Histoire de France - Cours élémentaire/15

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CHAPITRE QUINZE
LES INJUSTICES QU’IL Y AVAIT EN FRANCE


— 1. Un mauvais roi. — Louis Quinze devint roi à cinq ans. C’était un enfant très joli. Il avait de grands yeux noirs, avec de longs cils qui frisaient. Ses joues étaient roses.

Il fut gâté pendant son enfance. Ses maîtres ne l’obligeaient pas à travailler. Le maître qui venait lui apprendre le latin apportait un jeu de cartes et il le faisait jouer quand la leçon paraissait l’ennuyer. Vous voyez que le petit roi a jeté ses livres par terre et qu’il lève sa carte avec plaisir.

Il n’était pas bon. Il s’amusait à égorger des oiseaux. Il avait une biche apprivoisée qui lui faisait des caresses. Un jour, il tira sur elle un coup de fusil et la tua.

Il ne devint pas meilleur en grandissant. Très égoïste, il n’aima jamais que lui. Il resta très paresseux et ne s’occupa que de ses plaisirs.

Avant lui, la France était le premier pays du monde. Par sa faute, elle perdit beaucoup de sa puissance. Louis Quinze a été le plus mauvais des rois de France.


— 2. La misère des paysans. — Sous le mauvais roi Louis Quinze, les Français commencèrent à se plaindre de beaucoup de choses.

LOUIS QUINZE ENFANT JOUE AUX CARTES.


Les paysans n’étaient plus si malheureux que vous l’avez vu à la page 33 ; mais beaucoup avaient encore bien de la peine à vivre.

Quand un paysan était en train de labourer son champ, le seigneur pouvait l’envoyer chercher. Alors le pauvre homme quittait sa charrue. Il allait au château, et le seigneur le faisait travailler à n’importe quoi sans le payer.

Quand le paysan avait fait sa moisson, il était obligé d’en donner une partie à son seigneur et une partie au curé.

Il payait aussi des impôts au seigneur et il en payait au roi. Il ne lui restait presque pas d’argent pour lui.

Vous vous rappelez que le roi Henri Quatre voulait que chaque paysan pût mettre la poule au pot le dimanche ; mais bien peu en avaient le moyen.

FAMILLE PAYSANNE MANGEANT SA BOUILLIE.


Regardez une famille paysanne en train de dîner. De mauvaises planches posées sur des tréteaux servent de table. Au milieu de la table est une marmite. Les pauvres gens y puisent avec des cuillers de bois. Ce qu’ils mangent, c’est une bouillie d’avoine ou bien de seigle, ou bien de châtaignes. Le pain qu’ils mangeaient était du pain noir.

Pourtant c’étaient les paysans qui labouraient la terre, qui semaient le blé et le récoltaient. Ils nourrissaient le royaume. C’était une injustice de les laisser dans la misère.


— 3. Un terrible impôt. — En ce temps-là, le sel ne se vendait pas comme aujourd’hui chez les épiciers. Tout le sel appartenait au roi, qui le faisait vendre dans des magasins par des commis.

Le sel était vendu si cher que les pauvres n’avaient pas le moyen de le payer.

DES COMMIS CHERCHENT DU SEL DE CONTREBANDE DANS UNE MAISON.


Des contrebandiers le vendaient à bon marché. Ils l’apportaient dans les maisons, le plus souvent la nuit, et ceux qui en achetaient le cachaient.

Mais les commis avaient le droit d’entrer dans les maisons pour voir si du sel n’y était pas caché. C’étaient des gens très méchants. Les paysans avaient peur quand ils les voyaient entrer chez eux.

Vous voyez des commis qui fouillent une maison. Ils ont découvert un sac de sel qui était caché dans des fagots. Un des commis prend par le bras le père de famille. Il va le conduire en prison. La mère et les enfants pleurent. Ils seront longtemps sans revoir le malheureux, car, lorsqu’on avait acheté du sel à un contrebandier, on était puni comme si on avait commis un grand crime.

Punir si sévèrement pour une chose comme celle-là, c’était une injustice.


— 4. Jeune colonel et vieil officier. — Vous voyez un colonel à cheval. Il passe la revue de son régiment. Il est jeune, il a vingt ans.

