Histoire de la littérature française (Thibaudet, 1936)/V

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Éditions Stock (p. 513-564).

CINQUIÈME  PARTIE
LA GÉNÉRATION DE 1914
I
LA GÉNÉRATION DE 1914
La génération mutilée.
Même si la guerre de 1914 n’avait pas eu lieu, cette année aurait marqué la date d’une génération neuve, et Vingt ans en 1914 aurait dans l’histoire littéraire un sens, comme Vingt ans en 1820. D’ailleurs, plutôt que : « Même si » il nous faudrait dire : « Encore mieux si ». La guerre a pu donner aux Vingt ans en 1914 des traits positifs importants. Mais surtout hélas, elle leur a retiré de l’être, leur a substitué une place vide La génération de 1914 est, dans une large proportion, la génération absente, mutilée, bien plus encore que celle des Vingt ans en 1870. Son grand homme, son tombeau sous l’Arc, est le grand écrivain inconnu.

Si elle avait pu jouer, à cadres pleins, son rôle normal, il y avait des chances pour qu’elle formât une très belle équipe, comparable à celle de 1820. Vingt ans en 1914, cela répondait à un tournant.

Synchronismes historiques.
On notera d’abord que les toutes premières annees du XIXe siècle correspondent à une triple évolution politique : l’affaire Dreyfus, qui n’a pas laissé la France comme elle l’a trouvée — l’affermissement de la République, après un troisième assaut qui a échoué — la formation définitive, après l’accord de 1904, des blocs d’alliances d’où la guerre européenne est sortie. De 1898 à 1905 on a doublé le cap d’un monde politique nouveau.

Mais nous ne le noterons que pour mémoire et à titre de synchronismes. En matière littéraire, ces faits d’ordre politique fonctionnent et influent impondérablement. D’autres événements intéressent plus directement notre lecteur.

Le nouveau régime scolaire.
D’abord la révolution scolaire de 1902. Avoir vingt ans en 1914, c’est avoir fait ses études, avoir passé son temps de formation, dans les premières années du XXe siècle. Les neuf dixièmes des écrivains appartiennent à la bourgeoisie, et, boursiers ou non, reçoivent l’enseignement secondaire. Or, en 1902, l’enseignement secondaire, tel qu’il s’était transmis des Jésuites à l’Université du XVIIIe siècle et de celle-ci à l’Université du XIXe siècle, change de caractère. Le latin et surtout le grec sont plus ou moins déclassés, et les langues anciennes, la formation humaniste ne constituent plus la marque nécessaire et éminente de la culture. La démocratie coule à pleins bords dans les cadres pédagogiques. L’expression d’humanités modernes entre en faveur. Le terme de modernisme, introduit par les Goncourt pour exprimer une forme d’art littéraire, employé par les théologiens pour désigner une façon plus souple de comprendre l’évolution des dogmes, servirait ici à exprimer ce qui s’insinue d’anti-ancien, d’anti-classique, d’anti-traditionnel dans l’éducation des générations nouvelles. Les langues modernes prennent une partie de la place occupée jusqu’alors par les langues anciennes. La jeunesse voyage, le normalien moyen part en tournée autour du monde, les enfants s’échangent entre les pays et les langues. Les influences étrangères de toutes sortes trouvent un accès plus facile, des terrains plus perméables.

Cette jeune génération aventureuse qui parle les langues, qui est devenue sportive, qui est partie pour le goût et pour la conquête de la planète dans les dernières années de l’avant-guerre, brusquement est bloquée par la guerre. Quand on ramène les poissons des grands fonds, ils arrivent à la surface avec des organes que la décompression a fait éclater. C’est en cet état de révolution intérieure que cette génération est entrée dans ses vingt ans. La première génération dont l’adolescence ait échappé à l’humanisme traditionnel a échappé en outre par sa jeunesse à l’humanité traditionnelle.

Décompression.
Elle a porté et portera jusqu’au bout les marques de cette décompression. Ces révolutions du moi, qui paraissent autour de 1920, sont l’état d’un moi éclaté comme la vessie de ces poissons. Gide, ou le moi subtil qui s’oppose aux mois crustacés, avec ce Lafcadio qui se trouvait prêt dès 1914 pour que la jeunesse de 1921 s’y reconnût, c’est encore une transaction demi-humaniste. Mais voici Proust, et le moi changeant et mobile ; et voici surtout l’entrée torrentielle de Freud, jusque-là complètement ignoré du public français, avec le moi subconscient, et même celle de Pirandello avec le moi acrobatique. Voici surtout ce que cette génération tire d’elle-même : une inquiétude qui lui est propre, une recherche, une mobilité dont on attend tout, et qui n’aboutissent pas. Le roman de la vessie natatoire, organe d’équilibre, éclatée, c’est la Valise vide de Drieu la Rochelle.

La conscience de l’éclatement s’exprime naturellement, en littérature, par des mots en isme. Ce fut le dadaïsme, ce fut le surréalisme, soit une conscience de fin absolue, de commencement absolu, de désordre absolu et de libération absolue. L’important, ici, c’est qu’il s’agit bien, surtout pour le surréalisme, de mouvements littéraires, qui s’expriment par une littérature, où il y a comme dans toute littérature du bon et de l’exécrable, de la trouvaille et de l’attitude, où l’avortement et la quasi-réussite ne se trouvent ni plus ni moins que dans l’académisme ou la littérature pour Français moyen ; l’important, parce que, dans cet ordre (ou ce désordre) des effondrements et des commencements absolus qui suit la guerre européenne, l’essai totalitaire, qui en d’autres pays trouve sa voie dans des révolutions politiques, s’exprime en France sous des formes littéraires. La France est le pays où non seulement un état littéraire, mais l’État littéraire, la République des Lettres, existe, où la littérature joue volontiers en matière de révolution (ce fut le cas sous Louis-Philippe) un rôle d’abcès de fixation.

Cette génération française n’a pas eu en Europe la grande influence littéraire et intellectuelle qu’avaient exercée les deux dernières, celle de 1850 et celle de 1885. Elle a subi sans contrepartie française suffisante l’action des nouvelles mystiques créées par les générations ses contemporaines d’Italie et de Russie.

Les Territoriaux en ligne.
Heureusement, en littérature comme en agriculture, la France peut vivre à l’état d’économie quasi-fermée, réparer
partiellement avec ses stocks la déficience d’une récolte. Dès les années de guerre, il semble que la nature (dans la mesure où une littérature est une nature) l’ait orientée vers une réparation de ce genre. Un des phénomènes littéraires les plus remarquables de la guerre fut en effet la brusque arrivée en lumière et en action d’une équipe de quadragénaires stockés dans ce qu’on appelait alors les Chapelles, et qui parurent en première ligne, partagèrent l’heure et le destin de l’active littéraire, comme faisaient d’autre part sur le front les territoriaux de leur âge. Gide, Proust, Claudel et Valéry fournirent inopinément des maîtres, dont l’influence allait durer quinze ans. Joignons-y Péguy, tellement plus suivi après sa mort que pendant sa vie, et aujourd’hui encore si actuel — Barrès qui est à l’origine des nationalismes nouveaux — Maurras et Georges Sorel qui furent des manières de pères spirituels des mouvements totalitaires — Benda qui avait passé la cinquantaine quand sa position originale du problème des clercs le sortit de l’obscurité. C’est en grand, en très grand, ce qui s’était produit sur un point bien plus minime quand Obermann trouva un public et une influence trente ans après son apparition, et qu’il en sortit Volupté.
Techniques.
La révélation, et la révolution, propres à cette génération sont surtout d’ordre technique : elles n’ont pas eu encore toutes les conséquences littéraires qu’elles comportaient, ce qui est d’ailleurs conforme aux précédents.

Quand nous songeons aux grandes inventions qui ont marqué le XIXe siècle, créé le genre de vie du capitalisme et de la grande industrie, nous remarquons que, si largement qu’elles aient étendu le domaine de l’homme, elles n’ont pas ajouté sensiblement à la portée et à l’exercice communs de ses sens. Nous disons communs, car l’usage des instruments de laboratoire et d’observatoire, qui modifient et allongent infiniment la portée des sens, est spécialisé dans des professions. Au milieu du torrent d’inventions qui transformaient l’humanité, les écrivains avaient continué à étudier et à expliquer l’homme, traditionnellement. Il est remarquable qu’aucune des grandes inventions du XIXe siècle n’ait marqué sur une œuvre littéraire à la manière dont ont marqué, par exemple, sur la Comédie Humaine la révolution économique de la vente des biens nationaux, sur George Sand les théories socialistes, sur Lamartine et Hugo les révolutions de la rue, sur Flaubert l’évolution de la bourgeoisie, sur Zola la physiologie de manuel, sur les Parnassiens et France les bibliothèques, sur le symbolisme la musique. Mais quand Balzac se préoccupe des chemins de fer, c’est pour écrire avant qu’il soit trop tard le roman des diligences (voir le commencement d’Un Début dans la Vie). Flaubert avait vingt-cinq ans lorsque le chemin de fer de Rouen à Paris changea la vie des Rouennais, à commencer par la sienne, or le chemin de fer est absent de ses romans, où l’on ne voyage qu’en diligence et en bateau. Et, après tout, pour l’usager, le chemin de fer n’est qu’une file de grandes et rapides diligences. Quoi qu’il en soit, la littérature est passée à travers les révolutions techniques, sans guère se soucier d’autres techniques que des siennes propres.

Les inventions du XXe siècle sont différentes de celles du XIXe siècle. Les premières donnaient à l’homme des moyens mécaniques nouveaux, les secondes lui donnent des moyens sensoriels nouveaux. Les premières ont transformé la planète, la société, la production, la consommation. Les secondes ont transformé les pouvoirs du corps humain.

Il y a entre les techniques du XIXe siècle et celles du XXe siècle les mêmes différences qu’entre le chemin de fer et l’automobile, ou plutôt entre les deux systèmes de force motrice qui sont à la source de l’un et de l’autre : la machine à vapeur et le moteur à explosion. Si le chemin de fer a donné à l’esprit de l’homme de nouvelles habitudes, l’automobile, entrée dans les mœurs les plus communes avec la génération de 1914, a donné au corps humain des réflexes nouveaux. Le chemin de fer appartient à l’ordre de la machine, mais l’automobile succède à la bicyclette dans l’ordre des outils. Le chemin de fer est un moyen de transport, l’automobile est ou devient un instrument de sport. Et l’automobile ne fonctionne ici que comme un point de départ et presque un symbole élémentaire bien dépassé. L’aviation donne mieux encore un nouveau pouvoir au corps humain, le cinéma à l’œil, la radiophonie à l’oreille.

Et il va de soi que ces modifications physiques concernent surtout les individus jeunes, c’est-à-dire ceux qui n’ont rien à désapprendre, se trouvent de plain-pied avec les moyens nouveaux, naissent à même les outils que leurs pères ont dû inventer.

Cette révolution de l’outillage, impliquant une modification et une extension des pouvoirs du corps, a posé deux questions : celle de la littérature sportive, et celle des rapports entre la littérature et le cinéma.

Littérature et Sport.
Comme la génération de 1850 était, la génération de l’appel à la science, celle de 1914 a été par certains côtés la génération de l’appel au corps. Il y a eu, vers 1924, toute une jeunesse (Montherlant, Prévost, Braga) pour tenter d’incorporer le sport à la littérature, et de créer une manière de lyrisme des jeux et des mouvements du corps. Assez vite cela a tourné court. Mais il faut regarder plus loin, considérer l’atmosphère littéraire plutôt que la réalisation littéraire. Or, c’est un fait que le corps a tenu une plus grande place dans la littérature de la génération de 1914 que dans la littérature des générations du XIXe siècle, qu’il a, dans une certaine mesure, évincé les complications sentimentales. Si le comble de l’art consiste, comme le disait Cellini, à faire un homme et une femme nus, cette génération a couru agilement sur ce comble. D’autre part la familiarité de l’homme et des mécanismes, la rapidité de la vie moderne, ou plutôt ses rapidités de tout genre, se sont introduites dans le style. Ce n’est pas à dire qu’ils aient déclassé leurs contraires, puisque les méticuleuses introspections de Proust ont trouvé le public de 1924 aussi attentif que le tenaient les mécanismes elliptiques usinés par Morand, et puisque le cheminement du roman-fleuve ressemble plus à celui d’une péniche qu’à celui d’un hydravion. La littérature est faite de ces coexistences entre un hier, un aujourd’hui, un demain : n’oublions pas d’ailleurs que le roman de Proust fait partie des réserves de la génération antérieure, que son bonheur est d’avoir été écrit par un homme confiné dans une chambre, et que l’expérience du roman-fleuve donne des mécomptes.
Littérature et Cinéma.
Quant à la question des rapports de la littérature avec le cinéma, il va de soi que cette génération est la première qui se la soit posée ; mais elle ne l’a pas résolue. L’influence du cinéma, de son mouvement d’images, sur les romanciers et sur les journalistes est évidente. Pareillement l’influence sur le théâtre. Mallarmé en allant au concert voulait reprendre à la musique le bien du poète. C’est ainsi que l’on voit le théâtre chercher lui aussi à reprendre son bien chez son dangereux et puissant rival, en incorporer les rythmes, compter sur la promptitude de réaction que son public a acquise au cinéma. Mais à cette utilisation indirecte ne correspond en aucune façon une utilisation directe, soit une incorporation du cinéma à la littérature. Le cinéma parlant lui reste aussi étranger, plus étranger même, que ne l’était le cinéma muet. Et la radiophonie pareillement.
La crise de la Durée.
Inégaux en importance, le déclin de l’humanisme, le massacre des jeunes élites, la nécessité de vivre sur des stocks, les révolutions de l’outillage et des sens humains, ont collaboré avec un sentiment général et profond d’instabilité pour ôter à cette génération les moyens normaux de durer. Ils ont pour elle déséquilibré le temps. Comme le traité de Versailles a posé le problème des peuples sans espace, voici posé le problème des générations sans durée, ou, moins brutalement, des générations qui connaissent une crise de la durée.

La durée sociale est une mémoire et une habitude. Toutes les mémoires et les habitudes ont été bousculées. D’une part la rupture avec l’avant-guerre, d’autre part l’incertitude absolue des lendemains, semblent donner la vie, comme on disait dans le droit ancien, en précaire, et singulièrement la vie littéraire.

Les trois Moments d’après 1914.
Nous avons remarqué qu’après quinze ans en moyenne toutes les générations littéraires depuis 1789 ont passé par un tournant, une crise, qui les diviserait plus ou moins en deux demi-générations. Mais ces coupures n’ont jamais été plus profondes que depuis 1914; la date médiane de 1930 garde bien, comme 1902-1870-1843-1802 pour les générations précédentes, une importance capitale. Pour le moment, en tenant compte de la carrière qui reste à courir aux vingt ans en 1914, et obligés que nous sommes d’arrêter leur compte en 1935, nous pouvons dire que ces vingt premières années se sont divisées en trois parties : la guerre et l’après-guerre immédiate, jusqu’en 1923 environ — l’inflation littéraire jusqu’en 1930, — la déflation littéraire depuis 1930 ; soit la défense, l’expansion, la crise de la République des Lettres.

Dans la première période, la République des Lettres, comme l’autre, et dans tous les sens du mot se défend. Elle se défend en ce sens qu’elle surmonte la crise, et même qu’elle prospère, mais comme nous l’avons dit, en vivant sur ses réserves. On lit ce qui est déjà produit plus encore que ce qui se produit. Des écrivains de la génération précédente bénéficient de ce changement d’optique. La littérature de guerre, improvisée par les combattants, et surtout par les autres, donne des mécomptes. On cherche bientôt à s’évader de la guerre, et, comme disent les philosophes, à la transcender. Mais un travail intense se fait dans les esprits, le soc de Bellone ouvre profondément les sillons pour des semences dont on espère tant. À tort peut-être : en effet, la sélection littéraire ne sera pas une sélection de qualité, une sélection entre les esprits, due à ce que les meilleurs écrivains rejettent dans l’ombre les écrivains médiocres, mais une sélection mécanique dans la quantité, une sélection entre les corps, due au hasard des combats, des réformes, des embuscades.

Bientôt s’ouvre la période de l’inflation. Comme le reste du monde, comme les autres Républiques, la République des Lettres vit sur les réserves des générations précédentes, les valeurs-papier, la publicité, la convention, la facilité et la croyance que la facilité durera. Quand il sera temps de les écrire, les mémoires sur cette époque pourront s’appeler Scènes de la Vie facile. Les années vingt du XXe siècle auront été un été de la Saint-Martin de la société capitaliste d’Occident. À l’exemple de la crise du franc arrêtée par Poincaré, les crises dénoncées çà et là n’éclatent que pour être surmontées. Dans toute cette littérature fragile, qui a pullulé, puis a été résorbée et oubliée en si peu de temps, on fera plus tard, peut-être, des fouilles fructueuses. Les années vingt auront peut-être leurs amoureux, et pas seulement parmi ceux qui regretteront en elles leurs trente ans. On les a comparées au Directoire. Mais le Directoire avec une littérature.

Leur fortune dans l’histoire littéraire dépendra de ce qui les aura suivies. Or ce Directoire n’a malheureusement pas été suivi d’un Consulat. Dès 1930 la déflation littéraire suit les autres déflations, et comme les autres elle signifie restriction. Les pessimistes parlent de grande pénitence littéraire. Durera-t-elle ?

La littérature peut fort bien être prise dans le cycle d’années, creuses où nous sommes entrés, ou plutôt rentrés. L’appel aux réserves, si fructueux hier, rencontrera de moins en moins d’écho. Ici encore une nécessité démographique intervient. La génération qui remplacera celle-ci est celle des adolescents que les vingt ans en 1914, leurs pères, envoient aujourd’hui à l’école et au collège, celle dont une partie a été supprimée il y a vingt ans, avant sa naissance, avec ses pères éventuels. Les bureaux de recrutement littéraire peuvent se préoccuper de cette situation au même titre que les bureaux de recrutement militaire.

De quelque côté que nous abordions la situation littéraire de la génération qui n’a pas fini son bail, nous retrouvons devant nous, sous une forme ou sous une autre, la crise de la durée. De la durée qui était liée à un minimum d’humanisme, soit de langage commun et d’étoffe traditionnelle. De la durée qui conserve à la manière d’une conscience, et qui sert d’amortisseur aux commencements absolus. De la durée vivante qui est solidarité avec le passé et confiance dans l’avenir. De la durée avec laquelle plus radicalement encore que nous, les jeunesses d’autres grandes nations ont rompu le pacte. Le journal et le cinéma, qui tendent à évincer la littérature proprement dite, c’est-à-dire le livre, impliquent des puissances d’oubli précisément autant que la littérature classique impliquait des puissances de mémoire. Mais par un point au moins, par un point toujours, par un point qui ménage l’espérance et l’avenir, la littérature conserve une attache avec la durée vivante, ordinaire, consciente, humaine, éternelle : celui-ci, qu’elle est imprévisible.

II
LES IDÉES
En quête d’idées-mères.
La production des idées-mères, sous forme éloquente et littéraire, est la fonction centrale de là littérature française depuis Descartes et Port-Royal. Elle lui donne ses cadres, dessine son relief, s’offre d’abord pour en rendre témoignage. C’est surtout dans cette production des idées-mères que la génération en cours de maturité, celle qui est née entre 1885 et 1905 a plus ou moins fait défaut.

