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Histoire d’une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne/19

La bibliothèque libre.
Calmann Lévy (1p. 385-415).

XI


La révolte des Flandres. — Mort de Joseph II. — Le prince Charles au service de Russie, — Assaut d’Ismaïl. — Retour à Vienne. — Hélène à kuwaluwka. — Voyage du comte à Paris. — Les Ligne refusent d’accorder le divorce. — Maladie du comte.



Tandis que ces aventures romanesques se passaient en Ukraine, des événements plus sérieux s’accomplissaient dans les Flandres. Van der Noot, unissant ses efforts à ceux de Vonck et de Van der Mersch, lançait un manifeste engageant le peuple brabançon à se révolter, et, le même jour, 24 octobre 1789, la petite armée des patriotes réunis à Hasselt envahissait le territoire belge[1],

L’empereur, alarmé trop tard, avait essayé d’enrayer le mouvement par d’inutiles concessions, et, sous l’empire de l’irritation violente que lui causait la défection des Flandres, il soupçonnait tous les Flamands de faire partie des révoltés. Le prince de Ligne lui-même, occupé au siège de Belgrade, ne fut pas à l’abri de son mécontentement ; c’est alors qu’il lui écrivit la lettre si dure que nous avons rapportée plus haut. Mais Joseph ne tarda pas à reconnaître l’injustice de ses soupçouns et rappela près de lui le prince de Ligne, Celui-ci se hâta d’obéir et écrivit à l’empereur celle lettre charmante :


« Belgrade, novembre 1789.


» Je suis comblé de joie de la permission que Votre Majesté vient de m’accorder d’aller me mettre à ses pieds et de rester à Vienne jusqu’à ce que je mène, en Moravie ou en Silésie, l’armée qui revient de Syrmie. Je suis plus sensible, Sire, aux grâces qu’aux disgrâces. Les soins que je n’ai cessé de donner au siège de Belgrade et la fièvre que le quinquina n’a pu vaincre m’ont empêché d’éprouver le chagrin qu’on aurait dû ressentir de cette terrible phrase : « Attendez-vous aux preuves de mon mécontentement, n’ayant ni le goût ni l’habitude de me laisser désobéir. » Je m’étais bien trouvé de ma conduite, Sire, il y a onze ans dans la guerre de Bavière, et vous m’en aviez remercié : cette fois-ci, Votre Majesté m’avait ordonné de ne lui envoyer que des estafettes, et, si j’ai fait partir des aides de camp, c’est parce que le comte de Choiseul à écrit de Constantinople de faire passer sûrement et bien directement sa dépêche très importante au marquis de Noailles. Les estafettes dorment, s’enivrent ou sont assassinées.

» Je vous demande pardon, Sire, de n’avoir pas été inquiet de votre colère ; c’est que je connais encore mieux votre justice : Je me suis dit qu’un voyage qu’un de mes aides de camp a fait mal à propos dans les Pays-Bas, au plus fort de la révolte, a fait croire peut-être à Sa Majesté que j’y étais pour quelque chose et que j’avais quelques rapports avec les mécontents[2]. »

Pendant que le prince de Ligne revenait à Vienne, les insurgés s’emparèrent de Gand et de Bruxelles, et, le 2 décembre 1789, ils déclaraient Joseph II déchu de la souveraineté des Pays-Bas. Deux mois après, l’empereur succombait à une maladie chronique aggravée par le chagrin et l’inquiétude[3]. Le prince de Ligne écrivit à l’impératrice Catherine : « Il n’est plus, Madame, il n’est plus, le prince qui faisait honneur à l’homme, l’homme qui faisait le plus d’honneur au prince. Il me dit, peu de jours avant sa mort, et à mon arrivée de l’armée de Hongrie que j’avais menée en Silésie : « Je n’ai pas été en état hier de vous voir. Votre pays m’a tué… Gand pris a été mon

agonie et Bruxelles abandonnée ma mort. Quelle avanie pour moi ! (Il répéta plusieurs fois ce mot.) J’en meurs ; il faudrait être de bois pour que cela ne fût pas. Je vous remercie de tout ce que vous venez de faire pour moi. Laudon m’a dit beaucoup de bien de vous. Je vous remercie de votre fidélité. Allez aux Pays-Bas, faites-les revenir à votre souverain et, si vous ne pouvez pas, restez-y : ne me sacrifiez pas vos intérêts, vous avez des enfants… »

On trouva sur la table de l’empereur quelques lettres écrites la veille de sa mort. L’une d’elles, en français, était adressée aux princesses François et Charles de Lichtenstein et aux comtesses Clary, de Kinsky et de Kaunitz.


AUX CINQ DAMES QUI ONT EU LA BONTÉ
DE M’ADMETTRE DANS LEUR SOCIÉTÉ


« Il est temps que je vous dise un éternel adieu, et que je vous témoigne la gratitude dont me pénètre la condescendance et la douceur que vous m’avez montrées pendant un si grand nombre d’années, Il n’est pas un seul de ces jours dont le souvenir ne me soit cher. L’idée d’une telle séparation est le seul acte qui coûte à mon cœur.

