Histoire de la république de Florence/Texte entier

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Delloye, éditeur & Garnier frères, libraires (p. --559).


HISTOIRE


DE


LA RÉPUBLIQUE


DE FLORENCE.
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AUX FEMMES.


Privée, dans une histoire civile, du moyen de soutenir une cause à laquelle j’ai consacré d’humbles efforts, je la dédie aux femmes qui veulent une réforme, je la dédie à un principe, celui d’une amélioration dans leur sort, celui d’un honneur moins frivole et d’une carrière plus étendue.

S’il faut s’étonner que les femmes se soient contentées si longtemps d’une existence et d’une vertu bornées (mais les femmes supérieures ne s’y renfermèrent jamais), il ne faut qu’en protester plus énergiquement pour leur réveil, leur courage, leur probité, ces qualités qui nous feront enfin parvenir au mérite véritable.

L’esprit, d’ailleurs, n’a pas de sexe ; la science, la justice, le droit, n’en ont pas. Dès que la femme a l’intelligence, elle atteint tout ce que l’intelligence humaine atteint, et jamais on ne s’est informé du sexe des vérités.

Tandis que toutes les femmes auront un honneur comme une vertu plus éclairés, quelques femmes formeront avec les hommes cette aristocratie morale dont l’honneur et la vertu aussi seront l’égide, et où, sans doute, l’avenir, la préservation et la gloire du monde sont attachés.


PRÉFACE.




L’Histoire de Florence n’existe pas en français, et c’est une histoire très intéressante en ce moment : à Florence comme en France, une plèbe victorieuse de sa noblesse s’empara de l’autorité.

On alla plus loin qu’en France : on exclut les nobles du gouvernement, on les força de renoncer à leurs noms, d’entrer dans les boutiques ou de rester dans la vie privée. Chose inouïe ! on accorda comme faveur à ceux des nobles qu’on ne redoutait pas, de sortir du rang des nobles, d’abandonner leur parenté et de changer de noms. Enfin, pour punir un plébéïen on le fit grand, et pour punir un grand on le fit ultra-grand.

On a vu dans Rome antique le peuple s’armer, réclamer des droits, les obtenir, avoir des magistrats à lui, les tribuns, et oser prétendre à toutes les charges. En France, on a vu le tiers-état renverser la noblesse et l’oublier, ne l’appeler ni ne l’exclure ; mais à Florence, d’un côté la considération que les temps accordaient encore à la naissance, de l’autre l’inhabileté et l’insolence de la noblesse dans cette ville, expliquent en partie une persécution continuelle.

Nulle part, si ce n’est dans les républiques de la Toscane qui suivaient Florence, on n’a vu la noblesse ainsi exclue. C’est ici le trait qui caractérise cette histoire et la distingue de toutes les histoires ; c’est ici une plèbe victorieuse comme il n’en est pas d’exemple.

À Florence, comme en France, la classe moyenne eut le fruit du succès ; mais sans parler de la différence d’une petite république à un grand royaume, l’organisation de l’a plèbe à Florence, les milices citoyennes, la force des arts, l’admission des ouvriers mêmes aux charges publiques, les formes républicaines, donnent aux événemens un tout autre caractère qu’à la France, où le peuple est si vif et si guerrier, que dès qu’il a le pouvoir il s’arme, fait feu, est entraîné encore plus loin que le peuple italien et rendra longtemps dangereux les efforts qu’on fera pour l’organiser. Les beaux-arts, les poètes, le ciel ajoutent aussi à l’histoire de Florence un éclat inconnu dans nos climats.

Comme la politique est une science, et que la plèbe, peu propre à y atteindre, a son rôle de plèbe à jouer (au moins pour longtemps encore) nous avons écrit sans partialité l’histoire d’une démocratie, curieuse surtout de conserver à l’histoire sa vérité, et pénétrée de la simplicité et de la gravité des historiens italiens. Les Arts-Mineurs (c’est ainsi qu’on nommait les charpentiers, bonnetiers, cordonniers, maçons, forgerons, etc., ) aujourd’hui si à la mode à Paris, étaient aptes, à Florence, aux magistratures, et nous voyons que l’art des fripiers passait pour un art relevé, parce qu’il avait été dès longtemps compris entre les Arts-Mineurs. Nous appelons l’attention du lecteur, dans la première partie, sur le livre vi, où, au milieu de luttes pleines d’intérêt, les ouvriers et la politique naissante sont aux prises.

Les Médicis renversèrent la liberté et soumirent Florence à l’église par le pontificat qu’obtint deux fois leur maison, mais la liberté se réveilla contre eux toujours plus habile et plus belle. C’est alors que des hommes comme Machiavel, Guicciardini, Salviati, Vettori, et tant d’autres, cherchèrent à combiner des pouvoirs pour préserver la liberté contre les Médicis. L’empire de la basse plèbe ou des Arts-Mineurs était fini dans cette seconde époque ; c’était le talent qui avait pris le gouvernement en main. On vit alors, comme chez les Grecs, les plus grands esprits s’exercer à établir, dans un petit espace, une science certaine, basée sur des principes éternels. Toute cette seconde partie de l’histoire de Florence est une étude pour la politique, mais surtout les livres ii et III. Il nous reste le regret d’avoir été trop souvent si au-dessous du sujet, heureuse si des mains plus habiles lui rendent un plus éclatant hommage !

Pour faire cet ouvrage, les matériaux ne manquaient pas, il fallait se préserver, par un bon choix, de la foule des historiens florentins. Ce travail offrait autant de plaisir que d’ennui, autant de charme que de fatigue, car tout-à-tour on était séduit par la naïveté des chroniques, repoussé par leur lourdeur, enchanté de cette plèbe audacieuse, ou perdu dans la monotonie de ces perpétuelles luttes civiles. Il fallait raviver tant de récits longs et pesans, en retrancher plusieurs, saisir l’esprit du temps, se garder de donner aux événemens les couleurs de nos jours, se rappeler enfin que l’histoire est une muse, fille de la Mémoire.

Nous avons toujours choisi les écrivains contemporains, nous attachant surtout aux faits de leur chronique dont ils avaient été témoins, selon que la suite des événemens nous faisait passer d’une chronique ou d’une histoire à une autre ; fidèle tour-à-tour, pour les temps de la liberté populaire, aux Malespini, Villani, Paulino di Piero, Dino Compagnie GinoCapponi, Stéfani, Poggio, Leonardo Aretino, Ammirato, Nerli, Bruti, etc., les chroniques de Pise, Sienne, etc., etc., nous avons mis une grande importance à la Chronique florentine de Donato Velluti, que nous n’avons vu citer nulle part que chez Tiraboschi, et nous avons apporté dans les notes deux fragmens intéressans de lui.

Machiavel seul, par la hauteur des vues, nous a semblé un guide pour toutes les époques, mais nous n’aurions pas osé esssayer de le suivre dans sa manière, car, pour écrire cette histoire, il a pris la toge : quand les Florentins disaient la commune, il a dit la république ; c’est avec regret qu’il s’abaisse au gouvernement des bons hommes. À la place des simples paroles de Silvestre Médicis au conseil, qui dit que si on ne veut pas l’écouter il s’en retournera à sa maison, Machiavel lui fait tenir une longue et noble harangue. Il met, dans la bouche du gonfalonier Luigi Guicciardini, le discours de Quintus Capitolinus dans son quatrième consulat ; au lieu de vouloir peindre les Florentins comme ils sont, il songe aux Romains et à la beauté civile au plus haut degré. Nous avons laissé ce grand maître sculpter ainsi en marbre ; pour nous, ouvrier inhabile, nous avons pris l’argile et montré les temps dans leur naïveté et leur rusticité.

Machiavel a fini son histoire à la mort de Laurent, mais pour les temps après lui, nous avions Nardi, Nerli, les Morelli, Cambi, Guicciardini, Segni, Busini, Varchi, etc., etc., une foule de documens, de discours, de fragmens et de correspondances. Nous avons dû beaucoup aussi, durant un long séjour à Florence, aux hommes savans de cette ville, dont les conseils et l’amitié nous ont guidée. Tous pleins encore de ces événemens, ils en causent à la façon de Machiavel, et on peut discourir avec eux sur l’organisation du grand conseil ou le gouvernement de Soderini, comme si c’étaient là les événemens du jour.

Quelques vérités ressortent de cette histoire : on y comprend mieux l’excellence de deux pouvoirs dont nous avons parlé dans un autre ouvrage[1], l’aristocratie et la démocratie, car Florence tira sa gloire de la démocratie et manqua, par l’absence d’une aristocratie et d’un sénat, de plus d’ambition et de force. Aujourd’hui qu’on relève le peuple et qu’on le prépare sans doute pour former un pouvoir, il est temps de préparer aussi une aristocratie, non pas héréditaire, le temps et la justice n’y sont plus, mais indépendante, privilégiée, chargée de la science et de la grandeur de l’État. La nature a créé les masses sur un moule faible et uniforme, pour déposer, chez quelques créatures d’élite, la flamme et l’énergie auxquelles la vertu et le savoir donnent seuls la perfection.

Florence manqua d’une haute direction ; mais elle eut une démocratie organisée et forte, elle eut un des deux moyens par où s’établit la liberté.

L’Italie est le pays où le troupeau des hommes est le plus intelligent, le plus passionné, le plus agité, où les créatures d’élite sont en plus grand nombre, où la plèbe, dans l’antiquité et chez les modernes, s’indigna le plutôt de sa bassesse, s’arma et s’organisa en corps. Cette contrée n’appartint pas à ses souverains, elle appartint aux hommes de génie qui l’habitaient : une aristocratie naturelle y régna par le droit, et comme un Gonzague, duc de Mantoue, disait de sa ville : — Mantoue n’est pas à moi, mais c’est la ville de Jules Romain, — ainsi l’Italie se rangea sous de vraies autorités. Et espérons qu’elle saura le mieux un jour constituer les deux pouvoirs par lesquels elle s’est illustrée !


Quant à l’auteur, il n’a rien à dire de lui-même, si ce n’est qu’étant femme, et n’ayant pu prendre part à la politique, comme on voit faire à tant de gens, il s’est amusé à raconter à son pays une histoire civile très compliquée.

HISTOIRE
DE LA RÉPUBLIQUE
DE FLORENCE.


LIVRE PREMIER.

Commencement de Florence.




CHAPITRE PREMIER.


J’essaierai d’écrire l’histoire de cette petite république démocratique et marchande, si fameuse dans la politique, la science et les beaux-arts, si forte dans la vie civile, mère de grands hommes en tout genre, depuis Dante et Michel-Ange jusqu’à Machiavel, lassée et vaincue la dernière, en terminant l’histoire de l’Italie indépendante.

L’histoire moderne d’Italie est l’histoire de la cittadinanza, la citoyenneté. Si, dans l’antiquité, une seule république soumit les autres et conserva ta souveraineté, plus tard, un grand nombre de villes s’élevèrent égales et rivales ; la liberté et non l’agrandissement fut leur but ; car elles existaient encore sous la domination de l’empire romain ; leur commencement fut grossier et villageois ; l’énergie se développa : comme les lois politiques étaient insuffisantes, l’audace espéra, les mœurs se corrompirent. Le sort des villes ne fut pas semblable : si, dans quelques-unes, des chefs habiles sacrifièrent la liberté municipale, dans d’autres villes, on respecta jusqu’à la fin le gouvernement libre et borné de la démocratie. Au milieu des luttes et des destinées diverses, les idées politiques se formèrent : les bourgeois des monarchies, occupés seulement de leur économie domestique ou de leur petite fortune, furent inconnus à l’Italie, qui eut des citoyens, occupés sans doute de leurs affaires particulières, mais intéressés surtout à la patrie qui leur donnait la prospérité, la guerre civile, ou l’exil. Nous ne saurions traduire cittadinanza par bourgeoisie ; città, c’est la ville, la place publique ; cittadinanza, c’est le droit d’habiter la ville et la place publique.

Entre ces républiques, il y en eut une qui confia son pouvoir à l’aristocratie, exclut le peuple de toute part à la souveraineté, s’éloigna delà modestie de son origine, étendit sa domination dans l’Orient et dans l’Italie, et s’attira une haine générale qui la ruina. Il y eut une autre république qui resta longtemps démocratique et modérée, respectant la liberté de ses voisins, et offrant le spectacle étrange d’une aristocratie opprimée, réfugiée dans les classes du peuple pour y trouver la considération et le pouvoir civil. Longtemps "Venise eut l’avantage sur Florence:la première unissait tes succès au dehors au calme intérieur, que la seconde était faible à l’extérieur et troublée au dedans. Les hommes qui étudiaient la politique à Florence proposaient Venise pour modèle à leur patrie; niais, si nous considérons aujourd’hui ces deux républiques à distance, Florence nous offre la foule de ses grands hommes en tout genre, quand Venise ne nous laisse que le souvenir d’une hahilelé politique imparfaite. Il semble que ces deux villes se soient partagé les deux principes qu’il faut unir pour faire marcher le monde:celui de Venise lui donna la hauteur, la force et la domination ; Florence lira du sien la richesse, le désordre et le génie.

Florence, au pied des Apennins, entouré de collines, s’étend sur les deux rivages de l’Arno ; la ville est au bas du mont de Fiésole; le pays est resserré et dans de petites proportions, mais charmant:les collines couvertes d’oliviers et de figuiers, les vallées, les mou vemens du terrain, impriment la grâce et la vie; l’Arno, épuisé durant les chaleurs, porte, à la saison des pluies, les bâtimens jirsqu’à Pise et à la mer, à travers de belles et fertiles campagnes : un jour éclatant, plus beau qu’en Lombardie, éclaire le pays ; l’air est sain ; des eaux limpides descendent de l’Apennin. La Toscane n’a pas partout le même caractère, plus pittoresque, plus montagneuse dans le Casenlino où l’on trouve à la Verna, à Valambrosa, une nature grande et sévère, des hauteurs escarpées et des bois de sapin ; plus ouverte dans les Maremmes et dans le pays de Pise, sur les rivages de la mer. Tenant de ses collines un caractère étroit, la Toscane n’a point d’horizon, et brille seulement par la forme du terrain, les bois, les oliviers. Elle est bornée au levant par le Tibre, qui descend du mont Falterone dans l’Apennin, où l’Arno aussi prend sa source ; au raidi par la mer Tyrrhénienne, qui baigne de ses flots les Marerames ; au nord par les Apennins, qui la séparent delà Lombardie et delà Romagne.

