Histoire socialiste/Thermidor et Directoire/11-4

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Chapitre XI-S3.

Histoire socialiste
Thermidor & Directoire (1794-1799)
Chapitre XI-S4.

Chapitre XI-S5.


§ 4. — Enseignement.

Une bonne organisation de l’enseignement aurait été un excellent moyen d’enrayer la puissance cléricale ; mais c’était là une de ces réformes capitales dont les petits désavantages pour les privilégiés de la fortune l’emportent, aux yeux de beaucoup de républicains modérés, sur leurs immenses avantages pour la République même ; aussi est-ce surtout en cette matière que la réaction politique commencée en 1794 se fait sentir.

De la loi du 29 frimaire an II (19 décembre 1793) rapportée par Bouquier, après un vote de la Convention, le 21 frimaire (11 décembre 1793), accordant la priorité à son projet contre celui dont Romme était rapporteur, il résultait que l’enseignement primaire serait laïque, gratuit et obligatoire. Ceux qui, à notre époque, prétendent, sous prétexte de liberté, laisser aux congrégations la faculté de donner l’enseignement primaire et secondaire — alors que leur enseignement dominé par le dogme, c’est-à-dire par la prohibition fondamentale du libre examen, constitue la plus grave atteinte à la liberté de penser, à laquelle l’enseignement primaire et secondaire a précisément pour but essentiel de fournir ses moyens d’action, d’où la liberté des congrégations aboutissant à la violation de la liberté du corps social en la personne de ses jeunes membres — tirent argument de ce que cette loi débutait (art. 1er) par les mots : « L’enseignement est libre » ; mais ils se gardent bien de dire dans quelles conditions s’exerçait cette liberté.

Les personnes qui voulaient user de la faculté d’enseigner, devaient le déclarer à la municipalité et « produire un certificat de civisme et de bonnes mœurs signé de la moitié des membres du conseil général de la commune ou de la section du lieu de leur résidence, et par deux membres au moins du comité de surveillance de la section, ou du lieu de leur domicile, ou du lieu qui en est le plus voisin » (art. 3). Cette précaution restrictive dont l’oubli constitue une véritable falsification historique, est d’autant plus remarquable que cette loi était faite pour un milieu où la loi du 18 août 1792 avait préalablement supprimé « toutes les corporations religieuses et congrégations séculières d’hommes et de femmes, ecclésiastiques ou laïques », et cela après la loi des 13-19 février 1790 supprimant « les ordres et congrégations régulières ». En outre, l’art. 2 de la section III portait : « les citoyens et citoyennes qui se borneront à enseigner à lire, à écrire et les premières règles de l’arithmétique, seront tenus de se conformer, dans leurs enseignements, aux livres élémentaires adoptés et publiés à cet effet par la représentation nationale ». La liberté de l’enseignement primaire, telle qu’elle était conçue alors, ne comportait donc ni l’enseignement par les congrégations, ni la liberté des méthodes

Pendant qu’elle fut en vigueur, sur 551 districts, 67 seulement auraient eu « quelques écoles primaires », d’après Grégoire (rapport du 14 fructidor an 11-31 août 1794) ; mais, d’une étude de M. James Guillaume dans le recueil des Procès-verbaux du Comité d’instruction publique (t. IV) il ressort que Grégoire a calomnieusement rabaissé l’état de l’instruction primaire en l’an II. La loi du 27 brumaire an III (17 novembre 1794), rédigée par Lakanal, si elle maintenait les principes de la laïcité et de la gratuité, supprimait celui de l’obligation, tout en excluant (art. 14, chap. iv) « de toutes les fonctions publiques » ceux qui, n’ayant pas fréquenté ces écoles, ne seraient pas reconnus avoir « les connaissances nécessaires à des citoyens français ». Le traitement des instituteurs était fixé à 1 200 livres, celui des institutrices à 1 000, pour toute la France, sauf dans les villes de plus de 20 000 habitants où les premiers devaient toucher 1 500 livres et les secondes 1 200. Il devait y avoir une école primaire par mille habitants ; chaque école comportait deux sections, l’une pour les garçons, l’autre pour les filles, et avait, par conséquent, un instituteur et une institutrice ; le programme était un peu plus étendu que celui, réduit à la plus simple expression, de la loi du 29 frimaire an II.

Au point de vue de la liberté de l’enseignement, la loi du 27 brumaire an III réagissait contre le système de la loi précédente. Dans son chapitre iv déjà cité, l’art. 15 était ainsi conçu : « La loi ne peut porter aucune atteinte au droit qu’ont les citoyens d’ouvrir des écoles particulières et libres, sous la surveillance des autorités constituées » ; et, pour bien marquer que les restrictions, mentionnées tout à l’heure, de la loi du 29 frimaire an II, étaient supprimées, l’article suivant (art. 16) ajoutait : « La Convention nationale rapporte toute disposition contraire à la présente loi ».

Par la loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795), dont le rédacteur fut Daunou, le principe de la gratuité était à son tour éliminé : les instituteurs étaient simplement logés, une somme annuelle pouvait être substituée au logement par l’administration départementale qui fixait la rétribution à payer pour les élèves et qui avait la faculté d’exempter de cette rétribution un quart de ceux-ci « pour cause d’indigence ». Le nombre des écoles était diminué ; on n’en exigeait plus une par mille habitants, on se bornait à dire vaguement qu’il y en aurait une ou plusieurs par canton, au gré des administrations de département auxquelles l’État abandonnait à cet égard ses prérogatives. Le programme était restreint : on ne laissait, avec la lecture, l’écriture et le calcul, que « les éléments de la morale républicaine » ; les notions de géographie, d’histoire et de sciences naturelles indiquées par la loi du 27 brumaire an III, étaient biffées. Il n’était question ni des filles, ni des institutrices ; mais Lakanal répara cet oubli en faisant voter, le même jour, une loi spéciale divisant toutes les écoles primaires en deux sections, garçons et filles, et maintenant dans toutes une institutrice à côté de l’instituteur.

Cette loi elle-même ne contenait rien au sujet de la liberté de l’enseignement. Dans son rapport lu à la séance du 27 vendémiaire an IV (19 octobre 1795), Daunou avait mis : « Nous nous sommes dit : liberté d’éducation domestique, liberté des établissements particuliers d’instruction. Nous avons ajouté : liberté des méthodes instructives ». C’est que la Constitution de l’an III s’exprimait ainsi (art. 300) : « Les citoyens ont le droit de former les établissements particuliers d’éducation et d’instruction, ainsi que des sociétés libres pour concourir aux progrès des sciences, des lettres et des arts ».