La génération précédente avait fourni à la France et à l’Europe, avec Bergson, l’idée-mère d’une philosophie dynamique, avec Barrès et Maurras l’idée-mère du nationalisme. Ces idées-mères avaient eu moins d’éclat littéraire, mais plus de rayonnement extérieur qu’au cours de la génération précédente celles qu’on a incarnées dans les noms de Taine et de Renan. Après la guerre, une réaction, inévitable à toutes ces époques-charnières, s’est produite contre elles. C’est ainsi qu’on a affecté de voir dans Bergson le philosophe de l’intuition pure, en partie pour rendre plus facile et plus nécessaire le tableau qui appelait le jeu antagoniste : celui d’une réaction intellectualiste. Quelle plus belle cause à épouser que celle de l’intelligence ! L’Église, avec de forts appuis laïques, favorisait alors une renaissance du thomisme. Il y avait une succession à prendre, comme celle du scientisme après Taine et Berthelot. Les découvertes et les hypothèses scientifiques nouvelles étaient à point pour provoquer l’apparition de cette philosophie également nouvelle qui depuis Descartes n’avait jamais manqué en pareil cas. Enfin on ne s’était jamais tourné avec plus de déférence et d’espoir vers les intellectuels, les grands professeurs, pour en obtenir direction et lumière. Or les idées-mères espérées ne sont pas venues.

Dans le monde de l’intelligence, l’après-guerre fit, comme il était naturel, une poussée de réaction contre les nationalismes. Négative : les nationalismes, qui avaient produit la guerre, devaient être, pensait-on, abattus pour la cause de la paix. Positive : il y avait une Europe à construire, une culture internationale à fonder, coche qui ne manqua pas de mouches, mais bien de cocher, et resta dans les fondrières ; jusqu’en 1936 les idées-mères, en Europe, sont des idées nationalistes, ou des idées de classe. Elles ont trouvé en Italie, en Allemagne, en Russie, leur expression politique. Elles n’y ont pas trouvé d’expression philosophique et littéraire. La carence de la grande littérature d’idées est aujourd’hui un fait européen.

Carences.
Au cours d’une génération, la littérature d’idées comporte toujours un retard sur la littérature de poésie et d’imagination. Le penseur entre en action et en influence à un âge plus avancé que le poète et le romancier : parlons vaguement d’un écart d’une dizaine d’années. Mais ce retard normal ne peut être comparé ici au fort décalage d’une génération à une autre, qui fait que la génération de 1914 n’a pas tiré d’elle-même ses grands producteurs d’idées, qu’elle vit presque entièrement sur des réserves de la génération précédente. La référence à Barrès, à Bergson, à Péguy, même à Georges Sorel, demeure courante. Le seul livre d’idées qui ait depuis la guerre comporté un véhicule littéraire et une influence, c’est la Trahison des Clercs, de Benda, qui est un contemporain de Barrès et de Maurras, et qui a ramené exactement, en 1925, les positions du temps de l’affaire Dreyfus. Il est vrai que le problème qui y est traité, celui du pouvoir spirituel, reste, depuis plus de cent ans, le problème central, en France, de la littérature d’idées.

Ce n’est d’ailleurs pas que l’opinion, ni surtout que la génération de 1914 et que la jeunesse angoissée d’après-guerre, se soient désintéressées des idées. Loin de là ! Mais d’abord il faut toujours se souvenir que leur élite, leurs chefs naturels, sont restés sur les champs de bataille, que Charleroi a dû nous coûter son Bergson et Verdun son Barrès. Ensuite elle s’est trouvée en France devant un choix de faits, d’idées, de problèmes, qui semblent présenter à l’intelligence une réalité impensable, la réalité de l’impensable. La manière dont les régimes totalitaires, nos voisins, ont tranché ces nœuds gordiens, c’est un coup de désespoir, devant lequel la République des Lettres éprouve le même recul que la République tout court. Enfin le problème de l’indépendance de l’écrivain est devenu, depuis la guerre, particulièrement délicat.

La littérature d’idées-mères est le sommet d’un massif sur les pentes duquel, à des niveaux inégaux, on trouve l’histoire, l’essai, la critique, le journalisme.

L’Histoire.
En histoire, deux lacunes, qui, ici encore, concernent la tête.

D’abord on n’a pas vu reparaître la grande histoire à synthèse et à considérations, qui était l’œuvre d’une vie et qui représente une carrière littéraire et académique, l’histoire des Sorel, des La Gorce, des Jullian. En second lieu, l’histoire universitaire a recruté moins facilement les bataillons de travailleurs et les grands ingénieurs qui assurent son labeur normal et fructueux. Plus que dans des œuvres originales, le meilleur de son effort a passé dans les œuvres collectives, les grands manuels, dont la production après la guerre a connu une grande prospérité. Le travail en équipe, quelquefois avec des directives de propagande, n’est pas toujours favorable à l’originalité et à l’indépendance.

La révolution qui s’est produite dans les mœurs littéraires, la faveur que le public a montrée aux récits historiques, a provoqué une immense demande des libraires, à laquelle les romanciers les plus connus, et surtout les autres, ont intrépidement répondu. Cette marée ne se retire que lentement. Elle est d’ailleurs l’exagération et le déséquilibre d’un mouvement par lui-même intéressant et raisonnable, le goût pour la biographie, qui a porté surtout sur les politiques et écrivains du XIXe siècle. Chateaubriandistes, lamartiniens, hugoliens, balzaciens, beylistes, nervaliens, flaubertistes, galtéristes, huysmansiens, verlainiens, demain sans doute barrésiens, proustiens, gidistes, valériens, forment des groupes sympathiques, qui produisent toute une littérature délicate, suggestive d’éclairage nouveau et d’érudition élégante.

Cette faveur n’ira pas aux biographies de collection, plus ou moins romancées, qui se sont abattues par centaines, ont permis deux ou trois œuvres originales, derrière lesquelles les autres sont passées, et qui sévirent surtout de 1924 à 1930.

On notera que ce mouvement d’histoire, resté malgré tout superficiel, a été animé par les conflits politiques du monde des lettres. La division des historiens, ou plutôt des auteurs qui écrivent des livres d’histoire, en historiens de gauche et historiens de droite, fait un des traits remarquables de la carte littéraire. Le succès des écrivains de droite — Bainville, Gaxotte — a été beaucoup plus grand que celui des écrivains de gauche. Peut-être le hasard a-t-il voulu qu’en effet il y eût plus de talent chez les premiers que chez les seconds. Mais non dans une proportion telle qu’elle explique tout. Bien plutôt on remarquera d’abord qu’au contraire de la République tout court, la République des Lettres est orientée à droite, — ensuite qu’une partie du public a vu dans les livres d’histoire vulgarisatrice de droite, une réaction contre le pli universitaire. Devant le conformisme républicain de l’enseignement, on a senti obscurément le besoin de le contre-butter par un conformisme opposé, et que la République des Lettres produisît de son cru.

La Critique :
Essais et Remarques
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L’essai a connu depuis la guerre une solide fortune. Il a été favorisé par la singulière mode (chez les éditeurs, plus que dans le public) de collections où les écrivains étaient conviés à composer, comme des lycéens, sur des sujets bizarres, s’en tiraient souvent, délivraient tant bien que mal, comme on dit, leur message.

Il faut mettre à part le curieux homme qu’est Charles Du Bos, qui a donné à ses essais le titre extrêmement juste d’Approximations, et qui paraît en effet en perpétuelle approche vers les écrivains qu’il aime et dont il n’achève pas la poursuite. De ces portraits en formation, le principal est naturellement le sien, et les critiques de Du Bos tournent autour d’un énorme journal intime comme des planètes autour d’un soleil.

On verrait des types remarquables de la critique de curiosité dans Henry Bidou et Edmond Jaloux. La curiosité d’Henry Bidou est œcuménique et la critique littéraire n’en forme qu’une province. Non la favorite cependant. C’est un homme qui a lu tous les livres et vu toutes les pièces, et il se reconnaît qu’il ne les découvre point avec la fraîcheur et la ferveur des néophytes. Personne ne sait mieux que lui présenter un livre, en donner sans passion étrangère une idée lucide, et, surtout quand il s’agit d’un roman, une analyse exacte et complète.

Au sens ordinaire du mot, le curieux, le flaireur des livres nouveaux sera Edmond Jaloux. Le livre qu’il a intitulé Au pays du roman, concerne le roman anglais. Mais il pourrait aussi servir d’enseigne à sa critique. Comme il a écrit autrefois L’Ami des Jeunes filles, il écrira sans doute un jour L’Ami des Romans. Il les aime d’une curiosité ingénieuse et inlassée, et découvre à travers eux les pays et les âmes.

L’auteur de ces pages a représenté à la N. R. F. une forme de critique qui n’a évidemment ni les qualités ni les défauts de l’impersonnalité, mais qui paraît plus tournée vers les œuvres que vers les personnes et, qui tomberait peut-être sous cette remarque que Gide appliquait sans doute à un autre : « X est intelligent, mais il a l’air d’avoir rencontré ses idées plutôt qu’il ne les a extraites de lui ». Mettons qu’il a suivi ces belles personnes dans la rue, ainsi que le dit à peu près Diderot. Le logicien Benda a condamné en lui un debussyste intellectuel. Mais ne jetons plus de pierres dans son jardin, de peur d’en écarter le lecteur qui s’y promène, et qu’on souhaite d’y retenir.

La critique de remarque formerait une variété de la critique d’essai. Appelons remarque ou propos l’essai péremptoire et bref, et ces termes appartiennent à deux critiques des idées et des mœurs plutôt que des lettres : Suarès et Alain. Le premier, en intitulant Remarques des cahiers périodiques, le proposier normand en portant des propos comme ses pommiers des pommes, ont trouvé des mots qui conviennent à leur genre. Suarès est un maître original du portrait littéraire qu’il obtient par des touches et des remarques colorées. Alain ne concerne qu’incidemment mais fortement la critique littéraire dans ses propos. Et son « Je remarque que » peut être retenu comme un tic révélateur d’écrivain. La critique de Pierre Lièvre, faite de justes et fines pointes rares, très assurée d’elle-même, rentre sous cette rubrique. Et pareillement celle que Denis Saurat donne dans Marsyas.

Les Revues.
Les petites revues autonomes sont d’ailleurs pour une critique très indépendante, et toute en remarques, en propos, en coups secs de baguette indicatrice ou flagellante, le milieu privilégié. C’est là, plutôt qu’à la Revue des Deux-Mondes, que l’amateur de critique fait ses trouvailles, repère les pistes, le coin où il va aux fraises ou aux escargots.

Nous avons déjà trouvé dans notre chemin la critique de soutien, sans laquelle il n’y a pas d’école : celle que le naturalisme demanda vainement à Taine, et que son petit-fils le populisme a trouvée chez Thérive. Sous le nom de critique des poètes, Duhamel a fait avant la guerre au Mercure de France une critique de soutien des poètes unanimistes. L’école fantaisiste en avait trouvé une, qui était aussi précieuse, dans le charmant Divan. La critique de soutien des poètes néo-classiques, des écrivains conservateurs et de Pierre Benoît a été menée de main de maître par l’Action Française et la Revue Universelle.

La Nouvelle Revue Française a fourni à la critique des tempéraments très divers. Benjamin Crémieux dans son XXe siècle et ses nombreux articles, pratique une critique objective qui pénètre lucidement les œuvres avec un minimum de parti pris, et discerne judicieusement les courants de la littérature contemporaine. Mais les traits dominants et originaux de ce groupe critique, je crois qu’on en trouverait deux.

D’abord la place singulière qu’y tiennent les critiques philosophes. Il semble que la formation philosophique ait joué ici une partie du rôle que remplissait la formation littéraire dans la critique de 1900. Jacques Rivière était de formation philosophique ; et l’auteur du Bergsonisme a introduit en critique des points de vue de son maître. Aujourd’hui, avec des tempéraments divers, Gabriel Marcel, Ramon Fernandez, Jean Prévost, Jean Paulhan représentent dans la critique de la rue de Beaune des formes diverses de la culture philosophique. Ils ont posé du dedans ce conflit de la raison et de l’intuition qui depuis la guerre a débordé de la philosophie sur la critique, comme en a témoigné la bataille de la poésie pure. En second lieu, on est frappé de voir à quel point la critique de la N. R. F. est une critique essayiste. On sait d’ailleurs que son chef, André Gide, est de la famille de Montaigne.

Le groupe de la critique d’Europe qui, au contraire de la N. R. F., a une position politique très accentuée, est socialiste et internationaliste. Jean-Richard Bloch et Jean Guéhenno se préoccupent de critique sociale plus que de critique littéraire. Mais par là même, l’auteur de Carnaval est mort et celui de Caliban parle apportent une contribution importante à la critique des idées. Viendrait ensuite le groupe matérialiste marxiste, formé principalement de philosophes (Morhange, Politzer, Gutermann, et plus récemment Nizan), qui dans ses deux revues temporaires Philosophies et l’Esprit avait commencé, dans l’esprit du communisme, une révision des valeurs littéraires bourgeoises, à laquelle le matérialisme historique rendait des services, comme ceux que la philosophie de Taine a rendus aux Essais de Psychologie contemporaine, le thomisme à Maritain et à Massis.

Le Journalisme.
L’essai, qui n’est en somme qu’un article long, a d’ailleurs été vite détourné et capté par le journalisme.

Le journalisme politique ne pourrait être présenté ici que comme une longue brochette de noms éphémères. La critique des mœurs et de l’actualité rentre mieux dans les cadres de la littérature. L’ancienne chronique, mangée par la chronique courte et le reportage, retrouve moins que jamais, malgré toutes les sollicitations, son ancien éclat. Le produit le plus original du journalisme de mœurs reste ce qu’on pourrait appeler l’article-croissant auquel le lecteur est habitué le matin : le croissant Vautel, le petit pain La Fouchardière, la flûte Audiat.

La critique littéraire des journaux nous offre naturellement une prise plus substantielle. Elle fait partie nécessaire du courant de la littérature. Elle en est parfois la conseillère, toujours la secrétaire et l’archiviste.

La période normalienne, inaugurée par la génération de 1850, et qui fut brillante, a pris fin à peu près en 1914. Non que normaliens et professeurs ne figurent pas honorablement dans le journalisme, mais c’est sans y rien représenter de la tradition et de la considération originelles. Ils sont dans le rang avec les autres journalistes. La profession de journaliste, les nécessités du journalisme, donnent seuls son ton et son courant à la critique des journaux.

Elle en subit, sur un point, un dommage. Elle a presque perdu ce qui faisait la fleur de la critique humaniste, la référence aux classiques, la solidarité avec la chaîne littéraire française. Une fonction et une tribune comme celles de Sainte-Beuve, maintenues par Taine, Scherer, Montégut, Brunetière, Lemaître, Faguet, sont devenues à peu près impossibles, et, s’il faut en croire les directeurs de journaux, ne trouveraient plus qu’un public précaire et décroissant. La critique actuelle a beaucoup mieux maintenu, de l’héritage de Taine, Scherer, Montégut, le contact avec les littératures étrangères, en particulier la littérature anglaise, suivie avec attention et discernement. Contrainte à sacrifier de plus en plus à l’information, à l’actualité, aux comptes-rendus, elle y apporte moins des décisions et des jugements que des qualités de moraliste et de psychologue. Ses qualités et ses défauts sont commandés par ce fait, qu’elle est devenue une province du journalisme et plus du tout une dépendance de la chaire.

La critique dramatique, dans une position plus difficile, est logée à la même enseigne. Elle ne peut conserver sa dignité, et compter, que par le feuilleton hebdomadaire, qui permet la réflexion et le choix. Les exigences de l’information journalière ont réduit à trois ou quatre le nombre des critiques dramatiques qui ont à leur disposition ce rez-de-chaussée traditionnel, et à moins encore ceux qui gardent la volonté d’y défendre la littérature.

III
LE ROMAN
Vitalité du Roman.
La génération de 1914 s’est trouvée presque automatiquement, et se trouve de plus en plus portée à s’employer dans le roman, à s’exprimer par le roman. Il appartiendra à ses successeurs de reconnaître ce qu’elle y aura apporté de durable. On peut apercevoir dès maintenant ce qu’elle y a ajouté de nouveau.

Notons d’abord qu’elle se trouvait devant le roman moins embarrassée, moins grevée par le passé, que devant la poésie. Dans son massif, dans sa vie collective, la ligne du roman français ne date que de la génération de 1820, tandis que la ligne de poésie date de la génération de 1550. Le roman est un genre encore jeune, et qui se renouvelle sans s’épuiser manifestement.

Ajoutons qu’au contraire de la poésie il est en relation continue et nécessaire avec l’étranger, qu’il y a une internationale du roman, que cette vie dans l’espace, cette présence du roman anglais ou du roman russe, ont été jusqu’ici favorables au roman français, lui ont proposé des suggestions sans lui imposer des imitations, et cela particulièrement à cette génération de 1914, qui voyage davantage et qui est plus occupée des lettres étrangères que ne l’avaient été les autres.

Enfin jamais la littérature n’a été contrainte de déférer autant à la demande du public, de se soumettre autant aux conditions du succès. Or le public demande des romans. On verra plus tard si la génération de 1914 est une génération de prix, mais on sait dès maintenant que c’est la génération des prix. Et l’on n’obtient de prix sérieux qu’en écrivant des romans. Tout le monde, dans la génération de 1914, a été bon pour écrire un roman, de même que tout le monde était bon pour faire un soldat.

Les critiques méfiants n’ont pas manqué de remarquer que, pareillement, tout le monde au XVIIIe siècle était bon pour faire une tragédie, et que cela signifiait précisément la mort de la tragédie. Mais l’analogie ne s’impose pas. La tragédie était un gaufrier, faisait suite aux vers latins, et répondait dans l’ordre scolaire à une rhétorique supérieure : chaque rhétoricien avait sa tragédie dans ses livres de classe. C’est au contraire dans sa vie même que chaque homme d’aujourd’hui est susceptible d’avoir son roman. La transcription d’une expérience vivante en roman peut donner autant de romans vivants qu’il y a d’expériences transcrites. Limite théorique, bien entendu, mais en deçà de laquelle il y a place pour beaucoup d’êtres vivants et vrais, au contraire des ombres cimmériennes de tragédie.

Dans le roman comme dans la poésie de cette génération, il faut distinguer, en même temps que les valeurs qu’elle déclasse, l’apport de ceux de ses aînés que nous avons appelés les territoriaux de 1914, et son apport propre, à elle.

Les Valeurs déclassées.
Les valeurs déclassées sont ces valeurs de liaison et de construction qui jouent dans le roman le rôle que le discours joue dans la poésie. La technique de la construction, de l’affabulation, subissent non seulement des changements, mais des diminutions très sensibles. Les romanciers de la génération précédente s’étaient, en cette matière, mis à l’école de Balzac, de Flaubert, de Maupassant, des bâtisseurs, et ceux qui survivent continuent. Cette tradition, certes, est loin de se perdre. C’est à leur technique irréprochable et intelligente que les Tharaud doivent le meilleur de leur renommée. Une autre technique a valu à l’un des romanciers de la génération de 1914, Pierre Benoît, des débuts étonnants. La manière d’intéresser le lecteur moyen n’a en somme pas beaucoup changé, et dans le roman comme au théâtre une bonne technique traditionnelle est une condition suffisante du succès. Mais elle est de moins en moins une condition nécessaire. Elle répond à un état stabilisé du roman. Ce n’est pas par un progrès de sa technique que le roman a progressé après 1914, mais par un progrès ou un changement de signification, de suggestion, de poésie. Il n’a pas évolué par ses dehors, mais par ses dessous. Ici encore le roman nous apparaît comme le contraire de la tragédie ancienne, enfermée et arrêtée dans un cadre qu’elle ne peut briser sans cesser d’être. Il est le plus plastique des genres, le plus mobile, le plus industrieux, le plus inventif.
Roman et durée :
Marcel Proust
.
Au contraire, toujours, de la tragédie classique et de ses vingt-quatre heures, le roman a le temps. Sa durée est à peu près consubstantielle à celle d’une vie humaine, et Boileau lui-même n’oserait lui reprocher de prendre ses personnages enfants au début, pour les quitter barbons, ou au cercueil. Il se passe, ou peut se passer, dans une durée réelle, vivante, dans la mesure même de la durée d’une vie d’homme. La durée extraordinairement variée, vivace et vigoureuse par laquelle la plante française a passé de 1789 à 1840 se retrouve dans ces romans balzaciens qui ont l’épaisseur, la variété et la signification d’une coupe géologique profonde. Relisez la page de Taine sur la durée anglaise — la matinée d’Oxford — et voyez-y le thème du roman de Thackeray, de Dickens et d’Eliot. Or la génération précédente avait légué à celle de 1914 une philosophie de la durée, la philosophie bergsonienne, dont l’action en profondeur fut considérable, moins encore par elle-même que parce qu’elle se combina avec d’autres actions, d’autres mouvements, avec un sens pour l’intérieur obscur et dangereux de l’homme, une mobilité, une inquiétude, une révolution, — des révolutions, des écroulements de tout genre. Précipitée dans une durée nouvelle, il était naturel que la génération de 1914 fut précipitée dans un roman nouveau.