Les États d’Italie, avant d’être divisés par les événemens, semblent avoir été divisés par la nature : le Piémont, dans les Alpes, porte le caractère de ces montagnes ; la Lombardie s’étend dans des plaines fertiles ; la Toscane, dans l’Apennin, est ornée de collines et d’oliviers ; le pays romain ne ressemble à aucun autre par son air de grandeur et de majesté, et le royaume de Naples se prolonge sur des rivages délicieux.

On a peu de connaissances sur les commencemens de Florence, bourg de Fiésole, ancienne cité des Étrusques. Fiésole, située sur un mont, envoyait ses marchands dans la plaine ; voilà comment naquit Florence, qui se peupla et devint une ville lorsque les lieux bas furent assurés par la domination des Romains. Augmentée par des colonies romaines, les uns lui donnent Sylla, les autres César pour fondateur ; ses édifices et ses hommes la firent bientôt compter entre les villes d’Italie. Quand les Barbares ravagèrent l’Empire, Florence fut détruite par cet Attila, surnommé le fléau de Dieu : restée déserte durant environ trois cent cinquante ans, lors des malheurs de l’Empire, les marchands de Fiésole, qui continuaient de tenir le marché dans la plaine, et quelques anciens habitans, qui composaient un bourg sur les ruines, voulurent en vain, aidés des seigneurs voisins, autrefois habitans de la ville, la rebâtir ; ceux de Fiésole s’y opposèrent, ainsi que les comtes de Mangone, de Mont-Carelli, de Capraia et de Gertaldo, alliés des Lombards, qui venaient armés attaquer et ruiner les travaux (I). On raconte qu’enfin Charlemagne la fil rebâtir

(1) Ricordano Malespini, cap. 42 ; — G. Villani, lib. iii, cap. i ; — Machiavelli, lib. II. Il csi inutile de citer Léonard Aretin, Scipion Ammirato, foggio, etc., qui, pour ces temps-Ià, n’ont fait que suivre Malespini et Villani. sur le modèle de Rome ; bientôt fut posé le Ponte Vecchio, le premier pont. La petite ville de Florence, grâce à la bonté du site, fut bientôt peuplée et forte de murs, de tours et de fossés pleins d’eau ; les habitans, d’abord gouvernés sans ordre et par des coutumes, ordonnèrent leur gouvernement à la manière de Rome, c’est-à-dire avec deux consuls et un conseil de cent sénateurs, les meilleurs citoyens[2].


CHAPITRE II.

ITALIE. — PREMIÈRES LUTTES CIVILES DANS FLORENCE.


Quelques époques brillent dans le temps, comme quelques individus sortent de la foule ; car la foule et le temps s’écoulent dans de longs silences, interrompus par des éclats d’héroisme, d’invention ou de sentiment. Florence, fondée dès le temps de Sylla, ne nous offre que trois siècles de gloire, et le règne des Barbares en Italie fut plus long que n’avait été lu république romaine. Déjà les temps sont affreux depuis Commode, et depuis lors jusqu’au douzième siècle, c’est un espace cruel de mille ans. L’invasion des Barbares venant fondre sur l’Empire corrompu, plongea rilalie dans des maux incalculables que sa bassesse seule égala, puisque ces Barbares, la rappelant aux grossières lois de la nature inculte, la réformèrent, lui rendirent le courage, les mœurs rurales, en même temps qu’ils apportaient des lois nouvelles, et divisaient le pays eu fiefs et comtés, suivant le système féodal. La Toscane forma un duché dont la cour était la plus brillante entre celles des grands feudataires[3]. La célèbre comtesse Mathilde, qui laissa ses biens à l’église, en 1115, était comtesse héritière de Toscane. Si l’on songe à ce qu’il en coûte à une république ou à un royaume pour changer de prince ou de gouvernement, ou pourra imaginer ce que souffrirent, dans ces temps, l’Italie et les autres provinces romaines, qui changèrent non seulement le gouvernement, mais les lois, coutumes, habitudes, religion, langue ; le changement d’une seule de ces choses épouvante l’âme ferme, qui ne fait que l’imaginer sans le voir ni le souffrir : des villes nouvelles furent fondées : d’autres disparurent : pays, lacs, fleuves, mers, hommes prirent d’autres noms (1).

Ce qui resta de l’antiquité fut défiguré : des municipalités villageoises empruntèrent à Rome ses consuls, en restant toujours sous la suprématie de l’Empire, alors qu’il y avait à peine un empire, et l’ignorance et la superstition rendirent à Rome une suprématie universelle, qu’elle avait duc jadis à son génie ; Home catholique s’éleva sur les ruines de Rome antique. Le règne de Charlemagne, dont l’héroïsme se débattait dans les ténèbres, fut suivi par les malheurs des neuvième et dixième siècles, les plus désastreux de l’histoire du monde. Des empereurs italiens, comme leurs historiens les appellent, tentèrent d’établir une souveraineté nationale : franger, le premier, fut prcuar dam Icx armes. Des querelles éternelles signalent ces temps grossiers ; dans l’Eglise, on vit tant et deux papes, tantôt un, tantôt trois ; ils se chassaient, se faisaient mourir ou arracher les yeux, les uns les autres, avec ou sans appui de l’Empire, et au milieu des guerres et du sang, sur tous les points de l’Italie.

Florence, attachée à l’Eglise, en partageait les revers, et voyait Fiésole sur sa tête devenir plus hardie avec les succès de l’Empire.

Enfin les Othon d’Allemagne, renversant les princes italiens, laissèrent, à cause de leur séjour éloigné, se développer en liberté ces républiques villageoises.

Florence, d’ailleurs, en savait peu des villes d’Italie : partout mœurs rustiques et religieuses avec peu de communications ; foi et langue communes qui liaient cette

(1) Machiavelli, lib. I. grande contrée, mais isolement, et barbarie de chaque localité : l’histoire a depuis porté le jour sur tant de villes séparées ; mais alors tout était obscur et confondu. Celte clarté, celle lucidité, que l’esprit trouve par le temps et les classifications, n’existait nulle pari ; c’est dénaturer en quelque sorte Thistoire de ces âges, que de la donner distincte et lumineuse ; il faut voir l’épaisseur, la confusion » les répétitions éternelles des historiens contemporains ; leur vue ne perçait pas les murs de leur cité. On avait peu d’expérience, l’esprit n’était pas ouvert ; on sortait à peine d’une longue enfance, le savoir appartenait aux prêtres, et c’est tout dire d’une religion qui était un foyer d’erreurs et de superstitions. La Toscane, la Lombardie, la Romagne, formaient autant de groupes de villes qui p : enaient successivement des institutions semblables ; les villes avaient de l’influence les unes sur les autres par le voisinage ; mais à distance les populations ne se connaissaient pas : chaque commune se renfermait dans les mesquines affaires de son petit territoire ; les municipalités républicaines agissaient séparément avec un esprit local.

Autour de Florence, Pise, Sienne, Arezzo, Pistoïa, Volterra, Lucques, fondaient leur liberté communale ; Pise fut des premières à instituer un gouvernement libre, ainsi que Gènes dont elle allait devenir rivale ; les villes de Lora. hardie s’organisaient aussi sous une liberté grossière, et ces temps portent une empreinte à la fois rustique et civile.

Florence, durant l’agitation lointaine de tant de communes, avait exercé son énergie naissante contre Fiésole, avec qui elle était toujours en guerre, puis contre les Sarrasins ; et enfin elle avait combattu pour l’Eglise durant les discordes ou l’Iliade (1) de l’Empire et des papes, qui, après avoir été soumis aux empereurs, commençaient à vouloir devenir leurs maîtres. Malgré la guerre et les fatigues, le peuple s’augmenta, quoique durant deux cents ans le nom ni la force de Florence ne pussent s’étendre ; car la campagne était toute pleine de châteaux occupés par des nobles, alliés à Fiésole pour faire la guerre aux

(1) Muratori, Annali d’Italia. Florentins ; mais Florence avait des citoyens unis et des tours fortifiées en si grand nombre, qu’elle paraissait de loin comme la ville la plus belle et la plus fière de son petit territoire. Les trois Othon la favorisèrent. Cependant les Florentins voyaient avec jalousie et inquiétude Fiésole entretenir sur leurs têtes un continuel péril : en vain ils avaient tenté de s’en emparer par la force ; occupés d’un nouveau dessein, ils font une trêve avec cette ville, et ils commencent à s’y promener ; puis, le jour de san Romolo (1010), la plus grande fêle de Fiésole, ils tombent armés sur les habitans, au mépris de la trêve et de l’hospitalité, s’emparent de la ville, la détruisent et en appellent les habitans à Florence. La forteresse seule résista et fut conservée avec les églises. Afin d’unir les Florentins et les Fiésolains, on réunit en une seule les armes des deux communes : les armes de Florence, qu’elle avait reçues des Romains, étaient rouges avec un lis blanc ; celles des Fiésolains blanches avec une lune d’azur ; on supprima le lis et la lune d’azur, et l’on fit le caroccio de Florence rouge et blanc. Lès deux consuls gouvernèrent comme avant la ville avec le sénat des cent meilleurs citoyens (1).

Villani remarque, dans sa naïveté ordinaire, qu’il ne faut pas s’émerveiller si les Florentins sont toujours divisés entr’eux, ce qui vient de ce que la ville a été fondée sous l’influence de la planète de Mars, mais plus sùj’eraent, dit-il, de cette transportation des Fiésolains au milieu des Florentins, deux peuples et deux noblesses divers do nature, de coutumes, ennemis dès l’antiquité, où l’on vit combattre les Romains contre Fiésole.

Depuis celle réunion pourtant, Florence éloigna ses murs et prit chaque jour plus de force ; l’empereur Conrad’et la cour de Rome y séjournèrent. On raconte qu’au temps de l’empereur Henri III, qui fut en guerre avec l’Église et la comtesse Mathilde, up genlilomme de Florence né des seigneurs de Pelrolo du val de Pise, nommé Jean Gualberlo, déclara la guerre à ses voisins, les meurtriers

(1) Ricordano Malespini, cap, 64, 66, 66. Muratori ne croit pas à la vérité de ce fait (Annali d’Italia). Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/22 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/23 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/24


CHAPITRE III.

FLORENCE SE DIVISE EN GUELFES ET GIBELINS.


Les Florentins avaient pris peu de part aux luttes des Guelfes et des Gibelins, qui divisaient l’Italie entre le parti de l’Église et celui de l’Empire, quand une querelle de famille vint tout à coup les partager eux-mêmes en Guelfes et Gibelins : Gherardo Orlandi était podesta, lorsqu’un Biiondelmonte de la famille noble dos Buondelmonli, cavalier aimable et beau , promit d’épouser une fille des Amidei (1215). Un jour qu’il se promenait à cheval par la ville, une femme de la maison des Donati, Aldruda, l’appelle, descend aussitôt, suivie de sa fille, l’aborde, et lui fait compliment sur son mariage, en le blâmant d’épouser une Amidei, qui n’était ni belle ni faite pour lui. Elle ajoute : — Je vous avais gardé ma fille ; et, comme la porte était restée ouverte, elle la lui montre ; la fille était d’une beauté rare ; Buondelmonte s’enflamme pour elle, et .sans songer aux Amidei, à la foi jurée, à l’injure qu’il allait faire, ni aux périls où il se jetait : — Puisque vous me l’aviez gardée, dit-il à la mère, je serais un ingrat de la refuser. — Et bientôt il l’épouse. Les Amidei outragés crient vengeance ; les Uberti, leurs parens, partagent leur ressentiment ; ils jugent, avec beaucoup d’autres de leurs parens, qu’une pareille injure ne peut se supporter sans honte, ni se venger que par la mort de Buondelmonte. Quelques-uns opposent le danger d’un parti si violent, Moscha de Lamberti répond : — Qui pense û tant de choses n’en conclut jamais aucune. — Et il ajoute la fameuse sentence qui décida ces luttes : cosa fatta capo ha, ce qui voulait dire qu’il fallait commencer. Le jour de Pâques, les mécontens se réunissent dans la maison des Amidei, à Santo Stefano ; Buondelmonte, galamment vêtu de blanc sur un cheval Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/26

La guerre continua avec les châteaux, et l’empereur, arrivé en Toscane et maître des premiers chefs guelfes, pris avec le château de Capraia, les emmena en Pouille, où, sur la demande des Gibelins, il les fit jeter à la mer, ou bien les priva de la vue, en accordant à quelques-uns la permission de se faire religieux.

Dans ces temps que nous venons de parcourir, Florence est au pouvoir de l’aristocratie : les familles nobles, divisées par trop de prospérité, se séparent en deux partis, guelfe et gibelin, et le peuple qui les suit se partage avec elles ; le gouvernement est simple et les affaires bornées. Saurions-nous comprendre, quand rien ne nous l’indique, comment le peuple va tout à coup s’unir et s’armer contre sa noblesse, la vaincre et la supplanter (1249.) ?


LIVRE DEUXIÈME

Vieux peuple de Florence. — Gouvernement de dix ans des anciens du peuple.


CHAPITRE PREMIER.

PREMIER TRIOMPHE DU PEUPLE SUR LA NOBLESSE ET GOUVERNEMENT POPULAIRE DES ANZIANI.


Les Gibelins vainqueurs, de retour à Florence, opprimèrent le peuple et le chargèrent d’impôts insupportables, tandis que les Guelfes au dehors l’attaquaient sans cesse. Les Uberti elles autres nobles lui prodiguaient l’insolence. Le peuple, jusqu’ici soumis au gouvernement des nobles, mais enfin lassé de leur tyrannie, songe à s’en délivrer. Les hommes de la classe moyenne ou les bons hommes se réunissent en tumulte à l’église de St-Florence (20 oct. 1250) ; n’osant rester là à cause delà force des Uberti, ils se retirent à Sainte-Croix, à l’église des Frères-Mineurs, où ils s’arrêtent quelque temps, armés et agités, sans oser retourner à leurs maisons, dans la crainte des Uberti. Puis, avec la même crainte de la seigneurie, ils s’en vont armés à Saint-Laurent ; là ils nomment, toujours en armes, trente-six caporaux du peuple, ils ôtent la seigneurie au podesta, ils changent toutes les charges, créent un gouvernement nouveau, élisent un capitaine du peuple, messer Uberto de Lucques, et enfin ils nomment douze anziani (anciens) du peuple, deux de chaque quartier, pour gouverner le peuple et conseiller le capitaine[4]. Les anziani étaient pris dans toutes les classes, puisqu’on nous en cite un cordonnier. On donne en même temps au capitaine vingt gonfalons (étendards) du peuple, sous lesquels on enrôle la jeunesse, avec ordre de se réunir chacun sous sa bannière selon qu’elle en serait requise par le capitaine du peuple Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/29 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/30 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/31 victorieuse[5] ; et c’est ainsi que se signalait le gouvernement du peuple.



