Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes/Livre IV/Chapitre 20

La bibliothèque libre.

XX. Succès éclatans de la compagnie. Quels ſont ceux de ſes agens qui les lui procurent.

Ce miniſtre, dont l’intégrité & le déſintéreſſement formoient le caractère, gâtoit ſes vertus par une rudeſſe qu’il juſtifioit d’une manière peu honorable pour ſa nation. Comment cela pourroit-il être autrement, diſoit-il un jour à un de ſes amis qui lui reprochoit ſa brutalité : ſur cent perſonms que je vois par jour, cinquante me prennent pour un ſot, & cinquante pour un fripon ? Il avoit un frère nommé Fulvy, dont les principes étoient moins auſtères, mais qui avoit plus de haut & de capacité. Il lui confia le ſoin de la compagnie, qui devoit prendre néceſſairement de l’activité dans de telles mains.

Les deux frères, malgré les préjugés anciens & nouveaux ; malgré l’horreur qu’on avoit pour un rejeton du ſyſtême ; malgré l’autorité de la Sorbonne, qui avoit déclaré le dividende des actions uſuraire ; malgré l’aveuglement d’une nation aſſez crédule pour n’être pas révoltée d’une déciſion ſi abſurde, réuſſirent à perſuader au cardinal de Fleury qu’il convenoit de protéger efficacement la compagnie des Indes. Ils engagèrent même ce miniſtre, plus habile dans l’art de ménager les richeſſes que dans celui de les multiplier, à prodiguer les bienfaits du roi à cet établiſſement. Le ſoin d’en conduire le commerce & d’en augmenter les forces, fut enſuite confié à pluſieurs ſujets d’une capacité connue.

Dumas fut envoyé à Pondichery. Bientôt il obtint de la cour de Delhy la permiſſion de battre monnoie ; privilège qui valut quatre à cinq cens mille francs par an. Il ſe fit céder le territoire de Karical, qui donna une part conſidérable dans le commerce du Tanjaour. Quelque tems après, cent mille Marattes firent une invaſion dans le Décan. Ils attaquèrent le nabab d’Arcate, qui fut vaincu & tué. Sa famille & pluſieurs de ſes ſujets ſe réfugièrent à Pondichery. On les reçut avec les égards qui étoient dus à des alliés malheureux. Ragogi Bouſſola, général du parti victorieux, demandoit qu’on les lui livrât. Il voulut même exiger douze cens mille livres, en vertu d’un tribut auquel il prétendoit que les François s’étoient anciennement ſoumis.

Dumas répondit que tant que les Mogols avoient été les maîtres de ces contrées, ils avoient toujours traité les François avec la conſidération due à l’une des plus illuſtres nations du monde, & qu’elle ſe faiſoit gloire de protéger à ſon tour ſes bienfaiteurs ; qu’il n’étoit pas dans le caractère de ce peuple magnanime d’abandonner une troupe de femmes, d’enfans, de malheureux ſans défenſe, pour les voir égorger ; que les fugitifs renfermés dans la ville étoient ſous la protection de ſon roi, qui s’honoroit ſur-tout de la qualité de protecteur des infortunés ; que tout ce qu’il y avoit de François dans Pondichery perdroit volontiers la vie pour les défendre ; qu’il lui en coûteroit la tête, ſi ſon ſouverain ſavoit qu’il eût ſeulement écouté la propoſition d’une redevance. Il ajouta qu’il étoit diſpofé à défendre ſa place juſqu’à la dernière extrémité, & que ſi la fortune lui étoit contraire, il s’en retourneroit en Europe ſur ſes vaiſſeaux. Que c’étoit à Ragogi à juger s’il lui convenoit d’expoſer à une deſtruction entière une armée, dont le plus grand bonheur devoit être de s’emparer d’un monceau de ruines.

Les Indiens n’étoient pas accoutumés à entendre parler les François avec tant de dignité. Cette fierté jeta le général des Marattes dans l’incertitude. Des négociations habilement conduites le décidèrent à accorder la paix à Pondichery.

