Histoire des Canadiens-français, Tome III/Chapitre 11

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Wilson & Cie (IIIp. 145-156).

CHAPITRE XI

1657-1661


Évêque, grand-vicaire et gouverneur.



P
our être supérieur de la maison de Montréal, il fallait un homme d’expérience et d’énergie. M. Olier jeta les yeux sur M. Gabriel de Queylus de Thubière de Lery, abbé de Loc-Dieu (né en 1612), du diocèse de Rodez, et ancien curé de la ville de Privas, en Vivarais. On lui donna pour premier assistant M. l’abbé Dominique Galinier, prêtre de Mirepoix, et M. l’abbé Gabriel Souart, prêtre de la communauté de Saint-Sulpice, bachelier en droit canon, neveu du père Joseph Le Caron. M. François d’Allet, diacre, devait être secrétaire de M. de Queylus. Le navire qui les transportait au Canada, ainsi que MM. de Maisonneuve et d’Ailleboust, leva l’ancre de la rade de Saint-Nazaire, près de Nantes, au milieu du mois de mai, et, le 29 juillet 1657, ils étaient en vue de Québec.

« Par lettres du 22 avril, dit M. Faillon, l’archévêque[1] de Rouen, de qui les pères jésuites recevaient eux-mêmes la juridiction qu’ils exerçaient dans la Nouvelle-France, donna à MM. de Queylus, Souart et Galinier le pouvoir de prêcher, d’administrer les sacrements, d’absoudre les cas réservés à l’archévêque, en un mot, tous les pouvoirs qu’il avait coutume d’accorder aux missionnaires dans le Canada. Il paraît que les associés (de Montréal) ne lui avaient demandé que cette sorte de pouvoir. Du moins, par d’autres lettres datées du même jour, qu’il dit avoir écrites de son propre mouvement, l’archévêque nomma M. de Queylus son official et son grand-vicaire pour toute la Nouvelle-France, en lui donnant ses propres pouvoirs sur toutes les personnes ecclésiastiques, quelles qu’elles fûssent, avec faculté de les approuver pour la prédication et l’administration des sacrements. Ces lettres mettaient ainsi tous les missionnaires, et même le supérieur des jésuites de Québec, sous la juridiction immédiate de M. de Queylus ; et tout porte à croire que si M. Olier eût vécu encore, il eût prié l’archévêque de Rouen de borner ces pouvoirs de grand-vicaire à l’île de Montréal, et de laisser le reste du Canada sous la juridiction du supérieur des jésuites, comme il l’avait été depuis que les Français étaient rentrés (1632) en possession de ce pays. Aussi, M. de Queylus, qui reçut ces lettres à Nantes, prit dès lors la résolution de n’en point user à Québec, et de restreindre ses pouvoirs à l’île de Montréal. »

Une petite note empruntée au Journal des Jésuites : « Le 29 juillet (1657), à dix heures du matin, mouilla devant Québec le vaisseau nantois qui nous apporta M. d’Ailleboust[2], et laissa à l’île d’Orléans, chez M. (René) Maheu, M. de Maisonneuve et M. l’abbé de Kelus (Queylus) avec trois ecclésiastiques. »

M. Dollier de Casson ajoute : « Le père de Quen, supérieur des révérends pères jésuites, et feu M. d’Ailleboust[3], ayant su leur venue, s’en allèrent au devant d’eux jusqu’à l’île d’Orléans, où ils les régalèrent avec des témoignages d’une si grande bienveillance que cela les obligea de venir passer quelques jours à Québec, avant que de monter au Montréal, contre la résolution qu’ils en avaient faite ; quoi plus, on complimenta[4] M. l’abbé de Quélus sur les lettres de grand-vicaire qu’on savait qu’il avait ou qu’on présumait avoir de l’archévêque de Rouen. Ayant reçu leurs compliments et civilités sur ce sujet, il fut convié, surtout par un des révérends pères jésuites, de s’en vouloir servir pour Québec, ce qu’il ne voulait pas faire d’abord, mais enfin il acquiesça aux instances ; il n’y avait rien de plus doux, dans un pays barbare comme celui-ci, que d’y voir ces belles choses, mais un temps si serein ne fut pas longtemps sans se brouiller ; les tonnerres commencèrent à gronder, et nos quatre nouveaux missionnaires ne s’enfuirent pas pour en être menacés. Ils se regardèrent comme des novices sous le père maître et se résolurent de souffrir tout au long la rigoureuse de leur noviciat. Laissons-les tous quatre sur la croix, avec le père Poncet, très digne religieux de la compagnie de Jésus ; ne disons rien de leurs peines afin que le ciel, découvrant un jour toute chose à la fois, fasse voir en même temps la sincérité d’un chacun dans son procédé, et la raison pourquoi il a permis tout ce qui s’est passé. J’espère que nous verrons que, comme tous ont eu bonne intention, que tous aussi en auront des récompenses, tant ceux qui auront jeté les balles que ceux qui les auront reçues. Quant à ce qui est du reste des choses qui regardent le Montréal, nous n’avons rien à vous en dire pour cette année, si ce n’est la joie singulière qu’on y reçut d’y voir tous ces quatre messieurs, mais cette satisfaction ne dura pas longtemps et fut bientôt mélangée de tristesse par la venue du R. P. Poncet, qui fit descendre M. l’abbé de Quélus à Québec, afin d’y exercer pendant ce temps les fonctions curiales. »

