Histoire critique de l’établissement de la monarchie françoise dans les Gaules/Livre 2/Chapitre 6

La bibliothèque libre.

LIVRE 2 CHAPITRE 6

CHAPITRE VI.

Les Visigots qui avoient évacué les Gaules, y rentrent. Il survient de nouveaux troubles dans l’Empire. Mort d’Honorius. Valentinien III est fait Empereur. Ce qui se passa les trois premieres années de son Regne.


Après que les Visigots eurent évacué les Gaules, leurs habitans devoient se flatter de l’esperance d’y voir la tranquillité rétablie par la voïe de la conciliation et de la douceur. Mais cette esperance ne fut point de longue durée. Les Visigots y revinrent, ou du moins ils se mirent en mouvement pour y revenir dès l’année quatre cens dix-huit. Voici ce qui se trouve dans Idace à ce sujet. " tous les Vandales silingiens furent exterminés par Vallia dans l’Espagne Bétique ; les Alains que la jonction d’autres Vandales & celle des Sueves, avoient rendus puissans, furent si maltraités par les Visigots, que ceux qui resterent, désesperant après la mort de leur Roi Atax, de pouvoir maintenir le souverain qu’ils éliroient, renoncerent à l’avantage d’avoir un Roi particulier, & se mirent sous la domination de Gundéric, un Roi des Vandales, & qui s’étoit établi en Galice. Cependant les Visigots discontinuant la guerre qu’ils faisoient en Espagne, retournerent dans les Gaules. On leur donna en Aquitaine des quartiers qui s’étendoient depuis Toulouse jusqu’à l’Ocean ; & ce fut dans la suite en cet endroit-là, qu’après la mort de Vallia, Theodoric premier fut proclamé Roi des Visigots. La guerre s’alluma dans l’Espagne, entre Gundéric Roi des Vandales, & Hermeric Roi des Sueves, & les premiers investirent les Sueves dans les montagnes de la Galice. Valentinien, fils de Constance & de Placidie vint au monde. » Suivant les fastes de Prosper, ce fut le second jour de juillet de l’année quatre cens dix-huit, que nâquit ce prince, qui fut depuis l’empereur Valentinien IIIe du nom. Ainsi, à en juger par l’ordre qu’Idace garde dans sa narration, le retour des Visigots dans les Gaules étoit du moins convenu avant le deux de juillet de l’année quatre cens dix-huit que Valentinien nâquit, ou du moins avant qu’Idace apprît cette naissance. Quant à la mort de Vallia, c’est par anticipation qu’Idace en parle sur l’année quatre cens dix-huit, puisqu’il est certain, comme on le verra, que ce prince ne mourut qu’en quatre cens dix-neuf.

Cependant les Visigots ne furent rétablis de fait dans les quartiers des Gaules qu’ils avoient évacués, pour passer en Espagne qu’en l’année quatre cens dix-neuf. » Le Patrice Constance, disent les Fastes de Prosper, sur l’année quatre cens dix neuf, consolida la paix faite avec Vallia, en donnant aux Visigots pour leur habitation la seconde des Aquitaines, & quelques Cités voisines. » Quelles furent précisément les bornes de cette concession qui s’étendoit jusques-à l’ocean, suivant le passage d’Isidore qui va être rapporté ? Je n’en sçais rien. Il paroît seulement, en faisant attention à la suite de l’histoire qu’on donna aux Visigots, non pas la seconde Aquitaine en entier, mais seulement une portion de cette province, et quelques cités dans la premiere Narbonoise ; on leur donna même dans d’autres provinces quelques districts.

Comme Rome ne cedoit point aux Visigots la pleine propriété et la souveraineté des provinces où elle leur accordoit des quartiers, elle n’aura point eû autant d’attention pour ne point laisser enclaver le païs gardé dans les païs cedez, que les Etats qui font une cession absolue à un autre Etat, ont coutume d’en avoir dans ces occasions. Rome, c’est une observation que mon objet principal m’oblige de repeter, Rome, dis-je, qui ne permettoit aux barbares qui n’obéissoient pas à ses officiers civils, en un mot aux barbares ses hôtes, de s’établir sur son territoire que pour y jouir de certains fonds, dont le revenu devoit leur tenir lieu de solde, ne se faisoit pas une grande peine de loger quelquefois ces hôtes en des lieux séparés les uns des autres par des païs où ces barbares n’auroient point de quartiers. Au contraire, il convenoit à l’empire que les quartiers de nos confédérés ne fussent point contigus, afin qu’on pût couper plus aisément la communication entr’eux. Le retour des Visigots dans les Gaules, étoit donc l’effet du nouveau traité que Constance avoit conclu avec eux, et en vertu duquel ces barbares, avant que d’y venir reprendre leurs quartiers, dont le principal étoit à Toulouse, remirent à l’empire romain plusieurs contrées des Espagnes qu’ils avoient reconquises sur ses ennemis. Ce fut donc en quelque maniere pour récompenser les Visigots des services qu’ils lui avoient rendus, qu’il leur accorda de nouveau des quartiers dans les Gaules. En effet, nous allons voir que dans ces tems-là l’empereur envoya des officiers en Espagne, pour y gouverner le païs, dont les Sueves, les Alains et d’autres barbares s’étoient emparés depuis l’année quatre cens neuf, et dont les Visigots venoient de les chasser.

