Histoire d’une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka/03

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Calmann Lévy (2p. 62-95).


III

1795-1796


La Grande-Chambellane consent au divorce. — Siège de Varsovie. — Dernier partage de la Pologne. — Les séquestrés. — Abdication de Stanislas. — Voyage du comte et d’Hélène à Grodno. — Voyage en Lithuanie. — Arrivée du comte à Saint-Pétersbourg.



La mort tragique de l’évêque de Wilna porta à Hélène un coup d’autant plus terrible que, rentrée dans ses bonnes grâces, elle comptait sur son appui pour terminer enfin cette interminable affaire du divorce.

De plus, elle n’ignorait pas que, dans un premier mouvement de colère en apprenant que le divorce n’était point prononcé, il avait menacé de laisser une partie de sa fortune à sa petite-nièce Sidonie. Précisément, à cette époque, l’évêque avait fait un séjour à Vienne chez les de Ligne et pouvait avoir exécuté sa menace. L’état de trouble dans lequel était alors la Pologne ne permit pas au comte de se rendre à Wilna pour s’assurer du fait, il dut attendre un moment plus favorable et il employa le temps de cette inaction forcée à presser la légalisation de son divorce. Il trouva facilement à emprunter la somme nécessaire pour Rome. Hélène devait hériter d’une fortune considérable de son oncle, même en supposant que le testament ne fût pas tout entier en sa faveur, et cette circonstance facilita singulièrement l’emprunt.

Mais la question la plus ardue restait à résoudre. Comment obtenir le consentement de la Grande-Chambellane, ne pouvant plus compter maintenant sur l’ascendant de l’évêque ? Le comte en reconnut l’impossibilité s’il ne tentait de plaider lui-même sa cause et de provoquer l’entrevue qu’Hélène redoutait si fort. Lui seul pouvait ôter à Anna toute espérance pour l’avenir et lui persuader que sa résistance au divorce n’amènerait pour elle qu’amertume et déception.

Quoique la perspective de ce rôle désagréable à remplir fût assez pénible au Grand-Chambellan, il n’hésita pas et écrivit à la Podczaszyne pour obtenir un rendez-vous chez elle avec son amie. Si cette entrevue préoccupait le comte, elle causa un trouble bien plus vif encore à la pauvre Anna, qui espérait obstinément voir renaître dans le cœur de son mari, une affection qu’elle ne voulait pas croire éteinte.

Ce fut avec une émotion inexprimable qu’elle lut la lettre dans laquelle la Podezaszyne lui apprit le désir du comte, elle s’empressa d’y accéder et partit soutenue par une espérance qui devait bientôt s’évanouir. Le lendemain de l’arrivée d’Anna, le comte se présentait chez la Podczaszyne.

« Troublée jusqu’au fond de l’âme, dit la comtesse dans une lettre à son frère, je chancelai en faisant quelques pas pour le recevoir et à peine eût-il prononcé une parole, je sentis se réveiller en-moi l’amour que rien n’a pu arracher de mon cœur ; il m’a fallu un suprême effort pour ne pas mc jeter dans ses bras. »

L’attitude froide et réservée du comte aida Anna à maîtriser ce premier mouvement et elle parvint à écouter ses propositions avec une tranquillité apparente.

Il insista sur sa résolution positive d’achever le divorce, sur la promesse faite par la Grande-Chambellane d’y consentir, sur l’abandon qu’il lui avait fait de son fils moyennant cette promesse et sur les avantages pécuniaires qu’i] était prêt à accorder encore.

L’entretien fut long : vainement Anna tenta de provoquer un mouvement de tendresse ou de pitié, le comte demeura glacé, ils se séparèrent en prenant rendez-vous pour le lendemain. Hélène attendait avec une fiévreuse impatience le résultat de cette première entrevue, son mari lui écrit :

« Tu conçois aisément, ma chère Hélène, que les premiers moments ont été donnés à la surprise, à la gêne et peut-être à l’espérance d’un retour, mais mon inébranlable fermeté ayant fait disparaître tout espoir, après quelques instants donnés à la décence, à l’amour-propre ou peut-ètre à la faiblesse, il faut que je rende justice à la Grande-Chambellane, ma bonhomie, ma franchise, quelques sacrifices d’intérêt peut-être, ont provoqué de sa part la douceur, la facilité et la raison qui nous conduiront après tant d’entraves à une heureuse fin, ce qui me met au comble du bonheur ! »


« Le lendemain.


