Histoire des doctrines économiques/2-2-1

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CHAPITRE II

ADAM SMlTH, J.-B. SAY, MALTHUS ET RICARDO

I

LES PRÉCURSEURS DE L’ÉCOLE ANGLAISE CLASSIQUE

L’opinion commune, injuste peut-être pour certains des physiocrates, attribue à Adam Smith la création de l’économie politique. Mais, sans parler des écrivains français qu’il avait connus personnellement, Adam Smith n’avait-il point, dans l’Angleterre même, d’auteurs auxquels il eût pu se rattacher à quelques égards ? Allait-il donner aux préoccupations économiques une orientation tout à fait sans précédent ? Bref, l’Angleterre n’avait-elle donc connu jusqu’à lui que le mercantilisme étroit de Mun, de Gee ou de Josiah Child ?

Quelque réponse qui puisse être faite à cette question, il y a certains noms à relever, comme ceux de Petty, de Dudley North, de Locke, de Berkeley, de Hutcheson, de Tucker, de Denham Steuart et surtout de Hume.

Le médecin William Petty (1623-1687)[1] avait habité assez longtemps la France et la Hollande, à la fin du règne de Louis XIII et sous la minorité de Louis XIV, avant d’être nommé inspecteur général de l’Irlande.

Il a laissé un grand nombre d’écrits[2], où il montre une véritable faculté d’observation et une précieuse justesse de raisonnement, le tout, il est vrai, entremêlé d’assertions hardies et accompagné de beaucoup d’imagination. Faut-il le classer parmi les mercantilistes ou les libéraux ? en faire un ancêtre des physiocrates ou des socialistes ? Toutes les opinions ont été émises sur lui et toutes sont également injustifiées. Par exemple, s’il trouve que « la monnaie dans un État fournit de la nourriture de l’étranger aux époques de disette à l’intérieur, qu’elle embellit l’ensemble et plus spécialement les individus qui la possèdent en abondance », c’est dans la phrase même où il vient de dire qu’il « ne serait pas difficile de substituer à la monnaie (s’il n’y en avait pas en quantité suffisante) quelque chose d’équivalent[3] ».

Le mercantilisme cependant domine.

Ce qui a surtout conservé son nom, c’est son appel à « l’arithmétique politique », terme dont il se sert le premier, non pas tant, il est vrai, pour fonder la statistique que pour « ramener à des sortes de démonstrations, suivant les règles ordinaires de l’arithmétique, les questions de gouvernement et celles d’une étendue et d’un intérêt aussi considérables que la gloire du Prince, le bonheur et la grandeur du peuple[4] ». Il y étudie la situation intérieure du Royaume-Uni pour arriver à conclure que tout n’y est pas encore perdu ; et l’un des procédés les plus originaux qu’il préconise, c’est la limitation du taux des salaires, pour que les ouvriers soient contraints de travailler sans s’adonner à la débauche et pour qu’ils produisent à bon marché[5]. Avec cela l’on exporterait beaucoup, l’on recevrait de la monnaie, et l’on ne s’arrêterait que lorsque l’on serait sûr « d’avoir plus de monnaie qu’aucun autre État voisin[6] ». Mac-Culloch n’en fait pas moins, de Dudley North et de lui, « les économistes les plus distingués du XVIIe siècle[7] ».

Dudley North, que nous venons de nommer, donnait en 1691 ses Discours sur le commerce[8]. Il avait un pressentiment plus net, ce semble, des avantages du commerce entre les peuples, qu’il assimilait heureusement aux échanges entre les particuliers.

Mais ni l’un ni l’autre ne nous éloignent encore beaucoup de Mun, ni de Child ; et si nous les en séparons ici, ce n’est que pour nous conformer à une opinion répandue qui veut creuser plus avant pour trouver bien profondes les racines du libéralisme économique des Anglais.

Locke (1632-1704), avec son Essai sur l’entendement humain, est beaucoup plus connu comme philosophe que comme économiste. Cependant, outre trois petits traités purement économiques, parus entre 1691 et 1695 (et relatifs à l’altération monétaire, au bimétallisme[9] et à l’abaissement du taux de l’intérêt par la force de la loi), Locke a plongé assez avant dans certaines questions préliminaires de l’économie politique, en écrivant son Essai sur le gouvernement civil et notamment ses chapitres sur la propriété. Il y réhabilite le travail en le présentant comme l’agent par excellence de la production[10] et comme le titre suprême de la propriété, par opposition à la théorie de l’occupation. Sur la propriété, cependant, il a bien, à ce qu’il semble, des idées quelque peu étranges, en admettant qu’elle puisse, de droit naturel, se perdre par le non-usage s’il s’agit de choses frugifères[11], tandis que la valeur et la propriété de la valeur pourraient être emmagasinées sous la forme d’une monnaie qui ne recevrait aucun emploi. Pourquoi Locke fait-il cette différence ?

