Histoire des œuvres de Balzac/Première Partie. I. – La Comédie humaine/Scènes de la Vie politique

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Scènes de la Vie politique.

LVII. Un Épisode sous la terreur, daté de Paris, janvier 1831. Dédié à M. Guyonnet-Merville. Ce récit parut pour la première fois en 1830, formant l’introduction des Mémoires de Sanson sur la révolution française, deux volumes in-8o, anonymes, chez Mame et Delaunay, dont les auteurs étaient Balzac et Lhéritier de l’Ain (voir aux Œuvres diverses les Souvenirs d’un Paria, qui forment la part de collaboration de Balzac dans ces volumes). Nous retrouvons pour la première fois ce récit dans les œuvres de son auteur en 1845, à la fin du tome IV de Modeste Mignon ; il fut aussi publié vers cette époque chez Janet, dans le Royal Keepsake, sous le titre d’une Messe en 1793, et il entra enfin en 1846, daté et dédié, dans la première édition des Scènes de la Vie politique (première édition de la Comédie humaine, tome XII). Dans toutes ces dernières versions, la fin est changée ; voici ce qu’on lisait primitivement, après l’avant-dernière ligne de la page 343, qui se termine par ces mots : « Collation préparée » :

Jusqu’à ce que le culte catholique eût été rétabli par le premier consul, la messe expiatoire se célébra mystérieusement dans le grenier.

Quand les religieuses et l’abbé purent se montrer sans crainte, ils ne revirent plus l’inconnu. Cet homme resta dans leur souvenir comme une énigme.

Les deux sœurs trouvèrent bientôt des secours dans leurs familles, dont quelques membres obtinrent d’être radiés de la liste des émigrés. Elles quittèrent leur asile, et Bonaparte, exécutant les décrets de l’Assemblée constituante, leur assigna les pensions qui leur étaient dues. Elles rentrèrent alors au sein de leurs familles et y reprirent leurs habitudes monastiques.

Le prêtre, qui, par sa naissance, pouvait prétendre à un évêché, resta dans Paris, et y devint le directeur des consciences de quelques familles aristocratiques du faubourg Saint-Germain. La famille de M… lui prodigua les soins d’une touchante hospitalité. Si, au bout de quelques années, il ne perdit pas le souvenir de l’aventure à laquelle il devait la vie, du moins il n’en parlait plus, occupé qu’il était des graves intérêts que le règne de Napoléon soulevait alors.

Vers la fin du mois de…, de l’année 180…, les parties de whist venaient de finir dans le salon de M. de***, et, après le départ de quelques personnes, il ne se trouvait plus autour du feu, vers onze heures et demie du soir, que deux ou trois amis intimes de la maison.

Après avoir commencé à parler de Napoléon, ces anciens gentilshommes osèrent se communiquer leurs regrets sur la chute du trône légitime. Insensiblement, la conversation roula sur les malheurs de la Révolution. Tous les assistants avaient émigré. Dans cette discussion souvent le vieil abbé de Marolles redressait quelques erreurs et prenait la défense de plus d’un révolutionnaire, non sans regarder avec attention autour de lui, comme pour s’assurer que les séditieuses paroles de ses interlocuteurs et les vœux monarchiques de deux ou trois vieilles femmes n’étaient point entendus par les oreilles que la police de Fouché clouait à toutes les murailles.

La prudence de l’abbé excita quelques moqueries, et l’on finit par le prier de raconter, pour deux ou trois personnes qui ne connaissaient pas ses aventures, les circonstances bizarres à la faveur desquelles il avait échappé aux massacres de septembre et à la Terreur.

— J’ai été placé plus près que vous de la Révolution, de sorte que je crois être mieux à même de la juger, dit l’abbé de Marolles. Je suis resté pendant toute la Terreur enfermé dans un petit réduit où je me réfugiai le 3 septembre…

Après cet exorde, l’abbé raconta les détails de son arrestation et ceux de la terrible journée du 2 septembre 1792. Le récit des massacres et celui de son évasion firent moins d’impression que l’aventure mystérieuse dont les principales circonstances viennent d’être rapportées.

Quoique l’abbé de Marolles fut bien vivant et devant elles, les personnes qui composaient l’auditoire ne purent s’empêcher de frémir quand le prêtre leur peignit l’angoisse à laquelle il avait été en proie en écoutant monter, sur les minuit, l’inconnu auquel il avait si imprudemment promis de dire la messe, en janvier 1793. Les dames respiraient à peine, et tous les yeux étaient fixés sur la tête blanche du narrateur.