Le premier ébranlement, et celui qui jusqu’à présent a eu le plus de conséquences, fut communiqué par le roman de Proust. La Recherche du Temps perdu parut d’abord dans la littérature une œuvre inattendue et inclassable, une rupture, une aventure. Ajoutons que cette héroïsation paradoxale du snobisme, cet auteur qui se fait holocauste pour le snobisme, mobilisa immédiatement contre lui le parti du sérieux, la rive gauche, les forces vives de la littérature normale. On reconnut vite que c’était une erreur. L’arrivée en météore de Proust, il faut la tenir pour toute différente, et contraire, de l’arrivée des cinq poètes maudits. Ce que les Cinq apportaient n’était peut-être pas absolument nouveau, parce qu’il n’y a rien d’absolument nouveau en littérature, mais enfin ils le tiraient de ce qui n’avait pas encore paru à la lumière, de ce qui appartenait jusqu’alors, dans la littérature, aux parties honteuses ou cachées. Mais le Temps perdu de Proust est un Temps retrouvé. Ces fouilles dans la mémoire de l’auteur s’accordent à des fouilles dans la Mémoire épaisse de la littérature, dans une tradition qui remonte à Montaigne, qui passe par Saint-Simon, qui n’est pas étrangère au Sainte-Beuve de Volupté, et à laquelle, chez les philosophes, Maine de Biran et Amiel d’une part, Bergson de l’autre, ont donné une bonne conscience. Elle consiste chez tous ces auteurs dans la familiarité avec sa propre durée, le don de vivre la durée d’autrui, et dans un style qui est l’homme, un style de durée qui est l’homme de la durée, compréhensif, térébrant, tortueux (exception faite, ici, bien entendu, pour Bergson, normalien chez qui le style n’est qu’un instrument intellectuel d’exposition et de précision, non la matière d’une création). De sorte que dès qu’avec Proust un certain sentiment de familiarité s’est établi, on a reconnu qu’on l’attendait, que le roman français faisait là une de ses remontes naturelles et nécessaires, et que, comme les plus grands, comme Balzac, Flaubert, Maupassant ou Renard, Proust ne le laisserait pas tel qu’il l’avait trouvé.

Comme Balzac… La durée balzacienne est une durée historique, la durée française d’un demi-siècle exprimée et reflétée dans la Comédie Humaine. Ce que Balzac a fait pour la durée historique, Proust l’a fait pour la durée psychologique. Mais il est romancier parce qu’il peut sortir de sa durée psychologique, parce qu’il possède le don de coïncider avec la durée d’autrui, d’y voir et d’y exprimer autant et plus de complexes, de ruptures, de variété que dans sa propre durée. Il a été ici très loin. Il y a un monde proustien, original et peuplé, comme il y a un monde balzacien, et beaucoup plus qu’il n’y a un monde flaubertien. Il y a une Comédie Proustienne des années 1890 à 1910. Peut-être Proust a-t-il contribué depuis 1920 à nous éclairer et à nous approfondir Balzac ; Charlus n’a comme substance, épaisseur, puissance, radiations terribles, qu’un équivalent dans le roman : Vautrin.

Depuis Stendhal le roman c’était la province, c’était une certaine conquête, une certaine revanche d’un génie de la province sur Paris, telle la politique sous la Troisième République. Même dans le roman mondain de Feuillet dont les originaux sont généralement des châtelains du Cotentin, on peut voir le roman de la société agrarienne. Mais le roman de Proust est peut-être le premier exemple complet d’un roman qui soit purement parisien comme l’est en France le théâtre, et qui exclue rigoureusement la province. Combray et Balbec n’y figurent que comme des lieux de villégiature, de même que les basses classes n’y paraissent que dans la domesticité, que le monde y est celui de la vacance, de la gratuité et de l’argent. Que tant d’inépuisable réalité ait pu être tirée de ce milieu étroit, arbitraire et fragile, c’est ce qu’on a dû mettre quelque temps à comprendre, et ce qui accroît le mérite miraculeux de l’œuvre proustienne.

On n’imagine pas cependant qu’elle eût pu naître avant la génération de Proust, celle de la Revue Blanche. C’est la génération où débouchent dans la littérature les équipes israélites, tout urbaines, et dont les manifestations dans le roman (dans le théâtre cela va de soi) seront exclusivement parisiennes. Proust est demi-juif, comme Montaigne et Bergson, avec lesquels il partage cette intuition du mouvant et de la durée, qui paraît correspondre à une greffe du plant juif sur le tronc d’occident. Devant la société aristocratique, il se pose, avec fièvre et trépidation, le problème de l’entrée et de la conquête. Son snobisme ironique est fait moitié de ses réalisations, moitié de ses déceptions. On notera d’ailleurs que les problèmes de la société se posaient avec la même solidité et le même fruit et les mêmes naïvetés saines chez Balzac : la présence, la durée, la mémoire de la société françaises, ce furent d’abord pour le grand plébéien, pour le sang paysan des Balssa, Mmes  de Berny, d’Abrantès et de Castries. Ici Villeparisis (justement le pays de Mme  de Berny), Verdurin et Guermantes.

Proust appartient aussi à la première génération où, selon un mot de Barrès, on ait fait de la moins bonne rhétorique et de la meilleure philosophie. C’est le cas particulièrement chez les jeunes Juifs de Condorcet. On ne peut guère dire que Proust ait été philosophe. Mais quand on compare sa psychologie à celle de Bourget, et qu’on passe par conséquent d’un monde dans un autre, on est frappé de voir d’abord comme celle de l’auteur du Disciple est une psychologie de grand rhétoricien, ensuite comme Proust a incorporé au roman tout un domaine, et même un style, qui n’appartenaient jusqu’alors qu’aux philosophes. Taine comparait Maine de Biran à une cave obscure, et se moquait du Périgourdin qui avait attiré dans ses ténèbres quelques philosophes innocents. Lui qui trouvait déjà Bourget un malade, qu’eût-il dit en voyant, avec Proust, le roman lui-même installé dans la cave biranienne, exerçant de là sur une génération l’influence qu’avaient exercée sur Taine lui-même son cher Balzac et son cher Stendhal ?

Découverte d’un monde, comme cette exploration méthodique des grottes qui date de la fin du XIXe siècle, et pour laquelle il fallut créer le mot de spéléologie. Mais précisément, dans le roman, c’est-à-dire dans la seule direction où elle ait réussi, la génération qui découvrit, ou à laquelle se découvrit Proust, est la génération où tout se passe comme si elle avait pris pour mot d’ordre : la découverte des mondes nouveaux.

De là deux natures de roman qui répondirent à un appel d’air, le roman de l’aventurier et le roman de l’aventure.

Le Roman de l’Aventurier.
Le roman de l’aventurier (qui peut être d’ailleurs, le roman d’un sédentaire, ou de la Maison du baobab à Tarascon) a trouvé sinon ses modèles, tout au moins ses livres de base, dans deux romans qui parurent en 1913 et ne furent accueillis qu’avec des réticences, les Caves du Vatican, d’André Gide et le Grand Meaulnes d’Alain Fournier.

Le cas du premier roman est très curieux, parce qu’il nous permet de faire le départ entre ses deux éléments, un roman d’aventure, plus ou moins comique, qui n’est pas très réussi, et un roman de l’aventure, ce qui n’est pas la même chose, et de l’aventurier, qui paraît aujourd’hui étonnamment perspicace, parce que Gide y a préfiguré, en père spirituel, dans le personnage de Lafcadio, les traits du jeune homme, et surtout du jeune littérateur, de la génération qui venait. La génération de 1914 a proustisé en ce sens qu’elle s’est mise à l’école de psychologie de Proust, mais nullement en ce sens qu’elle aurait vécu à la manière des personnages de Proust, à commencer par celui qui dit Je, lesquels appartiennent bien à la fin du XIXe siècle et à l’époque de la jeunesse de l’auteur. Au contraire, elle a gidisé en ce sens que c’est bien en avant qu’est lancé le personnage de Lafcadio, comme l’étaient d’ailleurs ceux de l’Immoraliste et des Nourritures Terrestres.

Lafcadio, l’aventurier de l’acte gratuit, est un aventurier bourgeois, cosmopolite, né dans l’argent et pour qui c’est une chance, ou une carrière, d’être enfant naturel. La fraîcheur de Meaulnes lui vient au contraire de sa source populaire, de son adhérence au provincial, au primaire, à l’école du village. L’aventure de Meaulnes se confond avec la poésie. Les Caves ont ajouté au romanesque volontaire d’après 1914, mais Meaulnes a ajouté à la poésie de cette génération, d’une génération qui d’ailleurs a dû faire en partie dans le roman ses remontes de poésie.

Le Roman de l’Aventure.
Le roman de l’aventure, qui connut tant de faveur dans l’après-guerre, était accordé à l’entrée dans un monde nouveau, à des impatiences de la jeunesse, à cette décompression et à cette bougeotte où devaient se dépenser physiquement les imaginations comprimées par les disciplines du temps de guerre. Pierre Benoît, Mac Orlan, les Chadourne, lui donnèrent une figure conquérante, mais qui a daté beaucoup plus vite que celle que Meaulnes avait donnée au roman de l’aventurier. Il est naturel que la psychologie l’emporte sur le physique, et le roman intérieur sur le roman d’événement.

L’aventurier peut tenir tout entier dans le village de la Chapelle d’Angillon. Au contraire, l’aventure a besoin de l’espace, de la planète. Le roman de l’aventure conduisait au roman planétaire.

Le Roman planetaire.
Ici encore, il faut tenir compte de la décompression et de la détente d’après-guerre. De la guerre à la crise, l’écrivain qui ne passait pas une partie de l’année sur les routes du monde, en mission, en tournée de conférences ou en reportage, se faisait remarquer. L’auteur itinérant avait d’ailleurs eu des prédécesseurs avant la guerre, et sans parler de Paul Adam, les Tharaud, surtout avec leurs impeccables romans de découverte des juiveries orientales, ont été des précurseurs.

Notons un autre précurseur, de talent très différent, Valery Larbaud, qui, la même année à peu près que les Caves du Vatican, Meaulnes et du Côté de chez Swann, publiait Barnabooth. Et que ces quatre romans aient paru en quelques mois, à la veille de 1914, cela fait peut-être le tournant le plus riche qu’il y ait eu depuis 1830 dans l’histoire du roman. Barnabooth a créé un style du voyage comme Meaulnes un style de l’aventure.

Un peu sous l’influence du mandarin qu’était Philippe Berthelot, et avec l’image lointaine de Claudel qui commençait à succéder à celle de Loti, un secteur du roman s’est amarré à cet embarcadère qu’est le Quai d’Orsay. C’est peut-être cette commune origine qui a fait coupler longtemps par la critique Morand et Giraudoux. Ils ne se ressemblent pas, mais s’ils n’appartiennent pas au même climat littéraire, ils figurent dans la même équipe, portent la même valise, et leurs influences se relayent.

Peu de livres ont été plus appelés, suscités, adoptés par une époque déterminée, en 1925 environ, qu’Ouvert la Nuit et Fermé la Nuit. Ce n’est pas le roman de l’Europe d’après-guerre, c’est une synthèse, une construction de cette Europe-là, mieux réussie que les synthèses et les constructions que tentait alors la peinture cubiste, mais de même ordre. Les romans de Morand n’atteignirent pas le succès de ses nouvelles, en partie parce qu’ils vinrent après elles. Mais dans le roman comme dans la nouvelle et surtout dans le récit de voyage, il a créé un style. Ce style est accordé à une coupe momentanée sur la civilisation, à des machines, à un état du monde, d’une époque aussi où la mode va vite. Morand a su la suivre ou la guider, comme un constructeur au salon annuel de l’automobile.

L’Aventure intérieure.
Nous marquons ici moins les écrivains que les influences. L’influence de Giraudoux a accompagné celle de Morand, par un de ces contrepoids, de ce double tableau, de ce Rouge et Noir, qui sont une des caractéristiques du climat littéraire français : elles se croisent. Le sens planétaire de Morand, sa liaison et son survol des pays dans l’espace, ce globe terrestre lumineux, qu’il agite comme un cocktail, cela reste assez étranger à Giraudoux qui, ainsi que le prouvent Amica America et Siegfried et le Limousin, peut bien porter partout la valise à la main, mais a toujours la terre des plaines centrales de la France à la semelle. À cette liaison planétaire que Morand établit dans l’espace, Giraudoux oppose, ou plutôt associe une liaison française dans la durée. Cela n’a évidemment rien d’extraordinaire, en principe, et voilà bientôt un siècle que la question des renaissances classiques, de l’harmonieuse liaison française, est posée et que ses recommencements, ses redécouvertes, nous encombrent. Mais précisément avec Giraudoux il s’agit d’une liaison française non classique, que nous n’avons guère de mot pour désigner, pas même celui que nous employons ici, moins encore celui de modernisme au sens des Goncourt, mais dont on aura une idée en songeant que les classificateurs voient en Giraudoux un restaurateur de cette préciosité que Brunetière dépistait et déterrait, comme un jardinier le chiendent, dans les plates-bandes de la littérature française. D’autres, plus fins, ont évoqué au sujet de Giraudoux le moyen-âge, un au-delà de la Renaissance. De fait le héros ordinaire, le héros favorisé, le Seul Qui ingénu et miraculeux de ses romans nous paraît bien une manière de Lancelot du Lac. On dit Simon le Pathétique comme Perceval le Gallois, et il faut comparer Bella aux choses et aux êtres précis qui sont à son origine pour voir à quel point Giraudoux est possédé par le génie du romanesque foisonnant, de la déformation invincible, et de l’irréalisme magique.

L’aventure extérieure va se confondre chez Morand avec la matérialité du voyage, l’aventure intérieure va se confondre chez Giraudoux dans le jeu de l’imagination. Le roman se trouve à un carrefour de ces itinéraires de fuite dans lesquels s’est jetée cette génération du mouvement, et qu’a exprimés à sa manière le terme d’inquiétude.

Pourtant, quand, au départ de la génération de 1914, les devins de la critique ont examiné leurs poulets, c’est bien le contraire de l’inquiétude que leur présageait pour cette jeunesse la volaille sacrée : génération virile et précocement mûrie, génération d’énergie et de décision, qui après la victoire du dehors sur l’ennemi allait remporter, au dedans, la victoire sur les vieilles littératures, sur les byzantinismes tortueux. Que ne se promit-on pas de la littérature de guerre et de la littérature d’après-guerre !

Le Roman de la Guerre.
Restons dans le roman. Le roman de guerre a eu trois grands succès, le Feu, les Croix de Bois, Vie des Martyrs. Ce succès était mérité. Les trois livres ont subsisté et subsisteront. Mais au contraire des romans de l’aventure, ce sont bien moins des créations que des mises au point. Barbusse, dans son roman d’une escouade, a mis au point de 1914 la Débâcle de 1870. Il a eu d’ailleurs raison. Les vieilles guerres sont toujours faites et vécues par les mêmes escouades à base paysanne, de même que les diplomaties qui les préparent les sortent des mêmes dossiers sur le bureau de Vergennes. Enfin Zola était venu le premier. Les Croix de Bois nous ont donné, écrits par un conteur combattant, ces tableaux de la guerre en ordre dispersé, où les auteurs des Soirées de Médan voyaient fort bien la meilleure manière de les présenter. Vie des Martyrs était porté par l’immense faveur, alors, de Dostoievsky. La guerre par elle-même n’a renouvelé ni la matière du roman, ni sa forme. Mais l’après-guerre ? Le retour ? l’Odyssée après l’Iliade ?
Le Roman du Retour.
Le roman de l’aventure avait tourné au roman de l’aventurier. Le roman de la guerre tourna vite au roman du combattant, du vainqueur, c’est-à-dire, selon le mot de Dorgelès, de celui qui en était revenu. Avec ces habitudes de bilatéralisme que nous avons déjà rencontrées, on délégua à Montherlant et à Drieu La Rochelle, pour représenter dans le roman et ailleurs le combattant qui revenait, une sorte de fonction collégiale. L’hexasyllabe Montherlant-et-Drieu devint usuel comme Giraudoux et Morand, et nous n’aurons garde de le laisser tomber.

Barrès jouait alors un rôle comme patron littéraire des combattants. Il offrait à la génération nouvelle un type sinon à remplacer, du moins à continuer, celui du personnage représentatif, original, attrayant, qui s’est imposé comme délégué à la sensibilité d’une époque, et qui, doué pour raconter, pour toucher le public par ses récits, reste sous des figures diverses le principal personnage de ses romans. Montherlant fut préoccupé de cette destinée. Il appela son Philippe ou son Sturel Alban de Bricoule, celui du Songe et des Bestiaires. Il donna avec une âpre éloquence l’image impérialiste d’un jeune Français. Barrès venait de l’égotisme, Montherlant y alla.

Avec plus ou moins de succès, Montherlant est un bâtisseur. Dans le Songe et les Bestiaires, il a essayé de se construire, de réaliser un être qui résiste à l’écoulement et à l’écroulement, et pour qui le problème, tout de même un peu court, plus court que les problèmes barrésiens, est de concilier des exigences sensuelles avec ce dessein. Il s’est montré romancier quand il a peint dans les Célibataires la nature contraire, celle qui ne résiste pas à la destruction. Drieu, peut-être plus abondamment doué que Montherlant, et plus capable que lui de s’intéresser aux idées, a pris au contraire dans la jeunesse d’après guerre, le parti et la pente de la réalité qui se dissout. Il a incarné dangereusement la jeunesse qui était au premier plan en 1924. Les titres autobiographiques de ses romans, l’Homme couvert de Femmes, le Feu Follet, la Valise vide, sont caractéristiques et le dernier a presque servi de symbole ou d’enseigne à toute une équipe.

Une équipe, ou plutôt un tourbillon de mouvements, de sensibilités en liberté, comme on parlait ailleurs de mots en liberté, ce qui s’échappe par le Thomas l’Imposteur de Cocteau, ou le Bon Apôtre de Soupault.

Le Roman
de la Jeune Bourgeoisie
.
Ce sont là des jeunes sur lesquels la guerre a passé, réellement ou métaphoriquement. On trouvera bien entendu plus de résistance chez ceux qui ont passé à travers la guerre, et qui eurent leurs trente ans dès sa seconde année.

Maurois et Mauriac ont, le premier avec une vocation plus générale de littérateur, le second avec une vocation plus particulière de romancier, écrit, pour leur temps, le roman de la grosse bourgeoisie, intermédiaire entre la grande et la petite, et assez provinciale pour appartenir au climat ordinaire du roman : ils ont été, dans cet ordre et par ce public, les romanciers de classe (aux deux sens du mot) les plus lus de ce temps.