» Plein de confiance dans la bonté de la Providence, je me soumels entièrement à ses décrets. Conservez ma mémoire et souvenez-vous de moi, dans vos prières. Mon écriture vous fera juger de l’état où je suis. »

Le prince de Ligne fut profondément affecté de cette perte, dont il ne tarda pas à ressentir les pénibles effets. Léopold II, qui succéda à son père, témoigna une froideur significative à tous ceux auxquels Joseph avait montré de l’attachement. Au reste, la politique du nouveau souverain ne devait rappeler en rien celle de son prédécesseur. Le 27 juillet 1790, l’Autriche signait à Reichenbach une convention avec la Prusse, par laquelle elle s’engageait à conclure la paix avec la Porte, sur la base du statu quo avant la guerre. Le prince Charles, prévoyant une inaction forcée, sollicita et obtint la permission d’entrer au service de la Russie. Il partit laissant son père à Vienne, assez mal en cour et désolé de se séparer de lui.

C’est en Bessarabie sous les ordres de Souvarof que le prince Charles fit la campagne. Il fut désigné pour diriger une partie des opérations du fameux siège d’Ismaïl[4].

Depuis le 19, Souvavof battait cette ville en brèche ; il dirigea lui-même l’attaque du côté de la terre, tout en la faisant attaquer du côté du fleuve. Les Russes furent repoussés trois fois par un feu terrible : deux colonnes demeurèrent trois heures dans les fossés sous une pluie de mitraille. Enfin un incendie qui éclata dans la ville permit aux Russes de pénétrer ; l’assaut avait duré dix heures. Le prince Charles s’élança des premiers, et, sur ses traces, on vit monter, comme simples volontaires, le duc de Richelieu, le comte Roger de Damas, le comte de Langeron, etc., etc. Quinze mille Turcs furent massacrés et la ville livrée au pillage. Le prince Charles reçut à la jambe une blessure qui ne l’arrêta point.

Le général Ribas, qui commandait la flottille sur le Danube, écrivit au prince de Ligne :


« Ismaïl, 15 décembre.


» Mon prince, permettez qu’en me rappelant au souvenir de Votre Altesse sérénissime, j’ose la féliciter de la gloire que le prince Charles s’est acquise, à l’assaut d’Ismaïl, où il a commandé une colonne de descente, qui a été la premièr. à mettre pied à terre en suivant l’exemple de son intrépide chef. Malgré une assez forte blessure à la jambe, il a sauté le premier hors de la chaloupe, et a escaladé les remparts de la place sous le feu le plus meurtrier. Il s’en est emparé après avoir brûlé une frégate turque, qui nous faisait beaucoup de mal, et avoir établi et dirigé celle de nos batteries qui a fait le plus de mal à l’ennemi. »

Au moment où le prince Charles pénétrait dans Ismail et au milieu du pillage, de l’incendie et de l’effroyable massacre des Turcs, il aperçut un enfant de trois ou quatre ans seul, sous le portique d’une maison de belle apparence ; cet enfant jetait des cris déchirants ; sa beauté, ses riches vêtements attirèrent les regards du prince ; il enleva l’enfant dans ses bras ; celui-ci cessa de crier, le regarda avec de grands yeux étonnés ; puis, effrayé du tumulte et des scènes d’horreur qui se passaient autour de lui, il cacha son visage dans la poitrine de son sauveur, en serrant son cou de toute la force de ses petits bras. Le prince ému se hâta d’emporter l’enfant en lieu sûr, et le fit interroger par quelques prisonniers échappés au massacre. Tout ce qu’il put dire, fut qu’il s’appelait Norokos, et qu’on avait tué sa mère et les femmes qui le gardaient. Le prince choisit parmi les prisonniers un homme et une femme turcs, les plaça auprès de l’enfant et ordonna qu’il fût entouré de tous les soins imaginables, étant décidé à l’adopter, et à l’emmener avec lui à Vienne lorsqu’il y rentrerait.

Aussitôt après la prise d’Ismaïl, l’impératrice Catherine écrivit au prince Charles pour lui annoncer, elle-même, sa nomination au grade de colonel et la croix de commandeur de l’ordre de Saint-Georges. C’est à Vienne que le prince de Ligne reçut la nouvelle de la prise d’Ismail et des honneurs que l’impératrice venait d’accorder à son fils. Il venait d’éprouver lui-même un passe-droit et une injustice flagrante de la part de Léopold II ; mais il oublia tout devant les succès de son Charles et il écrivit le même jour à la tzarine :


« Madame,


» Mon cœur qui va toujours le premier, et si vite que je ne puis jamais l’arrêter, saura-t-il exprimer toute sa reconnaissance du bienfait accordé par Votre Majesté impériale à mon excellent et heureux Charles ? Je ne publierai point la lettre que vous avez daigné m’écrire, je me contenterai de ne l’oublier jamais. Il faudra la paix, pour que Votre Majesté se remette même à avoir de l’esprit : car voilà quatre ans qu’elle n’a que de l’âme et du génie. Mon Dieu, qu’il y en a dans la lettre à mon bon Charles ! J’ai peur qu’il n’en devienne fou… »

Mais c’est avec son fils que le prince se livre à l’effusion la plus vive.


