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Histoire d’une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne/14

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Calmann Lévy (1p. 272-287).

VI


Voyage des deux princes à Berlin. — Portrait de Frédéric le Grand. — Voyage à Pétersbourg. — Portrait de l’impératrice Catherine. — Retour par la Pologne. — Werky, château du prince évêque. — La Diète à Varsovie. — L’indigénat. — Retour à Bel-Œil.



Le prince de Ligne n’avait pas parlé à la légère, en disant à son fils qu’ils iraient en Pologne chercher l’indigénat. Au milieu des séductions de la vie de Versailles, il partit tout à coup. « Des intérêts de famille, dit-il, m’obligèrent à entreprendre un voyage lointain. Mon fils Charles épouse une jolie petite Polonaise, mais sa famille nous donne du papier au lieu de l’argent comptant. C’étaient des prétentions sur la cour de Russie, il fallut les aller chercher. Je partis en juin 1780 pour Vienne Prague, Dresde, Berlin, Pétersbourg, Varsovie, Cracovie, où j’avais à faire, Mogylany[1], Léopol et Brunn où j’étais amoureux. J’allais oublier de dire que c’est de Paris et de la rue Bourbon, de chez la duchesse de Polignac, qui venait d’accoucher[2] et chez qui j’avais dîné avec la reine, que je partis. Je leur promis de retourner à la même heure, six mois après, et j’ordonnai mon carrosse de remise et mon laquais de louage en conséquence. »

La somme que le prince de Ligne réclamait au nom de sa belle-fille était considérable. Il s’agissait de quatre cent mille roubles, cela valait la peine de chercher à les obtenir. Cependant nous croyons que ces intérêts de famille servirent de voile à des intérêts politiques ; ce voyage était probablement destiné à donner suite à certains préliminaires entamés par Joseph II et l’impératrice Catherine à l’entrevue de Mohileff. Le prince partit de Vienne où il avait été prendre ses dernières instructions. Ses compagnons de voyage étaient son fils Charles et son ami le chevalier de l’Isle.

« Je fis de l’Isle colonel, écrit-il, en disant tout simplement en Autriche, en Prusse en Pologne et en Russie qu’il l’était, et en lui achetant une paire d’épaulettes. Je fus aussi obligé de le faire chevalier, ajoute-t-il, pourle distinguer, dans les pays étrangers, de l’abbé du même nom[3]. »

La guerre pour la succession de Bavière était terminée depuis un an, lorsque les princes entreprirent leur voyage. « Le résultat de cette guerre avait été pour le roi de Prusse beaucoup de dépenses d’hommes, de chevaux et d’argent, quelque apparence de bonne foi et de désintéressement, peu d’honneur dans la guerre ; un peu d’honnêteté en politique et beaucoup d’amertume contre nous. Le roi commença, sans savoir pourquoi, à défendre aux officiers autrichiens de mettre le pied dans ses États sans une permission expresse signée de sa main. Même défense de la part de notre cour pour les officiers prussiens ; et gêne des deux côtés sans profil ni raison. Je suis confiant, moi, je croyais encore que je pouvais m’en passer ; mais l’envie d’avoir une lettre du grand Frédéric, plutôt que la crainte d’être mal reçu, m’engagea à lui écrire. »

Au lieu d’une lettre, le prince de Ligne en reçut trois, et charmantes. De peur de le manquer, le roi lui avait écrit de Potsdam à Vienne, à Dresde et à Berlin. Les voyageurs arrivérent à Postdam le 28 juin.

« En attendant midi pour être présenté au roi avec mon fils Charles et M. de l’Isle, je vis la parade et je fus bientôt entouré et escorté par des déserteurs autrichiens, surtout de mon régiment, qui me caressaient presque et me demandaient pardon de m’avoir quitté. L’heure de la présentation sonna, le roi me reçut avec un charme inexprimable. La froideur militaire d’un quartier général se changea en un accueil doux et bienveillant. Il me dit qu’il ne me croyait pas un fils aussi grand :

» — Il est même marié, Sire, depuis un an.

