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Histoire secrète de la reine Zarah/Articles préliminaires

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ARTICLES Préliminaires, ſignés à Londres au nom du Roi de France, par le Sieur Menager le 8. Octobre 1711. nouveau ſtile, & communiquez aux Ministres des Hauts Alliez le 19. du même mois, par ordre de la Reine.

LE Roi voulant contribuer de tout ſon pouvoir au rétabliſſement de la Paix generale, Sa Majeſté déclare.

I. Qu’Elle reconnoîtra la Reine de la Grande Bretagne en cette qua lité : comme auſſi la Succeſſion de cette Couronne, ſelon l’établiſſement preſent.

II. Qu’Elle conſentira volontiers & de bonne ſoi, qu’on prenne toutes les meſures juſtes & raiſonnables, pour empêcher que les Couronnes de France & d’Eſpagne ne ſoient jamais réünies en la perſonne d’un même Prince : Sa Majesté étant perſuadée qu’une Puiſſance ſi exceſſive, ſeroit contraire au bien & au repos de l’Europe.

III. L’intention du Roi eſt, que tous les Princes & Etats engagez dans cette Guerre, ſans aucune exception, trouvent une ſatisſaction raisonnable, dans le Traité de Paix qui ſe ſera : & que le commerce ſoit rétabli & maintenu à l’avenir, à l’avantage de la Grande Bretagne, de la Hollande & des autres Nations qui ont accoûtumé de trafiquer.

IV. Comme le Roi veut auſſt maintenir exactement l’obſervation de la Paix, lorſqu’elle aura été concluë ; & l’objet que le Roiſe propoſe, étant d’aſſurer les Frontieres de ſon Royaume, ſans inquieter en quelque manière que ce ſoit les Etats de ſes voisins, Sa Majeſté promet de conſentir, par le Traité qui ſera conclu, que les Hollandois ſoient mis en poſſeſſion des Places ſortes qui y ſeront ſpeciſiées, dans les Païs-Bas, qui ſerviront à l’avenir de barriere, pour aſſûrer le repos de la Hollande, contre route ſorte d’entrepriſe du côté de la France.

V. Le Roi conſent auſſi qu’on ſorme une barriere ſûre & convenable pour l’Empire, & pour la Maiſon d’Autriche.

VI. Quoique Dunkerque ait coûté au Roi de trés-groſſes ſommes, tant pour l’acquerir que pour le ſortiſier, & qu’il ſoit neceſſaire de ſaire encore une depenſe conſiderable, pour en raſer les ouvrages, Şa Majeſté veut bien cependant s’engager de les ſaire démolir, immediatement aprés la concluſion de la Paix, à condition qu’on lui donnera un équivalant pour les ſortiſications à ſa ſatisſaction. Et comme l’Angleterre ne peut pas ſournir cet é quivalant, la diſcution en ſera remiſe aux Conferences qui ſe tiendront pour la négociation de la Paix.

VII. Lors que les Conſerences pour les negociations de la Paix ſeront formées, on y diſcutera de bonne ſoi & à l’amiable toutes les prétentions des Princes & Etats engagez dans cette Guerre, & on ne negligera rien pour les regler & terminer à la ſatisſaction des perſonnes intereſſées.

En vertu du plein Pouvoir du Roi, Nous ſouſſigné, Chevalier de l’Ordre de S. Michel, Deputé au Conſeil de Commerce, avons་ conclu au nom de Sa Majeſté les preſens Articles Préliminaires, en foi de quoi nous avons ſigné. Fait à Londres le 17 Septembre 8. Octobre 1711.

(L.S.) MENAGER.

Apoſtille à la précedente Lettre.

P. S. J’oubliois de vous dire, Madame, que le jour de l’Aſſemblée du Parlement eſt fixé au Mardi 13-24 Novembre prochain ; outre ceux qui vous ſont dévoüez dans la Chambre Haute, par l’interêt de la Famille, par reconnoiſſance ou par inclination, nous tacherons d’engager pluſieurs Seigneurs dans nôtre parti : nous aurons auſſi dans la Chambre des Communes beaucoup d’amis : Il ſeroit à ſouhaiter que nous en puſſions augmenter le nombre, afin que le bon parti pût reprendre le deſſus ſur les Sacheverelliſtes paciſiques : [1]écrivez, je vous en conjure, à Milord Duc de repaſſer la mer auſſi-tôt que ſes aſaires en Hollande le permettront ; Je voudrois qu’il fût ici avant l’Aſſemblée du Parlement, afin que nous puiſſions agir tous de concert. Sa preſence ſeroit d’un grand poids, quand ce ne ſeroit que pour ſaire agir les Oſſiciers de l’Armée, dont il connoît le zéle & la diſcretion pour ranger dans notre parti ceux de leurs parens qui ſont Députez à la Chambre Baſſe : Milord G… eſt de mon ſentiment, & nous ſommes bien perſuadez que vous ne le deſaprouverez pas.

  1. C’est ainsi que l’Auteur de la Lettre deſigné les Toris, qui paroiſſent diſpoſez à procurer le Paix à leur Patrie.