« Je suis enfin au comble de la joie de pouvoir t’annoncer, ma chère Hélène, la nouvelle que les deux parties signent aujourd’hui les points convenus qui serviront de base aux différentes transactions et écrits multipliés dont la signature est nécessaire avant qu’on puisse terminer le divorce dont, par convention, je serai seul chargé avec les pleins pouvoirs de madame Potocka. »

Pendant les quelques jours qui suivirent cette première entrevue et les séances assez longues consacrées à la pénible discussion de tous les articles du projet, le comte, touché de la douceur et de la profonde mélancolie d’Anna, lui témoigna par des attentions polies et peut-être par un langage affectueux, une sorte de sympathie qui produisit sur la malheureuse femme un effet qu’il ne prévoyait pas : prenant le change sur les motifs de cette attitude presque tendre, elle s’imagina qu’il l’aimait encore et cédait, en divorçant, à des considérations d’orgueil et d’argent. Dès lors, une idée fixe s’empara de ce cerveau un peu troublé-par le chagrin, celle de reconquérir un jour la place qu’elle perdait aujourd’hui.

La dissolution légale du mariage du comte Vincent avec la comtesse Anna fut enfin prononcée le 20 novembre 1794, c’est-à-dire deux ans après la célébration de son mariage mystérieux avec la princesse Hélène.

Plus d’un an s’écoula après la mort du prince-évêque et les événements marchèrent en Pologne avec une effrayante rapidité. Les Prussiens se rendirent maîtres de Cracovie, et le 6 juin vinrent mettre le siège devant Varsovie, défendue par Kosciusko. Les Polonais résistèrent avec tant de vigueur, qu’au bout de deux mois les Prussiens découragés levèrent le siège ; mais Catherine ne se laissait pas abattre aussi facilement. Le 4 octobre, une bataille importante fut livrée par l’armée russe sous les ordres de Souwaroff, les Polonais écrasés sous le nombre furent tués ou faits prisonniers, et Kosciusko lui-même tomba aux mains des ennemis. Cette terrible défaite et la prise du faubourg de Varsovie, le & novembre, amena la capitulation de la ville. Souwaroff y entra le 6 et un horrible carnage signala son entrée.

Toutes les espérances des patriotes furent anéanties, et la Russie demeura maîtresse absolue des destinées de la Pologne.

L’impératrice nomma Souwaroff feld-maréchal, lui fit don du bâton de commandant en or et d’une couronne de lauriers ornée de diamants qui valait, dit-on, soixante mille roubles.

Le 3 janvier 1795, la Russie et l’Autriche signèrent à Pétersbourg un dernier partage en réservant une part à la Prusse. Toute la Lithuanie devint province russe et Catherine, en s’en emparant, prétendit simplement user d’un droit de revendication.

Elle écrit à Grimm à ce sujet de longues lettres dans lesquelles elle cherche à prouver ses droits ; et il faut reconnaître qu’elle possède à fond son histoire russe et se défend résolument contre des attaques auxquelles son correspondant fait probablement allusion.


L’IMPÉRATRICE CATHERINE À GRIMM


« Je vous avertis que ma réponse sera longue, car il y a de quoi. Par exemple, cette pécore de Hertzberg[1], seule, mérite d’être tapée d’importance : il n’a pas plus de connaissances en fait d’histoire que ma perruche. Il ose dire que la Russie n’avait point de titre à produire en prenant possession de Polotsk ; il pouvait dire que la Russie ne faisait aucun cas de titres surannés…

» Je me suis ferrée à glace sur tout cela en maniant archives et chroniques, comme vous ne l’ignorez pas. »


Le premier soin de l’impératrice en prenant possession de la Lithuanie fut de séquestrer tous les biens des seigneurs polonais. Voici l’explication qu’elle donne à Grimm de cette mesure dont elle sent bien toute l’injustice :


MÉMOIRE JUSTIFICATIF


« Ce 3 octobre 1795.


» Si l’on vient vous dire qu’il se fait des séquestres et des confiscations en Lithuanie et dans mon lot, sachez ce qui en est. Le séquestre a été mis sur les biens de tous ceux qui ont trempé dans la trame ourdie par laquelle Kosciusko et consorts ont pris les armes ; ils ont perdu leurs droits et leurs biens ont été confisqués. Malgré tout cela, j’en rends journellement, car je ne suis pas bien méchante. Vous m’excuserez si vous pouvez. »


Il est curieux de remarquer le peu de sympathie qù’inspirèrent en Europe les malheurs de la Pologne. En France par exemple, où l’indépendance de l’Amérique fut l’objet d’un tel élan parmi la jeune noblesse, celle de la Pologne n’excita aucun dévouement.

Sous le ministère Choisrul, dont la politique favorisait la liberté polonaise, on vit quelques officiers français, tels que Dumouriez, le vicomte de Choisy, le baron de Bellecourt apporter leur épée au service de la Pologne. Mais, plus tard, dans le monde encyclopédique et novateur où l’on professait un culte passionné pour l’impératrice Catherine, ce n’est pas Voltaire, Diderot ou d’Alembert qui eussent osé blâmer un acte de leur idole ; seul, et il faut lui en savoir gré, Grimm. hasarda quelques timides observations. Les puissances qui ne prenaient aucune part au partage, le regardèrent tranquillement accomplir par celles qui en profitaient. On ne se doutait pas des conséquences que ce démembrement devait avoir de nos jours.

