Histoire des Météores/Chapitre 12

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chapitre xii.
les trombes.

Typhon des Grecs. — Passage de Pline. — Ty-fong des Chinois. — Trombe sous un ciel sombre ou sous un ciel serein. — Décharges de canon pour rompre les trombes. — Plusieurs faits curieux. — Analogie des effets produits par les trombes et par la foudre. — Tornados. — Les trombes à l’Académie des sciences pendant les années 1875 et 1876.

I.

Une trombe est un tourbillon rapide, parcourant souvent une grande étendue de pays, en tournoyant avec un bruit que l’on peut quelquefois comparer à celui d’une voiture pesante roulant sur un chemin pavé.

On nomme trombes d’air celles qui ont lieu sur la terre, trombes marines celles qui apparaissent sur les mers, et trombes d’eau celles qui se dressent au-dessus des lacs et des rivières. On donne aussi quelquefois aux trombes les noms de typhons et de syphons.

Aucune partie du globe n’est à l’abri de ce redoutable phénomène. Tantôt il absorbe les eaux de l’Océan, entraîne et fracasse les vaisseaux qu’il rencontre sur son passage ; tantôt il dessèche les lacs et les étangs, soulève des masses d’eau énormes, creuse dans le sol des excavations profondes, renverse les maisons, déracine les plus gros arbres, les transporte à des distances considérables, et couvre de leurs débris et d’un déluge d’eau le terrain sur lequel il vient à éclater.

Les globes de feu et les éclairs qui s’échappent souvent du sein de ces tourbillons attestent certainement que l’électricité y joue un grand rôle.

Les Grecs, qui avaient l’art de tout poétiser, firent du typhon un géant affreux, formé de vapeurs condensées, que Junon fit sortir de la terre en la frappant de sa main, dans un moment de fureur jalouse. Les bras de ce monstre s’étendaient du levant au couchant, sa tête touchait aux nues, ses yeux étaient enflammés et sa bouche vomissait des torrents de feu ; il était porté par des ailes noires, couvertes de serpents qui faisaient entendre des sifflements aigus ; il avait pour pieds deux dragons énormes. Ce monstre, qui effrayait les dieux eux-mêmes, est le type de ces météores désastreux qui s’étendent de l’orient à l’occident, dont la tête se perd dans les nues et les pieds dans la mer, et qui vomissent la foudre, la grêle et des torrents de pluie.

Fig. 50. — Trombe sur terre.

II.

Pline décrit ainsi les trombes (chap. XLIX et L du second livre de son Histoire naturelle) :

« Passons aux souffles qui s’élèvent subitement, et qui sortis, comme nous l’avons dit, des flancs de la terre, y sont repoussés de la région des nuages, en s’en enveloppant et en prenant plusieurs formes, chemin faisant. Vagabonds et rapides comme des torrents, ils produisent, au rapport de plusieurs auteurs que nous avons déjà cités, des tonnerres et des éclairs. Si leur trop grand poids, accélérant leur chute, vient à crever une nue chargée de vapeurs sèches, il en résulte une tempête que les Grecs nomment ecnéphias ; si, roulés dans un cercle moins vaste ils rompent la nue sans faire jaillir d’éclairs ou de foudres, ils forment un tourbillon appelé typhon, c’est-à-dire une nue qui crève en jetant de l’eau autour d’elle. Ce typhon entraîne avec lui des glaçons qu’il en détache, les roule, les tourne à son gré ; son poids s’en augmente, sa chute s’en accélère, et sa rotation rapide le porte de lieu en lieu. Nul fléau n’est plus fatal aux navigateurs ; non seulement il fracasse les antennes, mais les vaisseaux mêmes, en les tordant. Le vinaigre, naturellement très froid, répandu à sa rencontre, offre un petit remède à un si grand mal. Le typhon, en tombant, se relève par l’effet du choc même, et, pompant ce qu’il trouve à l’instant de la répercussion, il l’enlève et le reporte dans la région supérieure. »

On voit que l’imagination et la fantaisie tiennent beaucoup de place dans cette description des trombes par Pline.

« Camõens, dans les Lusiades, nous en donne une splendide description :

« J’ai vu … non, mes yeux ne m’ont point trompé ; j’ai vu se former sur nos têtes un nuage épais qui, par un large tube, aspirait les eaux profondes de l’Océan.

