samson, gravée en 1611 et intitulée Gallia Antiqua descriptio Geographica, la confirmation que par induction j’avais été amené à donner à la rivière d’Ille, par rapport à Condate ; et, en outre, celle du point précis de la Vilaine ou le même cours d’eau venait se jeter et que j’avais également assigné, comme celui où devait se trouver le confluent de ces deux rivières. Il est, en effet, facile de se convaincre, en jetant les yeux sur cette carte, que Condate, est absolument situé à ce dernier, et qu’il y est représenté d’une manière identique, seulement la Vilaine y est désigné sous le nom de Vicenonia fluvius.
  28. M. de Kerdrel m’a dit avoir retiré, avec M. Paul de Villeneuve, de ce petit fragment de muraille, une grande brique à crochet.
  29. L’Hôtel-de-Ville actuel fut construit en 1695 et augmenté d’un pavillon (Présidial), vers le fossé de la ville (Dictionnaire d’Ogée, {{sc[Rennes}}, page 62). C’était un peu au-dessus de ce point, que se trouvait l’ancienne rue de Change pratiquée à travers une coupure faite à la muraille de la première enceinte élevée sur celle gallo-romaine, lorsqu’elle fut devenue inutile par suite de la construction d’une seconde, laquelle rue se continuait en dehors de celle-ci. Mua le nom du Puy-du-Mesnil, répondant à l’endroit où se trouve aujourd’hui la rue de l’Hermine.
  30. La Cohue ou Halle, dans l’ancienne ville (14 la pl. XV), oocupait tout l’espace sur
  31. Les constructions romaines, dit le même auteur, détruites la plupart par les Barbares, aux ive et ve siècle, n’ont cessé d’être exploités depuis cette époque et de fournir des matériaux pour d’autres, et l’on se figure à peine quelle prodigieuse quantité de monumens antiques ont été renversés dans les siècles suivans, surtout dans les xiie, xiiie et xive où l’on bâlit tant d’églises, et plus tard aux xvie et xviie siècles, où les villes sacrifièrent leurs monumens les plus précieux pour se procurer des places plus vastes et des rues plus larges et mieux alignées.
    C’est ainsi que même, dès le viie siècle, Charlemagne avait permis d’abattre les murs gallo-romain pour y prendre des matériaux pour la construction des oratoires, des chapelles et des églises ; qu’au ixe, Louis le Débonnaire avait également accordé à Ebhorn évêque de Rheims, les murs de la cité, pour l’agrandissement et la réparation de l’église cathédrale de Notre-Dame, et fait d’autres concessions analogues, comme de permettre aux moines de Saint-Martial de Limoges, d’employer les pierres de l’amphithéâtre de cette ville à construire leur église. (Cours d’Antiquité Mon., 5e Partie, page 57.)
  32. Ce pont était nommé de l’Ile, à cause de l’ilot auquel il donnait passage. Il avait également été appelé pont de la Porte-de-Vilaine, à laquelle il aboutissait à peu près vers le bas de la rue du Cartage. Cette porte avait remplacé celle dite Aivière. (V. Histoire de Rennes, par MM. Ducrest de Villeneuve et Maillet, page 161.)
  33. L’ancienne rue de la Poissonnerie comprenait tout le bout parallèle à la rivière qui faisait suite à la rue des Juifs, et s’étendait, depuis le côté Est de l’extrémité du pont de l’Ile regardant la rue du Cartage jusqu’au bas de la rue de Rohan, tandis que la rue des Juifs commençait vis-à-vis la maison de M. Fablet, un peu avant la tour d’Apigné, et continuait jusqu’au point qui était occupé par le vieux moulin de la Poissonnerie.