On était au fort des embarras causés par les insistances des Iroquois à amener le reste des Hurons dans leur pays, où était, depuis un an, un groupe d’une cinquantaine de Français. Les délégués prononçaient des discours en présence de M. Charles de Lauson, gouverneur, dans lesquels ils protestaient de leur amitié inaltérable ; et, comme ils n’obtenaient pas ce qu’ils demandaient, ils passaient aux menaces, puis aux supplications. Au milieu de ces pourparlers, chaque jour apportait la nouvelle de quelque meurtre commis sur des sauvages des environs de Québec ou des colons isolés. Les orateurs iroquois excusaient leurs gens en les qualifiant de « folles jeunesses », et reprenaient leurs harangues insolentes. M. de Lauson endurait tout. Enfin, la plupart des Hurons partirent (juillet 1657) avec les délégués ; d’autres furent massacrés sous les yeux des missionnaires qui les conduisaient — présage de ce qui se préparait dans les cantons. Les Iroquois triomphaient en tous sens.

M. d’Argenson était vainement attendu. Au mois d’août, on apprit qu’il ne viendrait pas cette année. M. de Lauson, impatient de quitter le fardeau des affaires publiques, confia la direction du pays à M. Louis d’Ailleboust, et s’embarqua pour la France le 18 septembre. Veuf depuis le mois d’octobre 1656, il avait une enfant, Marie, qui fut plus tard religieuse hospitalière à la Rochelle, mais qu’il laissa à Québec en cette circonstance (1657). Quant à lui, ordonné prêtre en France, il revint au Canada (1659) avec Mgr  de Pétrée comme premier official de ce prélat, tout en conservant sa charge de maître des eaux et forêts et la jouissance de sa seigneurie de Charny, dans l’île d’Orléans.

Quelques citations du Journal des Jésuites vont nous éclairer sur l’attitude de certains religieux. Le 12 septembre (1657), arrivèrent à Québec, venant de Montréal, le père Poncet, l’abbé de Queylus et M. d’Ailleboust. « Le dit sieur abbé prit la charge de la cure. »

« Le 2 octobre, j’allai voir M. l’abbé, pour lui témoigner le désir de la paix… Il me rendit une visite pour le même sujet… »

« Le 21 octobre, jour de dimanche, M. l’abbé faisant son prône, dit : « Messieurs, devant que de vous dire un mot touchant l’Évangile, je vous donnerai un avis. Il y a des personnes qui viennent à l’église non pour s’appliquer ce qu’ils entendent, mais pour le contrôler et expliquer mes intentions. Il vaudrait mieux qu’ils demeurassent à la maison et qu’ils fussent couchés avec une bonne fièvre quarte. » Puis il commença l’explication de l’Évangile, qui est Cujus est imago, où les pharisiens tâchent de surprendre Notre-Seigneur en ses paroles. Il les fait ainsi parler : « Qui est donc ce Jésus nouvellement venu, qui se fait aimer de la populace, qui nous veut discréditer ? Il y a trente et quarante ans que nous gouvernons l’état et la religion. Nous avons (sommes) accoutumés à commander, etc. Ne voulant pas lui parler eux-mêmes, ils lui envoyèrent un faiseur de compliments. »

« J’appris (22 octobre) que trois lettres, l’une du père supérieur, l’autre du père Mercier, et la troisième du père Pijart, toutes trois à M. Lambert Closse, qui les reçut en chemin de Montréal à Québec, tombèrent entre les mains de madame d’Ailleboust par un accident, après que le dit sieur Lambert les eut lues et qu’il les eut mis sur la table au fort de Québec étant allé visiter monsieur le gouverneur et madame la gouvernante, qui s’en saisit puis les montra à monsieur le gouverneur et à monsieur l’abbé, qui en fut fort piqué, parce que, dans les deux dernières, il y avait des mots piquants contre lui ; entre autres en celle du père Pijart il y avait que le dit sieur était violent et nous faisait une guerre plus fâcheuse que celle des Iroquois. »

« Le 22 novembre, La Vigne[5] sergent nous apporta au père Richard, dans notre maison de Québec, un exploit, pour comparaître à l’audience le mardi suivant, 27 du dit mois, et répondre à la requête présentée par M. d’Allet au nom de M. l’abbé Quélus, à M. Chartier, lieutenant-général de Québec, par laquelle requête il demande que les pères jésuites aient à quitter leur maison pour y loger le dit abbé comme curé de la paroisse de Québec, ou de rembourser six mille livres à eux données par la communauté pour faire un presbytère. »