L’éducation fait en France de la jeunesse bourgeoise ce que Waldeck-Rousseau appelait les deux jeunesses : laïque et catholique. Maurois, israélite, élève d’Alain, d’esprit analytique, est un laïc pur, et Mauriac est un romancier catholique, le romancier des problèmes chrétiens de l’âme. Il l’est à un degré d’angoisse et de profondeur qui ne se compare pas à la position des romanciers littérairement en règle avec l’Église, et dont le roman porte moins sur sa mystique que sur sa politique et sa morale : Feuillet, Bourget, Bordeaux. S’il reste à l’heure passagère où j’écris ces lignes, le romancier français le plus célèbre, il faut en voir une des raisons dans ce décri littéraire et intellectuel de la laïcité, qui a suivi étrangement son triomphe politique et la séparation de l’Église et de l’État. Ajoutons-y la réaction contre l’oratoire, qui s’est fait sentir dans le roman comme ailleurs : Mauriac est pressant, ému, il refuse l’éloquence et la grande courbe. Sa place, son succès, son influence, montés brusquement en 1924, entrent exactement dans les filières, les voies, les raisons de ce temps.

Le Roman Cycle.
Maurois et Mauriac ont écrit le roman des bonnes familles, sans exploiter un champ, considérable, dépassant peu leur expérience par leur romancement, ne sortant guère de leurs Quesnay, Peloueyre et similaires, des secteurs familiaux et familiers qu’ils peuvent exploiter en fondateurs de la chronique discontinue d’un groupe. Les romanciers de l’époque précédente, les Bourget et les Prévost, avaient et ont encore gardé plus de balzacisme, d’invention, de disponibilité, et sont moins accrochés aux petites histoires de leur milieu, en partie parce qu’ils les ont moins vécues. Est-ce pour remédier à ce manque de substance, d’épaisseur et de variété, tout en restant fidèle à l’élan de leur génération romancière, pour imposer au roman une cure de balzacisme qu’un nombre inattendu de romanciers, au tournant de 1930, se sont attachés à cette chronique non plus discontinue, mais continue, et longuement continue, d’un groupe compact : le roman-fleuve ?

Pas précisément. Le roman-fleuve, ou plutôt le roman-cycle, avait donné l’une des œuvres les plus célèbres du début du siècle : Jean-Christophe. C’est à lui qu’on peut rattacher aussi la Recherche du Temps perdu. Mais les romans de Rolland et de Proust sont des biographies, écrites, plus ou moins, à la mesure d’un individu. Quand la nature a fait, par l’humanité, quelque chose d’analogue au roman-cycle, elle ne s’est pas servie de l’individu, elle s’est servie de la famille, c’est-à-dire de réalisations individuelles ou contradictoires, jaillies d’un même centre et participant d’un même élan. À côté et au-dessus de la famille naturelle la société a créé le groupe, a procédé par groupes. De là, en y joignant le roman de la vie individuelle dans sa multiplicité et ses complications, trois formes de roman-cycle, trois groupes de romans-cycles, tous trois en cours de publication à l’heure où nous écrivons ces lignes, et qui, s’ils sont terminés, figureront à eux tous, par leur ensemble, par leurs contrastes, par leur cyclisme du second degré, le témoin le plus considérable du roman français de cette époque.

1° Individuel.
Le roman-cycle, centré sur la vie individuelle (et c’est le cas de Rolland et de Proust) trouve difficilement dans l’individu de quoi se recruter et se nourrir. Aussi Jean-Christophe et Marcel nous intéressent-ils beaucoup moins que les personnages secondaires, dont le passage fait vraiment vivre l’œuvre, et nous voyons même dans le Temps perdu le personnage qui dit Je réellement mangé par l’immense Charlus. Des romans-cycles en cours, le seul qui soit centré sur la vie d’un individu est le cycle, très inégal, que René Béhaine a intitulé Histoire d’une Société, et, comme les deux précédents, il est concerné par cette remarque.
2° Familial.
L’histoire d’une famille dans une durée qui peut aller d’une à trois générations, est évidemment le cadre le plus normal d’un roman-cycle, celui qui est proposé et presque imposé au romancier par les articulations de la nature. Aussi a-t-il fourni l’ordinaire du genre. L’impulsion a été donnée par les Thibault de Roger Martin du Gard, dont le début, le Cahier gris, a extrêmement impressionné les lecteurs et les confrères de l’auteur, et dont le succès a été pour quelque chose dans la mise en chantier des cycles actuels. La suite, et surtout la longue interruption, ont inquiété, et ce premier exemple a été aussi pour quelque chose dans la réserve relative du public à l’égard de ces entreprises, réserve qui n’a d’ailleurs aucune importance, vu qu’elles ont besoin de temps et de recul pour se classer.

Georges Duhamel peut passer pour une personnalité très représentative du roman-cycle, vu qu’il en a produit deux. Les quatre Salavin constituent en effet un cycle du premier genre, soit à la mesure d’un homme individuel, d’une Vie et Mort de Salavin, d’une grande monographie par le dessous, celle du petit mystique, comme les naturalistes avaient le petit bourgeois et le petit employé. La Chronique des Pasquier, dont un volume paraît régulièrement chaque année en octobre, est l’histoire d’une famille de petits bourgeois et de petits intellectuels, admirablement accordés sur la durée française, et dont le lecteur attend sans impatience qu’elle fournisse son homme de génie.

Une famille analogue exposée au long d’une durée, et d’un art tout différent, par Robert Francis, dans son Histoire d’une Famille sous la Troisième République, mérite plutôt le nom de roman-fleuve que de roman-cycle ; tout, style, personnages, vie intérieure, s’y mobilise et s’y meut en effet dans une extraordinaire liquidité.

Tiendra-t-on pour un roman-cycle les quatre volumes des Hauts Ponts, de Jacques de Lacretelle ? Probablement. Ils se passent dans un secteur limité et précis : trois générations d’une famille plus ou moins en décadence, la première qui est évincée de son domaine, la seconde qui s’efforce de le racheter, la troisième qui le perd définitivement. Le cadre est la Vendée, mais seulement parce qu’il faut qu’il y en ait un : le cycle n’est destiné qu’à mettre à la lumière du roman un cas psychologique qui concerne une famille, comme Silbermann et la Bonifas exposaient dans le même système de transpositions le cas d’un individu.

La famille naît du couple. Le roman d’une famille dans les Destinées Sentimentales a fait suite de la manière la plus naturelle aux romans antérieurs du romancier particulier du couple, Jacques Chardonne. D’ailleurs cycle assez sobre qui ne comprend que trois volumes, et que la critique classerait peut-être tout aussi bien du côté de Mauriac, comme roman des bonnes familles du Sud-Ouest, et de leurs drames intérieurs.

On imaginerait une carte littéraire de la France où chaque grande région aurait droit à son cycle. Ce serait trop beau. Mais si un psychologue a donné le sien au Sud-Ouest, un conteur le donne à Lyon et à sa région, Henri Béraud avec la Chronique de Sabolas, chronique de la vie lyonnaise au XIXe siècle. Les catégories religieuses y font place aux catégories droite et gauche : donc Chronique d’un demi-Lyon puisque Lyon, qui aurait bien eu droit à son Mauriac et à son Chardonne, est d’abord une capitale religieuse. Entre le cycliste lyonnais et le cycliste du Sud-Ouest, on rétablirait volontiers le contraste Maurois-Mauriac, laïcité-religion, un des contrastes vivants de la France d’aujourd’hui.

3° Unanime .
Voilà cinq romans-cycles établis sur la vie de famille. Il était naturel et presque nécessaire que le poète théoricien, dramaturge et conteur des groupes, et qui a réalisé dans l’unanimisme l’idée, le sentiment du groupe, l’auteur d’Un Être en Marche, écrivît, en s’attaquant au roman-cycle, le roman d’un groupe en marche, les Hommes de Bonne Volonté. Ce cycle est accordé sur le pas de l’époque et de la génération de Jules Romains. Un personnage, comme dans tous les cycles précédents, y est plus ou moins le délégué de l’auteur, mais n’y prend pas, non plus qu’aucun autre, une place prépondérante. L’unité, qui n’apparaît pas encore dans l’excessive dispersion des personnages, sera obtenue sans doute au cours du cycle, et formulée comme Unité trouvée, à la manière dont la Recherche du Temps perdu se termine par le Temps Retrouvé, et dont les Rougon-Macquart se terminaient par le Docteur Pascal.

Un peu à la manière des Rougon-Macquart, qui donnèrent après 1870 le roman d’avant 1870, ces sept romans-cycles sont encore engagés dans une sorte de période historique. Aucun d’eux en effet n’a encore atteint les années de guerre. Les sept auteurs insistent visiblement et s’attardent sur des années qui correspondent à leur jeunesse, et dans cette recherche ou temps perdu ils ne paraissent pas pressés d’arriver au temps actuel. Il est à remarquer d’ailleurs qu’en face de l’instabilité de la société, du caractère saisonnier de ses mœurs et de sa situation, les romanciers depuis 1930 hésitent devant ce qui faisait autrefois le pain quotidien du roman : les mœurs contemporaines, la chronique de la Société. La durée romanesque se trouve ainsi comme refoulée vers l’amont. Cela tient toujours au déséquilibre actuel de la durée littéraire. La hâte avec laquelle, la trentaine à peine atteinte, des écrivains qui n’ont d’expérience que de quelque littérature, et non point de la vie, se mettent à publier leurs mémoires, nous divertit et aussi elle nous éclaire. Il ne s’agit pas seulement de la hâte de la production, mais de l’incertitude du lendemain, de l’incohérence de la vie, d’une nécessité croissante de vivre sur les réserves, d’une crise et d’une carence de la création. Malgré ces difficultés, on ne saurait guère douter que le super-cycle de ces sept romans-cycles, le Tour de France des sept romanciers cyclistes, ne reste un trait capital de l’histoire du roman, du paysage du roman, pour cette tranche de siècle, que meublera la génération de 1914.

IV
LA POÉSIE

Le sens du mouvement poétique reste à peu près pour la génération de 1914 le même qu’il avait été pour la génération de 1885 ; séparation de plus en plus radicale, de plus en plus extrémiste, entre le discours et la poésie. Il y a là, pour le demi-siècle qui nous sépare de 1885, une invincible pente, qui oppose cette période de la poésie française à tout son cours antérieur depuis le XVIe siècle.

Poésie et Discours.
La poésie alliée au discours appartient d’ailleurs tellement à la tradition séculaire française, qu’elle peut survivre presque indéfiniment sur une ligne d’évolution parallèle, ou sur une voie de garage. En 1914 précisément tout se passait comme si cette question du discours était encore posée. La poésie éloquente livrait ses derniers combats. Elle avait sa muse, Anna de Noailles, la dernière et même le dernier des romantiques, avec qui s’en sont allés, comme avec Jaurès, dont il lui eût plu qu’on la rapprochât, les grands lieux communs du XIXe siècle. La poésie éloquente arborait par ailleurs des noms d’écoles : humanisme de Fernand Gregh, intégralisme d’Adolphe Lacuzon, paroxysme de Nicolas Beauduin. Et rien ne nous interdirait formellement de réunir sous le nom de méridionalisme la poésie sonore, proclamatoire et oratoire — le Midi est éloquent — de Léo Larguier, Joachim Gasquet, de nombreux Aixois ou Toulousains.

Plus instructif sera le cas de l’unanimisme, c’est-à-dire du groupe des poètes de l’Abbaye qui ont trente ans ou un peu moins en 1914, Romains, Duhamel, Vildrac, Chennevière. Romains et Duhamel sont des esprits déversés vers le dehors, et, comme on l’a vu ensuite au théâtre et dans le roman, de vocation oratoire, d’éducation rhétoricienne. Mais en même temps, intelligents, avisés, aimant leur temps, et qui sont soucieux de s’accorder pleinement avec lui. D’où l’intérêt du contraste entre la première manière poétique de Romains, celle de la Vie Unanime (1908) et celle qui commence, dès l’année suivante, de lui succéder avec Prières. C’est un passage du flux oratoire à la suggestion elliptique et à l’émotion dépouillée. L’œuvre poétique de Romains, dans la mesure même où elle devient très volontaire, où elle s’accroît et se précise par une technique professée, un Traité de Versification, nous paraît, autour de 1914, propre à être utilisée comme flèche indicatrice d’un mouvement. Le caractère oratoire subsiste davantage chez Duhamel et Chennevière, tandis qu’il a toujours été assez étranger à Vildrac. Mais enfin nous avons là une occasion de voir comment à l’intérieur d’un groupe qui se construit, qui attache une grande importance poétique à la construction même du groupe (c’est cela l’unanimisme) l’oratoire peut varier, décroître, de même qu’à l’intérieur du symbolisme, et des Vingt ans en 1885, on le voyait déjà décroître régulièrement de Verhaeren à Viélé-Griffin.

L’oratoire, le discours lié, font partie de la tradition de la poésie française. Déjà au temps du symbolisme la rupture avec l’oratoire avait été une rupture avec cette tradition. Et la rupture avec la tradition se fait ordinairement au bénéfice de l’aventure. Si le XVIIIe siècle nous fait voir en la poésie la tradition pure, soit l’immobilité il était réservé au XXe siècle de tenter l’expérience, utile et légitime, de l’aventure pure.

L’Aventure.
À la vérité, tel avait bien été déjà le rôle de ceux que nous avons appelé les Cinq de 1870, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé, Lautréamont, Corbière. Romances sans Paroles, Les Illuminations, Un Coup de Dés, les poèmes marins de Roscoff, Maldoror, sont autant de départs pour la mer inconnue, de saluts portés.

Solitude, récif, étoile,
A n’importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.

Entre les aventuriers qui eurent vingt ans vers 1870 et ceux de l’autre guerre, il y a cependant une différence, à l’avantage des premiers. Comme on plaidait devant Clemenceau la cause d’un homme politique qu’il n’aimait pas, et en faveur de qui on alléguait qu’il ressemblait à Robespierre, le Tigre rétorqua : « Oui, mais Robespierre, lui, ne savait pas qu’il ressemblait à Robespierre ! » Rimbaud ne savait pas qu’il ressemblait à Rimbaud, et d’ailleurs à vingt ans il avait complètement cessé de lui ressembler. Au contraire, les aventuriers de 1914 savaient, savaient trop, qu’ils ressemblaient à Rimbaud, et ils en ont beaucoup parlé. Quand le groupe surréaliste se fit un drapeau, il écrivit un seul mot : Lautréamont ! C’était déjà de la tradition. La génération de 1914, dans la mesure où elle avait de magnifiques précurseurs, n’a tout de même pas connu l’aventure pure.

Mais elle a obtenu largement, du côté de la quantité et de la publicité, l’équivalent de ce qui lui manquait de pureté. L’aventure est à la source et dans les moelles de cette génération. La guerre a ajouté à son exigence d’aventure, elle ne l’a pas créée. La Correspondance de Rivière et d’Alain Fournier est une coupe géologique dans les terrains d’où a jailli cette source. Et le Grand Meaulnes de Fournier, et l’article de Rivière sur le Roman d’Aventure, datent des mois qui ont précédé la guerre. On peut dire que, de la mort d’Apollinaire à l’exposition des Arts Décoratifs, la poésie comme le roman a vécu dans l’atmosphère et dans l’idée vague de l’aventure.

La poésie est prise par l’aventure dès sa racine. Dès 1910, Marinetti, italo-français, comme Apollinaire était franco-italien, avait prophétisé en même temps que lui par la proclamation du futurisme et par le jeu poétique des mots en liberté. Le mot en liberté, c’est par excellence l’aventure poétique, d’ailleurs conséquence de la poésie en liberté des Cinq et du vers en liberté des vers-libristes symbolistes. Dans cette liberté musicale pénétrée d’assonances, de souvenirs de bibliothèque, de refrains de chansons populaires, de tout ce qu’on peut ramasser sur une route d’Europe, et, plus simplement, entre le marbre et le cuir d’un café, Apollinaire mit de l’enchantement, et aussi une magie personnelle. Une telle magie est d’ordinaire pour beaucoup dans le succès inégal de ces aventuriers. Elle avait par exemple fait la gloire fragile de Toulet. Comme la ballade de Banville et le sonnet des Parnassiens, traditionnels chez des traditionnels, des formes aventureuses furent inventées ou réinventées par les aventuriers. Après les Contre-rimes de Toulet, les Calligrammes d’Apollinaire. On songe aux sortes experimenti de Bacon, l’expérience faite à l’aventure, afin de voir si, par hasard, il en sortira quelque chose. Il fallait s’en aviser. Ensuite, cela devient bien facile.

On doit voir cependant quelque chose de plus dans les Calligrammes, poèmes en formes de dessins, qui ont pour antécédent la Bouteille du cinquième livre de Rabelais : un jeu en accord avec les expériences picturales d’alors, une tentative sur des frontières où il y a de la Bouteille, mais aussi du Coup de Dés. L’incomparable intérêt de toute une poésie depuis 1885 et même depuis les Cinq, c’est d’avoir ajouté à la poésie continentale française ce qu’à la même époque les conquérants coloniaux ont ajouté au domaine français et aux vieilles colonies : non seulement des vraies colonies, mais des chapelets d’îles inhabitées, des atolls et des déserts, beaucoup de déserts. Tout cela fait une plus grande France et tout ceci fait une plus grande poésie française, tient de la place sur la planète, dans le possible. S’il y a une poésie Sancho,

C’est un très grand honneur de posséder un champ
écrivait M. de Pomairols, il y a aussi une poésie Quichotte :
Fuir, là-bas, fuir je sens que des oiseaux sont ivres

Seulement Apollinaire était lui aussi, lui surtout, un Quichotte qui se savait Quichotte, se voulait un peu scolairement Quichotte. Nous pourrions, si nous énumérions, citer ici beaucoup de noms de poètes, de participants à ces expériences, à ces aventures coloniales, et par exemple Max Jacob, qui a mieux réussi dans le roman. L’expérimentation aventurière a trouvé peut-être, après Apollinaire, son principal héros dans Jean Cocteau, depuis le Cap de Bonne Espérance : plus intelligent, plus souple, plus aimable qu’Apollinaire, moins inventeur, moins génial, moins navigateur au long-cours, plutôt caboteur (on a hésité sur la désinence), dépourvu de la forme apollinarienne de mystification, mais non de charmantes impostures, et en somme, dans ces années trente, l’ancien marinier, resté en vue, de cette nef de Pantagruel qui a traversé la poésie des années dix et des années vingt, et pour laquelle nous gardons un faible.

Un faible intelligent, le lecteur n’en doutera pas, puisqu’il s’agit d’obtenir de l’oracle de la Dive le secret des destinées de la poésie. Malheureusement la réponse est ou aurait été peu encourageante. Expériences curieuses, mais infructueuses. Reviendrons-nous dans notre petit Liré planter l’alexandrin, voir fleurir la rime riche, nous enorgueillir de nos plates-bandes de sonnets, faire éclater au bout d’un jardin de curé le parterre flamboyant et bien arrosé d’une ode hugolienne ? Non. Tout de même l’élan d’une poésie est dans l’invention, l’aventure et l’air en mer…

Territoriaux. Valéry.
Ici se sont retrouvés heureusement, par cette bonne fortune qui n’abandonne jamais les lettres françaises, des territoriaux de 1914. C’est par des territoriaux que Lyautey garda alors le Maroc. L’équipe quadragénaire qui compensa pendant la guerre l’absence partielle de la génération nouvelle comprenait deux poètes, Valéry et Claudel. Il importait extrêmement que Valéry, en sommeil poétique depuis vingt ans, comme Hindenburg était un général en disgrâce et Pétain un colonel mal noté, prît la tête de l’expédition coloniale et de l’aventure. Il n’était pas libre de ne pas écrire en 1916 la Jeune Parque.

La Jeune Parque, publiée en 1917, ne mit que quelques mois à faire son chemin, le temps que mirent trois à quatre cents amateurs de poèmes à la savoir par cœur, comme ils savaient par cœur Racine et Hugo. Ce poème de la vie intérieure entra dans des mémoires, comme dans une invincible place d’armes, et de là rayonna lentement dans la poésie, y plaça l’action inattendue d’un morceau de radium.