La plupart des terres qui dépendaient de la succession de l’évêque étaient situées en Lithuanie, et le malheureux prélat ayant été assassiné en qualité de partisan de la Russie, l’impératrice eût pu tenir compte de ce fait à ses héritiers et excepter leurs biens du séquestre. Il n’en fut rien ; nous trouvons l’explication de sa conduite dans la lettre suivante qui lui fut adressée par le prince de Ligne en 1795.

« …Le petit ménage, comme dit Votre Majesté de son petit pays, va très bien, mais le mien va très mal… Ce qui me regarde personnellement m’est très indifférent, mais je ne puis malheureusement pas réparer une injustice lithuanienne, qui autorise par une loi ridicule ma belle-fille à déshériter sa fille Sidonie, élevée auprès de moi.

» Je demande pardon à Votre Majesté d’entrer dans ces détails, mais Sidonie est la fille d’un chevalier de Saint-Georges, mon pauvre Charles ! Sa mère épouse ou a épousé M. Vincent Potocki à qui elle donne toutes les terres dont elle hérite ou doit hériter de son oncle, le pauvre pendu évêque de Wilna. Je prends la liberté de supplier Votre Majesté de daigner ordonner que cette succession ne soit pas ôtée à ma petite-fille Sidonie, âgée de neuf ans !… »

L’impératrice séquestra donc les biens de l’évêque pour sauvegarder les droits de Sidonie.

En avril 1795, Hélène mit au monde une petite fille ; cette enfant parut si chétive que, dès le premier moment, on désespéra de la conserver. En effet, la santé de la petite Hélène, c’était son nom, ne se rétablit point ; elle mourut au bout de six semaines ; celle de sa mêre fut très longue à se raffermir, ses forces morales et physiques épuisées par tant de secousses successives étaient à bout.

« Il semble, écrit-elle, que la fatalité soit attachée à mes pas et que le bonheur s’envole dès que je crois le saisir. »

Il était indispensable que le comte fit un voyage en Lilhuanie et s’assurât par lui-même des dispositions testamentaires du prince-évêque. Hélène, tout à fait rétablie, résolut d’accompagner son mari et leur départ fut fixé au mois de novembre ; mais un motif impérieux vint les obliger à partir plus tôt.

L’impératrice Catherine n’oubliant pas ses prétendus griefs contre son ancien amant, le roi Stanislas, et poussant la dureté jusqu’au bout, exigea de l’infortuné monarque sa renonciation officielle au fantôme de royauté qui lui restait encore. Le prince Repnin fut député auprès du roi de Pologne pour le déterminer à ce sacrifice suprême.

Cette crise douloureuse obligeait le Grand-Chambellan à se rendre auprès du roi. Il partit avec Hélène, à la fin d’octobre, pour Grodno, où était Stanislas et les débris de sa cour.

Parmi les personnages marquants qui témoignèrent le plus de sympathie au roi dans cette douloureuse circonstance, le comte et la comtesse de Mniseck furent au premier rang. Madame de Mniseck, née comtesse Zamoyska, était nièce du roi, propre fille de sa sœur. On n’a pas oublié qu’en 1776 elle avait épousé en premières noces le comte Vincent Potocki. Ils vécurent ensemble pendant quelques années, n’eurent pas d’enfants et divorcèrent pour une cause qui nous est inconnue. Ils se remarièrent chacun de leur côté, le cornte Vincent avec Anna Mycielska et la comtesse avec M. de Mniseck, grand maréchal de la cour. Hélène avait beaucoup vu madame de Mniseck pendant son séjour à Varsovie, et à cette époque la grande maréchale favorisait de tout son pouvoir la passion de la princesse de Ligne pour le comte Vincent ; peut-être n’était-elle pas fâchée de causer un certain souci à la comtesse Anna, qu’elle n’aimait pas en sa qualité de remplaçante. Mais aujourd’hui Hélène remplaçait Anna à son tour, cela changeait singulièrement la situation et l’accueil que ferait madame de Mniseck à la troisième femme de son mari devenait assez problématique.

Ces inquiétudes ne furent point justifiées et Hélène écrivit à son amie, la princesse Lubomirska, une lettre contenant les plus grands éloges de madame de Mniseck et de son dévouement pour le roi. La princesse lai répondit :

« Mon aimable amie, je suis de très méchante humeur ; si vous étiez à Kowalowka j’irais bien vite la dissiper près de vous.

» Je n’ai pu répondre qu’un mot à votre dernière lettre, le départ du courrier me pressait.

» Je suis fort aise que madame de Mniseck soutienne si bien le caractère qu’elle a déjà annonce et soutenu ; la conduite de ses cousines dans ces circonstances est bien au-dessous de la sienne. Je vous prie, ma chère amie, de me mettre aux pieds du roi ; j’attends une occasion sûre pour me donner l’honneur de lui écrire, car je ne sais pas comment cette lettre vous parviendra. Je suis persuadée, d’après ce que vous me dites du prince Repnin, qu’il épargnera au moins à ce bon et malheureux monarque les chagrins qui ne sont pas absolument relatifs à sa triste position.