Quels étoient les motifs qui peuvent avoir engagé Constance à tirer les Visigots de l’Espagne, où ils servoient si bien les Romains, mais d’où ils n’avoient pas encore entierement chassé les autres barbares, et à leur donner de nouveau des quartiers dans les Gaules qu’il sacrifioit ainsi au bien géneral de l’empire ? Autant qu’on peut le deviner, Constance en avoit deux : le premier étoit de se servir des Visigots contre les Armoriques qui ne vouloient point se laisser imposer de nouveau le joug qu’ils avoient secoüé. L’autre étoit de tirer les Visigots de l’Espagne, où il leur seroit trop facile de se cantonner et de fonder une monarchie entierement indépendante et formidable, pour les transplanter dans les Gaules, d’où il seroit plus aisé de les renvoyer un jour au-delà du Rhin. Tous les empereurs et tous ceux de leurs ministres qui ont été réduits par la malignité des conjonctures à employer les armes des rois barbares dans les provinces romaines, ont dû, s’ils avoient quelque prudence, songer continuellement aux moyens dont ils pourroient se défaire de ces hôtes, dans l’instant où l’empire cesseroit d’avoir besoin de leur épée.

Quand j’ai dit qu’en quatre cens dix-neuf les Visigots furent mis de nouveau en possession des quartiers qu’ils avoient dans les Gaules, avant qu’ils allassent en Espagne, je n’ai point prétendu dire qu’on les eût remis en possession précisément des mêmes lieux, et sur-tout de la ville de Narbonne, ni des autres villes, dont ils pouvoient s’être rendus maîtres dèslors contre la teneur de leurs conventions avec les Romains[1]. Nous verrons que ce fut long-tems après quatre cens dix-neuf, et seulement en quatre cens soixante et deux que les Visigots se saisirent de Narbonne pour la seconde fois. Ils n’y entrerent même pour lors, que comme ils y étoient entrés la premiere fois, c’est-à-dire, par surprise. En effet, plus on fait réflexion aux circonstances de l’établissement de la monarchie françoise, et de l’établissement des autres monarchies fondées durant le cinquiéme siecle sur les débris de l’empire romain, plus on est persuadé de la verité d’une observation que nous avoit déja fait plus d’une fois… elle est que les empereurs en donnant des quartiers à un corps de barbares dans le plat-païs d’une cité, ne prétendoient pas lui abandonner la souveraineté de ce district, ni même lui donner le droit de s’y ingerer en aucune maniere dans le gouvernement civil. Il paroît que les empereurs exceptoient ordinairement les villes capitales de la cité où ils donnoient des quartiers aux barbares, des lieux où ces barbares pourroient tenir garnison. C’étoit le moyen le moins mauvais d’assurer l’effet des conventions, qui probablement se faisoient dans ces conjonctures entre les barbares et les empereurs, et suivant lesquelles le senat de la cité où l’on avoit donné des quartiers, devoit demeurer en possession pleine et entiere de l’administration de la justice et de la police. Il se pouvoit faire néanmoins que l’empereur abandonnât dans le milieu des quartiers, dont il faisoit la concession à quelque peuplade de barbares, une ville capitale de cité, afin que le roi ou le chef de cette peuplade y fît sa résidence. En lisant ce que dit Idace concernant le retour des Visigots dans les Gaules, on est porté à croire, comme il a été déja remarqué, qu’on abandonna pour lors à leur roi la ville de Toulouse, pour y tenir sa cour, et l’histoire des tems posterieurs confirme dans cette pensée. Mais à moins qu’il n’y eût quelque article spécial inseré à ce sujet dans les conventions dont il s’agit, je crois toujours que les senats des villes, dans le district de qui les Visigots par exemple, avoient leurs quartiers, n’étoient pas plus comptables de leur gestion au roi de ce peuple, qu’ils l’étoient auparavant au maître de la milice, dans le département de qui ces villes étoient assises. Or nous avons rapporté ci-dessus une loi impériale, où il est statué expressément que les officiers militaires ne devoient avoir de l’autorité que sur les troupes, et qu’ils ne pouvoient s’arroger aucun pouvoir sur les citoïens qui n’y étoient pas enrollés.