Il fut dit au Conseil des Cinq-Cents, le 27 brumaire an VI (17 novembre 1797), qu’il existait à peu près 5 000 écoles primaires ; c’était peu et ce nombre alla en décroissant. Suivant le compte rendu fait vers la même époque sur l’an V (1796-1797), par les administrateurs du département de la Seine (recueil de M. Aulard, t. IV, p. 348-349), il n’y avait que 56 écoles primaires, une de garçons et une de filles, pour chacun des 12 arrondissements de Paris et des 16 cantons de la banlieue ; elles avaient reçu, en l’an V, de 1 100 à 1 200 élèves. D’un rapport sur les neuf premiers mois de l’an VI-septembre 1797 à mai 1798 (Ibid., t. IV, p. 734), il résulte que les écoles particulières étaient beaucoup plus nombreuses et plus fréquentées que les écoles publiques ; il y en avait « plus de 2000 » dans la Seine. D’après un compte rendu des administrateurs de ce département pour les quatre derniers mois de l’an VI (mai-septembre 1798), les écoles primaires étaient plus fréquentées à la fin de l’an VI qu’au début de cette année ; mais cela tenait surtout à ce que la plupart des enfants y avaient été reçus gratuitement et, « pour cimenter irrévocablement leur succès, ajoutait-on, il conviendrait qu’elles fussent absolument gratuites et que les instituteurs eussent un traitement fixe » (Ibid., t. V, p. 115) - Le tableau de la situation du département de la Seine, en germinal an VII (mars-avril 1799), constate que, « à Paris, les écoles primaires sont toujours moins fréquentées que les écoles particulières » (Ibidem, t. V, p. 478).

Dans un rapport du 3 fructidor an VII (20 août 1799), le commissaire du Directoire près de l’administration centrale des Bouches-du-Rhône écrivait : « L’instruction publique est totalement négligée, l’éducation des enfants est confiée à des prêtres républicains et à quelques ex-religieuses. Les élèves n’ont que des livres relatifs au fanatisme, aucun ne connaît un seul article des Droits de l’Homme ou de la Constitution » (La Révolution française, revue, t. XLI, p. 214). Quelques mois avant, le 16 pluviôse an VII (4 février 1799), le commissaire près de l’administration municipale d’Aix avait dit : « L’instruction publique n’est point organisée » (Ibidem). Quant aux prêtres dits

Incendie du Lycée des Arts
arrivé le 25 frimaire An VII entre 6 et 7 heures du matin.
(D’après un document de la Bibliothèque Nationale.)
« républicains », ils étaient évidemment de ceux qui feignent la soumission à la République pour la mieux combattre (Ibid., p. 224).

Le 18 brumaire an VII (8 novembre 1798), le commissaire près de l’administration municipale du canton de Saint-Chaptes (Gard) signalait qu’il y avait une école dans quatre communes de ce canton. Les deux les plus fréquentées étaient celle de Saint-Chaptes avec une quarantaine d’élèves et celle de Moussac avec une cinquantaine ; parlant de la situation des instituteurs, il disait : « L’an passé, celui de Saint-Chaptes a gagné 150 francs et il dit que l’année a été bonne ; il ne peut obtenir de la commune le payement de 100 fr. qui lui sont dus pour tenir lieu de la non jouissance d’un jardin ; j’y ai perdu mon temps et mes peines » (F. Rouvière, Mercredis révolutionnaires, p. 68).

Répondant, dans son bulletin du 23 pluviôse an VII (11 février 1799), à un questionnaire du ministre de l’Intérieur sur l’état du département, la Société d’agriculture du Gers écrivait : « On n’a pu encore parvenir à organiser les écoles primaires. Sur 53 cantons, il n’y en a encore que 17 qui aient des instituteurs ». En l’an VI, un arrêté de l’administration départementale avait dû, « pour se défendre contre la propagande anti-républicaine », ordonner « la fermeture de 36 écoles ou pensionnats tenus, la plupart, par des prêtres ou d’anciennes religieuses » (La Révolution française, revue, t. XXXVII, p. 567).

Dans le Loir-et-Cher (Ch. Métais, L’Instruction publique à Vendôme pendant la Révolution), la municipalité de Vendôme se préoccupa, à toutes les époques, de l’enseignement primaire ; en l’an VI, elle avait sept écoles publiques, quatre de filles et trois de garçons, et elle surveillait attentivement les écoles privées qui, de leur côté, étaient nombreuses.

Pour le département de l’Oise, la situation des écoles primaires pendant notre période était ainsi résumée en 1801, dans un rapport du préfet, cité par M. A. Pontliieux dans ses Notes sur l’ancien diocèse de Noyon : « La délibération que l’ancien département a prise pour organiser les écoles primaires, n’a pu être exécutée ; elle présentait des difficultés qu’il n’a pas été possible de vaincre. Aussi il existe très peu d’écoles primaires dans le département. On voit encore, dans différentes communes, l’ancien magister faire l’école, enseigner à lire, à écrire et les premières règles de l’arithmétique ; mais ces écoles ne sont pas suivies. Comme les instituteurs n’ont aucun traitement fixe, qu’ils ne sont payés que par les parents des enfants qui fréquentent l’école, ce sont pour la plupart des personnes sans capacité » (p. 134). À Berlancourt, près de Noyon, le magister « nommé sous l’ancien régime, Caron, continua à exercer ses fonctions jusqu’à 1802 » (p. 132).

Certains membres des Cinq-Cents eurent beau, à différentes reprises, notamment le 19 prairial an IV (7 juin 1796),le 27 brumaire an VI et le 22 brumaire an VII (17 novembre 1797 et 12 novembre 1798) demander un traitement fixe, même minime, pour les instituteurs, ils ne purent l’obtenir. Or, combien de parents, on vient de le voir, qui ne payaient pas et qui, si on insistait trop, retiraient leurs enfants ! En beaucoup d’endroits, les instituteurs n’avaient même pas le logement que la loi leur attribuait. Comment, dans ces conditions, auraient-ils pu persister et lutter contre les écoles privées rapidement fondées par le clergé ou, sous sa direction, par d’anciens membres des congrégations religieuses d’hommes et de femmes ? Lorsque, après les élections royalistes de l’an V (chap. xv), dans la séance du Conseil des Cinq-Cents du 12 prairial (31 mai 1797), le réacteur Dumolard essaya de renverser ce qui avait été fait en matière d’instruction publique, c’est un partisan, Beytz, de sa proposition qui l’avoua : « Si les établissements actuels, dit-il, ne marchent pas, la cause est dans le manque de fonds ». Déjà, le 11 germinal an IV (31 mars 1796), le royaliste Barbé-Marbois s’était extasié au Conseil des Anciens devant les « petits frères » donnant « leurs soins aux petits garçons » ; et, aux Cinq-Cents, le 17 fructidor suivant (3 septembre 1796), lui faisant écho, le girondin Mercier avait profité d’un rapport à présenter sur une question accessoire pour entamer le procès de « l’instruction publique » qui « est un beau fantôme » : « Rappelez les frères ignorantins, écrivait-il,… favorisez les instituteurs de toute espèce, mais que la République ne les salarie point » ; de nos jours, le fédéraliste — ou séparatiste (Temps, du 16 décembre 1903) — Jules Lemaître a repris à son compte cette bonne parole et demandé à son tour « la suppression du budget de l’instruction publique » (Écho de Paris, du 18 juin 1901).