» — Oserais-je vous demander avec qui ?

» — Avec une Polonaise, une Massalska.

» — Comment, une Massalska ? savez-vous ce que sa grand’mère a fait ?

» — Non, Sire, lui dit Charles.

» — Elle mit le feu aux canons, au siège de Dantzig, elle tira et fit tirer, et se défendit, lorsque son parti, qui avait perdu la tête, ne songeait qu’à se rendre.

» — C’est que les femmes, dis-je alors, sont indéfinissables : fortes et faibles tour à tour, discrètes, dissimulées, elles sont capables de tout.

» — Sans doute, dit M. de l’Isle, fâché de ce qu’on ne lui avait encore rien dit, et avec une familiarité qui ne devait pas réussir, voyez !…

» Leroi l’interrompit après une demi-seconde. Pour faire plaisir à de l’Isle, je dis au roi que M. de Voltaire était mort dans ses bras. Ça fit que le roi lui adressa quelques questions. Il répondit un peu trop longuement et s’en alla. Charles et moi, nous restâmes à diner.

» C’est là pendant cinq heures tous les jours que la conversation du roi acheva de m’enchanter : beaux-arts, guerre, médecine, littérature et religion, philosophie, morale, histoire et législation passèrent tour à tour en revue. Les beaux siècles d’Auguste et de Louis XIV, la bonne compagnie des Romains, des Grecs et des Français, la chevalerie de François Ier, la franchise et la valeur de Henri IV, la renaissance des lettres, les anecdotes sur des gens d’esprit d’autrefois, leurs inconvénients, les écarts de Voltaire, l’esprit susceptible de Maupertuis, que sais-je enfin ? Tout ce qu’il y avait de plus varié et de plus piquant, c’était ce qui sortait de sa bouche, avec un son de voix fort doux, assez bas et aussi agréable que le mouvement de ses lèvres qui avaient une grâce inexprimable. C’est ce qui faisait, je crois, qu’on ne s’apercevait pas qu’il fût, ainsi que les héros d’Homère, un peu babillard mais sublime. Ses yeux trop durs dans ses portraits, mais tendus par le travail de cabinet et les fatigues de la guerre, s’adoucissaient en écoutant ou en racontant quelque trait d’élévation ou de sensibilité…

» Un matin, comme j’arrivais chez le roi, il vint à moi et me dit : « Je tremble de vous apprendre une mauvaise nouvelle, on vient de m’écrire que le prince Charles de Lorraine est à toute extrémité. » Il me regarda pour voir l’effet que cela faisait sur moi, et, remarquant quelques larmes qui s’échappèrent de mes yeux, il changea de conversation par les transitions les plus douces. Le lendemain le roi vint me dire dès qu’il me vit, et de l’air le plus pénétré : « Si vous devez apprendre la mort d’un homme qui vous aimait et qui honorait l’humanité, il vaut mieux que ce soit de quelqu’un qui la sent aussi vivement que moi ; le pauvre prince Charles n’est plus ! » En me disant cela, son attendrissement devint extrême. »

À la suite d’une causerie pendant laquelle le roi avait parlé sans désemparer pendant près d’une heure, le prince, qui trouvait son rôle d’écouteur un peu monotone, saisit au vol le nom de Virgile :

— Quel grand poète, Sire, mais quel mauvais jardinier !

— À qui le dites-vous ! N’ai-je pas voulu planter, semer, labourer, piocher, les Géorgiques à la main ! « Mais, Monsieur, me disait le jardinier, qui ne me connaissait pas, vous êtes une bête, et votre livre aussi, ce n’est pas ainsi qu’on travaille. » Ah ! mon Dieu ! quel climat ! croiriez-vous que Dieu et le soleil me refusent tout ? Voyez mes pauvres orangers, mes oliviers, mes citronniers, tout cela meurt de faim.

» — Il n’y a donc que les lauriers qui poussent chez vous, Sire, à ce qu’il me semble ?