Une des douairières tressaillit et jeta un cri en entendant le bruit d’un pas lourd et pesant qui retentit en ce moment dans le salon voisin. Un laquais arriva jusqu’au cercle silencieux formé par la société devant l’antique cheminée.

— Que voulez-vous, Joseph ? demanda brusquement M. de M*** à son domestique.

— Il y a dans l’antichambre une personne qui désire parler à M. de Marolles, répondit-il.

Tout le monde se regarda, comme si ce message avait rapport au récit de l’abbé.

— Informe-toi du motif de sa visite, sache de quelle part il vient, dit M. de Marolles à Joseph.

Ce domestique s’en alla, mais il revint sur-le-champ.

— Monsieur, répondit-il à l’abbé, ce jeune homme m’a prié de vous dire qu’il est envoyé par celui qui vous a remis une relique en 1793…

Le prêtre tressaillit, et cette réponse excita vivement la curiosité des personnes qui savaient l’histoire de la messe mystérieuse. Chacun semblait pressentir, comme l’abbé, que le dénoûment de cette aventure était prochain.

— Comment, lui dit madame de M***, vous allez suivre, à cette heure, un inconnu ?… Au moins questionnez-le…, sachez pourquoi…

Ces observations parurent d’autant plus sages que chacun désirait voir le messager.

L’abbé fit un signe, et le laquais alla chercher l’inconnu. Les dames virent entrer un jeune homme de très-bon ton, et qui leur parut avoir de fort bonnes manières. Il était décoré de la Légion d’honneur. Toutes les inquiétudes se calmèrent.

— Monsieur, lui dit l’abbé de Marolles, puis-je savoir pour quel motif la personne qui vous envoie me fait demander à une heure aussi indue ?… Mon âge ne me permet pas…

L’abbé s’arrêta sans achever sa phrase.

Le jeune homme, ayant attendu un moment comme pour ne pas interrompre le vieillard, lui répondit :

— Cette personne, monsieur, est à l’extrémité, et désire vous entretenir.

Le prêtre se leva tout à coup et suivit le jeune ambassadeur, qui fit à la compagnie un salut empreint de cette grâce sans apprêt, fruit d’une éducation soignée.

L’abbé de Marolles trouva auprès du perron de l’hôtel une voiture dans laquelle le jeune homme était probablement venu. Le trajet fut très-long, car l’abbé traversa presque tout Paris. Quand il arriva au pont Neuf, il essaya d’entamer la conversation avec son compagnon, qui gardait un profond silence.

— Vous êtes peut-être le fils de la personne chez laquelle nous nous rendons ? demanda-t-il.

— Non, monsieur, répondit l’inconnu ; mais il m’a rendu de tels services, que je puis le regarder comme mon second père…

— Il paraît qu’il est très-bienfaisant ? reprit l’abbé.

— Oh ! monsieur, Dieu seul peut savoir les services qu’il a rendus. Quant à ce qui me regarde, il a sauvé ma mère de l’échafaud, la veille du 9 thermidor…

— Je lui dois aussi beaucoup !… dit l’abbé. — Mais vous le connaissez ?… ajouta-t-il.

— Oui, répondit le jeune homme. Et l’inflexion traînante avec laquelle il prononça ce mot marquait un étonnement profond.

Alors les deux voyageurs gardèrent mutuellement le silence. L’inconnu avait compris que l’abbé ignorait le nom de l’homme chez lequel ils se rendaient ; et, respectant un secret qui ne lui appartenait pas, il se promettait de ne pas le trahir. De son côté, M. de Marolles avait deviné, au seul accent de la voix de son compagnon, qu’il y avait un mystère à découvrir là où il allait, mais que son compagnon serait discret.

L’ecclésiastique chercha une question insidieuse à faire ; mais ils arrivèrent avant qu’il l’eût trouvée, car c’est souvent quand on veut avoir de la finesse et de l’esprit, qu’on en a le moins. Le vénérable prêtre voulut voir, dans l’infirmité de son moral, une sorte de châtiment de l’intention malicieuse et de la curiosité qu’il avait eues.

La voiture s’arrêta dans une rue assez déserte et devant une maison de peu d’apparence. Le jeune guide de l’ecclésiastique lui fit traverser un jardin qui se trouvait derrière le corps de logis bâti sur la rue, et ils parvinrent ensemble à une petite maison. Ce bâtiment avait un air de propreté qui annonçait une certaine aisance. L’abbé monta un escalier assez élégant et entra dans un appartement très-bien décoré.