» Mille tendres compliments à M. et madame de Mniseck, que j’aime de tout mon cœur ; je vous remercie tendrement des détails que vous me faites du roi, je lui suis attachée par tant de titres ! Je donnerais ma vie pour rendre la sienne plus heureuse !

» Je n’attends qu’un peu de gelée pour aller passer un jour avec vos enfants et de là à Tulczyn ; dès que j’aurai vu madame Diane, je vous en parlerai[2].

» Adieu, mon aimable et bien chère amie. »

La première entrevue du comte avec le prince Repnin eut lieu en présence du roi ; et au moment où le Grand-Chambellan se retirait, le prince le pria de vouloir bien se rendre chez lui dans la malinée du lendemain.

Le comte pensa qu’il s’agissait de l’héritage de l’évêque de Wilna et du séquestre dont il avait déjà touché quelques mots.

Quel fut son étonnement en se présentant chez Repnin d’apprendre, de sa bouche même, que la Grande-Chambellane, conseillée par son frère le comte Michel Mycielski, attaquait la légitimité des enfants d’Hélène.

L’acte de dissolution du mariage du comte Vincent et de la comtesse Anna n’avait été signé en effet que le 24 novembre 1794. Or Alexis était né en juillet 1795, et Vincent en mai 1794. La Grande-Chambellane les déclarait donc enfants adultérins et incapables d’hériter.

Cette nouvelle terrifiante bouleversa d’autant plus le comte que Repnin ne lui cacha pas qu’il avait reçu de la Grande-Chambellane une lettre et un mémoire fort touchants. L’entretien fut long et très animé, le prince ne parut pas persuadé du bon droit du comte ; il lui conseilla de s’adresser directement à l’impératrice Catherine, devenue souveraine de la Lithuanie ; elle seule pouvait, d’un trait de plume, rendre valable le mariage religieux et donner ainsi un état civil régulier aux enfants d’Hélène.

Le Grand-Chambellan se retira fort troublé et ne sachant comment annoncer cette nouvelle à sa femme ; il connaissait sa tendresse passionnée pour ses enfants, la violence de sa première impression, et tremblait pour sa santé à peine rétablie.

Il arriva chez lui ayant préparé de son mieux le discours qu’il allait lui tenir ; mais, dès qu’il entra, elle s’élança vers lui.

— Je sais tout, dit-elle, madame de Mniseck m’a tout dit.

En effet la maréchale, venue dès le matin, avait instruit Hélène de la fatale nouvelle. À la grande surprise du comte, l’effct produit fut très différent de celui qu’il attendait ; au lieu de s’affliger du sort incertain de ses enfants, la comtesse n’éprouva qu’une crainte, celle de voir son mari, lassé par ces perpétuels contretemps, se détacher d’elle.

— Je te porte malheur, s’écria-t-elle en sanglotant, tu ne voudras plus de moi !

Le Grand-Chambellan s’efforça de la rassurer ; mais il ne lui dissimula pas son inquiétude pour l’avenir de ses fils et la nécessité de s’adresser directement à l’impératrice. Ils convinrent qu’Hélène allait rédiger un mémoire que le comte se chargerait de présenter. Dès le lendemain ils sollicitèrent du prince Repnin des lettres de recommandation peur le comte Platon Zouboff, favori de Catherine, et pour M. de Markow, ministre d’État.

Le comte partit le premier, laissant Hélène à Grodno prendre encore quelques jours de repos.

Il lui donna comme escorte le vieux Lozzi, son premier intendant, quatre cosaques, un petit secrétaire âgé de quinze ans, deux laquais, deux postillons, quatre femmes de service et mademoiselle Karwoska, sa demoiselle d’honneur favorite.

Toute cette caravane devait traverser la Lithuanie jusqu’à Wilna d’abord, puis s’arrêter à Horwol où le comte les rejoindrait en revenant de Saint-Pétershourg. Il ne faut pas oublier que c’est en plein mois de novembre que le départ allait s’effectuer. Nous verrons, par les lettres d’Hélène, les difficultés présentées à cette époque par un voyage qui serait aujourd’hui une facile excursion.

Les chemins, des plus négligés dans ces provinces, n’étaient guère que des sentiers tortueux que le hasard semblait avoir frayés au milieu des forêts ; souvent ils avaient si peu de largeur qu’à peine une voiture pouvait y passer. Dans quelques endroits, ils étaient embarrassés de troncs d’arbres, de racines ou de sables si profonds que huit chevaux avaient peine à en tirer le voyageur.

Les ponts étaient si délabrés, si peu solides, qu’ils semblaient hors de service et l’on s’estimait fort heureux de les passer sans accident[3].


HÈLÈNE AU COMTE VINCENT


« Grodno, 8 novembre.