L’Irlandais Berkeley (1685-1753), évêque de l’Église anglicane à Cloyne, est l’auteur du Querisi (ou Questionneur)[12], recueil de 595 questions, dans lesquelles il combat très énergiquement le préjugé mercantiliste d’après lequel l’or et l’argent sont la richesse par essence. Ce qui est plus intéressant encore, c’est que Berkeley, quoique protestant et dignitaire de l’Église établie, s’élève très loyalement contre la tyrannie politique et commerciale que l’Angleterre faisait peser sur l’Irlande. Il y a là, en effet, ne fût-ce qu’au point de vue de l’économie politique, une page très curieuse de l’histoire de la persécution de l’Angleterre protestante contre l’Irlande catholique. En 1663, le Parlement anglais exclut l’Irlande de l’acte de navigation et ruina une marine qu’il aurait dû chercher à favoriser. En 1665 et 1680, il interdit l’entrée de l’Angleterre aux bestiaux, lard, beurre et fromage d’Irlande. Enfin, non content d’avoir empêché, en 1696, les colonies de commercer avec l’Irlande, on en vint, en 1699, jusqu’à interdire aux Irlandais d’exporter quelque part que ce fût la laine qu’ils commençaient à manufacturer. On chercherait vainement un autre exemple de persécution économique aussi intense et conduite aussi systématiquement. C’est ainsi que l’Irlande fut empêchée de rivaliser avec l’île sœur dans le champ du travail, et les plaintes de Berkeley n’ont rien qui nous doivent surprendre. En outre, Berkeley, adoptant les idées de Locke sur le travail considéré comme source de toute richesse, demandait « s’il n’est pas injuste de supposer que la terre soit elle-même la richesse ; si l’on ne doit pas mettre au premier rang l’industrie comme constituant la richesse, comme transformant en richesses la terre même et l’argent, puisque la terre et l’argent n’ont de valeur qu’à titre de moyen ou de stimulant pour l’industrie ; et s’il ne peut pas arriver que dans les solitudes de l’Amérique un homme possède vingt mille mètres carrés de terre et qu’il manque cependant d’aliments pour son dîner ou de vêtements pour couvrir son corps[13] ». Tout cela est fort intéressant à noter, trente ans avant la thèse tout opposée de la vieille école française.

Les Essais moraux, politiques et littéraires de Hume nous rapprochent des physiocrates et d’Adam Smith. Hume (1711-1776), à la fois philosophe sceptique et sensualiste, historien et même économiste, avait séjourné en France assez longtemps. Toutefois ses Essais, parus en 1752, sont antérieurs aux premières publications de l’école physiocratique. Ils portent sur le commerce, le luxe, l’argent, l’intérêt de l’argent, les impôts, le crédit public, la balance du commerce, la jalousie commerciale, et la population des nations anciennes. Hume a fort justement pensé qu’une nation a intérêt à être entourée, non pas de nations pauvres, mais de nations riches, qui puissent lui acheter ses produits, et il a engagé solidement la lutte contre le mercantilisme. Ses notions sur la monnaie sont exactes : il ne croit pas, par exemple, que ce soit la quantité de la monnaie qui fasse varier le taux de l’intérêt[14] ; il estime aussi que les variations de prix qui résultent d’un accroissement des existences monétaires, sont lentes, qu’elles ne portent pas proportionnellement sur le prix des denrées et sur le prix de la main-d’œuvre, et qu’elles se combinent avec les variations que présente l’activité de l’industrie et du commerce. Mais Hume n’est pas favorable à l’usage des billets de banque et des papiers de crédit, dont la multiplication, selon lui, doit faire hausser les prix des choses et décourager l’industrie.

Hume était un ami et admirateur d’Adam Smith, et nul doute qu’il ait exercé sur lui la plus profonde influence[15].