CHAPITRE II.

MANFRED APPUIE LES GIBELINS. — FARISATA DES UBERTI DIRIGE HABILEMENT SON PARTI, ET DÉCIDE, PAR UN STRATAGÈME, LE GOUVERNEMENT FLORENTIN À LA GUERRE.


(1256) Manfred, fils naturel de Frédéric II et grand homme, succède à son frère Conrad sur le trône de Naples, au préjudice de Conradin, son neveu, et le parti gibelin se trouve de nouveau un appui. Les Pisans, excités par ce prince, rompent la paix avec les Florentins et les Lucquois, et attaquent, sur le territoire de Lucques, le château de Ponte à Serchio, que les Florentins et les Lucquois délivrent par une victoire remportée sur les Pisans, rompus, pris, tués, ou noyés dans le Serchio. Les vainqueurs marchent sur Pise jusqu’à Saint-Jacques, dans le val de Serchio, et là ils font tailler un grand pin et battre sur le tronc le florin d’or en signe de triomphe. Les Pisans leur demandent la paix ; les Florentins l’accordent, ainsi que les Lucquois, mais en exigeant, dans l’intérêt des Lucquois et afin d’avoir le pays de Mutrone libre pour leurs marchandises, que le château de Mutrone, occupé par les Pisans, soit, au gré des vainqueurs, conservé ou détruit. Les Pisans se soumettent, et lesanziani, dans un conseil secret, décident que Mutrone sera détruit, et que le lendemain la décision sera publiée dans le parlement (l’assemblée du peuple). Les Pisans, dans la crainte que les Florentins ne laissassent le château de Mutrone à la garde des Lucquois, avaient envoyé en secret à Florence un secrétaire de la république, avec assez d’argent pour en répandre s’il en Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/33 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/34 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/35 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/36 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/37 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/38 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/39 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/40 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/41


CHAPITRE III.

BATAILLE DE MONT-APERTI.


Le peuple de Florence, décidé à la guerre contre l’avis de la noblesse, cherche des alliés, et en trouve à Lucques, à Bologne, à Pistoïa, À Prato, à San-Miniato, à Volterra, à Saint-Gemignano, à Colle di Val d’ELsa, pays qui formaient alors une ligue guelfe avec la commune de Florence. Comme on était en été au moment de la récolte, ces soldats cultivateurs ne marchèrent pas sans regret ; la fréquence des guerres commençait d’ailleurs à faire détester les armes. À Florence, on avait plus de huit cents cavaliers et cinq cents soldats, qui partent pour combattre au commencement d’août, avec le caroccio et la cloche Martinella. Presque toute la plèbe part avec les enseignes des compagnies ; il n’est pas une seule maison ni une famille qui n’envoie un des siens, à pied ou à cheval, au moins un par maison, quelquefois doux, selon son pouvoir. On trouve plus prudent d’emmener les Gibelins avec les compagnies que de les laisser à Florence durant l’absence de la force publique.

Cependant on annonçait en Toscane, à Florence et à Sienne, des présages horribles pour détourner de la guerre ; en vain les magistrats défendaient d’épouvanter les peuples par ces impostures où régnaient l’ignorance et la crédulité des temps.

Les Florentins dépassent Sienne et s’établissent à cinq milles de celte ville, au levant, à ValdiBiena, sur l’Arbia, lieu abondant on eau, en pâturages, gardé et défendu sur les flancs et derrière par les collines de Mont-Aperli, château escarpé, inconnu, rendu alors illustre par le combat. Les Florentins rejoignent avec les Arétins, en grand nombre, les Perugins et les Orviétains qui les attendaient ; Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/43 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/44 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/45 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/46 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/47 quand même tu me frapperais mille fois sur la tête. — Déjà j’avais ses cheveux roulés dans ma main et je lui en arrachais, tandis qu’il criait (aboyait) en tenant ses yeux baissés, quand un autre cria : — Qu’as-tu, Bocca ? il ne te suffit pas de faire sonner ta mâchoire si tu n’aboyes ? quel diable te touche ? — Oh bien ! dis-je, je ne veux plus que tu parles, méchant traître ; et à ta honte, je porterai de toi de vraies nouvelles.


LIVRE TROISIÈME.

Époque de Dante. — Sa jeunesse. — Organisation des arts majeurs. — Second peuple de Florence. — Magistrature du parti guelfe. — Institution des prieurs. — Organisation des arts mineurs.


CHAPITRE PREMIER.

FABINATA DES UBERTI.


La nouvelle de la défaite de l’Arbia arrive à Florence Les fugitifs s’y jettent, et il s’élève un cri d’hommes et de femmes si grand qu’il allait jusqu’au ciel chaque maison pleure un ou plusieurs des siens tués ou prisonniers. Les Guelfes, nobles et plébéiens revenus de la bataille, et les Guelfes qui étaient à Florence, épouvantés par les exilés qui allaient arriver avec les Allemands, voyant déjà les Gibelins tout puissans, et ne pouvant se fier au bas peuple qui suit le vainqueur, se décident, dans leur grand trouble et sans y être encore forcés, à abandonner la ville le jeudi 18 septembre (1260), où ils sortent de Florence en pleurant, pour se retirer à Lucques. Le résultat de la victoire des partis à Florence était cruel ; le parti vaincu ne perdait pas seulement le pouvoir , mais le sol ; il fallait fuir : le bonheur était fini, les biens arrachés, la résignation impossible ; animés par l’espoir de rentrer au péril de leur vie , les vaincus allaient invoquer les ennemis de Florence ou l’empereur ; les affaires publiques ne se passaient pas au forum ; les villes d’Italie portaient leurs passions et leurs pleurs les unes chez les autres ; les citoyens n’avaient pas obtenu le premier droit du citoyen , qui est d’habiter sa patrie. On vit alors partir les Rossi, Bardi, Mongi, Gerardini, Cavalcanti, Pulci, Buondelmonti, Scali, Spini, Giandonati, Tornaquinci, Tosinghi, Adimari, Pazzi ; les maisons plébéiennes des Canigiani, Machiavelli, Orciolini, Ricuicci, Soderini, et une multitude d’autres maisons nobles et plébéiennes. Plusieurs familles du peuple qui, sous le gouvernement des anziani, avaient commencé à devenir puissantes et célèbres partirent avec les anciennes familles guelfes Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/50 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/51 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/52 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/53 je, ils revinrent de toutes parts et l’une et l’autre fois[6] : mais les vôtres n’ont pas su bien apprendre cet art du retour… — S’ils l’ont mal appris, c’est ce qui me tourmente plus que ce lit. Mais la déesse qui règne ici n’aura pas lui cinquante fois, que tu sauras combien cet art est difficile. El puisses-tu retrouver la douceur du monde ; mais dis-moi pourquoi ce peuple est-il si impitoyable contre les miens dans chacune de ses lois ? — Le massacre, lui répondis-je, le grand carnage qui colora l’Arbia de rouge, a amené ces décisions de nos assemblées. — Après qu’il eut secoué la tête en soupirant : — Je ne fus pas là seul, dit-il, ni certes je n’ai pas agi avec les autres sans motif ; mais je fus le seul , quand chacun consentit de détruire Florence, qui !a défendis à visage découvert. »



CHAPITRE II.

NOUVELLES ESPÉRANCES DES GUELFES. — ORGANISATION DES ARTS MAJEURS.


Le parti gibelin se trouva puissant dans la Toscane. Le comte Guido Novello s’empare de plusieurs châteaux des Lucquois ; mais il échoue devant Fuccechio, où se trouvait la fleur des exilés guelfes et il y reste un mois sans pouvoir s’en emparer. Les Guelfes envoient en Allemagne demander à la mère de Conradin (héritier légitime de Conrad, dont Manfred usurpait les droits), de leur confier son fils ; elle le refusa à cause de son jeune âge ; ainsi nous verrons toujours les partis exilés chercher un secours à l’étranger ; la suprématie des empereurs ouvrait l’Italie aux Allemands, et la jalousie inquiète des papes l’ouvrit à bien d’autres. Les Guelfes font d’inutiles tentatives, et le comte Guido attaque de nouveau les Luquois, les bat Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/55 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/56 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/57 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/58 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/59 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/60 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/61 — Arrêtez, vous qui courez ainsi dans cet air obscur, peut-être aurez-vous de moi ce que vous cherchez. — Mon guide me dit alors : — Attends-le, et marche ensuite selon son pas. — Je m’arrêtai, et j’en vis deux qui montraient par leur visage un grand empressement d’être avec moi ; mais ils étaient retardés par leur charge et par le chemin étroit. Quand ils nous eurent joints, ils me contemplèrent d’un regard louche et sans parler, puis ils se tournèrent l’un vers l’autre, disant : — Celui-ci semble vivant à sa respiration, et si tous deux sont morts, par quel privilège marchent-ils sans la pesante robe ? — Puis ils me dirent : — Ô Toscan, qui es venu au cercle des coupables hypocrites, ne dédaigne pas de dire qui tu es. — Je suis né et j’ai grandi, leur répondis-je, sur le beau fleuve de l’Arno, dans la grande ville, et j’ai le même corps que j’ai toujours eu. Mais vous, qui êtes- vous, qui montrez tant de douleur sur votre visage, et qui avez à peine de la voix pour parler ? — L’un me répondit : — Nos robes sont d’un si lourd plomb que leur poids nous fait trébucher. Nous fûmes frères-joyeux et Bolonais, nommés, moi Catalano, et celui-ci Loderingo, élus podesla par ta ville, comme elle a coutume decboisir deshommes étrangers aux partis, et on voit encore près du Guardingo ce que nous fûmes. »



CHAPITRE III.

RÉTABLISSEMENT DU GOUVERNEMENT POPULAIRE. — DOUZE BONS-HOMMES ET CONSEILS. — MAGISTRATURE DU PARTI GUELFE.


Les Florentins délivrés réforment la terre, et pour s’assurer mieux contre le comte Guido Novello, ils envoient chercher à Orvieto des troupes, un podesta et un capitaine ; on leur envoie cent cavaliers, un podesta (Ormanno Monaldeschi) et un capitaine du peuple. Les Guelfes sont rappelés ; leur paix conclue avec les Gibelins est célébrée par plusieurs mariages : un des Adimari fait épouser Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/63 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/64 Florence et mis dans la tour du palais. Plusieurs terres de la Toscane revinrent alors au parti guelfe et chassèrent les Gibelins. Lucques, Pistoïa, Volterre, Prato, San-Giminiano. Colle, firent une ligue avec Florence. Pise et Sienne restèrent seules du parti gibelin. Il en fut de même en Lombardie. Ainsi, en peu de temps, ces deux provinces changèrent de face.

Le roi Charles, nommé par le pape, vicaire impérial en Toscane, arrive alors à Florence suivi de ses barons ; il est reçu comme seigneur et le caroccio mené à sa rencontre. Les Français apportaient un grand luxe dans.-les villes d’Italie, émerveillées de leur magnificence et de leurs façons monarchiques. Charles, durant huit jours qu’il passa à Florence, avant d’aller continuer les lents succès et la lente guerre des châteaux[7], arma plusieurs chevaliers, mais ce qu’il faut rapporter avec le plus de soin, c’est sa visite à Cimabue. Cimabue faisait renaître les beaux arts dans sa république de marchands, il finissait alors pour l’église de Sainte-Marie-Nouvelle une Vierge dont la beauté parut si admirable aux Florentins, que ce noble peuple trouva charmant de conduire le roi voir celle Vierge à l’atelier de Cimabue, au fond d’un jardin dans la solitude. Tout le monde courut dès ce moment la visiter avec tant de joie que l’endroit en prit le nom de Borgo allegri. La Vierge fut portée à Sainte-Marie-Nouvelle avec une procession et des trompettes, et Cimabue, dans ce pays du beau, se vit récompensé par la gloire et une somme considérable[8].



CHAPITRE IV.

NAISSANCE DE DANTE. — SÉJOUR DU PAPE GRÉGOIRE X. — MAGISTRATURE DE DEUX MOIS CRÉÉE PAR LE CARDINAL LATINO.

Deux ans avant le rétablissement de la liberté, dans l’année 1365, cinq ans après la bataille de l’Arbia, un grand Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/66 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/67 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/68 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/69 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/70 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/71


CHAPITRE V.

INSTITUTION DES PRIEURS À LA PLACE DES BONS-HOMMES. — SECOND PEUPLE DE FLORENCE.


Les événemens de la Sicile, l’arrivée en Toscane d’un vicaire de l’empire, les guerres de la Romagne, firent voir avec déplaisir aux Florentins des Gibelins diriger l’état avec les Guelfes (1282). Les quatorze bons-hommes institués par le cardinal Latino, dont six étaient Gibelins et huit Guelfes, s’accordaient mal entre eux à cause de leur nombre et de leurs partis divers. Pour le salut de l’Ëlat on détruit donc le gouvernement des quatorze. On crée une nouvelle seigneurie, de deux mois aussi ; et le peuple florentin, entraîné toujours plus rapidement vers une démocratie complète, la compose uniquement de trois Prieurs des arts, nommés ainsi sur ce que Jésus-Christ dit à ses disciples : vos estis priores.

