Histoire de France - Cours élémentaire/04

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LIVRE DEUX
LA FRANCE, DEPUIS LE TEMPS DES CAROLINGIENS
JUSQU’A LA MORT DE SAINT LOUIS


CHAPITRE QUATRE
LES CHATEAUX ET LES SEIGNEURS


Pendant que les Normands ravageaient la France, les habitants des campagnes n’étaient jamais tranquilles. Ils ne savaient où se cacher quand les barques arrivaient.

Mais il y avait dans les campagnes des hommes beaucoup plus riches que les autres. Ils possédaient beaucoup de terres et ils avaient des gens pour les servir. On les appelait les seigneurs ou les nobles.

Les seigneurs firent bâtir des châteaux pour se défendre contre les Normands.


— 1. Un château. — Tournez la page : vous trouverez une image qui représente un château. Regardez-la bien.

En bas, vous voyez d’abord un fossé, et, sur ce fossé, un pont, puis, au bout du pont, une porte. Ensuite, vous voyez un mur, et, dans ce mur, des tours qui le dépassent en hauteur. Vous voyez aussi une tour plus haute que tout le reste.

UN CHÂTEAU


Reprenons toutes ces choses-là une à une.

Le fossé est large, profond et plein d’eau.

Le pont est en bois, il n’est pas fixé. Les gens qui sont dans le château peuvent le relever contre la porte, en le tirant par des chaînes.

Le mur est très haut et il est très large. Plusieurs personnes s’y promèneraient de front sans être gênées.

Derrière ce mur, vous apercevez une cour ; c’est dans cette cour que s’élève la tour la plus haute. Cette tour s’appelle le donjon. C’est dans le donjon que le seigneur habite.


— 2. Le château est bien difficile à prendre. — Supposons maintenant que des ennemis veulent attaquer le château.

Ils arrivent au bord du fossé ; mais le seigneur a fait relever le pont. Pas moyen de passer.

Il faut remplir le fossé en y jetant de la terre, des fagots, tout ce qu’on pourra. Après cela il faudra attaquer la porte à coups de hache, ou dresser des échelles contre le mur pour essayer de monter dessus.

Mais les soldats du seigneur se placeront sur le mur et en haut des tours. Ils tireront des flèches sur les ennemis, ou bien ils leur verseront sur la tête de l’huile bouillante ou du plomb fondu.

Si les ennemis réussissent tout de même à briser la porte, ils entreront dans la cour.

Alors ils attaqueront le donjon ; mais, autour du donjon, il y a aussi un fossé, une porte bien fermée.

Il était très difficile de prendre un château. Le seigneur était tranquille derrière ses fossés et ses murs. Il pouvait se défendre contre les Normands et contre n’importe qui.


— 3. Le seigneur s’ennuie ; il chasse. — Mais comme c’était triste de vivre dans un château pareil ! On était comme dans une prison, derrière ces murs, si hauts, si épais, sans fenêtres. Quand on se trouvait dans la cour, on ne voyait que ces murs, des pierres et toujours des pierres. Pour découvrir un peu de pays, il fallait monter sur les murs ou bien en haut du donjon.

Aussi le seigneur s’ennuyait. Pour se distraire, il allait souvent à la chasse.

LA CHASSE AU FAUCON.

Il chassait les grosses bêtes, le cerf, le loup, le sanglier. Sa femme et ses enfants, ses domestiques l’accompagnaient. Ils couraient à cheval à travers les champs et les bois.

Les chiens aboyaient autour d’eux. Des valets soufflaient dans des cors de chasse. C’était comme un tourbillon qui passait.

Il y avait une chasse qui plaisait beaucoup aux dames : c’est la chasse aux oiseaux que l’image représente. Regardez la dame. Elle porte sur le poignet un oiseau. C’est un oiseau de proie, c’est-à-dire un oiseau qui attaque et tue les oiseaux plus faibles que lui. On l’appelle un faucon.