Dans une note placée au bas de cette page du Journal, MM. les abbés Laverdière et Casgrain disent : « Les jésuites, ayant été laissés libres, en 1645, d’accepter six mille livres pour bâtir un presbytère sur le terrain de l’église, ou de bâtir sur leur propre fonds, en remettant la même somme à la compagnie des Habitants, avaient préféré ce dernier parti, et avaient effectivement remis les six mille livres, en 1655, au trésorier de la dite communauté. À son arrivée, M. l’abbé de Queylus, devenu curé de Québec et se trouvant sans presbytère, intenta une action aux pères jésuites, pour leur faire remettre à la paroisse le nouveau logis qu’ils venaient de bâtir, ou rembourser les six mille livres. Le jugement interlocutoire du sénéchal leur fut signifié, comme on le voit ici par le Journal, le 22 novembre 1657, et quatre mois après, le 23 mars 1658, le gouverneur, M. d’Ailleboust, rendit un jugement définitif, par lequel il déclarait que « la communauté des Habitants demeurait dûment chargée de payer, à la décharge et en l’acquit des dits pères jésuites, la dite somme de six mille livres, condamnant le procureur de la dite communauté, Jean Gloria, à payer, par préférence aux autres dettes de la dite communauté, la dite somme de six mille livres, pour être employée à la bâtisse du dit presbytère. »

Le 11 juillet 1658, dit la Relation de cette année, « arriva à Québec monsieur le vicomte d’Argenson, envoyé par Sa Majesté et par messieurs de la compagnie de la Nouvelle-France pour gouverner le pays. Aussitôt que son navire eut mouillé l’ancre, M. Dailleboust, qui tenait sa place en attendant sa venue, l’alla saluer dans son abord, pendant que les habitants de Québec étaient en armes sur le quai. »

« Le 28 juillet 1658, ajoute le Journal, M. le gouverneur nous fit l’honneur, avec M. l’abbé Queylus, de dîner chez nous, où il fut reçu par la jeunesse du pays d’un petit drame[6] en français, huron et algonquin, dans notre jardin, à la vue de tout le peuple de Québec. Le dit sieur gouverneur témoigna être content de cette réception. » Voici les noms des personnages de ce drame :


Le Génie universel de la Nouvelle-France Pierre Dupont.
Le Génie des Forêts, interprète des étrangers René Chartier.
Les quatre Français qui chantent les compliments Denys Masse, Charles Sevestre, J. Fr. Buissot, Ign. de Repentigny.
Le Sauvage Huron. Charles Denys.
L’Algonquin J. Fr. Bourdon.
Étranger du Sud — Guill. Brassart Étranger du Nord — Paul Denys.
Captif Huron — J. B. Morin Captif Nez-Percé — Jean Poupart.

Tandis que M. de Queylus agissait comme grand-vicaire au Canada, on lui enlevait ses pouvoirs à Paris, en les conférant aux pères jésuites. « Le 8 août 1658, dit le Journal, nous fîmes signifier notre patente de grand-vicaire à M. l’abbé. » De son côté, M. Dollier de Casson écrit : « L’arrivée des vaisseaux de France nous apporta nouvelle que le tonnerre qui avait menacé, l’an dernier, nos quatre missionnaires, avait fait grand bruit en plusieurs endroits du royaume, ce qui fit que M. l’abbé de Quélus quitta Québec pour venir consoler le Montréal de sa présence ; il y vint demeurer au grand contentement de tout le monde, mais surtout de messieurs Souart et Gallinier, qui ne craignirent pas de s’avancer bien loin dans les bois, sans crainte des ennemis, afin d’aller au devant de sa barque, pour lui témoigner la joie qu’ils avaient de son retour. »

Le Journal dit : « Le 21 août 1658, partit de Québec M. l’abbé de Queylus pour Montréal, avec M. d’Ailleboust et sa femme, en compagnie de soixante personnes, dans trois chaloupes. »

Une décision de la plus haute importance pour le Canada venait d’être prise à Paris et à Rome. Un évêque était nommé.

Les jansénistes, voulant infirmer la doctrine religieuse prêchée par les jésuites, avaient poussé Pascal à tronquer des textes qu’il sema à profusion dans ses Provinciales. En moins de dix mois (1657), ce scandale fit fureur. Mais la réaction ne tarda point, et les jansénistes, dévoilés dans leurs manœuvres, tombèrent pour ne plus se relever. La doctrine des jésuites est inattaquable. Rome l’a toujours reconnue. Des papes et des rois ont, il est vrai, expulsé les jésuites ; mais c’est à cause de l’esprit de domination qui règne dans ce corps puissant par la science et la discipline. Nous-mêmes au Canada, nous ne les redoutons que pour un semblable motif. Si on les laissait faire, ils absorberaient l’État. Or, l’État, c’est nous.