C’était un changement tout plébéien, puisque les chefs s’appelaient Prieurs des arts majeurs, c’est-à-dire du commerce et de la plèbe. Aussi ce changement fut commencé par les consuls et le conseil de l’art de la laine, logé à Calimala, où se trouvaient les pliis sages et les piiissans citoyens, les premiers entre les nobles et les plébéiens, adonnés tous au commerce et dévoués au parti guelfe et à l’Église. Les trois premiers Prieurs des arts furent le noble Bartolo de Bardi, (fils d’un chevalier) pour l’art du drap étranger de Calimala, Rosso Bacherelli pour l’art de changeurs, et Salvi del Chiari Girolami, pour l’art de la laine, chacun choisi d’un différent quartier de la ville. Ils commencèrent en juin leur charge pour deux mois jusqu’en août, où les Prieurs devaient être renouvelés. Établis et nourris aux frais de la commune, dans l’abbaye de Florence (où s’assemblaient les anziani au temps du vieux peuple de Florence, et ensuite les quatorze) ; on leur donna six sergens et six messagers pour convoquer les citoyens. Les Prieurs ainsi Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/73 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/74 tête ; car pourquoi traiter le gouvernement avec moins de précautions que la guerre ? Florence a joué en Italie le rôle d’Athènes en Grèce, avec la différence hélas ! des modernes aux anciens. La plèbe à Athènes ne fut pas d’ailleurs organisée si fortement ; elle avait des esclaves et pas de commerce ; les grands hommes purent la séduire et l’entraîner ; le parti du commerce, les bonshommes à Florence s’opposèrent longtemps à l’ambition publique, mais enfin, comme à Athènes, l’absence même d’un pouvoir d’en-haut précipita la plèbe sous un chef.

Mais bien que Florence opprimât son aristocratie, elle en subit pourtant en beaucoup de choses l’influence, et un peuple vainqueur de son aristocratie n’est pas un peuple sans aristocratie. Les anciens palais des nobles servirent de modèles aux marchands ; des armoiries ornèrent les gonfalons du peuple^ une élégance se montra qui n’était pas plébéienne, et si le pouvoir d’en-haut manqua dans la politique, bien des manières et des idées aristocratiques restèrent. Nous remarquerons donc jusqu’ici cinq traits qui caractérisent Florence.

Une démocratie armée et forte.

Pas de sénat ni de corps politique à vie qui fasse une science de la politique, mais pas de suffrages et l’élection dans les mains des magistrats.

Une plèbe supérieure à sa noblesse.

Le commerce dominant le caractère du peuple et entraînant dans les boutiques la noblesse elle-même.

Une noblesse vaincue mais influente, et qui donne une couleur brillante à la démocratie.

Rome et son empire victorieux encore pour tenir Florence à des idées d’humilité et de sujétion.



CHAPITRE VI.

LE COMTE UGOLIN.


Florence n’avait jamais été si prospère ; les guelfes et les marchands la gouvernaient en paix : la ville avait Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/76 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/77 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/78 par besoin de manger, se levèrent tout-à-coup et dirent : « Père, ce sera beaucoup moins douloureux si tu manges de nous, tu nous as donné cette misérable chair, dépouille-là. » Je me calmai alors pour ne pas les rendre plus tristes. Ce jour et l’autre, nous restâmes tous muets. Ah ! dure terre, pourquoi ne t’ouvris-tu pas ? Après que nous fûmes arrivés au quatrième jour, Gaddo se jeta étendu à mes pieds, disant : » Mon père, est-ce que lu ne m’aides pas ? Là il mourut, et comme tu me vois, je vis tomber les trois autres un à un entre le cinquième jour et le sixième, où je me mis déjà aveugle à tâtonner sur chacun ; deux jours je les appelai après qu’ils furent morts, ensuite la faim fit ce que n’avait pu faire la douleur. Quand il eut dit ces mots, il reprit, les yeux tournés, le misérable crâne avec des dents qui allèrent à l’os, fortes comme celles d’un chien. Ah ! Pise, honte des peuples du beau pays où l’on accentue le oui, puisque les voisins sont lents à le punir, que la Capraria et la Gorgona viennent arrêter l’Arno à son embouchure pour qu’il t’anéantisse tout entière ! Si le comte Ugolin passait pour t’avoir trahie en livrant tes châteaux, tu ne devais pas attacher ses enfans à une telle croix, leur âge nouveau les faisait innocens, nouvelle Thèbes, Uguccione, Brigala et les deux autres que ce chant a nommés. »



CHAPITRE VII.

BATAILLE DE CAMPADINO.


Une guerre avait commencé entre Florence et Arezzo, (1287) L’année précédente l’Église était vacante, le parti gibelin prit de la hardiesse. Les Gibelins d’Arezzo, relevant la tête, chassèrent les Guelfes dont les Floreutins embrassaient partout la cause. Le roi des Romains, Rodolphe, avec quelques troupes, se chargea du commandement des Gibelins. Bientôt toute la Toscane prit part à la querelle. L’évêque d’Arezzo était suivi des Gibelins Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/80 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/81 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/82 de courage ou d’habileté, mais à cause du nombre supérieur des vainqueurs. Les soldats florentins, habitués aux combats, en tuent en grand nombre ; les villageois sont frappés sans pitié. Plusieurs plébéiens de Florence à cheval tiennent ferme ; plusieurs ne sont informés de rien que quand les ennemis s’enfuient. On se contenta de la victoire sans les poursuivre[9]. Les Arétins perdirent dix-sept cents hommes, outre la cavalerie et l’infanterie ; on leur fit plus de deux mille prisonniers, dont on en laissa beaucoup s’enfuir ou par amitié ou pour de l’argent. L’évêque d’Arezzo, grand guerrier, resta parmi les morts, ainsi que Guielmino di Pazzi di Val d’Arno et ses neveux ; il était le meilleur capitaine de guerre qui lut en Italie de son temps ; plusieurs autres exilés de Florence et plusieurs autres capitaines furent aussi tués. Les Florentins ne perdirent que trois hommes entre les chevaliers, mais beaucoup de citoyens et d’étrangers furent blessés.

On raconte que, le jour de la bataille, les Prieurs fatigués s’étaient endormis après vêpres, lorsqu’ils entendirent pousser la porte de leur chambre, et qu’une voix leur dit : « Levez-vous, les Arétins sont battus. » Les Prieurs se lèvent, ouvrent la porte de la chambre et ne voient personne. Ainsi on pensa qu’un miracle avait signalé cette victoire remportée sur le parti gibelin. Quand la nouvelle certaine en arriva à Florence, on la célébra par des fêtes et des réjouissances[10]. Cette bataille de Campaldino est la dernière grande bataille livrée par les troupes citoyennes de Florence. Les cavaliers allemands avaient déjà intimidé les Plébéiens. On avait reconnu la supériorité des troupes exercées ; si la cavalerie de Florence et celle d’Arezzo combattirent ici avec valeur, on n’en commençait pas moins à former de petits corps de troupes exercées qui allaient bientôt s’augmenter. Dans les plaines de Lombardie des chefs d’armée s’étaient déjà faits seigneurs. Les collines de la Toscane furent moins favorables à la Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/84


CHAPITRE VIII.

JEUNESSE DE DANTE.


Dante s’était battu à cheval en avant, à la bataille de Campaldino, contre les Gibelins d’Arezzo ; il avait couru des dangers et s’était conduit avec valeur ; parlant de Campaldino dans une de ses lettres ; « J’étais hors de l’enfance lorsque j’y combattis, dit-il, les divers événemens de cette bataille me remplirent de crainte, mais son succès me combla de joie. »

L’année d’après il suivit ses concitoyens au secours des Lucquois contre les Pisans, quand les Florentins se rendirent maîtres du château de Caprona.

Son éducation avait été dirigée par Brunetto Latini, l’homme le plus savant de ce temps, mais un profond chagrin d’amour l’avait longtemps arraché à tout autre intérêt. Brunetto Latini, qui lui enseigna les belles-lettres et la philosophie, est l’auteur du Tesoro, livre célèbre qui contient tout ce qu’on savait alors en politique, en histoire, en histoire naturelle : sorte d’encyclopédie rapide où sont exposées avec ordre la science et les erreurs du quatorzième siècle ; œuvre d’un grand esprit, encore curieuse à lire, écrite en français, parce que la langue française, dit l’auteur, est plus agréable et plus commune que toutes les autres. C’est Brunetto Latini que Dante rencontré dans l’Enfer. « Je garde toujours dans ma mémoire, lui dit-il après que celui-ci lui a prédit sa gloire, et à présent avec plus de regret, une image de vous, chère et paternelle, du temps où vous m’enseigniez comment l’homme s’immortalise ; et je veux publier, pendant que je vis, combien je suis reconnaissant. »

Si Dante devait mettre à profit les leçons d’un tel maître, sa force se montra d’abord par sa sensibilité ; il Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/86 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/87 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/88 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/89 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/90 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/91 chagrins d’amour par une nouvelle épouse ; ils ne connaissent pas la nature de l’amour, ni combien toute autre passion ajoute à celle-là. Lui, d’ailleurs, habitué à veiller dans les saintes études, à s’entretenir avec les empereurs, les rois, les philosophes, les poètes ; lui, accoutumé à la solitude, cherchant quel esprit meut le ciel, d’où vient la vie aux animaux de la terre, quelle est la raison des choses, désirant par quelque œuvre se rendre immortel ; lui, libre jusqu’alors dans sa joie, dans ses larmes, dans ses chants, dans ses soupirs, il lui fallut rendre compte de ses moindres émotions, écouter les propos des femmes, vivre dans une société importune !

Nous allons voir Dante paraître bientôt dans les crises politiques de son pays et retrouver des occupations dignes de lui.


FIN DU LIVRE III.


LIVRE QUATRIÈME

Suite de l’époque de Dante. — Ordre de la justice contre les grands. — Factions des blancs et des noirs. — Dante, seigneur de Florence. — Son exil, son poème et sa mort.


CHAPITRE PREMIER.

GIANO DELLA BELLA. — ORDRE DE LA JUSTICE CONTRE LES GRANDS.


Nous avons vu, au xiie siècle, la prospérité de Florence amener des luttes civiles, l’énergie croissante des citoyens se tourner contre eux-mêmes et troubler l’État. (1292) À présent encore, nous allons voir des forces, sans essor, éclater à l’intérieur de la république, comme si les états florissans étaient faits pour conquérir, porter aux autres hommes leurs connaissances et leurs avantages, et non pas pour en jouir en repos.

Les citoyens étaient devenus envieux et orgueilleux ; des homicides et des outrages avaient été commis ; on se provoquait, on s’attaquait. Les grands surtout avaient maltraité les faibles et les plébéiens. À la campagne comme à la ville, ils employaient la force et la violence contre les personnes et les biens. En même temps divisés entre eux, leurs brigues et leurs discordes étaient les plus grandes qu’on eût vues depuis le retour des Guelfes à Florence : guerre entre les Adimari et les Tosinghi, entre les Rossi et les Tornaquinci, entre les Bardi et les Mozzi, entre les Gerardini et les Manieri, les Cavalcanti et les Buondelmonti, chez les Frescobaldi entre eux, chez les Donati entre eux, et chez bien d’autres encore. Ainsi, tandis que les grands opprimaient le peuple, ils lui offraient, par leurs divisions, une victoire facile si on voulait la chercher. Le peuple le comprit, songea à s’affranchir, à se montrer guelfe, à affermir ses institutions libérales. Des artisans et des marchands de Florence, qui aimaient à vivre tranquilles, voulurent remédier à cette peste ; le plus habile et le plus hardi entre eux était un antique, vaillant et noble plébéien, le plus puissant que Florence eût encore eu, homme riche et influent appelé Giano della Bella.

Arrêtons-nous un moment. Nous avons vu toujours le peuple florentin, inquiet, surveiller la noblesse. La ville industrieuse, riche par son commerce, peuplée d’un grand nombre de marchands et d’ouvriers, avait favorisé des opinions et des intérêts rivaux de l’aristocratie. L’aristocratie même, séduite par les richesses, rapprochée du peuple par la simplicité des mœurs, ruinée souvent par l’exile et la confiscation, s’était mise aussi à négocier : l’art de la laine fut regardé comme une profession noble, et nous avons déjà nommé quelques maisons anciennes adonnées au commerce. D’un autre côté, les commerçans enrichis devenaient insolens. Ainsi, en même temps que la ville était toujours plus commerçante, la richesse et la naissance restaient toujours de si grands avantages, que malgré la jalousie, le courage et les fréquens triomphes du peuple, les grands reprenaient toujours l’autorité. Nous avons raconté’ d’abord le gouvernement des Anziani sans trouver dans les auteurs contemporains comment le peuple fut déjà assez fort pour s’organiser. Après la chute de ce gouvernement glorieux de dix ans, vaincu aux vallées de l’Abia où fut détruit ce qu’on appelait le vieux peuple de Florence, nous avons vu les Gibelins maîtres du gouvernement, mais prêts à être renversés, organiser eux-mêmes les arts majeurs pour plaire aux Guelfes ; puis les Guelfes vainqueurs étendre le pouvoir des arts majeurs, et créer les Prieurs des arts, seigneurie de marchands. Alors tout était guelfe, et tout semblait démocratique ; mais alors, comme toujours, les riches retrouvaient promptement l’influence. Giano della Bella et les autres plébéiens, suivant la marche commencée, vont renforcer ce qui a été fait ; ils affermiront les arts, et, chose étrange, inouïe, particulière à Florence, ils excluront les nobles du gouvernement ! La longue lutte du peuple et de l’aristocratie romaine tendit à égaler la condition des deux ordres ; le peuple romain, sous la résistance modérée du Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/95 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/96 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/97 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/98 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/99 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/100 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/101 pour notre ville, dit Villani, et surtout pour le peuple, car c’était l’homme le plus loyal et le plébéien le plus droit de Florence, ami du bien public, et ne reprenant pas ce qu’il mettait en commun. Il était présomptueux, il voulait accomplir ses vengeances, et en fit une contre les Abatti, ses voisins, avec le bras de la commune, et peut-être ce fut par ses péchés qu’il se trouva puni innocent par les lois mêmes qu’il avait faites[11]. »

Sa chute amena de grands changemens ; les artisans et le bas peuple se trouvèrent éloignés pour longtemps du pouvoir, qui resta aux arts majeurs et aux riches plébéiens.



CHAPITRE II.

DONATI ET CERCHI.

Après le départ de Giano della Bella, les citoyens accusent ses amis qui sont condamnés, les uns à cinq cents livres, les autres à mille ; quelques-uns contumaces ; la ville agitée se divise entre ceux qui le louent et ceux qui le blâment ; on passe ses actions en revue ; ses ennemis entrent en charge. Le grand boucher, appelé Pecora, homme fourbe, pervers, flatteur, corrompait le bas peuple, formait des intrigues, faisait croire aux seigneurs qu’ils étaient élus par son influence ; il trompait les autres en leur promettant des charges ; hardi, effronté, bavard, il nommait ouvertement ceux qui avaient conjuré contre Giano ; avec peu de suite, et plus cruel que juste, nourrissant des haines sans motif, il parlait souvent dans les conseils, disait que c’était lui qui avait renversé la tyrannie de Giano, et que bien souvent il avait été, durant la nuit, avec une faible lanterne, exciter les conjurés et se Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/103 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/104 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/105 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/106 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/107 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/108

CHAPITRE III.