« Vienne, ce 25 novembre 1790,


» Tu me fais donc finir la guerre comme je l’ai commencée, en mourant de peur pour le plus intrépide des mortels, de joie de t’avoir fait, d’attendrissement de ce que tu fais, et de regret de n’avoir jamais approché de ton mérite dans tous les genres[5]  ! Mon cher Charles, malgré ces quatre morts-là, je vis fort bien et le plus heureux des hommes, de ce que je vais te revoir. Mon Dieu, bon Charles, brave Charles ! quelles peines tu m’as données ! C’est moi qui joue toujours gros jeu. Si l’on t’avait néboïssé[6] comme quelquefois, et deux ou trois nuits surtout j’y ai songé au lieu de dormir, dis-moi, je te prie, ce que j’aurais fait au monde ? Si j’avais pu y survivre, aurais-je été une minute sans me reprocher la force et la faiblesse que j’ai eues de ne pas m’opposer à ton départ ?… »

Presque aussitôt après la paix d’Ismaïl, l’impératrice entama secrètement des négociations pour traiter avec les Turcs. Préoccupée de ce qui se passait en France et surtout en Pologne, elle voulait en finir avec une guerre qui occupait la plus forte partie de son armée. Le prince Charles, au courant de ce qui se passait, demanda et obtint son congé. Il annonça à son père son retour à Vienne ; il revenait escorté d’une suite nombreuse : il ramenait le petit Norokos et ses serviteurs, une musique turque composée de douze musiciens, et rapportait des cadeaux superbes d’armes et de chevaux que lui avaient offerts le maréchal Souvarof et le prince Potemkin.


LE PRINCE DE LIGNE À SON FILS


» Dieu, Dieu, Dieu, cher Charles ! tu reviens, toi ! mais, moi, je n’en reviens pas. Je te jure qu’avec le bonheur que tu as eu d’échapper à de pareils dangers, tu seras immortel au physique comme au moral. Je ne sais pas comment je ferai pour t’embrasser, où je me mettrai, où ira ton grand nez et où je fourrerai le mien. Je compte bien aussi baiser ton genou blessé en me mettant peut-être à genoux moi-même devant toi ou devant le ciel. »


P.-S. au plus brave et au plus joli
des volontaires
[7].


« Pour vous, cher duc, je ne chercherai pas à vous exprimer ce que j’ai éprouvé aussi à votre égard. On n’a jamais été plus petit-fils du maréchal de Richelieu, on n’a jamais été plus charmant et intrépide compagnon d’armes. Vous et Charles avez également contribué à l’honneur l’un de l’autre.

» Sûrs de votre estime naturelle, vous cherchiez à l’augmenter. Quel bonheur pour moi, cher duc, de vous savoir plein de vie et d’ardeur et de vous avoir aimé tendrement presque aussitôt que vous êtes venu au monde, dont vous étiez déjà l’ornement.

» Que je vous conte donc à tous deux : ah ! le bon homme que le roi de Naples. Il m’a embrassé dix fois, c’est-à-dire autant de fois qu’il m’a rencontré au bal chez son ambassadeur Gallo[8] “. Il me menait à tout le monde en disant : Suo figlio ! ah ! bravo juvene ! è férito[9]. »

La révolte des Flandres touchait à son terme. Le premier acte des Flamands, après avoir secoué la domination de l’Autriche, avait été de se diviser en deux factions hostiles, dont l’une voulait le maintien de leur ancienne constitution aristocratique et sacerdotale, pour laquelle on avait opéré la révolution, tandis que l’autre professait les opinions nouvelles de l’Assemblée constituante de Paris. Léopold, habile politique qui avait appris en Toscane l’art des négociations, profita adroitement de cette division, et promit, à son avènement au trône[10], de rendre aux Flandres leurs anciens privilèges, mais, en même temps, il leur envoyait une armée assez forte pour les soumettre au besoin. Le pays ne fit aucune résistance[11].

Le 2 décembre 1790, Léopold accordait une amnistie générale, et, au bout de peu de mois, toute trace de trouble avait disparu des Flandres.

Après avoir donné quelque temps à la joie de revoir son fils, la princesse de Ligne partit pour Bruxelles et Bel-Œil, afin de faire réparer les dégâts causés par la révolution dans leurs résidences, abandonnées depuis 1787. C’est précisément à cette époque que les lettres d’Hélène demandant le divorée parvinrent à son mari.