Aussi le tableau de la situation du département de la Seine pour la fin de l’an VI (août-septembre 1798) porte que les prêtres, « si l’on n’y prend garde, vont s’emparer de l’instruction de l’enfance et de la jeunesse. Tous se font instituteurs » (recueil de M. Aulard, t.V, p. 99). Ce tableau pour vendémiaire an VII (septembre-octobre 1798) signale que « beaucoup de ci-devant religieuses se sont faites institutrices et se conduisent encore comme si elles étaient dans leur couvent » (Ibid., t. V, p. 169). Le clergé, en effet, comprenait l’intérêt qu’il avait à accaparer l’instruction, et il usait de tous les moyens contre les écoles publiques, allant jusqu’à reprocher à leurs maîtres l’immoralité qui caractérisait si souvent les siens (voir le témoignage de Fourcroy cité dans le §3). Ce fut malheureusement en vain que Monmayou proposa aux Cinq-Cents, le 28 ventôse an VI (18 mars 1798), d’exclure de l’enseignement public « tous ceux qui ont fait vœu d’observer le célibat » et qui, aurait-il pu ajouter, par les dogmes dont ils refusent de s’abstraire, portent délibérément atteinte à la liberté de la raison.

Le Directoire finit par se préoccuper des progrès de l’influence cléricale : l’arrêté du 27 brumaire an VI (17 novembre 1797), après avoir exigé des aspirants fonctionnaires non mariés « un certificat de fréquentation de l’une des écoles centrales de la République » dont je vais parler, subordonna, pour les individus mariés et ayant « des enfants en âge de fréquenter les écoles nationales », la nomination à une place quelconque, à un certificat de présence de leurs enfants dans ces écoles. L’arrêté du 17 pluviôse an VI (5 février 1798) enjoignait aux municipalités d’inspecter, aussi bien au point de vue politique qu’au point de vue matériel, les écoles privées au moins une fois par mois, et de veiller, en particulier, à ce qu’elles observassent le décadi. Cette dernière tâche n’avait rien d’essentiel. En rétribuant de bons instituteurs, en rétablissant la gratuité de l’instruction, en entrant dans la voie indiquée par Monmayou, le Directoire aurait plus efficacement agi contre l’influence cléricale qu’en s’acharnant à imposer la célébration du décadi, et, finalement, — les deux citations du recueil de M. Aulard faites dans l’alinéa précédent le prouvent — il ne réussit guère à entraver les progrès de l’enseignement clérical. Il semble cependant avoir voulu, à un moment, entrer dans cette voie. Dans un message, le 3 brumaire an VII (24 octobre 1798), il se prononçait en faveur d’un traitement fixe des instituteurs (p. 5) et ajoutait (p. 11) : « Il paraît nécessaire d’établir que nul ne pourra exercer en même temps les fonctions de ministre d’un culte quelconque et celles d’instituteur ». Car « comment des hommes qui professent par état des dogmes incompatibles avec la tolérance » (p. 11), disait le Directoire, pourraient-ils respecter le libre développement de la raison qui est le but de l’enseignement ?

L’expression liberté d’enseignement me paraissant trop équivoque, je dirai : droit d’enseigner pour tous, tant qu’on voudra, à l’égard de ceux qui, étant majeurs, sont censés avoir le discernement nécessaire ; mais, à l’égard des mineurs, la seule liberté, le seul droit à considérer, ce sont les leurs qui sont incompatibles avec un enseignement ayant le dogme, c’est-à-dire l’interdiction de l’examen et l’ordre de croire, pour point de départ. Aussi le choix de ceux qui reçoivent l’autorisation d’enseigner aux enfants, ne peut appartenir qu’à l’État sur l’orientation duquel agissent, d’ailleurs, les pères en tant qu’électeurs.

Dans ce même message, le Directoire indiquait un défaut d’organisation qui n’a pas encore complètement disparu : l’enseignement primaire et l’enseignement secondaire ne sont pas suffisamment liés ; « le vide, disait-il (p. 10), qui sépare ces deux degrés d’instruction paraît trop considérable ». Je signale aux modérés du jour que ce message était signé par le modéré Treilhard en sa qualité, à cette époque, de président du Directoire.

En outre des écoles primaires, il y eut quelques établissements subventionnés par l’État pour certaines catégories d’enfants. En l’an II, dans l’ancien prieuré de Saint-Martin-des-Champs, où est aujourd’hui le Conservatoire des Arts et Métiers, avaient été réunis, sous la direction de Léonard Bourdon, « les orphelins des défenseurs de la patrie ». L’arrestation de Bourdon à la suite des événements du 12 germinal an III-1er avril 1795 (chap. vii) amena la Convention à fusionner les établissements de ce genre, « instituts du ci-devant prieuré Martin et de Popincourt », et à ordonner de transférer à l’ancien château de Liancourt (Oise) « les enfants des soldats morts pour la défense de la patrie appartenant à des familles indigentes, ceux des ouvriers tués ou blessés dans l’explosion de Grenelle, ceux des habitants indigents des colonies françaises qui ont été victimes de la Révolution, ceux des soldats sans fortune en activité de service » (20 prairial an III-8 juin 1795). Le 30 (18 juin), sur la proposition de Plaichard-Chottière, au nom du comité d’instruction publique, elle nommait « directeur comptable de l’école des orphelins de la patrie et des enfants de l’armée », Grouzet, ancien professeur de rhétorique de l’Université de Paris et ancien principal, « le seul principal… qui n’ait point été prêtre », devait-il écrire (p. 41) dans ses Observations justificatives sur l’école nationale de Liancourt depuis son origine jusqu’à ce jour, 1er vendémiaire an VII, où on trouve des détails sur l’école et sur les difficultés matérielles qu’il y eut à surmonter.

Quant aux livres classiques dont, à l’exemple de la Convention, une loi du 11 germinal an IV (31 mars 1796) ordonna l’impression, nous en sommes toujours à désirer l’emploi d’ouvrages vraiment respectueux du principe si fréquemment violé de la neutralité de l’État en matière religieuse. Le ministre de l’Intérieur, qui avait alors la haute main sur l’enseignement, avait créé auprès de lui, le 15 vendémiaire an VII (6 octobre 1798), un conseil d’instruction publique chargé de l’examen des livres, des méthodes et du perfectionnement de « l’éducation républicaine ».

Pour l’enseignement secondaire des garçons, il me faut remonter à la loi du 15 septembre 1793 ; celle-ci avait décidé la création d’établissements satisfaisant aux trois ordres d’instruction prévus par elle, en sus de l’enseignement primaire, et correspondant à ce que nous appellerions l’enseignement professionnel, l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur ; elle supprimait, « en conséquence, les collèges de plein exercice et les facultés de théologie, de médecine, des arts et de droit ». Cette suppression résultant, on le voit, de l’installation d’établissements nouveaux, n’eut pas lieu légalement, ceux-ci n’ayant pas été créés ; la loi de 1793 resta lettre morte sous tous les rapports et les anciens collèges et facultés eurent, tout au moins au point de vue de la loi, la possibilité de continuer à fonctionner ; c’est ce que corrobore la loi du 16 fructidor an III (2 septembre 1795) qui, en renvoyant aux comités d’instruction publique et des finances la proposition d’assimiler les instituteurs, les professeurs de collèges et les citoyens attachés à l’instruction publique, aux autres fonctionnaires publics pour participer à un certain mode de salaire, était la consécration de l’existence des collèges et de leur personnel. En fait, d’après Grégoire dans son rapport du 14 fructidor an II (31 août 1794), vingt des anciens collèges avaient pu subsister, mais ils avaient fini par être abandonnés à eux-mêmes. Il y eut cependant quelquefois des initiatives louables prises par certaines administrations départementales, notamment celle des Hautes-Pyrénées (L. Canet, Essai sur l’histoire du collège de Tarbes pendant la Révolution, p. 24-30), ou par certaines municipalités comme celle de Bourg (J. Buche, Histoire du « Studium », collège et lycée de Bourg-en-Bresse), avant la loi du 7 ventôse an III (25 février 1795) qui, de nouveau, tenta d’organiser l’enseignement secondaire.