On se trouvait ici sur le bord exactement opposé à Apollinaire et à son groupe, à cette facilité et à cette écriture quasi automatique par lesquelles, d’Apollinaire et de Max Jacob aux surréalistes, des poètes ont consciemment et désespérement refusé la durée, refusé la dureté nécessaire et persistante d’une matière. Chaque vers de la Jeune Parque était au contraire conquis sur un silence hostile, sur une résistance que l’alchimie poétique incorporait à la réussite du produit. Selon le précepte de Boileau, le vers facile et fluide était fait difficilement, et de la difficulté naissait la solidité de l’œuvre. Puis, à la diffusion et à la confusion où coulaient les poètes de l’aventure, Valéry opposait une manière d’infusion : l’infusion de l’aventure et de l’inattendu dans la vie intérieure. La Jeune Parque se trouverait presque à l’interférence poétique des titres de deux ouvrages philosophiques célèbres : le Mémoire sur les Perceptions obscures et le Cheminement de la Pensée, plénitude d’une conscience nue, comme le fragment du Belvédère est la plénitude d’un torse seul.

Durant cinq ans elle fut suivie des poèmes que recueillirent Charmes. Les deux courtes périodes de poésie, celle de la jeunesse et celle de la cinquantaine, ressemblent dans la vie de Valéry à ces îles qu’a dites la Jeune Parque :

Rien n’égale dans l’air les fleurs que vous placez

Mais, du point de vue qui nous occupe ici, l’important, c’est la tradition qu’établit ou rétablit cette poésie, et l’influence qu’elle exerce.

La tradition est la tradition mallarméenne. Qu’il existe de grandes différences entre la poésie de Mallarmé et celle de Valéry, et davantage encore entre les deux esprits, l’un qui croit aux Lettres, l’autre qui croit à la Science, aucun doute. Et cependant, grâce à Valéry, Mallarmé cesse de faire figure d’aérolithe. Ils se partagent un même domaine. Le fait qu’ils soient, comme le serpent de mer dans Kipling, deux, change la situation. Les premiers vers de Valéry, ceux qu’a recueillis l’Album de Vers Anciens, ont été à peu près, dans les dernières années du XIXe siècle, les seuls vers français qui aient été écrits directement et certainement sous l’influence de Mallarmé, laquelle ne se faisait techniquement sentir sur aucun autre poète symboliste. Renouvelé par la pensée et la musique de la Jeune Parque, le Valéry des années vingt a exercé au contraire une action profonde sur une partie de la poésie française. Lucien Fabre semble avoir été le premier disciple, et depuis, une part de la jeune poésie qui reste fidèle au vers régulier est plus ou moins touchée du rayon valérien. Il est alors arrivé ceci de paradoxal que de Valéry (comme d’Anatole France, mon Dieu !) on peut dire qu’il a servi à maintenir. Il a maintenu, à une époque où ils vacillaient, les cadres techniques, rigoureux de la poésie française. Il a refusé, comme disait Mallarmé, de toucher au vers. Il a donné une bonne conscience à ceux qui le défendaient encore.

On remarquera que les symbolistes proprement dits, ceux qui avaient vingt ans en 1885, les Laforgue, les Regnier, les Viélé, ont eu peu d’influence sur leurs successeurs de 1914, et que tout se passe comme si, dans la mesure où la génération de 1914 eut des maîtres, ces maîtres étaient les Cinq de 1870, Verlaine dans une certaine mesure, Mallarmé par Valéry d’une part, par les tenants du Coup de Dés d’autre part, un peu Corbière par son imagerie populaire et maritime, Lautréamont par le surréalisme — enfin la fortune extraordinaire de Rimbaud.

Claudel.
Rimbaud pris comme figure de proue d’une nef poétique figurait plus ou moins à l’origine de Tête d’Or, le premier drame de Claudel. Or Claudel fut le second des poètes territoriaux de 1914. On ne peut pas dire qu’il était ignoré avant cette époque. Bien au contraire, la correspondance entre Rivière et Claudel servirait presque d’échantillon pour nous faire connaître quel prestige le poète de l’Otage, de l’Annonce, des Cinq grandes Odes avait acquis aux yeux d’une partie de la jeunesse silencieuse. Mais d’abord la guerre le plaça automatiquement parmi les quatre remplaçants. Ensuite le moment vint où il eut non seulement une clientèle spirituelle, mais des disciples poétiques.

Le verset claudélien était en effet une grande trouvaille, non seulement originale, non seulement très féconde entre les mains de Claudel, mais parfaitement viable pour fournir à certains un bon instrument poétique. Par un retour analogue à celui qui a fait de Valéry un « mainteneur » ce verset claudélien s’est trouvé à point entre les mains des jeunes revenants de la guerre. Montherlant et Drieu la Rochelle, qui furent quelque temps les deux Ajax du Nostos, l’ont également employé pour poser poétiquement leurs interrogations et leurs affirmations. D’autre part, l’influence de Claudel s’exerçant fortement sur les catholiques, on ne s’étonnera pas de voir la forme de son verset adoptée par des poètes de sentiment chrétien comme Henriette Charasson.

Il y a cependant une difficulté. Le verset claudélien est une forme très personnelle à son auteur, inventée délibérément par lui, à sa mesure, dans des conditions que lui-même nous a dites. Or si l’imitation et les influences font partie du climat de la poésie, encore est-il nécessaire qu’imitation et influence ne soient pas visibles du dehors et avant même la lecture. La strophe de Mireille et de Calendal portait tellement la marque de l’invention mistralienne, qu’aucun poète d’oc n’a osé la toucher après Mistral. Il en va un peu de même du verset claudélien avec sa grosse signature. Et pourtant, en soi, cet instrument, susceptible d’être heureusement varié selon les tempéraments, paraît de bon usage. Très neuf quand Claudel le créa il y aura bientôt un demi siècle, son fleuve réaliserait aujourd’hui un bon équilibre entre la très large laisse rythmée de Saint John Perse, en estuaire, et ce ruissellement poétique de filets où la génération de 1914 paraît avoir trouvé son instrument moyen.

Le Vers nouveau.
Instrument moyen légué d’ailleurs par la génération précédente, et dont il serait bien difficile de dire quand il commence : peut-être aux Derniers Vers de Laforgue. Le groupe de l’Abbaye s’était voué à lui de façon volontaire et concertée, et Romains et Chennevière en ont donné une manière de technique ou de pratique dans leur Traité de Versification française, professé d’abord en 1913 au Vieux-Colombier. Nulle part peut-être mieux que dans Pour la Musique, de Fargue, on ne le voit exprimer nécessairement et à vif une sensibilité. Comme, dans la génération symboliste, le vers libre dont il est l’héritier, le vers nouveau a bénéficié de l’incertitude même de paternité, et, à la différence du verset claudélien, il ne porte pas la marque authentique de quelqu’un, le chapeau de Guillot, berger du troupeau. Autant que le vers régulier, il laisse jouer l’originalité de chacun, permet à beaucoup de poètes une marque distincte. Jouve n’y ressemble pas à Romains, Salmon à Morand, Eluard à Reverdy, Supervielle à Michaux. Et cependant ce domaine poétique existe, comme le Parnasse ou le symbolisme. Il équilibre le domaine actuel du vers régulier. Si le plan de ce livre le comportait, il serait facile de marquer la douzaine de volumes, ou généralement de plaquettes, qui témoigneront de lui dans l’histoire littéraire. Mieux, on en peut abstraire dès maintenant la ligne qu’il fait sur l’horizon.

Elle n’a à peu près plus rien de commun avec la ligne symboliste, malgré une analogie toute extérieure de l’instrument poétique. Elle est plus vidée encore de substance oratoire et logique. Le poète prend sur les mots, pour son mouvement, un appui très léger, qu’exprimerait le mieux, en lui donnant tout son sens étymologique, le terme d’allusion, Une vieille théorie d’esthétique, qu’exposa Schiller, fait de l’art la forme supérieure du jeu. Et cela ne veut pas du tout dire que l’art, ni les jeux des enfants, ne soient sérieux. Or la poésie très moderne, celle de ce vers amenuisé ou défait, a précisément reculé une des limites ordinaires de la poésie vers le jeu. Elle a apporté non seulement à la parole, mais à l’émotion, plus de gratuité, comme disait Gide au temps des Caves, plus de désintéressement, au sens où la Jeune Parque « se désintéresse ». Pour la Musique, disait Fargue. Mais c’est une musique proprement poétique, qui a rompu avec cette musique musicale, dont le lyrisme est gorgé depuis le romantisme, et que le symbolisme, Mallarmé et Valéry ont poussée à un paroxysme qui ne peut plus être dépassé. Une musique poétique où le décalage entre l’impression et l’expression est réduit à un minimum. Tout cela est viable.

Mais il ne suffit pas d’être viable. Il faut faire quelque chose de cette viabilité. Et la nouvelle poésie, la poésie propre de la génération active de 1914, indépendante de la génération territoriale, a peu fait.

Depuis celle de 1789, qui avait André Chénier, toutes les générations littéraires françaises ont eu leur ou leurs grands poètes. La génération de 1914 est la première qui n’ait pas les siens. Et pourtant, au contraire des générations qui se sont trouvées dans ce cas au XVIIIe siècle, elle n’a pas du tout manqué d’invention poétique : au contraire ! Peut-être l’exploitation du monde poétique comporte-t-elle des limites. Peut-être arrive-t-il un moment, où, comme dans les colonies, toutes les bonnes terres sont occupées, où le dernier venu n’a plus à sa disposition, en effet, que ces déserts dont nous parlions, désert de pierre ou désert de sel, — où le Tout est dit de la Bruyère ressemble au Complet opposé par les vieilles puissances coloniales aux nouvelles. Provisoirement, bien entendu, car il y a la guerre, il y a l’aventure…

Poésie et Prose.
Et même, dès maintenant, avec des réserves, il ne faut pas être dupe de la typographie. Le Banville de la génération symboliste, Paul Fort, a presque marqué un tournant quand il a donné à son torrent de vers la forme typographique de la prose. La prose d’aujourd’hui, c’est parfois un bal masqué — mal masqué — où la poésie, où toutes les poésies, se sont donné rendez-vous. Déjà parmi les Cinq, ce n’est nullement par ses vers, c’est par les Illuminations que Rimbaud est devenu un maître de 1920, et Maldoror est en prose, même en prose oratoire. Les livrets en prose de Fargue ont fonctionné dans la vie littéraire de 1930 exactement comme des poésies. La vocation de Cocteau poète s’est pareillement fixée à la fin dans la prose. C’est en prose que coule le surréalisme poétique. Entre la prose et la poésie, se fait une osmose toujours croissante. La poésie a débordé surtout sur le roman. On a souvent remarqué à quel point l’état de Giraudoux est un état poétique. C’étaient bien des écluses de poésie, qui, dès le temps de la guerre, avaient été ouvertes par le Grand Meaulnes. Il serait curieux et fructueux d’établir une carte poétique de l’époque contemporaine, qui mentionnerait les lieux de poésie, les courants de poésie, — et aussi les courants et les lieux d’antipoésie (ils existent) ; sur cette carte les indications de poésie n’impliqueraient pas du tout, comporteraient moins que jamais, des écritures en vers.
V
LE THÉÂTRE
Le Théâtre de l’arrière.
1914 ne trouvait pas du tout le théâtre en mauvais état. L’initiative de Copeau au Vieux-Colombier, succédant à celle d’Antoine, avait suscité un mouvement analogue à celui du Théâtre Libre. Avec une différence cependant. Le Théâtre Libre, c’était un théâtre, mais c’étaient aussi des auteurs. Or s’il serait injuste de dire que le Vieux-Colombier n’eut pas d’auteurs, c’est un fait qu’il n’en chercha pas : les projets de Copeau ne comportaient encore qu’une cure physique, un nettoyage de l’instrument, une formation de l’acteur et du public. Cependant un mouvement était suscité, qui allait sans doute porter ses fruits. D’autre part l’équipe qui avait débuté au théâtre à la fin du XIXe siècle était en 1914 en pleine production, le théâtre restait fidèle aux habitudes de la comédie de mœurs, et la société restait habituée aux mœurs de la comédie. La guerre bouleversa tout.

On ne pouvait pas mettre les mœurs de la guerre sur le théâtre, et l’on ne pouvait plus y mettre les mœurs de la paix. D’autre part, il fallait faire travailler les théâtres. Un immense public de permissionnaires, d’étrangers, d’enrichis de guerre, d’allocataires ne demandait qu’à y dépenser son papier. L’industrie satisfit à cette demande comme elle le put ou plutôt comme ce public peu lettré le demanda. Les théâtres normaux durent pour subsister se mettre au pas de cette production, subir l’initiative d’industriels, hier marchands de billets, aujourd’hui marchands d’heures de spectacles. Ce fut le théâtre Quinson. L’art dramatique sincère, à l’armistice, s’était réfugié tout entier dans les petites scènes du genre du VieuxColombier, qui avaient peu de frais, trouvaient quelques mécènes, cherchaient des jeunes, en trouvaient. Le rétablissement se fit lentement, difficilement, très gêné par le cinéma. Au théâtre, bien plus que dans le roman, et plus même qu’en poésie, la génération de 1914 a été mutilée, étouffée, a dû passer par des défilés périlleux dont elle n’est pas encore sortie.

Une tradition bien, naturelle veut que le genre chef, en matière de théâtre, soit le théâtre en vers. Mais depuis la guerre cette rubrique appartient à la nécrologie. Nous n’en dirons rien.

Il a cependant des succédanés en prose. Le public, surtout européen, a pris grand intérêt au théâtre éloquent de Paul Raynal, et le Tombeau sous l’Arc de Triomphe a fait fonction de pièce de guerre pour l’après-guerre. M. Raynal a gardé, seul parmi ses contemporains, les consignes de cette tragédie en prose, dont la génération précédente avait agité le problème.

Comédie de mœurs.
La Comédie de mœurs a cessé de tenir le premier plan. Le théâtre pourtant ne saurait guère s’en passer, et il faut que les mœurs du jour comparaissent à sa barre, ou à sa rampe. La comédie de mœurs qui, au lendemain de la guerre, s’est jetée sur les nouveaux riches a pâti de l’abondance et de la facilité du sujet. Elle en a pâti en qualité, mais non en succès, comme en témoigna Mon Curé chez les Riches. Elle est représentée actuellement par l’intelligence et l’adresse d’Edouard Bourdet, qui a trouvé sa voie en intéressant le grand public aux déformations des mœurs littéraires dans Vient de Paraître, des mœurs tout court dans la Prisonnière et dans la Fleur des Pois. De cette comédie de mœurs, le spectateur des galeries dirait, comme devant le héros de Monsieur Alphonse, qu’elle n’a pas volé ce nom.

Comédie de mœurs signifie surtout comédie sociale, soit comédie de la vie privée en tant qu’elle est commandée par les courants, les conformismes, les non-conformismes, les modes du dehors. Le public contemporain s’intéresse davantage à la comédie de la vie privée en tant qu’elle est close, domestique ; soit à la comédie de la famille et à la comédie du couple.

Comédie de la famille
et du couple
.
La comédie de la famille a donné beaucoup plus de signes d’épuisement que la comédie du couple, celle dont autrefois Amoureuse avait créé le type. Le fabuleux succès poétique de Toi et Moi désignait Paul Géraldy pour la tenter au théâtre. C’est l’intérêt de Robert et Marianne. Nous prenons cet exemple à cause d’un titre heureux : deux prénoms.

Mais avec d’autres prénoms, et des titres plus compliqués, la comédie du couple, soit du mariage et de la liaison, se retrouve partout. Elle est devenue un des poncifs du théâtre. Tous ces couples — en discorde bien entendu — finissent par se ressembler pour le vieux spectateur, comme tous les mariages se ressemblent pour l’officier de l’état-civil, tous les divorces pour le président du tribunal. On en dirait ce que Gautier disait du vaudeville, qu’il ne devrait y en avoir qu’un, et qu’on ferait de temps en temps des changements.

Ces pièces se trouvent généralement à pied d’œuvre dans l’expérience de l’auteur, et elles n’ont pas de peine à se loger dans l’expérience du spectateur. On vient d’ailleurs au théâtre par couples, d’où leur succès.

Mais le couple d’après-guerre est un couple encore plus précaire et fragile que le couple de 1900. Il se complique, non seulement en ce qui regarde les situations, mais en ce qui concerne les créatures. La poule d’après 1920 ira un jour rejoindre au musée des antiques la lorette et la lionne. En attendant elle a son théâtre, le théâtre. C’est une femme facile, entendons facile pour l’auteur dramatique, à qui elle permet toutes les combinaisons du couple régulier ou irrégulier. L’Ève toute nue de Paul Nivoix (1927) le Greluchon délicat de Jacques Natarison (1925) sont des types agréables, pris au hasard, de cette comédie.

Les combinaisons du couple dépassent d’ailleurs de loin la basse-cour. C’est même à l’extrémité opposée que l’on placerait la principale réussite de Stève Passeur, l’Acheteuse, impressionnante Lamiel moderne. Quant à l’adultère, il a cessé d’être pris au sérieux sur le théâtre. Crommelynck dans le Cocu magnifique et Mazaud dans Dardamelle n’ont pu introduire que sous les espèces de la farce poétique le cocuage, pain rigoureusement quotidien du vaudeville d’il y a soixante ans.

Ne concluons pas trop vite à l’amoralité du théâtre contemporain. Le public, plus mêlé, plus passif, plus amorphe, accepte aujourd’hui des situations qu’il n’acceptait pas du temps où il y avait une société. Mais il accepte pareillement d’être ému par le moyen des formes et des fibres (sinon des ficelles) éternelles. La Souriante Madame Beudet de Denys Amiel et André Obey, le Michel Auclair de Charles Vildrac après le Paquebot Tenacity, ont connu après guerre un succès dont aucun élément n’était demandé aux « mœurs » dans le sens cette fois où les mœurs c’est la mode, ni aux figures passagères du couple.

Inquiétude du Théâtre.
Ce sont là des formes permanentes de la comédie. À côté d’elles il y a des problèmes dramatiques plus propres à cette génération.

Le théâtre vit de conquêtes. Il est impérialiste ou il n’est pas. Il cherche à prendre leur bien à des genres qui se défendent. Pendant trois générations, du romantisme à la guerre, le théâtre s’était efforcé de reculer sa borne du côté du poète et du côté du moraliste. Le drame romantique avait marqué sa plus grande transgression dans la poésie. La comédie et les préfaces de Dumas fils, sa plus grande transgression dans le domaine des moralistes. Ces deux questions se posaient encore avant la guerre. La transgression poétique avait eu de beaux jours avec Rostand, la tradition moraliste restait assez solidement représentée par Brieux. Avec des réussites inégales tout cela était la vie du théâtre.

Dans la mesure où quelque chose disparaît en littérature, voilà des problèmes disparus. Le théâtre cherche son bien ailleurs. Les problèmes actuels ne concernent plus les rapports du théâtre avec la poésie et avec le moralisme, mais avec la littérature et avec le cinéma.

Plus précisément on distinguerait trois versants du théâtre, selon que l’auteur est animé et inquiété par le théâtre seul, par le théâtre et les lettres, par le théâtre et le cinéma.

Le Théâtre seul.
À toutes les époques du XIXe siècle et du XXe siècle, il s’est trouvé un auteur dramatique considérable pour incarner ce qu’on pourrait appeler sinon le théâtre pur, du moins le théâtre-théâtre. Scribe et Sardou ont été les plus célèbres. À vrai dire il leur manquait d’être, en même temps qu’auteurs, acteurs et directeurs comme Picard (n’allons pas plus haut) et de jouer leurs propres pièces. Il leur manquait aussi certaine communion avec la salle, avec Paris, certaines traces heureuses du déclassement, ou plutôt de l’in-classement où ont vécu jusqu’au XIXe siècle les gens de théâtre. Tous deux par exemple ont été tout naturellement de l’Académie, alors que l’Autre n’en pouvait être et qu’aucun de ses contemporains ne posa même la question qu’il en fût. Mais à l’Autre même, il manquait encore quelque chose, cela qui manquait aussi à Napoléon. L’Autre était le théâtre, mais n’était pas né au théâtre. Il avait été élevé pour devenir tapissier du roi. Il ne possédait pas le théâtre en héritage et dès sa conception. « Si seulement j’étais mon fils… » disait Napoléon. Aucun de ces obstacles qui n’ait été levé pour Sacha Guitry, incarnation pure et exclusive, à la scène et dans la salle, au théâtre et à la ville, en âme et en corps, du théâtre-théâtre 1935. Aussi le choisirons-nous pour exemple, de préférence à tel autre excellent homme de théâtre comme Jean Sarment.

