Histoire des doctrines économiques/2-1-4

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IV

QUESNAY ET LES ÉCONOMISTES

Quelques rapides notices sur les principaux personnages de cette école vont suffire maintenant.

Quesnay doit venir le premier. Né en 1694, à Méré, près de Montfort-l’Amaury, et fils d’un avocat au Parlement de Paris, Quesnay se dirigea vers la médecine et lui consacra, non sans succès, la plus grande partie de sa carrière. Après diverses publications médicales qui l’avaient mis en relief, il fut nommé premier médecin ordinaire du roi ou plus exactement de la marquise de Pompadour, à qui il eut la chance de sauver la vie. Il ne commença qu’en 1756 à écrire sur des sujets économiques, il prépara pour l’Encyclopédie divers articles : deux sur les Fermiers et les Grains, qui sont de 1756 et 1757[1] ; deux autres sur l’Impôt et l’Intérêt de l’argent, qu’il retira au moment où ils allaient être publiés ; enfin un dernier sur l’Homme, qui ne fut pas non plus inséré, mais qui, récemment retrouvé, ne présente pas d’intérêt pour nous[2]. Il cessa de collaborer à l’Encyclopédie quand la faveur royale fut retirée à cette publication, en 1760. À ce moment, ses productions économiques se suivent avec une grande rapidité. En 1757, les Maximes générales du gouvernement économique d’un royaume agricole et notes sur ces maximes sont imprimées sous le faux titre : Extrait des Économies royales de M. de Sully. Elles sont réimprimées en 1759, avec des modifications, et précédées cette fois du Tableau économique[3]. Les Questions intéressantes sur la population, l’agriculture et le commerce sont de l’année précédente 1758. Les articles qu’il donna, soit dans le Journal de l’agriculture (1765-1766), soit dans les Éphémérides du citoyen (1768), sont trop nombreux pour que nous les citions tous : nous nous bornerons aux Observations sur l’intérêt de l’argent, aux Dialogues sur les travaux des artisans, au Droit naturel, à l’Analyse du gouvernement des Incas du Pérou et au Despotisme de la Chine. Ce sont ces deux derniers ouvrages qui renferment la doctrine politique de Quesnay ou théorie du despotisme légal.

Dans la question de l’intérêt de l’argent, Quesnay, très conséquent d’ailleurs avec lui-même, prenait une position où ses disciples ne le suivirent point. Aussi cet article — paru dans le Journal de l’agriculture sous le pseudonyme de Nisaque[4] — ne fut-il pas recueilli par Dupont dans sa Physiocratie. Quesnay part de cette idée que « l’intérêt est fondé de droit sur le rapport de conformité qu’il a avec le revenu des biens-fonds et avec le gain que procure le commerce de revendeur ». Mais puisque le commerce n’a pas de productivité propre, ses gains sont eux-mêmes en conformité avec le revenu des biens-fonds : par conséquent c’est ce dernier qui doit, « dans l’ordre naturel et dans l’ordre de la justice », dicter le taux de l’intérêt[5] : Ainsi, semble-t-il, l’intérêt de l’argent ne serait légitime que dans les prêts à la production, ou bien — avec les prêts à la consommation — seulement lorsque le préteur aurait pu placer son capital en biens-fonds. On dirait pour ce dernier cas la thèse théologique du lucrum cessans. Pratiquement Quesnay demande que le prince détermine un taux maximum pour empêcher le prêteur « d’abuser des besoins de l’emprunteur » ; et ce taux devrait être revisé au moins tous les dix ans…, sur l’estimation « unanime des notaires du district des villes principales de chaque province… d’après le prix et le revenu des terres[6] ». Cependant cette réglementation ne s’étendrait ni aux opérations entre marchands, ni à l’escompte ordinaire du commerce[7].

À la mort de Mme de Pompadour en 1764, Quesnay était tombé dans une sorte de disgrâce[8]. Il se tourna finalement vers les mathématiques et écrivit ses Recherches sur les vérités géométriques, ce qui fit dire à Turgot que « le soleil s’encroûtait ». Il mourut le 20 décembre 1774.

Quesnay, dans son Essai physique sur l’économie male (1747), s’était déclaré très nettement pour la liberté, pour l’immortalité de l’âme et pour les sanctions de la vie future, en ajoutant que « toutes ces connaissances et ces réflexions s’accordent parfaitement avec les lumières de la révélation, et qu’elles concourent aussi à nous avertir de nous tenir sur nos gardes, dans l’attente d’une vie future qu’elles nous dénoncent et qu’il est très important de prévoir[9] ».