BLANCS ET NOIRS. — ARRIVÉE DE CHARLES DE VALOIS. — EXIL DES BLANCS.


« Levez-vous ! ô méchans citoyens ! auteurs de tous les scandales, prenez dans vos mains le fer et le feu, et déployez votre perversité ; montrez votre iniquité et vos coupables desseins ; ne tardez plus ; allez, mettez en ruines les beautés de votre ville, répandez le sang de vos frères, dépouillez-vous de la foi et de l’amour ; refusez-vous les uns aux autres aide et service ; semez vos mensonges qui rempliront les greniers de vos fils ; faites comme Sylla dans la ville de Rome ; tous les maux qu’il fit en dix ans, Marius les vengea en peu de jours. Croyez-vous que la justice de Dieu viendra moins ? celle du monde pourtant rend un pour un. Regardez si vos anciens tirèrent profit de leurs discordes. Troquez les honneurs qu’ils acquirent. Ne tardez pas, malheureux ! on perd plus dans un seul jour de guerre qu’on ne gagne par plusieurs années de paix, et l’étincelle est petite qui mène un grand État à sa destruction. »

C’est ainsi que Dino Compagni commence le second livre de sa Chronique, où il va conter comment Charles de Valois fut envoyé par le pape pour rétablir la paix à Florence. Ce prince, frère de Philippe-le-Bel, était venu en Italie pour secourir le roi Charles dans sa guerre de Sicile, et avec l’espoir que lui donnait le pape d’être élu empereur. Les paroles faussement rapportées font plus de mal à Florence que les pointes de fer : on avait tant répété à Boniface VIII que les blancs rendraient Florence aux Gibelins ; les marchands florentins du pontife formaient tant d’intrigues autour de lui, qu’à l’arrivée de Charles de Valois, il pria ce prince de se rendre à Florence. Charles avait reçu à Bologne, dans sa roule, les ambassadeurs florentins des deux partis ; les noirs se vantaient d’être Guelfes et amis Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/110 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/111 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/112 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/113 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/114 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/115 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/116 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/117 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/118 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/119 fois, en ces temps, as-tu changé de lois, de monnaies, de magistratures, de mœurs, et renouvelé tes membres ! Si tu t’en souviens, si tu vois clair, tu verras que tu ressembles à un malade qui, sans repos sur sa couche, change de place pour combattre sa douleur. »



CHAPITRE IV.

DANTE DEVENU GIBELIN.


C’est dans l’exil que Dante confondit sa cause avec celle des Gibelins ; les blancs reprochaient aux noirs de les appeler Gibelins quand ils étaient Guelfes, et ils ne devinrent Gibelins que par les revers. Pouvait-on appeler Gibelins les Adimari, les Tosinghi, et tant d’autres qui avaient si bien servi le parti guelfe, et Dante d’une famille guelfe ? Les vrais Gibelins c’était les Uberti, rebelles à leur pati ie depuis quarante ans, sans trouver merci ni miséricorde, sans abaisser leur rang, héros à la tête de toutes les entreprises contre les Guelfes, compagnons des rois et des seigneurs, et voués toujours aux grandes choses. C’est Tolosato Uberti qui commanda alors les blancs, réfugiés à Bologne, alliés avec Arezzo et Pise, et c’est lui qui vint aussitôt rapporter la guerre eu Toscane.

Dante, qui était à Rome lors de son exil, avait été envoyé près du pape Boniface VIII pour le détourner d’envoyer Charles de Valois à Florence, ou pour promettre l’union des citoyens.

Quand la république songea d’abord à envoyer Dante à Rome, il fît cette réponse hautaine : S’io va chista ; s’io s’to chi va ? Si je vais, qui reste ; si je reste, qui va ? Boccace nous apprend combien était grande son influence dans sa patrie : livré tout entier aux affaires, il était consulté sur chaque question, et ne songeait qu’à rétablir l’union entre ses concitoyens. Exilé et ruiné, Dante laissa à Florence, dans la misère, sa femme et sa jeune famille : sa femme élait de la maison Donali, du parti des vainqueurs ; elle vivait, avec ses jeunes enfans, d’une partie de sa dot, échappée à la fureur du peuple, en s’aidant aussi dans sa pauvreté du travail de ses mains. Oh ! combien, s’écrie Boccace, il eut à mépriser d’honorables souffrances plus cruelles que la mort ! Dante se rendit de Rome à Sienne, où étaient les exilés, avec l’espoir d’obtenir son rappel ; et, quand bientôt les exilés vont s’organiser, il sera un des douze conseillers qui les dirigeront.



CHAPITRE V.

INCENDIE DE FLORENCE. — MORT DE CORSO DONATI.


Deux partis étaient si bien dans les habitudes et les passions de la république, que voici Corso Donati, inquiet du pouvoir de quelques noirs, qui se lie avec les blaucs et les grands. Il attache Lothieri della Torsa, évêque de Florence, à son nouveau parti, qu’on appelle leporti de l’évêque[12]. La ville arme ses tours et forteresses comme durant les vieilles batailles civiles, et nous croyons assister aux combats des Buondelmonti et des Uberti. (février 1303) Le péril eût été grand si les Lucquois, appelés par la commune, ne fussent revenus à Florence avec une grande suite de peuple et de cavaliers[13]. On leur remet une autorité ou balia générale ; durant seize jours ils dominent, quelques Florentins s’en offensent et s’irritent, ce qui amène des querelles, mais la paix est rétablie, et l’on nomme de nouveaux Prieurs[14]. Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/122 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/123 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/124 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/125 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/126 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/127 mais il exhorte ses amis, loue et excite les combattans ; contre une troupe si nombreuse, il avait peu de monde, car le péril avait été imprévu. On oppose barricades à barricades ; on s’attaque avec l’arbalète, la lance, les pierres et le feu. On combattit une grande partie du jour ; enfin Corso Donati voyant que son parti restait immobile au lieu de se montrer pour l’aider, qu’il n’avait nul secours à attendre, fit rompre la barricade ; ses amis s’enfuirent dans les maisons et se mêlèrent aux citoyens. Beaucoup de combattans déployèrent une grande bravoure. Une troupe de seigneurs poursuivit Gberardo Bordoni, le renversa de sou cheval, le tua, et un jeune Adimari lui coupa la main (ce qui fut beaucoup blâmé), l’emporta à sa maison, et l’attacha à la porte d’un autre Adimari. Corso Donati s’enfuyant seul, est joint à la ville Rovezzano ; on le reconnaît, on le saisit pour le ramener à Florence ; il offre de l’argent pour s’échapper, tâche par son éloquence de se faire rendre la liberté, mais ne pouvant y parvenir, et ramené déjà vers l’abbaye de San-Salvi, où il avait fait beaucoup de mal, perdu des pieds et des mains par la goutte, il se laissa tomber de cheval ; un des hommes armés le voyant à terre, lui donne de sa lance un coup mortel dans la gorge, et le laisse pour mort. Les moines de San-Salvi le portèrent à leur monastère (10 septembre 1307) ; les uns disent vivant encore et pénitent ; les autres déjà mort ; et par crainte de la commune, on l’enterra aussitôt sans pompe, dans l’abbaye.



CHAPITRE VI.

HENRI VII. — ESPOIR DE DANTE ET SA LETTRE À CE PRINCE.


Il est un hommage que les hommes, rois ou citoyens, rendent aux grands hommes, qui est de les prendre pour modèles, d’en adopter le ihuu. Robert, roi de Naples, qui [15] Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/129 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/130 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/131 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/132 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/133 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/134 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/135 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/136 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/137 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/138 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/139 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/140 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/141 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/142 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/143 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/144 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/145


CHAPITRE VII.

DANTE ET LA DIVINE COMÉDIE. — LETTRES ET BEAUX-ARTS EN ITALIE.


La vieille histoire dit : « Dans l’année 1321, au 27 de juin, le soleil s’obscurcit pour une heure ; dans la même année mourut Philippe, roi de France[16]. » Nous, nous disons : Dans la même année mourut Danle Alighieri.

Dante meurt après avoir chanté son époque et célébré les hommes de son temps. Nous l’avons suivi pour raconter l’histoire, soit à la bataille de Campaldino, où il fit ses premières armes ; soit lors du gouvernement des blancs, où il fut seigneur : soit lorsque nous avons montré ces Florentins agrandis par son génie et ces affections civiles qu’il comprit passionnément. Mais ce fut en vain que Dante eut les vertus de la guerre et du gouvernement ; il traîna dans la proscription la plus importante partie de sa vie. Il nous a dit combien l’exil lui avait été amer ; on sait trop ces tristes paroles que lui adresse son trisaïeul qu’il rencontre au paradis

« De même qu’Hippolyte, victime de sa perfide belle-mère, quitta Athènes, de même il faut que tu quittes Florence. Il le faut, déjà on y travaille, et bientôt on y réussira, là où tous les jours on trafique du Christ. On mettra le tort sur le parti opprimé, comme il est d’usage, mais la vengeance fera témoignage de la vérité. Tu quitteras ce que tu as chéri le plus, et c’est la première flèche que lance l’arc de l’exil. Tu éprouveras combien le pain des autres est amer, et combien il est dur de monter et de descendre l’escalier d’autrui. Et ce qui te sera le plus pesant, sera la compagnie méchante et sotte avec laquelle tu tomberas dans cette vallée ; cette compagnie ingrate, folle et impie, se mettra contre toi ; mais bientôt elle, et non pas toi, aura à rougir ; Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/147 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/148 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/149 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/150 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/151 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/152 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/153 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/154 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/155 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/156 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/157 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/158 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/159 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/160 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/161 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/162 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/163 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/164 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/165 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/166 sans bornes. Nous l’avons suivie dans ses discordes civiles, dans ses travaux politiques, saluons ici les beaux-arts et la poésie ; saluons Dante vers lequel cette histoire et les sympathies de l’Italie se retourneront tant de fois !

LIVRE CINQUIÈME

Castruccio. — Le duc d’Athènes. — Pétrarque et Boccace.


CHAPITRE PREMIER.

CASTRUCCIO.


Nous jeterons un coup-d’œil rapide sur les guerres de Castruccio avec Florence ; ce chef gibelin fut un de ces citoyens ambitieux que tant de villes d’Italie voyaient alors parvenir à la tyrannie ; il avait l’habileté, l’audace, la promptitude ; grand, bien fait, adroit, maigre, pâle, avec les cheveux plats et blonds, d’un visage gracieux, il étendit loin son pouvoir, ses intrigues ; lors de sa première jeunesse, en péril un jour dans une petite barque sur le Serchio, il laissa voir sa peur, et comme ceux qui étaient avec lui la lui reprochèrent quand on eut atteint le rivage, il répondit : — Chacun sait la valeur de sa vie. — Devenu chef de Lucques, non seulement il s’empara de l’autorité en Toscane, mais il s’allia aux Visconti, prit de l’influence sur l’empereur Louis de Bavière, et renforça tout le parti gibelin. Avait-il comme les Visconti l’espoir d’élever sa maison ? Avec sa petite souveraineté de Lucques et sa fortune passagère, pouvait-il espérer de fonder la fortune de ses fils, ou plutôt, poussé par son énergie dans cette forte carrière où s’élançaient tous les grands hommes de l’Italie, n’avait-il d’autre but que d’exercer ses talens ? Un principe à la fois vital et corrupteur développait et altérait le génie en Italie la liberté avait éveillé une fois les forces, mais cette liberté sans règle leur avait depuis permis de s’égarer ; on sentait son énergie, on voulait la montrer ; sortant des voies légitimes, mal tracées, on laissait l’ambition choisir les moyens : ce fleuve du midi, rapide et puissant roula chargé de limon, sans un lit où purifier et reposer ses eaux. Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/169 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/170 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/171 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/172 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/173 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/174 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/175 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/176 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/177 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/178 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/179 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/180 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/181 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/182 pour des affaires de famille (1330) ; Brescia agitée lui offre la seigneurie, Bergame agitée fait de même ; les Florentins assiégeaient alors Lucques, mise en vente par les Allemands ; Lucques se donne à Jean de Bohême dont les troupes viennent ravager le territoire florentin ; Parme, Modène, Reggio passent au roi Jean ; Florence maîtresse de Pistoïa qui lui remit la seigneurie pour deux ans, s’effraie du pouvoir croissant de Jean, et alors on vit une chose extraordinaire : Florence et le roi Robert s’allièrent aux seigneurs gibelins de la Lombardie (1332) pour aller combattre le roi, qui S’alliait lui-même avec le légat Bertrand de Poët et le pape Jean XXII ; ainsi le parti guelfe se divisa en deux, engagé dans d’étranges alliances ; vainement le légat au nom du pape poussa Florence à quitter la ligue ; la république résista et la ruine de Jean de Bohême, bientôt supplanté par Mastino della Scala, chef gibelin, rendit seule l’Italie à ses anciennes alliances[17].



CHAPITRE II.

DÉLUGE ET COMBAT.


(Nov. 1333.) Le jour de la Toussaint il commence à pleuvoir à Florence, dans le pays d’alentour, dans les Alpes, avec tonnerre, éclairs, violence croissante, comme si les cataractes du ciel étant ouvertes. La frayeur du peuple augmente avec la pluie ; les cloches des églises sont mises en branle, et pour en imiter le bruit, on frappe dans chaque maison sur les instrumens de fer qu’on peut trouver en criant à Dieu pour les gens en péril : miséricorde ! miséricorde ; ceux-ci fuient de maison en maison, de toit en toit, et jettent des ponts d’une maison à l’autre avec un Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/184 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/185


CHAPITRE III.

FINANCES DE FLORENCE.


Si Florence fut punie par ce déluge de son alliance avec la ligue lombarde, comme le prétendit le légat à Bologne ; elle fut punie aussi par la ligue même qui s’empara des villes et ne lui donna pas Lucques, objet de ses vœux.