Le nombre de ses pièces dépasse la centaine. La magie personnelle de l’acteur-auteur leur vaut généralement autant de faveur dans leur nouveauté que d’oubli quand elles sont retombées à l’état de texte imprimé. Il ne semble pas à vrai dire qu’il doive en rester une pièce de répertoire. Il en restera peut-être mieux : d’abord une certaine chronique au jour le jour de la sensibilité parisienne pendant une trentaine d’années, ce qu’on trouve par exemple dans les anciennes années de la Vie parisienne, et puis l’histoire sentimentale ou plutôt les petites histoires sentimentales de l’auteur-acteur qui naissent, vivent et meurent à l’état théâtral.

Le cas de Marcel Pagnol est très différent, mais ressortit également au théâtre-théâtre. Son don du théâtre semble avoir été restreint (à la manière de celui de Becque) à deux sujets qu’il portait avec lui, comme Piron portait la Métromanie, et qu’il avait vécus personnellement : d’abord, la destinée d’un maître d’études qui arrive, d’un Petit Chose qui devient un Monsieur Quelqu’un : ce fut Topaze. Et chez ce Marseillais la pièce de sa ville, Marseille : ce fut Marius (dont Fanny n’est que la suite, la seconde mouture aussi). Étant passé du théâtre au cinéma, il lui reste à faire sur le cinéma, une troisième et dernière comédie.

Le Théâtre et les Lettres.
Tout ce théâtre-théâtre est sans liaison avec la littérature écrite contemporaine. On dira exactement le contraire du théâtre de Lenormand, qui a transporté des idées sur la scène avec une intelligence probe et passionnée, et qui a créé un théâtre à lui, avec les Ratés, le Simoun, le Temps est un Songe, Un Lâche. Son découpage par tableaux ressemble plus à celui du roman qu’à celui du théâtre, et ne facilite pas le succès de ses pièces. Il joue hardiment sur la scène une partie de romancier psychologue et psychanalyste, que l’historien de la littérature retiendra peut-être plus que le public courant : Lenormand est probablement celui des auteurs dramatiques contemporains qui servira le plus vite de sujet de thèse.
Le Théâtre et le Cinéma.
Le jeune auteur, plus que de la littérature, s’inquiète aujourd’hui du cinéma. Consciemment ou inconsciemment, l’influence de l’art nouveau s’est insinuée dans une partie notable de la littérature dramatique d’après-guerre. D’abord le cinéma, soit l’art du mouvement, a fourni au spectateur moyen un champ d’entraînement, il s’est habitué à des perceptions plus rapides, ce qui a permis à l’art dramatique de déblayer : le théâtre des jeunes auteurs ne vit plus dans la même durée que le théâtre des anciens auteurs, et les dernières traces des longues expositions ont disparu. En second lieu les jeux de physionomie ont remplacé ou éclairé le dialogue. Enfin il y a certaine recherche de la qualité et de la nouveauté qu’interdisent au cinéma des considérations matérielles, la nécessité de s’adresser à un gros public, et surtout au public de province : c’est au théâtre, infiniment plus souple, plus affranchi des matérialités de machinerie, même d’argent, qu’il appartient de faire fructifier littérairement le capital de vogue du cinéma. On n’imagine pas Têtes de Rechange, de Jean-Victor Pellerin, qui fut une des pièces les mieux inventées et les plus neuves de l’après-guerre, né ailleurs que dans l’ombre du cinéma ? On voit pareillement les chemins de traverse entre le cinéma et le théâtre qu’ont pu suivre Marcel Achard et Jean-Jacques Bernard. La manière dont ils ont réussi à mettre un accent et de la vie dans ce qui est entre les paroles témoigne du voisinage et de la camaraderie de leur théâtre avec l’art muet.

Avec ce qui fut l’art muet. Le cinéma muet a pu enrichir de ses suggestions le théâtre et aussi le roman, à la manière dont les littératures anciennes ou étrangères ont aidé la littérature nationale. La nécessité de la transposition et d’une création nouvelle sauve l’originalité. Le cinéma parlant, malgré ses immenses ressources matérielles, ou à cause d’elles, n’a réussi jusqu’ici qu’à dégrader littérairement tout ce qu’il a touché. Il a sans doute un avenir littéraire. Il n’a en 1936 de présent qu’anti-littéraire. Nommer un film dans une histoire de la littérature est encore impossible et même contradictoire. La littérature c’est un ordre de ce qui dure, au moins de ce dont on peut sans absurdité présumer quelque durée. Nous n’avons même pas l’idée de ce que peut être un film qui dure, un film, qui, au bout de quelques mois, soit autre chose qu’un almanach de l’autre année. Et encore y a-t-il de précieux almanachs des autres années, comme l’Armana Prouvençau ! Quant à la transposition d’une œuvre littéraire, d’un roman, d’un poème, et même d’une pièce de théâtre, au cinéma parlant, elle n’a jusqu’ici d’importance, comme la Bibliothèque Bleue, que comme dégradation de la littérature, au sens où les physiciens s’intéressent à la dégradation de l’énergie.

FIN
Éditions Stock (p. 573-587).

INDEX DES NOMS CITÉS

Abélard : 399.
About (Edmond) : 303, 344, 439, 446, 450, 452, 459.
Abrantès (Laure d’) : 220, 536.
Achard (Marcel) : 564.
Adam (Paul) : 436, 539.
Ajalbert (Jean) : 451.
Alain : 93, 528, 543.
Albert (le Duc) : 307.
Alexandre : 38.
Alexis (Paul) : 375, 377, 378, 436, 495.
Allan Despreaux (Mme ) : 195.
Allart (Mme  Hortense) : 39.
Amiel (Henri-Frédéric) : 57, 58, 70, 138, 162, 280, 429, 457, 535.
Amiel (Denys) : 561.
Amiot : 90.
Ampère (Jean-Jacques) : 59, 210.
Andler (d’) : 416.
Antoine (André) : 495, 496, 501.
Apollinaire (Guillaume) 550 à 552.
Apollodore : 309.
Arène (Paul) : 242, 448, 495.
Aristote : 404.
Arnauld (Antoine) : 288, 352.
Assolant (Alfred) : 247.
Aubigné (Agrippa d’) : 75.
Audiat : 530.
Augier (Émile) : 217, 387 à 392, 396, 397, 400, 458, 493, 494, 502.
Aumale (duc d’) : 307.
Avenir (L’) : 255, 258, 259.
Aurévilly (Barbey d’) 374 à 376, 380 à 382, 453.
Bachaumont (Louis-Petit de) : 86, 364.
Bacon (François) : 551.
Bain : 345.
Bainville (Jacques) : 313, 466, 527.
Ballanche (Pierre-Simon) : 159.
Balzac (Honoré de) : 38, 39, 100, 105, 108, 109, 111, 113, 120, 151, 159, 172, 176, 179, 190, 195, 207, 212, 213, 219 à 238, 241, 242, 243, 252, 276, 278, 279, 282, 283, 285, 287, 296, 297, 299 à 301, 307, 334, 337, 339, 346, 347, 351, 360, 361, 364, 368, 371 à 374, 390, 391, 409, 410, 428, 435, 446, 448, 449, 453, 456, 494, 495, 519, 533, 535, 536, 537.
Banville (Théodore de) : 192, 201, 254, 282, 296, 314, 318, 319, 330, 331, 480, 481, 495, 551, 557.
Baour-Larmian : 178.
Barante (Prosper de) : 56, 59, 63, 266, 268, 269, 270, 355.
Barbey d’Aurévilly. Voir Aurévilly.
Barbier (Auguste) : 75, 329.
Barbusse (Henri) : 541.
Barnave (Joseph) : 15.
Barrès (Maurice) : 57, 88, 130, 186, 275, 279, 280, 350, 351, 359, 410, 413, 414, 417, 420, 422, 425, 440, 442 à 446, 465, 466, 468, 472 à 476, 518, 524 à 526, 537, 542.
Barrière (Théodore) : 387, 397.
Barruel : 79.
Barthélémy (l’abbé) : 54, 89, 219.

Barye (Antoine-Louis) : 317.
Bataille (Henri) : 497, 506, 507, 509.
Baudelaire (Charles) : 136, 140, 151, 160, 169, 181, 186, 211, 217, 254, 282, 283, 291, 296, 314 à 316, 319 à 328, 330 à 332, 361, 454, 456, 457, 478, 479.
Baudot : 17.
Bayle (Pierre) : VIII. 8, 463.
Bazin (René) : 440.
Beaubourg (Maurice) : 501.
Beauduin (Nicolas) : 548.
Beaumarchais (Caron de) : 7, 11, 119, 210.
Beaumont (Elie de) : 287.
Beaumont (Mme  de) : 39.
Becque (Henry) 493 à 495, 505, 562.
Beethoven : 450.
Béhaine (René) : 544.
Bellay (Joachim Du). Voir : Du Bellay.
Bellessort (André) : 233.
Belmontet : 188.
Benda (Julien) : 468, 518, 525, 528.
Benjamin-Constant. Voir Constant (Benjamin).
Benoit (Pierre) : 529, 533, 538.
Béranger (Pierre-Jean de), 88, 89, 94, 95, 96, 102, 282, 291, 329, 331, 332.
Bérard (Victor) 59, 416.
Béraud (Henri) : 546.
Bergerat (Emile) : 331, 495.
Bergson (Henri) 172, 232, 403, 408, 410, 524 à 526, 535, 536.
Berkeley (George) : 409.
Bernadotte (Charles) : 47.
Bernard (Charles de) : 246, 360.
Bernard (Claude) : 372, 373, 404.
Bernard (Jean-Jacques) : 564.
Bernard (Lazare) : 412, 447.
Bernard (Tristan) : 506, 511, 512.
Bernardin de Saint-Pierre : 7, 24, 37.
Bernay (Mme  de) : 220.
Bernhardt (Mme  Sarah) : 500.
Bernin : 127.
Bernstein (Henry) : 506, 507, 508.
Berny (Mme de) : 230, 236, 279, 536.
Berthelot (Marcelin) : 300, 354, 404, 408, 416, 420.
Berthelot (Philippe) : 524, 539.
Berthel : 206.
Berlin : 110.
Bertrand (Alosius) : 186.
Bertrand (Arthur) : 92.
Bertrand (Le général Henri-Gratien Comte) : 22.
Bertrand (Louis) : 445.
Beyle (Henri). Voir Stendhal.
Bidou (Henry) : 528.
Bienassis. Voir Guichard de Bienassis.
Biran (Maine de) : 6, 345, 403, 535, 537.
Blanc (Louis) : 149, 277.
Blanchecotte : 282.
Bloch (Jean-Richard) : 530.
Bloy (Léon) : 380, 382, 383, 455.
Blum (Léon) : 416, 506.
Boileau-Despréaux (Nicolas) : 33, 169, 183, 217, 284, 287, 455, 534, 553.
Boissier (Gaston) : 59, 311, 417.
Bonald (L. de) : 6, 9, 14, 76, 77, 78, 380, 427.
Bonaparte. Voir Napoléon.
Bonnetain (Paul) : 379.
Bonnier (Gaston) : 416.
Bonstetten (Charles-Victor) : 56, 59.
Bouterwerk : 62.
Bordeaux (Henri) : 440, 543.
Borel (Pétrus) : 181, 282.
Borghèse (la Princesse) : 129.
Bossuet : VIII, 17, 28, 30, 60, 63, 78, 131, 135, 200, 256, 259, 260, 273, 282, 288, 343, 455, 468.
Bouilhet (Louis) : 315, 318, 335, 336, 365.
Boulainvilliers (H. de) : 269, 310.
Boulanger (Louis) : 164, 179, 180.
Boulay-Paty : 179.
Bourbons (Les) 16, 22, 93, 107, 129.
Bourdaloue (Louis) 107.
Bourdet (Edouard) : 398, 559.
Bourgeois (Emile) : 416.

Bourges (Michel de). Voir : Michel de Bourges.
Bourges (Elémir) : 447.
Bourget (Paul) : 77, 301, 345, 391, 408 à 410, 414, 417, 422, 425 à 430, 435, 440, 454, 457, 460, 537, 543.
Boutroux (Emile) : 403.
Boylesve (René) : 447.
Braga : 520.
Bréal (Michel) : 416.
Bréard (Madame) : 148.
Brébœuf : 335.
Brémond (l’abbé) : 287, 469, 470, 481.
Breughel : 335.
Brieux (Eugène) : 504, 508, 561.
Brifaut (Charles) : 178.
Briliat-Savarin : 92.
Brochard (Victor) : 430.
Broglie (Les) : 42, 44, 55, 264, 267, 307.
Brunck (Philippe) :73.
Brunetière (Ferdinand) : VII à X, 26, 86, 233, 244, 286, 328, 408, 417, 420, 425, 427, 440, 454 à 457, 460 à 465, 468, 500, 503, 531, 540.
Buffon : VIII, 37, 192.
Buloz (François) : 195, 243, 362, 363, 397, 454, 468.
Burnouf : 355.
Byron (lord) : 125 à 128, 167, 195, 215.
Cabanis (Georges) : 68.
Cabet (Etienne) : 484.
Caillavet (Mme  Arman de) : 416, 417, 429, 430.
Caillavet (G. A. de) : 397.
Calderon : 62.
Calvin : 461.
Camp (Maxime du) : 339.
Capus (Alfred) : 163, 417, 449, 510.
Carco (F) : 437.
Carmontelle (Carrogis dit) : 189.
Carnot (Lazare-Hippolyte) : 99, 401.
Carron (abbé) : 256.
Castille (Hippolyte) : 234.
Castries (Mme  de) : 220, 536.
Cavaignac : 417.
Cavé : 189, 190.
Cazalès (Jacques de) : 15.
Céard (Henri) : 363, 375, 377, 378, 495.
Cellini (Benvenuto) : 520.
Cerfbeer : 235.
César : 21.
Chadourne (Marc) : 538.
Cham (Amédée de Noé dit) : 101.
Champeenetz : 14.
Champfleury (Husson dit) : 337, 338, 360 à 368, 371, 375, 387, 422.
Chamfort(Nicolas-Sébastien Roch : 69, 281.
Chamisso (Adalbert de) : 11.
Chanoine (le général) : 421.
Charasson (Mme  Henriette) : 555.
Chardoime (Jacques) : 546.
Chalemagne : 98, 194.
Charles X : 10, 128, 257-, 273.
Charrière (Mme  de) : 11.
Chastefiain (Georges) : 268, 355.
Chateaubriand (René de) : 3 à 6, 9 à 11, 20, 23 à 40, 46, 54 à 59, 62, 64, 70, 71, 84, 87, 89, 92, 95, 97, 109, 111, 113, 114, 125, 126, 129, 145, 146, 148, 187, 189, 199, 200, 232, 238, 248, 255, 257, 265, 266, 269, 288, 289, 290, 296, 297, 320, 322, 352, 353, 354, 359, 380, 430, 431, 434, 466, 472. 474 à 476, 479.
Chênedollé (Charles-Julien de) : 11, 69.
Chennevière : 548, 549, 555.
Chénier (André) : 4, 6, 9, 69, 71 à 75, 97, 137, 138, 139, 556.
Chénier(Marie-Joseph) : 9, 13, 18, 59.
Cherbuliez (Victor) : 417.
Chéruel (Adolphe) : 308.
Chevalier (Michel) 99.
Choderlos de Laclos. Voir Laclos.
Chopin (Frédéric) : 241.
Christophe : 235.
Cladel (Léon) : 448.
Clairon (Claire Léris dite) : 86.
Claudel (Paul) : 383, 455, 496, 498, 518, 539, 552, 554, 555.

Clemenceau (Georges) : 279, 415, 419, 550.
Cobourg : 18, 180.
Cocteau (Jean) : 542, 551, 557.
Colbert (Jean-Baptiste) : 226.
Colet (Louise) : 336.
Colette (Madame) : 242.
Collé (Charles) : 95.
Collin d’Harleville : 18.
Colomb (Christophe) : 25.
Colon (Jenny) : 185.
Comines (Philippe de) : 268, 355.
Comminges (le Cte de) : 449.
Comte (Auguste) : 67, 76, 225, 230,
400 à 404.
Condillac (Etienne de) : 67, 68, 344.
Condorcet (Ant. Nicolas de) : 6, 48, 47, 67.
Constant (Benjamin) : 9, 31, 48, 52, 54, 56, 57, 58, 59, 63, 92, 422.
Coolus (Romain) : 506.
Cooper (Fenimoore) : 245.
Copeau (Jacques) : 559.
Coppée (François) : 192, 254, 302, 303, 329, 330, 331, 332, 417, 428, 486, 499.
Coquelin (Constant) : 501.
Corbière (Edouard) : 245, 549, 554.
Corbière (Tristan) : 152, 186, 245, 477, 483.
Cormenin, (Louis de) : 94.
Corneille (Pierre) : 60, 62, 72, 83, 85, 109, 113, 122, 151, 177, 191, 192, 224, 229, 247, 253, 287, 337, 446, 458.
Courbet (Gustave) : 335, 338, 361, 366.
Courier (Paul-Louis) : 37, 59, 88 à 92, 94, 370.
Cournot : 400, 401.
Courteline (Georges) : 226, 393, 511.
Cousin (Victor) :64, 68, 86, 99, 107, 110, 111, 127, 154, 160, 161, 245, 262, 263, 264, 284, 297. 298, 300, 303, 306, 308, 344, 345, 399, 400, 403, 404, 462.
Crémieux (Benjamin) : 529.
Crémieux (Hector) : 297, 393, 411.
Croisset (Francis de) : 506.
Crommelinck : 560.
Curel (François de) 478 à 480, 502, 503, 504.
Curchod (Suzanne) : 42, 45.
Curmer, éditeur 246.
Curtius (Ernest) : 233.
Custine (Adolphe de) : 117, 220.
Cuvillier-Fleury (Alfred-Auguste) : 453.
Daniel (Gabriel) : 79.
Dante : 62, 236.
Danton : 16.
Dareste : 306.
Darlu : 416.
Daudet (Alphonse) : 172, 302, 303, 368 à 371, 375, 376, 421, 437, 448, 466, 493.
Daudet (Léon) 383.
Daumier (Honoré) : 246, 392, 444.
David (Louis) : 15, 73, 74.
David d’Angers : 170, 179.
Debussy (Claude) : 497.
Degérando : 60, 61.
Delacroix (Eugène) : 179, 180, 218, 250, 323.
Delaroche (Paul) : 348.
Delavigne (Casimir) : 178, 188, 197, 198, 325.
Delescluze (Louis-Charles) 189.
Delille (l’abbé Jacques) : 11, 71, 72, 74, 75.
Deroulède (Paul) : 333.
Desbordes-Valmore (Marceline) : 282, 284.
Descartes (René) :173, 229, 232, 283, 287, 399, 400, 403, 404, 524.
Descaves (Lucien) : 437, 509.
Deschamps (Emile et Antony) : 138, 178, 179.
Desjardins (Ernest) : 416.
Desmoulins (Camille) : 14.
Desnoyers (Louis) : 247.
Despréaux Voir Allan-Despréaux.
Desprez (Louis) : 379.
Destutt de Tracy. Voir Tracy.
Devéria (Achille) : 179, 180.
Dickens (Charles) : 370, 534.

