Histoire des Canadiens-français, Tome VI/Chapitre 1

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CHAPITRE I


ACADIE


1672-1713



1672 : Beaubassin fondé. — 1674 : prise de Pentagoët par un flibustier hollandais. — L’Acadie est laissée à elle-même. — 1679 : Port-Royal et Pentagoët au pouvoir des flibustiers. — 1680 : établissement du bassin des Mines ; compagnie de traite et de pêche ; divisions territoriales de l’Acadie. — 1686 : recensement nominal. — 1688 : Pentagoët pillé par les Anglais. — 1689 : prise du fort Loyal, près Portland. — 1690 : les Anglais à Port-Royal. — 1691 : siège de jemsec ; Métis. — 1694 : prise de Pamequid. — 1696 : Destruction de Pamequid ; croisière de Church dans la baie le Fundy. — 1697 : disette générale en Acadie. — 1698 : Chepody fondé. — Les Acadiens sont agriculteurs. — 1703 : attaque de Pentagoët ; prise de Casco. — 1704 : Pamequid rasé. — 1707 ; Port-Royal attaqué. — 1708 : corsaires acadiens. — 1710 : prise de Port-Royal. — 1713 : L’acadie est cédée à l’Angleterre.



R
etournée au pouvoir du gouvernement français, dans le cours des années 1668-1672, l’Acadie ne fut cependant l’objet que de peu d’attention de la part du roi et son développement jusqu’à la fin du siècle est dû au seul mérite de ses colons. Plus que le Canada encore, elle traversa des temps d’épreuves qui la mirent à deux doigts de sa perte, en trois ou quatre occasions, avant que le traité d’Utrecht ne l’eut fait passer sous la couronne anglaise.

Le capitaine de Chambly[1] successeur de M. de Grandfontaine[2], résidait à Pentagoët, le mieux palissadé des forts du pays. La guerre de Hollande (1672) inspira probablement à un corsaire flamand l’idée de représailles, et il attaqua la place (1674) qui, après une courte résistance, dans laquelle M. de Chambly reçut un coup de mousquet, se rendit avec ses trente ou trente-six défenseurs. L’enseigne Saint-Castin amena le pavillon, puis disparut dans les bois avec les Abénaquis. Le pillage terminé, le capitaine flamand, guidé par un Anglais, surprit M. Pierre de Joybert, sieur de Marson de Soulanges, dans le fort de la rivière Saint-Jean et l’amena prisonnier à Boston. L’Acadie se voyait sans protection et livrée à ses seules ressources. M. de Soulanges remplaça M. de Chambly en 1676.

La seigneurie de Beaubassin commençait à se peupler. En 1675 Michel le Neuf de la Vallière, qui en était le concessionnaire (il y avait établi des postes de traite dès 1672), invita le père Claude Moireau, récollet, curé des Trois-Rivières, à se joindre à lui ; ce missionnaire s’occupa, durant trois ans, de visiter les Français et les Sauvages répandus dans les environs. Le titre de Beaubassin ou Chignitou est du 24 octobre 1676. Il paraîtrait que, déjà, un nommé Jacques Bourgeois et d’autres habitants, y avaient ouvert des cultures. M. de la Vallière amenait des colons de sa ville natale, les Trois-Rivières, lesquels épousèrent des Acadiennes. La route commerciale qu’il avait frayée, de Chignitou à la baie Verte, le mettait en rapports directs avec le Saint-Laurent et la France, sans passer par la baie Française (Fundy) et sans faire le tour de la presqu’île acadienne. Voulant former sa seigneurie sur celles du Canada, il fit don aux récollets de six arpents de terres de front par un contrat que M. de Frontenac, syndic apostolique des missions de l’Ordre, approuva le 8 septembre 1678. Cette année, les prêtres des Missions Étrangères remplacèrent les récollets à Port-Royal. Jusqu’à l’été de 1678 la famille de M. de la Vallière demeura dans le Bas-Canada ; elle paraît s’être transportée à Beaubassin l’automne qui suivit, lorsque, apprenant la mort récente de M. Pierre Joybert de Marson, le gouverneur-général nomma M. de la Vallière au commandement de l’Acadie. L’année suivante, la population blanche de cette province était de cinq cent quinze âmes, sans compter les petites garnisons ; c’était, depuis 1670, une augmentation de près de cinquante colons, la plupart célibataires.

M. Rameau dit : « M. de Grandfontaine s’était employé activement à rétablir dans le pays l’ordre et la paix ; mais cette paix fut malheureusement trop souvent troublée sous ses successeurs immédiats, MM. de Chambly, de Soulanges et de la Vallière. Les flibustiers étrangers débarquèrent plusieurs fois sur ses côtes, et comme la colonie ne recevait de France ni immigration ni secours d’aucune sorte, ces invasions concoururent, avec l’incurie de la métropole, à ralentir singulièrement les progrès de l’Acadie. Les flibustiers occupèrent même Port-Royal et Pentagoët en 1679 et cette occupation aurait pu avoir des conséquences assez graves si Saint-Castin avec ses Abenaquis, n’eût surpris l’ennemi qu’il expulsa de Pentagoët ; ces pirates se retirèrent également de Port-Royal… et M. de la Vallière réoccupa le fort en le restaurant grossièrement. »

Le bassin des Mines reçut, vers 1680, deux premiers colons : Pierre Melanson dit la Verdure et Pierre Therriau. Quelques années plus tard, on tirait de ce lieu du blé en quantité suffisante pour nourrir toute l’Acadie. À la même époque (1680) le gouvernement français autorisa l’action d’une compagnie qui s’était formé pour la pêche principalement. Plus d’un habitant de Port-Royal eut des barques à la mer à partir de ce moment. L’un des navires de la compagnie s’échoua au port à la Baleine, cap Breton, et les Bostonnais le pillèrent, ce dont Frontenac porta plainte (9 novembre 1681) tout en expliquant que la rivière Saint-George, sur les côtes du Maine, était reconnue et acceptée comme la limite des possessions anglaises au sud de l’Acadie. Le sieur de la Vallière, envoyé à Boston pour traiter de cette affaire, venait d’être attitré de nouveau dans son gouvernement. Voici quelle étendue de contrées embrassait l’Acadie : du cap des Rosiers au fort de Pentagoët, on compte à peu près cent lieues en ligne droite ; par mer il y a trois cents lieues ; la grande baie dite du Saint-Laurent, allait du détroit de Canseau au cap des Rosiers, soit cent vingt lieues, formait comme une portion distincte qui avait autrefois appartenu à Nicolas Denys[3] ; M. de Frontenac demandait au roi (1681) de nommer son fils Richard Denys de Fronsac pour le remplacer ; on voit en 1685 que celui-ci demeurait à Miramichi, et que, l’année précédente, il avait donné au séminaire de Québec un terrain de trois lieues à la rivière Sainte-Croix, dont M. Pierre-Louis Thury, prêtre, avait prit possession.

La compagnie des sieurs Bergier, Gautier, Bouthier et autres se plaignait de ce que le sieur de la Vallière attirait les Anglais, mais les Acadiens, n’ayant que peu ou point de rapports avec la France, n’hésitaient aucunement à acheter les marchandises de l’étranger, Bergier, Gautier et compagnie avaient leur quartier-général à Chédabouctou, l’ancien poste de Nicolas Denys. Les Anglais de Boston entraient de préférence dans la baie Française et traitaient à Port-Royal, au fleuve Saint-Jean et à Beaubassin. Le sieur de Lamothe-Cadillac, arrivé en Acadie vers 1680, écrivait au ministre, lui demandant de permettre le commerce avec les Anglais. Cependant, la compagnie de pêche l’emporta et M. Perrot, gouverneur de Montréal, remplaça M. de la Vallière (automne de 1684). La différence entre les deux c’est que ce dernier trafiquait moins pour son compte que ne le faisait M. Perrot. Au mois de novembre 1686, le sieur de la Vallière demeurait encore à Beaubassin ; l’année précédente, il avait reçu dans son manoir M. de Meulles, intendant du Canada, qui était venu de la mer par l’isthme de la baie Verte. Il y avait alors cent cinquante âmes à Beaubassin, à part trois familles de sauvages chrétiens. L’Acadie comptait trente soldats pour toutes garnisons. On en demandait cinquante autres ; ils furent refusés. Le chef-lieu était toujours Port Royal ; M. de Villebon y commandait en l’absence de M. Perrot ; M. Louis Petit, prêtre, nommé vicaire-général en 1676, demeurait en ce lieu.

René Robineau, baron de Portneuf, était beau-frère de M. de la Vallière ; c’est à cette parenté que l’on doit la présence en Acadie, de (1686 à 1713) cinq fils du baron, portant respectivement les noms de Menneval, Villebon, Portneuf, Des Isles et Neuvillette. Un sixième enfant (troisième d’âge) fut le baron de Bécancour, marié à Marie-Charlotte Le Gardeur. Cette famille demeurait à Portneuf en 1681. Villebon, capitaine des dragons du roi, avait servi au lac Ontario dans la campagne de 1684, en qualité de major de brigade ; M. de la Barre le regardait comme son bras droit. En 1687, on le voit député vers le gouverneur Dongan au sujet d’un navire saisi à Pentagoët par les Anglais. L’année suivante, de concert avec Saint-Castin, il s’occupa de relever de ses ruines le fort de ce dernier endroit.

— 1686 —


Recensement fait par monsieur De Meulles, intendant de la Nouvelle-France, de tous les peuples de Beaubassin, rivière Saint Jean, Port-Royal, île Percée et autres côtes de l’Acadie, s’y étant lui-même transporté dans chacune des habitations, au commencement de l’année 1686.




PORT-ROYAL

Le sieur Alexandre-(Emmanuel) Le Borgne (sieur de Belle-Isle), seigneur du lieu, 43 ans (voir notre tome IV, p. 146-48) ; Dlle Marie (fille de Charles Latour, sieur) de Saint-Étienne, sa femme, 32 ; enfants : Emmanuel 11, Marie 9, Alexandre 7, Jeanne 5 ; Étienne Aucher, domestique, 73.

