Histoire des églises du désert/tome 1/0.3
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
les prostestants de france ?
Il n’est besoin ici ni d’art ni d’éloquence pour répondre à cette question ; il suffit de faire un catalogue de ces lois. L’humanité y est insultée de la manière la plus outrageante, la plus vulgaire politique y est violée ; elles sont si visiblement impraticables, qu’en général elles restent sans exécution, mais elles n’en déshonorent pas moins la nation qui les conserve et qui s’en sert comme d’un glaive toujours nu, pour effrayer des sujets utiles. Elles sont l’opprobre de la France ; et s’obstiner à les garder, c’est se moquer ouvertement de l’équité, et s’offrir en dérision à l’Europe entière.
Ces terribles lois interdisent donc l’eau et le feu ; elles ôtent le pain et la subsistance. J’avoue qu’on s’en affranchit par des sacrilèges, qu’on obtient un certificat de catholicité pour un écu ; et c’est ainsi que des lois vicieuses multiplient les vices et corrompent les sujets. Mais, dit-on, ces lois sont tombées en désuétude. Qu’en faites-vous donc ? Pourquoi les garder, s’il est absurde et atroce de les exécuter. D’ailleurs, elles sont souvent invoquées, et il arrive que les plus vertueux des protestants, ne pouvant se résoudre à des actes d’hypocrisie, sont privés d’entrer dans plusieurs professions et punis de leur vertu.
J’en ai cité quelques-unes ; il y en a d’autres qui ordonnent :
Et, pour abréger, toutes ces lois gênent la conscience des protestants, en les obligeant de renoncer à leur croyance ; elles sont souverainement vicieuses, si elles se contentent d’en faire des hypocrites.
Voilà un effroyable code, et il y a loin de cette législation à celle de la Pensylvanie et de Massachusets-Bay. Il est cependant en France des gens qui ne voient pas la nécessité de les abroger ; cette subversion de toute justice ne les étonne point. D’autres disent froidement qu’elles sont tombées en désuétude. D’abord, cela n’est pas vrai ; il s’en exécute toujours quelqu’une quelque part ; car il suffit qu’un homme lâche et bas les invoque, pour que des juges formalistes, surtout dans les tribunaux inférieurs, ne veuillent ou n’osent se refuser à leur exécution. Mais ne voit-on pas qu’elles effraient les protestants, qu’elles détournent les étrangers de s’établir en France et les fils des réfugiés d’y rentrer ; qu’elles contrastent avec la politique européenne et la douceur française ; qu’il ne faut qu’un ministère faible ou dur pour les remettre en vigueur ; que si elles sont tombées en désuétude, il faut les abroger comme inutiles ; que si elles n’y sont pas tombées, il faut les abroger, parce qu’elles sont atroces ; qu’il y a mille raisons pour les abolir, et pas une pour les conserver.
Je n’ai rien dit des horreurs qu’a occasionnée l’exécution de ces lois frappant à tort et à travers sur deux millions d’hommes : les galères ont été longtemps remplies de protestants, les cachots de prisonniers, les maisons fortes de femmes et filles rasées ; les émigrations n’ont cessé qu’en 1755 et 1756. Les amendes rigoureusement exigées monteraient à des sommes exorbitantes, si on les calculait. Il n’y a guère plus de vingt-cinq ans qu’on ne tire plus à brûle-pourpoint sur les protestants assemblés pour prier Dieu. Voilà les cruautés que l’on laisse à nos neveux le pouvoir d’exécuter encore, si on leur conserve les lois pénales. — Nous avons en horreur la Saint-Barthélemi ; les étrangers le croiront-ils, s’ils nous voient garder un code fait par le même génie infernal, et qui pendant soixante ans a entretenu en France une Saint-Barthélemi perpétuelle. S’ils ne pouvaient pas nous appeler le plus barbare de tous les peuples, ils seraient fondés à juger que nous en sommes le plus inconséquent[2].
La lettre qu’on va lire, émanée de l’intendant du Languedoc, Baville, en 1698, fut adressée par lui sans doute à un ecclésiastique qui demandait la grâce de quelques prisonniers, et peut-être à Fléchier, l’évêque de Nîmes. Nous plaçons ici un passage de l’Histoire des Camisards, par Antoine Court, passage historique, qui explique suffisamment à quelle occasion l’intendant du Languedoc écrivit la lettre que nous citons ci-après. On verra que, sauf quelques variantes dans les chiffres, il y a un entier accord entre les détails du pasteur et ceux du cruel intendant. Il faut d’abord remarquer que Louis XIV, immédiatement après la paix de Ryswick, rendit une déclaration qui défendait aux protestants du Languedoc ou Cévennes de s’établir à Orange et d’y faire aucun exercice de la religion (23 nov. 1697). « Les protestants persécutés pour leurs assemblées (du désert) coururent en foule à Orange, dès que la paix y eut rétabli l’exercice de leur religion ; on venait de retirer les gardes qu’on avait placés sur les frontières, pour empêcher les réformés d’aller dans cette principauté ; et le bruit s’était répandu qu’on pouvait s’y rendre sans crainte. Ils arrivèrent en effet à Orange sans obstacle. Leur âme était dans le ravissement de voir et d’entendre encore une fois des ministres en liberté : mais leur joie ne fut pas de longue durée. Les habitants de Caderousse les attendaient au passage ; ils se jetèrent sur eux, les maltraitèrent, les volèrent, les mirent en chemise, et dans cet état les conduisirent aux prisons du château de Roquemaure, d’où de Baville, intendant du Languedoc, les fit transférer à Montpellier. Quatre-vingt-dix-sept hommes et trente-huit femmes ou filles y furent conduits, attachés deux à deux ; et dès le 26 septembre (1698), soixante-onze hommes furent condamnés aux galères perpétuelles et leurs biens confisqués, et dix-neuf personnes du sexe renfermées dans le château de Sommières. Cet événement, qui mit plus de quatre cents familles en deuil, plongea tous les réformés de la province dans la plus vive affliction ; mais il ne fut pas capable d’arrêter le cours des assemblées. » (Vol. l, p. 9-10.)
« J’ai les mains trop liées, Monsieur, pour faire grâce à personne. Je fus réveillé avant-hier par un courrier de M. de Châteauneuf, qui m’a apporté l’ordonnance du roi ci-jointe, avec ordre de ne faire grâce à personne ; de juger quatre-vingts hommes et une femme suivant la rigueur de l’ordonnance. J’avais proposé de faire décimer ces malheureux, et que l’exemple se fît omnium metu, paucorum pœnâ, en les faisant tirer au billet, comme j’ai vu faire une fois à Nîmes. Mais le maître ne l’a pas voulu et a été sensiblement indigné. Voilà un grand exemple, et qui doit rendre sages ces gens-là, s’ils le peuvent être ; joint à cela toutes les précautions que nous avons prises, de faire entourer de partis gardés dans le comtat toute la principauté d’Orange, et de mettre encore une seconde ligne de gardes dans le Languedoc, tout le long du Rhosne. Je fais publier partout l’ordonnance que je vous envoie. Vous verrez qu’avec tous ces ordres, Lenquet passera mal son temps avec un nommé Ribes, qui est encore plus riche que lui. J’ai ordre de juger quatre-vingts prisonniers ; il s’en trouve quatre-vingt-seize ; mais j’ai été obligé d’en épargner seize, qui m’ont paru les moins coupables par leur jeunesse, étant au-dessoubs de dix-huit ans ; les lois voulant que ce soit une cause pour modérer la peine et ces seize jeunes garçons ne sont que des paysans. Ainsi j’ai fermé l’oreille à toute recommandation. Vous avez fait votre métier et j’ai fait le mien.
« Mon fils vous assure de ses respects et vous remercie de l’honneur de votre souvenir.
« L’exemple d’Orange rabattra peut-être la fierté de vos gens ; il n’y a que Dieu qui sache ce que deviendra l’affaire de la religion, et je crois que ceux qui y travaillent ont encore des idées bien confuses. Il serait pourtant bien facile d’y donner une forme qui serait sans inconvénient. Je suis avec respect votre très-humble et très-obéissant serviteur.