» Le roi me fit une mine charmante, et, pour détourner la fadeur par une bêtise, j’ajoutai bien vite : « Et puis, Sire, il y a trop de grenadiers dans ce pays-ci, cela mange tout. » Et le roi se mit à rire, parce qu’il n’y a que les bêtises qui fassent rire. »

Le prince savait que le roi ne pouvait pas souffrir M. de Ried et il savait que c’était pour lui avoir parlé de la prise de Berlin par le maréchal Haddik que le roï avait pris le général Ried en guignon ; aussi, quand Frédéric lui demanda s’il trouvait Berlin changé, il n’eut garde de lui dive et de lui rappeler qu’il était de ceux qui s’en emparèrent en 1760. « Il fut satisfait de ma retenue, car c’était un vieux sorcier, qui devinait tout et dont le tact était le plus fin qu’il y eût jamais eu. »

Le prince osa lui poser une question hardie en parlant de la France.

« — Il y a de tout, Sire, dans ce pays-là, qui mérite réellement d’être heureux ; on prétend que Votre Majesté a dit que, si l’on voulait faire un beau rêve, il faudrait…

— Oui, interrompit le roi, c’est vrai, il faudrait être roi de France. »

Après quinze jours passés à Potsdam le plus agréablement du monde, les princes quittèrent à regret le roi de Prusse pour continuer leur long voyage et arrivèrent à Pétersbourg au mois d’août.

L’impératrice accueillit le prince de Ligne avec une distinction particulière ; elle le connaissait de longue date par les lettres de Voltaire et les récits de l’empereur Joseph à Mohileff. Catherine le trouva digne des éloges qu’on lui en avait fait et elle écrivait : « Il y a encore ici le prince de Ligne, qui est un des êtres les plus plaisants et les plus aisés à vivre que j’aie jamais vus. Voilà bien une têle originale qui pense profondément et fait des folies comme un enfant. Je m’accorderai fort de cette compagnie-là. »

Le prince, de son côté fut charmé de Catherine le Grand comme il l’appelait, et, grâce à ses récits, nous avons le portrait vivant de la czarine. « On voyait, dit-il, qu’elle avait été belle plutôt que jolie ; la majesté de son front était tempérée par des yeux et un sourire agréables ; mais ce front disait tout, on y lisait comme dans un livre : génie, justice, justesse, courage, profondeur, égalité, douceur, calme et fermeté.

» Son menton un peu pointu n’était pas absolument avancé, mais il était loin de se retirer et avait de la noblesse. L’ovale de son visage n’était pas bien dessiné, mais elle devait plaire, car la franchise et la gaieté habitait ses lèvres, Elle doit avoir eu de la fraîcheur et une belle gorge ; celle-ci ne lui était arrivée cependant qu’aux dépens de sa taille, qui avait été mince à rompre ; mais on engraisse beaucoup en Russie. Elle était propre, et, si elle n’avait pas tant fait tirer ses cheveux, qui auraient dû, en tombant un peu plus bas, accompagner son visage, elle aurait été bien mieux.

» On ne s’apercevait pas qu’elle était petite : elle m’a dit lentement qu’elle avait été extrêmement vive, chose dont on ne pouvait pas se faire d’idée.

» Ses trois révérences d’homme à la russe se faisaient toujours de même, en entrant dans un salon ; une à droite, une à gauche et l’autre au milieu. Tout était chez elle mesuré et méthodique. »

Quelques jours après son arrivée, le prince était déjà fort avant dans l’intimité de Catherine.

« — Quelle figure me supposiez-vous ? me demanda-t-elle.

» — Je croyais Votre Majesté grande, raide comme une épingle, des yeux comme des étoiles et un grand panier ; je croyais aussi qu’il n’y avait jamais qu’à admirer, et l’admiration est bien ennuyeuse.

» — N’est-ce pas, vous ne vous attendiez pas à me trouver si bête ?