Michel Boudrot, lieutenant-général de la jurisdiction du Port-Royal, 85 ; Michelle Aucoin, sa femme, 65 ; enfants : Michel 26, François 20 ; 3 fusils, 16 bêtes à cornes, 17 moutons, 6 cochons, 20 arpents en valeur.

Phillippe Muis, sieur Dantremon, protonotaire du roi, 77 ; enfants : Philippe 24, Madeleine 16 ; 40 arpents en valeur.

Claude Petitpas, sieur de la Fleur, greffier, 60 ; Catherine Bugaret, sa femme, 46 ; enfants : Claude 23, Jacques 19, Marie 18, Henriette 12, Paul 11, Charles 10, Martin 9, Pierre 5, Anne 2 ; 2 fusils, 22 bêtes à cornes, 10 cochons, 12 arpents en valeur.

Claude Terio 49 ; Marie Gotro, sa femme, 40 ; enfants ; Jean 18, Anne 14, Jeanne 12, Claude 8, Marie 7, Madeleine 5, Pierre 2, Elisabeth 1 ; 1 fusil, 8 bêtes à cornes, 6 moutons, 13 arpents en valeur.

Michel Dupeux 57 ; Marie Gotro, sa femme, 49 ; enfants : Martin 21, Pierre 17, Jean 10, Marie 7 ; 6 bêtes à cornes, 2 moutons, 5½ arpents en valeur.

François Rimbault 30 ; Marie Babin, sa femme, 25 ; 1 fusil, 11 bêtes à cornes.

Charles Babin 22 ; Madeleine Richard, sa femme, 15 ; 2 bêtes à cornes.

Charles Gotro 25 ; Françoise Rimbault, sa femme, 20 ; enfants ; François 7 mois ; 1 fusil, 7 bêtes à cornes.

Mathieu Martin 47 ; 1 fusil, 8 bêtes à cornes, 8 arpents en valeur.

[4]1 Pierre Joan (Touin ?) 60 ; Madeleine Brin, sa femme, (veuve de Guillaume Trahan) 47 ; enfants du premier lit de sa femme ; Guillaume 19, Jean 17, Jean-Charles 15, Marie 14, Jeanne 12, Madeleine 9, Suzanne-Joan 2 mois ; 2 fusils, 10 bêtes à cornes, 10 moutons, 8 arpents en valeur.

René Richard 28 ; Madeleine Landry 29 ; enfants : Michel 5, Anne 4, Antoine 2 ; 1 fusil, 10 bêtes à cornes, 10 moutons, 5 arpents en valeur.

René Richard 28 ; Madeleine Landry 29 ; enfants : Michel 5, Anne 4, Antoine 2 ; 1 fusil, 10 bêtes à cornes, 10 moutons, 5 arpents en valeur.

Pierre Richard 24 ; 1 fusil, 10 bêtes à cornes, 10 moutons, 5 arpents en valeur.

1 Jean Doüaron 37 ; Marianne Canol 35 ; enfants : Abraham 14, Charles 12, Jean 8, Jeanne 8, Pierre 6, Philippe 4, Noël 2 ; 1 fusil, 7 bêtes à cornes, 1 mouton.

René Landry 52 ; Marie Bernard (voir le présent ouvrage, tome iv, p. 152,) 41 ; enfants : Claude 23, Cécile 22, Jean 20, René 18, Marie 16, Marguerite 14, Germain 12, Jeanne 10, Abraham 8, Pierre 6, Catherine 4, Anne 2 ; 2 fusils, 16 bêtes à cornes, 20 moutons, 10 arpents en valeur.

1 Marie Salé 86.

Antoine Landry 26 ; Marie Thibodeau 25 ; enfants : Marie 4, Antoine 2, Isabelle 1 ; 2 fusils, 8 bêtes à cornes, 6 moutons, 10 cochons, 9 arpents en valeur.

1 François Brossard 33 ; 1 Catherine Richard 22 ; enfants : Madeleine 5, Pierre 3, et une fille qui n’est pas encore baptisée, 11 jours ; 1 fusil, 7 bêtes à cornes, 6 moutons, 5 cochons.

Claude Dugas 38 ; Françoise Bourgeois 25 ; enfants : Marie 12, Claude 11, Françoise 10, Anne 7, Joseph 6, Marguerite 5, Jeanne 3, Agnès 1 ; 1 fusil, 25 bêtes à cornes, 9 moutons, 11 cochons, 8 arpents en valeur.

Germain Tério 23 ; Anne Richard, sa femme, 15 ; 1 fusil, 6 bêtes à cornes, 8 moutons, 6 arpents en valeur.

Vincent Brun.

1 François Leuron 33 ; Catherine Savoye 20 ; enfants : Jacques 9, Madeleine 5, Anne 2, Marie 1 ; 8 bêtes à cornes, 7 moutons.

Charles Melançon 44 ; Marie Dugas 38 ; enfants : Isabelle 13, Charles 11, Madeleine 9, Marie 7, Françoise 4, Pierre et Ambroise, jumeaux, 10 mois ; 1 fusil, 20 bêtes à cornes, 12 moutons, 6 cochons, 6 arpents en valeur.

Pierre Commeaux 88 ; enfants : Pierre 25, Antoine 24, Jean 21 ; 4 bêtes à cornes, 12 moutons, 4 cochons, 6 arpents en valeur.

Bernard Bourc 36 ; Françoise Brun 24 ; enfants : Marie 15, Marguerite 13, René 9, Anne 8, Jeanne 6, Claire 4, Françoise 3, Abraham 1 ; 1 fusil, 4 bêtes à cornes, 6 moutons, 6 cochons, 3 arpents en valeur.

Martin Blanchard 38 ; Marguerite Guilebault 18 ; enfants de sa première femme, (Françoise Leblond) : Françoise 14, Marie 12, René 9 ; 1 fusil, 9 bêtes à cornes, 12 moutons, 7 cochons, 3 arpents en valeur.

François Girouard 70 ; Jeanne Aucoin 55 ; Il a eu 5 enfants dont le recensement est ci-après ; 1 fusil, 13 bêtes à cornes, 16 moutons, 8 cochons, 5 arpents en valeur.

1 Julien Lort 32 ; Charlotte Girouard 26 ; enfants : Alexandre 10, Jacques 8, Pierre 5, Marie 2.

Bonaventure Tério 43 ; Jeanne Boudrot 42 ; enfants : Anne 12, Marguerite 8 ; 1 fusil, 5 bêtes à cornes, 6 moutons, 2 cochons, 4 arpents en valeur.

Michel Richard, (veuf de Madeleine Blanchart) 56 ; Jeanne Babin 18 ; enfants : Martin 19, Alexandre 17, Marie 12, Cecile 10, Marguerite 7, Michel 2, et 5 qui sont mariés ; 2 fusils, 16 bêtes à cornes, 30 moutons, 8 cochons, 12 arpents en valeur.

Emmanul Lebert 30 ; Andrée Brault 40 : enfants : Guillaume 6, Marguerite 5, Jean 3, Jacques 2, et un nouveau né à baptiser, 1 mois ; et de sa femme en premières noces avec Germain Terio : Germain 18, Pierre 15, Catherine 12 ; 1 fusil, 14 bêtes à cornes, 21 moutons, 4 arpents en valeur.

Pierre Godet, le jeune, 32 ; Marie Blanchard 30 ; enfants : Pierre 10, Antoine 7, Germain 5, Guillaume 3, Denis 2 mois ; 2 fusils, 10 bêtes à cornes, 18 moutons, 10 cochons, 3 arpents en valeur.

Bastien Brun 32 ; Huguette Bourg 28 ; enfants : Jeanne 9, Claude 7, Abraham 6, Vincent 5, Jean 4, Antoine 1 ; 1 fusil, 12 bêtes à cornes, 12 moutons, 10 cochons.

Pierre Landry 28 ; Madeleine Robichaud 21 ; enfant : Pierre 3 ; 1 fusil, 6 bêtes à cornes, 6 moutons, 5 cochons, 2 arpents en valeur.

Charles Doucet 22 ; 1 Huguette Guérin 20 ; enfant : Claude 1 ; 1 fusil, 4 bêtes à cornes, 6 moutons, 3 cochons, 1 arpent en valeur.

François Gotro 71 ; Emée la Jeune 61 ; 3 fusils, 8 bêtes à cornes, 5 moutons, 8 cochons, 4 arpents en valeur.

Claude Gotro 27 ; Marie Tériot 20 ; enfant : Marie 6 mois.

Jean Hébert 27.

1 Pierre Guillaume 60.

1 Pierre Arsenault 40 ; 1 Marie Guérin 24 : enfants : Pierre 10, Abraham 8.

1 Christophe Margery 55.

1 Claude Bertran (il demeure au cap de Sable) 35 ; Catherine Pitre 18.

1 François Tourangeau 42 ; Marie Pitre 22 ; enfant : Jeanne 2.

1 Nicolas Barillost 40 ; Martine Hébert 28 ; enfant : Marie 2, (ce ménage est inscrit de nouveau plus loin).

Marie Boure, veuve de Vincent Brau, 50 ; enfants : Antoine 22, Marguerite 18, Pierre 16, Anne 14, François 12, Jean 11, Marie 9, Jeanne 6, René 3, Suzanne 2 mois (cette famille est inscrite de nouveau plus loin) ; 6 bêtes à cornes, 4 moutons, 6 cochons, 3 arpents en valeur.

1 Jeanne Roussilière, veuve (Pierre) Godin dit Chatillon (Canadien) 60 ; enfants : Gabriel 23, Pierre 20, Anne 13.

René Rimbault 70 ; Anne Marie 61 ; enfants : Anne 15, René 12, Madeleine 11 ; 1 fusil, 6 bêtes à cornes, 5 moutons, 6 cochons, 8 arpents en valeur.

Jacques Girouard 38 ; Marguerite Gotro 32 ; enfants : Alexandre 16, Pierre 14, Jacques 12, Jean 10, Marie 8, François 6, Marguerite 4, Claude 3, Guillaume 3 mois ; 1 fusil, 13 bêtes à cornes, 15 moutons, 6 arpents en valeur.