  34. Ce ne fut qu’après que Louis le Débonnaire eut, en 814, nommé, comme son lieutenant en Bretagne, Nominoé, et que ce dernier eût relevé les murailles de l’ancienne ville gallo-romaine ruinées et rasées par lui, et qu’il se fut révolté centre son fils Charles le Chauve qui lui succéda, que ce dernier se décida à marcher contre lui une première fois, en 842, où il fut repoussé et vaincu ; et une seconde, en 845, où son adversaire vint au-devant de lui, et lui livra la fameuse bataille de Ballon dans le Maine ; qu’enfin en 849, comme je l’ai déjà fait connaître, il entra dans Rennes, et plus tard, en 851, il en rasa les murs.
    Malgré que Geoffroy le bâtard, fils d’Alain, et comte de Rennes, les eût relevés et un peu augmentés, la ville n’en tomba pas moins au pouvoir d’Alain Fergent. Ce dernier, en reconstruisant de nouveau en partie ces remparts, forma, en 1084, une nouvelle enceinte à l’est de la première, qui devait enfermer dans le cordon de murs crénelés et de tours qu’il se proposait d’élever, le Champ-Jacquet et l’abbaye de Saint-Georges. Mais commencée par lui, elle ne put empêcher Henri ii d’Angleterre de prendre Rennes en 1183, et de mettre la ville à feu et à sang. En 1237, Pierre de Dreux fit creuser autour de celle-ci de nouveaux fossés, dits fossés Gohier, qui l’étendaient d’un côté jusqu’aux moulins du Bourg-l’Evéque, et de l’autre jusqu’au puits en fontaine de Beaumont.
    Cette seconde enceinte ne fut exécutée qu’au xive siècle par Jean v, et à peu près terminée par lui qu’en 1443 ou plutôt qu’en 1458, tous François ii.
  35. Il est constant, dit M. de Caumont, que toutes les villes gallo-romaines ont été entourées de remparts. Les murs étaient construits en pierres, avec des cordons de briques, et n’étaient pas d’une grande étendue. Elles étaient liées avec un ciment dans lequel on remarquait des assises de briques placées à des distances inégales en nombre de 2 à 3, ou de 5 à 7, séparées les unes des autres par des couches de ciment d’épaisseur à peu près égale à la leur.
    La base était formée de pierres taillées et posées sans ciment, ayant appartenu à des monumens autres et offrant des mortaises qui avaient servi à les lier les unes aux autres par des coins de bois de chênes à double queue d’aronde, ou par des crampons de fer. Dans les gros blocs, à Orléans, on remarque sur presque tous les mêmes traces, et on trouve fréquemment, en outre, des débris de fûts de colonnes, d’entablemens, de pilastres, de chapiteaux, de pierres tumulaires, de bas-reliefs et même des statues plus ou moins mutilées.
    On peut, dans ceux de la muraille du bas de la rue du Cartage, reconnaître les mêmes mortaises qu’on voit représentées avec crampons dans la fig. 6 de la pl. XVIII de l’Atlas du Cours d’Antiquités monumentales de M. de Caumont.
    M. Moet de la Forte-Maison, en étudiant le mur gallo-romain de Noyon, a retrouvé à peu près les mêmes dimensions dans ces blocs, toutefois un peu plus considérables : ainsi, 4 à 5 pieds de longueur sur 2 d’épaisseur. On a également reconnu que ceux-ci, débris en partie de grands édifices déjà ruinés ou détruits aux ier et iie siècles pour reconstruire ces enceintes gallo-romaines, font également partie de celles antiques de Saintes, de Tours, d’Orléans, d’Auxerre, de Sens, du Mans, etc.
    Dans la muraille gallo-romaine de Beauvais, ces fondations étaient également composées d’énormes cubes équarris, rapprochés sans ciment ni liaison, et apparaissant au niveau de l’eau.
  36. Cette muraille serait donc un peu moins épaisse que celle de Noyon, qui, d’après M. Moet de la Forte-Maison, avait dans la partie haute de l’enceinte de la ville 5 mètres à 5 mètres 35 centimètrès (15 à 16 pieds) d’épaisseur, et dans la partie la plus basse de la même, de 7 mètres 67 centimètres à 8 mètres (23 à 24 pieds) (Antiquités de Noyon, note de la page 77), et que celle de Beauvais, dont l’épaisseur était de 6 mètres 67 centimètres (20 pieds).