JEUNE COLONEL ET VIEIL OFFICIER

Il parle à un lieutenant. Ce lieutenant est vieux. Il a reçu des blessures à la guerre.

Le jeune homme est déjà colonel parce qu’il est riche. En ce temps-là, on achetait le grade de colonel, qui coûtait fort cher. Il fallait aussi, pour devenir colonel, avoir des amis auprès du roi. Le vieil officier est pauvre ; il n’a pas d’amis auprès du roi. Il a beau être brave et bien faire son service. Il ne sera jamais colonel.

Ainsi, dans ce temps-là, des hommes arrivaient aux belles places sans les avoir méritées. D’autres hommes qui avaient du mérite n’étaient pas récompensés. C’était une injustice.


— 5. La prison sans jugement. — Peut-être avez-vous déjà vu passer un homme entre deux gendarmes qui le conduisaient en prison.

Quand l’homme est en prison, on lui dit pourquoi on l’y a mené. On le conduit devant les juges. On l’interroge ; il répond. S’il est condamné, il sait à quoi on le condamne, par exemple à huit jours de prison, ou bien à un an, ou bien à dix ans.

UN HOMME CONDUIT EN PRISON PAR ORDRE DU ROI.


Autrefois, le roi avait le droit de faire mettre des gens en prison sans dire pourquoi, sans les faire juger et sans dire pour combien de temps.

Vous voyez un carrosse devant une porte et des mousquetaires à cheval devant et derrière le carrosse. Un homme sort de la maison entre deux soldats. On va le conduire en prison par ordre du roi. Cet homme n’a pas tué, il n’a pas volé. Il a seulement dit des choses qui ont déplu au roi ou bien à un seigneur.

Il restera en prison sans être jugé. Il y restera quelques mois ou quelques années, ou toujours.

Ces emprisonnements sans jugement étaient une injustice.


— 6. Le roi faisait tout ce qu’il voulait. — Le roi de France faisait tout ce qu’il voulait. Personne n’avait le droit de l’en empêcher.

Il dépensait follement. À Versailles, des milliers de personnes vivaient autour de lui pour le servir.

Les princes et les princesses de la famille royale avaient beaucoup de serviteurs. Des enfants de votre âge étaient servis par quatre-vingts personnes.

Le roi avait dans son écurie plus de deux mille chevaux, et deux cents voitures dans ses remises.

Il fallait des millions pour nourrir, loger et payer cette foule de gens qui vivaient à ne rien faire.

Le roi ne s’en inquiétait pas. Il demandait à son peuple autant d’argent qu’il voulait, et son peuple était obligé de payer.

Dépenser tant d’argent quand les pauvres gens n’avaient pas de quoi manger de la viande ni de bon pain, c’était une injustice.

On commença de se plaindre tout haut. Des écrivains réclamèrent contre toutes les injustices.



RÉSUMÉ

1. Louis Quinze, dès son enfance, fut méchant et paresseux. Devenu grand, il fut le plus mauvais des rois de France.

2. Alors, les paysans étaient malheureux. Ils avaient à peine de quoi manger. C’était injuste.

3. Ceux qui achetaient du sel à des contrebandiers étaient punis comme s’ils avaient commis un grand crime. C’était injuste.

4. Pour devenir colonel, il fallait être riche et avoir des amis auprès du roi. C’était injuste.

5. Le roi pouvait faire mettre des gens en prison sans les faire juger et les y faire rester autant qu’il voulait. C’était injuste.

6. Le roi faisait tout ce qu’il voulait. Il dépensait un argent fou. Tout le monde se plaignait.


QUESTIONNAIRE

Par qui et pourquoi les paysans étaient-ils dérangés quand ils labouraient ?

À qui les paysans payaient-ils des impôts ?

Qui revendait le sel dans ce temps-là ?

Regardez l’image de la page 123. Racontez ce qui se passe dans cette maison.

Que fallait-il pour devenir colonel ? Pourquoi le lieutenant que vous voyez page 124 ne sera-t-il pas colonel ?

Pouvait-on être mis en prison sans avoir tué ni volé ?

Pourquoi le roi dépensait-il tant d’argent ?

LA CHAISE À PORTEURS.