« J’ai condamné ce matin soixante-seize malheureux aux galères, dont Ribes et Lanquet sont les premiers. Ils sont inexcusables ; je souhaite que cet exemple soit le dernier. Si les docteurs de Paris savaient la peine que nous donne l’affaire de la religion, ils nous laisseraient faire à notre mode. »
On peut se borner à remarquer, à propos de ce doux post-scriptum de l’intendant Baville, que ce fut à force de donner des exemples de ce genre, que lui, et les administrateurs qui partageaient ses vues, réussirent à faire éclater l’effroyable guerre religieuse des Camisards, avec laquelle il fallut négocier et qui faillit embraser tout le midi du royaume.
Les listes que nous donnons ici sont de l’année 1707 ; elles sont extraites des registres officiels des églises wallonnes (françaises) des provinces unies de Hollande. Si on les compare aux listes détaillées du grand ouvrage de Benoît (Hist. de la rév. de l’Édit de Nantes, tom. iii, addit.) de l’année 1695 et à celles que nous donnons ci-après, qui répondent à l’année 1734 et suivantes jusqu’en 1760, on aura une statistique fidèle et assez complète des noms des protestants qui furent détenus sur les galères royales de Marseille, de Toulon et de Dunkerque, sous Louis XIV et Louis XV, pour crime de religion. En comparant les listes de 1695 avec celles de 1707, nous trouvons plusieurs noms communs sur les mêmes galères, ce qui n’a rien d’étonnant ; la répétition montre seulement qu’en 1707 plusieurs de ces infortunés étaient déjà dans le bagne depuis douze années. D’après les listes du pasteur Élie Benoît, il y avait aussi des galériens protestants sur les chiourmes de Brest, de Saint-Malo et de Bordeaux ; nous pensons que plus tard, c’étaient les seules galères de Toulon qui recevaient les condamnés par suite des peines prononcées par les édits de Louis XIV contre les Français protestants.
À la lecture de l’article 36e du synode précédent, la compagnie, qui est toujours vivement touchée des souffrances continuelles de nos frères confesseurs sur les galères, et qui ne cesse, en admirant la constance et la grâce de Dieu en eux, de présenter des prières ardentes au père des miséricordes pour leur consolation et leur délivrance, ayant appris que les sources des charitez ont beaucoup diminué depuis un an, et qu’ils ont été plus dénuez de secours ; elle renouvelle fortement son exhortation aux églises pour les obliger à s’élargir de plus en plus en faveur de nosdits frères. Elle loue celles qui l’ont fait nouvellement, et elle recommande à toutes les autres de ne se point relâcher en bienfaisant, vu que le nombre de ces fidèles va au-delà de trois cent quatre-vingts, et qu’ils ont besoin d’une continuelle assistance. Elle charge tous les députez du synode de remercier, chacun dans leur ville, MM. nos très-honorez frères les pasteurs flamands des charitez qu’ils ont déjà si généreusement et si libéralement fournies, et de les exhorter à continuer encore leurs soins, tant dans leurs consistoires que dans leurs classes et dans leurs synodes, pour exciter les compassions des églises flamandes et en obtenir de nouveaux secours qui seront fidèlement envoyez à ces dignes athlètes du Seigneur, comme ils l’ont été jusqu’icy, selon que cela a paru encore dans cette assemblée par les contes que les églises d’Amsterdam et de Rotterdam ont rendus par leurs députez.
LES CACHOTS ET SUR LES GALÈRES À MARSEILLE.
Pierre Saire.
Jean Saire.
Jean-Bapt. Bansillon.
Élie Morin.
Les 2 frères Carière.
Jean Garnier.
Philippe Alix.
Pierre Peraud.
Cardin Guilmod.
Jean Senegat.
Antoine Astrueq.
Jean-Franç. Malblanq.
Étienne Bertrand.
Charles Meton.
Isaac Petit.
Jean Dodé.
Jean Piron.
Claude Audon.
Étienne Bernard.
Philippe Turc.
Daniel Cors.
Antoine Beauvière.
Pierre Diedier.
Jean Jullien.
Anthoine Mejavel.
Pierre Ramond.
Louis Capelier.
Pierre Paloyer.
Jean Prunier.
Abraham Janoir.
Jean Billaud.
Joachim Lotre.
Henry Benton.
Étienne Michel.
Anthoine Penard.
Daniel Conte.
Jean Jacques Chebert.
Jacques Gandouin.
Étienne Tardieu.
Pierre Touril.
Jacques Morel.
Jean Maruege.
Daniel Rouselin.
David Reboul.
Pierre Lucas.
Claude Lambastier.
Jean Le Febvre.
Jean Mesebergue.
Simon Pineau.
Pierre Boyer.
Pierre Lauzet.
Jean Gallien.
Jean Vilvaret.
Étienne Arnalle.
Nicolas Rollinnie.
Jean Sabourin.
Jean Flotte.
Jean Destample.
Claude Villarette.
Jean Royer.
Jean Imbert.
Jean Fesquet.
Claude Joussaud.
Louis Manuel.
Daniel Bourget.
Jean Muston.
Estienne Salle.
André Pellecœur.
Michel Chabrit.
Pierre Boulonge.
Abel Damouin.
Clément Patron.
Estienne Damouin.
Pierre Gay.
Jean Morin.
Jacques Buland.
Abel Comenaud.
Jean Bonelle.
Pierre Sylvin.
Thomas Boller.
André Piers.
Jacques Soulerot.
David Laget.
Gabriel Can.
Marc-Anthoine Reboul.
Jean-Pierre Dintre.
Marc-Anthoine Damouin.
Jean Beautias.
Jean Gachon.
Jean Comère.
Estienne Pescheu.
Pierre Bastide.
Pierre Menadier.
Josué Chesnau.
André Archibaud.
Anthoine Perier.
Pierre de Paux.
Samuel de Bedat.
Jean Bourdier.
Pierre Legues.
Benjamin Germain,
André Meunier.
David Pons.
Abraham Plantefère.
Elle Pichot.
Jean Soulage.
Jean Durand.
Jean Lostalet.
Pierre Augerau.
Pierre l’Orfelin.
Pierre Peridier.
Isaac Beaumont.
Claude Pavie.
Pierre Moulin.
Anthoine Platon.
Louis Du Claux.
Jean Liron.
Jean Vestiau.
Jacques Morot.
Anthoine Chabert.
Daniel Arsacq.
Louis Cochet.
Jacques Castanier.
Gabriel Laurant.
Pierre Alix.
David Fesier.
Étienne Gout.
Pierre Bertaud.
Jean Galien.
François Rocheblime.
Jean Cazal.
Salomon Bourget.
François Courtesaire.
Jacques Bruzin.
Jacques Vigne.
Pierre Preval.
Marc-Anthoine Capduc.
Jonas Fournachon.
Moyse Renaud.
David Conte.
Jean Raugeron.
Jean Bernard.
Louis Ysoire.
Israël Bouchet.
Pierre Maillé.
Pierre Garnier.
Étienne Corps.
Claude Savilet.
Charles Sabatier.
Jean David Petit.
Piere de Bled.
Louis Marles.
Jean Pierre.
Jean-Jacques Gras.
Anthoine Prujat.
François Auger.
Jacques Piedmarin.
Jacques Martel.
Allexandre Brunel.
Étienne Gelabert.
Étienne Fer.
Jacques Chau.
Jacques Faucet.
Anthoine Falon.
Jean Bereu.
Thomas Bernard.
Matthieu Deunis.
André Rechias.
Bertrant Aurèle.
Charles Bouin.
Jean-Pierre Clerq.
Joseph Bois de la Tour.
Jean Laurand.
Jean Semenes.
Bartholemy Rossignol.
Jacques du Four.
Jean Dodé.
Jaques Gaigneux.
Jean Molle.
Philippe Hauch.
Nicolas Julien.
Anthoine Mercier.
Daniel Aubet.
François Sabatier.
Jaques Serguieres.
Jean Rouvière.
Pierre Martinangue.