La famille de Ligne avait, à plusieurs reprises, exprimé le mécontentement qu’elle éprouvait du séjour prolongé de la princesse Charles en Pologne. Celle-ci avait d’abord répondu évasivement ; puis, après avoir demandé des nouvelles de la petite Sidonie, elle avait fini par ne plus écrire du tout.

Le départ subit et le séjour prolongé d’Hélène en Ukraine avaient fait sensation à Varsovie. La princesse maréchale et d’autres grandes dames polonaises, qui passaient l’hiver à Vienne, racontèrent cette aventure, avec force commentaires. Les Ligne, comme on peut le croire, se montrèrent gravement offensés de l’imprudente escapade d’Hélène, et, loin d’accueillir favorablement sa demande de divorce, ils refusèrent nettement d’y consentir. On peut supposer que, si la femme que le prince Charles aimait eût été libre, la réponse n’eût pas été la même ; mais évidemment il y avait un obstacle invincible à leur union. Sur ces entrefaites, le comte, qui dirigeait toutes les affaires d’Hélène, était parti pour Paris muni de ses pouvoirs, pour traiter avec les Ligne ; car la princesse Charles, encore pleine d’illusions, ne doutait pas qu’ils ne consentissent à ses désirs. Arvivé à Paris, il eut une première entrevue avec l’intendant du prince de Ligne père, et lui remit une copie de ses pleins pouvoirs.

L’intendant repartit pour conférer avec le prince sur ces graves questions et quand il revint à Paris, le comte, ayant appris directement par Hélène le refus catégorique du prince Charles, était déjà part.

Voici la lettre que lui apportait l’intendant.


LETIRE DU PRINCE DE LIGNE PÈRE


« Vienne, 15 janvier 1791.


» Comme nous ne savons plus si la princesse Charles de Ligne existe, et qu’il semble qu’elle est morte pour nous et pour la petite Sidonie, nous ne pouvons faire aucun arrangement avec elle.

» Une femme enfermée par un sot tyran polonais ne peut pas empêcher que le grand-oncle de Sidonie paie les lettres de change pour lesquelles il nous a donné toutes les sécurités possibles et qui sont destinées, de l’avis du prince Charles, du prince évêque et même de sa mère, à libérer les terres de la Galicie. Elle ne peut ni ne doit les administrer, puisqu’elle est sous le pouvoir d’un homme qui mène publiquement ses affaires ; elle pourrait faire tort à sa fille.

» Quand elle quittera le joug sous lequel elle vit, pour vivre à Paris ou à Varsovie, ou dans quelque terre à moi, si elle veut, elle jouira de trente mille livres de France, que son mari lui destine pour le moins, quand il jouira lui-même du plein de ses revenus.

» Comme, si la princesse Charles épousait le comle Potocki, elle serait encore plus malheureuse qu’elle n’est, son mari, par intérêt pour elle et pour sa fille, n’y consentira jamais.


» LIGNE. »


« Il faut rendre tout de suite à la princesse ses diamants et ce qui lui appartient et qu’elle envoie à Pradel des dessins que je crois qu’elle a encore à son mari, »

Le prince Charles voulait qu’on renvoyât sur-le-champ tous les diamants, meubles et effets laissés par Hélène à Bel-Œil ou à Bruxelles, et il écrivit à sa mère pour presser cet envoi. Mais on se souvient qu’Hélène avait quitté précipitamment Bruxelles, au moment de l’insurrection des Pays-Bas. Elle n’avait pas eu le temps d’acquitter quelques dettes contractées pour sa dépense personnelle. La princesse de Ligne écrivit à sa belle-fille la lettre suivante :


« Bruxelles, 24 février 1791.


» Comme votre mari m’avait écrit, Madame, qu’il avait consenti qu’il vous fût renvoyé tous les effets vous appartenant, à l’exception des livres dont beaucoup font déjà partie de la bibliothèque de Bel-Œil et les autres sont achetés avec la condition de les y envoyer, j’allais en ordonner l’emballage, lorsque vos créanciers, en ayant eu vent, sont venus mettre opposition, n’ayant, disent-ils, jamais eu de réponse aux lettres qu’ils vous ont fait parvenir. Ils ne veulent pas être dessaisis des effets qui leur servent de nantissement ; ce n’est qu’à ma considération, et sur la promesse que je leur ai faite de vous écrire moi-même, qu’ils veulent bien encore patienter, jusqu’au terme qu’il faut pour que cette lettre vous parvienne et que votre réponse puisse arriver.

» Je vous prie donc, Madame, si vous ne voulez pas vous exposer à voir vos effets vendus publiquement, de me faire passer une lettre de change ou un ordre à quelque banquier pour que, vers la fin d’avril, j’aie de quoi les satisfaire.