Diderot (Denis) : 18, 85, 211, 291, 292, 463, 504, 528.
Didot (Firmin) : 264.
Dierx (Léon) : 329.
Dittmer : 189, 190.
Dondey. Voir : O’Neddy.
Donnay (Maurice) : 508 à 510.
Doré (Gustave) : 274.
Dorgelès (Roland) : 541.
Dormeuil (Léon) : 305, 392.
Dorval (Mme  Marie) : 144, 216.
Dostoïevsky (Fédor) : 541.
Doudan : 203.
Doumic(René) : 461.
Dreyfus (l’Affaire) : 373, 374, 411 à 421, 426, 431, 433, 438, 440, 450, 455, 466, 467, 469, 476, 515, 525.
Drieu La Rochelle : 517, 541, 542, 554.
Drouet (Mlle  Juliette) : 147, 149, 150, 216.
Droz (Gustave) : 275.
Drumont (Edouard) : 412, 414, 415.
Du Bos (Charles) : 527.
Duclaux : 416.
Duclos (Charles Pinot) : 4, 312.
Ducray-Duminil : 19.
Dufrénoy : 287.
Duhamel (Georges) : 529, 545, 548, 549.
Dujardin (Edouard) 496.
Dumas ( Alexandre) : 105, 108, 111, 119. 143, 147, 158, 159, 161, 168, 179, 188, 189, 191 à 198, 243 245, 247, 283, 284, 297, 299, 301, 303, 360, 392.
Dumas fils (Alexandre) : 109, 193, 297, 301, 386 à 393, 397, 428, 439, 457, 458, 493, 494, 501 à 503, 509, 561.
Dumont (abbé) : 131, 132.
Dupanloup (Mgr  Félix-Antoine-Philibert) : 260, 261, 336, 353.
Dupin (Mme ) : 239.
Dupin (Aurore). Voir : George Sand.
Duplessis (Marie) : 386.
Dupuy (Paul) : 416.
Duranty (Philippe) : 360, 361, 363, 364, 366.
Duruy (Victor) : 311.
Duvergier de Hauranne. Voir Saint-Cyran.
Duvernois (Henri) : 449.
Duviquet : 83.
Edouard VII : VII.
Eliot (George) : 242, 534.
Elscamp(Max) 491.
Eluard : 555.
Enfantin (le père) : 98, 99.
Erckmann-Chatrian : 244.
Estaunié (Edouard) : 441.
Esterhazy (le Comt) : 414.
Fabre (Ferdinand) : 448.
Fabre Lucien) : 553.
Fabre d’Eglantine : 18.
Faguet (Emile) : 163, 417, 460, 461, 463, 468, 531.
Farcy (Mme  de) : 26.
Fargue (Paul-Léon) : 555 à 557.
Fauche, libraire : 11.
Faure (Félix) : 421.
Fauriel (Claude) : 65.
Fénelon : 28, 60, 63, 454.
Fernandez (Ramon) : 529.
Feuillet (Octave) : 303, 339, 388 à 390, 426, 432, 440, 448, 536, 543.
Fichte (Jean-Gottlieb) 50, 399.
Flahaut-Souza (Mme  de) : 11.
Flaubert (Gustave) : 86, 93, 109, 184, 217, 227, 238, 254, 282, 297, 299, 301 à 304, 308, 318, 334 à 342, 349, 358, 361, 363, 364, 366 à 369, 371, 374, 375, 376, 387, 389, 390, 410, 430, 435, 436, 437, 442, 444, 446, 448, 457, 463, 481, 494, 519, 533, 535.
Flers (Robert de) : 397.
Fontaine (Arthur) : 416.
Fontanes (Louis de) : 20, 29, 36, 69, 70, 71, 72, 266, 298.
Fontenelle (Bernard Le Bovier de) : 511.
Fort (Paul) : 557.
Fouché (Joseph) : 34, 295.
Foucher (Adèle) : 145.
Fouillée (Alfred) : 403.
Fourier (Charles) : 97, 100 à 102, 484.

Fournier (Alain) : 537, 550.
France (Thibault, dit Anatole) : 63, 71, 89, 254, 292, 329.332, 333, 409, 410, 417, 419, 420, 422, 428 à 434, 443, 446, 464, 465, 477, 499, 519, 534.
Francis (Robert)  : 545.
Frapié(Léon) : 437.
Frayssinous (Denis de) : 257.
Frédéric II : 21.
Frédérick-Lemaître. Voir Lemaître (Frédéric).
Fréron(Elie) : 83.
Freud : 517.
Froissart (Jean) : 268, 355.
Fromentin (Eugène) : 282, 424, 435.
Fustel de Goulanges : 269, 304, 308, 309, 310, 311, 349.
Gambetta (Léon) : 22, 237.
Garat (Joseph) : 67, 68.
Garibaldi (Joseph) : 149, 150.
Gasquet (Joachim) : 548.
Gautier (Théophile) : 180 à 184, 240, 248, 253, 254, 282, 284, 290, 295, 301, 314, 315, 324, 325, 446, 489, 500, 560.
Gavarni (Sulpice-Guillaume Chevalier dit) : 246, 392.
Gaxotte : 527.
Gay (Delphine). Voir : Mme  de Girardin.
Geffroy (Gustave) : 437.
Gengiskan : 284.
Genlis (Mme  de) : 11.
Genoude (Eugène) : 126.
Geoffroy (Julien-Louis) : 83, 84, 86, 87, 188, 190, 458.
Géraldy (Paul) : 560.
Gerbet (Mgr  Philippe) : 257.
Gessner (Salomon) : 73.
Ghill (René) : 488.
Gide (André) : 177, 342, 422, 442 à 446, 464 à 466, 496, 516, 518, 528, 530, 537, 556.
Gigoux (Jean) : 180.
Ginguéné (Pierre-Louis) : 27.
Girardin (Emile de) 111, 243.
Girardin (Mme  Delphine de) : 114, 137, 171.
Giraudoux (Jean) : 539, 540, 542, 557.
Giry : 416.
Glatigny (Albert) : 331, 380 à 382.
Gobineau (Arthur de) : 380 à 382.
Gœthe( Wolfgang) 49, 139, 150, 220, 254.
Goncourt (Edmond et Jules de) : 14, 184, 297, 299, 302, 303, 339, 342, 360, 361, 364 à 371, 375 à 378, 421, 422, 436, 437, 442, 457, 462, 469, 516, 540.
Gorce (Pierre de La). V. La Gorce.
Gourgaud (le général Gaspard) : 23.
Gourmont (Rémy de) : 463, 464.
Gozlau (Léon) 246, 360.
Gregh (Fernand) : 548.
Grévin (le musée) : 393.
Grimaud : 416.
Grimm(Frédéric-Melchior baron de) : 86.
Grimod de la Reynière : 92.
Guéhenno (Jean) : 530.
Guérin (Charles) : 489.
Guérin (Maurice de) : 257.
Guichard de Bienassis : 135.
Guilbert de Pixérécourt 19, 188.
Guillaumin (Emile) : 448.
Guillemardet : 135.
Guimet (le musée) : 317.
Guiraud (Alexandre) : 178.
Guitry (Sacha) : 510, 562.
Gutermann : 530.
Guttinguer (Ulric) : 216.
Guizot (François) : 41, 44, 55, 64, 86, 110, 190, 262, 263, 264, 266, 267, 269, 272, 273, 280, 284, 285, 297, 303, 305 à 308, 311, 350.
Gyp (Csse de Martel) : 449.
Halévy (Ludovic) : 392 à 395, 397, 411, 493, 508 à 510.
Halévy (Daniel) : 467.
Hamp (Pierre) : 437.
Hanska(Mme ) : 221, 227 230.
Hardenberg (le prince de) 11. Voir : Novalis.
Hardy : 337.
Harleville (d’). Voir : Collin d’Harleville.

Harpe (La). Voir : La Harpe.
Harpignies (Henri) : 287.
Hartmann (Robert de) : 488.
Haussonville (le Cte Othénin) : 42, 84, 292, 307.
Havet (Louis) : 416.
Hébert (Jacques-René) : 14.
Hegel : 267, 272, 399.
Heine (Henri) : 152, 283.
Helvétius (Claude-Adrien) : 85.
Hénault (le président Charles-Jean-François) : 189.
Hennique (Léon) : 375, 377, 378, 495.
Henry (le lieutenant-colonel) : 417, 421
Henri IV : 38.
Henri V : 414.
Hérault de Séchelle : 17.
Hérédia (José-Maria de) : 229 à 331, 428, 446, 485, 486.
Hermant (Abel) : 438, 439, 450, 508, 510.
Hermitte : 417.
Herr (Lucien) 416.
Hervieu (Paul) : 438, 439, 449, 456, 503, 504, 509.
Hindenburg (le maréchal) : 552.
Hirsch Charles-Henry) : 437.
Hoffmann (François-Benoit) : 19, 86.
Homère : 317.
Houssaye (Henry) : 313.
Houville (Gérard d’) : 446.
Hugo (le général Sigisbert comte) : 145.
Hugo (Victor) : 6, 20, 25, 27, 38, 71, 74, 75, 96, 101, 105, 106, 108, 111, 113, 114, 119, 120, 121, 126, 131, 135, 137, 138, 139, 141, 144, 145 à 180, 182, 183, 185, 188 à 192, 194 à 198, 201, 216, 217, 231, 245, 248 à 253, 259, 276, 278 à 285, 287, 289, 295 à 297, 301, 303, 314, 316, 320 à 323, 326, 329 à 331, 333, 343, 360, 401, 423, 453, 463, 468, 472, 476, 480, 482, 485, 486, 498, 499, 519, 552.
Hugo (Adèle) 150, 279, 280.
Hugo (Léopoldine) : 148, 164, 165, 168,171.
Hugo (Charles) : 164, 171.
Hugo (Eugène) : 150.
Hugo (Georges) : 150.
Hugo (Jeanne) : 150.
Hugo (Léopold) : 153.
Hugues (Clovis) : 333.
Hume (David) : 402.
Huret (Jules) : 379, 487.
Huysmans (J. K.) : 375, 377, 378, 441, 463, 485.
Ibsen (Henrik) : 458, 495, 501, 502.
Isnard (Maximin) : 15.
Jacob (Max) : 551, 552.
Jacobi (Jean-Georges) : 11.
Jaloux (Edmond) : 528.
Jammes (Francis) : 330, 491.
Janet(Paul) : 417.
Janin (Jules) : 83, 282, 458.
Jarry (Alfred) : 181.
Jaurès (Jean) : 14,279, 416, 420, 450, 548.
Johannot (Alfred) 180.
Johannot (Tony) : 96, 180.
Jomini (le général Henri) 58.
Joseph (le roi) : 146, 153.
Joubert (Joseph) : 34, 36, 43, 69 à 71.
Jouffroy (Théodore) : 275, 332.
Jouve : 555.
Jullian (Camille) : 310, 526.
Julleville (Petit de) : 417.
Kahn (Gustave) : 447, 486, 488.
Kant (Emmanuel) : 61, 399, 401, 402, 404.
Keats (John) : 137.
Kipling (Rudyard) : 553.
Klopstock (Frédéric-Gottlieb) : 11,50.
Kock (Paul) : 96, 101, 208, 246, 363, 393.
Labiche (Eugène) : 297, 392, 393, 396, 397, 493, 494, 511.
La Bruyère : 316, 557.
Lachelier (Jules) : 403.
Laclos(Choderlos de) : 7, 17, 438.
Lacordaire (Jean-Baptiste-Henri) : 255, 257, 259 à 261.

Lacretelle (Jacques de) : 265, 266, 545.
Lacuzon (Adolphe) : 548.
La Fayette (Marie-Joseph Motier, marquis de) : 17, 113.
La Fayette (Marie-Madeleine, comtesse de) : 56.
La Fontaine (Jean de) : 70, 73, 74, 75, 130, 143, 442.
Laforgue (Jules) : 486, 488, 554, 555.
La Fouchardière : 530.
La Gorce (Pierre de) : 313, 526.
La Harpe (Jean-François) : 30, 64, 71, 83, 84 à 87, 116.
La Marck (le Comte de) : 17.
Lamartine (Mme  de) : 187.
Lamartine (Alphonse de) : 6, 15, 22, 24, 27, 33, 38, 53, 54, 74, 76, 105, 106, 111 à 144, 146 à 148, 151, 153 à 158, 161 à 164, 166, 168, 169, 172, 176, 178, 180, 182, 191, 200, 201, 230, 231, 238, 241, 248, 249, 252, 253, 259, 262, 277, 280, 282 à 284, 289, 290, 291, 295, 296, 301, 303, 315, 320, 326, 329, 337, 343, 355, 386, 472, 475, 479, 491, 492, 519.
Lamennais (Félicité-Robert de) : 4, 95, 255 à 261, 352, 354, 359, 380.
La Morvonnais : 257.
Lancelot du Lac : 540.
Lanfrey (Pierre) : 277, 308.
Langevin : 416.
Lanson : X, 462, 463.
Laplace (Pierre-Simon, marquis de) : 33.
Larbaud (Valéry) : 539.
Larguier (Léo) : 548.
Laromiguière (Pierre) : 68, 344,345.
Las Cases (Emmanuel, comte de) : 23.
Lassaly : 463.
Lasserre (Pierre) : 352, 467.
Latouche (Henri de) : 179.
Lautréamont : 181, 186, 477, 483, 549, 550, 554.
Lavedan (Henri) : 449,495, 508 à 510.
Lavisse (Ernest) : 275, 311, 312, 417.
Leblois : 413.
Leblond (Marius et Ary) : 451.
Lebrun (Pierre) : 86, 282.
Le Cardonnel (Louis) : 488.
Le Clerc (J.-Victor) : 307.
Leclercq (Théodore) : 183, 189.
Lecomte (Georges) : 437.
Leconte de Lisle : 71, 72, 134, 150, 159, 254, 296, 303, 314, 316 à 319, 330, 457.
Ledru-Rollin (Alex.-Aug.) : 241.
Le Goffic (Charles) : 448.
Leibnitz (Godfried-Wilhem) : XI, 30, 399, 404.
Lekain (Henri-Louis Cain dit) : 86.
Lemaître (Antoine-Louis-Prosper dit Frederick) : 394.
Lemaître (Jules) : 36, 39, 127, 137, 332, 374, 417, 435, 450, 459, 460, 463, 465, 468, 531.
Lemercier (Népomucène) : 188.
Lemerre (Alphonse) : 329, 332.
Lemierre (Antoine-Marin) : 18.
Lemontey (Pierre-Edouard) : 265.
Lenoir (Marie-Alexandre) : 265.
Lenormand (Henri-René) : 563.
Léonard de Vinci : 338, 489.
Le Play (Frédéric) : 77, 427.
Le Poittevin (Alfred) : 336.
Lerberghe (Charles Van) : 491, 497.
Leroux (Pierre) : 401.
Le Roy (Eugène) : 448.
Lesage (Alain-René) : 495.
Lévy (Michel) : 356, 411.
Lièvre (Pierre) : 529.
Lindsay (Anna) : 58.
Loève-Veimars (François-Adolphe, baron) : 189, 190, 246.
Loriquet (le père Jean-Nicolas) : 9.
Lorrain (Claude) : 33.
Lorrain (Jean) : 437.
Loti (Pierre) : 409, 412, 422 à 424, 428, 442, 464, 539.
Loubet (Emile) : 418.
Louis XI : 276.
Louis XIII : 190, 195, 254, 500.

Louis XIV : 20, 24, 38, 97, 265, 305, 308, 312, 315.
Louis XV : 315, 364.
Louis XVI : 10, 16, 41.
Louis XVIII : 10, 34, 146, 263.
Louis-Philippe : 10, 124, 146, 148, 175, 210, 235, 258, 273, 286, 299, 385,517.
Louys (Pierre) : 254, 430, 446.
Loynes (Mme  de) : 417.
Lucrèce (Titus-Carus) : 333.
Lugné-Poé : 496.
Lyautey (le général) : 552.
Lyon (Georges) : 416.
Lyon des Roys : 187.
Macaulay (Th. Badington, lord) : 273.
Mac-Orlan : 538.
Maeterlinck (Maurice) : 491, 496 à 498.
Magellan (Fernand de) : 25.
Maindron (Maurice) : 446, 447.
Maine de Biran : 6,30, 138, 162, 345, 403.
Maistre (Xavier de) : 6, 9, 10, 380.
Maistre (Joseph de) : 76 à 80.
Malebranche (Nicolas de) : 288, 399.
Malesherbes (de Lamoignon de) : 25.
Malherbe (François de) : 74, 136, 157, 182, 217, 289.
Mallarmé (Stéphane) : 70, 74, 186, 302, 477, 479 à 481, 483, 485,486,
488 à 490, 501, 521, 549, 553, 554, 556.
Mallet du Pan (Jacques) : 10, 80.
Maquet (Auguste) : 244, 245.
Marat (Jean-Paul) : 14.
Marc-Aurèle : 357.
Marcel (Gabriel) : 529.
Marcelin : 508, 509.
Marchangy : (Louis-Ant.-François) : 62, 268.
Marinetti : 550.
Maritain (Jacques) : 383, 530.
Marivaux (de Chamblain) : 196, 208, 210.
Marmier (Xavier) : 210.
Marmontel (Jean-François) : 85.
Martel (Ctesse) : Voir : Gyp.
Martin (Henri) : 306.
Martin du Gard (Roger) : 445, 545.
Massillon (Jean-Baptiste) : 37, 238, 255.
Massis : 530.
Masson (Frédéric) : 271, 313.
Maupassant (Guy de) : 211, 212, 242, 302, 336, 371, 375, 376, 377, 409, 410, 421, 429, 533, 535.
Maupertuis (Moreau de) : 4.
Mauriac (François) : 543, 546.
Maurois(André) 543,546.
Maurras (Charles) : 77, 351, 417, 420, 466. 467, 518, 524, 525.
Maury (Jean-Siffréin) : 15.
Mazaud (Emile) : 560.
Méhul (Etienne-Nicolas) : 13, 116.
Meilhac (Henri) : 392 à 395,397, 493, 508, 509, 510.
Meilhan : Voir : Senac de Meilhan,
Mesteir : 42.
Memling (Hans) : 497.
Ménard (Louis) : 315, 318.
Mendès (Catulle) : 71, 192, 254, 329 à 331, 411, 477, 495, 501, 505.
Mercier (Sébastien) : VII, 13, 18, 61.
Mérimée (Prosper) : 108, 189, 190, 195, 202, 209 à 215, 238, 284, 295, 301, 363, 376, 446.
Merril (Stuart) : 488.
Méry (Joseph) : 246.
Metternich-Winneburg (le prince) : 22.
Meyer (Arthur) : 432.
Meyer(Paul) : 416.
Michaud (Joseph-François) : 266.
Michaux : 556.
Michel-Ange : 173, 225, 450.
Michel de Bourges : 241.
Michelet (Jules) : 21, 172,65, 26 29 à 77, 284, 287, 295, 305 à 308, 312,
350, 364, 420, 468, 473, 475.
Mickiewicz (Adam) : 258, 295.
Mignet (François) : 270.
Mikhaël (Ephvaïm) : 488.
Mill (John-Stuart) : 345, 346.
Millaud : 411.
Mille (Pierre) : 451.