Allexandre Asier.
Jean Martin.
Pierre Roumegeon.
Guillaume Bonhoste.
Pierre du Maes.
Pierre Caplan.
Jacques Blanc.
Jean Giraud.
Jacques du Pont.
Daniel Rayau.
Pierre Misaule.
Jean Viaud.
Antoine Privat.
André Gazau.
Jacques Cochet.
Pierre Richard.
David Volle.
Pierre Bonet.
Marc Audout.
Jean Gansse.
Étienne Sermes.
Joseph Serbière.
Jean Vincent.
Pierre Chapelle.
Jean Chapelle.
Jacques Brujat.
David Bersot.
Pierre Mazet.
David Douvier,
Élie-Franç. Le Doux.
François Quintin.
Guillaume Roux.
Jean Marcelin.
David Fessonnière.
Abraham Fouverin.
Jacques Durand.
Jacques Péridier.
Joseph Guigne.
Jean Lardant.
Élie Heruat.
Philippe Fardieu.
Jean Naigre.
David Puche.
David Loret.
Jean Jacques.
Jean Espase.
Zacharie Massip.
Jean Severacq.
Pierre Quiet.
Étienne Grange.
Antoine Aguillon.
Isaac Aposlolie.
Matthieu Pelanchon.
Pierre Gasuel.
Paul Lorier.
Isaac Lunadier.
Pierre Baraqua.
Jean Bancillon.
Jean Barte.
Pierre Nadat.
Daniel Le Gras.
Pierre Blanc.
Jean Barbier.
André Bousquet.
Pierre Montasier.
Jean Bourlié.
Pierre La Fond.
Michel Gascuet.
Pierre Soulerot.
Jacques Brun.
Jean Malbernard.
Roustand Gleise.
Pierre Foussatie.
Denin Ustin.
Paul Aumedes.
Charles Pau.
Pierre Cervière.
François Bourier.
Jean Favas.
Jacques Colas.
Jacques Fontanelle.
Jean Manuel.
Anthoine Chabrol.
Daniel Puche.
Jean Fabre.
Louis Bourguet.
Anthoine Noé.
Pierre Valgaliere.
Pierre Cors.
Jean Rampon.
Julien Capelier.
François Bigot.
Jacques Thomas.
Noël Biesot.
Jacques Olivier.
Jean Pierre.
François Martinel.
Pierre Lebat.
Adrien Jenar.
Louis Brugière.
Jacques Roquelle.
Jean Mommegan.
Jacques Brier.
Pierre Fournelle.
Israël Bernard.
Louis Coste.
Jean Lacombe.
André Roux.
Adam Castan.
Jacques Brunelle.
Foulcanan Soulier.
Jean Planque.
Pierre Pontier.
Claude Aguillon.
Jean Baradon.
Jean Roussin.
Jacques Fabre.
Jean Lequel.
Jean Fusiès.
Marc Foucar.
Jacques Cordile.
Jean Lantierez.
Joseph Ricard.
David Mafre.
André Metger.
Antoine Cordile.
Jacques Cors.
églises du bas Languedoc et des Cévennes en 1728.
1728. | Lieu de départ | Lieu de l’assembl. | Dist. du lieu de départ à celui de l’assemblée. |
Mai | 4 | Nîmes |
x |
1 | lieue |
5 | x |
Calvisson |
1 | 1/4 | |
7 | Calvisson |
Lunel |
2 | ||
9 | Lunel |
Vauvert |
3 | ||
21 | Vauvert |
Saint-Hyppolite |
9 | ||
23 | Saint-Hyppolite |
Vendras et Lussan |
2 | 1/2 | |
24 | Vendras et Lussan |
Saint-Laurent, Saint-Quintin |
3 | ||
26 | Saint-Quintin |
Uzès |
» | 1/2 | |
27 | Uzès |
Guarrigues |
1 | 1/2 | |
30 | Guarrigues |
Nîmes |
3 | 1/2 | |
31 | Nîmes |
Saint-Geniès |
4 | ||
Juin. | 1 | Saint-Geniès |
Ledignan |
1 | 3/4 |
3 | Ledignan |
Brenoux |
5 | 1/2 | |
5 | Brenoux |
Chamborigaud |
3 | 1/2 | |
Dimanc. | 6 | Chamborigaud |
Pont-de-Mont-Vert |
8 | |
7 | — — — — — | ibid. | 1 | ||
8 | Pont-de-Mont-Vert |
Florac |
5 | ||
9 | Florac |
Saint-Germain de Calberte |
5 | ||
12 | Saint-Germain de Calberte |
Barre |
3 | ||
13 | Barre |
Saint-André de Valborgne |
2 | ||
14 | Saint-André de Valborgne |
Valleraugue |
2 | ||
16 | Valleraugue |
Meyrueis |
4 | ||
18 | Meyrueis |
Vigan |
5 | ||
19 | Vigan |
Roquedur |
1 | 1/2 | |
20 | Roquedur |
Saint-Hyppolite et Ganges |
3 | 1/2 | |
21 | Ganges |
Quissac |
2 | 1/2 | |
22 | Quissac |
Lezau |
2 | ||
26 | ibid. | ibid. | 0 | ||
29 | Lezan |
Saint-Paul la Coste |
3 | ||
Juillet, | 2 | Saint-Paul la Coste |
Saint-Roman |
4 | |
4 | Saint-Roman |
Anduze |
4 | ||
5 | Anduze |
Sauve |
3 | ||
32 | Assemblées au désert. | Total |
98 | 1/2 l. |
Nous insérons d’après l’ouvrage du pasteur Antoine Court (Le Patriote français et impartial, p. 530)[4], la liste des pasteurs, qui furent exécutés par arrêt des intendants de province ou des parlements, depuis l’année qui suivit la révocation de l’édit de Nantes jusque vers la fin du règne de xv. Nous avons rectifié et complété ce triste catalogue d’après nos pièces. Cette liste n’est pas complète : elle donnera cependant le nombre approché des pasteurs du désert, qui furent exécutés uniquement pour le crime d’avoir exercé leurs fonctions. Plusieurs cependant furent jugés de plus pour révolte ou pour prétendues menées politiques. On remarquera que notre liste ne renferme que les pasteurs officiellement ordonnés suivant la discipline des églises de France, à l’exclusion des pasteurs, dits prédicants, des Cévennes et bas Languedoc, dont Baville ordonna les nombreux supplices.
de Saint-Maurice.
de Saint-Priest.
Pour compléter les renseignements précédents et aussi ceux qui vont suivre, il n’est pas inutile de rappeler quels furent les magistrats et les commandants militaires qui gouvernèrent le Languedoc pendant les années dont nous avons parcouru l’histoire. Durant les années même de la révocation de l’édit de Nantes, pendant toute la fin du siècle, y compris la période complète de la guerre des Camisards, jusqu’après la mort de Louis XIV, Lamoignon de Baville, conseiller du Roi, fut intendant de police, justice et finances. Il gouverna la province, de 1685 à 1718, c’est-à-dire pendant trente-trois ans. À la même époque, et en vertu du privilège de la province qui avait stipulé, lors de sa réunion, qu’elle ne pourrait être gouvernée que par un prince du sang royal, le duc du Maine, fils légitime de France, eut le gouvernement du Languedoc, de 1682 à 1736. Son fils, le prince de Dombes, lui succéda. En effet, nous avons vu un certain nombre de placets adressés, par les églises du désert, à ce prince du sang. Le duc de Maine n’exerça jamais en Languedoc qu’un commandement nominal. Les vrais gouverneurs furent, pendant ce même intervalle, avec l’intendant Baville, les marquis de la Trousse et de Noailles, les maréchaux de Montrevel, de Villars, et le maréchal-de-camp du Deffand de Lalande ; ensuite le commandement militaire du Languedoc fut exercé par le maréchal de Berwick ; sous la régence, par le duc de Roquelaure ; et plus tard, par le lieutenant-général marquis de La Fare (1729) ; à ce dernier, le duc de Richelieu succéda en 1739 ; en son absence, le gouvernement militaire fut exercé par le maréchal-de-camp de La Devèze. Nous verrons que la douceur au moins comparative du duc de Richelieu fut remplacée, et beaucoup étendue, par un autre homme de qualité qui tendit une main secourable aux protestants, et qui a laissé une mémoire en bénédiction chez les églises du désert du Languedoc et de la Guyenne ; ce fut le prince de Beauvau.