» Les mémoires que j’ai pu rassembler, joints à ceux dont j’ai connaissance, se montent environ à cinq mille florins de notre monnaie. Comme je ne compte pas être à Bruxelles passé le 15 de mai, je vous avertis que, si le 1er je n’ai pas d’argent, je remets vos effets à un crieur publie pour qu’il en fasse l’estimation et s’arrange avec les créanciers et je ne m’en mêle plus. Assurément vous ne gagnerez pas à cet arrangement ; car j’aurais mis plus d’économie et plus d’intérêt à vos affaires qu’il n’en mettra.

» Sidonie se porte à merveille, elle devient fort gentille, et, quoique vous ne vous occupiez guère d’elle, elle parle souvent de vous ; elle ne manque jamais dans ses petites prières de nommer sa maman.

» En attendant avec impatience votre réponse car suivant les précautions que je prends, je suis bien sûre que cette lettre vous parviendra, je suis, Madame,

» Votre, etc.


» LA PRINCESSE DE LIGNE.

Pendant ces négociations, Hélène vivait à Kowalowska, dans une profonde retraite. Cette lettre lui parvint dans un moment où il lui était impossible d’envoyer de l’argent à Bruxelles. Cette femme mondaine, habituée au luxe le plus recherché, était réduite presque à la gêne, et, par une fierté bien naturelle, ne voulait rien accepter du comte, sauf l’hospitalité. Elle lui écrivait :

« Votre lettre m’a rendue bien triste. Pas plus question de votre retour que s’il ne devait jamais avoir lieu. MM. de Ligne ne veulent entendre à rien ; que faire ? quel parti prendre ? Que veulent-ils de moi ? quel est leur but ? Ils veulent apparemment que le besoin me fasse condescendre à leur volonté, et croiront me faire une grâce en me renfermant dans un couvent avec une pension[12]. Mais, quand ils voudraient me recevoir dans le sein de leur famille, jamais je n’y retournerais ; tout est dit entre eux et moi, et je préférerais encore le convent à la peine de vivre avec des gens que je n’aime pas, et dont je serais méprisée ; ce mot seul me fait frémir.

» Quant à la fortune, il me serait bien pénible d’être à charge à qui que ce soit au monde, je voudrais plutôt vivre du travail de mes mains et ne balancerais pas à commencer par renvoyer tous mes gens et ne garder qu’une seule servante.

» Quant à mes effets, le peu que j’en ai, tels que livres, musique, quelques meubles, je ne les regarde plus comme à moi ; vous voudrez bien les prendre à compte de ce que je vous dois pour table, blanchissage, etc ; car, pour de l’argent, je nc peux pas vous en donner. J’ai fait une grande dépense ce mois-ci, que j’aurais tâché de ne pas faire si j’avais cru mes affaires en si mauvais état. J’ai acheté pour quarante ducats de toile pour faire des chemises, car j’en avais besoin, et il était difficile que je m’en passe ; on m’a fait voir de la belle toile, les occasions d’en trouver sont rares, j’en ai donc acheté. Si je me vois tout à fait en butte au malheur, j’aurai le courage nécessaire pour le supporter ; vous m’aimerez avec un fourreau de toile, comme avec un habit de soie et je me trouverai heureuse. Je ne me soucie pas de rentrer jamais dans le monde, j’ai connu de bonne heure tout ce qu’il avait de plus brillant, et je m’en suis lassée ; je ne me lasserai pas d’une vie modeste, même dans l’indigence, si vous m’aimez. »

La princesse Charles était en proie à des inquiétudes de tous les genres ; son imagination lui montrait partout des dangers : « Je suis bien éloignée d’être tranquille, écrivait-elle au comte, il me semble au contraire que chaque instant redouble ma peine et mes inquiétudes ; on m’a dit que le krajézy revenant de Vienne était à Dubus. Si vous le voyez au retour, je crains qu’il ne veuille vous porter à vous séparer de moi ; il aura sûrement connu MM. de Ligne à Vienne, leur cause l’intéressera, et il voudra les obliger, en vous engageant à m’abandonner, Cet idée me tourmente à un point extrême. Répondez-moi promptement là-dessus. Depuis jeudi, je suis livrée sans consolation à la tristesse de mes réflexions ; je crains qu’on ne profite de cette absence pour vous persuader de renoncer à notre union ; ne comptez jamais sur un consentement de ma part ; je vous rendrais vos serments si cela devait être utile à votre bonheur, mais rien ne mc fera rompre ceux que j’ai faits de vous aimer toujours. »

La princesse avait reçu une réponse fort brève à la lettre qu’elle avait adressée au prince-évêque ! Il n’avait point écrit lui-même, mais avait fait répondre par son intendant qu’il réfléchirait et refusait pour le moment de traiter avec le mandataire de sa nièce. Hélène écrivit au comte et ajouta :

« Si mon oncle ne veut pas tenir la transaction, il n’y a qu’à l’annuler et à me rendre mes terres ; mais me prendre mes terres, et ne rien me donner, est aussi par trop injuste, et il n’est pas possible que mon oncle me laisse mourir de faim. Il serait odieux qu’avec la fortune immense que je devrais avoir, je sois réduite à rien, par une injustice criante, et aux mépris de toutes les lois. Dieu veuille que je me tire des griffes de Silvestrowicz[13] avec un revenu suffisant pour n’être à charge à personne.

