Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 31

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Charpentier (p. 161-162).
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Cette note sur le Paysage à cent ponts, est un témoignage du tempérament poétique du peintre, et la biographie de Kiôdén affirme en effet que Hokousaï fut un excellent poète dans la poésie Haï-kai (la poésie populaire).

À propos du goût d’Hokousaï pour la poésie, on raconte qu’il était membre d’une société de poètes, nommés les sociétaires de Katsoushika, et en raison de sa supériorité sur ses confrères, y exerçant une sorte de présidence. Or dans cette société, il y avait des gens de service, ignorant que le peintre et le poète étaient le même homme, et il arriva qu’un soir, où l’on se retirait fort tard, on lui apporta une lanterne, dont le papier était blanc, sans aucune ornementation, Hokousaï demanda un pinceau, et dessina des tiges de fougères, d’un trompe-l’œil si extraordinaire, que le domestique qui avait apporté la lanterne, ne put s’empêcher de s’écrier : « Oh ! vraiment, monsieur Hokousaï, quelle disposition vous avez pour le dessin ! »

On entend l’éclat de rire des sociétaires de Katsoushika, en train de regarder Hokousaï peindre.