Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes/Livre XI/Chapitre 2

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II. Notions ſur la côte orientale de l’Afrique.

Le côté oriental, qui s’étend depuis Suez juſqu’auprès du cap de Bonne-Eſpérance, eſt baigné par la mer Rouge & par l’océan. L’intérieur du pays eſt peu connu ; & ce qu’on en fait ne peut intéreſſer, ni l’avidité du négociant, ni la curioſité du voyageur, ni l’humanité du philoſophe. Les miſſionnaires même, qui avoient fait quelques progrès dans ces contrées, ſur-tout dans l’Abiſſinie, rebutés par les traitemens qu’ils éprouvoient, ont abandonné ces peuples à leur légéreté & à leur perfidie. Les côtes ne ſont le plus ſouvent que des rochers affreux, un amas de ſable brûlant & acide. Celles qui ſont ſuſceptibles de quelque culture, ſont partagées entre les naturels du pays, les Arabes, les Portugais & les Hollandois. Leur commerce, qui ne conſiſte qu’en un peu d’ivoire ou d’or, & en quelques eſclaves, eſt lié avec celui des Indes Orientales.

Le côté ſeptentrional, qui va depuis l’iſthme de Suez juſqu’au détroit de Gibraltar, eſt borné par la Méditerranée. Il a neuf cens lieues de côtes occupées par une région connue depuis pluſieurs ſiècles, ſous le nom de Barbarie, & par l’Égypte qui gémit ſous le joug de l’empire Ottoman.