Il trouva dans le salon une famille en pleurs. À l’aspect des objets d’art épars autour de lui, il ne douta pas qu’il ne fût chez un homme riche. Il aperçut un piano, des tableaux, des gravures et des meubles fort beaux. Il fut salué silencieusement et avec respect. Son jeune introducteur, qui s’était empressé d’aller dans la chambre voisine, revint lui annoncer que rien ne s’opposait à ce qu’il remplît les tristes et consolantes obligations que lui imposait son ministère.

Un mouvement de curiosité involontaire s’empara de l’abbé. En se dirigeant vers la chambre funèbre, il présuma que dans ce moment il allait pénétrer le mystère dont l’inconnu s’était enveloppé jadis. À l’approche du prêtre, le moribond fit un signe impérieux à ceux dont il était entouré, et trois personnes sortirent de la chambre.

Le vieux prêtre, s’attendant à des aveux intéressants, demeura seul avec son pénitent. Une lampe éclairait d’un jour doux le lit où gisait l’inconnu, de sorte que l’abbé put facilement reconnaître en lui son ancien bienfaiteur. Il paraissait calme, résigné, et fit signe à l’ecclésiastique de s’approcher.

— Monsieur, lui dit-il d’une voix affaiblie, je crois être en droit de réclamer de vous un service que je regarde comme important pour moi, et qui ne vous obligera, j’espère, à aucun devoir pénible.

Là, il s’interrompit pour prier le prêtre de prendre un paquet soigneusement cacheté qui se trouvait sur une table.

— Ces papiers, reprit-il, contiennent des observations et des documents qui ne doivent être appréciés que par une personne d’honneur, de probité, et qui n’appartienne pas à ma famille. Le zèle, des considérations d’orgueil ou des tentations qu’on ne saurait prévoir, peuvent abuser des cœurs intéressés à la mémoire d’un père, d’un ami, d’un parent. Mais, en vous les confiant, je crois les remettre à la seule personne que je connaisse en état d’apprécier ces écrits à leur juste valeur. J’aurais pu les brûler ; mais quel est l’homme, si bas que l’ait placé le sort, qui ne prétende à l’estime de ses semblables ?… Je vous en constitue donc le seul maître. Un jour viendra peut-être où nous pourrons être jugés ici-bas, comme je vais l’être au tribunal de Dieu ! Acceptez-vous ce fidéicommis ?…

L’abbé inclina la tête en signe d’assentiment ; et, après avoir appris du malade qu’il avait reçu tous les secours de la religion, il crut lire dans ses regards le désir de voir sa famille.

Alors il lui adressa quelques paroles de consolation, le gronda très-affectueusement de n’avoir pas réclamé une plus grande récompense des services qu’il lui avait rendus, puis il sortit. Deux personnes de la famille accompagnèrent et éclairèrent le vieux prêtre jusqu’à la porte où la voiture l’attendait.

Quand l’abbé se trouva seul dans la rue, il regarda autour de lui pour reconnaître le quartier où il se trouvait.

— Connaissez-vous le nom de la personne qui demeure ici ? demanda-t-il au cocher.

— Monsieur ne sait pas d’où il sort ?… répliqua l’homme en manifestant un étonnement profond.

— Non, dit l’abbé.

— C’est la maison de l’exécuteur public.

Quelques jours après cette scène, mademoiselle de Charost, qui depuis longtemps était souffrante, succomba ; et l’abbé de Marolles rendit les derniers devoirs à sa vieille et fidèle amie. Le convoi modeste de l’ancienne religieuse de l’abbaye de Chelles rencontra dans la rue des Amandiers un autre convoi, à la suite duquel il marcha.

Au détour que les enterrements furent obligés de faire au bout de la rue des Amandiers, l’abbé de Marolles, mettant, par curiosité, la tête à la portière de son carrosse noir, remarqua un concours immense de peuple suivant à pied un corbillard très-simple qu’il reconnut pour être celui des pauvres. En mettant pied à terre, l’abbé, obéissant à la voix d’un pressentiment assez naturel, voulut apprendre le nom d’une personne qui paraissait si vivement regrettée. Une vieille femme lui répondit, en témoignant une affliction très-vive, que c’était M. Sanson.