Jean Blanchard 75 ; Radegonde Lambert 65.

Guillaume Blanchard 35 ; Huguette Goujonne (Gougeon) 27 : enfants : Marie 12, René 8, Antoine 6½, Jeanne 5, Anne 2 ; 4 fusils, 16 bêtes à cornes, 20 moutons, 5 arpents en valeur.

Jacques Leblanc 35 ; Catherine Hébert 23 ; enfants : Jean 12, Marguerite 11, Jacques 9, Marie 6, Anne 5, Catherine 3, Pierre 2, René 1 mois ; 3 fusils, 25 bêtes à cornes, 30 moutons, 13 cochons, 6 arpents en valeur.

Jean Hébert 32 ; Anne Doucet 22 : enfants : Jacques 9, Pierre 7, Jean 5, Jeanne 3, Joseph 2 mois.

Antoine Hébert 72 : Geneviève Lefranc 80.

Daniel Leblanc 60 ; Françoise Godet 60 ; 2 fusils, 15 bêtes à cornes, 20 moutons, 7 cochons, 6 arpents en valeur.

André LeBlanc 26 ; Marie Dugas 19 ; enfant : Jean 2.

Pierre LeBlanc 21 ; Marie Tériot 21 ; enfant : Pierre 1.

René le Blanc 29 ; Anne Bourgeois 25 ; enfants : Jacques 6, François 4, René 2.

Antoine le Blanc 24 ; Marie Bourgeois 21 ; enfants : Antoine 4, Charles 2.

Jacob Bourgeois 67 ; Jeanne Trahan 57 ; enfant : Guillaume 31 ; 20 arpents en valeur.

Jean Commeaux 30 ; Françoise Imbert (Hébert) 23 ; enfants : Marie 8, Pierre et Étienne, jumeaux, 6, Jean 3, Anne 1 ; 4 bêtes à cornes, 10 moutons, 5 cochons, 4 arpents en valeur.

Abraham Dugas 70 ; Marguerite Doucet 50.

1 Martin Benoist 43, Marie Chosegros 30 ; enfants : Jacquette 13, Pierre 11, Clément 9, Marie 8, Jean 5, Pierre 3 : 4 cochons.

Charles Boudrot 40 ; enfants : Marie 11, Charles 10, Anne 8, René 6, Marguerite 4, Claude et Jean-Baptiste, jumeaux, 3 ; 1 fusil, 9 bêtes à cornes, 12 moutons, 6 cochons, 2 arpents en valeur.

Jean Bourc 40 ; Marguerite Martin 42 ; enfants : Anne 18, Marguerite 16, Marie 13, Isabelle 10, Madeleine 8, Catherine 6, Jean-Baptiste 3 ; 1 fusil, 16 bêtes à cornes, 15 moutons, 12 cochons, 12 arpents en valeur.

Abraham Boudrot 30 ; Cécile Mélanson, sa femme 16 ; 2 fusil, 5 bêtes à cornes, 6 moutons.

Thomas Vincent 20 ; Michel Vincent, son frère 18.

Germain Doucet 45 ; Marie Landry 35 ; enfants : Bernard 19, Laurent 16, Jacques 15, Claude 12, Marie 8, Jeanne 6, Alexis 4, Pierre 1 ; 9 bêtes à cornes, 10 moutons, 8 cochons, 5 arpents en valeur.

Jean Pitre 61 ; Marie Peselet (Pelletret ?) 45 ; enfants : Claude 16, Marie 12, Pierre 9, Jean 6, François 4, une fille de 2 ans, et une autre de 1 mois.

Jeanne Peltret, veuve de Barnabé Martin, 45 ; enfants : Marie 18, René 15, Madeleine 12, Jeanne 10, Étienne 8, et deux autre enfants ; 6 bêtes à cornes, 4 cochons, 4 arpents en valeur.

Pierre Vincent 20.

1 Jean Préjean 35 ; Andrée Savoye 21 ; enfant : Marie 2 ; 2 fusils, 1 cochon, 1 arpent en valeur.

Nicole Colson (veuve de Jean Gaudet) 80 ; Jean Godet, son fils 45 ; 1Jeanne Henry, sa femme, 30 ; enfants : Françoise 13, Jean 12, et trois autres de sa femme ; trois en premières noces ; 1 fusil, 4 bêtes à cornes, 4 moutons, 3 cochons, 4 arpents en valeur.

1Jacques le Prince 40 ; Marguerite Hébert 35 ; 4 enfants ; 5 bêtes à cornes, 3 cochons.

Madeleine Brun 45 ; Guillaume Trahan, son fils, 20, Jean 18, Alexandre 16, et trois filles ; et de la Rivière, son second mari, elle a eu Suzanne âgée de 5 mois ; 1 fusil, 7 bêtes à cornes, 3 moutons, 4 cochons, 2 arpents en valeur.

Antoine Bellivault 70 ; Andrée Guion 70.

Jean Bellivault, fils, 34 ; Jeanne Bourre, sa femme, 28 ; enfants : Jean 14, Madeleine 12, Charles 8, Antoine 7 ; 2 fusils, 16 bêtes à cornes, 12 moutons, 12 cochons, 4 arpents en valeur.

Olivier Boudrot 25 ; Isabelle Petitpas, sa femme, 17 ; 4 bêtes à cornes, 6 moutons.

Laurent Granger 46 ; Marie Landry 36 ; enfants : Marguerite 18, Pierre 16, Jacques 14, René 10, Claude 8, Marie 6, Anne 2 ; 1 fusil, 8 bêtes à cornes, 6 moutons, 6 cochons, 3 arpents en valeur.

Antoine Bourc 95 ; Antoine Landry 80 ; enfant : Marguerite 18.

Françoise Boudrot, veuve d’Étienne Robichaud, 42 ; enfants : Charles 19, Prudhomme 17, Marie 14, Alexandre 11, François 9 ; 6 bêtes à cornes, 7 moutons, 6 cochons, 4 arpents en valeur.

Jean Godet 33 ; Jeanne, sa femme, 21 ; enfants du premier lit : Françoise 13, Jean 12 ; du second lit : Marie 4, Jeanne 1 ; 2 fusils, 10 bêtes à cornes, 17 moutons, 4 cochons, 4 arpents en valeur.

Nicolas Barillot 36 ; Martine Imbert (Hébert) 20 ; enfant : Marie 2½, (deuxième mention de ce ménage) ; 1 fusil, 3 moutons.

1 Jean de Bastarache 25 ; Huguette Vincent 22 ; enfant : Marianne 7 mois.

1 Jean Fardel 46 ; Marie Godet 36 ; enfants : Bernard 16, Louis 13, Olivier 12, Jean 10, Marie 9, Anne 7, Pierre 5 ; 1 fusil, 13 bêtes à cornes, 13 moutons, 8 cochons, 5 arpents en valeur.

Pierre Gaudet 35 ; Anne Blanchard 41 ; enfants : Giraud 20, Bernard 13, Pierre 11, Claude 9, Abraham 7, Marie 4, Madeleine 4, Jeanne 2 ; 10 cochons, 4 arpents en valeur.

Antoine Babin 55 ; Marie Mercier 40 ; enfants : Vincent 21, Marguerite 16, Catherine 14, Anne 12, Antoine 10, Madeleine 8, Françoise 5, Jean 2 ; 1 fusil, 10 bêtes à cornes, 12 moutons, 8 cochons, 1½ arpent en valeur.

1 Robert Henry 43 ; Marie-Madeleine Godin (Canadienne) 20 ; enfants : Martin 7, Marie 5, Jean 2, et un qui n’est pas baptisé ; 1 fusil, 4 bêtes à cornes, 10 moutons.

Pierre Martin 50 ; enfants : Pierre 23, André 20, Jacques 19, Jean 13, Cécile 10, Marie 8, René 6 ; 10 bêtes à cornes ; 10 moutons, 8 cochons, 5 arpents en valeur.

Germain Savoye 31 ; 1 Marie Barault 21 ; enfants : Germain 5, François 2 ; 8 bêtes à cornes, 6 moutons, 5 cochons, 4 arpents en valeur.

1 Laurent Godin (Canadien) 32 ; 1 Anne Guérin 26 ; enfants : Pierre 8, Marie 6, Guillaume 4, Anne 5 mois ; 7 bêtes à cornes, 7 moutons.

Étienne Como 35 ; Marie-Anne la Feubine (Lefebvre) 35 ; enfants : Catherine 14, Alexandre 12, Marie 10 ; 1 fusil, 10 bêtes à cornes, 15 moutons, 6 cochons, 3 arpents en valeur.

Pierre Como 32 ; Jeanne Bourc 22 ; enfants : Marie 8, Abraham 7, Marguerite 6, Anne 5, Jeanne 4, Joseph 5 mois ; 1 fusil, 10 bêtes à cornes, 10 moutons, 6 cochons.

Étienne Pellerin 40 ; Jeanne Savoye 29 ; enfants : Madeleine 10, Marie 8, Pierre 5, Anne 3, Jean-Baptiste 1 ; 8 bêtes à cornes, 12 moutons, 8 cochons, 3 arpents en valeur.

Abraham Bourc 25 ; Marie Brun 24 ; enfants : Jean 2, Marguerite 6 mois ; 1 fusil, 10 bêtes à cornes, 10 moutons, 8 cochons, 6 arpents en valeur.

Périne Bourc, mère, (veuve de Jean Terriau ?) 74.

Claude Landry 24 ; Marguerite Tério, sa femme, 20 ; enfant : Marguerite 18 mois ; 1 fusil, 7 bêtes à cornes, 8 moutons, 6 cochons, 3 arpents en valeur.

Martin Bourc 36 ; Marie Potet (Pelletret ?) 29, enfants : Marie 10, Abraham 7, Pierre 5, Jeanne 2 ; 1 fusil, 4 bêtes à cornes, 5 moutons, 6 cochons, 3 arpents en valeur.