M De Tillemont dit donc très-bien[2] : « Il faut remarquer quand les Romains donnoient une Province à des Barbares, qu’ils prétendoient, autant qu’on en peut juger par l’Histoire, ne la leur donner que comme à des Sujets, pour y habiter avec les Naturels du pais, en partager les terres avec eux, & donner des Soldats à l’Empire. » Mais les conjonctures survenues depuis l’année quatre cens dix-neuf où nous en sommes ; enfin, le renversement du trône de l’empire d’Occident arrivé en quatre cens soixante et seize, donnerent aux Visigots, qui avoient la force à la main, les moyens d’étendre leurs droits, de s’en arroger de nouveaux, d’assujettir les capitales des cités, et de se rendre peu-à-peu les veritables souverains des provinces, dont ils ne devoient être, s’il est permis de parler ainsi, que la garnison. Ce que firent les Visigots dans leurs quartiers, les Francs et les Bourguignons le firent aussi dans les quartiers où ils s’étoient établis à titre d’hôtes ou de confédérés. On observera cependant que même après que les barbares domiciliés sur le territoire de Rome se furent rendus réellement indépendans, l’empereur ne laissoit pas encore de leur parler comme si le païs dont ils jouissoient étoit toujours du domaine de l’empire. On verra que lorsque Valentinien IIIe demanda du secours contre Attila, à Theodoric premier roi des Visigots, il lui écrivit. « Donnez du secours à la république, vous qui êtes un de ses Membres, puisque vous jouissez de plusieurs Provinces qui font partie de son Territoire. »

C’est assez anticiper sur l’histoire des tems posterieurs. Revenons à l’année quatre cens dix-neuf. Le motif qui fit agréer si facilement aux Visigots la proposition de remettre ce qu’ils avoient conquis en Espagne à l’empereur, et à revenir dans les Gaules, fut suivant l’apparence, l’envie de retourner dans un païs, dont le climat convenoit beaucoup mieux que celui d’Espagne à un peuple, qui étoit encore composé d’hommes nés sur les bords du Danube.

Vallia, comme on l’a déja vû, ne survêcut pas long-tems à son retour dans les Gaules. Il y mourut en quatre cens dix-neuf, et il eut pour successeur Theodoric Premier, dont nous aurons beaucoup à parler dans la suite de notre histoire. Le changement de souverain dans un royaume qui n’étoit pas encore successif, aura bien pû déconcerter pour un tems les mesures que l’empereur Constance avoit prises avec les Visigots contre les Armoriques. Cet empereur est la même personne, que jusqu’ici nous avons nommée le patrice Constance[3]. Honorius qui lui avoit déja fait épouser Placidie, l’associa encore à l’empire en quatre cens vingt. Suivant l’usage, le nouvel empereur donna part de son élevation à Theodose, qui regnoit en Orient. Theodose qu’Honorius n’avoit point consulté, avant que d’exécuter sa résolution, ne fut point content de ce que son oncle avoit fait, et il refusa d’accorder l’unanimité à Constance, c’est-à-dire, comme nous l’expliquerons dans la suite, qu’il refusa de reconnoître Constance pour son collegue. Après un pareil refus, Constance n’aura point fait passer dans les Gaules les troupes qui se trouvoient en Italie. Il n’aura point voulu allumer la guerre sur la Loire, quand il se devoit croire à la veille de l’avoir sur le Tibre.

La mésintelligence entre les deux empires n’étoit point encore finie quand Constance mourut en quatre cens vingt et un. Quels troubles cette mort ne dut-elle pas exciter dans une cour aussi peu respectueuse envers son prince, que l’étoit celle d’Honorius ! On peut bien attribuer à cette mort la brouillerie survenue entre les géneraux romains qui commandoient en Espagne, et la guerre civile qui la suivit.

Ceux des Vandales, qui d’abord s’étoient établis en Galice, avoient voulu depuis passer dans la Bétique, pour se saisir d’un païs plus fertile sans comparaison que celui qu’ils abandonnoient. Nous avons vû que les Romains avoient recouvré dès-lors par l’épée des Visigots, et sur d’autres Vandales cette province Bétique. Castinus qui commandoit l’armée romaine, et qui avoit avec lui un corps de troupes auxiliaires composé de Visigots, suivit les Vandales qui s’étoient mis en marche pour faire cette nouvelle conquête. Les barbares que les Romains poursuivoient se sentant pressés, se posterent dans des montagnes où Castinus les bloqua, de maniere que la faim les alloit obliger à se rendre, lorsqu’il prit inconsidéremment le parti de les attaquer. Ses troupes auxiliaires le trahirent dans l’action ; il fut réduit à fuir jusqu’à Terragonne.