« Le tube à sa naissance n’était qu’une légère vapeur rassemblée par les vents ; elle voltigeait à la surface de l’eau. Bientôt elle s’agite en tourbillon, et, sans quitter les flots, s’élève en long tuyau jusqu’aux cieux, semblable au métal obéissant qui s’arrondit et s’allonge sous la main de l’ouvrier.

« Substance aérienne, elle échappe quelque temps à la vue ; mais à mesure qu’elle absorbe les vagues elle se gonfle, et sa grosseur surpasse la grosseur des mâts. Elle suit en se balançant les ondulations des flots : un nuage la couronne, et dans ses vastes flancs engloutit les eaux qu’elle aspire.

« Telle on voit l’avide sangsue s’attacher aux lèvres de l’animal imprudent qui se désaltère au bord d’une claire fontaine. Brûlée d’une soif ardente, enivrée du sang de sa victime, elle grossit, s’étend et grossit encore. Telle se gonfle l’humide colonne, tel s’élargit et s’étend son énorme chapiteau.

« Tout à coup la trombe dévorante se sépare des flots, et retombe en torrents de pluie sur la plaine liquide. Elle rend aux ondes les ondes qu’elle a prises, mais elle les rend pures et dépouillées de la saveur du sel … »

Cette brillante description indique que ce phénomène avait été bien étudié par le poète portugais.

III.

Pendant une après-midi, près de l’équateur, M. Roussel, capitaine du Regina-Cœli, navire sur lequel est arrivée cette fameuse révolte de noirs dont tous les journaux ont parlé, attira mon attention sur des vapeurs qui s’élevaient de la mer, sous la forme d’entonnoir, pour en rejoindre d’autres qui, sous la même forme, semblaient descendre des nues, en sorte que le tout avait l’aspect d’une colonne se renflant progressivement aux deux extrémités ; vers le tiers de la hauteur, plus près de la mer que des nuages, il semblait y avoir solution de continuité. — J’aurais bien désiré d’être à même d’observer ce phénomène dans tous ses détails, mais il était trop éloigné de nous pour cela, et je n’ai pas eu d’occasion plus favorable.

Après avoir décrit quelques trombes, observées pendant son deuxième voyage dans l’atmosphère austral, Cook s’exprime ainsi : … « Quelques-unes de ces trombes semblaient par intervalles être stationnaires ; d’autres fois elles paraissaient avoir un mouvement de progression vif mais inégal, et toujours en ligne courbe, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre ; de sorte que nous remarquâmes une ou deux fois qu’elles se croisaient. D’après le mouvement d’ascension de l’oiseau (un oiseau qui avait été emprisonné par la trombe), et plusieurs autres circonstances, il est clair que des tourbillons produisaient ces trombes, que l’eau y était portée avec violence vers le haut, et qu’elle ne descendait pas des nuages, ainsi qu’on l’a prétendu dans la suite. Elle se manifeste d’abord par la violente agitation et l’élévation de l’eau : un instant après vous voyez une colonne ronde qui se détache des nuages placés au-dessus, et qui, en apparence, descend jusqu’à ce qu’elle se rejoigne à l’eau agitée. Je dis en apparence, parce que je crois que cette descente, n’est pas réelle, mais que l’eau agitée qui est au-dessus a déjà formé le tube, et qu’il est, en s’élevant, trop petit et trop mince pour être d’abord aperçu. Quand ce tube est formé ou qu’il devient visible, son diamètre apparent augmente ; et il prend assez de grandeur ; il diminue ensuite, et enfin il se brise ou devient invisible vers la partie inférieure. Bientôt après, la mer reprend son état naturel, et les nuages attirent peu à peu le tube ; jusqu’à ce qu’il soit entièrement dissipé. Le même tube a quelquefois une direction verticale et d’autres fois une direction courbe ou inclinée. Quand la dernière trombe s’évanouit il y eut un éclair sans explosion. »

Fig. 51. — Trombe sur la mer.