Mastino della Scala s’en rendit maître, et ainsi que Venise. se fit la part du lion. Florence, trahie, imagina de s’allier contre lui avec Venise, mécontente aussi délia Scala. Celte alliance, entre deux villes si différentes, fut beaucoup remarquée ; Florence s’empara d’Arezzo, alliée de Mastino, mais les Vénitiens firent avec Mastino un traité séparé, et Florence se trouva encore maltraitée. Nous passons rapidement sur ces faits sans grande importance pour donner ici un état des finances et des dépenses de Florence, état curieux et amusant qui fera mieux apprécier la situation de celle république que ce que nous pourrions en conter.

La guerre de Mastino coûta plus de vingt-cinq mille florins d’or par mois (le florin d’or valait trois livres et deux sous) donnés à Venise sans compter les autres dépenses de la commune qui, outre les soldats en Lombardie, avait plus de mil le cavaliers à sa solde et des troupes à la garde de ses terres et de ses châteaux. Nous donnerons la recette et la dépense des années 1336 à 1338 que dura la guerre de Mastino[18].

La commune de Florence dominait alors Alezzo et son territoire, Pisloïa, Colle di Valdelsa, et dans chacune de ces terres elle avait fait bâtir un château ; elle en tenait dix-huit dans le territoire de Lucques, et quarante-six sur son propre territoire sans compter ceux des citoyens el les villes sans murs. Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/187 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/188 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/189 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/190 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/191 avait la justice et le droit de torturer : le podesta ; le capitaine, défenseur du peuple et des arts ; l’exécuteur des ordres de la justice ; le capitaine de la garde ou conservateur du peuple, qui avait plus d’autorité que les autres, ces quatre seigneuries avaient droit de punir personnellement. — Il y avait un juge de l’appel. — Juge des gabelles. — Un officier pour la parure des femmes. — Un pour les marchandises. — Un pour l’art de la laine. — Des officiers ecclésiastiques. — La cour de l’évêque de Florence. — La cour de l’évéque de Fiésole. — L’inquisiteur de l’hérésie. — Et d’autres dignités.

Florence était ornée de beaucoup de belles maisons dont le nombre s’augmentait toujours avec les améliorations qu’on apportait du dehors. Les églises et les monastères étaient magnifiques, et il n’était pas un citoyen plébéien ou grand qui n’élevât à la campagne une grande possession avec une riche habitation, des édifices beaucoup plus beaux que dans la ville ; ils portaient si loin leurs dépenses qu’on les tenait pour fous. El Florence était si magnifique, que les étrangers croyaient, en voyant des édifices et des palais à plus de trois milles à la ronde, qu’ils faisaient tous partie de la ville comme à Rome, sans compter les riches palais, les tours, les cours, les jardins murés, plus éloignés delà ville, que dans d’autres pays on aurait appelés châteaux ; de nobles et riches habitations s’étendaient enfin jusqu’à six milles de la ville en si grand nombre, que deux Florence n’en auraient jamais pu avoir autant.



CHAPITRE IV.

LE DUC D’ATHÈNES.


Les luttes sans cesse renaissantes de la république amenaient toujours de mêmes événemens : comme les Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/193 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/194 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/195 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/196 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/197 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/198 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/199 son travail. Admirons sans cesse cette plèbe florentine qui veut la liberté, combat pour elle, se maintient forte, et qui sait rentrer dans l’ordre dès que son but est atteint.

Cette révolution pourtant laissa après elle une vive agitation ; nous suivrons la crise jusqu’au bout en racontant les événemens qui furent la conséquence d’un si violent mouvement.



CHAPITRE V.

ABAISSEMENT COMPLET DE LA NOBLESSE.


Aussitôt que le tyran est renversé (1343), les grands, principaux chefs du soulèvement, réclament une part dans le priorat et dans les autres charges. Plusieurs riches plébéiens, possesseurs ordinaires du gouvernement, mais qui avaient avec ceux-ci de nombreuses alliances, les appuyaient ; les artisans et le bas peuple consentaient à leur faire part des charges, excepté celle du priorat et des gonfaloniers des compagnies du peuple : c’était leur refuser la plus haute dignité et la force armée ; mais l’évêque et les ambassadeurs de Sienne parviennent à vaincre la résistance du peuple ; et les grands obtiennent le droit de prétendre à tout. Comme les six quartiers de la ville ne se trouvaient plus dans de justes proportions, on fit une nouvelle division en quatre quartiers, qu’on organisa sous de nouvelles bannières avec des armoiries ; l’évêque et les Prieurs élurent au scrutin dix-sept Prieurs plébéiens par quartier et huit Prieurs nobles, ce qui fit avec eux cent quinze Prieurs. On élut, pour plus de facilité, douze Prieurs d’office, trois par quartier, un grand et deux plébéiens, et huit conseillers pour délibérer les choses graves avec les Prieurs, au lieu de douze qui était le nombre ordinaire des conseillers : les conseillers étaient un grand et un plébéien par quartier, et les autres charges furent données ainsi Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/201 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/202 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/203

L’exil de plusieurs grands suivit bientôt, plusieurs furent remis au nombre des bannis, car les livres avaient été brûlés, et il fallait rétablir les proscriptions (1344). On enleva à quelques seigneurs des biens qui leur avaient été donnés autrefois par le peuple pour des services publics ; la sévérité et l’inimitié contre l’aristocratie augmentèrent chaque jour sous la domination croissante du bas peuple qui régnait par les capitaines des vingt et un arts : c’était des ouvriers de la campagne (dont quelques-uns mêmes étaient étrangers, ce qu’on réforma bientôt), « nous étions mal gouvernés par les grands, dit Villani, mais nous le sommes plus mal par les plébéiens[19] » Et Machiavel dit : « Le désastre de la noblesse fut si grand et abaissa tellement son parti qu’elle n’osa jamais reprendre les armes contre le peuple ; adoptant toujours au contraire des manières de plus en plus populaire, elle finit par tomber dans un état d’abjection ; ce qui fut cause que Florence perdit, non seulement sa valeur militaire, mais encore tout sentiment d’élévation et de grandeur[20]. »


CHAPITRE VI.

LE ROI ROBERT, PÉTRARQUE ET BOCCACE.


Le roi Robert après avoir écrit au duc d’Athènes pour lui dire d’user de son pouvoir à Florence avec modération, car il connaissait bien les habitudes de cette ville tumultueuse où sa famille avait régné tant de fois, le roi Robert était mort en 1343 quand le duc d’Athènes dominait encore. Ce roi conserva de si longues relations avec Florence, il Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/205 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/206 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/207 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/208 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/209

La peste, venue d’Asie et répandue dans l’Europe enleva partout, dit-on, trois personnes sur cinq. La corruption des mœurs et la disette, à Florence, lui succédèrent ; mais durant la peste pourtant (et honneur à cette démocratie !) aucun pauvre ni aucun étranger ne fut renvoyé de la ville. Nous n’essaierons pas de peindre ces maux affreux, et à l’exemple de Machiavel, nous renverrons à la description éloquente de Boccace.


LIVRE SIXIÈME.

Les Albizzi. — Les Ciompi.


CHAPITRE PREMIER.

LES ALBIZZI ET LES BICCI. — ADMONITIONS.


Florence arrive à une époque de réaction dont elle n’avait pas offert encore l’exemple. Ici la politique va devenir plus habile, plus rusée. Ces agitations toutefois ne succédèrent pas immédiatement à la peste à laquelle le bon Villani les comparait, la commune ranima insensiblement ses forces au milieu de beaucoup d’affaires sans importance à l’intérieur et à l’extérieur. Nous rejeterons les détails d’une guerre de petits combats qu’elle soutint contre l’archevêque de Milan, Jean Visconti, car l’histoire comme le temps ne prend d’importance que parles événemens dignes de lui en donner ; ce qu’il y eut de plus remarquable dans cette guerre, ce fut le caractère de l’ennemi Jean Visconti, archevêque de Milan, un grand homme de celte illustre maison aux armes de la couleuvre qui, plus ambitieuse et plus habile que les républiques, fondait alors à Milan une puissance si redoutable. Les masses à Florence n’avaient pas ces ambitions ; les grands caractères les ont avant les peuples ; on a vu seulement le peuple romain et la nation française pénétrés d’un sentiment de puissance nationale. Les Florentins, pour résister à l’archevêque, s’étaient emparés de Prato et de Pistoïa (1351), s’étalent ligués avec Sienne, avaient augmenté leurs gabelles et traité avec l’empereur Charles IV qui arrivait en Italie et cherchait de l’argent.

(1354.) Après la guerre, deux familles qui devaient renouveler les éternelles querelles des Buondelmont et des Uberti, des Cerchi et des Donati, s’armèrent à cause de la terreur causée par ces troupes errantes appelées compagnies et envoyées en Italie par les empereurs d’Allemagne Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/212 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/213 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/214 continuel de toutes les classes. Le palais des seigneurs n’était pas toujours grave, la présence de magistrats sans éducation, le mouvement continuel, apportaient les facéties et les grossièretés du peuple au palais de la seigneurie ; ainsi nous voyons dans les anecdotes rapportées par François Sachetti, le palais devenir le théâtre de jeux ignobles, et le gonfalonier ou les seigneurs se trouver l’objet des plus vulgaires mystifications. Ici c’est un seigneur auquel on a retourné ses bras à l’envers et qui envoie un chapon de la table à sa femme, puis auquel il arrive des accidens qu’on ne saurait rapporter. C’est un gonfalonier qu’on empêche de dîner comme Sancho Pança. Il est vrai que les plaisanteries des Visconti et des autres seigneurs d’alors n.étaient pas meilleures, et qu’il faut imputer surtout à la grossièreté de ces temps des plaisanteries dont rougiraient nos domestiques.

François Sachetti était d’une de ces familles nobles occupées de commerce ; Prieur, ambassadeur, ami de Boccace, il composa ses Nouvelles étant podesta de Bibbiena. Nous voyons chez lui comment les femmes de Florence savaient éluder les lois contre les femmes, lois souvent portées et qu’elles rendaient nulles en changeant le nom des modes ou des étoffes défendues.

Donato Velluti avait été gonfalonier de justice en 1350. Il raconte qu’il approuva les admonitions, mais qu’il contribua à en diminuer l’excès, et c’est chez lui qu’on peut voir combien les affaires de Florence étaient délicates et compliquées[21].



CHAPITRE II.

FACTIONS. — ADMONITIONS.


(1371) Les admonitions reprennent avec force par la Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/216 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/217 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/218 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/219 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/220 des émissaires qui menaçaient de leur colère ou promettaient leur faveur selon ce qu’ils voulaient obtenir. Et quoique l’office se renouvela fréquemment, il retournait toujours à certaines personnes qui en perpétuaient le caractère. L’audace du parti arrive enfin à admonéter un des huit de la guerre. La ville reste frappée de stupeur. On voulait admonéter Silvestre Médicis, mais les Médicis étaient des Guelfes trop reconnus ; on veut du moins l’empêcher d’être gonfalonier, mais les menées sont vaines : Silvestre Médicis est gonfalonier. La joie du peuple est grande. Ici remarquons le commencement de cette maison qui s’introduit aux cris de la plèbe et pour la défendre. Les capitaines effrayés allèrent au-devant de Médicis eu proposant une réforme à leur magistrature, mais le gonfalonier la voulait complète, et des événemens violens se préparaient.



CHAPITRE III.

SOULÈVEMENT DES CIOMPI.


Il y avait un mois et demi que les capitaines du parti n’avaient admonété lorsqu’ils recommencent au mépris des conventions faites avec Silvestre ; celui-ci se décide alors à proposer de rétablir les lois contre les grands et de modérer les admonétemens. Entre les Prieurs qui siégeaient avec lui, nous trouvons un lainier ; un fourreur, un fourbisseur, un cordonnier. Silvestre fait réunir le collège (18 juin 1378) et le conseil avec les capitaines des arts pour traiter des affaires concernant le bien public. Les capitaines du parti guelfe qui prévoyaient dès longtemps les desseins de Médicis, instruits que le conseil s’assemblait, réunissent leurs amis dans le palais de leur parti, et en députent quelques-uns au palais pour s’opposer aux propositions de Silvestre. Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/222 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/223 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/224 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/225 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/226 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/227 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/228 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/229 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/230 civile, descendue jusqu’au dernier rang ; nous ne nous retracerons jamais parfaitement dans nos vastes monarchies et nos capitales, cette vitalité de Florence, ce peuple à tout moment armé sous ses gonfalons, bouleversé par la nouvelle du jour, faisant retentir à chaque instant la ville de sa fureur ou de sa joie, modéré après le premier emportement, et associant l’idée de son influence et de son nombre à la bassesse où l’opinion le tenait encore, car cette plèbe enflammée était traitée de vile canaille par les citoyens. La vie civile dans un si petit espace a beaucoup de charme ; chacun se connaît ; la renommée des actions est portée par cent voix dans tous les quartiers de la ville ; chaque individu est compté. Ce qui désenchante la pauvreté c’est la solitude, l’inaction et le silence, mais quand les pauvres ont des bannières ils sont puissans et plus que riches. Et réveillons de sa tombe un teinturier, un cabaretier de Florence ; avant de s’informer du cours du marché, il demandera s’il n’est point sorti du scrutin Prieur ou gonfalonier, si la jalousie des Albizzi n’a pas détourné son nom de la bourse ; il voudra savoir si les arts mineurs ont conservé les trois arts nouveaux, obtenus par l’émeute des ciompi, ou si on a resserré le nombre des arts mineurs comme les Guelfes en menaçaient si souvent ; il demandera si les Alberti sont en exil. C’est ainsi que lorsque Dante rencontre aux enfers Farinata des Uberli, il ne le trouve occupé que des luttes et des partis de Florence, qui le tourmentaient plus, dit le damné, que le lit de feu où il était couché !



CHAPITRE IV.

GOUVERNEMENT DES ARTS MINEURS.


Les nouveaux seigneurs pour n’étre pas chassés comme les précédens se nomment une garde ; ils rappellent les Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/232 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/233


CHAPITRE V.

CONSPIRATIONS. — EXÉCUTIONS. — PÉRILS CONTINUELS.


On ne doit peut-être, a dit très bien M. Hallam, considérer les révolutions de Florence que comme le prix nécessaire de sa liberté.