Pierre Thibaudeau 55 ; Jeanne Tériot 43 ; enfants : Marie 25, Marie 23, Marie 21, Catherine 19, Anne-Marie 17, Pierre 16, Jeanne 14, Jean 13, Antoine 12, Pierre 10, Michel 8, Cécile 6, Anne-Marie 4, Claude 2 ; 1 fusil, 14 bêtes à cornes, 5 moutons, 7 cochons, 10 arpents en valeur.

Pierre Guilbault 47 ; Catherine Thériot 33 ; enfants : Marguerite 18, Jeanne 16, Hugues 13, Isabelle 11, Charles 9, Marie 4, Jeanne 1 ; 1 fusil, 8 bêtes à cornes, 6 moutons, 8 cochons, 8 arpents en valeur.

Jean Corberon (Corperon) 39 ; Françoise Savoye 35 ; enfants : Marie 16, Madeleine 14, Jeanne 12, Jean 10, Marie 8, Isabelle 6, Cécile 4, Marguerite 1 ; 2 bêtes à cornes, 2 moutons, 1 cochon.

Michel Déforest 47 ; Jacqueline Benoist 13 ; enfants du premier lit (femme Marie Hébert) : Michel 19, Pierre 18, René 16, Gabriel 13, Marie 11, Jean-Baptiste 9 ; 1 fusil, 8 bêtes à cornes, 4 cochons, 5 arpents en valeur.

1 Dominique Garault (voir Dictionnaire Tanguay, 1, 251) 60 ; Marie Godet (Gaudet) 60 ; enfants de Marie Godet : Michel 20, Antoine et Marie, jumeaux, 16, Garault 9 ; 4 bêtes à cornes, 3 cochons, 3 arpents en valeur.

Pierre Doucet 55 ; Henriette Peltret 40 ; enfants : Toussaint 23, Jean 20, Pierre 18, Madeleine 16, Louis 12, Jeanne 10, Pierre 8, Marguerite 6, Mathieu 1 ; 2 fusils, 8 bêtes à cornes, 12 moutons, 6 cochons, 5 arpents en valeur.

1 Jacques LaPerrière 40 ; Marie Savoye 30 ; enfants : Pierre 9, Madeleine 7, Nicolas 4, Alexis 2.

Marie Bourc, (veuve de Vincent Brot) 41 ; enfants : Antoine 20, Marguerite 18, Anne 17, Pierre 16, François 11, Jeanne 9, Marie 7, Jeanne 5, René 3, Isabelle 5 mois ; (c’est la deuxième inscription de cette famille) ; 10 bêtes à cornes, 5 moutons, 5 cochons, 4 arpents en valeur.

Sommaire du recensement du Port-Royal, qui fait le nombre de 592 âmes, sans y comprendre 30 soldats que le roi y entretient : 95 familles ; 197 hommes et femmes ; 218 garçons ; 177 filles ; 75 fusils ; 643 bêtes à cornes ; 377 arpents en valeur ; 627 moutons ; 351 cochons.


CAP DE SABLE.

Jacques la Tour, sieur de Saint-Étienne, 25 ; Marie Melançon, sa femme, 18 ; 3 fusils, 5 bêtes à cornes, 4 arpents en valeur.

Charles la Tour 22 ; 2 fusils.

Jacques Muis, sieur de Pobomcouc, 27 ; Anne (La Tour de) Saint-Étienne, 22 ; enfants : 3 garçons ; 5 fusils, 6 bêtes à cornes, 3 arpents en valeur.

Abraham Muis, dit Plemarch, 24 ; Marguerite (de la Tour de) Saint-Étienne, 21 ; enfants : Marguerite 5, Charles 3 ; 4 fusils, 4 bêtes à cornes.

Abraham Dugas 23 ; Jeanne Guilbaude 18 ; 2 fusils, 2 bêtes à cornes.

La Liberté le Neigre.

Sommaire : 15 âmes ; 16 fusils ; 17 bêtes à cornes ; 7 arpents en valeur.


PORT DE LA HAIVE ET DE MIRLIGUAICHE.

1 Jacques Provost 48 ; 1 Jeanne Foucaux, sa femme, 40 ; 3 fusils, 2 cochons, 2 arpents en valeur.

1 Jacques Petit, volontaire, 28.

Jean Labat (ou Labathe), habitant de la petite Rivière de la Haive, 50.

1 Jean Vesin 55.

Pierre le Jeune, dit Briar, 28 ; Marie Thibaudeau, sa femme, 25 ; 6 fusils, 1 arpent en valeur.

Martin le Jeune 25 ; Jeanne, sa femme, sauvagesse de nation ; enfants : Claude et une fille.

1 François Michel 35 ; 1 Madeleine Germon 40 ; et Charles Gourdeaux, domestique 40.

La Verdure 35 ; sa femme, 25 ; et un enfant à Mirliguaiche.

Petit Pas 25 ; sa femme 18.

Sommaire du recensement de la Haive et de Mirliguaiche : 19 âmes ; 9 fusils ; 1 cochon ; 3 arpents en valeur.


BAIE DES MINES.

Pierre Mélançon, dit la Verdure, 54 ; Marie Muis Dantremon, sa femme, 36 ; enfants : Philippe 20, Cécile 18, Pierre 16, Marie 13, Marguerite 10, Isabelle 7, Jean 5, Madeleine 2, et un enfant d’un jour ; 12 fusils, 31 bêtes à cornes, 8 moutons, 27 cochons, 50 arpents en valeur.

Martin Aucoin 35 ; Marie Gaudet 25 ; enfants ; Martin 12, Marie 20, Michel 9, Isabelle 7, Louis 6, Agnès 4, Alexis 3, Cécile 7 mois ; 1 fusil ; 15 bêtes à cornes, 10 moutons, 6 cochons.

1 Noël de la Boue 27 ; Marie Rimbault 22 ; enfants : Reine 7, Pierre 5, François 3, Louis 2 ; 1 fusil, 1 bête à cornes, 3 moutons, 3 cochons, 1 arpent en valeur.

1 François la Pierre, dit la Roche, 33 ; Jeanne Rimbault 24 ; enfants : François 5, Marie 3, Jacques 1 ; 1 fusil.

1 Philippe Pinet 32 ; Catherine Hébert 24 ; enfants : Jean 6, Antoine 4, Noël 3, Marie 1 ; 2 fusils, 12 bêtes à cornes, 15 cochons, 8 arpents en valeur.

Philippe Tério 32 ; Cécile Landry 22 ; domestique : Jacques Martin ; 1 fusil ; 9 bêtes à cornes, 8 cochons, 16 arpents en valeur.

1 Étienne Rivet 34 ; Marie Comeaux 24 ; enfants : René 8, Marie 6, Étienne 3 ; 3 bêtes à cornes, 1 cochon.

Claude Boudrot 20 ; Anne-Marie Thibodeau, sa femme, 20.

Étienne Hébert 32 ; Jeanne Commeaux 24 ; enfants : Antoine 6, Marie 4, Étienne 1 ; 2 fusils, 7 bêtes à cornes, 7 cochons, 8 arpents en valeur.

Claude Landry 23 ; Marie Thibaudeau 18 ; enfants : deux enfants d’un an ; 12 bêtes à cornes.

Sommaire du recensement de la baie des Mines : 57 âmes ; 20 fusils ; 90 bêtes à cornes ; 21 moutons ; 67 cochons ; 83 arpents en valeur.


RIVIÈRE ST.-JEAN, PESMONQUADY, MEGAYS ET PENTAGOÜET.

Martin d’Aprendestigué dit Martignon 70 ; Jeanne LaTour, sa femme, 60 ; enfant : Marianne 24.

1 Le sieur (Louis) Damour Déchofour (Canadien) 32 ; 1 Marguerite Guyon (Canadienne) sa femme.

1 Le sieur Mathieu Damour de Freneuse, (Canadien) 28 ; Louise Guyon, (Canadienne), sa femme.

1 René Damour de Clignancourt (Canadien).

1 Le sieur de Saint-Aubin (Mignot, Canadien), sa femme, son fils ainé et le cadet, (voir Rameau : Col. féod., 163, 157-9) et quelques domestiques à Pesmonquady ou rivière de Sainte-Croix.

1 Desorcis, (Canadien ?) qui s’est aussi établi dans cette Rivière, 27.

1 Martel, à Megays.

1 (Pierre Chesnay, sieur) Dubreuil et quelques domestiques.

Le sieur de Saint-Castin et plusieurs valets à Pentagoët.

Sommaire : Le long de toute cette côte il y a 16 âmes, sans y comprendre les domestiques de chacun des dits seigneurs.


CHIGNITOU DIT BEAUBASSIN.

1 Michel le Neuf, sieur de la Vallière, (Canadien) seigneur de Beaubassin, 45 ; (sa femme vivait encore) ; enfants : Alexandre 20, Jacques 17, Marie-Joseph 15, Jean-Baptiste 12, Judith 10, Michel 8, Marguerite 6, Barbe 4 ; domestiques : 1 François Leger 55, Gabriel 20, 1 Michel Larché 22, 1 Marie Lagassé 16, 1 Nicolas Pertuis, (Canadien ?) armurier ; 70 fusils, 19 bêtes à cornes, 22 moutons, 12 cochons, 60 arpents en valeur.

1 Manuel Mirande, (Portugais) 38 ; Marguerite Bourgeois 28 ; enfants (de Jean Boudrot) du premier lit de Marguerite Bourgeois : Marie 9 ; de son mariage avec Mirande : Joseph 5, François 4, Étiennette 3, Jeanne 2 ; 3 fusils, 18 bêtes à cornes, 8 moutons, 30 cochons, 25 arpents en valeur.

1 La Barre 50 ; sa femme 46 ; Marie, sa fille, 5 ; 1 fusil, 4 cochons, 3 arpents en valeur.

Germain Girouer (Girouard) 30 ; Marie Bourgeois 34 ; enfants de Marie Bourgeois et de Pierre Cire : Jean 15, Pierre 8, Guillaume 6 ; Germain Girouer (Girouard) 4, Agnès 7 mois ; 1 fusil, 8 bêtes à cornes, 3 moutons, 4 cochons, 4 arpents en valeur.