Un des prédécesseurs de ce dernier à la chaire de philosophie morale de l’Université de Glasgow, Hutcheson (1694-1747), avait effleuré aussi quelques problèmes d’économie politique dans son traité de philosophie morale, écrit en latin et paru en 1745. Le chapitre De rerum pretio énonce les causes de la cherté plus ou moins grande des choses et touche quelque peu aussi à la question monétaire, mais le tout sans s’élever au dessus de ce que les scolastiques et les théologiens d’autrefois en avaient dit ou auraient pu en dire. Ce qui est plus intéressant, c’est l’idée qu’Hutcheson se fait des lois naturelles. En 1747, il autorisa une traduction anglaise de son volume latin ; elle parut sous le titre, A short introduction to moral philosophy in three books, containing the elements of Ethicks and the Law of Nature[16]. La préface qu’Hutcheson y mit sous forme d’appel aux étudiants de l’Université de Glasgow, divisait la morale en deux parties : l’éthique proprement dite et la connaissance de la loi de la nature. Il subdivisait cette dernière en trois branches : 1° la doctrine des droits privés ; 2° l’économique ; 3° la politique[17]. On voit donc que Smith était bien invité à faire de l’économie politique une branche ou une annexe de la philosophie morale telle que cette dernière était envisagée à l’Université de Glasgow.

Le pasteur Josiah Tucker (1711-1799), doyen de Gloucester, n’écrit que des brochures d’actualité. Il plaide avec conviction la cause des protestants expulsés d’autres pays et émigrant en Angleterre ; il soutient que leur arrivée ne peut faire aucun tort aux Anglais ; et il s’efforce, par un louable pressentiment de ce que nous appelons aujourd’hui la solidarité des industries, de montrer l’harmonie naturelle de l’intérêt des propriétaires avec celui des marchands et des industriels. Turgot a traduit une des publications de Tucker sous le titre de Questions importantes sur le commerce, à l’occasion du dernier bill de naturalisation (ouvrage publié par Tucker en 1755).

Un écrivain contemporain, Adam Ferguson, dans son Essay on the history of civil society (1767), avait eu également quelques excellentes pages sur des sujets économiques[18] : nous ne faisons que le mentionner.

Faut-il faire, dans cette rapide nomenclature, une place à part à sir James Denham Steuart[19] ? Peut-être, sinon pour l’exactitude de toutes les théories qu’il a professées, au moins pour le dessein qu’il a eu de donner, avec son Inquiry into principles of political economy, un traité méthodique et complet. L’ouvrage, paru en 1770, a cinq parties : la première traité de la population, laquelle ne peut s’accroître qu’à raison de l’accroissement des subsistances ; la deuxième, du commerce et de l’industrie avec un fâcheux retour à la théorie de la balance dû commerce ; la troisième, des monnaies ; la quatrième, de l’intérêt et du crédit ; la cinquième, de l’impôt. Le livre consacré à la monnaie est précieux, par les renseignements historiques qu’il fournit et par les saines réflexions qui y sont exprimées[20].

Un mouvement analogue se manifestait partout dans les esprits, comme à la veille d’une fermentation générale. Obligé de nous borner, nous ne citerons guère que des noms.

En Italie[21], outre Galiani et son traité Della moneta, c’est Bandini, de Sienne, dont le Discorso sulla Maremma sienese, écrit en 1730 et publié seulement en 1775, ne fut pas sans influence sur les saines réformes administratives qui furent appliquées à la Toscane à la fin du xviiie siècle ; c’est Genovesi, de Naples, qui occupa, comme professeur de « commerce et art industriel », la première chaire d’économie politique qui ait existé[22] ; c’est le fameux criminaliste Beccaria, qui contribua, par son traité Des délits et des peines, à déterminer la réforme de l’ancien droit pénal et dont les Elementi di economia pubblica, écrits en 1769-1771, mais publiés seulement en 1804, c’est-à-dire dix ans après la mort de leur auteur, portent l’empreinte évidente de l’esprit physiocratique qui régnait d’une manière exclusive au moment de leur composition[23] ; c’est Verri (1728-1797), ami de Beccaria et auteur des Meditazioni sull’economia politica (1771), très diversement appréciées, il est vrai, mais émaillées de formules neuves et de vues originales. Verri combat par exemple d’une manière heureuse la théorie des physiocrates sur la stérilité des industries de transformation. « La production, dit-il, naît des manufactures comme du travail des champs. Tous les phénomènes de l’univers, qu’ils soient produits par la main de l’homme ou par les lois universelles de la physique, nous donnent l’idée, non d’une création actuelle, mais uniquement d’une modification de la matière. Rapprochement et séparation sont les seuls éléments que l’esprit humain découvre dans l’analyse de l’idée de reproduction ; et il y a tout aussi bien reproduction de valeur et de richesse, quand la terre, l’air et l’eau se transforment en grains dans les champs, que lorsque, par la main de l’homme, la sécrétion d’un insecte se transforme en velours où que quelques petits morceaux de métal sont organisés de manière à former une montre[24]. » Il est impossible de mieux dire, surtout dans l’état où était alors la chimie. Par conséquent, quoi qu’en pense Stuart Mill[25], ce n’est point à James Mill son père que revient l’honneur d’avoir fait le premier cette observation.