Après Lamoignon de Baville, les intendants du Languedoc qui administrèrent la province pendant l’intervalle que nous avons parcouru, furent successivement :
Dans la province du Dauphiné, les églises du désert se trouvaient surtout en présence des autorités suivantes ; le duc de Medavid, commandant pour le roi en 1720, et plus tard, le lieutenant-général M. de Marrieux ; le subdélégué de l’intendant absent, le conseiller Chais ; le premier président au parlement, de Piolens ; le conseiller de Tréviol, commissaire départi en la cour dans la grande instruction des mariages au désert de 1745. Il faut citer encore l’avocat général au parlement de Toulouse, du Saget ; l’intendant de Guyenne, de Tourny ; l’intendant d’Auch ; l’intendant de Montauban, Lescalopier ; l’intendant de Roussillon, Bajin ; l’intendant de La Rochelle, de Barentin, et l’intendant de Poitiers, de Beaumont. Nous avons cru devoir donner en cette note l’indication concise des principales autorités qui régirent les églises du désert, dans la période d’environ quarante années que nous avons parcourues, depuis la mort de Louis XIV, en 1715, jusqu’à la fin de l’intendance du chevalier Lenain, en 1750, au milieu du siècle.
18. Paul Garry, du lieu de Bellegarde, diocèse de Cahors, condamné à vie par M. l’intendant de Montauban, le 2 février 1747, pour avoir été aux assemblées, âgé de trente ans.
Nous, soussignés, certifions le présent rôle véritable, et prions tous ceux à qui il sera communiqué d’y ajouter foi : Mercier, Lasterne, E. Laborde, J. Molinier, P. Laborde, Meniet, Ant. Riaille, Garagnon, Compan, P. Achard, P. Matthieu, Puget, Allard, Raillon, Barnier, C. Chaumond, J. Bouqueiran, Sabatier, Espinas, signés.
Collationné, Lafond, pasteur de Provence.
No VII[8].
On trouvera aussi une liste des prisonnières de la tour de Constance, Mémoire historique de 1741, P. 253. Elles sont au nombre de vingt-quatre, depuis 1719 jusqu’à 1741. La liste est bien d’accord avec celle que nous avons transcrite, hormis qu’elle comprend un moindre espace de temps, et qu’elle est moins complète.
Ce ne sera pas trop anticiper sur la suite de notre histoire que d’ajouter ici un tableau bien connu, mais qui est le supplément pour ainsi dire obligé de la liste précédente ; c’est la description de la visite que fit, en 1768, le chevalier de Boufflers à la tour de Constance. L’auteur de cet ouvrage se rappelle très-bien d’avoir entendu, dans les années du régime impérial, le très-aimable et spirituel chevalier de Boufflers, alors vénérable académicien, confirmer de vive voix ses souvenirs de la prison d’Aiguesmortes.
« Je suivais, dit le chevalier de Boufflers, M. de Beauvau dans une reconnaissance qu’il faisait sur les côtes du Languedoc. Nous arrivons à Aiguesmortes, au pied de la Tour de Constance ; nous trouvons à l’entrée un concierge empressé, qui, après nous avoir conduits par des escaliers obscurs et tortueux, nous ouvre à grand bruit une effroyable porte sur laquelle on croyait lire l’inscription du Dante : Lasciate ogni speranza, o voi ch’intrate. Les couleurs me manquent pour peindre l’horreur d’un aspect auquel nos regards étaient si peu accoutumés, tableau hideux et touchant à la fois, où le dégoût ajoutait encore à l’intérêt. Nous voyons une grande salle ronde, privée d’air et de jour ; quatorze femmes y languissaient dans la misère et dans les larmes ; le commandant eut peine à contenir son émotion, et pour la première fois sans doute ces infortunées aperçurent la compassion sur un visage humain. Je les vois encore à cette apparition subite tomber toutes à la fois à ses pieds, les inonder de pleurs, essayer des paroles, ne trouver que des sanglots ; puis, enhardies par nos consolations, nous raconter toutes ensemble leurs communes douleurs. Hélas, tout leur crime était d’avoir été élevées dans la même religion que Henri iv. La plus jeune de ces martyres était âgée de plus de cinquante ans ; elle en avait huit lorsqu’on l’avait arrêtée, allant au prêche avec sa mère, et sa punition durait encore[9]. » Il est presque inutile d’ajouter qu’après cette affreuse découverte, le prince de Beauvau obtint la délivrance de ces prisonnières.
Nous plaçons ici le Synode National du 4 mai 1756, dont nous possédons les deux minutes originales (Mss. P. R. fol. — Mss. Ls. fol.) ; nous reproduisons cet acte textuellement, tant pour montrer la forme et le genre d’objets de ces assemblées du désert, que pour enregistrer le document statistique qui le suit, et qui est important pour notre histoire : c’est le rôle officiel et complet des pasteurs, proposants et étudiants des églises réformées du désert en 1756. Nous donnerons plus tard le synode national de 1763, par la même raison, attendu la liste semblable qui y est adjointe. De toutes nos pièces synodales, qui sont au nombre de plus de cent, ce sont les seules qui présentent ces particularités statistiques, qu’il importe de recueillir.
Si l’on compare les diverses époques principales du personnel des pasteurs réformés français, on trouve les chiffres suivants :
Le dernier mot statistique que semblent nous donner ces listes est remarquable ; si l’on compare le chiffre total des pasteurs réformés français sous Henri IV, en 1603 (476), à celui des mêmes sous notre gouvernement actuel (404), en faisant attention que dans l’origine les églises étaient bien moins étendues, et embrassaient un ressort moins considérable, on trouve qu’après deux siècles et plus de proscriptions, d’exils, de persécutions et de culte du désert, le chiffre du personnel des églises des nouveaux convertis n’est pas très-loin d’être revenu au total primitif qu’on a tant cherché à déraciner ; si l’on pouvait ajouter à ce total le chiffre de toutes les églises françaises du refuge, qui se sont transportées chez les peuples étrangers, il serait fort possible qu’on arrivât à cette conclusion inattendue : en somme, la révocation de l’édit de Nantes n’a point diminué le nombre des protestants.
MM. Jean Roux et Jacques Gabriac, pasteurs, avec deux anciens.
bas Périgord et bas Agenois,
M. Jean-Louis Gibert, pasteur, et M. Louis Figuière, proposant, avec deux anciens.
MM. Pierre Peyrot et Alexandre Vernet, pasteurs, avec deux anciens.
MM. Paul Rabaut et Jean Pradel, pasteurs, avec deux anciens.
haut Agenois, Bordelois et comté de Foix,
MM. Jean Sicard et François Viala, pasteurs, avec deux anciens.
M. Jean Betrine, pasteur, avec un ancien.
MM. Pierre Rozan et Alexandre Ranc, pasteurs, avec deux anciens.
MM. Jean Gal et Paul Dalgue, pasteurs, avec deux anciens,
MM. Jean Godefroy et Louis Campredon, pasteurs.
Lesquels députés ayant présenté leurs lettres d’envoy, elles ont été luës et aprouvées.
M. Figuières, proposant, a été admis en qualité de député, sans conséquence pour l’avenir.
Après l’invocation du saint nom de Dieu, on a élu à la pluralité des sufrages, pour modérateur[12] M. Pierre Peyrot, pasteur ; pour modérateur adjoint, M. Paul Rabaut, pasteur ; pour secrétaire, M. Jean Pradel, pasteur ; pour secrétaire adjoint, M. Jean Roux, pasteur.
L’assemblée, jugeant nécessaire de régler le rang que les provinces doivent tenir dans les synodes nationaux, a arrêté qu’on suivra tour à tour l’ordre selon lequel elles sont placées cy-dessus, et que celle qui aura été la première sera la dernière à chaque nouveau synode national.