1 Pierre Morin 51 ; Marie Martin 44 ; enfants : Louis 22, Antoine 20, Marie 18, Anne 16, Jacques 14, Charles 12, Marguerite 10, Jean 8, Jacques-François 3 ; 15 bêtes à cornes, 8 moutons, 12 cochons, 30 arpents en valeur.

1 Jean Aubin Mignault, (Canadien), 36 ; Anne Dugas 34 ; enfants d’elle et de Charles Bourgeois : Charles Bourgeois 14, Claude 12, Anne 7, Jean Mignault 6, Cécile 2½, Alexis 3 mois ; 2 fusils, 20 bêtes à cornes, 4 moutons, 24 cochons, 8 arpents en valeur.

1 Jacques Cochu 26 ; Marie Morin 20 ; enfant : Pierre 3 ; 2 fusils, 4 bêtes à cornes, 6 cochons, 6 arpents en valeur.

Michel Poirier 37 ; Marie Boudrot 36 ; enfants : Michel 12, Claude 9, Anne 7, Pierre 6, Jean-Baptiste 3, Louis 2 ; 1 fusil, 13 bêtes à cornes, 3 moutons, 8 cochons, 7 arpents en valeur.

1 Robert Cottard (Canadien) 40 ; 1 Suzanne Jarouselle (Canadienne) 40 ; enfant : Pierre 6 ; 1 fusil, 2 bêtes à cornes, 1 mouton, 1 cochon, 2 arpents en valeur.

1 Pierre Mercier (Canadien) 40 ; 1 Andrée Martin (Canadienne) 37 ; enfants d’Andrée Martin et de feu François Pellerin : Marie 16, Anne 14, Isabelle 12, Jeanne 10, Catherine 8, Pierre 6 ; Joseph Mercier 5, Madeleine 3, Alexandre 2, Marie-Joseph 6 mois ; 1 fusil, 6 bêtes à cornes, 4 cochons, 40 arpents en valeur.

Roger Quessy (ou Kuessy, Irlandais) 35 ; Marie Poirier 35 : enfants : Marie 16, Jean 10, Pierre 8, Guillaume 6, Michel 1½ ; 2 fusils, 18 bêtes à cornes, 6 moutons, 8 cochons, 8 arpents en valeur,

Germain Bourgeois 34 ; Madeleine Dugas 22 ; enfants : Guillaume 12, Marie 9, Michel 7, Madeleine 3 ; 2 fusils, 8 bêtes à cornes, 3 moutons, 4 cochons, 5 arpents en valeur.

1 Lavallée 48 ; Marie Martin 23 ; enfants : Marguerite 3, Geneviève 1, et du premier lit de Lavallée, il y a huit enfants ; 2 fusils, 20 bêtes à cornes, 12 moutons, 15 cochons, 40 arpents en valeur.

1 Lagassé 50 ; Marguerite, sa femme, 48 ; enfants : Gabriel 19, Jeanne 13, Marguerite 10, Anne 8, Pierre 6 ; 2 fusils, 2 bêtes à cornes, 8 cochons, 12 arpents en valeur.

1 Pierre Morin, le fils, 24 ; 1 Jeanne Lavallée 18 ; enfant : Pierre 3 ; 2 fusil, 14 bêtes à cornes, 6 moutons, 8 cochons, 6 arpents en valeur.

1 Jacques Blou 47 ; Marie Girouer (Girouard) 38 ; enfants : Marie 17, Jeanne 5, Françoise 18 mois ; 3 fusils, 15 bêtes à cornes, 18 moutons, 20 cochons, 40 arpents en valeur.

Thomas Cormier 55 ; Madeleine Girouer (Girouard) 37 ; enfants : Madeleine 18, François 16, Alexis 14, Marie 12, Germain 10, Pierre 8, Angélique 4, Marie et Jeanne, jumelles, 1 ; 4 fusils, 30 bêtes à cornes, 10 moutons, 15 cochons, 40 arpents en valeur.

Arsenault (Pierre), qui demeure au Port-Royal, possède dans la seigneurie de Beaubassin : 1 fusil, 8 bêtes à cornes, 4 moutons, 6 cochons, 30 arpente en valeur.

Guillaume Bourgeois qui demeure au Port-Royal, possède à Beaubassin : 2 fusils, 8 bêtes à cornes, 3 moutons, 30 arpents en valeur.

Claude Dugas possède à Beaubassin : 8 bêtes à cornes, 30 arpents en valeur.

Sommaire de Beaubassin : 127 âmes ; 102 fusils ; 236 bêtes à cornes ; 111 moutons ; 189 cochons ; 426 arpents en valeur.


RIVIÈRE DE MIRAMICHY, CHEDABOUCTOU, NÉPISIGUY ET L’ÎLE PERCÉE.

Miramichy : le sieur Richard Denis de Fronsac, seigneur de Miramichy, et quatre ou cinq valets.

Chedabouctou : 1 Le sieur de la Boulais, lieutenant du roi, est dans un fort qui est au fond de la baie avec quinze ou vingt domestiques ; dans ce lieu il y a trois ou quatre habitants qui ont défriché des terres.

Nepisiguy : 1 Philippe Enaud 35 ; sa femme qui est une sauvagesse, et 3 ou 4 valets ; il y fait valoir des terres et élève des bestiaux.

Île Percée : 1 Boissel, sa femme, et 8 enfants.

1 Lamotte, sa femme et 4 enfants.

1 Lespine, sa femme et quatre enfants.

1 Le Gascon et sa femme.

Sommaire : 59 âmes.




Sommaire général de tous les peuples, hommes, femmes et enfants qui sont au Port-Royal, Cap de Sable, La Haive, Mirliguaiche, Baie des Mines, Rivière Saint-Jean, Pesmonquady, Mégays, Pentagouët, Beaubassin, Miramichy, Chedabouctou, Népisiguy et Île Percée :

Ensemble des fusils, terres labourées, bêtes à cornes, moutons, cochons : 885 âmes ; 222 fusils ; 986 bêtes à cornes ; 759 moutons ; 608 cochons ; 896 arpents en valeur.

Quarante-trois hommes mariés et treize autres, portent des noms qui ne se trouvent point au recensement de 1671 ; dans la même catégorie, il faut mentionner dix-sept femmes mariées, en tout soixante et treize noms nouveaux.

Les Canadiens sont : les Damours[5], Leneuf de la Vallière, Mignot Saint-Aubin, Godin dit Chatillon, Desorcis, Mercier, Cottard[6], Perthuis, et Chiasson que les recenseurs ont oublié.

Deux sauvagesses sont inscrites comme mariées à des hommes de race blanche[7] ; on doit y ajouter la femme du baron de Saint-Castin. En somme, quoique l’on dise, les preuves de métissage sont aussi rares en Acadie qu’en Canada.

D’après les études de MM. Rameau et Poirier, il ne serait venu en Acadie, de 1686 à 1707, qu’une dizaine de nouveaux colons et une autre dizaine par la suite. Voici leurs noms : Bertin, Boucher, Broussard, Deslauriers, Dorion, Deveau, Forgeron, Héroux, Laplante, Lacheur, Lavache, Lecouffe, Mouchette, Marchant, Meunier, Pompin, Roger, Samson, Sacaloupe, Verre, Vigneau.

La précision est impossible dans ces calculs. Nous nous bornerons à dire que toute la race acadienne paraît être sortie d’un peu plus de cent chefs de familles établis durant le siècle et quart qui va de 1604 à 1730, soit une proportion d’un ménage par année.

L’intendant s’était convaincu de la nécessité qu’il y avait d’ouvrir un chemin entre le Canada et l’Acadie. Malheureusement, la guerre fit encore ajourner ce projet.

M. de Menneval, fils du baron de Portneuf, fut nommé gouverneur de l’Acadie, le 5 avril 1687, à la place de M. Perrot. L’été suivant, M. de la Vallière servait dans les troupes au lac Ontario ; il était encore en Canada cinq années plus tard. Sa fille, Marie-Josette, reçut une seigneurie au bassin des Mines le 3 avril 1689. Une vingtaine de personnes avaient quitté Beaubassin pour retourner en Canada[8].

Les agressions entre les colonies anglaises et françaises continuaient. Saint-Castin n’avait pu empêcher les Anglais de piller Pentagoët, en 1688. L’année suivante, à la tête de ses fidèles Abénaquis, il amena le fort de Pemaquid à capituler. Ensuite, le fort Charles et Jamestown furent pris et brûlés par les Abénaquis. Ces coups retentissaient même dans les lieux où on ne les ressentait pas directement. Port-Royal vit s’éloigner plus de cent personnes de ses murs de 1686 à 1689. M. de Menneval se lamentait sur la triste situation des choses ; on a dit qu’il ne pouvait se faire à l’existence des colons, mais ce Canadien n’avait pas été élevé dans le luxe ; ses plaintes provenaient plutôt de sa profonde connaissance du pays et des dangers dont les Acadiens étaient menacés.

Richard Denys de Fronsac porte le titre de capitaine des gardes du comte de Frontenac à son acte de mariage[9] (Québec, 15 octobre 1689). Son épouse, Françoise Cailleteau, était Canadienne. Nicolas Denys, son père, obtint en 1690 et 1691, la confirmation de ses droits sur la baie de Saint-Laurent.

Saint-Castin, toujours sur le qui-vive, suivait les Anglais le long des côtes et les repoussait glorieusement — lorsqu’il n’allait pas ravager leurs villages et réduire ceux-ci en cendres. L’expédition du fort Loyal, à l’entrée du Kenebec, fut un coup de main heureux que M. de Portneuf, agissant comme gouverneur de l’Acadie, et Saint-Castin comme chef des Abénaquis, accomplirent (1689) et qui effraya le plus les colons de la Nouvelle-Angleterre.