Le gouvernement se trouva placé dans une sorte de juste milieu, abaissant les grands et les Guelfes d’un côté, et réprimant les ciompi de l’autre, de sorte qu’il y eut contre lui deux partis violens qui finirent par s’unir. Silvestre Médicis, Giorgio Scali, Tommasso Strozzi et Benedetto Alberti appuyaient les arts et le parti du peuple ; ce parti était le plus fort ; il possédait les magistratures où à chaque instant nous voyons figurer les arts mineurs. Mais les ciompi exilés et les Guelfes dépouillés commencèrent des conjurations continuelles qui menèrent au supplice et à l’exil un grand nombre de citoyens ; les conjurés traitèrent avec Charles Durazzo qui venait disputer le trône de Naples à la reine Jeanne et qui cherchait à s’appuyer partout : ici donc conspirations, dénonciations, exécutions sur la place publique, combinaisons de partis si variables avec des alliances si souvent chargées, que nous en éloignerons le récit trop long et trop délicat[22]. La vie civile était de plus en plus répandue dans les derniers rangs ; le bas peuple et les riches également excités ; l’ardeur extrême ; c’était des conjurations si étendues qu’on n’osait plus les rechercher puisque la moitié de la ville y avait part ; ceux qdi échappaient au supplice et à l’exil en conspiraient avec plus de haine ; quelques grands caractères, qui avaient été des huit de la guerre, s’élevaient au-dessus des luttes ; entre les victimes de ces jeux terribles, il faut citer Pierre Albizzi qui, convaincu d’avoir traité avec Charles Durazzo, avoua Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/235 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/236 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/237 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/238 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/239 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/240 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/241 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/242 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/243


CHAPITRE VI.

LE GOUVERNEMENT PREND DE LA FORCE. — GUERRE CONTRE JEAN GALEAZ, DUC DE MILAN. — NOUVEAUX EXILS ET CONJURATIONS.


Les querelles de Charles de Durazzo et de Louis d’Anjou, qui étaient venus en Italie pour rétablir Jeanne de Naples sur son trône, inquiétaient les Florentins, car chacun de ces princes recherchait leur amitié. La mort de Louis les rassura ; Charles reprit le royaume de Naples qu’il avait presque perdu, et les Florentins qui ne croyaient pouvoir défendre leur ville, acquirent celle d’Arezzo, vendue par les troupes françaises de Louis, et dont ils prirent les châteaux

Effrayée des compagnies, Florence se ligue avec Bologne, Pise, Lucques, etc., pour leur résister ; mais dès qu’elle était rassurée, des divisions se rallumaient dans son sein : les Alberti, appuis éternels de la plèbe, inspiraient de lé jalousie au gouvernement. Leurs richesses, leur luxe royal donnaient l’idée qu’ils pourraient d’un jour à l’autre s’emparer du pouvoir ; une circonstance vient les favoriser et les perdre : on forme un balia qui bannit Benoit Alberti et tous les Alberti, excepté Antoine ; plusieurs autres citoyens sont admonétés et bannis avec beaucoup d’artisans des dernières classes ; on resserre encore les droits des arts mineurs qui n’ont plus qu’un quart des charges au lieu du tiers. Ainsi le gouvernement prenait de la force, et chose remarquable ! après l’exil des Alberti on fit une bourse séparée (1387), appelée le borsellino, des hommes confidens de l’état, d’où en toute circonstance on en tirait deux : on appelait les Prieurs tirés de là, les Prieurs del borsellino[23]. Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/245 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/246 un citoyen du parti ennemi, en criant : Liberté ! mort au tyran ! et commettent un second meurtre ; en vain ils appellent le peuple aux armes ; on tes regarde sans les suivre ; découragés, ils se réfugient à l’église de Santa-Reparata dont on force les portes ; ceux qui ne furent pas tués en résistant furent exécutés.

Une autre conjuration des bannis protégée du duc de Milan fut déjouée heureusement. Quelques exécutions suivirent ; une balia déclara rebelles six membres de la famille des Ricci, six Alberti, deux Médicis, etc., et plusieurs gens de la plèbe ; on admonéta pour dix ans les familles des Alberti, des Ricci et des Médicis. On bannit enfin tous les Alberti au-dessus de quinze ans[24]. La guerre avec Jean Galeaz continuait avec tant de revers que Florence épouvantée voyait déjà ce prince maître de Mialie, lorsque la mort, le frappant comme Castruccio, délivra la république (1402) ; car, dit Machiavel, la mort rendit toujours plus de services aux Florentins, qu’aucun de leurs alliés et contribua davantage à leur salut que toutes les vertus guerrières[25].



CHAPITRE VII.

ACQUISITION DE PISE.


Nous avons vu les Florentins acheter Arezzo des troupes françaises ; ils arrivent à un plus grand marché : ils vont acheter Pise (1406) comme ils achèteront ensuite Cortona, république riche et non guerrière, qui s’agrandit au dehors par ses florins et non par ses armes. À mesure que le gouvernement se resserrait, il prenait Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/248 importante : les souvenirs de son ancienne rivalité avec Pise libre, mari Urne et victorieuse, durent se réveiller chez elle pour s’enorgueillir, et chez les Pisans pour les désespérer. Aussi leur haine ne s’éteignit jansais ; malgré la douce administration de Gino Capponi qui chercha à les attacher à sa république, ils n’oublièrent point leur ancienne liberté ; ils révèrent un avenir de guerre et de résistance, et nous les verrons réveiller leur génie dans des combats passionnés.



CHAPITRE VIII.

ACQUISITION DE CORTONA. — GUERRE AVEC PHILIPPE VISCONTI. — IMPÔT CATASTO.


Les Florentins, cinq ans après avoir acquis Pise (1411), achetèrent Cortona de Ladislas pour trente mille florins[26] ; mais ce prince, maître de Rome, leur donne bientôt de nouvelles inquiétudes, car il ne faisait pas la guerre comme le duc de Milan, par ses capitaines, il faisait la guerre en personne, et jeune, plein d’ardeur, il était le premier à engager les batailles, à passer les fleuves, à observer les sites, à connaître l’ennemi, à faire tout ce qui appartient à la valeur ; âgé de moins de quarante ans, il promettait un avenir de guerres et de tempêtes quand il mourut comme tous ceux qui jusqu’ici avaient conçu, au milieu de tant de petites communes, la haute idée d’une puissance italienne. Sa devise était : Ant César, ant nihil ; il passa comme un météore, avec tous les vices de son temps, mais avec un grand courage et un grand caractère.

Les Alberti après avoir conspiré pour rentrer avaient été de nouveau exilés jusqu’aux enfans. Maso des Albizzi, leur vainqueur, mourut tout-puissant, vengeur de Pierre Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/250 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/251 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/252 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/253 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/254 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/255 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/256 ce que les Florentins appellent amonceler ou accatastare, cet impôt fut nommé il catasto, haï des grands autant que béni du peuple, qui fut enchanté aussi de la générosité de Jean de Médicis, car Jean soutint l’impôt dont il devait être frappé plus que personne à cause de ses grandes richesses : sa renommée et son autorité s’élevèrent jusqu’aux étoiles. Et on se rappela l’histoire de Pierre Albizzi qui avait soutenu la loi de l’admonétement, quoiqu’elle fût destinée contre lui. Le peuple, emporté par son triomphe et voulait donner à la loi un effet rétrograde, la prudence de Jean de Médicis prévint ce danger et maintint la tranquillité publique.

La paix avec le duc de Milan est conclue à Ferrare par la médiation d’un légat du pape ; mais Visconti en viole aussitôt les conditions ; la ligue reprend les armes, et les Milanais sont complètement battus à Maclovio. Cette défaite ramène le duc à la paix. Florence avait conçu de la jalousie contre Venise qui s’agrandissait seule, et Venise se défiait de la lenteur de Carmagnola à poursuivre scs succès (1428.). La paix fut donc conclue : les villes de la Romagne furent rendues aux Florentins : Brescia resta aux Vénitiens, auxquels le duc céda Bergame et son territoire. Florence avait dépensé trois millions cinquante mille ducats dans cette guerre, d’où elle ne tira que la gloire d’avoir entravé de nouveau la fortune des Visconti.



CHAPITRE IX.

EXPÉDITION DE LUCQUES.


Jean de Médicis allait mourir (l429) ; ce citoyen laissait en héritage à son fils Côme ses grands biens et cette qualité qui fonde les maisons, leur donne le temps d’amasser des forces et du crédit, cette qualité par où les premiers Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/258 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/259 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/260 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/261 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/262 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/263 livrèrent un grand nombre de combats avec des succès différens, et enfin lassés également de cette guerre (1433), ils conclurent une paix, par laquelle Florence, Lucques et Sienne abandonnèrent les places qu’elles avaient conquises, et rentrèrent dans le territoire qu’elles possédaient avant la guerre.

Machiavel a trop bien signalé le danger de n’avoir pas de troupes nationales pour que nous ayons cru devoir en parler ; Florence et Venise manquèrent d’armée ; les Visconti dont l’habileté dominait les hommes, n’eurent pas non plus de troupes réglées ; le courage militaire se perdit ; ce fut un des plus grands malheurs de l’Italie.



CHAPITRE X.

BRUNELLESCHI, GHIBERTI, DONATO, MASACCIO, ETC.


Entre les seigneurs que la fréquence des magistratures nous a montrés, il faut remarquer quelques grands hommes artistes, que nous n’avons pu signaler à travers des crises politiques si bruyantes : Filippo Brunelleschi, lui qui voua sa vie à deux grandes pensées, celle de faire renaître la bonne architecture en méritant une renommée digne de celle de Cimabue et de Giotto, et celle d’élever la coupole de Santa-Maria del Fiore ; Ghiberti qui fit ces portes de Saint-Jean que Michel-Ange jugeait dignes d’être les portes du paradis. Et tandis que Florence défendait son indépendance contre le duc de Milan, qu’elle s’emparait successivement d’Arezzo, de Pise, de Cortona, et voulait Lucques, taudis que ses richesses devenaient toujours plus considérables et sa politique plus habile, les beaux-arts déjà relevés par Giotto et Cimabue, prenaient cet essor qui n’atteindra son dernier éclat qu’au xvie siècle. Les citoyens riches les favorisaient ; ainsi les Médicis, les Albizzi, les Accajuoli Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/265 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/266 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/267 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/268


CHAPITRE XI.

EXIL DE CÔME DE MÉDICIS.


Côme de Médicis, depuis la mort de Jean son père, s’était occupé davantage des affaires et avait vivement inquiété Rinaldo des Albizzi ; la ville se partageait entre quelques familles puissantes ; Côme avait la sagesse de son père, un esprit plus élevé ; il était plus habile, plus aimable, plus ambitieux, plus grand ; il disposait de ses richesses avec une générosité plus intentionnée ; mais il gardait en tout la mesure, et, comme ses ancêtres, il devait ménager et dominer la fortune.

Niccolo da Uzano était mort la même année de la paix (1433), puissant jusqu’à la fin et laissant une grande réputation. Quoiqu’il eût redouté Jean et Côme de Médicis, il n’avait jamais voulu les attaquer de front, soit à cause des guerres extérieures ; soit par prudence ; il s’était refusé aux invitations de Barbadoro, qui avait été une fois le presser de Se joindre à Rinaldo pour abaisser les Médicis, et par un jeu sur son nom, il lui avait souhaité un esprit plus mur et une barbe d’argent. Mais lorsque Uzano fut mort et la guerre finie, Rinaldo ne cacha plus sa crainte ; il voulait se venger des Médicis, car c’était leur parti qui avait mené les calomnies contre lui durant la guerre de Lucques ; quoique ce parti eût voulu l’entreprise, comme la guerre avait été dirigée le plus souvent par le parti opposé, les amis des Médicis avaient sans cesse attaqué les mesures du gouvernement. Des exemples domestiques d’ailleurs tourmentaient Rinaldo ; il se rappelait Pierre Albizzi son oncle, non seulement chassé du gouvernement par Silvestre Médicis, mais décapité plus tard. Il voyait Côme chéri delà plèbe et entouré d’amis ; il le savait prudent, difficile à tromper, et il voyait avec impatience à côté de lui pour l’aider, Averardo de Médicis et Puccio Pucci. Celui-ci bien Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/270 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/271 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/272 dîmes pas crédit, car «le grandes sommes d’argent nous furent offertes par des marchands étrangers et par des seigneurs, et envoyées à Venise. Enfin, voyant qu’ils ne réussissaient pas à me faire faire faillite, Berdardo Guadagni accepta du capitaine de la guerre cinq cents florins, et de l’hôpital de Sainte-Marie-Nouvelle cinq cents florins, qu’il eut comptant ; Mariotto Baldovinetti reçut huit cents florins ; et la nuit du 3 octobre, ils me tirèrent du palais et me menèrent hors la porte San-Gallo, montrant par là peu de courage, car s’ils avaient voulu de l’argent, j’en aurais donné dix mille et plus pour sortir de péril. »

Il sembla que la patrie fût délivrée ; les grâces comblèrent le gonfalonier et ceux qui avaient aidé à l’exil de Côme ; les noms des fils, neveux et parens du gonfalonier furent remis dans les bourses, d’où ils avaient été rejetés dans d’autres temps ; on lui donna pour un an le capilanato de Pisa. Tous les autres eurent des faveurs diverses et remarquables. Corso Corsi fut fait pour deux ans provéditeur de la chambre ; Spini obtint le rappel de l’Antella ; Scelto, le bannissement de son frère déjà banni pour vol ; Sannini obtint la charge du sel pour deux ans ; on restitua cinq cents scudi à Baldovinetti qui les avait payés pour une condamnation ; Luti obtint la podesteria de Vinci pour un an, et Marchi, la roche de Livourne pour un an.



CHAPITRE XII.

CHUTE DES ALBIZZI ET RETOUR DES MÉCICIS.


(1433) Le triomphe des Albizzi n’était que pour un jour ; Côme en conservant ta vie conservait sa puissance ! on ne l’avait privé ni de ses richesses ni des moyens de [27] Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/274 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/275 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/276 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/277 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/278 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/279 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/280 aspire, et à ces fières leçons de la politique, qui nous enseignent qu’au-dessus de la plèbe doit exister un pouvoir de science et d’indépendance, comme au-dessus de l’homme il est des principes et des sentimens pour le diriger.


FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.


NOTES DE LA PREMIÈRE PARTIE.


Note 1, page 200.

