Histoire de la Révolution russe (1905-1917)/Chapitre VII

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VII


Stolypine prépara les élections nouvelles en interprétant à sa manière la loi électorale et en exerçant une pression éhontée. Le Gouvernement refusa la « légalisation » au parti des cadets, leur interdit les réunions publiques et la distribution de circulaires, au risque de favoriser ainsi les socialistes ; mais les cadets étaient plus suspects à l’administration, comme le seul parti d’opposition capable d’assumer le pouvoir. Malgré tout, la deuxième Douma, qui se réunit le 19 mars 1907, n’était guère mieux disposée pour l’autocratie que la première. La droite et les octobristes réunis ne possédaient qu’un cinquième des mandats ; les cadets restaient les maîtres, quoique diminués, et ils purent faire élire à la présidence un des leurs.

Stolypine essaya de temporiser. Le 1er avril 1907, il soumit à l’Assemblée un programme de réformes, comprenant l’émancipation des paysans du contrôle des Communes et le lotissement, à leur profit, des domaines impériaux. Mais la majorité voulait des mesures positives, non des promesses. Elle réclama la suppression immédiate des cours martiales et l’expropriation des grands propriétaires ; elle faillit refuser le contingent militaire, qui fut voté seulement grâce aux quarante voix des Polonais. Alors le Gouvernement eut recours à une basse manœuvre policière. Des agents provocateurs, déguisés en soldats, simulèrent un complot militaire, auquel ils invitèrent les députés à prendre part. Quand ces manigances eurent duré quelque temps, sans d’ailleurs produire aucun résultat sérieux, Stolypine se présenta tout à coup devant la Douma (24 juin) et demanda l’arrestation de seize députés, la mise en arrestation de cinquante-cinq autres. La Douma renvoya cette proposition à une commission, marquant ainsi qu’elle entendait d’abord s’éclairer. C’était le prétexte cherché : deux jours après, la Douma était dissoute et un ukase fixait les nouvelles élections au 14 septembre.