» — À la vérité, j’avais cru qu’il fallait toujours avoir de l’esprit sous les armes avec Votre Majesté, qu’elle se permettait tout et qu’elle était un vrai feu d’artifice ; mais j’aime bien mieux sa conversation négligée, qui devient sublime lorsqu’il s’agit de beaux traits d’histoire, de sensibilité ou de grandeur. »

Et l’impératrice riait de bon cœur de cette franchise adroitement mêlée de compliments.

« C’est ce contraste de simplicité dans ce qu’elle disait avec les grandes choses qu’elle faisait qui la rendait piquante. Elle s’amusait d’un rien, prenait plaisir à la plus petite plaisanterie et s’en servait le plus drôlement du monde. Je lui racontai un jour que, pour me débarrasser du reproche que me faisait une dame de ce que je ne parlais pas assez et avais l’air ennuyé chez elle, je répondis que je venais d’apprendre qu’une tante qui m’avait élevé était à la mort. Lorsque l’impératrice s’ennuyait, les grands jours de représentation, elle me disait quelquefois : « Je suis au moment de perdre mon oncle. » Alors j’entendais dire, derrière moi : « Nous allons avoir un deuil ! » et toute la cour cherchait cet oncle dans l’almanach et ne le trouvait pas.

Quelle que fût la séduction exercée par Catherine sur le prince, elle ne put lui faire oublier Marie-Thérèse, et il écrivait à la fin de son séjour : « L’impératrice Marie-Thérèse avait pourtant bien plus de magie et de séduction… Notre impératrice enlevait ; celle de Russie laissait augmenter l’impression, bien moins forte, qu’elle faisait d’abord. Cependant elles se ressemblaient en ce que l’univers écroulé les eût trouvées impavidas ferient ruinæ ; rien au monde ne les eût fait céder ; leurs grandes âmes étaient cuirassées contre les revers ; l’enthousiasme courait devant l’une et marchait après l’autre. »

Il fallait pourtant s’arracher aux délices de ce charmant séjour. Mais, avant le départ des princes, l’impératrice dit en riant au prince père : « Puisque vous m’avez dit que vous vendriez, joueriez ou perdriez les diamants que je vous donnerais, en voilà seulement pour cent roubles autour de mon portrait en bague[4] ! »

Catherine joignit à ce présent des bijoux pour la princesse de Ligne et ses filles ; le prince Charles reçut un riche écrin destiné à Hélène, et les princes partirent pour la Pologne en n’ayant oublié qu’une chose, de réclamer les quatre cent mille roubles pour lesquels ils avaient entrepris le voyage, « parce que, dit gaiement le prince, il me paraissait peu délicat de profiter de la grâce avec laquelle on me recevait pour obtenir des grâces ».

L’évêque de Wilna reçut les princes dans son château de Werky, situé à peu de distance de Wilna. « Werky, écrivait le prince, est un heureux enfant de la nature ; une grande rivière, trois petites, une chaîne de montagnes séparent deux vallons. Quatre ou cinq cascades, trois îles, des fabriques, des châteaux, un moulin, un port, une ruine, deux couvents à belles façades faisant effet, des rampes naturelles, le temple de Vulcain, le temple de Bacchus, le temple de l’Union, qui doit se faire sur des pilotis et une espèce de pont au confluent de trois jolis ruisseaux, un obélisque, une cabane de pêcheurs, une d’ouvriers, des ponts ornés, d’autres sauvages, assurent l’agrément de ce magnifique séjour. Je conseille et je dirige tout cela. »