Les écoles qu’on lui destinait étaient appelées « écoles centrales », parce qu’elles devaient être « placées au centre des écoles primaires de chaque département et à la portée de tous les enseignés ». La loi décidait qu’il y en aurait une par 300 000 habitant ; le programme, qui comportait les langues anciennes et vivantes, faisait, pour la première fois, leur place aux sciences ; chaque école avait treize professeurs et recevait, sous le nom d’ « élèves de la patrie », un certain nombre de boursiers. Par décrets complémentaires, l’un du 11 ventôse (1er mars) et l’autre du 18 germinal (7 avril), il était créé 5 de ces écoles à Paris et 96 dans 86 départements (1 dans 77, 2 dans 8 et 3 dans le département du Nord). Un arrêté du comité d’instruction publique du 8 germinal (28 mars), autorisa les professeurs des collèges à continuer leurs fonctions jusqu’à l’organisation de ces écoles ; mais celle-ci n’eut pas le temps d’être menée à bien. Le 9 messidor an III (27 juin 1795), la Convention décrétait que « les travaux relatifs aux dispositions à faire aux bâtiments destinés à recevoir les écoles centrales, et commencés par ordre des représentants du peuple en mission, seront suspendus dans toute l’étendue de la République à la réception du présent décret ».

La loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) régla de nouveau la question en ne favorisant pas plus l’enseignement secondaire que l’enseignement primaire. Elle n’établissait qu’une école centrale par département : le nombre des professeurs était ramené à dix ; l’enseignement, à tort spécialisé dès le début, était divisé en trois sections indépendantes : dans la première, on enseignait le dessin, l’histoire naturelle, les langues anciennes, et de plus, si l’administration du département le jugeait convenable et obtenait l’autorisation du Corps législatif, les langues vivantes ; dans la deuxième, les éléments de mathématiques, la physique et la chimie expérimentales ; dans la troisième, la grammaire générale, les belles-lettres, l’histoire et la législation. Les élèves devaient avoir douze ans pour entrer dans la première section, quatorze pour la deuxième et seize au moins pour la troisième. Il n’était plus question d’ « élèves de la patrie », mais d’élèves pouvant être dispensés de la rétribution « pour cause d’indigence ». Ces écoles ne recevaient que des externes. Pour ces divers motifs, elles étaient d’avance fermées à beaucoup de ceux qui en auraient certainement profité avec une autre organisation.

On était, semble-t-il, à la fin de notre période, tout disposé à changer de système au point de vue de l’internat. Au Conseil des Cinq-Cents, le 3 messidor an VII (21 juin 1799), Enjubault ayant, conformément à un message du Directoire, proposé l’établissement d’un pensionnat près de l’école centrale de Poitiers, Bonnaire s’exprimait ainsi : « L’établissement des pensionnats près les écoles centrales est le seul moyen de favoriser heureusement l’instruction publique dont l’avilissement fait gémir les amis de la République. La commission d’instruction doit vous proposer incessamment un projet général dont l’objet est de rendre commun à toutes les écoles centrales de France la mesure dont parle Enjubault. Je demande l’ajournement de tout projet partiel jusqu’après le rapport de la commission dont je suis membre ». Et l’ajournement demandé en ces termes fut prononcé. Dans le message du 3 brumaire an VII (24 octobre 1798) dont il a été question à propos de l’enseignement primaire, le Directoire avait, d’une façon générale, reconnu la nécessité des pensionnats.

Dès le 1er prairial an IV (20 mai 1796), il y avait à Paris deux écoles centrales, celle des Quatre-Nations dans le palais actuel de l’Institut et celle du Panthéon qui est devenue le lycée Henri IV. Le 1er brumaire an VI (22 octobre 1797), fut ouverte l’école de la rue Saint-Antoine devenue le lycée Charlemagne. Il y eut à Paris un établissement qui pouvait obvier un peu à l’inconvénient de l’externat dans ces écoles, ce fut le « collège des boursiers ». Les bourses établies sous l’ancien régime n’ayant pas été supprimées et la loi du 25 messidor an V (13 juillet 1797) ayant ordonné la restitution des biens affectés aux fondations de bourses — dans l’intervalle les boursiers avaient reçu des secours — 42 départements se trouvaient avoir ainsi droit à 950 places gratuites pour l’éducation d’enfants à Paris. Les boursiers affectés aux divers collèges de Paris, et qui n’atteignaient pas ce nombre, avaient été réunis dans l’ancien collège Louis-le-Grand, là où est aujourd’hui le lycée de ce nom, et la dénomination de « Prytanée français » fut substituée à celle de « collège des boursiers » le 12 thermidor an VI (30 juillet 1798). Une tentative pour développer cet établissement et en étendre les avantages à toute la France se heurta, au Conseil des Cinq-Cents, à deux reprises, le 19 fructidor an VI (5 septembre 1798) et le 28 brumaire an VII (18 novembre 1798), à un ajournement. Le local de l’ancien collège Sainte-Barbe fut annexé au Prytanée où, nous apprend le Publiciste du 7 germinal an VII (27 mars 1799), le gouvernement « permet depuis quelque temps que des externes soient reçus, et déjà 120 élèves logés chez leurs parents viennent chaque jour y recevoir les leçons ». À un autre point de vue, cet établissement perdait son caractère fondamental ; on lit, en effet, dans le Journal des hommes libres du 24 messidor an VII (12 juillet 1799) : « On compte, parmi les enfants des pauvres élevés aux dépens de la République au Prytanée français, un fils de l’ex-Directeur Treilhard, un fils de Bougainville qui a 30 000 francs de rente, un fils d’un des plus riches apothicaires de Paris et cent autres dont l’admission est un vol fait à la classe indigente et nombreuse des défenseurs de la patrie » (recueil d’Aulard, t. V, p. 435 et 614).

Un message du Directoire ayant soumis au Conseil des Cinq-Cents la question de savoir s’il ne conviendrait pas d’établir une chaire de langues vivantes dans chacune des écoles centrales de Paris, donna lieu, le 17 fructidor an IV (3 septembre 1796), à ce rapport de Mercier dont j’ai parlé tout à l’heure ; il concluait négativement : « Des langues étrangères ! je croyais qu’il n’y avait plus qu’une langue en Europe, celle des républicains français ». C’était déjà le procédé d’outrecuidant chauvinisme auquel nos nationalistes ont recours pour faire, eux aussi, obstacle au progrès. Malgré l’opposition de Lamarque, le Conseil prononça « l’ajournement indéfini ». Pendant l’an V (1796-97), les deux premières écoles centrales de Paris eurent « environ chacune 300 élèves » (Ibid., t. IV, p. 349) d’après un compte rendu sur l’an V précédemment cité à propos des écoles primaires, ainsi qu’un rapport sur l’an VI, d’après lequel les trois écoles centrales de Paris comptaient à cette époque « environ 520 élèves » (Ibid., t. IV, p. 735). Suivant les renseignements fournis par l’Almanach national, il y avait 74 écoles en exercice dans le reste de la France actuelle.