En 1818, l’abbé de Marolles mourut dans un âge si avancé, que, pendant les derniers moments de sa vie, il ne conserva pas toutes ses facultés morales, de sorte que les manuscrits testamentaires de l’exécuteur des hautes-œuvres tombèrent entre les mains de collatéraux intéressés qui en disposèrent. Comme ces écrits n’avaient d’intérêt que par leur authenticité, et qu’ils n’en pouvaient recevoir que du consentement tacite de la famille qu’ils concernaient, ils restèrent inédits jusqu’au moment où les parties intéressées furent convaincues que cette publication serait faite avec tous les ménagements réclamés par un ouvrage de ce genre. L’écriture ayant été soigneusement vérifiée, nul doute ne s’est élevé sur ces papiers de famille.

Le simple récit de ces faits historiques assez curieux, que plus d’une personne est encore à même d’attester et qui ne devaient nécessairement pas se trouver dans les Mémoires qu’on va lire, a paru former l’introduction la plus naturelle qu’ils pussent avoir.

LVIII. Une Ténébreuse Affaire, daté de Paris, janvier 1841. Dédié à M. de Margonne. Ce roman parut pour la première fois dans le Commerce, du 14 janvier au 20 février 1841, et reparut, daté et dédié, en trois volumes in-8o chez Souverain en 1842 (datés 1843), accompagné d’une préface (voir tome XXII, page 550). La version du journal était divisée en chapitres dont voici les titres, supprimés depuis :

1. Le Judas.
2. Un crime abandonné.
3. Le masque jeté.
4. Laurence de Cinq-Cygne.
5. Intérieurs et physionomies royalistes sous le Consulat.
6. La visite domiciliaire.
7. Un coin de forêt.
8. Les chagrins de la police.
9. Revanche de la police.
10. Un double et même amour.
11. Un bon conseil.
12. Les circonstances de l’affaire.
13. La justice sous le code de brumaire an IV.
14. Les arrestations.
15. Doutes des défenseurs officiels.
16. Marthe compromise.
17. Les débats.
18. Horrible péripétie.
19. Le bivouac de l’empereur.
20. Les ténèbres dissipées.

Les titres de la version de librairie sont un peu modifiés ; voici ceux qui sont autres :

2. Un crime en projet.
3. Les malices de Malin.
10. Laurence et Corentin.

Une Ténébreuse Affaire entra en 1846, datée et dédiée pour la première fois, dans la première édition des Scènes de la Vie politique (première édition de la Comédie humaine, tome XII). Cette version, qui est restée sans modifications aujourd’hui, n’est plus divisée qu’en quatre parties dont voici les titres :

1. Les chagrins de la police.
2. Revanche de Corentin.
3. Un procès politique sous l’Empire.
Conclusion.

LIX. Z. Marcas, daté des Jardies, mai 1840. Dédié au comte Guillaume de Wurtemberg. Cette nouvelle parut pour la première fois, datée des Jardies, juillet 1840, dans le numéro 1 de la Revue parisienne, 25 juillet 1840 ; elle était alors précédée de l’épigraphe suivante :

La jeunesse comprimée éclatera comme la chaudière d’une machine à vapeur.

Z. MARCAS.

Elle reparut en 1841 dans le Fruit défendu, quatre volumes in-8o, par divers auteurs, chez Dessessart, sous le titre de la Mort d’un ambitieux, et entra en 1846, datée de mai 1840 et dédiée pour la première fois, dans la première édition des Scènes de la Vie politique (première édition de la Comédie humaine, tome XII).

LX. L’Envers de l’histoire contemporaine. IMadame de la Chanterie, daté de Paris 1843-1845. IIL’Initié, daté de Wierzchovnia, Ukraine, décembre 1847. La première partie de ce récit, dont les deux épisodes n’ont jamais porté de dédicace, parut d’abord par fragments dans le Musée des Familles. Le premier intitulé les Méchancetés d’un saint, et comprenant les chapitres 28 à 39 de la version en trois volumes dont nous parlerons tout à l’heure, parut dans le numéro de septembre 1842. Le deuxième, intitulé Madame de la Chanterie, et comprenant les chapitres 1 à 13 de la version en trois volumes, dans le numéro de septembre 1843 ; il y était divisé ainsi :

1. La maladie du siècle.
2. Vieille maison, vieilles gens, vieilles mœurs.
3. Un secret.

Ce fragment se terminait par ces mots, supprimés aujourd’hui, qui se lisaient après la ligne 28 de la page 587 de l’édition définitive :

Quand il se trouva dans cette noire et vieille maison, dans ce silence profond, il se crut comme entré au couvent ; mais, dès les premiers jours, sa curiosité devait être aussi excitée par ce qu’il allait deviner que par la lecture d’un roman moderne.