Tandis que Dumas donnoit des richeſſes & de la conſidération à la compagnie, le gouvernement envoya la Bourdonais à l’iſle de France.

Au tems de leurs premières navigations aux Indes, les Portugais avoient découvert entre le dix-neuvième & le vingtième degrés de latitude, trois iſles, qu’ils appelèrent Maſcarenhas, Cerné & Rodrigue. Ils n’y trouvèrent, ni hommes, ni quadrupèdes, & n’y formèrent aucun établiſſement. La plus occidentale de ces iſles, qu’ils avoient nommée Maſcarenhas, eut, vers l’an 1660, pour premiers habitans, ſept à huit François. Cinq ans après, vingt-deux de leurs concitoyens les joignirent. Le déſaſtre qui détruiſit la colonie de Madagaſcar, augmenta bientôt leur nombre. L’éducation des troupeaux fut la première reſſource de ces aventuriers, tranſplantés ſous un nouveau ciel. Ils cultivèrent enſuite les grains de l’Europe, les fruits de l’Aſie & de l’Afrique, quelques végétaux propres à ce doux climat. La ſanté, l’aiſance, la liberté dont ils jouiſſoient, fixèrent ſur leur territoire pluſieurs des navigateurs qui alloient y demander des rafraîchiſſemens & des ſubſiſtances. La population étendit l’induſtrie. En 1718, la découverte de quelques cafiers ſauvages fit imaginer de tirer d’Arabie pluſieurs pieds de café qui multiplièrent très-heureuſement. La culture de cet arbre précieux, & tous les autres travaux pénibles, occupèrent les eſclaves qu’on tiroit des côtes d’Afrique ou de Madagaſcar. Alors l’iſle Maſcarenhas, qui avoit quitté ſon nom pour prendre celui de Bourbon, devint un objet important pour la compagnie. Malheureuſement la colonie n’avoit point de port.

Cet inconvénient tourna les yeux du miniſtère de Verſailles vers l’iſle de Cerné où les Portugais, ſuivant leur méthode, avoient jeté quelques quadrupèdes & des volailles pour les beſoins de ceux de leurs navires que les circonſtances détermineroient à y relâcher. Les Hollandois, qui s’y établirent depuis, l’abandonnèrent en 1712, pour ne pas trop multiplier leurs poſſeſſions. Elle étoit déſerte, lorſque les François y abordèrent en 1720, & changèrent ſon nom de Maurice en celui d’iſle de France qu’elle porte encore.

Ses premiers colons vinrent de Bourbon. On les oublia pendant quinze ans. Ils ne formèrent, pour ainſi dire, qu’un corps-de-garde, chargé d’arborer un pavillon qui apprit aux nations que cette iſle avoit un maître. La compagnie, long-tems incertaine, ſe décida enfin à la conſerver ; & la Bourdonais fut chargé, en 1735, de la rendre utile.

Cet homme, depuis ſi célèbre, étoit né à Saint-Malo. À dix ans il s’étoit embarqué. Aucune conſidération n’avoit interrompu ſes voyages, & dans preſque tous il avoit fait des choſes remarquables. Les Arabes & les Portugais, prêts à s’égorger à Moka, s’étoient rapprochés par ſa médiation. Sa valeur éclata dans la guerre de Mahé. Il étoit le premier des François qui eut imaginé d’armer dans les mers des Indes. On le connoiſſoit également propre à conſtruire des vaiſſeaux, à les conduire & à les défendre. Ses projets portoient l’empreinte du génie ; & l’eſprit de détail qu’il avoit ſupérieurement, ne rétréciſſoit pas ſes vues. Les difficultés n’étonnoient jamais ſon âme ; & il avoit le rare talent d’élever à ſa hauteur les hommes ſoumis à ſes ordres. Ses ennemis lui reprochèrent une paſſion démeſurée pour les richeſſes ; & il faut convenir, qu’il n’étoit pas délicat ſur le choix des moyens qui pouvoient lui en procurer.