Même pour l’Italie, bien d’autres noms seraient à citer : nous n’en ajouterons plus qu’un, celui d’Ortès[26], auteur original qui, d’une part, devance Stuart Mill dans l’énoncé du rendement non proportionnel de l’agriculture et Malthus dans l’inquiétude d’une population trop nombreuse, et qui, d’un autre côté, semble plus porté à demander des réformes dans la répartition que des accroissements dans la production. Ortès, dans son Economia nazionale (1774), s’écarte très heureusement des hérésies mercantilistes qui étaient encore en faveur.

En Allemagne, le mercantilisme conserva plus longtemps son empire. Plus ou moins absolu ou mitigé, c’est lui qui domine dans Justi (1702-1771), professeur de caméralistique au Theresianum de Vienne, puis à Goettingen, auteur d’une Staatswirthschaft remplie de conseils pratiques aux gouvernants, et dans l’Autrichien Sonnenfels (1733-1817), auteur des Grundsœtze der Polizei, Handlung und Finanz[27].

Mais celui que le principal historien de l’économie politique allemande, Roscher, appelle « le plus grand économiste allemand du XVIIIe siècle », c’est Justus Moeser (1720-1794), très prisé par Gœthe[28] et auteur d’une série de fragments intitulés Patriotische Phantasien, qui, publiés en 1774, jettent un jour intéressant sur beaucoup d’institutions sociales léguées par le moyen âge. Mœser les entoure d’une sympathie qui a tous les caractères de la vénération, et il ne se montre nullement enthousiasmé de l’ère nouvelle d’industrialisme et de progrès que l’on sent déjà bien près de s’étendre sur le monde.

    terre laissée en commun sans qu’elle ait subi aucune culture ; et l’on trouvera que l’amélioration donnée par le travail fait assurément la plus grande partie de la valeur donnée à la terre. Je crois que c’est un calcul très modeste d’affirmer que les neuf dixièmes des produits de la terre utilisés par l’homme sont dus au travail : et même, si nous considérons rigoureusement les choses, telles qu’elles nous arrivent pour être employées à notre usage et que nous tenions compte des divers frais qu’elles ont coûtés, si nous voulons apprécier ce qui en elles est purement dû à la nature et ce qui est dû au travail, nous trouverons que dans la plupart des cas les 99 centièmes doivent être mis sur le compte du travail… C’est le travail qui donne à la terre sa plus grande valeur, et sans le travail elle en aurait à peine une appréciable. C’est au travail que nous devons la plus grande partie des produits utiles de la terre… Ce serait, si nous l’entreprenions, une singulière « numération à faire que celle des choses que l’industrie a imaginées et utilisées pour fabriquer chaque morceau de pain, avant qu’il fût converti à notre usage » (Essai sur le gouvernement civil, 1. II, §§ 40-43). Après cela il est assez singulier que Locke, dans son Treatise of raising the value of money, ait conclu que toutes les taxes, de quelque manière qu’elles soient établies, doivent porter sur la terre (comme le voudront plus tard les physiocrates).

    politique du moyen âge de Cibrario. — Il faut surtout étudier l’Histoire des doctrines économiques de Cossa, dans laquelle l’analyse des auteurs italiens tient naturellement une très grande place (tr. fr., pp. 255, 290 et s., etc., etc.).