Bonifacius, personnage de merite et d’une grande réputation, devoit servir avec Castinus ; mais Castinus fit donner tant de dégoût à cet officier, qu’il ne jugea pas à-propos d’aller en Espagne. Au contraire il prit le parti de se dérober de la cour, pour s’embarquer furtivement à Porto, d’où il passa en Afrique. Là il prit les armes, et sa révolte fut cause de bien des malheurs. Comme la ville de Rome et une partie de l’Italie vivoient du bled qui venoit d’Afrique, il ne pouvoit point arriver de cette province une mauvaise nouvelle, qu’elle ne fît rencherir le pain. Qu’on juge donc, si la défaite de l’armée romaine qui faisoit la guerre en Espagne, et le soulevement de l’Afrique arrivé en quatre cens vingt-deux, facilitoient beaucoup la réduction des Armoriques et la pacification des Gaules.

L’année suivante fut encore plus orageuse. Honorius qui avoit du moins pour Placidie toute l’amitié qu’un frere peut avoir pour une sœur, eut sujet de croire que cette sœur si cherie le trahissoit, et il lui ordonna de quitter la cour, qui faisoit son séjour ordinaire à Ravenne, et de se retirer à Rome. Cette princesse quitta bien la cour, mais au lieu d’aller à Rome, elle se réfugia à Constantinople, où elle emmena Valentinien et Honoria, les deux enfans qu’elle avoit eus de l’empereur Constance. La plûpart de ceux qui remplissoient les dignités et les emplois importans, étoient des créatures de Placidie qui avoit regné long-tems sous le nom de son frere. Bonifacius qui s’étoit rendu maître de l’Afrique, se déclara même hautement pour le parti de cette princesse.

Voilà quelle étoit la situation des affaires dans l’empire d’Occident, lorsqu’Honorius mourut après un regne de trente ans. Comme ce prince ne laissoit pas de garçon, l’empire d’Occident, suivant le droit public en usage dans la monarchie romaine, fut réuni par sa mort à l’empire d’Orient. Idace dont le témoignage est décisif sur ce point-là, dit expressément : « Theodose fils d’Arcadius, et qui depuis le décès de son pere, étoit empereur d’Orient, posseda seul après la mort de son oncle Honorius, l’empire en entier. » Mais je remets à faire les réflexions ausquelles ce passage donne lieu, que j’en sois à l’endroit de cet ouvrage, où je dois parler des prérogatives que l’empire d’Orient avoit sur l’empire d’Occident.

Quoique par la mort d’Honorius, Theodose le jeune fût de droit empereur d’Occident. Joannés le fut quelque tems de fait. Les troupes qui étoient en Italie, le proclamerent successeur d’Honorius. Suivant Procope, qui n’avoit aucun interêt, quand il écrivit, de flatter Joannés, ce prince étoit un homme de valeur, et d’une prudence reconnue. Ses mœurs étoient même très-douces. Quand il fut salué empereur, il étoit un des principaux officiers de la garde impériale. Ses partisans les plus distingués étoient Castinus maître de la milice du département du prétoire des Gaules, celui-là même qui étoit actuellement à la tête de l’armée qui faisoit la guerre en Espagne, et Flavius Gaudentius Aëtius qui joua depuis un si grand rôle dans les Gaules. Le nouvel empereur le fit comte du palais, ou pour s’exprimer en des termes dont la signification soit plus connue, grand-maître de sa maison.