» Mais où est mon oncle ? pourrai-je lui envoyer quelqu’un, pour lui apprendre ma situation et la mauvaise volonté de Silvestrowicz ? Je vais me trouver sans un sol ; que ferai-je, dites-moi ? Mais comment se peut-il que mon oncle me dépouille entièrement sans qu’il y ait du remède à ccla ? Il n’y a que dans ce pays-ci où cela se puisse. Je suis en vérité bien malheureuse ; mais je suis si affectée de votre absence, qu’elle m’empêche de m’occuper de mes autres chagrins, qui ne sont en ce moment que la moindre partie de ma peine. Adieu, Vincent ; aimez-moi, car votre amour est le seul bien qui me reste. »

Le comte venait d’arriver en Pologne, mais il ne se pressait point de regagner l’Ukraine.

Il écrivit à Hélène que ses propres affaires le retenaient encore loin d’elle, mais qu’elle n’avait rien à craindre des influences dont elle lui parlait dans une lettre précédente. « Je me trouve bien soulagée, lui répond-elle, d’apprendre enfin que vous êtes en Pologne, et de savoir que je n’ai rien à redouter du krajezy ; sa femme, sa fille, ses fils, sont tous des amis intimes des MM. de Ligne, et j’avais peur qu’il ne voulût se mêler de nous renvoyer chacun chez nous. Quant à moi, je regarde l’engagement qu’on nous a fait prendre si jeunes, où il ne se trouvait aucune autre convenance que celle de la naissance et de la fortune, comme une erreur du destin ; c’est vous seul qui avez mon serment, mon véritable amour, le plus chaste et le plus sacré des liens. »

Peu de temps après, une nouvelle inquiétude vint troubler Hélène. « Imaginez-vous, écrivait-elle au comte, que j’ai lu dans la Gazette de Hambourg que le prince Charles allait revenir de l’armée russe, par Léopol ; il faut qu’il passe par Niemirow ou au moins tout près. Je vous assure que vos Cosaques ne sont pas de trop pour rassurer une poltronne comme moi[14]. » Mais le prince passa sans s’inquiéter d’elle.

Enfin le comte s’annonça. « Comme le cœur me bat, écrit Hélène, quand je pense que le moment approche, qui va vous ramener près de moi. Que vous ayez bien ou mal fini mes affaires, je suis si occupée de votre retour, que je ne m’en affecte pas comme je le ferais dans tout autre temps. Je calcule les minutes, je ne fais que penser à quelle heure vous serez parti, à quelle heure vous pourrez arriver, et il me semble qu’il y a encore des siècles à attendre.

» J’espère que vous recevrez cette lettre sur les grands chemins ; je viens d’en recevoir une de mon oncle : il paraît qu’il n’est pas fâché contre moi et qu’excepté de m’aider de son pouvoir et de son argent, il m’est entièrement dévoué. Quelle ironie ! mais qu’est-ce que cela me fait ? Si je suis indifférente à ma famille, elle me l’est bien aussi ; pourvu que vous m’aimiez toujours, je ne désire rien au monde ; je n’ai ni vanité, ni ambition, je n’ai que de l’amour. »

Le comte arriva à Niemirow fort mécontent de son voyage et fort inquiet de l’avenir. Il avait cru, d’après Hélène, qu’il ne rencontrerail aucune difficulté du côté des Ligne pour obtenir le divorce, et, au lieu du consentement qu’il attendait, il n’avait reçu qu’un refus très net, accompagné de l’appréciation la plus sévère de sa propre conduite et des mobiles intéressés qu’on lui supposait à tort ou à droit.

Îl croyait aussi venir facilement à bout d’obtenir le consentement de sa femme en lui rendant ses deux fils ; au lieu de cela, il rencontrait partout de sérieux obstacles à ses projets.

D’autre part, la situation de la princesse, vivant isolée et, pour ainsi dire, cachée dans une habitation du comte, voisine de Niemirow, ne pouvait se prolonger sans de graves inconvénients. La comtesse Anna était fort aimée dans le pays, ses deux enfants habitaient Niemirow, et chacun s’étonnait déjà de son absence prolongée : que serait-ce donc après le retour de son mari ? Toutes ces pensées assombrissaient l’esprit du comte, il fit une courte apparition à Kowalowlka, et Hélène fut bouleversée de la froideur et de l’embarras qu’il témoigna à leur première entrevue : il lui raconta brièvement les résultats peu satisfaisants de son voyage, lui laissant entrevoir qu’il ne pouvait séjourner à Niemirow, et l’engageant à se rendre auprès de son oncle pour y attendre une solution probablement fort éloignée.

