Histoire de France - Cours élémentaire/14

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CHAPITRE QUATORZE
LE RÈGNE DE LOUIS QUATORZE


— 1. Comment était Louis Quatorze. — Quand Louis Quatorze devint roi, il était trop jeune pour gouverner. Ce fut sa mère qui gouverna. Il ne fut vraiment roi de France qu’à partir de l’année 1661.

Il était beau. Il se tenait si bien qu’il avait l’air d’être grand, bien qu’il fût d’une taille ordinaire.

Il était très poli avec tout le monde. Il saluait toutes les femmes qu’il rencontrait, même quand c’étaient des domestiques.

Mais il n’était familier avec personne. Il était toujours sérieux et on voyait bien qu’il était très fier d’être le roi. Aussi, quoiqu’il ne fût pas méchant, on avait un peu peur de lui.

Un jour, un vieil officier eut quelque chose à lui demander. Vous voyez qu’il n’a pas l’air d’être à son aise. Lui, qui n’avait jamais eu peur dans les batailles, se mit à trembler et à bredouiller.

Enfin il put dire : « Ah ! sire, je ne tremble pas ainsi devant vos ennemis. » Le roi lui parla très gentiment et lui accorda ce qu’il demandait.

UN VIEIL OFFICIER QUI TREMBLE DEVANT LOUIS QUATORZE.


Même ceux qui voyaient tous les jours Louis Quatorze n’osaient pas le regarder en face.


— 2. Les cérémonies. — Louis Quatorze était toujours en cérémonie.

Quand il s’habillait, le matin, des centaines de personnes défilaient devant lui pour le saluer. C’était un prince ou un très grand seigneur qui lui donnait sa chemise. C’étaient des seigneurs qui lui donnaient ses vêtements, son chapeau, sa canne et sa montre.

A table, il était servi par des seigneurs. Quand il demandait à boire, un de ces seigneurs lui faisait un grand salut, et il allait chercher un plateau d’or où se trouvaient un verre, une carafe de vin et une carafe d’eau. Puis il revenait accompagné de deux autres seigneurs. Et tous les trois faisaient un grand salut.

Le roi se versait à boire. Quand il avait bu, les trois seigneurs faisaient encore un grand salut et ils emportaient le plateau.

Un homme que l’on servait de cette façon-là devait se croire fort au-dessus des autres hommes. Louis Quatorze crut presque qu’il était un dieu.


— 3. Une fête à Versailles. — Louis Quatorze fit bâtir à Versailles, près de Paris, un château si beau qu’il n’y en avait pas un pareil dans le monde.

Un soir d’été, il y donna une fête, où trois mille personnes furent invitées.

A six heures, le roi et la reine commencèrent à se promener dans les allées du jardin, qui était très grand. Les princes, les princesses et la foule des seigneurs et des dames les suivirent.

On s’arrêta dans un rond-point, où des buffets étaient chargés de viandes, de bonbons et de confitures.

Entre les buffets on avait placé des caisses d’où sortaient de petits arbres. Les branches de ces arbres portaient des fruits confits.

Vous voyez le roi au moment où il vient de cueillir des fruits pour les offrir à des personnes qui le suivent.

Puis le roi dîna dans une salle tout en feuillage, avec la reine, les princes, les princesses, et les plus grands seigneurs.

Des candélabres d’argent posés sur des piédestaux d’argent éclairaient la salle. La vaisselle d’or s’étalait sur un grand buffet.

LE ROI OFFRE DES FRUITS AUX DAMES.

Des centaines de domestiques servaient. On mit d’abord sur la table cinquante-six plats ; puis on les enleva. Quatre fois encore, on servit cinquante-six plats et on les enleva. Cela fit donc en tout deux cent quatre-vingts plats.

Quand la nuit fut venue, le jardin et le château furent illuminés.

Tout le long des allées, tout le long des terrasses, des lumières brillaient. Le château semblait en feu.

Et enfin, tout à coup, on entendit comme le bruit d’une fusillade et d’une canonnade. C’était un feu d’artifice ; des fusées montèrent et retombèrent comme une pluie de feu. La fête était finie, la nuit aussi. Au moment où le roi rentra au château, le soleil se levait. Louis Quatorze donnait souvent des fêtes. On en parlait dans toute la France et dans les pays étrangers.


— 4. Le grand travailleur Colbert. — Le roi Louis Quatorze ne passait pas tout son temps à des fêtes et à des cérémonies. Il ne fut pas un roi paresseux. Il trouvait plusieurs heures pour travailler avec ses ministres.

COLBERT SE FROTTE LES MAINS EN ARRIVANT À SA TABLE DE TRAVAIL

Le plus grand ministre de Louis Quatorze fut Colbert.

Colbert travaillait jusqu’à seize heures par jour. Il tenait les comptes du roi et du royaume. Il s’occupait des routes, des canaux, des ports de mer, du commerce, des fabriques et des ouvriers, de l’agriculture et des paysans, et puis de la marine, et puis des colonies, et puis d’autres choses encore.

Vous le voyez au moment où il arrive le matin dans son cabinet. Il aperçoit sur sa table, et à côté, beaucoup de papiers.

Il va falloir lire tout cela, écrire les réponses. C’est bien de l’ouvrage à faire ; mais plus Colbert a d’ouvrage et plus il est content. Regardez bien : il se frotte les mains.