Le passage de Gregoire de Tours que je vais rapporter, et qui contient un fragment de l’histoire de Frigeridus, fera connoître Aëtius, et il donnera encore une idée de la confusion où fut l’empire d’Occident durant les deux ou trois années qui suivirent immédiatement la mort d’Honorius. Voici donc mot à mot ce qu’on lit dans Gregoire de Tours. » Je crois devoir transcrire ici ce qui se trouve (a) concernant Aëtius, le fleau d’Attila, dans le douziéme Livre de l’Histoire de Frigeridus. Cet Auteur ayant raconté qu’après la mort d’Honorius, Theodose le jeune avoir fait Empereur son cousin Valentinien, qui n’étoit encore âgé que de cing ans, & que dans le même tems le Tyran Joannes, qui s’étoit fait proclamer Empereur à Rome, avoit envoyé des Ambassadeurs à Theodore, qui les avoir reçûs avec mépris ; il ajoûte le récit suivant. Tandis que ces choses se passoient, les Ambassadeurs que Joannés avoit envoyés à Theodose, revinrent, & ils rapporterent à leur Maître pour toute réponse ; Qu’il abdiquât l’Empire, s’il vouloit conserver sa tête. Joannés se disposa donc à repousser l’Armée que Theodose alloit faire passer en Italie, & il envoya Flavius Aëtius, Comte du Palais, auquel il confia une grosse somme d’argent, traiter avec les Huns dont cet Officier s’étoit acquis l’estime & l’amitié, tandis qu’il étoit en otage chez eux. Sa commission étoit d’engager les Huns à charger en queuë l’Armée de Theodose, dès qu’elle seroit entrée dans les Alpes, pour passer en Italie, & de leur promettre que dans le tems même qu’ils l’attaqueroient, Joannès la chargeroit en tête. Mais comme je me trouverai souvent obligé de parler d’Aëtius, il me paroît convenable de dire de quel Sang il sortoit, & de tracer ici son portrait en peu de mots. Son pere Gaudentius étoit un des plus notables Citoïens de la portion de la Scythie, qu’on avoit réduite en forme de Province, & après avoir servi d’abord dans le Palais, il étoit parvenu jusqu’au Généralat de la Cavalerie. La mere d’Aëtius étoit née dans l’Italie & issuë d’une famille riche & illustrée. Aëtius au sortir de l’enfance, servit dans les Troupes de la Garde du Prince. Il fut donné pour otage en premier lieu au Roi Alaric, auprès duquel il demeura trois ans. Après son retour, il fut encore donné en otage aux Huns. Ensuite il épousa la fille de Carpilio, & il fut successivement Commandant de la Garde Impériale, & Grand-Maître de la Maison de Joannés. Quant à la personne d’Aëtius, sa taille étoit médiocre, mais bien prise, son temperamment robuste, & même son embonpoint ne l’empêchóit pas d’être vif & dispos ; il étoit bon homme de cheval, & très-adroit à se servir de toute sorte d’armes. Son éloquence & le talent qu’il avoit pour les affaires, l’auroient seuls rendu illustre, d’autant plus qu’il ne se soucioit ni d’amasser de l’argent, ni de faire des acquisitions. Naturellement il avoit l’esprit droit & le cœur bien placé. Les mauvais conseils ne le tiroient point de la bonne route. Il aimoit le travail, souffroit les injustices avec patience, son courage étoit à l’épreuve des plus grands dangers, & il pouvoit se passer long-tems de boire, de manger & de dormir. Dès sa jeunesse on lui avoit prédit son élevation, & qu’il seroit un jour l’honneur de son siecle. Voilà, c’est Gregoire de Tours qui parle encore, le portrait que Frigeridus fait d’Aëtius. »

Pour reprendre le fil de l’histoire, nous avons vû que Placidie s’étoit réfugiée à Constantinople la derniere année du regne d’Honorius, et qu’elle y avoit emmené avec elle Valentinien, le fils qu’elle avoit eu de l’empereur Constance. Theodose le jeune résolu de recouvrer l’empire d’Occident sur Joannés, crut que Placidie pouvoit contribuer beaucoup par ses intrigues, à l’avancement de ce projet. Il donna donc à cette princesse un plein pouvoir, et il la fit passer en Italie, s’il est permis de s’exprimer ainsi, revêtue de la qualité de vicaire géneral de l’empereur. Elle emmenoit avec elle son fils, à qui Theodose n’avoit donné d’autre titre que celui de nobilissime, titre qui appartenoit alors aux Cesars, c’est-à-dire, aux héritiers de l’empire, et elle marchoit à la tête d’une puissante armée commandée en chef par Ardaburius, qui avoit sous lui son fils Aspar. Quel parti prirent dans cette guerre civile celles des provinces des Gaules qui étoient demeurées sous l’obéissance de l’empire ? Quoique Joannés fût reconnu à Rome, le sang de Theodose Le Grand devoit avoir des partisans dans les Gaules. Mais nous sçavons seulement qu’en quatre cens vingt-quatre, qui est l’année où Placidie passa en Italie, une partie des troupes qui servoient dans les Gaules se révolta, et qu’Exsuperantius, très-probablement le même qui avoit traité avec les Armoriques dans les tems précédens, et qui étoit alors préfet du prétoire d’Arles, y fut massacré par les soldats mutinés. L’impunité des meurtriers que Joannés ne fit point rechercher, donne lieu de croire que le préfet des Gaules étoit dans les interêts de Theodose. Quoique les Gaules reconnussent Joannés, cet événement ne devoit point disposer les Armoriques, qui, comme nous l’avons vû, avoient de la confiance dans Exsuperantius leur compatriote, à ouvrir les portes de leurs villes aux troupes imperiales.

Les premiers succès de la guerre furent si favorables à l’usurpateur, qu’il crut pouvoir, sans préjudicier aux affaires qu’il avoit encore en Italie, employer une partie de ses forces à réduire la province d’Afrique, où Bonifacius qui s’y étoit cantonné dès le vivant d’Honorius, se déclaroit pour Theodose. Mais l’année suivante, la fortune tourna le dos au mauvais parti. Placidie rallia, et encouragea les serviteurs de Theodose, elle remit une armée en campagne, et négocia enfin si heureusement avec Aëtius, qu’il engagea les Huns qu’il avoit lui-même mis en mouvement pour faire une diversion sur laquelle comptoit Joannés, à quitter le parti de ce prince, et à s’en retourner chez eux. Ainsi Joannés fut abandonné, défait et tué, et tout le partage d’Occident fut réduit sous l’obéissance de Theodose. Dès la même année il le donna au fils de Placidie. Valentinien IIIe en vertu du décret de l’empereur d’orient, fut donc proclamé empereur d’Occident. Placidie qui avoit conquis en quelque façon l’empire, le gouverna jusqu’à sa mort, sous le nom de son fils, car ce fut elle qui regna véritablement. La posterité de Theodose Le Grand auroit rétabli l’empire romain, si les princes issus de son sang avoient eu autant de capacité et de courage que les princesses qui descendoient de lui. Mais, comme nous le verrons par plus d’un exemple, il sembloit que dans la maison de Theodose Le Grand, l’art de regner fût, pour ainsi dire, tombé de lance en quenouille.