Cette déclaration, quoique faite avec ménagement, produisit un effet terrible sur la princesse. Elle était persuadée, de bonne foi, qu’obtenir le divorce et se marier aussitôt après, serait la chose la plus facile ; son mariage devait faire oublier sa fuite imprudente, et les conséquences que le public avait pu en tirer. Tout à coup elle voyait ses plus chères espérances lui échapper, son honneur compromis, et l’homme auquel elle avait tout sacrifié lui proposer froidement de le quitter peut-être à jamais. Toutes ces idées se heurtèrent à la fois dans sa tête, avec une confusion et une violence telles, qu’elle perdit connaissance. Quand elle revint à elle, ses femmes seules étaient auprès de son lit, le comte avait regagné Niemirow. Ello lui écrivit aussitôt : « Vous m’avez laissée dans le désespoir le plus affreux, sans qu’un mouvement de pitié vous soit échappé. Il me reste à présent à vous dire que la vie m’est odieuse, si vous persistez dans le dessein de m’abandonner ; je vous demande à vous-même compte du sort que j’ai remis entre vos mains. Seriez-vous capable d’en disposer avec autant de légèreté ? »

Hélène attendit en vain une réponse toute la journée, le comte ne répondit pas. Le lendemain, elle reçut quelques lignes, lui annonçant qu’il était malade. La princesse ne quittait pas Kowalowka, elle n’était jamais entrée dans le château où habitaient les enfants de la comtesse Anna. Mais l’inquiétude lui faisant oublier toute prudence, elle écrivit : « Je suis au désespoir de vous savoir malade ; si vous me l’aviez écrit plus tôt, j’aurais peut-être trouvé quelque moyen pour aller vous voir. Et, si vous ne le pouvez pas, envoyez-moi la clef de la petite porte du jardin, et Saint-Charles pour me suivre, et j’irai vous trouver, car il m’est impossible de passer ce jour sans vous voir ; je suis au supplice, j’ai des lettres à vous communiquer. »

La maladie du comte n’était que trop réelle : les soucis de tout genre qui l’avaient assailli pendant son voyage, l’embarras de sa position, la fatigue en étaient peut-être la cause ; au bout de trois jours, une fièvre putride des plus graves se déclara, et il demeura pendant trois mois entre la vie et la mort.

La malheureuse Hélène n’osa pas s’installer auprès de lui, elle ne pénétrait dans sa chambre qu’en cachette et pour s’assurer que tous les soins nécessaires lui étaient prodigués. L’évêque de Wilna, apprenant ce qui se passait, se décida à écrire lui-même à sa nièce. Il l’engageait à venir auprès de lui s’établir à Werky, et lui promettait d’oublier ses imprudences passées si elle renonçait à sa folle passion pour le comte.

La princesse répondit :


« Mon cher oncle,


» Vous aurez sûrement appris la maladie du grand chambellan ; mais ce que personne ne saurait vous dire, et ce que moi-même, je ne saurais vous exprimer, c’est l’état affreux et le désespoir où j’ai été, en voyant sur le point d’échouer les seules espérances de bonheur que je puisse et que je veuille désirer sur la terre.

» Mais, enfin, après tant d’alarmes, il est hors d’affaires, et, quoiqu’il ait été dans un danger extrême de perdre la vie, je puis assurer en vérité, qu’il ne revient pas de plus loin que moi.

» C’est au moment où nous commencions à reprendre courage et à nous flatter de voir encore notre union possible, que votre lettre est arrivée ; jugez de ma consternation, en voyant qu’il n’y est question que de séparation.

» Je connais la bonté de votre cœur, mon cher oncle, je suis persuadée que vous n’avez jamais fait un projet où vous ne vous soyez proposé pour but ma tranquillité et mon bonheur ; je vous supplie donc, mon cher oncle, de ne plus regarder comme possible aucun plan qui tende à me séparer ou à m’éloigner du choix que j’ai fait. Quelque reproche qu’on ait à me faire, je suis bien assurée de ne pas mériter celui de manquer de caractère et de constance. Je suis décidée avec fermeté à ne rien changer à ma manière d’être, quand même les obstacles devraient durer autant que ma vie. Je vous prie donc, mon cher oncle, de me donner quelques mots de consolation. Dites-nous-que vous désirez voir notre bonheur, mais ne nous dites pas que nous devons le chercher, éloignés l’un de l’autre.

» Adieu, mon cher oncle ; recevez l’hommage du profond respect et des tendres sentiments que je vous ai voués pour la vie.


» HÉLÈNE LIGNE. »


Le comte, après une convalescence aussi longue que la maladie, partit pour la Galicie. Il avait été touché du désespoir et du dévouement d’Hélène ; il lui promit, avant de la quitter, de tenter de nouveau tous les efforts possibles pour obtenir ce divorce si ardemment désiré, et la laissa, sinon tranquille, au moins plus rassurée.