» Je souffre, mon cher Vincent, l’impossible, tant des peines du corps que de celles du cœur. J’ai passé ma soirée à composer mon mémoire pour l’impératrice, puis j’ai mis mes pieds dans l’eau, et j’ai suivi à la lettre toutes tes ordonnances ; mais tout cela ne m’a pas soulagée. L’idée que chaque moment t’éloigne plus de moi me met au désespoir. Si j’avais des chevaux je partirais. Cette chambre où je t’ai vu me rappelle sans cesse des souvenirs douloureux. Ce lit solitaire, tout enfin me rend d’une mélancolie qui me serait funeste si je ne quittais bientôt cette triste ville. Ma tête me fait si mal que je vais me coucher.

» Adieu, mon cher ami, toi qui es pour moi le bonheur, l’existence, enfin tout ce que l’on peut avoir de doux et de cher dans le monde. »


En arrivant à Mittau la comtesse trouva trois lettres qui l’attendaient.

« Lundi, ce 9 novembre 1795, à 10 heures du soir.
» De Tadaykan, premier port à 4 milles de Libau.

» Mon cœur est brisé de t’avoir quittée ; je connais le tien, je suis sûr qu’il n’est pas plus content, ô ma meilleure amie !

» On tourne toujours vers la droite à mesure qu’on s’éloigne de la mer ; la nature est plus solitaire, plus plantée et plus cultivée ; et cependant le pays ne me paraît plus le même. Hélas ! c’est que mon Hélène n’est plus auprès de moi : ta présence embellirait tout, tu charmerais la nature autour de moi. Oh ! ma chère Hélène, quelle différence ! Je suis seul, je suis triste, triste jusqu’au fond du cœur ; mais je me plais dans ma solitude, dans ma tristesse, car j’ai avec moi l’amour, l’amour le plus tendre ! Il me console, il me soutient, il me donne du courage et de l’espérance ; daigne, mon Hélène, le partager avec moi et nous serons encore heureux, nous le serons toujours. Conserve ta santé ; elle est comme toi l’objet et la source de mon bonheur, celui de nos enfants ; c’est un trésor qui est devenu notre bien, tu ne peux en abuser sans crime, mon Hélène !

» N’oublie pas ton mémoire, ma chère Hélène, et la lettre pour la comtesse de Stackelberg ; mais tu m’en enverras aussi une pour ta tante, la Radzivill[4] ; et, sans entrer dans aucun détail, prie-la de nous être utile.

» Tu logeras, ma chère Hélène, dans la même chambre que moi ; ton lit sera à la place du mien, tu mangeras, tu écriras sur la même table ; tul seras assise sur la même chaise, sur le dossier de laquelle j’ai fait un H. Eh bien, croirais-tu que tout cela va droit au cœur, que cela console, que cela diminue un peu le malheur d’être éloigné de toi, J’ai prévenu que tu serais ici dimanche soir ou lundi dans la journée.

» Sans doute tu seras étonnée de trouver un taudis assez sale au lieu d’un hôtel tant vanté… »


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT


« Mittau, 16 novembre.


» Me voilà donc dans ta chambre, devant ta table, et comme tu penses bien sur la chaise qui est devenue sacrée pour moi, puisqu’elle porte un témoignage de ta tendresse. Jamais sénateur romain ne fut plus fier sur sa chaise curule que je le suis sur la mienne.

» Je suis descendue dans une sorte de halle point chauffée. Ma première question a été de demander si M. Potocki a logé ici ; on me dit non. Me voilà au désespoir, j’envoie tout de suite chez Rœder ; on revient me dire que tu as logé là et qu’il y a une lettre pour moi. Je ne me le suis pas fait dire deux fois, j’ai vite sauté dans ma voiture pour aller chez Rœder où l’appartement ne brille pas par la propreté ; il a pourtant un charme pour moi infini, je m’y sens plus gaie, plus contente. On m’a remis tes lettres, quel bonheur ! avec quelle avidité je les ai lues ! Oh ! tu as bien raison de m’appeler ta meilleure amie. Crois que rien n’égale l’amour que j’ai pour toi…

» Je suis de bien mauvaise humeur, mon cher Vincent, bien triste, quand je pense au terrible voyage que j’ai devant moi. Il me semble que je ne pourrai jamais arriver. Ah ! que je suis fâchée à présent de ton voyage de Pétersbourg. Mille difficultés s’élèvent à chaque instant dans ma pensée, et me font craindre que nous n’ayons que du désagrément. La difficulté d’avoir audience, les intrigues de la Grande-Chambellane me reviennent dans l’esprit ; enfin je vois tout en noir. Je souhaite que tout cela vienne de la mauvaise disposition où je suis et non pas d’un pressentiment…

» Tu es né heureux ; mais moi je te porte malheur et cette idée est affreuse. Si je ne l’avais pas connu, si je nc t’avais pas aimé, la Grande-Chambellane ne t’aurait pas tracassé, chagriné, J’ai peur que tu ne prennes en guignon, moi, mes enfants et mes affaires. Ah ! pense au moins que le vœu de mon cœur serait de donner ma vie pour ton bonheur. »


LE COMTE VINCENT À LA CONTESSE HÉLÈNE


« Ce mercredi 18 novembre 1795, avant midi. De Riga.