Enfin, le troisième morceau intitulé Madame de la Chanterie, suite et fin, parut dans le Musée des Familles, numéros d’octobre et de novembre 1844. Il comprend les chapitres 42 à 54 de la version en trois volumes et parut accompagné de la note suivante :

Madame de la Chanterie, de même que les Méchancetés d’un saint, sont deux épisodes d’un ouvrage auquel l’auteur travaille depuis longtemps. Or, pour ne pas dépasser l’étendue accordée au genre dit Nouvelles, il a fallu supprimer toute la portion qui se trouve entre la première partie et la seconde de cet épisode. On verra d’ailleurs qu’il est superflu, pour l’intelligence de cette seconde partie, de savoir comment madame de la Chanterie influe sur l’existence de Godefroid.

Cette partie, pour se relier à la précédente, dont nous venons de donner la fin, commençait par ces mots, supprimés depuis et qui précédaient immédiatement le récit d’Alain, lequel se trouve commencer aujourd’hui, ligne 28, page 633, aux mots « Je ne sais pas ».

On ne s’étonnera pas de ce que, six mois après, Godefroid fut extrêmement curieux d’avoir quelques renseignements sur madame de la Chanterie, puisqu’elle était devenue en quelque sorte l’arbitre de ses destinées. Aussi fut-ce avec la plus vive impatience qu’il attendit le moment où le bonhomme Alain devait lui raconter l’histoire de cette imposante femme. Enfin il se vit devant le pieux personnage, sur le même fauteuil, à la même heure où il avait écouté l’épisode intitulé les Méchancetés d’un saint.

Tous ces fragments réunis et reliés entre eux par de courts passages inédits, parurent pour la première fois en volume, datés, toutes divisions enlevées, et sous le titre de l’Envers de l’histoire contemporaine, premier épisode, en 1846, dans la première édition des Scènes de la Vie politique (première édition de la Comédie humaine, tome XII). Une autre édition de cet ouvrage fut encore publiée en trois volumes in-8o, chez Gabriel Roux et Cassanet en novembre 1846. L’œuvre y porte le titre de la Femme de soixante ans et contient à sa suite : l’Enfant maudit, l’Épicier, le Notaire et la Femme de province. Cette version est divisée en chapitres dont voici les titres (nous faisons précéder d’un astérisque ceux qui sont extraits du Musée des familles) :

*1. Un tableau de Paris.
*2. Un hasard.
*3. Simple histoire.
*4. Dénoûment de beaucoup d’existences.
*5. Le mal du siècle.
*6. Aux grands maux, les grands remèdes.
*7. Un bon prêtre.
*8. Madame de la Chanterie.
*9. Une cellule de chartreux.
*10. Singuliers personnages.
*11. La maison Mongenod.
*12. Singulière rencontre.
*13. L’adieu à la vie mondaine.
14. De la vie conventuelle.
15. Quels hommes étaient les pensionnaires de madame de la Chanterie.
16. Les mystères du cloître.
17. Un premier entretien.
18. Présent d’une femme pieuse.
19. Influence des livres.
20. Commerce de la maison la Chanterie et Cie.
21. Les plaisanteries de M. Alain.
22. Un sentiment nouveau quoique très-ancien.
23. Godefroid trouve une occupation.
24. Un soupçon.
25. Une révélation.
26. Curiosité.
27. Une tentative.
*28. Le bonhomme Alain attaqué livre aussitôt ses secrets.
*29. Les personnages du drame.
*30. Ce qui brouille beaucoup d’amis.
*31. Les deux amis brouillés.
*32. Ce que font tous les créanciers.
*33. Philosophie de M. Alain.
*34. À couteaux tirés.
*35. Les adieux de Mongenod.
*36. Mutuelles confidences.
*37. Les méchancetés d’un saint.
*38. Vengeance de Mongenod.
*39. Transire benefaciendo.
40. Observation importante.
41. La parole aussi meurtrière que le pistolet.
*42. Une histoire compliquée.
*43. Ce qu’était Madame.
*44. La vie de la femme.
*45. La vie de la mère.
*46. Les chauffeurs.
*47. Interruption.
*48. Le roman de Rob-Roy en France avant celui de Walter Scott.
*49. Un livre à faire.
*50. Le secret du procès.
*51. Éclaircissements.
*52. Louis XVIII vu de face.
*53. Priez pour tous, même pour vos ennemis.
*54. La charité.
55. Le dénoûment.