Quand la dame verra une perdrix, elle lâchera le faucon, qui s’envolera vers la perdrix, la prendra dans ses griffes et la rapportera.

Regardez maintenant le seigneur ; il avait tout à l’heure un faucon sur le poignet ; mais il l’a lâché, et le faucon va prendre une perdrix et la rapporter.

C’était un grand amusement pour le seigneur de dresser les faucons pour cette chasse, et de les regarder voler.

UN TROUVÈRE RACONTE L’HISTOIRE DE ROLAND.


— 4. Le seigneur entend raconter une très belle histoire. — L’image vous montre un homme debout. Cet homme est un trouvère. Son métier est d’aller dans les châteaux pour réciter des histoires en s’accompagnant d’un instrument de musique. Devant lui, sont assis le seigneur, sa femme et leurs enfants. Les parents et les amis qu’ils ont invités emplissent la grande salle.

Tout ce monde écoute avec attention. Le seigneur a le coude sur le genou et le menton dans la main. La dame tient la tête haute et ouvre de grands yeux. Derrière elle, un jeune homme se lève et se penche pour mieux écouter.

C’est qu’elle est bien belle, l’histoire que récite le trouvère ! Vous la connaissez : c’est l’histoire du neveu de Charlemagne, Roland, qui mourut à Roncevaux, tenant serrée contre sa poitrine sa bonne épée Durandal.

Les seigneurs aimaient les histoires comme celle-là, où l’on racontait les beaux coups de lance ou d’épée donnés dans les batailles ; car ils étaient braves et ils aimaient la guerre par-dessus toutes choses.


— 5. L’armement du chevalier. — Depuis son enfance, le seigneur était préparé à la guerre. Il n’apprenait pas à lire ni à écrire. Il apprenait à tirer de l’arc, à se servir de l’épée, de la lance et de la hache, à sauter les fossés, à escalader des murs, à monter à cheval.

Il apprenait à n’avoir peur de rien.

Quand il avait vingt et un ans, il devenait chevalier après une grande cérémonie.

Il commençait par passer la nuit en prières dans la chapelle du château. Quand le jour était venu, il assistait à une grand’messe.

Après la messe, il y avait un grand dîner, qui durait longtemps, car on mangeait et on buvait en ce temps-là beaucoup plus qu’aujourd’hui.

Après le dîner, toute la compagnie sortait dans la cour. Alors on mettait au jeune homme sa cuirasse et son casque ; on lui donnait son épée.

LA TAPE SUR LE COU.


L’image vous le montre au moment où il vient de recevoir ses armes. Il est à genoux devant un seigneur qui va lui donner une tape sur le cou. C’est pour savoir s’il est fort et solide. Ensuite le seigneur lui touchera l’épaule avec son épée en disant : « Je te fais chevalier ! »

C’était un honneur de devenir chevalier. Un bon chevalier devait ne jamais mentir, ne faire de mal à personne, protéger les enfants, les femmes et les vieillards. Il devait aussi ne jamais reculer devant l’ennemi.


— 6. Les tournois. — Les chevaliers s’amusaient à lutter les uns contre les autres. Ces luttes s’appelaient des tournois. L’image vous montre un tournoi entre deux chevaliers.

Au fond, vous apercevez le château avec ses tours, et, plus près, une grande tribune où sont assis les parents et les amis des deux chevaliers.

UN TOURNOI.


Pour voir comment les chevaliers sont armés, regardez celui de droite. Il a un casque qui lui couvre la tête. Il tient une longue lance d’une main, et, de l’autre, un bouclier qui lui couvre l’épaule. Il a une cuirasse de fer qui lui enveloppe la poitrine et les reins. Ses jambes sont entourées de fer.

Des chevaliers ainsi couverts de fer ne pouvaient pas se faire beaucoup de mal. Les lances ne perçaient pas les cuirasses. Mais le plus fort des deux pouvait, en poussant vigoureusement sa lance sur la poitrine de l’autre, le faire tomber.