Dès que la Bourdonais fut arrivé à l’iſle de France, il chercha à la connoître. Son heureuſe pénétration, ſon infatigable activité, abrégèrent le travail. Dans peu on le vit occupé à inſpirer de l’émulation aux premiers colons de l’iſle, entièrement découragés par l’abandon où on les avoit laiſſés, à aſſujettir à un ordre rigoureux les brigands récemment arrivés de la métropole. Il fit cultiver le riz & le bled, pour la nourriture des Européens. Le manioc, qu’il avoit porté du Bréſil, fut deſtiné à la ſubſiſtance des eſclaves. Madagaſcar devoit lui fournir la viande néceſſaire à la conſommation journalière des navigateurs & des habitans, juſqu’à ce que les troupeaux qu’il en avoit tirés, fuſſent aſſez multipliés, pour remplacer ces ſecours étrangers. Un poſte qu’il avoit placé à la petite iſle de Rodrigue, ne le laiſſoit pas manquer de tortues pour les malades. Bientôt les vaiſſeaux qui alloient aux Indes, trouvèrent les rafraîchiſſemens, les commodités néceſſaires après une longue navigation. Trois navires, dont l’un étoit de cinq cens tonneaux, ſortirent des arfenaux qu’il avoit élevés. Si le fondateur n’eut pas la conſolation de porter la colonie au degré de proſpérité dont elle étoit ſufceptible, il eut du moins la gloire d’avoir découvert ce qu’elle pourrait devenir dans des mains habiles.

Cependant ces créations, quoique faites comme par magie, n’eurent pas l’approbation de ceux qu’elles intéreſſoient le plus. La Bourdonais fut réduit à ſe juſtifier. Un des directeurs lui demandoit un jour, comment il avoit ſi mal fait les affaires de la compagnie, & ſi bien les ſiennes. C’eſt, répondit-il, que j’ai fait mes affaires ſelon mes lumières, & celles de la compagnie d’après vos inſtructions.

Par-tout les grands hommes ont fait plus que les grands corps. Les peuples & les ſociétés ne ſont que les inſtrumens des hommes de génie : ce ſont eux qui ont fondé des états, des colonies. L’Eſpagne, le Portugal, la Hollande & l’Angleterre, doivent leurs conquêtes ou leurs établiſſemens des Indes à des navigateurs, des guerrière, ou des légiſlateurs d’une âme ſupérieure. La France, ſurtout, eſt plus redevable de ſa gloire à quelques heureux particuliers, qu’à ſon gouvernement. Un de ces ſujets rares venoit d’établir la puiſſance des François ſur deux iſles importantes de l’Afrique ; un autre encore plus extraordinaire l’illuſtroit en Aſie, c’étoit Dupleix.

Il fut d’abord envoyé ſur les bords du Gange, où il avoit la direction de la colonie de Chandernagor. Cet établiſſement, quoique formé dans la région de l’univers la plus propre aux grandes entrepriſes de commerce, n’avoit fait que languir juſqu’au tems de ſon adminiſtration. La compagnie ne s’étoit pas trouvée en état d’y faire paſſer des fonds conſidérables ; & ſes agens tranſplantés dans l’Inde ſans un commencement de fortune, n’avoient pu profiter de la liberté qu’on leur laiſſoit d’avancer leurs affaires particulières. L’activité du nouveau gouverneur, qui apportoit des richeſſes conſidérables acquiſes par dix ans d’heureux travaux, ſe communiqua à tous les eſprits. Dans un pays qui regorge d’argent, ils trouvèrent aiſément du crédit, lorſqu’ils commencèrent à s’en montrer dignes. Chandernagor devint bientôt un ſujet d’étonnement pour ſes voiſins, & de jalouſie pour les rivaux. Dupleix, qui avoit aſſocié à ſes vaſtes ſpéculations les autres François, s’ouvrit des ſources de commerce dans tout le Mogol, & juſque dans le Thibet. En arrivant il n’avoit pas trouvé une chaloupe, & il arma juſqu’à quinze bâtimens à la fois. Ces vaiſſeaux négocioient d’Inde en Inde. Il en expédioit pour la mer Rouge, pour le golfe Perſique, pour Surate, pour Goa, pour les Maldives, pour Manille, pour toutes les mers où il étoit poſſible de faire un commerce avantageux.