Celle de l’Ain, à Bourg (voir l’étude citée plus haut de J. Buche), fut inaugurée le 1er nivôse an V (21 décembre 1796).

D’après le bulletin de la Société d’agriculture du Gers déjà mentionné à propos de l’enseignement primaire, celle d’Auch comptait, au début de l’an VII (automne 1798), « une centaine d’élèves » ; il y avait, « près de cette école, un pensionnat entrepris et dirigé par deux professeurs », c’est-à-dire une possibilité d’internat.

Dans l’Indre, à Châteauroux, l’école, au début de l’an V (fin 1796), ouvre avec trois cours seulement ; ce ne fut que dans le courant de l’an VII (1799) qu’on pourvut, non à toutes, mais à quelques-unes des chaires vacantes ; le 8 nivôse an V (28 décembre 1796), il y avait 24 élèves. Un pensionnat ayant été organisé « moyennant une rétribution de 425 francs par an et par élève », il comptait 20 élèves en brumaire an VII (novembre 1798), ce qui porta le nombre des élèves de l’école centrale « à une cinquantaine environ » (La Révolution française, revue, t. XXXIII, p. 241).

Celle du Loir-et-Cher fut établie à Vendôme où l’ancien collège avait persisté ; mais si le nombre des pensionnaires avait été de 130 à la fin de 1792, de 110 en juin 1793, de 70 seulement à la fin de cette dernière année, il était tombé à 18 en l’an III, par suite de l’élévation du prix de pension motivée par la dépréciation du papier-monnaie. Le règlement de l’école centrale fut arrêté le 3 thermidor an IV (21 juillet 1796) et deux anciens professeurs du collège ayant, en vertu d’une décision municipale du 24 brumaire an V (14 novembre 1796) approuvée par le ministre des Finances le 12 germinal suivant (1er avril 1797), obtenu d’acheter le matériel du collège, ouvrirent un internat dont les pensionnaires suivaient les cours de l’école centrale qui fut bientôt prospère. (Ch. Métais, ouvrage cité au sujet de l’enseignement primaire).

L’école des Hautes-Pyrénées, inaugurée officiellement à Tarbes le 15 fructidor an IV (1er septembre 1796), « devait déjà être en activité avant » cette inauguration (Canet, Essai cité plus haut, p. 38) ; elle parvint à se maintenir malgré certaines difficultés matérielles, malgré surtout la concurrence de ceux que, le 20 brumaire an VII (10 novembre 1798), le président de l’administration départementale appelait « ces spéculateurs avides qui voudraient étouffer dans les jeunes cœurs le germe précieux des vertus républicaines » (Ibidem, p. 59-60).
Expérience du Parachute.
Portrait de Garnerin.
(D’après un document de la Bibliothèque Nationale.)

Celle du Rhône, inaugurée à Lyon le 3e jour complémentaire de l’an IV (19 septembre 1796), avait eu, en l’an VI, plus de 200 élèves ; « mais on dut renoncer à exiger d’eux la rétribution scolaire prescrite par la loi » (Histoire de l’enseignement secondaire dans le Rhône de 1790 à 1900, par Chabot et Charléty, p. 43). Le commissaire du gouvernement, en l’an VII, fut particulièrement enchanté du cours de législation qui réunit cette année-là 27 élèves en dehors des auditeurs libres. À côté de cette école centrale, « continuaient de vivre les maisons particulières d’éducation… L’incivisme, d’ailleurs, était fréquent dans ces maisons privées » (Ibidem, p. 47).

Celle de Seine-et-Oise, ouverte à Versailles le 1er messidor an IV-19 juin 1796 Mémoires de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise, t. XIX, p. xii. étude de M. E. Coüard), paraît avoir été assez fréquentée. Pendant toute sa durée, elle compta, au nombre de ses professeurs, Pierre Dolivier, ancien curé de Mauchamps, près de Chamarande (Seine-et-Oise), dont Jaurès a déjà parlé (t. II, p. 1098 et t. IV, p. 1646-1658 ; voir aussi mes chap. xiii et xxi). Une lettre du « jury central d’instruction publique » (Archives de Seine-et-Oise, L1T) du 18 prairial an IV (6 juin 1796) informait le département du choix de Dolivier pour la chaire d’histoire, et ce choix était approuvé par arrêté de l’administration le 28 prairial (16 juin). Dans une brochure adressée, au début de l’an V (octobre 1796), « aux pères et mères de famille » et contenant le programme des cours, nous voyons que Dolivier « exposera les faits historiques, en présentera la critique et enseignera l’art de les mettre à profit. En suivant le sort des peuples tant dans l’histoire ancienne que dans l’histoire moderne, il tâchera d’en observer les diverses physionomies d’après l’influence des gouvernements, des opinions religieuses, des climats et du sol des diverses contrées. Rien de ce qui a rapport à l’industrie, aux progrès des connaissances humaines, ne sera oublié ». Ce projet un peu ambitieux montre tout au moins chez ce précurseur du socialisme une conscience assez nette de l’influence des milieux et, en particulier, du milieu économique. Le 8 fructidor an XII (26 août 1804), à la dernière distribution des prix de l’école centrale qui allait être transformée en lycée où ne passa pas Dolivier, celui-ci, chargé du discours, fit l’éloge de l’instruction et de la philosophie.

Dans la Haute-Vienne, l’administration centrale du département arrêta, le 1er fructidor an IV (18 août 1796), l’organisation de l’école centrale et, le 15 ventôse an V (5 mars 1797), elle procéda à l’ouverture de l’école à Limoges dans les bâtiments de l’ancien collège (L. Tiffonnet, Notice sur l’école centrale de la Haute-Vienne). On signale toujours, lorsqu’on parle du Directoire, et j’ai signalé moi-même des retards dans le payement de fonctionnaires et de services publics ; mais il semble qu’il ne faudrait pas, sans preuve certaine, trop généraliser les cas observés. Nous voyons, par exemple, dans l’étude précédente (p. 4), que si, en l’an VI (1797-98), les professeurs ne touchèrent que 1 500 francs, considérés, d’ailleurs, seulement comme acompte, au lieu de 2 000, le budget de l’école fut dans la suite payé plus régulièrement : en l’an VII (1798-99), le crédit accordé fut de 30 700 francs et les dépenses ne s’élevèrent qu’à 21 900 francs ; il semble même que l’arriéré fut peu à peu remboursé.

Dans l’Yonne, à l’école centrale d’Auxerre, conformément à une circulaire du ministre de l’Intérieur du 20 brumaire an VII (10 novembre 1798), était ouvert, le 1er floréal (20 avril 1799), un cours de bibliographie fait par le bibliothécaire de l’école, Laire (Le Bibliographe moderne, mars-juin 1899, p. 113).