Nous avons vû qu’Aëtius avoit fait sa paix avec Placidie aux dépens de Joannés. Ainsi non-seulement Valentinien pardonna le passé à ce géneral, mais il l’envoya encore dès l’année quatre cens vingt-cinq, commander dans les Gaules, où les provinces demeurées sous l’obéissance de l’empire, étoient en grand danger. Les Visigots, soit sous le prétexte de soutenir le parti de Joannés, soit sous un autre, s’étoient mis en campagne ; et comme la ville d’Arles où étoit dès-lors le siége de la préfecture du prétoire des Gaules, ne voulut point les recevoir, ils l’assiégerent dans les formes. Ils avoient autant d’interêt à s’en rendre les maîtres, que les Romains à la conserver. Tant que les Romains conservoient Arles, ils pouvoient, en passant le Rhône sur le pont construit auprès de cette ville, pénétrer aisément jusqu’au milieu des quartiers des Visigots en cas de rupture. Durant la paix, cette place donnoit aux Romains une communication facile avec ceux des sujets de l’empire, qui demeuroient dans les païs où étoient les quartiers de nos barbares, et par conséquent le moyen d’entretenir ces sujets dans l’esprit d’obéïssance à leur veritable souverain. D’un autre côté les Visigots, en se rendant maîtres d’Arles, fermoient, pour ainsi dire, cette porte qui pouvoit donner entrée à une armée impériale dans le centre de leurs quartiers, et ils pouvoient, en s’étendant ensuite jusqu’aux Alpes occuper les passages par où l’on vient d’Italie dans les Gaules. C’étoit le moyen de se rendre entierement maîtres de cette derniere province. Voilà pourquoi nous verrons Arles assiegée tant de fois dans la suite de cette histoire.

A l’approche d’Aëtius les Visigots leverent leur siége ; mais ils ne se retirerent pas impunément devant lui. Il les chargea, et les batit. Un grand nombre de ces barbares resta sur le champ de bataille, et Anaolfus, un de leurs principaux officiers fut fait prisonnier dans l’action. Mais Valentinien avoit des affaires encore plus pressées, que ne l’étoient pour lui celles des Gaules. Il aura donc accordé et peut-être demandé un armistice à Theodoric roi des Visigots, qui tous n’étoient pas morts devant Arles. On ne voit pas du moins que les deux années suivantes Aëtius ait rien entrepris contre cette nation.

Voici quelles étoient les affaires que Valentinien avoit alors, et qui devoient lui tenir au cœur encore plus que celles des Gaules.

En premier lieu, Bonifacius qui, comme nous l’avons dit, s’étoit rendu le maître de l’Afrique, et qui s’étoit dit la créature de Placidie, avant que Valentinien eût été reconnu dans Rome empereur d’Occident, refusoit de prêter serment de fidelité à ce prince. Ou Bonifacius s’étoit accoûtumé à l’indépendance, ou bien il étoit persuadé sur un faux avis qu’Aëtius lui avoit fait donner, comme nous le dirons plus bas, que Placidie ne le mandoit à la cour que pour se défaire de lui. On a déja dit que l’Afrique nourrissoit Rome. En second lieu, les Juthunges, un des peuples de la nation des Allemands, s’étoient rendus maîtres de la Norique. Cette province située entre les Alpes et le Danube, étoit à l’Italie du côté du septentrion ce que sont les dehors à une place de guerre. Il falloit donc ou la reconquerir au plûtôt, ou se résoudre à voir incessamment quelque nouvel Alaric forcer les remparts de cette grande province, et s’avancer après avoir passé les Alpes jusques aux portes de Rome. On n’avoit rien de pareil à craindre des Visigots ni des Armoriques. Aussi voyons-nous qu’en l’année quatre cens vingt-sept, et quand on eut désesperé de ramener Bonifacius par la voye de la négociation, les forces que l’empereur avoit en Italie, furent employées à soumettre l’Afrique, et celles qu’il avoit dans les Gaules, à reconquérir la Norique.