« Dans le temps qui s’écoula depuis le renversement du duc d’Athènes Jusqu’à la mortalité de 1348, je me divisai de mes frères, et J’eus à peu près en partage la valeur de mille florins. Il est vrai que la moralité me délivra de ma dette, et Piccio eut de moi une avance de trois cents florins, et moi de lui trois parties de la maison et deux cents florins comptant, que J’employai pour la dépense de ma femme, de mes enfans, de mes frères ; mais pourtant avec le reste et avec ce que je gagnai, la mortalité s’étant arrêtée (et dans cette année Je gagnai bien mille florins, et dans deux autres années mille encore) J’achetai les biens de mon frère Filippo de la compagnie des Jardins de San-Michele, ceux des fils de Lapo Velluti, etc et ainsi je pus faire prendre à mon fils Lambert, et après sa mort à mon fils Michèle, une boutique de l’art de la laine od il s’est très-bien trouvé, toutes choses pour lesquelles Je remercie Dieu. »

(Cronaca di Firenze di Donato Velluti.) Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/283 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/284 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/285 des convictions publiques s’établissent, des convictions morales non moins belles, déchargent la femme d’un honneur à la fois frivole et tyrannique, l’appellent à des études et à des principes plus élevés ; et comme au xviiie siècle les bienfaiteurs de l’humanité, cette école philosophique d’où la liberté, la tolérance, l’humanité est sortie et qui a produit ce que n’avaient pu Jamais produire les prêtres, comme cette école a renversé les fables tout en gardant la charité, et retrouve l’universalité des Hébreux, qui vient se joindre aux lumières du temps, ainsi une religion toujours plus pure et plus divine pourra s’établir, et le monde, entraîné par ses maîtres, marchera préservé sous cette sainte tutelle de l’honneur et du talent qui succède à la féodalité.

FIN DES NOTES DE LA 1re PARTIE

SECONDE PARTIE.


SECONDE PARTIE.


LIVRE PREMIER.

Puissance et règne de Come et de Laurent le Magnifique — Conspiration des Pazzi — Balia ou dictature continuelle.


CHAPITRE I.

GOUVERNEMENT ABSOLU DE CÔME DE MÉDICIS ; SA RIVALITÉ AVEC NERI CAPPONI.


Nous avons vu Florence entourée de petits États ; combattre contre eux, partager le sort commun, alliée de l’église comme guelfe, mais dépendante de l’empire seul.

À 1’époque où nous sommes arrivés, les États d’Italie prennent de plus grandes proportions. Florence étend son territoire, mais sa faiblesse et l’élévation des Médicis au trône de l’église, la mettront bientôt dans la dépendance de Rome. Et chose remarquable et particulière à Florence seule ! c’est dans l’assujétissement que ce petit État brilla le mieux par sa vie civile et son savoir ! c’est alors due des hommes comme Machiavel, Guicciardini, Soderini, Léon X, le cardinal Jules de Médicis, Piccolo Capponi, menèrent si habilement les opinions et les affaires ! Les puissances qui tenaient ce petit État dans la dépendance le respectaient et le laissaient libre ; les mœurs civiles s’étaient perfectionnées ; la basse plèbe n’y était plus, mais la classe moyenne avait les vertus et l’habileté. Comme nous avons vu jadis Florence seule conserver des vertus publiques, Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/290 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/291 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/292 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/293 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/294 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/295 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/296 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/297


CHAPITRE II.

HABILETÉ ET RUSE DE CÔME DE MÉDICIS. — AUTORITÉ DE LUCA PITTI.


Machialvel dit qu’une république ne saurait éviter les divisions, dont les unes, mêlées de factions, lui nuisent, et dont les autres, sans partis ni factions, lui profitent. Le fondateur d’une république, ne pouvant éviter les inimitiés, doit du moins éviter les factions. Le citoyen qui s’élève par des moyens publics, comme une victoire, une conquête, le succès d’une ambassade, des avis savans et heureux, suit une voie honorable et innocente ; mais s’il SC sert pour parvenir de moyens privés, comme des bienfaits, de l’argent ; s’il établit des jeux pour la plèbe, ou lui fait des dons publics ; il créé les partis, les factions, et ouvre une voie aussi dangereuse que l’autre est favorable.

Les inimitiés de Florence, ajoute Machiavel, furent toujours mêlées de factions, et ainsi toujours nuisibles ; et jamais une faction victorieuse ne resta unie qu’en présence du parti ennemi, divisée qu’elle était, sans prudence et sans ordre, dés que ce parti ennemi s’effaçait. Le parti de Côme de Médicis, resté supérieur eu 1434, mais en présence d’une faction encore très forte et pleine d’hommes puissans, se maintint durant un temps, uni et humain par peur, si bien que toutes les fois qu’il eut besoin du peuple pour ressaisir son autorité, il en obtint la Balia, et ainsi depuis 1434 jusqu’à 1455, durant 21 ans, le gouvernement obtint six fois, et par les conseils ordinaires, cette dictature.

Néri, appuyé seulement sur des moyens publics, avait beaucoup d’amis et peu de partisans. Côme, disposant à Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/299 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/300 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/301 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/302 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/303 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/304 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/305 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/306 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/307 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/308 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/309 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/310 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/311 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/312 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/313 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/314 Page:Allart - 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CHAPITRE VII.

AGITATION DE FLORENCE, CAUSÉE PAR SAVONAROLA ET LES MOINES. — ÉPREUVE DU FEU, PRÉPARÉE ET MANQUÉE. — REVERS, CHUTE ET MORT DE SAVONAROLA.


Savonarola, en s’opposant pour assurer la mort des ennemis publics, à l’observation d’une loi qu’il avait faite, exalta contre lui le parti contraire, et se fit tort auprès de beaucoup de citoyens. Si naguère il avait fait porter cette loi d’appel au grand conseil, des condamnations de la seigneurie, de la quarantie et du conseil des huit, c’est qu’il trouvait la justice des crimes d’état toujours dangereuse. L’intérêt des révolutions, il est vrai, peut l’emporter par moment sur ces lois d’indulgence. C’est ce que pensa alors Savonarola, mais les circonstances étaient-elles d’une violence à le justifier ? Il fut poussé par la crainte que les cinq condamnés, s’ils étaient absous par le grand conseil, ne donnassent une force prodigieuse au partis des Médicis et à son chef, sans cesse armé autour du territoire florentin. « Cet événement fut d’autant plus remarqué, dit Machiavel dans ses discours sur Tile-Live[28], que le frère, dans tant de prédications qu’il fit depuis la violation de celte loi, ne blâma ni n’excusa jamais qui l’avait violée, comme s’il ne voulait pas blâmer une chose qui lui avait été profitable, et qu’il ne put l’excuser. Ce qui faisant connaître son ame ambitieuse et partiale, lui enleva sa réputation et lu causa de grandes difficultés. »

(Nov. et déc. 1497). La seigneurie de Paulantonio Soderini était favorable au frère Jérôme, mais la division des magistrats entre eux, la division du clergé et des couvens, effrayés des censures de Rome, font naître à tout moment Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/391 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/392 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/393 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/394 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/395 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/396 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/397 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/398 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/399 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/400 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/401 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/402 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/403 Page:Allart - 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— La ville restera libre comme elle est aujourd’hui, en rappelant seulement les Médicis et les autres exilés. — Les Florentins tiendront des ambassadeurs près du pape et entreront dans la ligue avec l’empereur. — Chacun est pardonné, et toutes les ventes de biens, faites pour soutenir la guerre, sont ratifiées. — Les Florentins paieront 80.000 scudi à l’armée, dont une partie tout de suite, et le reste dans deux mois, somme pour laquelle les capitaines recevront des ôtages en laissant entrer les vivres à Florence. — Durant ces deux mois, Maletesta restera dans la ville avec trois mille hommes, pour maintenir l’ordre et les conditions de l’accord. — L’empereur, dans l’espace de quatre mois, déclarera le mode de gouvernement de Florence.

On avait dépensé dans la guerre, 1,200,000 ducats[29].



CHAPITRE V.

PARLEMENT, PROSCRIPTIONS, FIN, RIEN.


Nous n’avons plus rien à dire ; il ne reste qu’à abréger le récit : les affaires se firent désormais chez Malatesta et non au palais. Les citoyens se querellèrent entre eux, Florence devint un enfer, comme dit Busini. Les soldats s’opposèrent à l’entrée des vivres ; la ville craignit la famine ou le sac ; le pape, sous ce prétexte, convoqua l’éternel parlement où recourait sa famille, et le parlement créa une balia absolue de douze citoyens (20 août 1530).

Un gonfalonier florentin fut envoyé de Rome, où se traitaient les moindres affaires de la république ; il entra avec Girolami, qui avait encore quatre mois à exercer sa charge. La balia livra en ôtages, aux troupes, quarante citoyens de ceux qui avaient voulu la guerre ; ils furent forcés de payer Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/550 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/551 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/552 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/553 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/554 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/555 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/557 NOTES

DE LA DEUXIÈME PARTIE.

PROVISION DE LA MILICE ET ORDONNANCE DU PEUPLE FLORENTIN NOUVELLEMENT OBTENUE DANS LE CONSEIL MAJEUR, L’AN 1528 AU 6 NOVEMBRE.

La qualité des temps présens démontrant arec l’expérience des choses passées, qu’il est non seulement utile, mais nécessaire de pourvoir au salut de notre ville et à la conservation de sa liberté ; et, connaissant par une longue expérience, qu’il n’est aucune génération d’hommes qui défende mieux et avec un plus prompt secours, la ville et la liberté, que les propres citoyens, les magnifiques et hauts seigneurs ont jugé, d’après l’avis de beaucoup de nos très prudens citoyens, qu’il est très utile pour notre ville, de faire une ordonnance de citoyens, armés et instruits dans l’expérience de la guerre et des exercices militaires, qui, ajoutant le savoir à la résolution de l’ame, puissent défendre leur ville des ennemis du dehors et leur liberté de ceux qui voudraient vivre sous une tyrannie. Ayant donc discuté sur ce sujet tout ce que leurs hautes seigneuries ont jugé nécessaire, elles ont, pour le salut de notre ville et la conservation de la liberté, à la louange et à l’honneur du tout-puissant Dieu, procédé et ordonné comme il suit.

Premièrement, que la publication de ladite ordonnance se fasse quartier par quartier, gonfalon par gonfalon, en la présence de quatre gonfaloniers et trois des douve du quartier désigné, ou au moins trois gonfaloniers et deux des douze, ensemble avec les magistrats des neuf, réunis en nombre suffisant, selon le mode et forme ici donnés.

On envoie d’abord un ban public au nom des très excellens seigneurs. Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/560 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/561 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/562 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/563 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/564 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/565 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/566 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/567 Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/568


TABLE DES MATIÈRES

(ne fait pas partie de l’ouvrage original)


PREMIÈRE PARTIE.


Livre I.
Commencement de Florence.


Livre II.
Vieux peuple de Florence. — Gouvernement de dix ans des anciens du peuple.


Livre III.
Époque de Dante. — Sa jeunesse. — Organisation des arts majeurs. — Second peuple de Florence. — Magistrature du parti guelfe. — Institution des prieurs. — Organisation des arts mineurs.


Livre IV.
Suite de l’époque de Dante. — Ordre de la justice contre les grands. — Factions des blancs et des noirs. — Dante, seigneur de Florence. — Son exil, son poème et sa mort.


Livre V.
Castruccio. — Le duc d’Athènes. — Pétrarque et Boccace.


Livre VI.
Les Albizzi. — Les Ciompi.



SECONDE PARTIE.


Livre I.
Puissance et règne de Côme et de Laurent le Magnifique — Conspiration des Pazzi — Balia ou dictature continuelle.




    de Tiraboschi. — Excerpta Historica ex Commentariis M. S. Benevenuti de Imola, in comœdiam Danti, 1376. — Antiquitates italicœ, Muratori. — Moreri. Papyre Masson. — Bayle. — Grangier. — Anni Lombardi, etc, etc. — M. Fauriel.

  1. La Femme et la Démocratie de nos temps.
  2. G. Villani, lib. III, cap. 2. — Cronica di Paoliao di Piero ; Rerum italicarum acriptorei. Muratori.
  3. Muratori, Annali d’Ilalia, année 813.
  4. Machiavel dit que leur charge était d’un an.
  5. Ricordano Malespini, cap. 155. — G. Villani, cap. 58, lib. vi.
  6. En 1250 et 1266.
  7. Ricordano Malespini, cap. 188. — G. Villani, cap. 21, lib. vii. Cronica di Paolino di Piero. Muratori.
  8. Vasari, Cimabue.
  9. Cronica di Dino compagna, lib. I.
  10. G. Villani, cap. 130, lib. VII.
  11. Villani, cap. 8, lib. VIII.
  12. Cronica di Paolino di Piero.
  13. Machiavelli, lib. II.
  14. Dino Compagni, lib. III.
  15. Dino Compagni, lib. III. — Machiavelli, lib. II.
  16. G. Villani, cap. 130. lib. IX.
  17. G. Villani, cap. 115, 130, 168, 170, 170, 173, 174, et les suivans, lib. X. — Ligue avec les Lombards, cap. 305, etc., lib. X.
  18. G. Villani, cap. 4, lib XI.
  19. G. Villani, cap. 63, lib. xii. Ici nous avons dit adieu à ce naïf et excellent historien, qui mourut dans la peste de 1353.
  20. Machiavelli. lib. ii.
  21. La chronique de Donato Velluti nous paraît d’autant plus précieuse que nous ne nous souvenons pas de l’avoir vue citer nulle part, escepté chez Tiraboschi, et que personne ne s’en est servi. On en trouvera un long passage (noie 2 à la fin du volume) qui donnera une idée de la délicatesse et de la complication de ces affaires.
  22. On doit chercher ces détails dans l’Histoire de Florence de Stetani, qui fut Prieur en 1379. Delizie degli eruditi.
  23. Ammirato, lib. xv.
  24. Machiavelli, lib. III. — Ammirato, lib. XV.
  25. Machiavelli, lib. III. — Ammirato, lib. XV. — Léonard Aretino, lib. IX.
  26. Ricordi di G. Morelli. Delizie, etc.
  27. Ammirato, lib. XX.
  28. Livre 1er, au chapitre 49 sur le mauvais exemple qu’on donne en n’observant pas une loi faite, surtout si on est soi-même auteur de la loi.
  29. Segni, lib. 4.