Si, dans quelques villes, ces écoles réussirent, elles échouèrent généralement contre la concurrence des établissements privés que le clergé, — ainsi le célèbre Loriquet, en compagnie d’un certain Jacquemart, ouvrit un pensionnat à Reims en 1799 — s’était, de même que pour l’enseignement primaire, hâté d’organiser plus ou moins ouvertement avec de plus grandes commodités pour la masse des parents aisés. Ce qui contribua aussi beaucoup à leur échec, c’est qu’à la suite des attaques et des menaces dont elles furent l’objet, au Conseil des Cinq-Cents, de la part des réactionnaires, par exemple le 12 prairial an V (31 mai 1797) et le 6 brumaire an VI (27 octobre 1797), on ne croyait pas à leur durée. Peut-être, en outre, l’enseignement, malgré son but pratique, n’était-il pas suffisamment adapté à l’âge des enfants.

Une question qui se posa incidemment à propos d’une école centrale, montre que les législateurs de cette époque n’étaient pas partisans de l’égalité des sexes : la citoyenne Quévanne ayant, par voie de pétition, demandé au Conseil des Cinq-Cents d’occuper une place de professeur de dessin à l’école centrale de Chartres, vit, dans la séance du 22 floréal an IV (11 mai 1796), bien que le rapport de la commission lui fût favorable, sa demande repoussée par la question préalable. Cependant, à ce point de vue, je signalerai, d’après le Moniteur du 6 germinal an VII (26 mars 1799), qu’un citoyen prévenu d’émigration put être défendu « par son épouse » devant la commission militaire de la 17e division — et fut acquitté.

Il ne fut rien institué pour les filles par l’État, et l’enseignement secondaire ne se donnait que dans des écoles libres dont le Patriote français du 29 brumaire an VI (19 novembre 1797) cité dans le recueil de M. Aulard (t. IV, p. 460), disait, en attirant l’attention des administrateurs sur ces « écoles de jeunes filles, qu’on appelle toujours des demoiselles, car on lit encore, au-dessus des maisons où on les instruit, Éducation des jeunes demoiselles : Ils verront combien il existe de nichées de ci-devant religieuses qui se chargent d’en faire des bigotes. Eh ! comment veut-on qu’elles élèvent leurs enfants, quand elles seront devenues mères, si on laisse à de vieilles fanatiques le soin exclusif d’endoctriner cette portion intéressante de la société ? » Une des premières écoles libres pour les filles avait été le pensionnat fondé, en 1795, à Saint-Germain-en-Laye, par Mme Campan. Antérieurement, le Moniteur du 29 frimaire an III (19 décembre 1794) avait publié le « prospectus d’un lycée pour les jeunes personnes » ; cette tentative n’avait en vue qu’un maximum de « vingt élèves », qui, « moyennant des arrangements particuliers », pouvaient être pensionnaires.

Pour l’enseignement supérieur, on a vu tout à l’heure, à propos de l’enseignement secondaire, que la loi du 15 septembre 1793 n’avait pas été exécutée. Dès lors, les anciennes facultés avaient eu la possibilité légale de subsister ; subsistèrent tout au moins les trois facultés de médecine de Paris, de Montpellier et de Strasbourg, comme le prouvent les articles 2 et 8 d’une loi du 14 frimaire an III (4 décembre 1794), et l’école de médecine de Caen, d’après un rapport de Fourcroy, loi et rapport dont il sera question plus loin. En fait les plans généraux, élaborés pour l’enseignement supérieur, ne furent pas appliqués, pas plus le système plus ou moins méthodique de la loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) que celui de la loi du 15 septembre 1793, et on s’en tint dans la pratique aux écoles spéciales instituées sous le coup de la nécessité.

La première de ces écoles décidée par la Convention si, dans un autre ordre d’idées, on excepte l’Institut de musique, fut, le 21 ventôse an II (11 mars 1794), une « École centrale des travaux publics » destinée à fournir des ingénieurs civils et militaires. Cette école ne fut cependant créée qu’après l'École de Mars conçue, dès le principe, comme ne devant avoir qu’une existence éphémère : décrétée, en effet, le 13 prairial an II (1er juin 1794), après un rapport (de Barère disant que le principe de la Révolution était « de tout hâter pour les besoins », elle le fut pour une durée très courte, puisque le camp où on l’installait dans la plaine des Sablons devait, à l’entrée de la mauvaise saison, être levé et que les élèves devaient rentrer chez eux. Elle fut dissoute le 2 brumaire an III (23 octobre 1794). Cette école, de même que l’École normale, sortit de cette volonté exprimée, le 29 floréal an II (18 mai 1794), par le comité d’instruction publique de « propager l’instruction publique sur le territoire entier de la République par des moyens révolutionnaires semblables à ceux qui ont déjà été employés pour les armes, la poudre et le salpêtre » (Procès-verbaux du comité d’instruction publique de la Convention nationale, publiés par M. James Guillaume, t. IV, p. 451).

L’École de Mars ne visait pas, même exceptionnellement, à fabriquer des officiers professionnels ; mais, ainsi que le dit, à la séance du 2 brumaire an III, à l’occasion de sa clôture, Guyton de Morveau : « Une des vérités les plus importantes qui se trouve acquise, ou plutôt confirmée, par les essais faits à l’École de Mars, c’est que tout soldat, soit d’infanterie, soit même de cavalerie et d’artillerie, peut apprendre, en moins de trois mois, le maniement des armes et toutes les parties de son service, de manière à exécuter en corps nombreux toutes les manœuvres avec une grande précision ». Une tentative du même genre fut la loi du 11 nivôse an III (31 décembre 1794) décidant la création d’ « écoles révolutionnaires de navigation et de canonnage maritime » à la suite d’un rapport de Boissier portant qu’il fallait « créer des institutions navales dans les mêmes principes et à peu près sous les mêmes formes que celles qui vous ont présenté, dans les ateliers révolutionnaires pour la fabrication des salpêtres et des poudres et au Champ-de-Mars — (ceci doit être une coquille et il faut probablement lire : au camp de Mars, comme on appelait parfois le camp des Sablons où se trouvait l’École de Mars à laquelle il est sans aucun doute fait allusion), — des résultats dont l’inappréciable avantage est incontestable ». À l’exemple de l’École de Mars, ces écoles devaient avoir une durée limitée (du 20 pluviôse an III au 1er vendémiaire an IV-8 février au 23 septembre 1795). Le comité de salut public était chargé de désigner les ports où ces écoles seraient ouvertes.

L’École centrale des travaux publics ne fut organisée que le 7 vendémiaire an III (28 septembre 1794) ; ouverte le 10 frimaire (30 novembre), elle reçut, le 15 fructidor an III (1er septembre 1795), le nom d’École polytechnique. Les élevés, recrutés par voie de concours public, étaient externes et recevaient un traitement annuel de 1 200 francs pendant leur présence à l’École installée au Palais Bourbon ; des savants illustres tels que Berthollet, Lagrange, Monge et Vauquelin, furent les premiers professeurs. La loi du 30 vendémiaire an IV (22 octobre 1795) fit de l’École des ponts et chaussées, de l’École des mines, de l’École des constructions navales ou des « ingénieurs de vaisseaux », conservées et réorganisées, de l’École d’artillerie déjà établie à Châlons-sur-Marne en sus des écoles régimentaires d’artillerie portées au nombre de huit par la loi du 18 floréal an III (7 mai 1795), et de l’École des « ingénieurs militaires » ou du génie que la loi du 14 ventôse an III (4 mars 1795) maintint à Metz, des écoles d’application se recrutant parmi les élèves de l’École polytechnique.