Dans l’Écho du monde savant, tome Ier, page 176, M. Page s’exprime ainsi :

« Un jour nous naviguions sur les côtes d’Espagne, non loin du cap de Sate, prêts à le doubler pour nous lancer dans le détroit de Gibraltar ; le baromètre était fort haut : il marquait 29 pouces ; la brise était incertaine, l’air sec et chaud, et de temps en temps des rafales descendaient des montagnes ; le ciel était de ce brillant azur qu’on ne rencontre que sous le climat de l’Andalousie. Tout à coup une violente agitation se manifesta dans l’atmosphère ; le vent roula sur nos têtes avec un bruit semblable à celui d’une forêt agitée par la tempête et nous nous trouvâmes presque instantanément enveloppés de trombes. À droite, à gauche, devant, derrière, nous en comptâmes sept de diverses grandeurs, toutes s’élevant de la surface de la mer et montant en cône renversé, dont le sommet était d’abord tangent à l’eau, et la base vaguement terminée dans l’air. »

Le même auteur cite le brick de guerre français le Zèbre, qui fut surpris par une trombe de cette espèce, en allant de Toulon à Navarin. Son action fut si rapide que l’officier n’eut pas le temps de faire retirer les voiles ; elle était forte, elle emporta deux mats de hune, jeta quelques gouttes d’eau sur le pont, et un instant après laissa tomber le brick dans un calme plat.

« Il est très dangereux pour un vaisseau, dit Dampier, de se trouver au-dessous d’une trombe au moment où elle se rompt ; c’est pourquoi nous nous efforcions toujours de nous tenir à distance, lorsque cela était possible. Mais à cause du grand calme qui nous empêchait de fuir, nous avons été plusieurs fois dans un grand danger ; car le temps est ordinairement très calme tout autour, à l’exception de la place sur laquelle elle agit. C’est pourquoi les marins, lorsqu’ils voient une trombe s’avancer sans avoir aucun moyen de l’éviter, font feu dessus de leurs plus grosses pièces pour la rompre par le milieu. »

IV.

Le 6 septembre 1814, le capitaine Napier, commandant le vaisseau Erne, aperçut une trombe à la distance de trois encablures ; le vent soufflait successivement dans des directions variables ; la trombe au moment de sa première apparition semblait avoir le diamètre d’une barrique ; sa forme était cylindrique, et l’eau de la mer s’y élevait avec rapidité ; le vent l’entraînait vers le sud. Parvenue à la distance d’un mille du bâtiment, elle s’arrêta pendant plusieurs minutes ; lorsqu’elle commença de nouveau à marcher, sa course était dirigée du sud au nord, c’est-à-dire en sens contraire du vent qui soufflait. Comme ce mouvement l’amenait directement sur le bâtiment, le capitaine Napier eut recours à l’expédient recommandé par tous les marins, c’est-à-dire qu’il fit tirer plusieurs coups de canon sur le météore. Un boulet l’ayant traversé à peu de distance de la base, au tiers de la hauteur totale, la trombe parut coupée horizontalement en deux parties, et chacun des segments flotta ça et là incertain, comme agité successivement par des vents opposés. Au bout d’une minute, les deux parties se réunirent pour quelques instants ; le phénomène se dissipa ensuite tout à fait, et l’immense nuage noir qui lui succéda laissa tomber un torrent de pluie.

M. Baussard, lieutenant de frégate, étant au nord de l’île de Cuba, dit qu’une trombe et le nuage qu’elle servait à former paraissant chassés par un petit vent frais du nord-est, quelques vaisseaux de l’armée qui s’en approchèrent tirèrent sur cette trombe plusieurs coups de canon à boulet qui firent un très bon effet, puisqu’ils interrompirent le cours de l’eau de la mer, qui s’élevait par un tournoiement rapide. Alors la trombe devint plus faible par le bas, et bientôt après, elle se sépara de sa base, et le bouillonnement disparut. L’agitation intestine paraissait se faire de bas en haut, avec régularité, et acheva, en se dissipant entièrement, de former le nuage qui couvrit tout l’horizon. Ensuite le tonnerre, qui avait commencé à gronder, devint plus fort ; la foudre éclata sur un vaisseau espagnol de l’escadre du général Cordova ; immédiatement après, l’air se refroidit sensiblement par l’abondance de la pluie qui tomba pendant plus d’une heure.