La fidélité et l’obéissance au souverain ayant toujours été un point capital de la doctrine des réformés, tous les membres du synode ont protesté, tant en leurs noms qu’en ceux de leurs provinces, qu’ils persévèrent dans cette créance, et qu’ils seront toujours prêts à tout sacrifier pour le service de Sa Majesté.
Chaque province présentera au roy une très-humble requête dans laquelle on fera un tableau racourci de nos misères, et l’on supliera Sa Majesté d’en avoir compassion, et d’y remédier selon que sa sagesse et sa bonté jugeront convenable.
L’union des églises a été renouvelée et confirmée sous la très-humble obéissance due au roy par tous les députés, tant en leurs noms qu’en ceux de leurs provinces, union qui consiste dans la conformité de la foy, du culte, de la discipline, et dans une exacte correspondance entre les provinces, soit en tems de persécution, soit en tems de calme, comme aussi dans la contribution aux dépenses que l’on est obligé de faire pour le bien de la cause commune.
L’assemblée n’a pas jugé à propos de continuer le jeûne annuel prescrit par l’article 11 du synode national de mil sept cens quarante-huit ; mais éfrayée à la veuë de l’extrême corruption qui règne dans le monde, des terribles fléaux qui se promènent sur la surface de la terre, et des maux qui nous affligent depuis si long-tems, elle ordonne que, pour apaiser la colère de Dieu et attirer sa faveur, il soit célébré dans toutes nos églises un jour de jeûne et d’humiliation extraordinaire, qu’on a fixé au dixième octobre prochain.
Les provinces où les assemblées se tiennent de nuit, sont exortées à se conformer à celles où elles se font de jour, autant que la prudence le permettra.
Reconnaissant que les cantiques sont très-propres à entretenir la dévotion, surtout dans le tems de solemnités, on a délibéré de prier un ami de faire un choix de ceux qui conviendront le mieux à l’état des églises de ce royaume.
Sur la question proposée par les députés de la province du bas Languedoc, s’il convenait de lire ou de ne pas lire les psaumes avant de les chanter dans les assemblées religieuses : l’assemblée est d’avis que, vu l’édification que retirent de cette lecture les personnes illitérées, l’usage en sera continué.
Les députés de Xaintonge ayant représenté le peu de soin qu’on remarque en diverses provinces, de sanctifier les jours de dimanche, la compagnie, touchée d’une vive douleur et voulant faire cesser toute profanation de ces jours sacrés, recommande l’observation du règlement fait à ce sujet au synode national tenu à Loudun en mil six cens cinquante-neuf, qui, pour détourner les jugemens de Dieu que s’attirent les profanateurs, « exorte tous les fidèles à employer ces saints jours à la fin à laquelle ils sont destinés en s’adonnant aux exercices de piété publics et particuliers, à la prière, à l’ouïe et lecture de la parole de Dieu ; en s’abstenant religieusement, non seulement du travail ordinaire, mais principalement des compagnies et divertissemens qui peuvent détourner les esprits du service divin et de la dévotion, à quoi nous sommes obligés particulièrement en ces jours-là.
Vû les grandes difficultés qu’il y a d’envoyer aux lieux dont on était convenu les registres des mariages et baptêmes du désert, la compagnie dispense les pasteurs d’exécuter l’art. 20 du synode national de mil sept cens quarante-huit, et ordonne, sous peine de censure, à tous les consistoires, d’avoir des registres tant pour le passé que pour l’avenir auquel on puisse recourir en tout tems dans le besoin, enjoint en outre aux pasteurs et anciens d’y tenir la main.
Les pasteurs qui passeront d’une province à l’autre, seront obligés, avant leur départ, de laisser leurs registres ou d’en donner une copie pour l’usage des églises dans lesquelles ils auront exercé leurs ministères.
L’assemblée, convaincue que le séminaire a été, jusqu’à présent, d’une grande utilité aux églises réformées de ce royaume, et espérant qu’il le sera de même à l’avenir, a délibéré d’écrire à messieurs les respectables directeurs dudit séminaire pour les remercier de leurs soins charitables, et les prier de veiller de plus en plus sur la conduite de nos séminaristes, et de leur donner toujours des professeurs ortodoxes.
Les étudiants envoyés au séminaire par une province ne pourront aller exercer le ministère dans une autre sans la permission de celle dont ils dépendent, et seront tenus d’y revenir lorsqu’elle les y rappellera,
En répondant à la question de la province de Xaintonge, qui demande si l’on doit interdire tout commerce civil avec les excommuniés, la compagnie déclare qu’on doit seulement défendre tout commerce familier avec ces pécheurs scandaleux.
Ceux d’entre les protestants qui enlèveront ou feront enlever des enfants de leurs parents ou amis pour les faire baptiser dans l’église romaine, seront suspendus de la communion pour deux ans, et obligés ensuite de faire une réparation publique ; mais, en cas de maladie dangereuse, il sera permis à leurs consistoires d’abréger le tems de leur pénitence.
S’il survenoit quelque différent entre les ministres, ils s’abstiendront d’en porter plainte à nos amis des païs étrangers, et ceux qui contreviendront à cette défense seront censurés.
Les ministres sont chargés de recommander aux fidelles de bons livres, mais il leur est bien expressément défendu d’en vendre pour leur profit particulier.
La discipline ecclésiastique avec ses observations et les conformités de M. de La Roque sera imprimée en bon papier et beau caractère, et chaque province se charge d’en prendre un nombre d’exemplaires ; savoir :
Pour accélérer l’exécution de l’article cy-dessus, la compagnie donne commission au colloque de l’Agenois de faire choix d’un imprimeur, et après avoir convenu avec lui du prix de l’impression, d’en donner avis aux provinces, qui, par la pluralité de suffrages, authoriseront ou suspendront la convention.
Les anciens et diacres assemblés qui n’auront point de pasteur à leur tête, ne pourront élire de modérateur, ni décerner aucune peine canonique contre les pécheurs ; encore moins contre leurs collègues.
Vû le peu de soin qu’ont eu certaines provinces de ne mettre que des choses importantes dans leurs mémoires pour le synode national, la compagnie recommande l’observation de l’art. vi du chapitre ix de la discipline ecclésiastique.
Conformément à l’art. iii du chapitre ix de notre discipline, les lettres et mémoires des députés au synode national seront signés par le modérateur et le scribe des synodes provinciaux qui les envoyeront, faute de quoi on n’y aura aucun égard.
Les députés des provinces ayant tour à tour fait rapport de ce que chacune fournit pour l’entretien de ses pasteurs, la compagnie exhorte celles de ces provinces dont les pasteurs souhaiteront une augmentation, de leur accorder pour le moins quatre cens livres par an.
Le synode touché des souffrances de nos chers frères confesseurs sur les galères, et de celles des autres captifs pour cause de religion, et très-édifié de leur constance, les recommande instamment aux prières et à la charité des fidèles.
On a aprouvé et confirmé l’article viii du dernier synode des hautes Cevenes conçu en ces termes : « L’assemblée, informée que certains protestans, par un scrupule mal fondé, font batiser leurs enfants dans l’église romaine quand ils sont en danger de mort, a trouvé leur conduite extrêmement blâmable à cet égard, et elle les exorte à ne plus tomber dans de pareilles fautes sous quelque prétexte que ce soit, sous peine d’être poursuivis selon la rigueur de la discipline. »
L’assemblée, apprenant que, dans les provinces, il y a plusieurs personnes qui, en prêtant de l’argent, exigent un intérêt excessif, enjoint aux pasteurs d’exorter leurs troupeaux à s’abstenir de cette odieuse pratique, et recommander à tous les particuliers l’observation de l’article xxii du chapitre xiv de la discipline concernant l’usure.
Les députés du bas Languedoc ayant proposé d’ériger en province le Rouergue avec les églises de Bedarieux, Faugeires et Grayssessac, à condition que le corps des pasteurs dudit bas Languedoc donnera un pasteur, et le corps des pasteurs des basses Cevenes en fournira un autre pour le service de cette nouvelle province, la compagnie aprouve et confirme ladite proposition dans toutes ses parties.