Nous avons dit un mot, dans un chapitre précédent, de la prise de Port-Royal par Phipps (1690), de l’enlèvement de De Menneval, de l’arrivée de Portneuf et du rétablissement (1691) du drapeau français en Acadie. M. de Portneuf avait servi en qualité de lieutenant sous M. de Repentigny, au lac Ontario, en 1687. Son attaque contre Portland, au printemps de 1690 a été racontée ; il en rapporta un drapeau qui fut suspendu dans la cathédrale de Québec avec celui de Phipps. Le 27 mai (1690) voulant entrer à Port-Royal sur un petit bâtiment qu’il montait avec François-Marie Perrot[10], il distingua, aux manœuvres d’un navire qui courait sur lui, que la place était au pouvoir des Anglais, et, en compagnie de Perrot, gagna la terre en abandonnant son bâtiment. Perrot s’endormit dans les bois et fut pris par les Anglais. Portneuf passa en France[11], proposa au ministre de reprendre Port-Royal, reçut la commission de gouverneur de l’Acadie et arriva à Québec, au commencement de juillet 1691, sur le Soleil d’Afrique que commandait un Canadien, M. Denys de Bonaventure[12]. Frontenac les retint jusqu’au 24 août ; tout deux mirent pied à terre à Port-Royal, accompagnés de cinquante soldats, et y plantèrent le drapeau français : les Anglais avaient quitté la place depuis quelque temps déjà. M. de Neuvillette, frère de M. de Portneuf, apporta ces nouvelles à Québec (6 novembre) ajoutant que Portneuf était allé se fixer à Jemsec, sur le fleuve Saint-Jean. Phipps envoya contre Jemsec, l’année suivante, trois navires avec quatre cents hommes qui furent repoussés. Sur la fin de l’été de la même année, d’Iberville et Denys de Bonaventure allèrent attaquer les forts du Maine ; Villebon, qui paraît avoir eu en ce moment le commandement de l’Acadie, leur envoya Portneuf avec deux officiers, des Canadiens et des sauvages. L’entreprise ne réussit qu’à demi.

Deux filles de M. de la Vallière se marièrent en 1692. La première, Marie-Josette, était celle qui possédait une seigneurie au bassin des Mines ; elle épousa (15 septembre, à Repentigny) Jean-Paul Le Gardeur de Saint-Pierre, seigneur de Repentigny. La seconde, Judith, épousa (9 avril, à Québec) Sébastien de Villieu, lieutenant du détachement des troupes dites de la marine, fils de Claude-Sébastien Le Brassier de Villieu, établi à Québec avant 1671.

Le bassin des Mines était dans une période de progrès ; Beaubassin demeurait stationnaire. M. de Villieu qui, désormais, réprésentait dans ces deux localités, les intérêts de la famille de sa femme, se rendit à Beaubassin vers la fin de l’année 1693 et s’y fixa. La Hêve ne renfermait, cette année, que sept habitants ; les Acadiens ne se sont pas multipliés dans ce canton, d’ailleurs peu propre à l’agriculture ; les Anglais y formèrent, bientôt après 1710, la majeure partie de la population.

Le recensement de 1693 constate le nombre de ménages suivants : Pentagoët trois, fleuve Saint-Jean sept, Port-Razoir cinq, cap Sable cinq, Beaubassin vingt, les Mines cinquante-cinq, Port-Royal quatre-vingt-huit ; en tout mille et neuf âmes. Il y avait deux cents fusils, soit un peu plus d’un par famille. Dix-huit cents arpents étaient sous culture, à Port-Royal, Beaubassin et les Mines.

On a appelé « seigneuries sauvages » les concessions de terres faites à des officiers ou à des particuliers qui, au lieu d’établir des habitants, s’occupaient de la traite et vivaient au milieu de leurs employés comme des barons du moyen-âge. Tels étaient Denys de Vitré, Denys de Fronsac, Denys de Bonaventure, à Chédabouctou et à Miramichi ; Charles de Latour au cap Sable ; Muis d’Entremont à Pobomcoup ; Aubin-Mignot à Passamacadie ; Damours des Chauffeurs à Jemsek ; Damours de Freneuse à Nashouak ; Damours de Clignancourt à Ekoupag ; Saint-Castin à Pentagoët. Les Abénaquis, les Micmacs, les Maléchites et les Etchemins regardaient ces chefs français comme leurs alliés et les suivaient à la guerre. Or, en Acadie, la guerre existait pour ainsi dire en permanence ; il en résultait que, si d’une part les colons de Port-Royal, de Beaubassin et des Mines étaient en petit nombre, d’un autre côté les bras des sauvages ne manquaient point pour défendre la province contre les incursions de ses voisins. Saint-Castin et les autres « seigneurs sauvages » enrôlèrent et maintinrent sous le drapeau de la France « ces masses tatouées et couleur d’acajou qui faisaient trembler les airs de leurs chansons guerrières. » Les échos du Maine et du Nouveau-Brunswick retentissent encore de leurs cris de triomphe.

La carrière de Saint-Castin est la plus connue de celles de tous ces capitaines. Ce n’est pas ici le lieu de la raconter en détail. Il suffira de dire que son mariage avec Mathilde, fille du grand chef Abénaquis Madockawanda n’a pas peu contribué à répandre la légende des officiers français alliés à des sauvagesses. Examen fait, on trouve : bien avant Saint-Castin, Charles de Latour marié à une sauvagesse, dont l’unique fille épousa Martignon d’Arpentigny ; ensuite, vers 1686, Enaud marié à une sauvagesse, et vingt ans plus tard Muis d’Entremont marié à une fille de Saint-Castin. La femme de Le Borgne était une fille de Charles de Latour, issue du mariage de celui-ci avec une Française. Quant à MM. de Chambly, Joybert de Marson, Damours, La Vallière, ils avaient épousé des Canadiennes ; les fils du baron de Bécancour ne se marièrent pas avec des sauvagesses. Enfin M. de Villieu, le dernier en date, prit pour femme la fille de M. de la Vallière. Denys de Fronsac[13]se maria deux fois : avec Anne Parabego (peut-être une sauvagesse), ensuite avec Françoise Cailleteau. En Acadie comme en Canada, l’administration voyait d’un mauvais œil les alliances de ce genre avec les familles des indigènes. Il n’en fallait pas davantage pour retenir les officiers. Sur le bruit qui courut que les Damours et les Denys avaient des tendances à se mésallier de la sorte, il y eut enquête et grand déploiement d’autorité à Québec. D’ailleurs, les sauvagesses n’ont jamais été aussi attrayantes que les écrivains européens ont voulu le faire croire.

Plusieurs seigneuries avaient été concédées dans les vastes territoires de l’Acadie de 1683 à 1690. Les voici pour la plupart : 1683, à Charles Aubert de la Chesnaye, marchand de Québec, pour ses enfants Antoine et Marguerite-Angélique, le lieu nommé Madoueska, près le fleuve Saint-Jean, avec le lac Ceumisouta (Temiscouata). 1687, à Boislery Noël, contrôleur de la marine et des fortifications dans la Nouvelle-France, le cap Saint-Louis, entre les rivières Margouich et Menehik. 1688, à Denis Riverin, marchand de Québec, le cap Chatte. 1689, à Michel de Grèz, habitant de Pocmouche, proche Miscou, dans la profondeur de la rivière de Pocmouche, à commencer à son embouchure dans la baie des Chaleurs ; à Marie-Josette Leneuf de la Poterie, dans la baie des Mines ; à Mathieu Martin, premier[14]né en Acadie, la terre qu’il a nommée Saint-Mathieu, en sauvage Oüecobeguy, au fond du bassin des Mines ; à Pierre Chesnet, sieur Dubreuil, Kenibecachiche, sur le fleuve Saint-Jean : à Vincent de Saint-Castin, le long du fleuve Saint-Jean, joignant Jemsec. 1690, à François Genaples, sieur de Bellefond, notaire à Québec, le lieu appelé les Longues-Vues, près Jemsec ; à Jean Gobin, marchand de Québec, à la rivière Nipisiguit, baie des Chaleurs, voisin de Denys de Fronsac ; à Pierre Le Moyne d’Iberville, près le sieur Gobin, tirant partie au nord-ouest, la rivière Ristigouche comprise.

M. de Villieu était toujours à Beaubassin. On l’accuse d’avoir mené les affaires haut la main et de s’être montré peu colonisateur. Était-ce l’exemple des Damours et des Denys qui l’attirait vers le commerce, ou celui de Saint-Castin vers les aventures ? En tous cas, il avait servi dans le régiment de Carignan et tenait à manier le mousquet autant que la charrue. Sa campagne contre Pemaquid (1694) entreprise par l’ordre de Villebon, attira les regard sur lui. Il brûla soixante fermes, tua plus de cent Anglais et amena vingt-sept prisonniers jusqu’à Montréal, après une marche de deux cent cinquante lieues.

D’Iberville et Denys de Bonaventure avaient reçu instruction de prendre et raser Pemaquid. De bonne heure, au printemps de 1696, ils parurent dans les eaux de l’Acadie, prirent un bâtiment anglais et arrivèrent devant Pemaquid le 14 août. Saint-Castin les y rejoignit avec deux cents sauvages. Villebon leur envoya Villieu et Montigny à la tête de vingt-cinq soldats. Le fort enlevé, d’Iberville gagna la haute mer ; Villieu détruisit les fortifications des Anglais et se retira à Pentagoët, mais une frégate, partie de Boston dans le dessein d’effectuer une échange de prisonniers, trouvant Villieu presque seul l’enleva. On dit que cet officier écrivit de son sang un billet à M. de Frontenac et que par l’intervention de ce dernier, on le relâcha, après une courte mais dure captivité.

Boston s’émut de ces coups rapides et incessants. Le colonel Church parut aux environs de Beaubassin, dans les premiers jours de septembre 1696 avec sept navires. Les colons se réfugièrent dans les bois. Au bout d’une semaine, ayant brûlé l’église, plusieurs maisons et tué des bestiaux, il alla attaquer le gouverneur Villebon à Jemsek[15] sur le fleuve Saint-Jean[16], mais il y perdit du monde (18 octobre) et reprit la mer, où il n’était pas tout à fait en sureté à cause des corsaires qui, bien que peu nombreux, coupaient la route des vaisseaux en destination des colonies anglaises. On cite Robineau, de Nantes, François Guyon, et Baptiste dont le véritable nom était Pierre Maisonnat. Les Aventures du chevalier de Beauchêne, écrites par Le Sage, racontent en détail la vie de ces flibustiers, combattant à leur manière sous le drapeau de leur patrie tant que durait la guerre entre les couronnes.