Les historiens disent que les jésuites recommandèrent au roi[7] M. François de Laval, abbé de Montigny, lequel fut accepté et son nom présenté au pape Alexandre VII. Le pape, dit-on encore, parut surpris de l’autorité que l’archévêque de Rouen s’arrogeait sur le Canada. Comme c’était la première fois que l’affaire était portée à Rome, nous aimons mieux croire que la prétention de l’archévêque fut simplement écartée. Le pape avait table rase. Il lui fallait créer un diocèse. Jusqu’à ce moment, l’archévêque de Rouen n’avait fait que suivre le sens commun en répondant aux désirs de ses nombreux administrés répandus dans la colonie. Quoi qu’il en soit, M. l’abbé de Montigny fut nommé vicaire apostolique, en attendant que l’on jugeât à propos de nous donner un évêque. Il est à regretter que Rouen n’ait pas obéi de suite à ces ordres du Saint-Siège. C’est encore, malheureusement, ce qui se pratique de nos jours, où l’on voit des résistances et des discussions soulevées par des gens dont le premier devoir est de s’en rapporter à la sagesse de Rome.

Parlant de l’arrivée de Mgr de Laval, Charlevoix dit : « Il y avait déjà quelques années que les jésuites[8], persuadés que la présence d’un supérieur ecclésiastique, revêtu d’un caractère capable d’imposer, était devenue nécessaire dans la colonie, pour remédier à certains désordres[9] qui commençaient à s’y introduire, avaient demandé à la cour qu’on y envoyât un évêque. La reine-mère, Anne d’Autriche, fut d’avis que, pour remplir cette place, on choisît l’un des anciens missionnaires, et jeta même, dit-on, les yeux sur le père Paul Le Jeune, qui avait gouverné la mission pendant plusieurs années, et qui était alors à Paris, fort occupé de la direction des âmes, et dans une grande estime de sainteté et de prudence ; mais les jésuites représentèrent que leur institut ne leur permettait[10] pas d’accepter cette dignité, et lui proposèrent l’abbé de Montigny, qui fut agréé… Le père Jérôme Lalemant, qui n’était point repassé en Amérique depuis qu’il était venu en France (1656) pour y représenter à la compagnie du Canada les besoins de ce pays, gouvernait alors le collège de la Flèche ; le nouveau prélat le demanda à son général, comme un homme qui lui était nécessaire, et ce religieux voulut bien consacrer le reste de ses jours à la conversion des sauvages, sous les ordres d’un évêque digne de la primitive église. Quelques ecclésiastiques firent aussi le voyage avec Mgr  de Pétrée ; d’autres le vinrent joindre les années suivantes, et, à mesure qu’ils arrivèrent, on les mit en possession des cures, dont jusque-là les jésuites avaient été chargés parce qu’ils étaient les seuls prêtres dans la Nouvelle-France. »

Monseigneur de Laval, comme il est appelé le plus souvent, fut sacré à Paris évêque de Pétrée in partibus infidelium, et arriva à Québec le 16 juin 1659.

« Le 3 août 1659, dit le Journal des Jésuites, fut représentée dans notre chapelle de Québec l’action en l’honneur de M. l’évêque de Pétrée. Tout alla bien. » En marge est écrit : « Pièce pour la réception de Mgr  de Pétrée. »

« Le 7 août, arriva le bac de Montréal, qui nous donna M. l’abbé de Queylus. Il alla loger au fort. »

« Le 28 août, M. l’évêque dit pontificalement la messe à l’hôpital, où prêcha M. l’abbé de Queylus, le jour de saint Augustin. »

« Le 7 septembre. Il y eut en ce temps grande contestation pour la situation des bancs de M. l’évêque et de M. le gouverneur (d’Argenson). M. d’Ailleboust s’en entremit, et la chose fut accordée que le banc de M. l’évêque serait dans les balustres et celui de M. le gouverneur hors des balustres au milieu. »

« Le 8 septembre 1659, M. l’abbé de Queylus, étant sur le point de s’embarquer pour s’en retourner en France, changea de dessein à l’arrivée du vaisseau, sur les lettres qu’il reçut ; et lui qui avait protesté que quelque lettre et pouvoir qui lui serait envoyé il ne l’accepterait pas, et qui avait protesté toute amitié avec M. de Pétrée, se voyant nanti des pouvoirs de M. de Rouen et de la lettre du roi du 11 de mai, leva le masque et voulut se faire reconnaître grand-vicaire de M. de Rouen. Mais M. de Pétrée étant, d’un autre côté, nanti d’une autre lettre du 14[11], qui dérogeait entièrement à la première, il fut contraint de désister ; mais M. de Pétrée, n’ayant plus de sujet de s’y fier, disposa de tout ici-bas (à Québec) et à Montréal souverainement pour le spirituel. »

« Le 11 septembre, nous traitâmes, au réfectoire, M. l’abbé de Queylus et les deux prêtres[12] venus de nouveau avec M. d’Allet. »

« Le 22 octobre, partit le vaisseau du capitaine Poulet, qui avait amené ceux de Montréal ; dans ce vaisseau s’en alla le père Barthelemi Vimont, Fiacre et Jean de Noyon[13], nos domestiques, M. l’abbé de Queylus, M. de Bécancour[14], Chartier, Villeré[15] et la plupart de nos marchands. Ils relâchèrent et ne repartirent que le 26. »