L’instruction publique, telle que voulait l’organiser la Convention, exigeait de nombreux maîtres. Afin de former en nombre suffisant des hommes immédiatement capables d’enseigner, elle créa, le 9 brumaire an III (30 octobre 1794), l'École normale. Les élèves âgés de 25 ans au moins, désignés par les administrations des districts à raison d’un pour 20 000 habitants, étaient externes et recevaient un traitement de 100 francs par mois pendant la durée des cours ; ainsi que ceux de l’École polytechnique, ils eurent comme professeurs les hommes les plus éminents de l’époque, grâce auxquels les sciences furent, pour la première fois, enseignées avec un éclat qui contribua à en propager le goût. Inaugurée le 1er pluviôse an III (20 janvier 1795), la première École normale fut dissoute le 30 floréal suivant (19 mai).

La loi du 30 vendémiaire an IV maintenait, en les appelant Écoles de navigation, les 34 écoles « d’hydrographie et de mathématiques » fondées en 1791, pour la marine de l’État et pour la marine de commerce ; elle en établissait deux nouvelles pour le commerce à Morlaix et à Arles. Elle établissait aussi pour les aspirants de marine trois corvettes-écoles à Brest, Toulon et Rochefort ; de là est sortie l’École navale. Cette même loi prévoyait enfin une « École des géographes » qui, établie à Paris, exerça ses élèves « aux opérations géographiques et topographiques, aux calculs qui y sont relatifs et au dessin de la carte ». On lit à son sujet dans la Statistique générale et particulière de la France, publiée en 1803 par l’éditeur Buisson (t. III, p. 32) : « Cette école des géographes vient d’être supprimée par un arrêté qui supprime en même temps le Bureau du cadastre ». L’ouvrage cité ne donne pas la date de cet arrêté qui est du 3 germinal an X (24 mars 1802). On s’était, bien entendu, préoccupé, avant la fondation de cette école, de fournir des cartes aux armées. Un arrêté du comité de salut public du 20 prairial an II (8 juin 1794) avait constitué, sous la direction de la commission des travaux publics, une « Agence des cartes et plans » chargée de centraliser les cartes et ouvrages géographiques de toutes provenances ; le même arrêté maintenait cependant le Dépôt de la Guerre, « dépôt particulier, extrait du dépôt général, où seront réunis toutes les cartes, plans et mémoires jugés utiles pour le courant des opérations des armées de terre et de mer ». Cette section de l’Agence « finit par absorber celle-ci ». À côté de cette Agence et de ce Dépôt, le comité de salut public créa pour son usage particulier, afin de suivre « les mouvements, les actions et les opérations des armées en présence », un « Cabinet topographique » divisé en plusieurs bureaux (3 fructidor an 11-20 août 1794) qui eut, à un moment, une assez grande importance ; Bonaparte, nous l’avons vu (chap. x), y fut attaché en août 1795 ; un arrêté du 22 floréal an V (11 mai 1797) le réunit au Dépôt de la Guerre qui était réorganisé (Revue d’histoire rédigée à l’état-major de l’armée n° de décembre 1903, p. 482 et 483) ; une instruction réglementaire du 17 nivôse an VII (6 janvier 1799) définit de nouveau le service des ingénieurs géographes appelés « ingénieurs artistes », et détermina leurs attributions (colonel Berthaut, Les ingénieurs géographes militaires, 1er vol. p. 126 à 134).

Les Écoles polytechnique, d’artillerie, des ingénieurs militaires, des ponts et chaussés, des mines, des ingénieurs de vaisseaux, de navigation, de marine,et des géographes, dont je viens de parler, étaient destinées à assurer des services de l’État, elles constituèrent, d’après la loi du 30 vendémiaire an IV, les « Écoles de services publics » dont les élèves (art. 4) étaient salariés par l’État. La loi du 23 fructidor an VII (9 septembre 1799), « relative au personnel de la guerre », institua à Versailles, Lunéville et Angers trois « écoles nationales d’instruction des troupes à cheval » qui ont été l’origine de l’École de cavalerie de Saumur ; depuis un arrêté du Directoire du 16 fructidor an IV (2 septembre 1796), existait au Manège de Versailles une « école nationale d’équitation » où « chaque régiment de troupes à cheval » devait envoyer un lieutenant ou sous-lieutenant et un sous-officier (Archives nationales, AF IV 399).

Outre ces écoles, d’autres furent organisées qui, ou n’avaient véritablement pas le caractère des écoles précédentes, ou l’avaient, du moins partiellement, sans qu’il leur fût reconnu par la loi du 30 vendémiaire. Ainsi la loi du 14 frimaire an III (4 décembre 1794), mentionnée plus haut, avait décrété la substitution, aux trois facultés de médecine de Paris, de Montpellier et de Strasbourg, de trois écoles dites « de santé », que la loi du 3 brumaire an IV appela Écoles de médecine ; elles étaient chargées de préparer des médecins pour l’armée et pour la marine. Les élèves de l’État touchaient 1 200 francs de traitement annuel comme les élèves de l’École polytechnique ; mais, à côté d’eux, étaient admis dans les mêmes écoles de médecine des étudiants libres, même des étrangers. Dans un rapport au Conseil des Cinq-Cents, le 14 germinal an V (3 avril 1797), Vitet constatait le succès des écoles de Paris et de Montpellier, celle de Strasbourg allait moins bien. En outre, une école de médecine se maintint à Caen ; on lit, en effet, dans le compte rendu d’une mission remplie par Fourcroy en floréal an IX (mai 1801) : « L’ancienne école de médecine de Caen s’est soutenue… Elle continue ses exercices et ses leçons… Elle a de 40 à 50 élèves. On n’y fait plus de réception depuis trois ou quatre ans, d’après une lettre du ministre François (de Neufchâteau) » (Rocquain, État de la France au 18 brumaire, p. 200).

Il y eut, à, l’école de Paris (A. Prévost, L’École de santé de Paris, 1794-1809, p. 28), par décision du 9 nivôse an V (29 décembre 1796), un cours d’accouchement pour les élèves sages-femmes. On enseigna, ce qui était nouveau, du moins en France, la médecine légale, l’histoire de la médecine, l’hygiène, la physique médicale. Tandis que des cours théoriques et pratiques étaient faits, à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, aux élèves rétribués par l’État, d’autres cours avaient lieu, à l’Hôtel-Dieu (hospice de l’Humanité) et à la Charité (hospice de l’Unité), pour un certain nombre d’élèves déjà avancés dans leurs études et désignés par l’administration des hospices civils : l’enseignement à peu près exclusivement théorique des anciennes Facultés fut, en effet, officiellement complété, à l’exemple de ce que faisait depuis plusieurs années Desault, par la leçon clinique, l’enseignement pratique à l’hôpital et à l’amphithéâtre.

La loi du 14 avril 1791 ayant maintenu les règlements existants « relatifs à l’exercice et à l’enseignement de la pharmacie », les Collèges des pharmaciens de Paris et de Montpellier avaient persisté. Les pharmaciens de Paris se constituèrent, le 30 ventôse an IV (20 mars 1790), en « Soeiété libre », et continuèrent l’enseignement dans l’établissement — où l’école est restée jusqu’en 1881 — de la rue de l’Arbalète, qu’un arrêté du 3 prairial an IV (22 mai 1796) admit en qualité à d'École gratuite de pharmacie (Journal des pharmaciens, 1797-99, p. 2).