  37. Au ve siècle, lors des invasions des Barbares, après la domination des Romains, c’est-à-dire dans les vie, viie, viiie, ixe siècles et les suivans, on se servit des forteresses que ces derniers avaient établies et on en construisit peu de nouvelles.
    Les édifices militaires élevés au vie siècle et au suivant ne consistèrent, pour la plupart, que dans quelques réparations faites, aux enceintes ou murailles de presque toutes les villes, par les soins des comtes ou des évêques qui les gouvernaient et les habitaient.
    L’influence romaine se continuait dans les arts, les mœurs et les institutions des
  38. Le ciment romain était composé de chaux, de briques pilées et de quarz ou sable. On en a trouvé aussi, dit M. de Caumont, mais rarement à la vérité, qui n’en contient aucunes parcelles. On remarque souvent, dans les murs de cette époque, des assises horizontales de grandes briques séparées par des couches de ciment d’une épaisseur égale à la leur. Le mortier est aussi très-épais entre les pierres qui y sont en quelque sorte noyées. Dans les murs très-larges ou de fortifications il n’y a, en général, qu’un rang de briques. Les ornemens en brique incrustées, formant une sorte de marqueterie, appartiennent au ve et vie siècles. (Cours d’Antiquité de M. de Caumont, Ère Gallo-Romaine.)
  39. Les grandes briques à rebords, quoique destinées aux toits, ont été parfois employée dans les murs par les Gallo-Romains, lorsqu’ils n’en avaient pas d’autres. (Note de la page 182 du Cours d’Antiquité de M. de Caumont, Ère Gallo-Romaine.)
  40. Ces briques, évidemment gallo-romaines, larges de 28 centimètres sur 38 de longueur et d’épaiMelit, t>o’t*i> un X *<>r la tranche et une entaille caractéristique 4 l’une de leurs extrémités, étaient complètement identiques i celles représentées ftf. 1 1 et la pl. XVII de l’ouvrage de M. de Caumont, et formées d&^ins de sable qnarteui iniroduits à dessein dans la plte ptiur lui donner plus de, dureté.
  41. On sait que les Romains bâttissaient beaucoup en briques, à cause de la solidité qu’elles prenaient dans le mortier, qu’ils employaient toujours très-abondant, et que leur appareil, dit opus spicatum, était, dit Vitruve (lib. vii, ch. i), ex laterculis in modum spicae dispositis, a spina de persce. Dans la villa de Thesée, représentée fig. 4 de l’Atlas de l’Ouvrage de M. de Caumont, on voit, en A, un fragment de mur offrant en même temps, l’opus spicatum associé au petit appareil et eux rangs de briques.
  42. Une palme était de 9 pieds ou quatre travers de doigt ; — quatre palmes formaient un pied ; — Le pas était de cinq pieds. Dès-lors le pas romain devait compter de la pose à terre du pied droit à la pose suivante du même pied sur le sol, tandis que le nôtre compte de la pose d’un pied à celle de l’autre ; — Le stade était de 125 pas ; — Le mille (milliarium) était d’environ 8 stades on d’une denti-lieue française ; — Deux milliaires formaient la lieue française de 2,000 pas géométriques ; — La lieue antique gauloise avait 1,500 pas.
  43. Pour prouver combien l’on est peu fixé sur la véritable position de l’Ad fines, qu’il me suffise de faire connaître, dit cet antiquaire, la diversité des opinions émises à ce sujet.