Le 2 décembre, l’évêque ayant conféré les ordres mineurs à deux ecclésiastiques, le Journal des Jésuites dit : « Personne ne fut invité au réfectoire pour dîner, dont la raison principale est que d’inviter l’évêque sans le gouverneur aut contra, cela ferait jalousie, et l’un ne veut pas quitter à l’autre pour le premier rang. »

Le jeudi-saint, 1660 : « On avait préparé deux coussins, proche du balustre du reposoir : un pour M. l’évêque, l’autre pour M. le gouverneur. M. le gouverneur y étant venu le premier et s’étant mis à genoux proche de celui de M. l’évêque, sans prendre garde au sien, jugea plus à propos de s’en aller tout à fait que de changer de place et se retirer où était le sien. Une autre fois, il faut mettre le carreau de l’évêque dans le sanctuaire du reposoir. »

« Le 28 novembre 1660, dit le Journal des Jésuites, monseigneur l’évêque ayant tenu assemblée des marguillers et déclaré monsieur le gouverneur n’être plus marguiller honoraire, et ce sans lui en avoir parlé, le 30 suivant monsieur le gouverneur se trouva à l’assemblée des marguillers avec ceux de sa suite ordinaire, où il prétendit se maintenir en sa charge, déclarant à M. l’évêque qu’il n’avait pas ce pouvoir que de le démettre ; plusieurs paroles se dirent, peu respectueuses, à l’endroit de M. l’évêque, qui donna sujet de mécontentement de part et d’autre. »

En une certaine occasion (février 1661), l’évêque et le gouverneur devaient assister au catéchisme des enfants ; mais « M. le gouverneur ayant témoigné n’y vouloir assister, en cas qu’on y saluât M. l’évêque devant lui, on lui fit trouver bon que les enfants eussent les mains occupées, pour ne saluer ni l’un ni l’autre, ce qui s’entend du prologue et de l’épilogue ; ce qui fut signifié et commandé aux enfants. Mais les enfants, qui étaient Charles Couillar et Ignace de Repentigny, poussés et séduits par leurs parents, firent tout le contraire et saluèrent M. le gouverneur le premier, ce qui offensa puissamment M. l’évêque, que nous tâchâmes d’appaiser ; et les deux enfants eurent le fouet, le lendemain matin, pour avoir désobéi. »

Si, d’une part, Mgr  de Laval luttait contre le gouverneur pour des questions de préséance, il avait, d’un autre côté, à tenir tête au délégué de l’archévêque de Rouen. Le 27 février 1660, le roi écrivit la lettre suivante à l’abbé de Queylus : « Ayant été informé que vous faisiez état de partir au plus tôt, par le premier vaisseau, pour retourner au Canada, et ne désirant pas, pour bonnes considérations, que vous fassiez ce voyage, je vous fais cette lettre pour vous dire que mon intention est que vous demeuriez dans mon royaume, vous défendant très expressément d’en partir sans ma permission expresse ; à quoi m’assurant que vous satisferez, je ne vous ferai la présente plus longue que pour prier Dieu qu’il vous ait, M. l’abbé de Queylus, en sa sainte garde. » Ceci, observe M. Jacques Viger, « ressemble à une lettre de cachet, à laquelle il ne convenait guère, pour un homme de la robe de l’abbé, de ne pas se soumettre. Il ne le voulut pas néanmoins ; car le 3 août 1661, M. de Queylus était à Québec, en dépit de la défense du roi. »

« Le 3 août 1661, dit le Journal, arrivée de M. l’abbé de Queylus et de M. Buissot, dans la chaloupe de (René) Maheu, revenant de l’île Percée, qui apportèrent les premières nouvelles de France et du changement de gouverneur. »

Mgr  de Pétrée fit signifier à l’abbé, dans les formes ecclésiastiques, de ne pas passer outre, jusqu’à la venue du prochain vaisseau de France, et de n’aller pas surtout à Montréal « sans notre permission, sous peine de désobéissance et de suspension ab officio sacerdotis, encourue ipso facto. » Cet avertissement est du 5 août. « L’abbé était en trop beau chemin pour s’arrêter, ajoute M. Viger ; il partit, mais de nuit, pour Montréal, et l’évêque lui écrivit, le 6 août… : « Et d’autant que, depuis notre ordonnance, nous avons appris que, non-seulement vous vous disposiez à partir au plus tôt, mais encore que le jour d’hier, cinquième aoust, vous vous êtes embarqué de nuit, nous vous réitérons les défenses ci-dessus, et, au cas que vous ne retourniez à Québec pour y recevoir nos ordres et y obéir, nous vous déclarons suspens ab officio sacerdotis, encourue ipso facto que vous passerez outre. »

M. d’Argenson, fatigué des intrigues qui paralysaient la colonie, avait demandé son rappel. Le baron Dubois d’Avaugour, successeur, débarqua à Québec le dernier août 1661, mais lui laissa le commandement jusqu’au 19 septembre, jour de son départ pour la France.

