Histoire des Abénakis/3/06

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CHAPITRE SIXIÈME.

missionnaires des abénakis en canada.

1760-1866.

Nous avons vu qu’en 1760, le P. Simon-Pierre Gronnon était à Bécancourt, et qu’il mourut, en 1764. Ce Père fut le dernier Jésuite à Bécancourt. Son successeur fut le P. Louis Demers, Récollet, qui fut missionnaire des Abénakis jusqu’au 12 Novembre, 1767 ; puis arriva à Bécancourt le P. Dominique Pétrimoulx, Récollet, qui y demeura jusqu’au mois de Septembre, 1769. Ce père mourut à la Rivière-du-Loup (en haut), en 1798.

En Septembre, 1769 le P. Nicolas Couturier, Récollet, fut envoyé à Bécancourt et y demeura quatre ans et quatre mois. Il fut remplacé, en 1774, par le P. Théodore, qui fut missionnaire jusqu’en 1779. Le P. Théodore fut le dernier religieux à Bécancourt.

Son successeur fut M. Jean-Baptiste Dubois, qui fut missionnaire pendant 18 ans, 1779-1797. Il fut remplacé par M. Pierre-Nicolas Labadye, qui demeura à Bécancourt 21 ans et 9 mois, depuis le mois de Novembre, 1797, au mois de Juin, 1819. M. Labadye mourut à Bécancourt, âgé de 65 ans, et fut inhumé, le 9 Juin 1819, dans l’église de cette paroisse.

Au mois d’Août, 1819, M. François Lejamtel fut nommé missionnaire à Bécancourt, et y demeura 15 ans et 9 mois. Son grand âge le força d’abandonner l’exercice du Saint-Ministère, en 1833. Il mourut à Bécancourt, en 1835, âgé de 77 ans et 6 mois. Il fut inhumé, le 24 Juin, dans l’église de cette paroisse.

M. Charles Dion, alors vicaire en cette paroisse depuis trois ans, fut nommé missionnaire, en Septembre, 1833. Il remplit les fonctions de cette charge jusqu’à l’automne, 1848, où il fut remplacé par M. F. G. Rivard (Lorenger), qui demeura à Bécancourt jusqu’au printemps, 1850. M. Rivard, ayant été alors nommé Chaplain des Dames Ursulines des Trois-Rivières, les sauvages furent desservis par un vicaire jusqu’à l’automne suivant.

En Septembre, 1850, M. Louis-Stanislas Mâlo fut nommé missionnaire. Il est encore à Bécancourt. L’arrivée de cet homme distingué[1] en cette mission fut une bonne fortune pour les sauvages. Le nouveau missionnaire connut bien vite leur infortune et se mit courageusement à l’œuvre pour tâcher d’améliorer leur sort. Ses efforts ont eu le bon résultat d’attirer l’attention du Gouvernement sur le sort de ces sauvages, et une allocation annuelle d’environ $200 leur a été accordée.

Voici quels furent les missionnaires à Saint-François, depuis 1760.

En 1760, M. Jean-Baptiste Dugast, curé de Saint-François, fut chargé de la desserte des sauvages. M. Dugast fut curé de Saint-François pendant 46 ans, 1715-1761. Il mourut en cette paroisse, en 1761, dans un âge fort avancé.

En 1761, le P. Roubaud, fut nommé missionnaire ; mais il ne resta à Saint-François que 7 ou 8 mois, et fut remplacé en Avril, 1762, par le P. F. Félix de Bérey, Récollet. Ce Père fut remplacé, en Juillet 1763, par M. Parent, qui remplit les fonctions de missionnaire pendant 4 ans et 6 mois.

En Janvier, 1768, le P. Alexis Maquet fut envoyé à Saint-François, où il fut rejoint, dans le mois suivant, par le P. Germain. Ces deux Pères demeurèrent ensemble jusqu’en 1774, où le P. Maquet fut rappelé à Québec.