Cette guerre, commencée en 1689 se termina en 1697 par le traité du Ryswick. L’Acadie, quoique dépourvue de troupes régulières, avait maintenu sa position. Elle restait française. Beaubassin ne prit que deux ans pour se relever de ses ruines.

L’ère nouvelle s’ouvrit par une mauvaise récolte. Il fallut envoyer chercher de la farine à Boston pour nourrir les quelques soldats de la colonie. On fut près de deux ans sans avoir de convoi de France, et encore le ministre se fâcha-t-il bien fort en apprenant qu’on avait osé acheter des provisions chez les Anglais !

Les seigneuries concédées de 1691 à 1697 sont les suivantes : 1691, à Marie-Françoise Chartier de Lotbinière, veuve du sieur de Marson, commandant de l’Acadie, une terre près celle de Damours des Chauffours, vis-à-vis Jemsec ; à Jean Meunier, « qui a été pillé par les Anglais et désire s’établir en lieu sûr, » Maricadeouy, environ cinq lieues au-dessous de Pesmoncady tirant vers le nord-est ; à Mathieu De Goutin, écrivain du roi et lieutenant général en Acadie, Mouscoudabouet. 1693, à Paul d’Ailleboust de Périgny, l’île du Grand Menane, à l’entrée de la baie Française ; à Philippe Esnault, habitant de Nipisiguit, la rivière Pocmouche, avec la concession de Delgrais ou De Grèz. 1695, à Bernard D’Amours des Plaines, la rivière Canibeckechiche, affluent du fleuve Saint-Jean ; à Mathieu de Goutin, la pointe aux Chênes, fleuve Saint-Jean ; à Michel Chartier, habitant de l’Acadie, la rivière Descoudet. 1696, à George Renard sieur Duplessis, commis en ce pays de M. Lubert, trésorier général de la marine, la baie de Cocagne ; à René Hubert, la rivière du Pabo ou rivière Duval, baie des Chaleurs ; à René Deneau ou Deniau, le port Daniel, baie des Chaleurs. 1697, à Charles Denys de Vitré, conseiller au conseil souverain, la rivière Articogneth, tirant vers la concession du sieur Noël, baie des Chaleurs ; au sieur Outlas (Jean Outlan ?) depuis la rivière Articougneth, tirant vers le petit passage de Canceaux ; à Mathieu de Lino, marchand de Québec, vis-à-vis l’île Saint-Jean, sur la côte de l’Acadie, depuis la concession du sieur Duplessis, trésorier de la marine, dans la baie et la rivière de Cocagne, tirant vers M. de la Vallière ; à Paul Dupuy, lieutenant particulier de la prévôté de Québec, à côté des sieurs Lino et La Vallière ; à Marc-Antoine de Cottentré, lieutenant aux troupes de la marine, depuis le sieur Outlas, tirant vers le petit passage de Canceaux ; à Barthelemy-François Bourgonnière sieur de Hautteville, secrétaire de M. de Frontenac, entre Pentagoët et le fleuve Saint-Jean, au-dessous d’Adouaquet et remontant au nord au-dessus de Nesquet — ce fief sera nommé Villeclaire ; au sieur Le Gardeur, lieutenant aux troupes de la marine, à commencer à la rivière Quiquischeoubegouet, borne du sieur de la Vallière, jusqu’à la rivière du Memehec — ce fief sera nommé Tilly ; à Charles Genaples, sieur de Vilrenard, depuis la seigneurie de Menouat jusqu’à la rivière Skouteopkek, fleuve Saint-Jean ; au sieur de la Croix (la Grois ?) la rivière Bonaventure, tirant d’un côté vers Quisquaperiac et de l’autre vers Papériac, baie des Chaleurs ; à Jacques Cochu, la Grande-Rivière, depuis le Grand Pabo appartenant à René Hubert, tirant vers le cap Espoir, vers l’île Percée.

Beaubassin renfermait trente ménages en 1698 et possédait un prêtre résidant[17], M. Trouvé, ainsi qu’un récollet, M. Noinville qui évangélisait les sauvages à l’ouest de la baie Française. C’est dans cette direction que se dirigea (1698) un Acadien, Pierre Thibaudeau, qui fonda Chipody, nouveau centre d’où partirent les familles qui se sont répandues dans le Nouveau-Brunswick, à l’est du fleuve Saint-Jean. Jemsek reçut aussi vers ce temps un ou deux colons. Villebon avait avec lui une soixantaine de soldats ; il rétablit le fort Nashouack, à l’embouchure du fleuve Saint-Jean. Villebon demeurait alors à Pentagoët.

Les Sauvages de l’Acadie, pas plus que les Iroquois en Canada, ne reconnaissaient le traité de Ryswick ; ils menaient la guerre aux Anglais, mais privés de l’assistance des Français, leurs armes n’étaient pas toujours victorieuses. En 1699, dix compagnies de troupes régulières, sous les ordres de Wallis et Bradford, tuèrent dans un combat sept cents Abénaquis. Ce désastre détermina plusieurs groupes de familles à se réfugier sur les bords du Saint-Laurent, où, depuis une vingtaine d’années leurs parents avaient formé des bourgades, à Bécancour et à Saint-François du Lac.

La situation de l’Acadie était alors celle d’une province assez mal gouvernée mais qui pouvait compter sur la valeur morale et l’esprit patriotique de son peuple. Des réformes étaient nécessaires dans la région purement administrative. Il y avait lieu d’espérer qu’elles se produiraient un jour ou l’autre. Le fond, l’habitant, l’Acadien, était admirable. L’instinct de cette nouvelle race éclose au soleil de l’Amérique se portait vers la culture des champs. Ses mœurs honnêtes et paisibles, malgré les cris d’alarmes qui la surprenaient si souvent, lui garantissaient un avenir prospère. Son tempérament avait subi l’influence de ce milieu étranger : il cessait d’être européen et se transformait comme celui de ses frères du Canada. L’habillement, le logis, la nourriture, appropriés à des besoins qui n’étaient plus ceux de la France, lui donnaient un caractère à part. Un nouveau type se formait dans la grande famille humaine. L’art du cultivateur même se modifiait dans ces lieux dont la forme physique s’écarte notablement des proportions et de l’état de ceux de la mère-patrie. Comme sur les bords du Saint-Laurent, le colon avait échelonné ses terres en suivant la ligne d’eau, mais en Acadie, les rivages sont plats dans les endroits les plus riches, et tout un genre d’agriculture naquit de cette condition imposée par la nature. Le bassin des Mines, Chipody, Petitcoudiac sont des exemples de l’industrie savante et tenace des Acadiens. Leurs barrages contenaient les flots de la mer. Ce qu’il fallait de travail et de calcul pour les rendre efficaces est un problème qui intrigue les hommes d’aujourd’hui. Quelles récoltes surabondantes donnaient ces terrains, engraissés depuis des siècles par les dépôts de l’océan ! Aussi voit-on que les ravages d’ennemis nombreux et impitoyables ne retardaient guère le développement de ces jeunes paroisses. L’année qui suivait une razzia amenait l’abondance, et comme les courages ne faiblissaient jamais, tout reprenait vigueur en attendant des jours ou plus sereins ou plus mauvais. Les jours mauvais sont nombreux dans l’histoire de l’Acadie.

Le Borgne de Belle-Isle, représentait à Port-Royal[18] M. de Villebon ; c’est lui qui reçut le commissaire de marine, M. de Fontenu, envoyé pour dresser un rapport sur l’Acadie. Il fut décidé de réparer les fortifications de Port-Royal et d’y rétablir le siège du gouvernement. Ces travaux étaient à peine commencés lorsque M. de Villebon mourut (juillet 1700) et que M. de Brouillan arriva comme gouverneur (20 juin 1701) ; l’année suivante éclatait la guerre dite de la succession d’Espagne. Avec toute la diligence possible, l’Acadie ne pouvait être mise en état de défense, car ses forts, qui n’avaient jamais valu grande chose, tombaient en ruine, à la suite de trois ou quatre années de paix.

Jacques Brouillan, né en 1655, était capitaine au détachement des troupes de la marine entretenues en Canada, lorsqu’il fut baptisé, à Québec, le 27 décembre 1687. De 1690 à 1700 il commanda à Plaisance, île de Terreneuve. Dans la campagne de 1696 où lui et d’Iberville prirent et rasèrent Saint-Jean de Terreneuve, il se brouilla quatre fois avec d’Iberville et quatre fois se raccommoda malgré lui. Il fut fait chevalier en 1698. Sous son gouvernement, en Acadie, on voit figurer les officiers dont les noms suivent : Villieu, major, Denys de Bonaventure, lieutenant du roi ; les capitaines de Gannes de Falaise, De le Boularderie, De Chacornade et Dupont-Duvivier ; les lieutenants Clément de Montainville, de Gannes de Falaise et Saint-Pierre ; les enseignes Neuvillette, De Teinville et l’ingénieur Lobat.

Une première attaque des Anglais sur Pentagoët fut repoussée (1703) par Saint-Castin et Alexandre de Beaubassin, fils de M. de la Vallière. Peu après, Saint-Castin s’empara de Casco. Vers l’automne de 1704, une croisière, partie de Boston pour venger le massacre de Deerfield, détruisit Pentagoët, inquiéta les Mines et opéra quelques déprédations à Beaubassin. Trois années s’écoulèrent dans l’expectative d’une invasion en règle.