  1. Van der Noot, avocat actif et zélé, doué de plus d’ambition que de lumières, dirigeait, avec le grand pénitencier Van Eupen, le parti des états qui voulaient le maintien de l’ancienne constitution aristocratique et sacerdotale, tandis que Vonck, autre avocat, distingué par ses talents, et le général Van der Mersch dirigeaient la faction populaire.
  2. Les Belges avaient toutefois adressé au prince des propositions brillantes. Van der Noot le conjura de venir se mettre à leur tête. « Je vous remercie des provinces que vous m’offrez, répondit-il, avec son ton de plaisanterie habituel, mais je ne révolte jamais en hiver ». Le prince, d’ailleurs, qui n’aimait pas les révolutions, avait été indigné de celle des Flandres. « Si J’y étais, écrivait-il, je parlerais en patriote, mot qui commence à me devenir odieux, en citoyen, autre mot défiguré, et, si je ne réussissais pas, je parlerais en général autrichien, en faisant enfermer un archevêque, un évêque, un gros moine, un professeur, un brasseur et un avocat. »
  3. L’impératrice Catherine écrivait à Grimm : « Joseph Second s’est tué avec ses audiences à la centaine ; elles sont au moins inutiles et font perdre beaucoup de temps. C’est ce que je disais au défunt. Il savait tout, excepté la disposition des esprits à la révolte aux Pays-Bas. J’ai été témoin de son étonnement en recevant la première nouvelle ; il vint me consulter, voulant traiter la chose de bagatelle ; mais je pris la liberté de lui conseiller d’y porter l’attention la plus sérieuse. » Joseph II mourut le 20 février 1790.
  4. Ismaïloff, ville de la Russie d’Europe (Bessarabie), sur le Danube. L’assaut d’Ismaïl est un des plus célèbres dans l’histoire. Les Russes, au nombre de trente mille, s’emparèrent de la ville le 22 novembre 1790 ; elle fut livrée au pillage pendant trois jours, Les Russes, exaspérés par la résistance qu’ils avaient rencontrée, massacrèrent les deux tiers des habitants.
  5. La modestie du prinee Charles était extrême ; son père écrivait à madame de Coigny : « Je n’attaque pas ma valeur, elle est peut-être assez brillante ; mais je ne la trouve pas assez pure : il y entre de la charlatanerie, je travaille trop pour la galerie, J’aime mieux la valeur de mon cher bon Charles, qui ne regarde pas si on le regarde. »
  6. Expression turque indiquant l’acte de couper la tête aux morts sur le champ de bataille.
  7. Le comte de Chinon, Armand-Emmanuel-Sophie-Septimanie Duplessis, duc de Richelieu, petit-fils du maréchal, né le 25 septembre 1766, mort le 16 mai 1822. Il avait épousé, à l’age de quatorze ans, mademuiselle de Rochechouart, dont il n’eut point d’enfants. Le duc émigra en 1790 ; il se rendit à Vienne, où il fut accueilli avec distinction, de là à Saint-Pétersbourg où il ne fut pas moins bien reçu. « Il était, dit le prince de Ligne, d’une beauté ravissante et d’une douceur parfaite. S’il n’annonçait pas l’esprit supérieur de son grand-père, il avait un sens droit, des vertus naturelles, un ardent amour du bien ; il était moins dissipé que ses jeunes compagnons, quoiqu’il aimât les dames et fût fait pair leur plaire. » Le duc de Richelieu fut président du conseil des ministres sous la Restauration.
  8. Le marquis del Gallo, ambassadeur de Naples à Vienne, donnait ce bal en l’honneur des fiançailles des deux filles du roi de Naples avec deux des archiducs fils de l’empereur Léopold.
  9. « Son fils, ah ! brave jeune homme ! il est blessé. »
  10. 30 septembre 1790.
  11. « Le comte de Browne reprit Bruxelles aux patriotes belges avec quelques compagnies de grenadiers et quelques housards, et, à force de soins, de fermeté et de ducats, qu’il savait semer à pleines mains, il mit tant d’ordre et de confiance dans la ville, que jamais elle ne fut si soumise, si tranquille et si heureuse. » (Mémoires inédits du prince de Ligne.)
  12. Cette phrase prouve que le comte n’avait pas envoyé à Hélène la lettre du prince de Ligne qui lui offrait un de ses châteaux comme retraites
  13. L’intendant de l’évêque de Wilna.
  14. Les Cosaques habitaient les plaines de l’Ukraine et les rives du Borysibène (Dniester). Ces hordes féroces, qui ne vivaient que de rapines et de pillage, se nommaient autrefois Zaporogues (habitants des cataractes). La plupart des gentilshommes polonais de ces contrées avaient à leur solde quelques centaines de ces brigands qui faisaient trembler tout le monde. Ils appartenaient à ceux qui les payaient le mieux, et les cruautés commises par les Cosaques à la solde de Catherine, dans les massacres de l’Ukraine, dépassent tout ce que l’imagination peut créer de plus horrible (Voy. le Voyage en Ukraine du comte de la Garde, pour plus amples détails).