Le marquis de Mirabeau (1715-1789), père du fameux tribun, fut un esprit original, mais désordonné et sans repos ni méthode. En 1757, il donna l’Ami des hommes, Traité de la population, ouvrage mal disposé, d’où il ressort que la vraie richesse ne consiste que dans la population, que la population dépend de la subsistance et que la subsistance ne peut être tirée que de la terre[10]. Mais cet ouvrage, au dire de Dupont, « n’est point dans les principes de la science économique ; Il les contredit même entièrement, puisque le fond de son plan est de regarder la population comme la source des richesses, et non les richesses comme la cause de la population[11]. »

Au fond, il y a bien en lui de ces deux points de vue à la fois. Il pense avec les « économistes », que « les hommes multiplient comme les rats dans une grange, s’ils ont les moyens de subsister[12] » ; mais il est vrai qu’il pose ailleurs cet aphorisme que « les richesses se trouvent partout où il y a des hommes[13] ». Associant les deux idées, il préconise le développement de l’agriculture et blâme, énergiquement tout le luxe des consommations inutiles, tout le luxe aussi des parcs d’agrément. Chose bizarre, c’est cet esprit d’utilitarisme étroit et rigide qui lui inspire en plein XVIIIe siècle contre « les auteurs politiques protestants » un remarquable plaidoyer en faveur des communautés religieuses : car, à ses yeux, malgré le célibat de leurs membres « il est impossible de nier que les établissements des maisons religieuses ne soient très utiles à la nombreuse population », puisque leurs membres vivent de peu ou de presque rien, et que telle abbaye, dans le voisinage de laquelle il a habité, fait vivre quinze religieux, vingt novices et au moins quatre domestiques avec 6.000 livres de rente au total. Ainsi « en voilà quarante d’arrangés en vertu d’une institution particulière[14]. »

Un des mérites de Mirabeau, dans son plan de réformes sociales, est précisément de faire une large part aux mœurs. Ainsi « Mirabeau, dit M. Brocard, se sépare nettement de ses futurs maîtres les physiocrates et de l'école classique, pour se rapprocher de Le Play et de l’école historique[15]. » Éloge exagéré sans doute et même immérité en ce qui concerne Le Play ; et quant au rapprochement avec l’école historique, il faut bien noter que Mirabeau, à la différence des « historiques », croit à l’absolu et à la constance des lois économiques.

Paru en trois parties d’abord, cet ouvrage en eut trois autres en 1758 et 1759 et valut à son auteur le surnom d’ « Ami des hommes », sous lequel le connurent ses contemporains.

En tout cas et quoi qu’on dise, l’éloge exclusif que Mirabeau avait fait de l’agriculture, appartenait bien à la doctrine physiocratique. Mirabeau, en 1757, ne connaissait pas encore Quesnay : il fut subjugué par lui, lui voua une admiration profonde et s’inféoda dès lors à la secte, sauf à y perdre quelque chose de son originalité.

De lui on a encore la Philosophie rurale[16], les Économiques et surtout la Théorie de l’impôt (1760), où il entreprend de démontrer que les impôts, quels qu’ils soient, retombent toujours sur les propriétaires de biens-fonds, avec plus ou moins de répercussions intermédiaires. Cet ouvrage eut un énorme succès, puisqu’il parvint à sa dix-huitième édition. Mais les critiques qu’il contenait et les réformes dont il impliquait la nécessité, déplurent au roi : Mirabeau passa cinq jours en prison (décembre 1760), puis il fut exilé pour deux mois dans sa campagne de Bignon, et la disgrâce qui en rejaillit sur Quesnay affecta profondément le patriarche de l’école.

Mercier de la Rivière[17] (1720-1793 ou 1794 ?), d’abord conseiller au Parlement de Paris, s’était distingué, en, 1762, en défendant la Martinique attaquée par les Anglais. « Intendant de justices police, finances, et marine dans les Îles françaises du Vent de l’Amérique » depuis 1758, il y avait fait preuve de beaucoup d’énergie, d’intelligence et de désintéressement. Il en revint ruiné, y fut renvoyé une seconde fois, de 1762 à 1764, et revint cette fois ci disgracié sous le ministère de Choiseul. A dater de ce moment, il se voua aux études économiques.