Le 22 octobre, l’abbé de Queylus fit voile à son tour, sur lettre de cachet, adressée au gouverneur-général. Cet ordre lui avait été signifié à Montréal par un officier à la tête d’une escouade de soldats.

Ce départ mettait fin aux luttes commencées en 1645, sinon auparavant, à propos de la juridiction ecclésiastique. Mgr  de Laval restait maître du champ de bataille. D’un autre côté, il se figurait avoir remporté un succès diplomatique en voyant partir M. d’Argenson ; mais dans la personne de M. d’Auvaugour se présentait un adversaire tenace et qu’il lui fallut briser, ne pouvant le faire plier. À cette situation, qui laissait les habitants à peu près dans le même état, se joignait l’éternelle guerre des Iroquois. On était, il est vrai, à la veille de grands changements ; mais l’année 1661 ne se présentait guère d’une manière plus rassurante que celles de 1646 à 1660.

Ceux qui étaient allés, en 1656, établir un poste chez les Iroquois n’avaient pas tardé à voir qu’ils étaient dupes de la perfidie de cette nation. C’est comme par miracle qu’ils en réchappèrent. Tout le temps de leur séjour en ces endroits fut employé en pures négociations, alors que l’on croyait leurs travaux sur la voie du progrès. Pour nous servir d’une expression caractéristique, disons que les Iroquois leur vendaient du plomb. On les amusait avec de belles paroles, tandis que les bandes de maraudeurs continuaient de ravager nos établissements le long du fleuve, entre Montréal et Québec. M. d’Argenson venait d’arriver de France en 1658, il allait se mettre à table lorsque le cri de guerre retentit. C’était la coutume journalière. Les habitants couraient aux armes entre chaque repas. Le gouverneur voulut avoir le dernier mot avec les assassins qui infestaient la campagne. Il paya de sa personne, faillit être tué par excès de bravoure, parcourut le fleuve, haut et bas, mais sans rien gagner, et se lassa. La partie n’était point égale. S’arrêtait-il dans les habitations françaises, on lui apprenait que de nouveaux massacres venaient d’être commis, et que les auteurs de ces forfaits rôdaient aux environs. Alors, bouillant d’ardeur et du noble désir de protéger ses gens, il remontait en chaloupe, battait les grèves, essuyait quelques coups de feu, apercevait l’ennemi qui fuyait à travers les bois ou sur ses légers canots d’écorce, et s’en retournait désespéré. Si une flottille de traite se montrait quelque part, les Iroquois tombaient dessus et la pillaient. Les sauvages alliés avaient pris l’habitude de ne plus se rendre au Saint-Laurent. Ils rencontraient les Français dans les territoires du nord, entre l’Ottawa et le Saguenay. Vaine retraite ! Les Iroquois les y atteignirent. Des combats sanglants eurent lieu. La dévastation s’étendit à cinquante lieues au-delà des Trois-Rivières. Le dernier espoir de la traite de ce côté s’anéantissait. Un désastre était suivi d’un autre. Voyant que les tribus du haut de l’Ottawa ne pouvaient plus se rencontrer aux rendez-vous indiqués sur le Saint-Maurice, on songea au Saguenay et aux peuples qui avoisinaient la baie d’Hudson. Dans ce but, au printemps de 1661, deux expéditions partirent simultanément des Trois-Rivières et de Québec. L’une, commandée par Michel[16] Leneuf de la Vallière, fils de Jacques Leneuf de la Poterie, remonta le Saguenay ; elle paraît avoir rebroussé chemin au lac Saint-Jean, à cause des Iroquois qui s’étaient répandus tout à coup dans la contrée. L’autre, conduite par Jacques Godefroy de Vieux-Pont, fils de Jean Godefroy de Lintot, prit la direction du Saint-Maurice ; elle comptait trente Attikamègues et se dirigeait en traite vers le lac Necouba. Cette troupe fut rencontrée par quatre-vingts Iroquois qui les attaquèrent ; la lutte dura deux jours. Les Attikamègues, d’ordinaire si timides, se défendirent avec une valeur inaccoutumée, mais ils furent écrasés sous le nombre. Pas un seul ne voulut se rendre, préférant recevoir la mort dans le combat que de périr sur le bûcher. Les femmes ne le cédèrent point aux hommes en courage et en intrépidité ; se voyant perdues, elles cherchèrent partout l’occasion de se faire tuer plutôt que de tomber vivantes aux mains d’un ennemi féroce. Godefroy fut admirable de sang-froid et d’audace ; sa vue soutenait le cœur de ses compagnons ; au milieu du feu continuel que les Iroquois dirigeaient sur lui, il se prodiguait avec une telle ardeur qu’on aurait pu le croire invulnérable. Enfin, ne pouvant tenir tête à tant d’ennemis, les Attikamègues plièrent. Godefroy[17], couvert de blessures dont plusieurs étaient mortelles, s’affaissa dans une mare de sang, se traîna vers un groupe de mourants et rendit le dernier soupir. Un survivant, le seul, fut capturé, mais il s’évada et parvint aux Trois-Rivières vers le 25 juin. Vingt-quatre Iroquois périrent dans ce combat. L’armée dont ils faisaient partie se composait de trois cents guerriers qui allaient attaquer les sauvages de Tadoussac. Les chemins étaient coupés partout.