» Non, mon aimable Hélène, il n’est pas possible d’exprimer les sensations de plaisir, d’attendrissement, de consolation, de bonheur, que m’a causées ta lettre. Elle est arrivée hicr au soir. Le cœur me battait, je me suis enfermé pour la lire. Ce n’est qu’à la troisième fois que je l’ai lue avec plus de tranquillité ; les larmes de bonheur m’en ont empêché pour les deux premières. Ne va pas redire, mon Hélène, que j’ai le vin tendre, car il n’est pas possible d’être plus sobre, et j’espère que tu me connais assez pour être sûre que ces larmes partent du cœur.

» Tu as bien raison, chère Hélène, de dire que nous étions faits l’un pour l’autre. Oh ! oui ! le canon était chargé de toute éternité !

» Te rappelles-tu ta lettre ? Relis les miennes ! »


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT


« Dimanche 22.


» Je suis encore, mon cher Vincent, à 11 milles de Kowno, je crois que je n’arriverai jamais. Imagine-toi que quand nous sommes arrivés ici, l’auberge était pleine de soldats russes ivres. Le caporal n’a jamais pu les chasser, et ils ont voulu le battre, on ne le respecte pas tant que le tien parce qu’il n’est pas sergent ; nos gens se sont mis de la partie, et enfin, on est parvenu à les chasser. Je suis donc restée maîtresse du champ de bataille, arrosé d’eau-de-vie, d’où je t’écris.

» J’ai vu aujourd’hui dans ma route, entre Bopt où j’ai dîné et ici, un château situé sur le bord d’une rivière qui serpente ; cela a quelque ressemblance avec Werki, mais est infiniment moins beau…

» Je suis bien dégoûtée du métier de posséder des terres ; je crois que ceux qui les cultivent sont plus heureux. Mon cher Vincent, pardonne-moi toutes ces tristes idées ; mais si tu savais dans quelle abominable auberge de juifs je suis, tu dirais qu’il y a bien de quoi dégoûter du pays. »

La comtesse traversait le même pays et suivait la même route qu’elle avait faite trois ans auparavant avec son mari en revenant de Werki, après leur mariage secret. Aussi chaque pas éveillait-il un souvenir.

« Tu ne saurais croire, mon cher Vincent, ce que j’éprouve en faisant cette route qui me rappelle à chaque instant quelque doux souvenir : c’est un sentiment mêlé de tristesse et de plaisir qui me porte pourtant à une douce rêverie. J’ai dîné à Karesma-Kameldaska, c’est là que nous nous sommes promenés en cherchant la rivière, où tu t’es caché derrière un arbre pour me causer un moment d’inquiétude suivi de la joie de te retrouver. Tous les sites de la route où nos yeux se sont portés ensemble me causaient un serrement de cœur, en pensant que je les contemplais seule. Cette grande tour blanche du couvent des Camaldules, le banc de sable qui avance dans la rivière, te rappelles-tu tout cela ? Mais ces bords ne sont plus couverts de verdure, cette rivière n’est plus couverte de bateaux, le soleil est caché, toute la nature est en deuil et mon cœur l’est bien plus encore :


» Félicité passée qui ne peut revenir,
       Tourment de ma pensée ;
Que n’ai-je en le perdant perdu le souvenir ! »


Hélène arriva enfin à Werki. Son entrée dans le château lui causa une émotion profonde, elle ne put retenir ses larmes en traversant ces appartements déserts qui lui rappelaient la mort affreuse de son oncle.

Heureusement des nouvelles de ses enfants l’attendaient.

« J’ai reçu une lettre de la générale d’artillerie, écrit-elle à son mari. La comtesse Diane est arrivée à Ladavisic et le duc de Polignac va à Pétersbourg avec ses enfants. Le comte Esterhazy[5], celui de France, est aussi en Ukraine, il charge la générale d’artillerie de mille choses pour moi, ce qui ne tire pas à conséquence, assurément, il n’est ni beau, ni jeune ; mais c’est un excellent homme, qui sentira le prix d’un bon ménage, car il a une femme à laquelle il est fort attaché.

» L’autre lettre est de la Lubomirska.

» La l’Épine m’écrit que nos enfants se portent à merveille, et Alexis m’écrit un mot de sa main (Ci-joint la lettre de la Lubomirska). »

LA PRINCESSE LUBOMINSKA
À LA COMTESSE HÉLÈNE
« Ocrevelna, ce 20 novembre 1795.

» Ma chère amie, à la distance où nous sommes l’une de l’autre, ce n’est qu’hier que j’ai reçu votre lettre du 23 octobre, voilà donc près d’un mois.

» C’est dommage, mon cœur, que les circonstances m’enchaînent et que je n’aie pu faire ce tour du monde avec vous ; nous aurions été ensemble à Werki, votre imagination m’y aurait bien servie, nous aurions peut-être aperçu quelque génie !