Il y avoit douze ans que Dupleix ſoutenoit l’honneur du nom François dans le Gange, qu’il étendoit la fortune publique & les fortunes particulières, lorſqu’en 1742 il fut appelé à Pondichery pour y prendre la direction générale des affaires de la compagnie dans l’Inde. Elles étoient alors plus floriſſantes qu’elles ne l’avoient jamais été, qu’elles ne l’ont été depuis, puiſque les retours de cette année s’élevèrent à vingt-quatre millions. Si l’on eût continué à ſe bien conduire, ſi l’on eût voulu prendre plus de confiance en deux hommes tels que Dupleix & la Bourdonais, il eſt vraiſemblable qu’on auroit acquis une puiſſance qui eût été difficilement détruite.

La Bourdonais prévoyoit alors une rupture entre l’Angleterre & la France ; & il propoſa un projet qui devoit donner aux vaiſſeaux de ſa nation l’empire des mers de l’Aſie pendant toute la guerre. Convaincu que celle des deux nations qui ſeroit la première en armes dans l’Inde, auroit un avantage déciſif, il demanda une eſcadre qu’il conduiroit à l’iſle de France, où il attendroit le commencement des hoſtilités. Alors il devoit partir de cette iſle & aller croiſer dans le détroit de la Sonde, par lequel paſſent la plupart des vaiſſeaux qui vont à la Chine, & tous ceux qui en reviennent. Il y auroit intercepté les bâtiment Anglois, & ſauvé ceux de ſon pays. Il s’y ſeroit même emparé de la petite eſcadre que l’Angleterre envoya dans les mêmes parages ; & maître des mers de l’Inde, il y auroit ruiné tous les établiſſemens Anglois.

Le miniſtère approuva ce plan. On accorda à la Bourdonais cinq vaiſſeaux de guerre, & il mit à la voile.

À peine étoit-il parti, que les directeurs également bleſſés du myſtère qu’on leur avoit fait de la deſtination de l’efcadre, de la dépenſe où elle les engageoit, des avantages qu’elle devoit procurer à un homme qu’ils ne trouvoient pas aſſez dépendant, renouvelèrent les cris qu’ils avoient déjà pouſſés ſur l’inutilité de cet armement. Ils étoient ou paroiſſoient ſi perſuadés de la neutralité qui s’obſerveroit dans l’Inde entre les deux compagnies, qu’ils en convainquirent le miniſtère, dont la foibleſſe n’étoit plus encouragée, ni l’inexpérience éclairée depuis l’éloignement de la Bourdonais.

La cour de Verſailles ne vit pas qu’une puiſſance qui a pour baſe principale le commerce, ne pouvoit pas renoncer sérieuſement à combattre ſur l’Océan Indien ; & que ſi elle faiſoit ou écoutoit des propoſitions de neutralité, ce ne pouvoit être que dans la vue de gagner du tems. Elle ne vit pas que quand la convention auroit été faite de bonne-foi de part & d’autre, mille inconvéniens qu’il n’étoit pas poſſible de prévoir, devoient déranger une harmonie dont les accords étoient ſi fragiles. Elle ne vit pas que l’objet qu’on ſe propoſoit ne pouvoit jamais être qu’imparfaitement rempli, parce que la marine guerrière des deux nations n’étant pas liée par les traités des compagnies, attaqueroit dans les mers d’Europe les navires de ces ſociétés. Elle ne vit pas que dans les colonies même, les deux parties feroient des préparatifs pour n’être pas ſurpriſes ; que ces précautions mèneroient à une défiance réciproque, & la défiance à une rupture ouverte. Elle ne vit rien de tout cela, & l’eſcadre fut rappelée. Les hoſtilités commencèrent, & la priſe de preſque tous les bâtimens François qui naviguoient dans l’Inde, fit voir trop tard quelle avoit été la politique la plus judicieuſe.