  1. Les œuvres de Petty viennent d’être traduites en français, avec une préface de M. Schatz, sous le titre : Œuvres économiques de sir William Petty, t. I et II, 1905.
  2. Notamment Traité des taxes et contributions, Verbum sapienti, Arithmétique politique, Quantulumcumque relatif à la monnaie, huit Essais sur l’Arithmétique politique, deux ouvrages sur l’Irlande, etc.
  3. Verbum sapienti, t. I, ch. v, p. 132.
  4. Ce sont les termes dont son fils lord Shelburne se sert en dédiant le volume au roi (Œuvres, t. 1, p. 263).
  5. Traité des taxes et contributions, ch. v, § 15 ; ch. VI, § 4 ; ch. XIV, § 16.
  6. Verbum sapienti, ch. X, § 3.
  7. Mac-Culloch, Principes d’économie politique, introduction (Ed. Guillaumin, 1863, p. 37). — On cite aussi de lui une analyse dès valeurs comparées du blé et de l’argent d’après le travail qu’ils renferment (Mac-Culloch, ibid.) ; la reconnaissance des lois naturelles placées au dessus de l’arbitraire des lois humaines (Schatz, Individualisme p. 34 ; — Dubois, Précis de l’histoire des doctrines économiques, t. I, p. 249) ; enfin de judicieuses remarques sur la division du travail et la productivité plus forte de la grande industrie (Espinas, Histoire des doctrines économiques, p. 169).
  8. Discourses upon trade, principally directed to the cases of the interest, coinage, clipping and increase of money.
  9. Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, p. 287. — Le plus important est le Treatise of raising the value of money, 1691. — « Le monde, avait déjà dit Petty, évalue les choses d’après l’or et l’argent, mais surtout d’après le second, car il ne pourrait y avoir deux mesures » (Traité des taxes et contributions, ch. v, § 17).
  10. Citons ici cette page peu connue de Locke : « Que l’on considère la différence qui existe entre une acre de terre où l’on a planté du tabac ou de la canne à sucre, semé du froment ou de l’orge, et une acre de cette même
  11. « Si l’herbe de son clos se pourrit sur la terre ou que les fruits de ses plantes et de ses arbres se gâtent sans que cet homme se soit mis en peine de les recueillir, ce fonds, quoique fermé d’une clôture et de certaines bornes, doit être regardé comme une terre en friche et déserte et peut devenir l’héritage d’un autre » (Essai sur le gouvernement civil, 1. II). — L’hypothèse se vérifie-t-elle en une proportion sérieusement appréciable ?
  12. Paru en 1735.
  13. Questionneur, nos 38 et 39.
  14. Voir sur ce point nos Éléments d’économie politique, 2e édition, pp. 459 et s. — Déjà dit par Cantillon, supra, p. 158.
  15. Voyez Denis, Histoire des systèmes économiques et socialistes, 2e époque (t. I, pp. 185-201).
  16. Courte introduction à la philosophie morale, en trois livres, renfermant les éléments de l’éthique et la loi de la nature.
  17. « The celebrated division of philosophy among the ancients was into the rational or logical, the natural, and the moral. Their moral philosophy contained these parts : Ethicks taken more strictly, teaching the nature of virtue and regulating the internal dispositions ; and the knowledge of the law of nature. This latter contained : 1° the doctrine of Private rights, or the law obtaining in natural liberty ; 2° Œkonomicks, or the law and rights of the several members of a family ; and 3° Politicks, shewing the various plans of civil government and the rights of States with respect to each other. »
  18. M. Leroy-Beaulieu, dans son Traité théorique et pratique, en cite un passage sur la division du travail. Mac-Culloch, dans ses Principes d’économie politique, y a fait de larges emprunts à propos de la propriété et de la production (1. I, ch. I et II). — Sur Ferguson, voyez Adam Ferguson et ses idées politiques et sociales, dans le numéro de décembre 1898 du Journal des Économistes.
  19. Sir James Denham Steuart (1712-1780), compromis dans le dernier soulèvement des Stuart, en 1745, contre la branche d’Orange, se réfugia en France et habita longtemps Angoulême.
  20. « Ce n’est pas, dit-il, la quantité de monnaie qui détermine les prix, mais bien la proportion relative entre les marchandises et les besoins des hommes… Il faut donc distinguer la monnaie du prix. »
  21. Sur l’économie politique en Italie jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, on peut lire avec fruit la préface que Wolowski a mise à la traduction de l’Économie
  22. Genovesi (1712-1769,), auteur de Lezioni di commercio ossia di economica civile.
  23. Beccaria, d’autre part, a eu le tort de ne pas justifier assez soigneusement la propriété : il a sanctionné en quelque sorte l’opinion de Rousseau et de Mably, en admettant que si l’institution de la propriété est avantageuse aux propriétaires, elle peut bien être funeste aux pauvres. Il caractérise le vol en l’appelant « il delitto di quella infelice parte di uomini a cui il diritto di proprietà (terribile e forse non necessario diritto) non ha lasciato che una nuda esistenza » (Dei delitti e delle pene, § 22).
  24. Op. cit., p. 3.
  25. Principes d’économie politique (1848), 1. I, ch. I. — L’erreur de Stuart Mill est d’autant plus singulière que les Principes d’économie politique de Mac-Culloch, parus en 1825, avaient déjà relevé dans Verri cette observation, aussi exacte dans le fond que féconde en conséquences (Mac-Culloch, op. cit., édition Guillaumin, t. I, p. 49).
  26. Giammaria Ortès, prêtre vénitien (1713-1790).
  27. Publiés en 1765.
  28. Wahreit und Dichtung, 1. XIII.