Les hautes et basses Cevenes continueront à former deux provinces, et cependant entretiendront entr’elles la plus parfaite union.
À la réquisition des députés de la province des hautes Cevenes, la compagnie donne et unit à la province du bas Languedoc le cartier qui comprend Saint-Ambrois, Payremate, les Van, la Gorée, Vallon, Salava, Avejan et Saint-Jean de Maruejol.
Les provinces du Vivarais et Dauphiné sont chargées de procurer des pasteurs à l’église de Lyon et ses annexes.
Les députés des églises de Provence, ayant demandé que leur province fût jointe à une autre, la compagnie ne trouvant pas à propos d’accorder leur demande, les renvoye en cas de différent, à quelques-unes des provinces voisines, conformément à ce que la discipline ordonne.
Lesdits députés de Provence ayant encore exposé le besoin qu’elle aurait d’un ministre ou d’un proposant, la compagnie lui donne le sieur Joseph Picard, étudiant au séminaire.
La même province de Provence jouira du droit dont jouissent les autres provinces d’envoyer des étudians au séminaire.
L’ami à qui certaines personnes ont envoyé une somme, la renvoyera quand il en sera requis.
Sur les plaintes portées par les députés du haut Languedoc, d’une part, et l’apel de M. Grenier de Barmont, avec la demande de MM. les anciens de l’église de Bordeaux, d’autre part, la compagnie a jugé que, dans trois mois, ledit M. de Barmont ira subir la censure décernée contre lui par le synode provincial de ladite province, et sera cependant cédé à l’église de Bordeaux pour une année, qui prendra son commencement le jour de l’exécution des articles 1 et 11 du dernier synode de sa province, et qu’au surplus on lui écrira une lettre pour l’exorter à se mieux conformer à l’ordre de la discipline à l’avenir.
M. Louis Campredon n’est pas aprouvé d’avoir disposé de son ministère en faveur de la province de Normandie, sans en avoir obtenu l’agrément de la province des basses Cevenes, mais parce que cette dernière ne l’a pas rappelé comme elle était en droit de le faire, et qu’il paraît d’ailleurs que ledit M. Louis Campredon a exercé son ministère avec beaucoup de fruit dans ladite province de Normandie, l’assemblée la lui affecte, et fait des vœux très-ardens pour le succès de sa nouvelle mission.
La province du Béarn se trouvant sans ministre, celle des basses Cevenes lui prêtera pour deux ans, M. Jean Journet, pasteur.
L’assemblée prenant en considération l’apel de M. Dugas, pasteur, et répondant favorablement à la demande des députés de la province de Xaintonge et Périgord, accorde pour trois ans ledit M. Dugas à cette province.
Les députés de la province de Normandie ayant demandé le sieur Antoine Gai, proposant, ont été renvoyés à la province des basses Cevenes à qui ce proposant appartient, et qui aura tel égard qu’elle jugera à propos à la demande desdits députés.
Le synode enjoint très-expressément à la province de Xaintonge de se conformer aux règlemens de la discipline ecclésiastique et aux actes des synodes nationaux des églises réformées de France.
Sur les plaintes portées par les députés de la province de Xaintonge contre les anciens de la ville de Coignac, au sujet d’une collecte, la compagnie manquant de moyens pour éclaircir ces plaintes, charge M. Dugas, pasteur, de procéder à l’information des faits sur lesquels elles roulent, de concert avec trois anciens, qu’il prendra d’autant de consistoires voisins, et donne pouvoir à lui et au colloque de ladite province d’en juger définitivement.
MM. Jean-Louis Gibert, Jean Sicard, Jaques Sol, François Viala, et Pierre Dugas, pasteurs, procéderont à l’examen de M. Figuières, et s’ils le trouvent capable, ils l’installeront au susdit ministère, pour la province du Xaintonge et Périgord.
Les députés de la province du Dauphiné demandent quelle est la conduite qu’on doit tenir envers une femme qui s’est séparée de son mari et refuse de se joindre avec lui ; il a été décidé que si cette femme continue dans son refus, elle sera poursuivie selon la rigueur de la discipline.
Sur les représentations et les demandes faites par M. Court, au sujet des dépenses auxquelles il a été exposé pour le bien de nos églises, l’assemblée prie MM. les illustres économes d’acorder à ce digne représentant l’indemnisation qu’ils jugeront convenable.
La compagnie, informée que M. Court a reçu plusieurs étudians au séminaire, sur des recommandations particulières, elle l’avertit de n’en plus recevoir à l’avenir qui ne soient envoyés par les provinces.
L’église de Saint-Jean de Gardonnenque après avoir rendu de bons témoignages à son pasteur, ayant demandé d’être séparée de la province des basses Cevennes, pour faire corps avec celle des hautes, elle a été renvoyée au synode de la province.
Conformément à l’article 13 du dernier synode provincial des basses Cevenes, les deniers du ministère qui se collecteront dans les églises du Rouergue, serviront à défrayer l’église de Saint-Jean de Gardonnenque des avances qu’elle a faites pour la province des basses Cevenes, et au cas que ces derniers ne puissent être collectés, ce sera à ladite province à faire le remboursement.
La province des basses Cevenes est chargée de la convocation du prochain synode national, comme aussi d’indiquer le jeûne général si les circonstances le demandent, et qu’elle en soit requise par les provinces. Ainsy conclu et arrêté cejourd’hui dixième may mil sept cens cinquante-six.
Pasteurs. — MM. Jean Roux, Jean-Pierre Gabriac, Henry Cavalier, Jacques Gabriac, Jean Mejanelle, Jean Martin.
Proposans. — MM. Jean Rouvière, Jean Pic, Louis Vallat.
Étudians. — MM. Rourbon, Pierredon.
Pasteurs. — MM. Jean-Louis Gibert, Pierre Dugas.
Proposans. — MM. Louis Figuière, Étienne Gibert.
Étudiant. — M. Taluchaud.
Pasteurs. — MM. Pierre Peyrot, Jean Blachon, François Costey Alexandre Vernet.
Proposans. — M. Jean Maurin.
Étudians. — M. Pierre Fauriel.
Pasteurs. — MM. Paul Rabaut, Simon Gibert, Jean Pradel, Pierre Redonnel, Louis Fayet, Pierre Encontre, Henry Bastide, Pierre Saussine, François Saussine, Jean Guizot, Pierre Alègre, Jean-Pierre Lafont, Paul Vincent, Jacques Matthieu.
Proposans. — MM. Teissier, Puget, Theyron, Pierre Paris.
Pasteurs. — MM. MM. Jean Sicard, Grenier de Barmont, Jacques Sol, François Viala, Paul Lafont.
Proposans. — MM. MM. Duval, Rochette[13], Armand.
Pasteur. — M. Jean Betrine.
Proposant. — M. Joseph Picard.
Pasteurs. — MM. Pierre Rozan, François Descourt, Alex. Ranc.
Proposans. — MM. Marcel, Béranger.
Pasteurs. — MM. Jaques Boyer, Gral, Jean Gal, Paul Dalgue, Paul Marazel, Jean Journet, David Vesson, Marc Portai, Ducros.
Proposant. — M. Gal.
Pasteur. — M. Moinier.
Pasteurs. — MM. Jean Godefroy, Louis Campredon.
JUSQU’À LA COURANTE ANNÉE 1756.
MM. Gibert, 1 an ; Durantes, 2 ans ; Dugas, 5 ans ; Pic, 2 ans ; Vallat, 2 ans.
MM. Rampon, 1 an ; Ducros, 1 an ; Journet, 1 an ; Teissier, 1 an ; Julien, 1 an ; Campredon, 3 ans ; Chabran, 3 ans ; Soulier, 2 ans ; Gai, 2 ans ; Noguier, 2 ans.
MM. de Barmont, 2 ans ; Pajon, 3 ans ; de L’Isle, 3 ans ; Armand, 2 ans ; Duval, 1 an.
M. Maurin, 4 ans.
MM. Olivier, 3 ans ; Beranger, 2 ans.