    Samson plaça Fines à Pontorson ; l’abbé Gallet l’a critiqué sur les distances qu’il a fournies, sur les lieux où il établit les stations romaines, et croit qu’il convient mieux à Fougères qui était sur les confins des Radones et des [illisible]. Son avis a prévalu a Dom Morice, dans son Histoire de Bretagne, l’a adopté. Aussi donne-t-il la plus singulière ligne pour aller de Condate à Cosedia (Coutances). Antérieurement à 4750, le président de Robien, ch. xii de ses Recherches sur la Bretagne (Manuscrits de la Bibliothèque de Rennes), avait signalé dans les landes de Romazy, un fragment de voie qui se rendait à Feins, sans savoir qu’il s’y croisait avec la voie d’Alauna.
    Dauville, dans sa Notice des Gaules, qui n’avait point trouvé entre le bourg de Feins et Rennes, la distance de XXIX marquée par l’itinéraire entre Ad fines et Condate, repousse la conjecture de Samson, mais vint le placer faussement à un petit bourg nommé Wines ou Humes, au delà de Pontorson, afin de pouvoir en changer le W ou l’HU en F et en faire Fines.
    L’abbé Déric (Histoire Ecclésiastique de Bretagne, 4777, page 9) a battu en brèche celte opinion et établit l’Ad fines à Feins.
    Suivant M. Bizeul, le fragment de voie romaine de deux lieues de long, reconnu dans les landes de Romazy, en dit plus que tout ce qui précède et juge la question. (Note de M. Bizeul.)
  44. Rien ne prouve qu’à l’époque gallo-romaine, Dinan fut nn point important, étant dans un voisinage aussi rapproché de Corseul. Peut-être le passage de la voie et la construction de quelque camp pour la protéger, ont-ils été l’origine de son château.
  45. Aletum (contraction de Diabletum, suivant quelques auteurs) était dans le pays des Diablintes qui occupaient le territoire d’Aleth et de Dol, dont Corseul pour les uns, Noiodunum, suivant Ptolemée, et La Noue (aujourd’hui Châteauneuf) pour les autres, étaient la capitale.
    Déric pense que les Diablintes, trop resserrés entre les Cennomani et les Arvis, passèrent à Dol qui, au ive siècle, n’était qu’un pagus ou canton, et dont tous les terrains étaient couverts d’une forêt qui allait Joindre celle de Chaucey et se prolongeait dans le pays d’Aleth. (Déric, page 28.)
    Celle-ci qui s’étendait dans tout l’espace occupé par le bras de mer, entre Cancale et Granville, et qui était protégée contre la mer par une chaîne de rochers qui porte encore maintenant son nom, fut ensevelie en 709.
    Quant à Aletum, ce n’était pas une ville mais seulement un point occupé par une garnison, et encore fut-il inconnu pendant les trois premiers siècles de la domination romaine.
  46. Les peuples de la Gaule celtique avaient été traités plus doucement par les Romains vainqueurs. Ils avaient conservé leurs villes, leurs terres et l’autorité de leur sénat composé des notables du pays.
    Dans chaque province, il y avait, sous la domination romaine, une métropole. Ainsi, pour la seconde Lyonnaise, Rouen (Rotomagus) ; pour la troisième, Tours (Cassaromagus), il y existait aussi des villes capitales telles que Nantes (Condivicinum), Rennes (Condate), Quimper (Corisopitum), Vannes (Doriorigum) qui furent transformées en évêchés suffragans. C’est ainsi que la hiérarchie ecclésiastique se greffait sur celle romaine. (Court d’Antiquités Momumentales de M. de Caumont, Ère Gallo-Romaine.)