Millin (Aubin) : 265.
Milton (John) : 11, 33, 167, 432.
Mirabeau : 14, 17,80.
Mirabeau, le jeune : 14.
Mirbeau (Octave) : 504.
Mirés (Jules) : 411.
Mistral (Frédéric) : 65, 74, 130, 242, 417, 492, 555.
Mockel (Albert) : 491.
Molé (Louis-Mathieu) : 22, 37, 88, 89, 264.
Molière : 151, 215, 247, 278, 282, 287, 390, 392, 397, 455, 458, 502, 511.
Molinier (Auguste) : 411.
Mommsen (Théodore) : 310 à 312.
Monnier (Henry) : 96, 226 à 228, 230, 246, 336, 337, 361.
Monnier (Sophie de) : 16.
Monod ( Gabriel) : 412, 416.
Monstrellet : 268, 355.
Montaigne (Michel de) : VIII, 27,30, 34, 71, 203, 212, 221, 260, 281, 287, 291, 292, 334, 343, 354, 358, 359, 401, 463 à 466, 530, 535, 536.
Montalembert (Charles de) 255, 257, 259.
Montégut (Emile) : 452, 453, 531.
Monteil (Alexis) : 219.
Montesquieu : 21, 46, 173, 309, 310.
Montherlant (Henry de) : 520, 541, 542,554.
Montherot : 130.
Montholon (Charles, comte de) : 23.
Monticelli : 479.
Montlosier (M. de) : 77.
Moore (Thomas) : 141.
Morand (Paul) : 520, 539, 540, 542, 555.
Moréas (Jean) : 317,487.
Moreau (le général Jean-Victor) : 47.
Morhange : 530.
Morny (le duc Charles de) : 172,303.
Mouchy (Mme  de) : 36, 40.
Murat (le général Joachim) : 22, 37.
Murger (Henri) : 338, 361 à 365, 387, 388.
Muse Française (La) : 178.
Musset (Alfred) : 105, 111, 120, 121, 137, 140, 144, 151, 163, 179, 181,
182, 195 à 198, 201, 214 à 218, 241, 248, 253, 279, 280, 282, 291, 295, 301, 318, 320, 326.
Nanteuil (Célestin) : 180.
Napoléon : 3, 4, 9, 17, 19, 20 à 25, 34, 38, 39, 46 à 49, 51, 53, 55, 68, 72, 82, 90, 97, 98, 106, 113, 125, 136, 146, 154,155,173 à 175, 194, 201, 208, 224, 226, 231, 295, 296, 306, 313, 349, 351, 562.
Napoléon III (Louis) : 148, 152, 153, 171, 175, 211, 307, 313, 372, 373, 391.
Napoléon (le prince Jérôme) : 391.
Natanson (Jacques) : 560.
Necker (Jacques) : 17, 41 a 44, 53, 64, 267.
Necker (Suzanne) : 42.
Necker (Germaine). Voir : Mme  de Staël.
Necker de Saussure (Albertine) : 43, 44, 52, 64.
Néron : 357.
Nerval (Gérard de) : 142, 160, 180, 181, 184 à 186, 288, 301, 328, 424, 478.
Newton (Isaac) : 67.
Ney (le maréchal Michel) : 21.
Nicole (Pierre) : 257, 282.
Niebuhr (Berthold-Georges) : 11.
Nisard(Désiré) : IX, X, 112, 217, 286, 413, 455, 467.
Nivoix (Paul) : 560.
Nizan : 530.
Noailles (Csse Anne de) : 548.
Nodier (Charles) : 178, 202, 275.
Nodier (Marie) : 178.
Novalis (Frédéric, baron de Hardenberg) : 11, 185.
Nozière (Weil dit) : 506.
Obey (André) : 561.
Œuvre (le théâtre de l’) : 496, 497, 501.
Offenbach (Jacques) : 297, 318, 393, 394, 395, 510.

Ohnet (Georges) : 460.
0’ Neddy (Philothée). (Théophile Dondey) : 181, 463.
Orléans (le duc) : 44, 93, 146, 147, 188.
Orléans (la duchesse d’) : 146.
Ovide : 240.
Pagnol (Marcel) : 562.
Pan (Mallet du) Voir Mallet du Pan.
Pailleron (Édouard) : 397, 398.
Panard (Charles-François) : 95.
Pantassidès : 279.
Paradol. Voir : Prévost-Paradol.
Paris (Gaston) : 65, 417.
Parny (de Forges de) : 72, 123.
Pascal (Blaise) : 22, 28, 79, 80, 92, 130, 206, 256, 260, ?88, 320, 323, 343, 352.
Pasquier (Étienne-Denis) : 153.
Passeur (Stève) : 560.
Patin (Gui) : 455.
Pausanias : 309.
Paulhan (Jean) : 529.
Péguy (Charles) : 274, 416, 420, 450, 466 à 469, 518, 525.
469, 518, 525.
Pelleport (général de) : 270.
Pellerin (Jean-Victor) : 537, 563
Peltier (Jean-Gabriel) : 14, 80.
Péreire (Isaac) 100.
Perrin (Jean) : 416.
Perrin (Émile) : 494.
Pétain (le maréchal) : 552.
Philipe (Charles-Louis) : 437
Picard : 562.
Picard (André) : 417, 510.
Picquart (le colonel.) 412, 413, 417, 419, 421.
Pigauh-Lebrun : 19.
Pindare : 287.
Pirandello : 502, 517.
Piron (Alexis) : 84, 218, 562.
Pitt (William) : 18, 180.
Pixérécourt (Guilbert de). Voir : Guilbert de Pixérécourt
Planat : 299, 348.
Planche (Gustave) : 454, 456.
Platon : 353, 404.
Plutarque : 311.
Poincaré (Raymond) : 522.
Poljgnac(Jules-Arnaud duc de) : 110.
Politzer : 530.
Pomairols (Charles de) : 551.
Ponchon (Raoul) : 481.
Ponsard (François) : 198, 389, 503.
Pontmartin (Arnaud de) 453, 469.
Porto-Riche (Georges de) : 417, 505, 507, 509.
Pouvillon (Em.) : 448.
Pradier (James) : 147, 335.
Prévost (abbé) : 56, 360.
Prévost (Jean) : 520, 529.
Prévost (Marcel) : 417, 438, 439, 440, 543.
Prévost-Paradol (Lucien Sorel dit) : 299, 303, 344, 452.
Proudhon (Pierre-Joseph) : 102, 292, 374, 461. 544.
Proust (Marcel) : IX, 221, 235, 432, 448, 449, 467, 517, 518, 520, 534 à 538, 544.
Prud’hon (Pierre) : 127.
Psichari(Ernest) : 445.
Quatremère (Étienne-Marc) : 355.
Quillard (Pierre) : 489.
Quincey (Thomas de) : 327.
Quinet (Edgard) : 18, 160, 240, 276, 295, 335, 420.
Quinson : 558.
Rabelais (François) : 291, 511, 551.
Rachel (Mlle  Félix) : 198.
Racine (Jean) : 30, 33, 60, 63, 72 à 75, 85, 86, 122, 136, 139, 151, 198,
207, 217, 247, 282, 287, 322, 384, 396, 446, 458, 479, 552.
Rambaud (Alfred-Nicolas) : 417.
Randan (Robert) : 451.
Ranke : 312.
Raspail (François-Vincent) : 101.
Ravaisson (Félix) : 403, 404.
Raynal (Paul) : 559.
Raynouard (François) : 66, 188. '
Récamier (Mme ) 54, 55, 134, 285, 288.
Reclus (Dr Paul) : 416.
Régents (Les) : 262 à 277.


Regnard (Jean-François) : 218, 458, 509.
Régnier (Henri de) : 446, 487, 489, 496, 554.
Régnier (Mathurin) : 215.
Reichstadt (duc de) : 146.
Reinach (Joseph, Salomon et Théodore) : 412.
Reinach (Jacques de) : 412.
Réjane (Gabrielle-Réjudite) : 505.
Rembrandt : 173, 234, 348.
Rémus : 350.
Rémusat (Charles de) : 125, 189.
Rémusat (Mme  de) : 125.
Renan (Ernest) : 4, 96, 99, 232, 247, 259, 273, 280, 291, 297 à 304, 306,
343, 345, 352 à 359, 407, 408, 410, 417, 419, 420, 430, 435, 457, 463, 475, 524.
Renan (Henriette) : 353.
Renard (Jules) : 441 à 444, 511, 512, 535.
Renouard : 89.
Renouvier (Charles) : 247, 302, 304, 400 à 404.
Resseguier (Jules de) : 178.
Restif de la Bretonne : 13, 102, 338, 360, 362, 364.
Retté (Adolphe) : 489.
Reverdy : 555.
Réville (Gabriel) : 416.
Ribot (Théodule-Armand) : 403.
Ricard : 477.
Richelieu (le cardinal de) : 16, 265.
Richepin (Jean) : 192, 333, 460, 499.
Richet (Dr ) : 416.
Rigaud (Hyacinthe) : 261.
Rimbaud (Arthur) : 186, 477 à 479, 482, 483, 549, 550, 554, 557.
Rivarol (Antoine Rivaroli dit le Cte de) : 6, 9, 11, 14, 69, 71, 80.
Rivière (Jacques) : 529, 550, 554.
Rivoire (André) : 501.
Robespierre (Maximilien de) : 15, 16, 251, 550.
Rochefort (Henri, marquis de) : 415.
Rod (Edouard) : 435, 440, 441.
Rodenbach (Georges) : 489.
Rodin (Auguste) : 162, 170, 323, 441.
Rodrigues (Olinde) : 99, 100.
Rœderer (Le Cte Pierre-Louis) : 22, 189, 496.
Rohan (le cardinal de) : 126.
Roland (Mme ) : 18.
Rolland (Romain) : 433, 450, 451, 544.
Romains (Jules) : 546, 548, 549, 555.
Ronsard (Pierre de) : 71, 74, 75, 108, 121, 176, 177, 287, 331, 485.
Rosny (J.-H.) : 436, 437.
Rostand (Edmond) : 192, 417, 499 à 501, 561.
Roucher (Jean-Antoine) : 74.
Roumanille (Joseph) : 370, 453.
Roupnel : 448.
Rousseau (Jean-Baptiste) : 96.
Rousseau (Jean-Jacques) : 3, 4, 6, 21, 24, 30, 37, 39, 41, 57, 60, 61, 66, 75, 77, 85, 94, 101, 116, 120, 121, 142, 238, 239, 248, 422, 431, 461, 467, 472, 476.
Rousset (Camille) : 308.
Royer-Collard (Pierre-Paul) : 44, 59, 153, 154, 199, 263, 264, 266, 267, 417, 461.
Rozand : 99.
Rubens (Pierre-Paul) : 348, 376.
Rumier : 189.
Sacy (Silvestre de) : 91.
Sade (le marquis de) : 135.
Saint-Amour (Guillaume de) : 275.
Saint Augustin : 352.
Saint-Cyran (Jean Duvergier de Hauranne, abbé de) : 257, 258, 259.
Saint François de Sales : 255, 481.
Saint-John Perse : 555.
Saint-Just (Louis de) : 16, 17.
Saint Martin : 27, 76, 78, 80, 232.
Saint-Pierre (Bernardin de). Voir : Bernardin de Saint-Pierre.
Saint-Simon (Henri de) : VIII, IX, 27, 97 à 100, 234, 235, 237, 290, 346, 475, 535.
Saint Thomas : 42, 292.
Saint Thomas d’Aquin : 84, 292.
Sainte-Beuve : VII, 9, 20, 27, 30, 33,

39, 40, 70, 71. 74, 82, 84, 99, 105, 110 à 112, 114, 115, 134, 147, 148, 154, 159, 61, 164, 165, 171, 179, 182, 201, 220, 230, 233, 243, 248, 259, 262, 264, 276, 278 à 292, 295 à 303, 312, 316, 318, 319, 321, 322, 323, 346, 352, 353, 363, 364, 401, 452 à 454, 456 à 458, 460 à 463, 465, 466, 469, 531, 535.
Salinis (Louis-Antoine de) : 257.
Salmon (André) : 555.
Samain (Albert) : 488.
Sand (George) : 106, 108, 111, 144, 216, 217, 239 à 242, 252, 259, 284,
297, 301, 322, 355, 360, 428, 519.
Sandeau (Jules) : 247, 389.
Santerre (Antoine-Joseph) : 19.
Sarcey (Francisque) : 344, 386, 393, 450, 452, 458, 459, 501, 507.
Sardou (Victorien) : 389, 392, 396, 397, 417, 493, 597, 562.
Sarment (Jean) : 562.
Saurat (Denis) : 529.
Saussure. Voir : Necker de Saussure.
Say (Jean-Baptiste) : 102.
Schelling (Frédéric-Guillaume-Joseph) : 399.
Scherer (Edmond) : 452, 453, 531.
Scheurer-Kestner : 412 à 414.
Schiller : 49, 50, 63, 191, 215, 556.
Schlegel (Guillaume) : 49, 51, 59, 61, 64, 197.
Schlésinger (Mme ) : 339.
Scholl (Aurélien) : 510.
Schwob (Marcel) : 447.
Schopenhauer (Arthur) : 300, 488.
Scott (Walter) : 11, 64, 189, 211, 238, 249, 250, 252, 381.
Scribe (Eugène) : 96, 109, 210, 388, 390, 394, 396, 503, 507, 562.
Séailles (Gabriel) : 416.
Séchelle (Hérault de). Voir : Hérault de Séchellne.
Sécréta (Charles) : 58.
Sée (Edmond) : 506.
Ségur (comtesse de) : 247.
Sénac de Meilhan (Gabriel) : 11, 12.
Sénancourt (Etienne de) : 9, 10, 12, 116.
Sévigné (Mme  de) : VIII, IX, 90, 92.
Shakespeare : 50, 62, 73, 83, 119, 126, 147, 151, 188, 189, 194, 202, 237, 336, 359, 458.
Shaw (Bernard) : 502.
Sieyès (abbé) : 9.
Signoret : 489, 491.
Sismondi (Léonard) : 56, 59, 63 à 65, 266.
Smith (Adam) : 102.
Sorel (Albert) : 8, 47, 271, 312, 313.
Sorel (Georges) : 518, 525, 526.
Sorel (Lucien). Voir : Prévost-Paradol.
Souday (Paul) : 124, 223, 470.
Soulié (Frédéric) : 243, 244, 246, 252.
Soumet ( Alexandre) : 178, 188.
Soupault : 542.
Souza (Robert de) : 488.
Spinoza : 399.
Staël (Germaine de) : 3, 5, 6, 9, 11, 20, 24, 43 à 65, 78, 86, 87, 97, 113,
114, 135, 139, 187, 188, 199, 242, 248, 266, 307.
Stapfer (Albert) : 62.
Stapfer (Paul) : 154.
Stendhal (Henri Beyle) : 50, 68, 88, 89, 102, 117, 151, 188, 189, 199 à
210, 213, 224.237, 238, 282, 284, 299, 307, 344, 364, 448, 457, 463, 536, 537.
Strauss (Mme ) : 416.
Suard (Jean-Baptiste) : II.
Suarès (André) : 528.
Sue (Eugène) : III. 243 à 245, 360.
Suleau (François-Louis) : 14.
Sully-Prudhomme : 137, 302, 329, 332, 417, 428, 460, 486, 490, 503.
Supervieille : 555.
Syveton (Gabriel) : 418.
Tailhade (Laurent) : 331.
Taine (Hippolyte) : X 68, 77, 199, 205, 228, 231, 233, 237, 247, 274,
275, 279, 286, 297 à 304, 306 à 309, 312, 343 à 351, 353 à 355, 372, 374,

400, 403, 404, 407, 408, 410, 419, 425 à 428, 435, 452, 454, 456, 457, 460, 462, 473, 508, 524, 529 à 531, 534, 537.
Talleyrand (Ch. Maurice de) : 52, 228, 240, 295, 296.
Talma : 19.
Tarquety : 179.
Tastu (Mme  Amable) : 282.
Thackeray (William) : 534.
Tharaud(Jean et Jérôme) : 451, 533, 539.
Théâtre Libre (Le) : 458, 493, 495, 496, 502, 558.
Thérive (André) : 529.
Thibaudet (Albert) : 528 (lignes 18 à 29). 529 (ligne 36). Par allusion.
Thibault. Voir France (Anatole).
Thiboust (Lambert) : 397.
Thierry (Gilbert-Augustin) : 266, 268 à 270.
Thiers (Adolphe) : 20, 91, 228, 270, 271, 307.
Thomas (Albert) : 416.
Thomas d’Aquin. Voir : Saint Thomas d’Aquin.
Thucydide : 309.
Thureau-Dangin : 313.
Tillier (Claude) : 94.
Tinan (Jean de) : 449.
Tite-Live : 309, 350.
Titien (Le) : 376.
Tocqueville (Alexis de) : 25, 58, 301, 310, 312, 313, 382, 461.
Tolstoï (le Cte Nicolas) : 450, 495.
Töpffer (Rodolphe) : 42, 43.
Toulet : 551.
Touquet : 114.
Tourgueneff : 457.
Tracy (Destutt de) 68.
Trarieux (Ludovic) : 412, 416.
Treitschke (Henri Gothard de) : 312.
Turenne : 284.
Urfé (Honoré d’) : VIII.
Vacherot (Etienne) : 347, 400.
Vacquerie (Auguste) ; 192, 500.
Vacquerie (Léopoldine) : 148.
Valade (Léon) : 331.
Valéry (Paul) : 70, 74, 136, 338, 470, 489, 490, 518, 552, 553, 554, 556.
Vallès (Jules) : 435, 441.
Valmore (Marceline). Voir : Desbordes-Valmore.
Vandal(Albert) : 313.
Vandérem (Fernand) : 449, 470.
Van Dyck : 376.
Vaugeois : 417, 418.
Vaughan (Ernest) : 415.
Vautel (Clément) : 530.
Veber (Pierre) : 508, 510.
Vergennes (Charles Gravier, Cte de) : 541.
Vergniaud(Pierre-Victumién) : 15.
Verhaeren (Emile) : 491, 496, 549.
Verlaine (Paul) : 186, 216, 302, 477, 479, 482, 483, 485, 489, 549, 554.
Verne (Jules) : 247.
Véron (Dr ) : 111, 243, 289, 290.
Véronèse : 376.
Vertut (abbé de) : 35.
Veuillot (Louis) :80, 391.
Vicaire (Gabriel) : 331.
Vico (Jean-Baptiste) : 272.
Viélé-Griffin(Francis) 489, 491, 496, 549, 554.
Viennet (Jean-Guillaume) 282.
Vieux Colombier (Théâtre du) : 555, 558, 559.
Vigny (Alfred de) : 74, 75, 111, 121, 126, 137 à 144, 147, 156, 157, 160,
172, 178 à 180, 182, 188, 194, 195, 197, 198, 216, 248, 250, 251, 253, 282, 291, 295, 317, 320, 326, 360, 489.
Vildrac (Charles) : 548, 549, 561.
Villèle (Cte de) ; 34.
Villemain (François) : 64, 86, 107, 110, 111, 262, 264, 284, 303.
Villemessant (Henri de) : 367.
Villers (Charles de) : 50, 61.
Villiers de l’Isle-Adam (Aug. de) : 380, 382.
Vinet (Alexandre) : 453.
Viollet (Paul) : 416, 417.
Viollet-Le-Duc (Eug. Emmanuel) : 155. 210.

Virgile : 30, 33.
Virieu : 129, 132.
Vitet (Louis) : 189, 190, 496.
Voltaire : 30, 38, 49, 60, 66, 72, 82 à 86, 123, 125, 150, 167, 173, 180, 200, 212, 215, 232, 291, 295, 433, 446, 455.
Voss (Jean-Henri) : 11.
Wagner (Richard) : 323, 447, 486.
Waldeck-Rousseau : 543.
Walter-Scott. Voir : Scott.
Warens (Mme  de) : 39.
Washington (George) : 47.
Weiss (J. J.) 192, 231, 304, 344, 458, 459.
Werner (Zacharie) : 49.
Wielund (Christophe-Martin) 50.
Wolf (Frédéric-Auguste) : 399.
Willy (Gauthier Villars, dit) : 450.
Zamacoïs (Miguel) : 501.
Zola (Emile) : 102, 300, 302, 303, 371 à 379, 409, 410, 414, 415, 425, 426, 433, 436, 460, 493, 494, 501, 519. 541.