MM. Puget, 1 an ; Paris, 3 ans ; Picard, 3 ans.
M. Étienne Gibert, 1 an.
MM. Moinier, 1 an. Dechamp.
M. Merlin, qui avait été prêté à ladite province, y demeura 2 ans.
Les rolles ci-dessus ont été dressés par ordre du synode national.
Nous aurons occasion d’examiner les règlements de ce Synode et ceux d’une foule d’autres, lorsque nous tracerons plus bas l’esquisse de la discipline calviniste presbytérienne des églises réformées de France, au xviiie siècle. Nous verrons alors comment elles se conduisirent en présence de cette discipline, malgré le désordre momentané que les persécutions durent occasionner. Nous reviendrons aussi sur le personnel des pasteurs du désert, en même temps que nous signalerons les nombreuses localités du Languedoc où les réformés sont encore en très-forte majorité, en dépit de si constantes persécutions, et que nous présenterons un tableau biographique de ce que nos pièces nous ont appris sur tous les pasteurs ou ministres qui ont paru dans les églises de France durant le cours du siècle.
Nous ferons connaître, par une note analogue annexée à notre second volume, plusieurs autres documents manuscrits. Ici nous donnons l’énumération seulement des collections dont nous avons dû profiter pour ce premier volume, avec l’indice des abréviations très-simples dont nous nous sommes servis.
Mss. P. R. Manuscrits du pasteur Paul Rabaut. Ils s’étendent depuis 1740 jusqu’en 1790. C’est la collection mêlée des papiers, actes, notes, et correspondance touchant les églises du désert en général, et l’édit de l’état civil rendu par Louis XVI, qui furent conservés par Paul Rabaut, et par ses deux fils les pasteurs Rabaut-Saint-Étienne et Rabaut-Pomier. Sauf quelques cas évidents, d’après les affaires traitées ou d’après l’écriture, nous n’avons pas pu distinguer toujours les pièces ayant appartenu au père, de celles de ses deux fils : mais la très-grande majorité de ces manuscrits proviennent de Paul Rabaut ; en voici la description sommaire, selon notre arrangement :
A. | xviie siècle. | 1 vol. in-fol. | ||
B. | xviiie siècle. | 1700 à 1737, | 1 vol. in-fol. | |
C. | id. | 1738 à 1756, | id. | |
D. | id. | 1757 à 1769, | id. | |
E. | id. | 1770 à 1779, | id. | |
F. | id. | 1780 à 1790, | id. | |
G. | id. | 1750 à 1760. | Pièces concernant les | |
condamnés pour fait de religion | id | |||
H. | id. | Synodes nationaux de 1744, 1756, 1758, 1763, 1 vol. in-fol. |
Huit volumes ou portefeuilles in-fol. de pièces diverses[14].
Mss. Fab. Lic. 1 vol. in-fol.
Ces pièces ont été remises pour notre collection à M. E. Frossard, pasteur, par M. Fabre Lichaire ; elles proviennent du lieu d’Audabias, commune de Saint-Jean-du-Pin, arrondissement d’Alais, département du Gard. Cette commune est formée de la réunion de plusieurs petits villages, et parmi les catholiques qui la composent, plusieurs n’ont pas perdu le souvenir que leurs ancêtres étaient protestants. On y compte encore environ deux cents cinquante protestants, qui de la position de nouveaux convertis qu’ils étaient à l’époque des persécutions, sont revenus à la foi réformée. Ils habitent presque tous le même village de Plos. À peu de distance de ce lieu, se trouve la métairie d’Audabias, appartenant encore aux descendants de Jean et Denis Fabre, qui furent plusieurs fois emprisonnés pour avoir assisté aux assemblées religieuses. Il existe encore dans une des étables de la ferme, une cachette pratiquée dans l’épaisseur d’un mur, et destinée à abriter le ministre dans le temps des persécutions.
Collection très-intéressante ; pièces très-variées ; copies authentiques d’édits ; fragments de prières ; correspondance officielle ; affiches ; pièces de Baville, de Du Deffant de la Lande et autres ; deux complaintes.
Rég. Aff. 1 vol in-4o. — Registre ou cahier broché d’affiches, mandements, expéditions officielles, placards imprimés d’ordonnances et jugements, soit des parlements, soit des intendants, pour faits de religion. Ces placards officiels sont très-rares. Je dois cette collection, très-utile pour l’historique des jugements dont la foi du désert fut frappée, à M. le pasteur E. Frossard.
Mss. Veg. — Notices historiques extraites des papiers du pasteur Antoine Court. — Plusieurs lettres grand in-4o de M. de Vegobre, ancien juge au tribunal de Genève, ancien membre du comité français de Genève pour les églises du désert, 1835-1836. Ce respectable protestant y a placé beaucoup de détails sur Antoine Court et sur la marche des églises du désert : les lettres sont seulement signées de M. de Végobre.
Mss. V. — Complaintes sur la prise de certains pasteurs protestants ; un cahier petit in-4o (voy. plus haut, p. 314) ; probablement du lieu d’Aumessas, faisant partie de la consistoriale du Vigan (Gard) ; il serait possible que ce recueil eût été copié sur des mss. plus anciens en 1803, par le pasteur Fimiels, à Saumène. Notre collection s’est enrichie de ce cahier extrêmement curieux, par les soins de M. le pasteur Vors.
Mss. Ls. Lettre autographe de l’intendant Baville, et minute originale du synode national de 1756, avec le rôle officiel des pasteurs du désert au milieu du xviiie siècle ; nous sommes redevables de ces deux pièces, dont la seconde est très-importante, à M. le pasteur Lanthois.
Mss. Mar. Pièces historiques des papiers et correspondance du pasteur P.-H. Marron. 2 vol. in-folio, dossier original de l’affaire du galérien Bernadou, présenté à l’assemblée nationale ; beaucoup de pièces et lettres ayant trait aux affaires des protestants de Paris, à l’époque de l’édit de tolérance de Louis XVI ; nous en profiterons pour la suite de cette histoire.
Mss. Cast. — Un vol. in-4o déposé aux archives de l’église consistoriale de Castres, département du Tarn. Recueil de pièces originales, synodes, lettres et mémoires, depuis 1735 jusque vers la fin du siècle. Nous y avons reconnu avec certitude plusieurs pièces de la main de Court de Gebelin, qui probablement les transcrivit lorsqu’il accompagnait son père, Antoine Court, dans les visites du haut Languedoc. Registre d’un grand intérêt historique ; le plus important de tous ceux que nous avons vus, sauf la grande collection des Mss P. R. On y trouve une foule de pièces remarquables sur les églises du désert du haut Languedoc, et à la suite de l’une d’elles, la signature, extrêmement rare, du dernier pasteur martyr, François Rochette. Nous avons pu faire de nombreux extraits de ce registre, grâce aux soins de M. le pasteur P.-L. Durand.
Mss. Nag. — Registre synodal, petit in-4o déposé aux archives du consistoire de Nages, église consistoriale de Calvisson (Gard), renferme les actes des synodes provinciaux du bas Languedoc, depuis 1716 et 1717 jusqu’au 30 avril 1793, an ii de la rép. franc. En partie, actes collationnés par Encontre fils. Registre fort intéressant pour l’histoire. Les pièces qui le composent existent presque toutes, dans notre collection, Mss P. R. et dans un recueil fort précieux (1 vol. in-4o) d’actes synodaux, que M. le pasteur Lombard a bien voulu nous adresser ; nous le citerons souvent dans la suite de cette histoire. Communiqué par l’obligeance de M. le secrétaire du cons. de Nages, et par l’intervention de M. le pasteur E. Frossard.
Les manuscrits de Castres et de Nages sont conservés dans les archives consistoriales de ces deux églises.
Min. Or. — or. — La minute originale d’un acte ou pièce, revêtu des signatures en original ; notre collection renferme beaucoup de pièces de ce genre.
— Cop. certif. — La copie d’un acte synodal, lettre ou autre pièce, certifiée authentique par la signature en original d’un pasteur, secrétaire ou autre.