    L’évêché de Rennes, suivant M. de Blois, ne fut fondé que postérieurement à l’invasion des Bretons insulaires, qui vint acroître les forces des Bretons indigènes ; et il eut pour fondateur un missionnaire romain ou gallo-romain. Quelle qu’ait été l’empreinte de la civilisation romaine anciennement laissée au pays de Rennes, elle est encore mieux marquée dans l’histoire et les monumens de celui de Nantes. Les formules de plusieurs actes écrits pour l’Anjou et la Touraine, au ixe siècle, prouvent qu’Angers avait encore, à cette époque, sud organisation en Curies : Nantes ne conserva pas la sienne aussi long-temps. C’est dans l’histoire ecclésiastique et féodale de la France et les privilèges accordée par les empereurs romains aux églises, dit le même auteur, qu’il faut chercher l’origine des regarius ou de la juridiction des évêques. A la fin du ive siècle, les formes de l’organisation administrative des Romains s’étendaient à tout le territoire breton, et les cinq cités qu’il renfermait avaient les titres d’offices accoutumés dans les municipes romains : seulement au sein des unes, ces institutions s’appuyant sur le développement qu’avait pris la civilisation de la métropole purent survivre à la destruction de la puissance romaine ; tandis que dans les autres, au conifaire, d’où l’insurrection partit probablement, ces mêmes institutions n’eurent qu’une existence nominale.
    M. de Blois pense que la juridiction des évêques de Rennes et de Nantes n’était pas la même que celle des autres évêques bretons, et que cette diversité provenait de ce que ces diocèses étaient dé fondation gallo-romaine, tandis que les autres évêques de la Bretagne étaient de création purement bretonne. (V. le Compte-Rendu de la séance du 7 août, de la Section d’Archéologie du Congrès, tenu à Nantes en 1845.)
  47. Les évêques qui prêchèrent l’évangile au ive siècle, dans les provinces de l’Ouest, élevèrent d’abord des oratoires, et dans la seconde moitié du ve, ils en construisirent de plus vastes.
    Au commencement du viie siècle, le Paganisme régnait encore dans plusieurs endroits de la seconde et de la troisième Lyonnaise (Cours d’Antiquités Monumentales de M. de Caumont, IEe Partie, page 67.)
    Les évêques, les prêtres, et ensuite les chanoines ne vivaient, jusqu’au viiie siècle, que d’aumônes, temps auquel Charlemagne et ses enfans jetèrent les fondations de la dîme, qui ne devint un droit positif que plusieurs siècles après. Les évêques étaient de rentables juges de paix et ils se regardaient comme les imitateurs des Apôtres. Aussi, jusqu’au commencement du xiiie siècle, furent-ils fixés au nombre de douze. Ce ne fut qu’en 1223 qu’ils furent portés à quinze et que les jugemens jadis, appelés de paix, commencèrent à se faire par des duels ; de même que ce n’avait été que sous Alain Fergent, au xie siècle, qu’on avait établi les sceaux pour sceller les actes, et que les surnoms commencèrent en Bretagne. (Nouveau Dictionnaire d’Ogée, par MM. Varin et Marteville, page 119.)
  48. Elle devait occuper l’espèce de petit cul-de-sac qu’en voit, entre l’ancien hôtel Pineuc ou de l’Europe, et le vieil Hôtel-de-Ville sur l’emplacement duquel s’élèvent actuellement les bâtimens de l’école d’artillerie.
  49. Bien que la note que j’insère ici puisée paraître n’avoir aucun rapport avec le sujet que je traite en ce moment et être une sorte de hors-d’œuvre, et qu’elle eût été bien mieux placée à celle no 4 des pages 192 et 206 de cet ouvrage auxquelles je n’ai pu l’ajouter, parce que cette partie était déjà imprimée, lorsqu’on me l’a. communiquée, je ne la ferai pas moins paraître, à cause de l’importance dont elle pourra être, pour élucider un point d’histoire controversé et difficile à traiter, et à cause des recherches curieuses dont on l’appuie, de l’intérêt qui s’est attaché au mémoire dont elle est en quelque sorte le résumé, et qui a été lu par M. de la Borderie, dans la séance du 5 juin dernier de la société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine. Je laisserai donc parler l’auteur lui-même :
    « M. Marteville, éditeur d’Ogéé, a émis (art. Bains) l’opinion que la bataille de Ballon, dans laquelle Nominoé mit en déroute complète l’armée des Francs (845), s’était livrée dans le Maine, près de la petite ville de Ballon, située à six lieues du Mans, et non, comme disent les Bénédictins et la plupart des historiens bretons, aux environs de Redon, pris d’un monastère de Ballon, aujourd’hui, détruit.