Les quatre dernières seigneuries concédées en Acadie sont de 1703 et 1707. Cette première année, Thomas Lefebvre, interprète de langue abénaquise, reçut l’endroit appelé Koucsanouskek, au bord de la mer, au nord de la pointe de Meniekec du côté de la rivière Saint-George. En 1707, Charles Morin concéda l’entrée de la rivière des Loups-Marins (en sauvage Pippe Chosseke) qui sort de la Ristigouche — ce fief devait se nommer Cloridan. Pierre Haimard, marchand de Québec, eut la pointe de Passepibiat, dans la baie des Chaleurs. Le capitaine de Villieu, prit l’espace qui se trouve entre le cap le plus proche de la baie de Chipeoudy au nord-est, en descendant au sud-ouest, l’île aux Meules comprise.

En 1707, Port-Royal renfermait cinq cent cinquante-quatre âmes ; les Mines six cent vingt-huit ; Beaubassin deux cent soixante-et-dix ; Chipody cinquante-cinq, et on en comptait trois cents répandues dans les autres seigneuries. Ceci ne comprend pas les Sauvages. Les fusils appartenant aux colons ne dépassaient pas deux cents. Trois cent cinquante hommes au plus étaient d’âge à porter les armes. Les Sauvages amis, très réduits en nombre et dispersés sur de vastes territoires, étaient, au dire de M. de Brouillan, difficiles à rassembler.

M. de Brouillan, passé en France l’hiver de 1704, avait laissé le commandement de l’Acadie à Denys de Bonaventure, qui eut pour successeur M. de Subercase, l’automne de 1705. Daniel d’Auger de Subercase, officier au régiment de Bretagne, était arrivé en Canada l’année 1687 ; en 1688-9, il commandait le camp volant de Lachine ; en 1690, il servait à l’île d’Orléans ; en 1693, il était garde-magasin ; 1694 nommé major ; 1696 faisait les fonctions de major-général dans l’armée du lac Ontario ; 1697 il est cité comme capitaine et major des troupes en Canada ; 1698 figure à Boucherville ; 1702 commande à Plaisance ; 1705 bat les Anglais à Terreneuve, et est fait chevalier. Tel était l’homme qui devait défendre l’Acadie, dans les circonstances les plus critiques de son histoire.

L’Acadie n’avait pas reçu de secours de France depuis trois ans, lorsque, au mois de mai 1707, le colonel March partit de la Nouvelle-Angleterre avec vingt-trois vaisseaux portant deux régiments, pour détruire Port-Royal. Cette place renfermait moins de trois cents hommes en état de porter les armes — et encore étaient-ils peu disposés à se battre à cause de l’abandon dans lequel la mère-patrie les avait laissés. Les brèches des murs étaient toujours ouvertes. Le 15 juin, arrivèrent soixante Canadiens[19] commandés par Louis Denys de la Ronde ; quelques heures plus tard, à la grande surprise des habitants, parut la flotte du colonel March. Anselme de Saint-Castin[20] accourut avec ses sauvages ; de même Pierre Morpain, corsaire de Saint-Domingue, les Latour, les d’Entremont, les Damours, et un nommé Lejeune dit Briar, fameux coureur de bois marié à une sauvagesse. Après plusieurs combats, dans lequel les Anglais eurent plus de quatre-vingts hommes tués et grand nombre de blessés, ils se rembarquèrent, le 17, très humiliés et se reprochant les uns les autres ce pénible échec. Néanmoins, ils avaient fait beaucoup de mal aux alentours de la ville et la disette sévit bientôt au milieu des Acadiens et des Sauvages, déjà tant éprouvés depuis plusieurs années. Les deux héros de la belle défense de Port-Royal ne tardèrent pas à se marier. Saint-Castin, épousa (31 octobre 1707) Charlotte Damours, fille de Louis Damours Deschauffours ; le 4 décembre Alexandre le Borgne de Belle-Isle épousa Anastasie de Saint-Castin[21] ; le même jour, Philippe Muis d’Entremont (fils de Jacques) épousa Thérèse, autre fille de Saint-Castin. Louis Denys de la Ronde se maria, à Québec (20 juillet 1709) avec Louise Chartier de Lotbinière ; de 1710 à 1718, ce ménage demeura au cap Breton ; en 1720, il était retourné à Québec.

Ayant repris la mer en 1708, Pierre Morpain amena de Saint-Domingue un chargement qui fut très utile à Subercase, puis, en moins d’un mois il coula quatre navires anglais, en prit neuf autres et rentra à Port-Royal. Au commencement de 1709, ce fut bien pis ; il rencontra un navire de guerre beaucoup plus fort que lui, l’attaqua et le prit après avoir tué son capitaine et plus de cent hommes. Il y eut fête à Port-Royal, et au milieu de ces réjouissances Morpain épousa (13 août) Marie, fille de Louis Damours des Chauffours ; ensuite il remit à la voile et dans cette seule année captura trente-cinq bâtiments avec quatre cent soixante et dix Anglais, qui furent échangés à Boston l’hiver 1709-1710, contre quelques prisonniers français. Le commerce de cette dernière ville dépérissait. Un orage se forma, comme on pouvait s’y attendre. Le 5 octobre 1710, le général Nicholson se présenta devant Port-Royal avec cinquante et un bâtiments et trois mille cinq cents hommes de troupes. Durant neuf jours, Subercase résista à toutes ces forces, lui qui n’avait pas trois cents hommes, habitants[22] compris, à sa disposition. Saint-Castin, accompagné de quelques sauvages tenta l’impossible pour seconder les efforts de la place. Les corsaires étaient en course bien loin, on ne pouvait compter sur eux. Enfin, le 16, Subercase capitula, sortant avec les honneurs de la guerre et vendant, chose curieuse, son artillerie à Nicholson, qui la lui paya sept mille cinq cents livres — pour acquitter les dettes du roi de France. Dès le lendemain la flotte anglaise fournissait des vivres aux habitants, car la disette était extrême. Saint-Castin accompagna l’officier qui se rendit à Québec, au nom de Nicholson, annoncer la prise de Port-Royal. « La garnison, dit M. Rameau, et les officiers, au nombre de cent cinquante-six hommes, furent embarqués pour la Rochelle ; les employés, quelques marchands et engagés et même un petit nombre d’habitants qui voulurent profiter de la capitulation se firent transporter à Nantes où ils arrivèrent le premier décembre 1710 ; le tout formait deux cents cinquante-deux personnes, y compris les femmes et les enfants. On comptait du reste parmi eux fort peu d’habitants, car en comparant le recensement de 1707 et celui de 1714, qui sont l’un et l’autre nominaux, on retrouve dans le second toutes les familles citées dans le premier, à l’exception de dix-neuf parmi lesquelles quatre avaient quitté Port-Royal, pour aller à Chipody ou aux Mines ; on ne peut donc pas évaluer à plus de quinze le nombre des familles qui retournèrent en France à cette époque, et ces familles étaient toutes d’un établissement récent dans le pays, il est facile de s’en convaincre par l’étude des recensements ; de sorte que toutes les vieilles souches acadiennes demeurèrent sur les héritages où leurs pères vivaient déjà depuis trois ou quatre générations. » L’année suivante, la population se soumit à l’Angleterre et en 1713 les droits de cette puissance furent reconnus sur toute l’Acadie par le traité d’Utrecht.


  1. Il avait épousé (et non refusé comme dit un auteur) mademoiselle de Thauvenet, sœur de madame François Hertel.
  2. M. de Grandfontaine avait quitté l’Acadie au mois de mai 1673.
  3. Il était devenu aveugle à Paris, en 1678, où il sollicitait le renouvellement de son privilége.
  4. Les noms précédés du chiffre 1 (un) ne figurent pas dans le recensement de 1671.
  5. Une concession à la rivière Richibouctou en faveur de Louis Damours des Chauffours, est datée de Québec le 20 septembre 1684.
  6. Voir le présent ouvrage, V, p. 76.
  7. L’un d’eux, Philippe Enault, obtint (1693) les terres de Pocmouche qui avaient été concédées à un nommé Delgrais qui, après avoir épousé une sauvagesse « en face de l’Église » avait déserté aux Anglais. En 1689 il y avait à Pocmouche un nommé Michel De Grès, probablement le même. (Voir : Titres seigneuriaux, pp. 393, 411).
  8. M. Rameau cite des Canadiens qui paraissent s’être établis après 1686, mais passagèrement. Ce sont : Pothier, Chartier, Meunier et Genaples de Bellefonds.
  9. M. de la Vallière, présent au mariage de Denys, succéda à ce dernier, l’année suivante, dans le grade de capitaine des gardes.
  10. Perrot était resté en Acadie où il s’occupait de commerce.
  11. Il arriva à la Rochelle, le 21 janvier 1691, sur la Fleur de May, capitaine Javelan de la Tremblade. Un officier, parti de Québec, lui avait confié la relation officielle du siège de cette place par Phipps.
  12. En 1689 cet officier est désigné avec le titre de lieutenant du roi en Acadie.
  13. Il périt en mer (1694) sur le Saint-François.
  14. L’acte de concession s’exprime ainsi ; d’après les recensements, Mathieu Martin serait né en 1638.
  15. En 1695, sur ce fleuve, il y avait dix familles, savoir : Jemsec une, Fréneuse sept, Naxouat ou Nashouak, deux ; en tout huit maisons, quarante-neuf âmes.
  16. Neuvillette assistait son frère, ainsi que René d’Amours de Clignancourt, seigneur de Jemsek.
  17. Plusieurs autres prêtres et religieux sont mentionnés en Acadie, de 1670 à 1713.
  18. En 1692, Port-Royal comptait quatre-vingt dix-huit ménages ; en 1701 soixante et six.
  19. Voir les aventures du chevalier de Beauchêne, racontées par Le Sage.
  20. Son père, parti pour la France en 1701, était alors (1707) âgé de soixante et dix ans selon M. Rameau ; cinquante-sept, d’après M. Petit, officier au régiment de Carignan — si toutefois il vivait encore, car en 1708 on parle de lui comme s’il était décédé depuis longtemps.
  21. M. Rameau donne à la femme du baron Vincent de Saint-Castin le nom de Marie-Melchide Pidikwamiscou, et dit qu’elle assistait aux mariages de ses enfants en 1707.
  22. Charles de Latour, du cap Sable fut dangereusement blessé à ce siège.