En 1767, il fit paraître l’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques, ouvrage où il s’efforçait de trouver le lien entre l’économie politique et le droit naturel[18]. Le volume eut un grand succès, mais déchaîna une violente polémique. Le principal adversaire en fut Mably, qui y répondit par ses Doutes proposés aux philosophes économistes sur l’ordre naturel des sociétés, œuvre nettement communiste[19]. Voltaire, aussi, railla La Rivière dans l’Homme aux quarante écus. Telle était cependant sa réputation que l’impératrice Catherine le fit venir en Russie pour rédiger des lois à l’usage de son peuple. Comme il est aisé de le comprendre, La Rivière échoua dans cette tentative, sans que les causes de cet insuccès soient partout présentées de la même manière. Les confédérés de Pologne le consultèrent aussi, concurremment avec Rousseau et Mably, pour, le choix d’une constitution à donner à la Pologne. Puis La Rivière mourut oublié sous la Terreur, on ne sait ni où ni comment. Dupont avait fait, en 1768, sous le titre Origines et progrès d’une science nouvelle, un abrégé de l’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques.

Le Trosne ou Le Trône (lui-même employait les deux orthographes), d’Orléans (1728-1780), avocat du roi au présidial de cette ville, fut un ami et élève du grand jurisconsulte Pothier. En outre de ses nombreux articles dans le Journal de l’agriculture et les Éphémérides du citoyen, on a de lui les Effets de l’impôt indirect prouvés par les deux exemples de la gabelle et du tabac (1770) ; l’Ordre social (1777), exposé de la pure doctrine physiocratique en matière de principes sociaux ; et un traité De l’intérêt social par rapport à la valeur, à la circulation, à l’industrie et au commerce intérieur et extérieur (1777). Il y expose clairement les principes fondamentaux de l’école et il s’attache surtout à réfuter les idées que son ami Condillac venait d’émettre dans son traité du Commerce et du gouvernement, soit sur la valeur, soit sur la productivité de l’industrie[20]. Le Trosne y a formulé cet axiome, dont cependant les adversaires de l’économie politique réclament avec fracas la paternité, à savoir qu’il « ne faut pas croire que toutes les valeurs soient du même genre, ni confondre les travaux et les services avec les productions : car ce serait confondre ceux qui payent avec ceux qui sont payés[21] ».

Une mention spéciale est due également à l’abbé Baudeau, qui fonda successivement les Éphémérides du citoyen (1765-1772)[22], puis les Nouvelles éphémérides (1774-1776), et qui publia de nombreux et volumineux ouvrages, dont le plus important est la Première introduction à la philosophie économique ou Analyse des États policés, exposition générale du système de Quesnay, beaucoup supérieure par le style, par la méthode et par la lucidité de l’esprit aux travaux analogues de Mirabeau — la Philosophie rurale — et de Mercier de la Rivière. Nous devons citer de lui la formule de la perception la plus économique des impôts[23], qui allait devenir une des quatre maximes fiscales d’Adam Smith, et une définition des biens et des richesses, à laquelle il n’a guère été changé depuis lors[24].

À côté de « l’art productif », qui comprend : 1° la chasse, la pêche et l’élevage ; 2° la culture ; 3° les mines[25], et à côté de « l’art stérile ou non productif », qui renferme l’industrie manufacturière et le commerce, Baudeau place la théorie de « l’art social », qui est « l’art d’exercer l’autorité et de la perfectionner de plus en plus[26] » ; pareillement, à côté des avances foncières, il introduit la théorie des « avances souveraines » (chemins, canaux, rivières navigables, ponts, ports, etc.), qui sont ce que nous appelons aujourd’hui « l’outillage national »[27] : et quand il se demande si c’est de bras que manque l’agriculture, il rompt brutalement avec l’opinion courante, pour répondre que « les campagnes ont actuellement trop de bras dans presque toute l’Europe », et que « la grandeur des récoltes ne s’estime point du tout par le nombre des ouvriers de culture et par l’assiduité de leur travail…, mais par la grandeur des avances souveraines, foncières et mobilières[28] ». Ici la contradiction avec l’Ami des hommes, de Mirabeau, est on ne peut mieux proclamée.

Nous arrivons ainsi à l’écrivain le plus fécond de toute cette pléiade, Du Pont, dit communément Dupont de Nemours (1739-1817)[29].