« Bonifacius, disent les fastes de Prosper, étant devenu accrédité, & tout-puissant en Afrique, il refusa enfin de venir à Rome où l’Empereur le mandoit. Sur son refus & à la sollicitation de Félix, on lui déclara la guerre au nom de l’Empereur, qui en confia la conduite à Mavortius, à Galbio, & à Saonéces. Ce dernier trahit les deux autres. Ils furent tués dans le tems qu’ils alliégeoient Bonifacius, qui se défit ensuite de Saonécés, dont il avoit découvert les nouvelles menées. Cette guerre fut cause que des Nations qui n’avoient aucune connoissance de la navigation, ne laisserent point de passer la Mer. Le parti qui les appelloit en Afrique, leur fournir des vaisseaux. On donna la conduite de la guerre qui se faisoit contre Bonifacius, au Comte Sigisvaldus. Ce fut donc à la faveur de cette guerre-là que les Vandales passerent d’Espagne en Afrique. Suivant Idace, cette transmigration si funeste à l’Empire d’Occident se fit dans le mois de Mai de l’année quatre cens vingt-sept. Le Roi Genséric, dit notre Auteur, & tous les Vandales, qui emmenoient avec eux leurs femmes & leurs enfans, s’embarquerent au mois de May, fur les côtes de la Bétique, & abandonnant l’Espagne, ils mirent pied à terre dans la Mauritanie, d’où ils passerent dans la partie du continent de l’Afrique, qu’on nomme la Province d’Afrique. Isidore de Seville dit, en parlant du même évenement : Genséric le même qui abandonna la Religion Catholique, pour se faire Arien s’embarqua avec ses Vandales & toutes leurs familles sur les côtes d’Espagne, & il débarqua en Mauritanie, d’où il passa dans la Province d’Afrique. » On verra dans la suite que l’empereur, après avoir fait durant neuf ans bien des efforts inutiles, pour en chasser ces Vandales, fut enfin obligé à leur permettre d’y demeurer. La chronique d’Alexandrie ne place le passage des Vandales en Afrique qu’en quatre cens vingt-huit. On n’aura sçû positivement en Orient, que cette année-là, l’évenement dont il s’agit, ou ce qui est plus probable, l’auteur de cette chronique aura voulu parler de l’entrée des Vandales dans la province d’Afrique proprement dite, au lieu qu’Idace aura entendu parler de leur premier débarquement sur les côtes de la partie du monde connuë sous le nom d’Afrique. Il se peut très-bien faire qu’il y ait eu sept ou huit mois entre le premier débarquement des Vandales en Afrique, et leur entrée dans la province dont Carthage étoit la capitale ; et qu’ils ayent consommé tout ce tems, à faire la guerre dans les deux Mauritanies. On réprendra plus bas, l’histoire de Bonifacius qui les avoit appellés.

Nous avons dit que la seconde des affaires les plus pressantes qu’eût l’empereur Valentinien, étoit celle de chasser les Juthunges de la Norique, et de remettre sous son obéïssance les peuples de cette province qui les avoit reçûs. Aëtius fut chargé de cette expédition. Les fastes de Prosper ne nous apprennent point en quelle année il l’acheva ; mais on voit par la chronique du même auteur, que ce général s’y disposoit au plus tard dès le commencement de l’année quatre cens vingt-sept, puisque cette chronique dit immédiatement, avant que de parler du passage des Vandales en Afrique, évenement dont nous venons de voir la date : « Aëtius fait le projet d’exterminer la nation des Juthunges. »

Il faut qu’Aëtius ait fini son expédition dès la même année, ou du moins dès le commencement de l’année suivante, qui étoit quatre cens vingt-huit. En voici la raison. Idace rapporte la réduction de la Norique plusieurs lignes, avant que de parler de la défaite des Francs par Aëtius. Or cette défaite dont nous allons parler, est un évenement arrivé certainement en quatre cens vingt-huit ; les fastes de Prosper le disent ainsi. Il est vrai que si nous voulons bien nous en rapporter aux chiffres mis dans la chronique d’Idace, pour marquer en quelle année du regne des empereurs, chaque évenement dont elle parle, est arrivé, la Norique aura été remise sous le joug par Aëtius, maître de l’une et de l’autre milice, la septiéme année de l’empire de Theodose Le Jeune, à compter depuis la mort d’Honorius ; c’est-à-dire, la septiéme année du regne de Theodose en Occident. Or cette année revient à l’année de Jesus-Christ quatre cens vingt-neuf ; mais on ne doit pas compter avec confiance sur ces chiffres, que les copistes ont pû mal placer et mettre, ou deux lignes plus haut, ou deux lilignes plus bas, autant que sur le calcul des fastes consulaires, où tous les évenemens arrivés dans le cours d’une année, font une petite section ou un paragraphe particulier, au-dessus duquel sont écrits les noms des consuls de cette année-là. Une legere inadvertance suffit pour déplacer un chiffre en copiant. On ne sçauroit déplacer les lignes qui contiennent le récit d’un évenement, et les mettre dans une autre section et sous un autre consulat, que celui où elles doivent y être, à moins qu’on ne veuille tromper. Or c’est de négligence, et non point de prévarication qu’on accuse le plus ordinairement ceux qui ont copié les anciens manuscrits. Ainsi j’ai cru pouvoir, et dans cette occasion et dans plusieurs autres, rectifier les chroniques rédigées par les années du regne des empereurs, en m’autorisant sur les chroniques qui sont en forme de fastes consulaires.