    « Cette opinion nouvelle est erronée, car 1o la chronique de Fonlenelle et celle de Réginou (écrites toutes deux dans le ixe siècle et par des contemporains) disent formellement que les Francs entrèrent en Bretagne pour livrer le combat : « Carolus Britatmiam intravit, pugna committitur.
     » (Regin. ap. Pertz, t. 1er , p. 570). — « Franci Britanniam ingressi…… commisso eum Brittonibus prælio, Brittones superiores effecti sunt. » (Chronicon Fontanellense. ap. D. Bouquet, t. vii, p. 41) ; 2o la chronique de Nantes dont M. Marteville cite, à l’appui de son assertion, un passage tronqué, est manifestement contraire à la thèse qu’il soutient, dans les lignes qui suivent celle où l’éditeur d’Ogée s’est arrêta dans sa citation ; 3o les deux autres chroniques qu’il rapporte, s’expriment dans des termes trop vagues, pour qu’elles puissent prévaloir contre les assertions formelles de Réginou, de la chronique de Fontenelle et contre le sens de la chronique de Nantes ; 4o Réginou, après la description du combat, dit en parlant des Bretons, in sua se recolligunt, d’où H. Marteville conclut que puisqu’ils se retirent dans leur pays, c’est-à-dire en Bretagne, après le combat, ce dernier avait été livré hors de la Bretagne ; mais pour renverser ce raisonnement, il suffit de remarquer que le pays de Redon, où se donna la bataille de Ballon, suivant nos Bénédictins, se trouve sur la frontière du pays
  50. Voir l’Histoire de Rennes, par HM. Docrest de Villeneuve et Maillet.
  51. Consulter un mémoire de M. Bizeut sur quelques voies romaines en Poitou, page 75.
  52. Cet antiquaire en fournira sans doute quelque jour la preuve. Cette suscription doit être attribuée au dernier des Gordiens, consul pour la première fois en l’an 339, et qui avait tous ces titres que les autres ne prirent qu’après leur second consulat.
  53. Ce Suffrenus, évêque de Rennes, après que Maxime se fut retiré, avait siégé l’an 67, la dernière innée du pontificat de saint Pierre, la deuxième de la persécution suscitée par Néron contre l’église, et avait, nonobstant celle-ci, continué la conversion des Rennais, et ruiné le temple dédié à la déesse Isis, situé hors la ville, à l’endroit où existait la tour Saint-Georges. (Catalogue chronologique et historique des Evêques de France, par F. Albert le Grand, de Morlaix.)
    On voit que le passage de Maxime dans l’Armorique était pour cet auteur, comme pour tous les autres légendaires ou historiens bretons, une tradition sacramentelle.
  54. M. de Kerdral pense, d’après un canon d’un concile tenu à Tours, en 567, qu’il n’y avait guère dans l’Armorique, à cette époque, que des Bretons et des Gallo-Romains et nullement des Francs, ou qu’ils étaient en nombre imperceptible, tandis qu’il y avait des Saxons, puisque saint Félix en convertit un grand nombre dans l’évêché de Nantes, et qu’il s’en était établi sur les bords de la Vilaine, comme le iloDDePaieDt i pnuer quelques passages du cartulaire de Redon.
    M. de Courson croit que les Bretons ou Armoricains eux-mêmes fondèrent, au dehors, des Établissemens, car il dit en avoir rencontré des traces dans la HoUande où est Brilteoibuif, dana le Maine où sont les paroisses de Landean et LaDdivy, dans l’Espagne vers laquelle se dirigea une des ailes de l’atmée de Maxime, et où Ton tronve encore, au vif siècle, te mo* amtxe de Maxline et l’évéché da Bretons devenu depuis celui d’Oviedo. M itdem Britmau ’ Kkske quarmUintro Britowa WM cumnKmaaIerio Maxmi a gaœ In Aêtur^ «ml i3. (Louîaa, Conciles d’Espagne, pages 129,488, U3,1ft(.)