Le P. Germain demeura chez les sauvages jusqu’en 1779. Il fut missionnaire des Abénakis pendant près de 27 ans, dont 11 ans et 4 mois à Saint-François, et plus de 15, en Acadie. Il fut le dernier missionnaire Jésuite chez ces sauvages.

En Juin, 1779, le P. F. Chrisostôme Dugast, Récollet remplaça le P. Germain. Il demeura à Saint-François jusqu’en Septembre, 1782. Ce père était le neveu de M. J. B. Dugast. Il fut le dernier religieux à Saint-François.

Voici les noms des prêtres qui ont été les missionnaires des Abénakis à Saint-François, depuis ce temps.

M. L. G. Lenoir
1782 — 1805.
C. Brouillet
1805 — 1812.
F. Ciquard
1812 — 1815.
J. Paquin
1815 — 1823.
N. L. Amiot
1821 — 1830.
J. M. Bellenger
1830 — 1834.
M. Ringuet[2]
1833 — 1834.
P. Béland
1834 — 1847.
J. A. Maurault
1847 — 1866.

De tous les missionnaires à Saint-François, depuis le P. Germain, M. Pierre Béland fut celui qui rendit plus de services aux sauvages. Pendant les 13 années qu’il passa en cette mission, il lutta constamment contre l’apostat Masta. On ferait un volume considérable des nombreuses correspondances qu’il eut alors, à ce sujet, avec Monseigneur l’Évêque de Québec et les officiers du Gouvernement. Toutes ses lettres témoignent à la fois de son zèle constant et de son activité persévérante pour rétablir l’ordre parmi les sauvages et conserver leur foi. Malheureusement, il eut quelquefois à se plaindre de n’être pas soutenu dans cette lutte par quelqu’officier du Gouvernement. « Est-il possible », écrivait-il un jour à l’Évêque de Québec, « qu’on permettra à cet apostat, soudoyé par quelques agents secrets d’une société biblique des États-Unis et probablement aussi par quelqu’officier du Grouvernement, de pervertir les bons sauvages Abénakis ! Il est évident que tous ses efforts ne tendent qu’à démoraliser ces sauvages, en leur prêchant sans cesse l’insubordination à l’autorité. Il est à craindre que les sauvages, ordinairement si légers, ne finissent par embrasser les prétendus principes de cette liberté qu’il leur prêche avec tant d’ardeur »[3]. Toutes ses lettres nous montrent le même zèle pour la gloire de Dieu et le bien des sauvages.

Voici comment furent partagées les années de cet homme de bien. Il naquit, en 1800, à la Pointe-aux-Trembles, district de Québec. Après un cours d’études au petit séminaire de Québec, il fut ordonné prêtre, en 1823, et demeura un an vicaire à la cathédrale. En 1824, il fut nommé missionnaire aux Isles-de-la-Magdeleine, où il demeura 3 ans, 1824 — 1827. En 1827, il fut nommé curé de l’Île-Verte et missionnaire des sauvages des postes du roi. Il desservit la paroisse de l’Île-Verte pendant 7 ans, et chaque année il allait, pendant l’été, passer deux mois chez ses sauvages. En 1834, il fut nommé curé de Saint-François et missionnaire des Abénakis. Enfin, après 13 années de travaux constants parmi les Abénakis, il fut envoyé, en 1847, à Saint-Antoine de Tilly, où il mourut, le 5 Décembre, 1859. Il fut inhumé dans l’église de cette paroisse.

  1. M. l’abbé L. S. Mâlo fut admis, vers 1832, au nombre des membres de la société littéraire et historique de Québec, à cause de ses profondes connaissances sur l’histoire.
  2. M. M. Ringuet, quoique nommé missionnaire, n’alla pas résider à Saint-François. Il se retira à la Rivière-du-Loup, en haut. Ce fut M. Luc Aubry, actuellement curé de Saint-Léon, qui remplit les fonctions de missionnaire pendant l’année 1833-1834.
  3. Lettre de M. Bédard à Monseigneur Signay. — 28 Février, 1837.