Vous voyez qu’un des deux chevaliers va tomber. Quand il sera par terre, le tournoi sera fini.

Alors le vainqueur conduira son cheval vers l’estrade où sont réunis les parents et amis que l’on a invités au tournoi. On applaudira. Les trompettes sonneront. Une dame remettra au chevalier vainqueur un prix qui sera une fleur ou un bijou.

En luttant ainsi dans les tournois, les seigneurs se préparaient pour la vraie guerre.


— 7. Les méchantes guerres des seigneurs. — Les seigneurs ont combattu vaillamment sous les ordres du roi contre les ennemis du royaume. Leur plus grand plaisir était de se battre. Malheureusement ils se faisaient souvent la guerre les uns aux autres.

PAYSANS QUI SE SAUVENT EN VOYANT ARRIVER LES SOLDATS.


Vous voyez des paysans qui se sauvent de leur village. Ils ont peur, parce qu’ils ont vu venir des soldats que vous apercevez au loin.

Ces soldats ont été envoyés par un seigneur qui est en guerre avec le seigneur de ces pauvres gens.

Les pauvres gens savaient ce qui arrivait quand des soldats ennemis entraient dans un village. Ils prenaient dans les maisons et dans les granges tout ce qu’ils pouvaient emporter. Ils emmenaient les chevaux et le bétail.

Souvent ils maltraitaient les paysans, et ils mettaient le feu au village.

C’est pourquoi les pauvres gens que l’image vous montre se sauvent. Ils emportent les enfants. Ils poussent devant eux leur bétail.

Ils courent vers un bois pour se cacher.

Ces guerres des seigneurs ont fait bien du mal dans tous les pays de France.



RÉSUMÉ

1. Pour se défendre contre les Normands, les seigneurs bâtirent des châteaux entourés de fossés avec de grands murs et de grosses tours.

2. Il était très difficile aux ennemis de prendre les châteaux, aussi les seigneurs étaient très tranquilles derrière leurs murs et leurs tours.

3. Le château n’était pas gai à habiter ; pour se distraire le seigneur allait souvent à la chasse.

4. Pour se distraire encore, le seigneur faisait venir des trouvères qui récitaient de belles histoires.

5. Les jeunes seigneurs n’apprenaient rien autre qu’à se battre. Quand ils avaient vingt et un ans, on les faisait chevaliers et ils promettaient d’être bons et braves.

6. Pour s’amuser, les seigneurs couverts d’armures de fer luttaient les uns contre les autres dans des tournois.

7. Les seigneurs se faisaient souvent la guerre. Le vainqueur ravageait les terres de l’ennemi, incendiait les maisons, tuait les paysans.


QUESTIONNAIRE

Pourquoi les seigneurs construisirent-ils des châteaux ? Regardez l’image page 26. Comment est fait le pont qui permet d’entrer dans le château ? Comment sont les murs ? Qu’est-ce que le donjon ?

Comment les ennemis cherchaient-ils à entrer dans le château ? Comment se défendaient les gens du château ?

Pourquoi était-ce triste d’habiter les châteaux ? Que faisait le seigneur pour se distraire ?

Regardez l’image page 28. Comment se faisait la chasse au faucon ?

Regardez l’image page 29. Qu’est-ce que c’était qu’un trouvère ? Quelle histoire récite le trouvère que vous voyez ?

Qu’est-ce qu’on apprenait aux jeunes seigneurs ?

Regardez l’image de la page 31. Que va faire le seigneur qui lève le bras ?

Qu’est-ce que devait faire un bon chevalier ?

Regardez l’image de la page 32. Dites comment est armé le chevalier de droite.

Comment a-t-il fait pour renverser l’autre chevalier ?

Regardez l’image page 33. Pourquoi ces gens-là se sauvent-ils ?

UN SEIGNEUR VOYAGEANT DANS UNE LITIÈRE.