Mais Colbert ne fut pas toujours content. Le roi donnait trop de fêtes, il faisait trop souvent la guerre. Cela coûtait beaucoup d’argent. Colbert ne savait plus comment payer les dettes que faisait Louis Quatorze.

Alors Colbert devint triste. Il ne se frotta plus les mains en entrant dans son cabinet.


— 5. Une révolte sous Louis Quatorze. — Vous voyez une porte de la ville de Rennes.

PAUVRES GENS CHASSÉS DE LA VILLE DE RENNES.


Des hommes, des femmes, des enfants en sortent chassés par des soldats.

Quel mal ont-ils fait ?

Ils n’ont pas voulu payer les impôts qu’on a mis sur le sel et sur le tabac.

Ils n’ont pas voulu les payer parce qu’ils n’en ont pas le moyen. Ce sont des gens du peuple. Ils gagnent difficilement leur vie et, chaque année, le roi demande plus d’argent à son peuple, car le roi fait des dépenses de plus en plus grandes.

Alors les pauvres gens de Rennes se sont assemblés dans les rues. Ils ont crié, cassé les vitres, maltraité les gens qui voulaient leur faire payer les impôts.

Le roi a envoyé des soldats à Rennes. Les soldats ont démoli la rue où ces malheureux habitaient, et les ont chassés de la ville.

Vous voyez qu’ils portent des paquets. Ils y ont mis le peu qu’on leur a permis d’emporter.

Où vont-ils ?

Ils n’en savent rien. On a défendu à tout le monde de les recevoir. Ils s’en vont au hasard. Plusieurs certainement mourront de misère.

On était bien dur en ce temps-là pour les pauvres gens.


— 6. Les protestants aux galères. — Rappelez-vous que le bon roi Henri Quatre avait permis aux protestants de conserver leur religion ? Louis Quatorze retira cette permission.

Les protestants qui ne voulurent pas se faire catholiques furent envoyés aux galères.

Les galères étaient des vaisseaux qui marchaient à la rame. C’était si pénible, si dur de manœuvrer les grandes rames, qu’on envoyait aux galères des hommes qui avaient été condamnés pour avoir commis des crimes.

Voyez sur l’image les galériens. Ils ont le crâne rasé, le corps à moitié nu.

Ils se penchaient pour enfoncer la lourde rame dans l’eau, et se redressaient pour l’en retirer avant de l’y plonger encore.

S’ils étaient fatigués, s’ils ne ramaient plus aussi bien, un homme que vous voyez les frappait avec un bâton.

GALÉRIENS RAMANT.


C’était bien dur de traiter ainsi même des criminels. C’était abominable d’envoyer aux galères des protestants qui n’avaient pas commis de crimes, et qui étaient d’honnêtes gens.


— 7. La mort de Louis Quatorze. — Le roi Louis Quatorze, âgé de soixante-dix-sept ans, va mourir.

Il a fait tranquillement ses adieux à tout le monde. Il a donné ses ordres pour son enterrement, comme il les aurait donnés pour une promenade.

Voyant ses domestiques pleurer, il leur a dit : « Pourquoi pleurez-vous ? Avez-vous cru que je ne mourrais pas ? »

Il a fait venir son arrière-petit-fils. C’est le petit enfant que vous voyez sur le lit. Il est l’héritier du roi qui a perdu son fils et son petit-fils.

A ce moment-là, Louis Quatorze se souvient que son peuple a souffert par sa faute. Il regrette d’avoir fait trop souvent la guerre, et dépensé trop d’argent en construisant des châteaux et en donnant des fêtes.

LOUIS QUATORZE MOURANT FAIT SES RECOMMANDATIONS À SON HÉRITIER.


Il dit au petit enfant :

« J’ai trop aimé la guerre ; ne m’imitez pas en cela, non plus que dans les trop grandes dépenses que j’ai faites. »

Ainsi Louis Quatorze confessa les grandes fautes qu’il avait commises et mourut avec un beau courage.


RÉSUMÉ

1. Louis Quatorze était très poli, mais très fier. On avait peur de lui parler.

2. Louis Quatorze passait sa vie en cérémonie ; on le servait comme s’il avait été un dieu.

3. Louis Quatorze donnait au château de Versailles de belles fêtes dont on parlait dans le monde entier.

4. Louis Quatorze travaillait souvent avec ses ministres. Le plus célèbre fut Colbert, qui tenait les comptes du roi et faisait encore beaucoup d’autres choses.

5. Au temps de Louis Quatorze on était dur pour les malheureux. Les pauvres gens de Rennes, qui se révoltèrent, furent chassés de leurs maisons et de la ville.

6. Louis Quatorze voulut forcer les protestants à se faire catholiques. Il envoya aux galères ceux qui ne lui obéirent pas.

7. Louis Quatorze mourut en 1715, à l’âge de soixante-dix-sept ans. En mourant, il regretta d’avoir tant fait la guerre et dépensé tant d’argent.


QUESTIONNAIRE

Pourquoi avait-on peur quand on parlait à Louis Quatorze ?

Racontez ce qui se passait quand le roi demandait à boire.

Regardez l’image de la page 114. Que fait Colbert ? Pourquoi se frotte-t-il les mains ?

Regardez l’image de la page 115. Qu’avaient fait les pauvres gens que l’on chasse de Rennes ? Comment ont-ils été punis ?

Qu’est-ce qu’a dit Louis Quatorze mourant à son arrière-petit-fils ?

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