Une autre édition de cet ouvrage, sous le titre de Madame de la Chanterie, a encore été faite en un volume in-8o, chez de Potter, en 1854.

Les derniers mots de ce récit ont été supprimés dans l’édition définitive ; les voici :

Godefroid baissa la tête ; il eut peur de ne pas être accepté.

La deuxième partie, longtemps annoncée sous le titre de : les Frères de la Consolation, parut pour la première fois avec son titre actuel, dans le Spectateur républicain du 1er  août au 3 septembre 1848, et pour la première fois en volumes, en 1854, deux volumes in-8o, chez de Potter ; il était suivi d’el Verdugo, et divisé en chapitres dont voici les titres, supprimés depuis :

1. La police du bon Dieu.
2. Le sujet à observer.
3. Une étrange maladie.
4. Le pain et les fleurs.
5. Godefroid aux prises avec la portière.
6. La chambre de la malade.
7. Une soirée chez Vanda.
8. Halpersohn.
9. Une leçon de charité.
10. Succès de Godefroid.
11. La visite d’Halpersohn.
12. La procédure.
13. Ce qu’était monsieur Bernard.
14. Un emprunt forcé.
15. Les diamants de la tabatière.
16. Silence complet.
17. La vengeance.
18. Le denoûment.

Enfin en 1855, daté d’août 1848, ce récit entra comme deuxième épisode de l’Envers de l’histoire contemporaine, dans le tome II des volumes complémentaires de la première édition de la Comédie humaine (tome XVIII des Œuvres de Balzac) ; aujourd’hui, la date est encore changée, comme on l’a vu.

TOME II.

LXI. Le Député d’Arcis. Sans date ni dédicace. Fut annoncé d’abord sous les titres de : une Élection en province, le Député à Paris et une Élection en Champagne. La première partie de ce roman, l’Élection, qui seule est de Balzac, parut pour la première fois dans l’Union monarchique du 7 avril au 3 mai 1847, divisée en chapitres dont voici les titres supprimés aujourd’hui :

1. Toute élection commence par des remue-ménage.
2. Révolte d’un bourg pourri libéral.
3. Où l’opposition se dessine.
4. Un premier orage parlementaire.
5. Les embarras du gouvernement d’Arcis.
6. La campagne de 1814 au point de vue de la bonneterie.
7. La maison Beauvisage.
8. Où paraît la dot, une des héroïnes de cette histoire.
9. Histoire de deux malins.
10. L’inconnu.
11. Une vue du salon Marion.
12. Description d’une partie de l’inconnu.
13. Où l’étranger tient tout ce que promet l’inconnu.
14. Où le candidat perd une voix.
15. Interrogatoire subi par l’inconnu.
16. Chez madame d’Espard.
17. Portrait avec notice.

Cette partie se termine dans l’édition définitive à la ligne 20 de la page 98. Tout ce qui suit est par Charles Rabou, qui termina l’ouvrage (quoi qu’en dise une note à la page 441), et qui le publia d’abord dans le Constitutionnel en 1853, puis en volumes, où se trouve aux titres cette mention : « Terminé par Charles Rabou, » chez de Potter, en trois parties : ILe Député d’Arcis, quatre volumes in-8o, en 1854 ; II. le Comte de Sallenauve, cinq volumes in-8o, et III. la Famille Beauvisage, quatre volumes in-8o ; ces deux dernières parties parues en 1855. En 1865, madame Houssiaux, acquéreur de l’édition Hetzel, ajouta au tome XII de la première édition de la Comédie humaine (Scènes de la Vie politique) toute la première partie de cet ouvrage, dont Balzac n’avait publié, on l’a vu, que les dix-sept premiers chapitres ; il s’y trouve donc incomplet, quoique dépassant de beaucoup la partie écrite par Balzac. Dans l’édition qui nous occupe, quoique allant beaucoup plus loin que dans ce volume, l’ouvrage n’est pas encore publié en entier. La partie conservée dans l’édition définitive est divisée en trois chapitres : IL’Élection. IILettres édifiantes. IIILe Comte de Sallenauve.