» Je suis persuadée que c’est le palais de la Chatte blanche. Voyez, cherchez cette belle tapisserie en toile de Hollande, sur laquelle sont peints tous les princes du monde, tous les hommes illustres qui vivaient en ce temps-là, et si ressemblants qu’on les reconnaît au premier coup d’œil[6]. Vous choisirez dans le nombre celui que vous jugerez le plus propre à arranger mes affaires d’intérêt et même celles de cœur.

» Je vous félicite, mon chat, de l’heureuse espérance que vous donnent vos affaires, je vous félicite de votre bonheur, je vous félicite de ce que vos enfants se portent bien ; je vous en joins ici le témoignage de madame Lépine ; enfin tout concourt à vous rendre heureuse.

» Je crois votre mari parti pour Pétersbourg ; je ne l’aime guère quand il me présente son respectueux hommage, je l’aime bien mieux quand il m’embrasse, et c’est ce que je vous prie de lui dire dans l’occasion.

» Vous êtes dans le pays des ours, des loups et des cerfs, si vous vouliez bien m’apporter une peau de cerf, vous m’obligeriez extrêmement ; voyez, mon cœur, si cela ne vous donnera pas trop d’embarras. Je vous embrasse mille et mille fois.

» P.-S. — Madame Diane de Polignac est toujours à Ladavizie avec une potée d’enfants, elle est encore occupée à se placer, c’est pourquoi on ne l’a pas vue. »

Le jour même de l’arrivée d’Hélène à Werki, le vieux Lozzi vint lui raconter les bruits du pays. On prétendait, à Vilna, que l’impératrice avait accueilli le comte en l’avertissant qu’elle cassait son divorce. Hélène très émue écrit aussitôt à son mari :

« Je ne puis croire qu’il soit possible qu’une pareille chose arrive. Je suis bien sûre que l’impératrice ne ferait pas unr injustice semblable en faveur de quelqu’un qui l’intéresserait au dernier degré. Quelle raison aurait-elle de le faire pour une femme opiniâtre qui, par pure méchanceté, veut désunir deux personnes que tous les liens possibles unissent sans qu’il puisse lui en rien revenir que le plaisir de la vengeance. Ce motif n’est pas fait pour intéresser.

» On m’a dit qu’on attend ici le roi et le prince Repnin, j’ai donné l’ordre de mettre quelques meubles dans le palais de Wilna pour le prince. Le roi logera ici ; on le mène, dit-on, à Smolensk. Hélas ! je crois que pour le coup il n’engraissera plus.

» Quand je pense à toutes les peines et les inquiétudes qu’on éprouve ici-bas, je suis d’avis de faire comme cet homme qui attendait la fortune dans son lit. Vient-elle, on en profite ; ne vient-elle pas, on n’a pas eu la peine et l’embarras de courir après. Faisons cela dorénavant, mon cher Vincent. »


« Ce samedi 22 novembre, de Werki.


» On a passé la journée à tout arranger pour que je puisse sortir demain. On me fait peur des chemins, on assure qu’autour d’Horwol les voitures n’iront pas sans être sur des traîneaux, qu’il y a de la neige à hauteur d’homme, que les chemins sont fort étroils, enfin nous verrons cela. Il y a soixante-dix lieues, mais on assure qu’elles sont petites. On dit aussi que les auberges vont devenir extrêmement rares sur cette route, et qu’entre autres il y a un endroit où l’on fait cinq milles dans les bois sans rencontrer une maison. Que faire ? Il n’y a pas deux partis à choisir, il faut arriver morte ou vivante. »

» Tu ne saurais croire la quantité de terres que l’on trouve sur le chemin qui ont appartenu à l’évêché de Wilna et qui sont données à un comte Ostermann[7]. De Minsk à Horwol, presque tout est à des Russes, terres confisquées et données…

» Ce voyage m’ennuie et me fatigue à l’excès. Nous sommes dans des déserts ; d’une station à l’autre, toujours des bois, il faut prendre des guides, car la neige empêche de voir la trace des chemins, elle est d’une profondeur qui fait trembler. »


« Ce mardi 8 décembre, de Bieczowicza.


» J’ai passé la Bérézina ce matin sur un radeau au péril de ma vie, il est si petit que notre équipage a passé en neuf fois. La rivière au large est fort rapide ; je t’assure que ce passage est dangereux. On dit que l’on repasse la rivière à Horwol, mais que le gué est mieux. Quel voyage ! je n’en ai jamais fait où j’ai tant souffert des peines du corp set de l’esprit ; tu me trouveras vraiment pâle et défaite. J’ai bien besoin du calme de Kowalowka pour me remettre un peu. Je suis ce soir dans une auberge où le poêle et la chemninée fument, de sorte qu’à peine yy vois-je pour écrire.

» Adieu, mon cher Vincent, je finis, car je ne puis plus. »


« Ce jeudi 14 décembre, à Horwol.