Mirabeau et Quesnay avaient remarqué de bonne heure ce jeune homme : « Soignez-le, disait déjà Quesnay, il parlera quand nous ne serons plus. »

Du Pont est dès lors le collaborateur infatigable des maîtres. En 1764, il débute avec son mémoire De l’importation et l’exportation des grains et prépare, en concours avec Turgot, l’édit de liberté que le contrôleur général L’Averdy allait faire rendre par le roi. L’année suivante, il prend la direction du Journal de l’agriculture, du commerce et des finances. Du Pont se fait volontiers le vulgarisateur des idées d’autrui : en 1767 il publie, avec un Discours préliminaire de sa plume, le recueil des articles de Quesnay, qu’il intitule Physiocratie, et il résume l’année suivante le grand ouvrage de Mercier de la Rivière dont nous parlions il y a un instant. Après qu’il eut dirigé les Éphémérides du citoyen, qui disparaissent ensuite sous l’abbé Terray, nous trouvons successivement Du Pont à Carlsruhe auprès du margrave de Bade, puis en Pologne comme précepteur des enfants du prince Czartoryski. Turgot, nommé contrôleur général, le rappelle en France et en fait son confident plus encore que son secrétaire. Après Turgot, tantôt en faveur et tantôt en disgrâce, il perpétue la doctrine libérale et se sert des diverses fonctions qu’il remplit pour préparer et faire aboutir, en 1786, le traité de commerce avec l’Angleterre, dit traité d’Eden, bientôt suivi d’un traité semblable avec la Russie. C’est le triomphe momentané de la politique libérale des physiocrates.

En 1789, le bailliage de Nemours l’envoie aux États Généraux, et de là lui vient le nom de Dupont de Nemours, sous lequel il est toujours désigné. Il prend en cette qualité une part importante à l’œuvre financière de la Constituante ; il fait prévaloir très justement le principe de la proportionnalité et de l’universalité de l’impôt foncier ; il fait supprimer les gabelles ; il combat les fausses théories qui se produisent à propos de l’émission des assignats ; toutefois il recommande trop vivement le système des impôts directs, en conformité avec les idées des physiocrates. Le 10 août 1792, Du Pont est aux côtés du roi : il échappe quelque temps, est pris, enfermé à la Force, puis sauvé le 9 thermidor. Sous le Directoire, il fait partie de la secte des théophilanthropes.En 1797, il est élu membre du Conseil des Anciens par le département du Loiret ; proscrit après Fructidor, il s’échappe aux États-Unis, où Jefferson, alors vice-président de la République, lui demande un plan d’éducation nationale. Il revient en France au commencement de l’Empire. Là, tout en défendant de son mieux, avec sa plume, la liberté du commerce et du travail, il se tient en dehors de la politique, où il ne réapparaît qu’en 1814, comme secrétaire du gouvernement provisoire, au moment de l’abdication de Napoléon. Les Cent-Jours sont pour lui un nouveau signal d’exil : Du Pont repart pour les États-Unis, refuse de les quitter après Waterloo, et y meurt deux ans plus tard, en laissant à tous ceux qui l’avaient connu le souvenir d’un honnête homme, consciencieux et convaincu, et d’un écrivain de combat plutôt que d’un philosophe de cabinet. Il avait, du reste, très sensiblement adouci, avec les années, l’ardeur de ses premières opinions physiocratiques[30].