    M. de Kerdrel a découvert les vestiges d’une colonie bretonaq au sud de la Loire, dans la paroisse de FrasBaf. En effet, au nr siècle, les propriétaires et les e^ons de ce terriiinre portaient, pour la plupart, des noms bretons. Or, dèsleix’.it n’y avait plus que des noms Traocs dans toute la Eaut»-Bretagne. Et, en outre, oo trouve dans une vie tort ancienne de saint .Dabnat ce psnage : Dttidmio nftrtuê pimtifm, eMtlkmi rtgli Tltwdolitrti UaUbat » vidvrt pnueMIam aimqua ai ilhtm itewlMmu* anhit fettmoM in ultnr-ligeranii patUbat, u quodam ioeo uU aliqttia (ut (la dieaoi) Itgio Sritoiyum imMwf, ve^trlîMm hotpitatilaltn ba- buifw norroitir. » (Rec. des Hist. de France, T. ni, ann. 533. — Compte-Rendu du Congrès tenue NaDieaeoaoftt 18(B, séance du 7.).
  55. Je dois à l’obligeance de M. Maillet, bibliothécaire de la ville de Rennes, l’indication de plusieurs documens intéressans, et celle d’ouvrages dans lesquels j’ai pu puiser quelques-uns de ceux qui vont suivre.
  56. Maxime, suivant les historiens bretons, remonta la Vilaine, et après avoir défait les troupes qui s’opposaient à son passage, se présenta devant Condate, somma la ville de se rendre. Sulpice, capitaine gaulois qui y commandait pour l’empereur, obéit sur-le-champ et ouvrit les portes. (Ogée, Dictionnaire de Bretagne, art. Rennes.)
    J’ai dit précédemment que cette tradition historique n’avait malheureusement pas été, jusqu’ici, prouvée d’une manière suffisante pour qu’on dût l’adopter. Néanmoins, suivant M. de Kerdrel, que l’on admette ou non cette histoire de Conan mis en possession de l’Armorique par le tyran Maxime, il faut recMinallTe, au moini, qu’il y aTsit dei Bretons dans cette partie des Gaules, avant l’arrivée des Francs. En efiêt, dès le milieu du t< siècle, Sidoine Ap- poUinaire en montre, sur les bords de la Loire, unepeupladectHwdéraUe, qu’on retrouve au vr liède disputant le terrain à des Saxons convertis par Félix {Fortmaiut ad FeScem), puis- que, d’après le témmgaage d’Emoldus Nigdlus, les Gaulois (GoOi) donnèrent l’hospitalité aux preraiers émigrés de. la Grande-Bretasue, avant l’arrivée des Francs. En outre, un acte dn ix< siècle, fourni par le cartulaire de Redm, dit : Optânata loei contradic^iaitt, dkmiet çuod nunquam latia auctimmt tt quod nuUua (b wmww «orum hœc audivit, nequê tempon Ao- manorum uu GaUorum, neqm témpon Sritartaoram. » Le même archéologue rappelle les BrMons de Hiothina qui allArenl au secours des Bomaios contre les Goths, en *99, et qui certes ne venaient pas directement de la Grande-tevtagne, puisqu’i cette époque ces insu- laires avaient, depuis long-temps, rompu toute relation avec l’empire {Jomtmdet, de fieb. Get-, Mp. XLV); qu’enfin, le nom de GaBot, dont les Bretons bretbnnans appellent les habi- tans de la Haute-Bretagne, semble indiqua que les insulaires ne furent en contact, dès les premiers temps, qu’avee les Gaôlpis. iVosei, suivant lui, dès le milieu du t* nède, c’est-è-dire, quarante ans environ avant l’arrivée des Francs, il existait des Br^ons dans l’Armorique, mais en très-petit nombre. A la fin dece^le, ClovU attaqua., assure Procope, les Armoricains, pendant plusieurs années’, sans pouvoir tes soumettre, ceux-d recevant journellement