Par la loi du 29 germinal an III (18 avril 1795), avaient été réglementées, en partie pour le service des armées, les Écoles vétérinaires de Lyon et d’Alfort qui existaient avant la Révolution ; seulement la dernière était, par une décision sur laquelle on devait revenir, transférée à Versailles.

La loi du 10 germinal an III (30 mars 1795) organisa, dans l’enceinte de la Bibliothèque nationale, l’École des langues orientales, avec des chaires d’arabe, de turc, de tartare, de persan et de malais. Ce fut aussi dans l’enceinte de la Bibliothèque que la loi du 20 prairial an III (8 juin 1795) établit des cours sur les médailles, pierres gravées, inscriptions antiques, sur l’histoire, l’art, les mœurs, costumes et usages de l’antiquité.

Déjà décidé en principe en novembre 1793, l’Institut national de musique devenu le Conservatoire de musique — la déclamation n’a été ajoutée que plus tard — fut organisé le 16 thermidor an III (3 août 1795), pour enseigner la musique à 600 élèves des deux sexes pris, proportionnellement à la population, dans tous les départements. Les inspecteurs chargés de l’administration furent tout d’abord des musiciens tels que Gossec, Grétry, Lesueur, Méhul et Cherubini. Le Directoire, en 1796, mit Sarrette à la tête de l’établissement.

Après la suppression des Académies en 1793, il avait été admis que les cours dépendant des sociétés supprimées seraient continués jusqu’à l’organisation de l’instruction publique. C’est ainsi que les écoles de peinture (Magasin encyclopédique, 1793, t. IX, p. 107) et de sculpture d’une part, d’architecture de l’autre, bientôt réunies, et devenues l'École des Beaux-Arts, subsistèrent sous leur ancienne forme et avec les mêmes professeurs dans les locaux qu’elles occupaient au Louvre. De même existaient encore en l’an VII à Dijon, Châlons-sur-Marne, Toulouse et Lyon, « comme écoles spéciales provisoirement conservées », des « écoles de peinture, sculpture, architecture » antérieures à la Révolution (rapport de Daubermesnil à la séance du Conseil des Cinq-Cents du 3 vendémiaire an VII-24 septembre 1798, Moniteur du 7 et du 8 vendémiaire). De plus, le titre V de la loi du 3 brumaire an IV conservait l’École de Rome pour les peintres, sculpteurs et architectes désignés par l’Institut et, au début de l’an VII (fin septembre 1798), le Directoire décidait que le peintre Suvée nommé directeur rejoindrait sans tarder son poste.

Les sourds-muets et les aveugles de naissance n’avaient pas été oubliés : la loi du 16 nivôse an III (5 janvier 1795) maintint les deux établissements de Paris et de Bordeaux précédemment établis pour l’instruction des sourds-muets ; elle attribua à celui de Paris les bâtiments qu’il occupe aujourd’hui et créa dans chacun 60 places gratuites. De même, dans l’Institut déjà créé pour les aveugles de naissance, la loi du 10 thermidor an III (28 juillet 1795) institua 86 places gratuites — une par département.

Certaines des écoles dont il vient d’être question, rentraient dans le cadre de celles que la loi du 3 brumaire an IV nommait « écoles spéciales ». Sur les dix catégories que cette loi prévoyait sous ce nom, c’était le cas pour quatre : les écoles de médecine, les écoles vétérinaires, l’institut de musique.

Fête de la République (1er vendémiaire, An V).
(D’après un document de la Bibliothèque Nationale.)
les écoles des beaux-arts. À l’égard de quatre autres, y il eut : pour l’astronomie, l’Observatoire, conservé et constitué en « Observatoire de la République » par la loi du 31 août 1793, et un « cours pratique d’astronomie » fondé dans le palais actuel de l’Institut par la loi du 19 germinal an IV (8 avril 1796) ; pour les antiquités, les cours de la Bibliothèque nationale ; pour l’histoire naturelle, le Muséum, si heureusement transformé le 10 juin 1793, agrandi dans notre période par les lois du 21 frimaire an III (11 décembre 1794) et du 17 prairial an IV (5 juin 1796), que le manque de ressources fit rapporter sauf en ce qui concernait les terrains réunis et ceux pour la réunion desquels toutes les formalités étaient accomplies ; pour l’économie rurale, une chaire, dont le titulaire était Thouin, au Muséum. Pour la géométrie et la mécanique, s’il n’y eut pas d’enseignement particulier, avait été créé par la loi du 19 vendémiaire an III (10 octobre 1794) le Conservatoire des Arts et Métiers, où des collections de machines, d’outils, de dessins et de livres et des cours techniques devaient être organisés ; la loi du 22 prairial an VI (10 juin 1798) finit, après beaucoup d’hésitations du Conseil des Cinq-Cents, par lui attribuer le bâtiment qu’il occupe toujours et dont il prit possession le 12 germinal an VII (1er avril 1799). Enfin, en l’an VII (1799), fut établie à Giromagny « l’École pratique pour l’exploitation et le traitement des substances minérales », origine de l’école de Saint-Étienne.

Pour la seule catégorie des sciences politiques, rien ne fut organisé. Les écoles de droit n’étaient prévues nulle part : la législation, enseignée dans les écoles centrales à un point de vue élémentaire, avait été réservée à cette école des sciences politiques à un point de vue plus complet ; à Paris, deux établissements privés, l’« Académie de législation » et l’ « Université de jurisprudence » cherchèrent à suppléer à cette lacune ; en province, grâce également à des initiatives particulières, un enseignement juridique plus ou moins développé fut donné à Nancy, Toulouse, Angers, Poitiers et Rennes (Liard, l’Enseignement supérieur en France, t. II, p. 39j. Il ne faut pas oublier que le Collège de France fut conservé par la loi du 25 messidor an III (13 juillet 1795) ; il compta dans notre période dix-huit chaires, dont on trouve l’énumération dans l’Almanach national.

Enfin, le 1er vendémiaire an IV (23 septembre 1795), la Convention accordait une subvention de 60 000 livres au Lycée des arts, établissement où son fondateur, Charles Désaudray, avait organisé des cours publics pour propager les connaissances utiles. Après l’incendie, le 25 frimaire an VII (15 décembre 1798), du cirque construit en 1787 au milieu du jardin du Palais-Royal, où il était installé, cet établissement, sans retrouver son ancienne vogue, rouvrit le 15 prairial an VII (3 juin 1799) à l’Oratoire, rue Saint-Honoré, où avait eu lieu auparavant la tentative d’un cours gratuit, fait sur l’agriculture, le commerce, la technologie, la philosophie et les sciences (Moniteur du 3 vendémiaire an VI 1-24 septembre 1798) par Jacob Dupont, l’athée dont a parlé Jaurès (t. IV, p. 1467). Il y eut d’autres établissements libres de ce genre, en particulier le « Lycée républicain », qui ne méritait guère son épithète, de Laharpe, et le « Lycée des Étrangers ».