La Diétine de Wilna était assemblée pour nommer les députés à la Diète de Varsovie. L’évêque réunit à diner quatre-vingts gentilshommes polonais, presque tous revêtus de l’habit national et la tête rasée à la manière polonaise. Avant le diner, chacun d’eux vint saluer l’évêque en baisant le bord de sa robe avec respect. À la fin du repas, on porta des santés, l’évêque nommait tout haut la personne à laquelle s’adressait le toast, puis il remplissait une antique coupe admirablement ciselée, la vidait et la renversait pour montrer qu’il l’avait bue en entier. Il la passait à son voisin de droite et elle faisait ainsi le tour de la table. Ces santés se portaient toujours avec du champagne ou du tokay. Après un intéressant séjour à Werky et à Wilna les princes repartirent avec l’évêque pour Varsovie. On a vu dans les négociations pour le mariage du duc d’Elbœuf avec Hélène, que le prince évêque et le marquis de Mirabeau rêvaient le trône de Pologne pour le mari futur de la jeune princesse. Cette idée avait pris racine dans le cerveau de l’évêque ; les rapports qu’on lui fit de Pétersbourg et l’accueil particulièrement distingué qu’avaient reçu les princes achevèrent de l’y implanter. Persuadé que le prince était fort avant dans les bonnes grâces de l’impératrice et convaincu que le roi Slanislas-Auguste n’y était plus, l’évêque, toujours prêt à se jeter dans une aventure nouvelle, profita de l’ouverture de la Diète pour poser la candidature du maréchal à l’indigénat.

« Vous serez un jour roi de Pologne, lui disait l’évêque enthousiasmé ; quel changement dans la face des affaires de l’Europe ! Quel bonheur pour les Ligne et les Massalski ! » Le maréchal riait ; mais, tout en se moquant de ces propos, il se laissa faire. « Il me prit envie, dit-il, de plaire à la nation rassemblée pour la Diète et je me présentai. »

Vingt-cing candidats étaient sur les rangs pour obtenir l’indigénat, vingt-quatre d’entre eux furent écartés, le prince seul fut conservé ; mais il fallait l’unanimité des suffrages et trois opposants se présentèrent. « Ils manquèrent d’être sabrés, et la main que mit un nonce à son sabre entre autres, avec des menaces si hautes, faillit faire dissoudre la Diète, et peut-être couper la tête à mon trop zélé partisan.

» J’allai à messieurs les opposants, je parvins à dissiper leurs préventions, si bien qu’en parlant avec une grâce et une éloquence dignes de ce pays-là, ils dirent qu’en faveur d’une acquisition qu’ils trouvaient si honorable, ils solliciteraient à leur tour chacun la voix d’un de leurs amis. Je m’élançai, contre l’usage, dans la salle des nonces, j’embrassai la moustache de ces trois orateurs ; elle m’électrisa, car je devins orateur moi-même et en latin, puis je leur pris la main, je les caressai, et un sgoda[5] général fit trembler la salle trois fois et la fit presque tomber au bruit des applaudissements universels. »

Après avoir conquis les bonnes grâces de l’impératrice Calherine, tracé les jardins de l’évêque de Wilna, acquis l’indigénat et être devenu presque aussi populaire à Varsovie qu’à Bruxelles, le prince de Ligne, fidèle à sa parole, arrivait à Versailles six mois, jour pour jour après en être parti.

  1. Terre de la princesse Charles.
  2. C’était du comte Armand-Jules de Polignac que la duchesse venait d’accoucher le 14 mai 1780.
  3. L’abbé Delille, né à Aigueperse le 22 juin 1728, mort à Paris le 1er mai 1813. Il était membre de l’Académie française et jouissait, comme poète, d’une réputation européenne, singulièrement diminuée aujourd’hui.
  4. On dit que l’amitié de Catherine pour le prince de Ligne devint quelque ehose de plus ; nous inclinons à le croire, surtout en lisant les lettres acerbes que Grimm adresse à l’impératrice at sujet du prince, dont il était jaloux. On verra plus tard qu’il excita de même la jalousie de Potemkin. Quoi qu’il en soit, le prince fut discret sur ce point, il le fut aussi sur les conversations politiques qu’il eut avec l’impératrice ; il n’en raconta rien, même à propos de la Pologne. Il est difficile de croire cependant qu’il n’effleura pas ce sujet-là ; la princesse Charles était Polonaise, et Catherine pouvait supposer que son beau-père et son mari portaient quelque intérêt à ce malheureux pays.
  5. Le sgoda était le cri qui annonçait l’unanimité des suffrages.