V.

En général, l’eau des trombes marines est douce comme de l’eau de pluie. Camőens fait remarquer avec étonnement cette particularité.

Entre autres faits à l’appui, on peut citer celui du capitaine Melling, de Boston, qui, dans un voyage aux Indes occidentales, au mois d’août, sur le soir d’un jour très chaud, vit une trombe aborder le vaisseau qu’il montait, et qui, en deux ou trois secondes, traversa dans sa largeur l’arrière du bâtiment pendant qu’il y était. Un déluge d’eau lui tomba sur le corps et le renversa ; il fut obligé de s’accrocher aux premiers objets qu’il put embrasser pour n’être pas entraîné par-dessus le bord, ce dont il avait une grande frayeur. Mais la trombe, qui faisait un bruit semblable à un rugissement, ayant dépassé l’autre bord, fut mise en communication avec la mer. L’eau de la trombe lui était entrée par le nez et la bouche ; il en but malgré lui, et la trouva très douce et nullement salée.

Quelquefois des trombes ont transporté des personnes d’un lieu à un autre, sans leur faire de mal. « Une nuée extrêmement épaisse, et fort basse, dit l’abbé Richard, poussée par un vent du nord, couvrit la surface du sol sur lequel est placé le bourg de Mirabeau. Différents tourbillons se formèrent en même temps dans cette masse noire chargée de vapeurs épaisses ; il en sortit de la grêle, le tonnerre se fit entendre, les arbres et les haies furent arrachés, l’eau de la petite rivière de Mirabeau fut transportée à plus de soixante pas de son lit, qui resta à sec pendant ce temps ; deux hommes qui se trouvèrent enveloppés dans un des tourbillons furent portés assez loin sans qu’il leur arrivât rien de fâcheux … Un jeune pâtre fut enlevé plus haut et rejeté au bord de la rivière sans que sa chute fût violente ; le tourbillon qui l’avait emporté le posa à l’endroit où il cessa d’agir … Toute la fureur du météore se dissipa dans l’espace d’une lieue de longueur, sur une demi-lieue de largeur[1]. »

« Dans les endroits où passa cette trombe, dit le père Boscovich, en parlant de la trombe d’Arezzo, sa queue traça dans les champs de blé un chemin si parfaitement droit qu’il semblait fait par des moissonneurs. Non seulement elle a ravagé le blé, mais encore elle a amassé dans cet endroit une quantité de sable et de terre presque jusqu’à la hauteur d’un homme.

« Dans un endroit appelé Faltona, elle déracina en ligne droite quatre cents châtaigniers, et les transporta très loin. Deux jeunes bergers qui s’étaient réfugiés sous l’un de ces arbres furent emportés avec lui à la hauteur d’un coup de pistolet, et renversés à terre, sans lésion grave ; ailleurs, quatre oies furent enlevées, et une d’elles alla tomber sur la tête d’un cavalier. »

VI.

Quelquefois on a vu des contrées se couvrir presque instantanément d’un grand nombre de petits animaux. Les trombes ne sont pas étrangères à ce phénomène. Voici un fait singulier :

« Le 13 septembre 1835, une trombe a ravagé les communes de Caux, canton de Couché, et de Champagné-Saint-Hilaire. Sa marche a été du sud-ouest au nord-est, et elle y a causé des dégâts ; plusieurs arbres ont été arrachés et brisés, des maisons ont été renversées. Dans la dernière commune, elle a enlevé toute l’eau d’une mare et tous les poissons qu’elle contenait ; elle a été les rejeter à une lieue et demie de là, au grand étonnement des personnes témoins de cette pluie ichthyologique[2]. »

Un des effets les plus remarquables des trombes est le clivage des bois en lattes minces et allongées, ou en filaments représentant une sorte de balai. Cet effet est sans doute produit par le passage de l’électricité, qui élève la température de la sève. Ceci est facile à comprendre : si le courant est quelque peu persistant, il élèvera la température de la sève, dont la tension brisera en lattes ou en fragments plus fins encore tout le ligneux du tronc, à l’endroit où il était le plus serré. Souvent, la décharge étant insuffisante, on ne trouve qu’une ou deux lanières arrachées, un arbre fendu en deux ou en quatre, ou enfin en un grand nombre de parties.