— Corr. P. R. — ou Lett. P. R. signifie une lettre de notre titre iii Mss. P. R. de la Correspondance de Paul Rabaut avec les pasteurs du désert, ses collègues, ou autres personnes, concernant les affaires des églises ; ce sont toujours les lettres originales.
- ↑ Mss. Rab.-Saint-Ét., 4 p. p. in-4. Cette note curieuse et concise de la législation de Louis XIV, touchant les protestants, fut rédigée probablement vers 1780, pour les conférences qui eurent lieu entre l’auteur et les ministres de Breteuil et Malesherbes sur le projet de rendre l’état civil aux protestants.
- ↑ À ces tableaux des lois, si l’on veut joindre le tableau des malheurs personnels des familles, il faut lire le Journal de Jean Migault, nom que nous verrons reparaître dans l’Histoire de l’Église du désert ; c’est un tableau très-touchant des malheurs d’une famille protestante du Poitou, à l’époque de la révocation. (Voy. l’Édition de Niort, 1840, par le pasteur de Bray.) On souhaiterait plus de certitude, quant à l’origine et à l’existence du manuscrit authentique ; mais les détails et les scènes du récit sont d’une exactitude parfaite. Tout cela paraît vrai à force de paraître vraisemblable.
- ↑ Mss. Ls. M. le pasteur Lanthois a bien voulu enrichir notre collection de cette lettre autographe, très-curieuse et caractéristique, de l’intendant Baville.
- ↑ Le Patriote français et impartial ou réponse à la lettre de M. l’évêque d’Agen (de Chabannes) à M. le contrôleur-général (de Machault) contre la tolérance des Huguenots, en date du 1er mai 1751. (Deux édit., 1751 et 1753.) À Villefranche (Genève) chez Pierre Chrétien, in-12, 564 p. p. Cet ouvrage défensif des droits des églises du désert fut écrit à Lausanne par le pasteur Antoine Court. C’est un plaidoyer historique et religieux en faveur de la tolérance ; pour nous aujourd’hui, il traite une question épuisée et résolue. Le principal intérêt actuel de cet ouvrage, ce sont les renseignements historiques qui y sont donnés incidemment, surtout le « Mémoire historique de ce qui s’est passé de plus remarquable au sujet de la religion réformée en plusieurs provinces de France, depuis 1744 jusqu’aux années 1751 et 1752. » (149 p. p.) C’est à beaucoup près le travail historique le plus important qui ait été publié encore sur l’état intérieur des églises dans le désert ; nous avons désigné plus haut ce mémoire capital sous le titre de Mémoire historique de 1752.
- ↑ Voyez les lettres écrites par le ministre Desubas, après sa captivité, à sa mère et à sa sœur, l’Évangéliste, 4e année, 1840, p. 158. Ces lettres sont très-touchantes et présentent un grand air de vérité. Cependant on désirerait plus de détails sur les manuscrits originaux qui paraissent exister à Livron. Nous ferons à ce sujet une remarque générale. Dès qu’on publie des pièces mss. inédites, il est indispensable de les décrire, d’indiquer le propriétaire actuel et l’état des documents, ainsi que la filiation de transmission des actes. Ces soins sont de première importance pour établir l’authenticité. Il faut aussi nécessairement indiquer si ce sont des originaux ou des copies.
- ↑ L’intendant Lenain a compté parmi les amis, non sans doute intimes, de Montesquieu. Le philosophe en parle plusieurs fois avec considération dans sa correspondance. « J’ai eu aussi l’honneur de connaître M. Lenain, à La Rochelle, où j’étais allé voir M. le comte de Matignon. Je vous prie de vouloir bien lui rafraîchir la mémoire de mon respect. On dit ici qu’il a chassé les ennemis de Provence par ses bonnes dispositions économiques, et que nous lui devons l’huile de Provence. » (Lett. à l’abbé de Guasco, Paris, le 1er mars 1747.) Nous n’avons pu éclaircir cette dernière plaisanterie de l’auteur des Lettres persanes. D’autres lettres de Montesquieu nous dépeignent l’intendant Lenain (Lett. 27 et 30) honoré de l’envoi du Temple de Guide, par l’illustre écrivain, qui se moque de l’idée d’adresser un ouvrage si frivole à un conseiller d’État. Montesquieu se fût étonné plus encore, s’il eût bien su que les fadeurs voluptueuses de Themire et d’Aristée servaient de délassement à l’intendant rigoureux, qui gouverna tant de fois les églises du désert par le gibet ou par les chaînes des bagnes.
- ↑ Mss. P. R. Ce rôle, signé et certifié par dix-neuf des galériens pour cause de religion, fut adressé par tous au pasteur Lafond, qui desservait les églises de Provence et dans le ressort duquel était la ville et port de Toulon. La copie que nous reproduisons est attestée et collationnée en original par ce pasteur du désert.
- ↑ Mss. P. R. Liste des prisonnières, de la main de l’une d’elles (no 5.), Marie Durand, sœur du pasteur Pierre Durand, qui fut exécuté à Montpellier, en 1752. Nous possédons beaucoup de lettres de Marie Durand, écrites de Constance, à Paul Rabaut, et que nous ferons connaître ; il n’y a aucun doute sur l’identité des écritures. Seulement la pauvre prisonnière écrivait cette liste après 24 ans de captivité, et nous ne garantissons pas que nous ayons bien exactement lu tous les noms propres qu’elle traça d’une main affaiblie.
- ↑ Cette description de M. de Boufflers, sauf quelques erreurs, concerne très-probablement l’infortunée prisonnière qui écrivit notre catalogue, Marie Durand ; elle était en effet la plus jeune des captives, lors de la tournée du commandant ; en 1768, Marie Durand avait cinquante-trois ans ; elle avait été incarcérée, non à l’âge de huit ans, mais à l’âge de quinze ans.
- ↑ On prend en général à tort ce chiffre comme celui de la liste existant à l’époque de la révocation en 1685.
- ↑ Les six signataires de ces actes que nous avons transcrits plus haut, d’après l’original (Mss. P. R.) furent : Pierre Durand, pasteur et modérateur (condamné à mort et exécuté) ; Antoine Court, pasteur ; Jean Crotte, pasteur ; Jean Vesson et Jean Huc, pasteurs (condamnés à mort et exécutés ; ) et Étienne Arnaud, pasteur (condamné à mort et exécuté.)
- ↑ Cette expression remarquable de modérateur, pour désigner le chef de la séance d’un synode, fut inventée par la discipline calviniste pour éviter le terme de président, qui semble, selon la grammaire, indiquer une préséance et une supériorité de position ou de rang. L’égalité absolue de tous les ministres entre eux, la présence des laïcs volants dans les synodes, et la parfaite compétence des laïcs pour juger en matières dogmatiques à l’égal du clergé, forment les bases essentielles de la discipline calviniste presbytérienne.
- ↑ Martyr, exécuté à Toulouse le 19 février 1762.
- ↑ Nous réparons ici une omission commise plus haut (p. 219). L’arrêt du parlement de Rouen, sur la question d’état d’une famille protestante, en 1731, nous est connu par une copie appartenant aux Mss. P. R. : elle faisait partie d’une petite liasse de lettres adressées de Normandie au bas Languedoc, de 1748 à 1763 ; nous ne manquerons pas d’analyser dans la suite de notre ouvrage ces lettres à M. Rouhier, à M. Levillain, de Rouen, ainsi que celles des pasteurs du désert en Normandie, Préneuf (André Migault), 1748 ; Lacombe (Alexandre Ranc, du Dauphiné, frère du martyr), 1762 ; Campredon, 1763 ; et Dutilh Godefroy). Préneuf, Lacombe et Dutilh étaient des surnoms destinés à tromper les persécuteurs. Alexandre Ranc, dit Lacombe, desservit l’église de Bolbec, en 1761. Il faut ajouter encore les pasteurs Gautier et Maurin, en 1763. Nous reviendrons sur ces documents, fort rares, puisqu’ils concernent les églises du nord de la France, où le culte était alors infiniment plus secret que dans le Languedoc.