  1. Il lui donna aussi l’Evidence en 1756.
  2. Les deux articles Homme et Impôt viennent d’être publiés pour la première fois, dans la Revue d’histoire des doctrines économiques et sociales, nos 1 et 2 (1908).
  3. Sur la découverte et la vraie date du Tableau économique, voyez supra, p. 186.
  4. Journal de l’agriculture, n° de janvier 1766. — Cet article est publié dans les Œuvres, éd. Oncken, pp. 399 et s.
  5. Oncken, loc. cit., p. 401.
  6. Ibid., p. 402.
  7. Ibid., p. 404.
  8. Il avait profité des largesses de la favorite pour acquérir une vaste terre, dans le Nivernais, ce qui le fit seigneur de Beaurepaire, de Glouvet et autres lieux. Ce fait ne donne pas seulement l’origine du nom de son descendant M. Quesnay de Beaurepaire, qui fut procureur général à la Cour d’appel de Paris et à la Haute Cour de 1889 ; on y retrouve aussi l’origine du pseudonyme littéraire — Jules de Glouvet — sous lequel M. de Beaurepaire a écrit quelques-uns de ses romans.
  9. T. III de l’Essai physique. — Voyez Oncken, p. 792.
  10. Sur Mirabeau, étudier l’excellent volume de M. Lucien Brocard, les Doctrines économiques et sociales du marquis de Mirabeau dans « l’Ami des hommes » , 1902.
  11. Dupont, Notice abrégée sur l’année 1758.
  12. Op. cit., 1re partie, ch. II, t. I, p. 19 (édition de 1758.)
  13. Op. cit., 1re partie, ch. VIII, t. I, p. 189.
  14. Op. cit., 1re partie, ch. II, t. I, pp. 22-23.
  15. Brocard, Op. cit., p. 273.
  16. Philosophie rurale ou Économie générale et politique de l’agriculture, réduite à l’ordre immuable des lois physiques et morales qui assurent la prospérité des empires, 1763.
  17. Le Dictionnaire d’économie politique de Léon Say et Chailley-Bert l’appellent « Le Mercier de la Rivière » ; Ingram et ses traducteurs(MM. de Varigny et Bonnemaison) le nomment constamment « Mercier-Larivière ». Ces appellations sont erronées.
  18. Nous en avons fait plus haut de nombreuses citations (supra, pp. 175 et s. ; pp. 201 et s.), notamment à propos de la propriété et du commerce international.
  19. Voyez plus loin, à propos de socialisme, 1, IV, ch. III.
  20. Nous y reviendrons, infra, p. 245.
  21. Intérêt social, ch. II, § 2 (édit. Daire, Physiocrates, t. I, p. 909).
  22. Bihebdomadaires d’abord et plutôt hostiles à la physiocratie, puis favorables à partir de 1766. Elles devinrent mensuelles à dater de janvier 1767.
  23. Introduction à la philosophie économique, ch. VI, art. III, § 3 (édit. Daire, p. 754).
  24. Les biens sont les « objets propres à nos jouissances utiles et agréables » ; les richesses sont les biens « échangeables » (Op. cit., ch. I., art. v, p. 661).
  25. La question de la productivité des mines selon les physiocrates est étudiée d’une façon complète par M. Pervinquière, Contribution à l’étude de la notion de productivité dans la physiocratie (1906), IIe et IIIe parties. Voici ses conclusions : « Un seul Économiste, dit-il, a proclamé à maintes reprises la productivité de l’industrie extractive : nous voulons parler de l’abbé Baudeau. C’est fort probablement la lecture de ses œuvres qui a conduit presque tous les historiens des systèmes économiques à regarder son opinion comme la doctrine officielle de l’École… Les trop longues citations que nous avons du faire semblent donner complètement raison à la majorité des historiens, pour qui la productivité des mines ferait partie intégrante du système physiocratique » (Op. cit., pp. 59 et 92). Mais Turgot est d’un avis tout à fait opposé : il n’y a donc pas unanimité parmi les physiocrates, puisque Turgot, malgré « ses protestations d’indépendance », doit bien « être rangé bon gré mal gré parmi les disciples de Quesnay » (Ibid., p. 93). Pour Turgot, voyez infra, p. 232.
  26. Op. cit. ch. i, art. vi, pp. 663-664.
  27. Ibid., ch. I, art. VII, pp. 666 et s.
  28. Ibid., ch. iv, art. iv, § 1, pp. 702-704. — Nous ne parlons pas de la différence entre le commerce (vente du producteur aux marchands) et le trafic (revente entre marchands) (Op. cit., ch. v, art ; v, § 1). Ce n’est ici qu’une question de terminologie physiocratique, sauf que les physiocrates réservaient au trafic des anathèmes dont ils se gardaient bien de charger le commerce (comp. Le Trosne, Intérêt social, ch. vi, § 3, éd. Daire, pp. 957 et s.).
  29. Voyez Du Pont de Nemours et l’Ecole physiocratique, par Schelle, 1888.
  30. En voici une preuve. En 1805, Dupont de Nemours écrivait une notice nécrologique sur Quesnay de Saint-Germain, petit-fils du docteur Quesnay. Or, comme Schelle le fait remarquer, Dupont, plaçant sur les lèvres du grand-père un discours que celui-ci aurait tenu à son petit-fils en 1771, ne le fait plus parler de classe stérile, ni même de classe subordonnée ; Quesnay remplace « avances » par « capital », « produit net » par « revenus nets », et il montre les richesses naissant du travail au lieu d’avoir la terre pour source unique (Schelle, Du Pont de Nemours et l’École physiocratique, p. 374). — Voyez ce discours dans le Quesnay d’Oncken, pp. 802-805).