Comme ces nouvelles se répandaient à Québec, un nouveau désastre était survenu le 22 juin. M. Jean de Lauson, sénéchal de la Nouvelle-France, en fut la principale victime. Les Iroquois avaient enlevé ou tué vingt-trois personnes à Montréal, dans le commencement de l’été. Une autre bande avait assommé tous ceux qui étaient aux environs de Tadoussac. À la côte de Beaupré, huit habitants venaient d’être massacrés. On donna avis à Québec que sept autres avaient péri de la même manière à l’île d’Orléans. M. de Lauson, se jetant dans une chaloupe avec sept hommes, longeait la côte sud de l’île lorsque, arrivé à la rivière Maheu, il mit pied à terre et voulut savoir ce qui se passait dans la maison de René Maheu. Cette maison était pleine d’Iroquois. M. de Lauson et ceux qui l’accompagnaient soutinrent une lutte acharnée ; mais ils furent tués, à l’exception de l’un d’entre eux qui fut pris, ayant eu les bras hachés en morceaux avant que de tomber aux mains des ennemis.

Les chroniques du temps nous racontent bien d’autres épisodes de ces jours lamentables. C’était pourtant au lendemain du fameux siège du Long-Sault qui, en 1660, avait sauvé la colonie ; mais un échec, même considérable, ne suffisait point à arrêter les Iroquois : ils savaient que la France ne nous fournissait point de troupe. « La guerre des Iroquois, disent les Relations, traverse toutes nos joies… il n’y a rien de si aisé à ces barbares que de mettre toutes nos habitations à feu et à sang, à la réserve de Québec, qui est en état de défense, mais qui, toutefois, ne serait plus qu’une prison où l’on mourrait de faim, si la campagne était ruinée… C’est une espèce de miracle que les Iroquois, pouvant si aisément nous détruire, ne l’aient pas encore fait, ou plutôt c’est une providence de Dieu qui, jusqu’à maintenant les a aveuglés et a rompu les desseins qu’ils ont formés de nous faire cette sorte de guerre… Ils ont fait des coups de cœur et se sont signalés, en certaines rencontres, autant qu’on pourrait l’espérer des plus braves guerriers d’Europe. Pour être sauvages, ils ne laissent pas de savoir fort bien la guerre, mais d’ordinaire celle des Parthes qui donnèrent autrefois tant de peines aux Romains… Ce qui est plus étonnant, c’est qu’ils dominent à cinq cents lieues à la ronde, étant néanmoins en fort petit nombre, car des cinq nations dont l’Iroquois est composé, l’Agnieronnon ne compte pas plus de cinq cents hommes portant armes, dans trois ou quatre méchants villages… Il est hors de doute que si les Agnieronnons étaient défaits par les Français, les autres nations iroquoises seraient heureuses d’entrer en composition avec nous. »

Dans les églises et partout, il se prêchait constamment une croisade contre ces barbares. Un jour du mois d’avril 1660, quarante Hurons étaient partis de Québec pour marcher contre eux, ils furent rejoints par six Algonquins en passant aux Trois-Rivières. Les Hurons étaient commandés par un nommé Onontaga ou Kanontaga. Les Algonquins étaient sous les ordres de Miti8meg. Il y a apparence que ces deux capitaines étaient alors les meilleurs chefs de guerre des Hurons et des Algonquins. Ils songèrent d’abord à faire la petite guerre ; mais, parvenus à Montréal, ils firent corps avec seize Français enrôlés par le fameux Dollard, qui avait conçu le projet incroyable d’arrêter avec si peu de forces l’armée iroquoise. Cette petite troupe, pleine de courage et de dévouement, prit la route de l’Ottawa, et le premier mai, elle était aux pieds des rapides de Carillon, où elle mit pied à terre. Rencontrant en ce lieu les bandes iroquoises, fortes de sept ou huit cents hommes, elle se retrancha dans un méchant fort et engagea une lutte héroïque et prolongée, qui a eu un immense retentissement dans notre histoire. Lorsque enfin, vers le 20 mai, les Hurons commirent la lâcheté de se rendre et de faire connaître à l’ennemi qu’il ne restait plus que huit Français et quelques Algonquins dans le retranchement de Dollard, la cause fut perdue ; mais Onontaga, Miti8meg, trois Algonquins et quatre Hurons, qui n’avaient pas quitté le chef français, préférèrent s’ensevelir dans sa défaite plutôt que d’avoir la vie sauve chez les Iroquois.