La Bourdonais fut touché des fautes qui cauſoient le malheur de l’état, comme s’il les eut faites lui-même, & il ne ſongea qu’à les réparer. Sans magaſins, ſans vivres, ſans argent, il parvint par ſes ſoins & par ſa confiance, à former une eſcadre, compoſée d’un vaiſſeau de ſoixante canons, & de cinq navires marchands armés en guerre. Il oſa attaquer l’eſcadre Angloiſe ; il la battit, la pourſuivit, la força de quitter la côte de Coromandel, & alla aſſiéger & prendre Madras, la première des colonies Angloiſes. Le vainqueur ſe diſpoſoit à de nouvelles expéditions. Elles étoient ſûres & faciles : mais il ſe vit contrarié avec un acharnement qui coûta la perte de neuf millions cinquante-ſept mille livres, ſtipulées pour le rachat de la ville conquiſe, ſans compter les ſuccès qui devoient ſuivre cet événement.

La compagnie étoit alors gouvernée par deux commiſſaires du roi, brouillés irréconciliablement. Les directeurs, les ſubalternes avoient pris parti dans cette querelle, ſuivant leurs inclinations ou leurs intérêts. Les deux factions étoient extrêmement aigries l’une contre l’autre. Celle qui avoit fait ôter à la Bourdonais ſon eſcadre, ne voyoit pas ſans chagrin qu’il eût trouvé des reſſources dans ſon génie, pour rendre inutiles les coups qu’on lui avoit portés. On a des raiſons pour croire qu’elle le pourſuivit dans l’Inde, & qu’elle verſa le poiſon de la jalouſie dans l’ame de Dupleix. Deux hommes faits pour s’eſtimer, pour s’aimer, pour illuſtrer le nom François, pour aller peut-être enſemble à la poſtérité, devinrent les vils inſtrumens d’une haine qui leur étoit étrangère. Dupleix traverſa la Bourdonais, & lui fît perdre un tems précieux. Celui-ci, après avoir reſté trop tard ſur la côte de Coromandel, à attendre les ſecours qu’on avoit différés ſans néceſſité, vit ſon eſcadre ruinée par un coup de vent. La diviſion ſe mit dans les équipages. Tant de malheurs cauſés par les intrigues de Duplex, forcèrent la Bourdonais à repaſſer en Europe, où un cachot affreux fut la récompenſe de ſes glorieux travaux, & le tombeau des eſpérances que la nation avoit fondées ſur ſes grands talens. Les Anglois délivrés dans l’Inde de cet ennemi redoutable, & fortifiés par de puiſſans ſecours, ſe virent en état d’attaquer à leur tour les François. Ils mirent le ſiège devant Pondichery.

Dupleix ſut réparer alors les torts qu’il avoit eus. Il défendit ſa place avec beaucoup de vigueur & d’intelligence ; & après quarante-deux jours de tranchée ouverte, les Anglois furent obligés de ſe retirer. Bientôt la nouvelle de la paix arriva, & les hoſtilités ceſſèrent entre les compagnies des deux nations.

La priſe de Madras, le combat naval de la Bourdonais & la levée du ſiège de Pondichery, donnèrent aux nations de l’Inde le plus grand reſpect pour les François. Ils furent pour ces régions, le premier peuple de l’Europe, la puiſſance principale.

Dupleix voulut faire uſage de cette diſpoſition des eſprits. Il s’occupa du ſoin de procurer à ſa nation des avantages ſolides & conſidérables. Pour juger ſainement de ſes projets, il faut avoir ſous les yeux un tableau de la ſituation où étoit alors l’Indoſtan.