« Je suis arrivée cette nuit ici et je me flatte que je n’y serai pas longtemps sans te voir, ou au moins que tu me renverras mon courrier. Tu ne te figures pas quel triste endroit qu’Horwol ! il n’y a personne que l’économe, sa femme et le médecin ; aucune boutique, on ne trouve pas une épingle à acheter. J’ai été obligée de brûler de la chandelle, n’ayant pas pu trouver de la bougie nulle part[8]. Mes fenêtres donnent sur la rivière et à chaque instant je regarde si je ne verrai pas arriver quelque courrier ; je compte les minutes et la journée me paraît longue. »


Pendant vingt jours Hélène compta les heures, envoyant courrier sur courrier et attendant sans cesse des lettres qui n’arrivaient pas. À moitié folle d’inquiétude et malgré les ordres précis du comte qui lui avait assigné Horwol comme résidence, elle partit pour Mohilew où les courriers parvenaient plus tôt.


LA COMTESSE HELÈNE AU COMTE VINCENT


« Jeudi 4 janvier.


» Je suis au désespoir, je pars pour Mohilew d’où je l’enverrai encore un courrier, car tu es sûrement malade.

» Pourquoi ne pas m’écrire si tu ne l’es pas ? tu ne sens pas ce que je souffre ! Sans cela tu ne négligerais pas de me renvoyer mon courrier. Ce silence affreux me lue.

» Adieu, Vincent, je monte en voiture et je pars. »


Deux jours après arriva le courrier si impatiemment aitendu. Le comte avait été atteint de la grippe dans une mauvaise auberge, entre Riga et Pétersbourg. Cetle maladie, alors à l’état d’épidémie en Russie, présentait un sérieux danger. Le comte, dans la crainte d’inquièter Hélène et surtout redoutant de la voir arriver subitement, lui avait caché sa maladie et ne lui écrivit que de Pétersbourg.

  1. Lors du dernier partage de la Pologne, en 1794, M. de Hertzberg, ancien premier ministre de Frédéric-Guillaume de Prusse, écrivit à ce monarque : « J’avoue que selon mes idées c’est la plus grande faute politique que les trois cabinets puissent faire et surtout la Prusse. Le titre dont les trois pays se servent pour partager la Pologne est si odieux qu’il fera toujours un tort infini à la réputation des trois souverains, et que leurs noms resteront flétris dans l’histoire. Je ne sais comment le concilier avec leur religion et leur conscience. » Le roi lui répondit : « Il fut un temps où vous remplissiez un devoir en me soumettant votre opinion sur les affaires que je confiais à votre zèle. Aujourd’hui que votre carrière diplomatique est finie, je vous eusse tenu compte de la discrétion qui m’eût épargné des conseils dont je ne fais cas qu’autant que je les demande. » Cette réponse sèche et dure porta un coup si funeste à la santé de M. de Hertzberg qu’il mourut quelque temps après.
    (Paganel, Histoire de Joseph II.)
  2. La comtesse Diane de Polignac, qui venait d’arriver en Ukraine.
  3. Les paysans lithuanions étaient plus pauvres que ceux de l’Ukraine et infiniment moins industrieux. Il n’y avait point de fer dans leurs chariots, les traits de leurs chevaux étaient faits d’écorce d’arbre. Ils ne connaissaient pas d’autre instrument que la hache pour construire leurs meubles, leurs huttes et leurs chariots. Leur vêtement consistait en une chemise de toile grossière, des caleçons pareils, une sorte de justaucorps d’étoffe de laine, un manteau de peau de mouton et des souliers d’écorce d’arbre.
  4. La princesse Radzivill était la femme du propre frère de la mère d’Hélène, le prince Radzivill.
  5. Le comte Valentin Esterhazy, ami intime du prince de Ligne.
  6. « Le roi ouvrit le grain de millet et l’étonnement de tout le monde ne fut pas petit quand il en tira une pièce de toile de 400 aunes, si large que tous les oiseaux, les animaux et les poissons y étaient peints avec les arbres, les fruits et les plantes de la terre ; les rochers, les raretés, les coquillages de la mer ; le soleil, la lune, les étoiles, les astres et les planètes des cieux. Il y avait encore le portrait des rois et des autres souverains qui régnaient pour lors dans le monde ; celui de leurs femmes, de leurs maîtresses, de leurs enfants et de tous leurs sujets, sans que le plus petit polisson y fût oublié. » (La Chatte blanche, par madame d’Aulnoy).
  7. . Il était vice-chancelier et passait pour avoir combattu le partage de la Pologne, dont il ne profita pas moins.
  8. Non seulement on na trouvait pas de bougies, mais la chandelle était même inconnue dans les villages, où quelquefois l’unique chambre donnée au voyageur pour coucher et pour manger était éclairée par une espèce de bûche de sapin longue de cinq pieds, enfoncée dans une fente de sa cloison et suspendue ainsi au-dessus de sa table, Ce bizarre luminaire brûlait assez bien, grâce à la térébenthine que contenait ses pores. Mais, à chaque instant, des flammèches brûlantes tombaient sur la table ou sur les voyageurs.