Un passage de Sidonius Apollinaris fait voir qu’Aëtius commença d’agir, pour rétablir l’ordre et la tranquillité dans les Gaules, dès qu’il eut terminé son expédition dans la Norique. Ce poëte adressant la parole au même Avitus, qui fut empereur environ trente ans après les évenemens dont nous parlons, il lui dit : » Vous vous attachâtes au célebre Aëtius, parce qu’il avoit appris, en faisant la guerre contre les Scythes, un art que vous ne sçaviez pas encore. Mais Aëtius tout grand Capitaine qu’il étoit, ne fit rien sans vous avoir avec lui, & vous fites vous, plusieurs exploits sans qu’il se trouvât avec vous. Vous étiez avec lui, lorsqu’après avoir défait les Juthunges, réduit la Norique, & soumis les Vindeliciens, il délivra le Belge opprimé par le Bourguignon. Sidonius ajoute, c’est alors que le Franc & le Salien sont surmontés. » Tous ces évenemens ne paroissent-ils pas être arrivés consécutivement, je veux dire sans qu’il y ait eu de longs intervalles de tems entre leurs dates. D’ailleurs le recit finit par les avantages remportés sur les Francs, évenemens qui comme nous allons le voir, appartiennent certainement à l’année quatre cens vingt-huit. Personne n’ignore que la Vindelicie étoit une des provinces de l’empire, qu’elle étoit située entre le Danube et les Alpes, et qu’elle confinoit avec la Norique. Quel étoit le Belge que le Bourguignon opprimoit ? Suivant les apparences, c’étoient la cité de Mets et celle de Toul que les Bourguignons qui tenoient alors une partie de la premiere Germanique, vouloient envahir. Comment Aëtius délivra-t-il ces deux cités des mains des Bourguignons ? Fut-ce en traitant avec eux, ou en les battant, l’histoire n’en dit rien. Mais à en juger par les évenemens posterieurs, il paroît que ce géneral romain traita pour lors avec les Bourguignons, et qu’il les laissa dans les Gaules, à condition de s’y tenir dans les bornes des quartiers qu’on leur assigneroit, et de servir l’empire, lorsqu’il y auroit occasion de tirer l’épée contre ses ennemis.

Il faut qu’Idace lui-même soit venu dans les Gaules à la fin de l’année quatre cens vingt-sept, ou au commencement de l’année suivante. Voici ce qu’il raconte concernant ce voyage. » Les Sueves établis en Espagne, rompirent l’accord qu’ils » avoient fait avec les Romains ou les anciens Habitans de la » Galice. Les hostilités que commettoient ces Barbares, furent » cause que l’Evêque Idace alla comme Député trouver Aëtius, Maître de l’une & de l’autre Milice, & qui pour lors donnoit tous ses soins à une expédition qu’il avoit entreprise dans les Gaules. Vetto que les Visigots avoient envoyés aux Citoïens de la Galice, pour les tromper, s’en retourna sans avoir rien fait. Aëtius ayant battu les Francs, & ce Géneral ayant consenti à leur accorder la paix, il envoya le Comte Censorius pour faire des representations aux Sueves, & Idace retourna en Espagne accompagné de cet Officier. »

Idace sera arrivé dans les Gaules précisément dans le tems qu’Aëtius faisoit la guerre contre les Bourguignons ou contre les Francs. Cette guerre s’étant terminée, comme nous allons le voir, à l’avantage des Romains, Aëtius devenu plus fier par ses succès, aura envoyé Censorius menacer les Sueves de leur faire sentir le poids des armes romaines, s’ils n’observoient pas mieux les traités, et l’évêque Idace sera retourné dans sa patrie, emmenant Censorius avec lui. Comme dans l’endroit même d’Idace que nous rapportons, Aëtius est qualifié de maître de l’une et de l’autre milice ; et comme Aëtius, ainsi que nous le verrons, ne fut fait maître de la milice dans le département du prétoire d’Italie qu’en l’année quatre cens vingt-neuf, on ne sçauroit douter que dès quatre cens vingt-sept, il ne fût maître de la milice dans l’autre département de l’empire d’Occident, c’est-à-dire, dans le département du prétoire des Gaules. Or nous avons vû que l’Espagne étoit l’une des trois grandes provinces qui composoient ce département-là. Ainsi les troupes y étoient alors sous les ordres d’Aëtius.

  1. Idatii Chr. ad an. 462.
  2. Hist. des Emp. Tom. 5. p. 641.
  3. Olymp. apud Phot. p. 193.