Les vieux bois, comme les bois de charpente bien abrités et bien secs, qui ne sont plus conducteurs de l’électricité, ne sont jamais clivés en lattes. Lorsque, par une circonstance particulière et dépendante du lieu où ils sont placés, la foudre les frappe en masse suffisante, ils sont marqués par des signes de carbonisation et non de clivage : le bois moins sec que ces vieux bois peut donner un peu d’écoulement à l’électricité et offrir un effet moyen.

On appelle tornados, des tempêtes très violentes, mais très courtes, elles existent à peine vingt minutes ; elles paraissent être un intermédiaire entre la trombe et le cyclone. En peu d’instants le vent souffle successivement de tous les points de l’horizon, et il semble que ce soit la conséquence d’une accumulation de nuages dont on ne sent les dangereux effets qu’au moment où ils passent au zénith du lieu d’observation. Le plus souvent succèdent la pluie et l’orage. On peut consulter sur ce sujet un excellent travail de M. le docteur Borius[3].

Homère paraît avoir parfaitement étudié ces phénomènes : « Lui-même (Hector), hors des rangs s’élance plein de courage et tombe dans la mêlée. Telle la tempête, bondissant du haut des nuages, soulève les sombres flots de la haute mer[4]. »

VII.

La théorie des trombes a été vivement discutée à l’Académie des sciences pendant l’année 1875 par M. Faye et d’autres savants éminents. À l’occasion de la trombe de Hallsbery, M. Faye donne le résumé des conclusions éparses dans ses nombreux Mémoires, à peu près en ces termes : 1° Les mouvements giratoires à axe vertical se produisent dans l’atmosphère aux dépens des inégalités de vitesse des grands courants horizontaux ; c’est un phénomène général, semblable mécaniquement aux tourbillons de nos cours d’eau. 2° Les mouvements tourbillonnaires à axe non vertical, ne sont pas persistants et de forme géométrique comme les premiers, ils tendent à se détruire à mesure qu’ils se forment. 3° Les mouvements giratoires à axe vertical, connus sous les noms de trombes, de tornados et de cyclones, sont de même nature et ne diffèrent que par leur dimension, leur durée et l’étendue de leur parcours. 4° C’est par eux seuls que les couches supérieures sont mises momentanément en rapport électrique avec les inférieures ; ils constituent en outre un organe essentiel de la circulation aérienne de l’eau dans sa partie descendante ; au sein des mouvements tournants et dans la vaste ouverture de leur entonnoir, les cirrhus entraînés descendent et donnent naissance, dans les couches moins élevées, aux grands phénomènes de la pluie, des orages et de la grêle. 5° Ces mouvements tournants à axe vertical ne sont pas particuliers à notre globe ; ils jouent un grand rôle sur d’autres astres ; on les retrouve sur le soleil, et ils y opèrent sur la plus grande échelle. Le rôle considérable qu’ils y jouent est dû à la rotation toute spéciale de cet astre ; il explique les principaux phénomènes de sa surface ; mais leur nature mécanique étant absolument la même que sur notre globe, l’étude des mouvements giratoires du soleil peut servir, tout aussi bien, et parfois même beaucoup mieux que l’étude des mouvements giratoires de notre atmosphère, à l’avancement de la mécanique des fluides et de la météorologie[5].

Dans la même séance académique, M. Planté a communiqué d’importantes expériences, desquelles il croit pouvoir conclure « que les trombes sont de puissants effets électrodynamiques, produits par les forces combinées de l’électricité atmosphérique et du magnétisme terrestre. »

La théorie de M. Faye a été vivement combattue par des savants éminents, entre autres par MM. Peslin, Reye, etc., qui sont loin d’être d’accord avec l’éminent astronome, mais nous ne pouvons ici entrer dans les débats auxquels cette question a donné lieu ; d’ailleurs la discussion continue.


  1. L’abbé Richard, Hist. nat. de l’air et des météores, t. VI, § 625.
  2. Mauduyt, Écho du monde savant, 1835, numéros 90 et 83.
  3. Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1875, 2e semestre.
  4. Iliade, chap. XI.
  5. Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1875, 1er semestre.