Le siège du Long-Sault a fourni à M. l’abbé Faillon l’une des plus belles pages de ses études historiques. Nous y renvoyons le lecteur. Voici la liste des braves qui périrent dans cette occasion : Adam Dollard sieur Desormeaux, commandant de la garnison du fort de Villemarie, âgé de 25 ans ; Louis Martin, 21 ; Jacques Boisseau dit Cognac, 23 ; Robert Juré, 24 ; François Crusson dit Pilote, 24 ; Jacques Brassier, 25 ; Nicolas Tillemont, serrurier, 25 ; Nicolas Josselin, natif de Solesmes, 25 ; Simon Grenet, 25 ; Christophe Auger dit Desjardins, 26 ; Jean Lecomte ; 26 ; Laurent Hébert dit Larivière, 27 ; Étienne Robin dit Desforges, 27 ; Jean Valets, 27 ; Jean Tavernier dit la Hochetière, armurier, 28 ; René Doussin sieur de Sainte-Cecise, 30 ; Alonié De Lestres, chaufournier, 31. Aucun d’entre eux ne paraît avoir été marié. Cette circonstance, jointe à l’âge de ces hommes, fait croire qu’ils étaient soldats de la garnison de Montréal, non encore établis au milieu des colons. Trois autres personnes, noyées dans le trajet, à l’entrée de la rivière des Outaouais, le 19 avril, portaient les noms de Mathurin Soulard, Nicolas Duval, natif de Forges, en Brie, et Blaise Juillet, le seul homme marié qui accompagnât Dollard.

Vers 1660, les ravages des Iroquois autour de Québec empêchaient les habitants de faire les récoltes. Il paraîtrait que l’on était plus heureux aux Trois-Rivières, malgré les massacres qui s’y commettaient, puisque M. Pierre Boucher est mentionné pour avoir porté du blé à Québec (avril 1660) au compte des jésuites, lesquels, ne voulant point profiter de la misère du pays, le vendirent « au prix ordinaire du passé, savoir : cinq livres, quoique pour lors il se vendît six, sept et huit livres ». Le mère de l’Incarnation écrit, cette année, que la compagnie des Cent-Associés est sur le point d’abandonner le Canada, ne croyant plus au retour de la traite. C’était toujours le mot suprême : la traite ! Des obligations contractées, de l’habitant, de la vraie colonie, enfin, il n’en était question que le moins possible.

Mazarin s’éteignait, après avoir mis la France à la tête de l’Europe par le traité des Pyrénées (1659), et le jeune roi allait se révéler au monde ; le sort du Canada devait bientôt attirer l’attention de Colbert.




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  1. Harlay de Champvallon
  2. Les deux MM. d’Ailleboust étaient passés en France l’automne de 1656.
  3. Louis d’Ailleboust décéda, à Montréal, le 1er juin 1660. M. Dollier écrirait dix ans plus tard.
  4. C’était de la diplomatie d’autant plus curieuse que les jésuites croyaient M. de Queylus disposé à se mêler de leurs affaires à Québec.
  5. Jean Levasseur dit Lavigne, huissier, natif de Rouen, marié, vers 1648, avec Marguerite Richard. Il était à Québec, avec sa famille, en 1652. Sa descendance est nombreuse.
  6. En 1651, la tragédie d’Heraclius, de Corneille, avait été jouée à Québec, chez les jésuites.
  7. Pour être exact, il faudrait dire Anne d’Autriche et Mazarin, puisque Louis XIV ne commença à s’occuper du gouvernement qu’en 1661.
  8. Avant les jésuites, la société de Montréal avait demandé (et obtenu) un évêque. Charlevoix, ici comme ailleurs, est jésuite, de la même manière que M. Josse était orfèvre.
  9. Principalement la traite de l’eau-de-vie.
  10. En 1651, les jésuites avaient fait demander à Rome de nommer évêque l’un d’entre eux. Il faut croire que, en 1658, ne voyant pas chance d’être mieux accueillis qu’en 1651, ils préférèrent s’effacer un peu.
  11. Au moment de quitter la France, Mgr  de Laval avait obtenu que le grand vicaire serait à son choix, ce qui était raisonnable.
  12. Jacques Le Maître et Guillaume Vignal.
  13. Il se maria et s’établit dans le pays.
  14. Il organisait une compagnie de commerce.
  15. Louis Rouer de Villeraye, fils d’un valet de chambre d’Anne d’Autriche, était notaire à Québec en 1654. Quatre ans plus tard, il épousa Catherine, fille de Charles Sevestre. En 1659, on le voit lieutenant particulier de la sénéchaussée de Québec. Il fut premier conseiller au conseil supérieur lors de sa création (1663). Sa descendance a longtemps exercé des charges importantes parmi nous.
  16. Né en Canada. Il fut capitaine des gardes de Frontenac, servit en Acadie où il fonda Beaubassin, et donna son nom à Saint-Michel d’Yamaska, ainsi qu’à la baie de la Vallière.
  17. Né en Canada. Dans les lettres de noblesse accordées à son père en 1668, il est dit que plusieurs membres de cette famille avaient péri de la main des Iroquois.