de nouveaux renforts d’émîgràns de la grande Bretagne, k mesure que les Saxons oMiipaienc plus de terrain dans l’Ile; auid tut-il obligé de traiter avec eux, et tout porte t croire qu’une des princi[tal«8 conditions qu’Q leur imposa, fut qu’ils ne laisseraient pas les Bretons fixés sur leur territoire dépawer certaines limites, et faire dans le pays des francs des incursions, comme Fcedegairr semble l’mdiqucr, lorsque, taisant mention du partage de Clotaire, sous la date de 600, il dit qu’il s’étendait jusqu’à la limite des Bretons, utque ad Umituii Brittumorvm, et comme |e prouve aussi la lettre du synode de Tours, au ix* siècle, oAlesévéques réunis, effrayés de tant d’uiw];Hitions, adreaseni au eonquérant breton Nominoé cette lettre foudroyante . dans laquelle on Ut : Nte igiwnu quod ctrUfina ab «Dordw doamàtioi^ hiMcorum fivrùu . > fuo* 4>** vMkavmmt tllfl, tt certi (fUM ptttntSnu concettere Britannk. > On voit, en outre, dans Grégoire de Toura, qu'au vi> siècle, qu peu de temps après la conclusion ^ce traité. Rennes; Nantes et Vannes étaient en dehors de ces limites ou mar- ches de la Bretagne, et que dans ces villes séjournaient les comtes chargés par le roj de France de faire respecter le traité. Nominoé était bien un comte, gouvernant pour le rw de France, suivant M. de Kerdrel, mais un souverain indépendant qui avait, s’il est permis d’anticiper sur la terniino]ogie du moyen-lgfl.ledcmiMumuijtodesesétats, dont il laissalrau roi de France le domiaium hono^ roMto, comme la prouve le cartulaire de Bedon, où l’on trouve n fréquemment cette formule; Nominoé poiâdenU Britatmiam, Iltodowico TtgnanUiel, en outre, la faveur dont il jouissait
  57. Voir sa dissertation sur ce vase d’or, lue à l’Institut National, dans ses séances des 13, 18 et 23 fructidor an ix, et publiée en 1802 avec une gravure représentant cette patère que j’ai cru devoir reproduire par la lithographie dans la pl. XVI bis de mon ouvrage, à cause de la rareté de cet opuscule et de la difficulté de se le procurer, puisqu’il n’existe même pas à la bibliothèque de Rennes.
  58. Les vases qui affectent la forme de bols sont les plus remarquables et toujours recouverts d’embellissemens en reliefs, consistant tantôt dans de simples omemens, tantôt dans des personnages ou des sujets. Il en existait de trois grandeurs : les plus grands ornés de figures ; les moyens, à bords élevés, d’une forme plus gracieuse, représentant ordinairement des rinceaux et des guirlandes ; enfin, les troisièmes à peu près de la même dimension que les précédens, plus élégans et plus corrects encore dans leurs dessins. Ils ont ordinairement 19 à 22 centimètres de diamètre sur 6 et demi à 8 et un quart de hauteur. Il y a lieu de penser, dit M. de Caumont, que la céramique avait pris en Gaule un caractère particulier, et que l’école gauloise modifia, selon toute apparence, les traditions qu’elle avait reçues de celle romaine. (Page 190 du Cours d’Antiquités Monumentales, de M. de Caumont, Ère Gallo-Romaine.)
    La couverte brillante, suivant M. Rever, était préparée avec une terre plus fine que celle des vases, étendue au pinceau, et qui se durcissait au feu.
    Les vases noirs ne sont pas ordinairement ornés de moulures.