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Homélie sur le retour de l’évêque Flavien/Argument analytique

La bibliothèque libre.


Traduction par Édouard Sommer.
Librairie de L. Hachette et Cie (p. 3-5).

ARGUMENT ANALYTIQUE

DE L’HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME


SUR LE RETOUR DE L’ÉVÊQUE FLAVIEN.




Au mois de février de l’an 387, les habitants d’Antioche, capitale de la Syrie, irrités du poids des impôts, se soulevèrent et brisèrent les statues de l’empereur Théodose, de sa femme Placilla ou Flaccilla Augusta, de sa fille Pulchérie et de ses deux fils Arcadius et Honorius. Après ce premier moment d’effervescence, Antioche effrayée se hâta de députer l’évêque Flavien auprès de l’empereur, pour essayer de fléchir son courroux. Théodose était d’autant plus vivement irrité que, depuis qu’il était monté sur le trône, il n’avait cessé de combler Antioche des marques de sa bonté. Flavien rencontra en route des commissaires qui avaient ordre de punir exemplairement la ville rebelle et de la réduire à n’être plus qu’une simple bourgade ; elle devait perdre son titre de métropole, voir raser ses monuments, ses écoles et ses bains publics : une punition particulière était réservée en outre aux principaux auteurs de la sédition. Flavien obtint des commissaires impériaux qu’ils attendraient des instructions nouvelles avant d’exécuter les ordres terribles dont ils étaient chargés, et, arrivé à Constantinople, il fut assez heureux pour apaiser la colère de Théodose.

Flavien était parti depuis plus d’un mois, lorsqu’un courrier qui le précédait de quelques jours apporta cette bonne nouvelle et annonça le retour de l’évêque. On célébrait les fêtes de Pâques ; saint Chrysostome qui, depuis le départ de Flavien, n’avait cesser de relever le courage du peuple par d’admirables discours qui nous sont parvenus au nombre de vingt, monte alors en chaire et prononce l’homélie suivante.

On peut rapprocher de l’homélie de saint Jean Chrysostome l’éloquent discours du rhéteur Libanius, qui s’efforça aussi de fléchir Théodose en faveur d’Antioche sa patrie.


I. Quelle reconnaissance la ville d’Antioche ne doit-elle pas à Dieu, qui vient de lui accorder plus qu’elle n’avait demandé, plus même qu’elle n’avait osé espérer ?

II. Cette bonté est l’effet de la pieuse confiance de la ville qui, dans un si grand danger, s’est tournée uniquement vers la protection divine.

III. Dieu a récompensé aussi le dévouement du saint évêque ; oubliant son grand âge, les rigueurs de la saison, une sœur chérie qu’il laissait près de rendre le dernier soupir, Flavien a tout sacrifié pour le salut d’Antioche.

IV. Départ de Flavien ; sa douleur lorsqu’il rencontre les commissaires chargés des ordres de vengeance de l’empereur.

V. Flavien entre dans le palais de Théodose, et attendrit le cœur de ce prince par sa muette douleur. L’empereur se plaint, mais sans colère, de l’ingratitude des habitants d’Antioche.

VI. Discours de Flavien : Il reconnaît combien Antioche s’est montrée ingrate et coupable ; mais, si sévère que soit la punition que l’empereur lui réserve, elle sera moins terrible que le désespoir et la honte qui ont suivi la faute.

VII. C’est l’envie du démon qui a soulevé la sédition d’Antioche : c’est le démon que Théodose doit punir en montrant de l’indulgence pour cette malheureuse ville et en lui continuant sa faveur.

VIII. Théodose, par cette conduite chrétienne, s’élèvera dans le cœur des hommes des statues plus durables que l’airain et plus précieuses que l’or.

IX. Qu’il imite le noble exemple de Constantin ; qu’il ne démente pas les paroles de bonté qu’il a prononcées lui-même dans une circonstance récente. Jamais plus grande occasion de manifester sa clémence ne s’est offerte à lui.

X. La gloire de Théodose et la gloire de la religion chrétienne sont intéressées à ce qu’il pardonne.

XI. Qu’il ne craigne pas, comme quelques-uns l’insinuent, que sa clémence envers Antioche diminue dans d’autres villes le respect dû à son autorité. Cette attente terrible du châtiment est la peine la plus forte qui puisse atteindre des rebelles.

XII. En pardonnant, Théodose s’assure en un seul jour l’amour de toute la terre ; car la bonté a plus de puissance que les armées et les trésors.

XIII. L’exemple de Théodose sera une leçon pour les princes à venir, et il aura sa part de gloire dans les actions généreuses de tous ceux qui l’imiteront.

XIV. Ce qui rehaussera encore la grandeur du pardon, c’est que Théodose aura cédé aux prières d’un humble prêtre et aura respecté dans sa bouche la parole de l’Évangile.

XV. Que si l’empereur persévère dans ses projets et veut punir la ville coupable, Flavien renonce à une cité que le meilleur des princes n’aura pas jugée digne de son pardon.

XVI. Le discours de Flavien a ému l’empereur ; il prononce le pardon d’Antioche et presse le pasteur de porter à son troupeau cette heureuse nouvelle.

XVII. Que les habitants rendent grâces à Dieu, non-seulement du pardon qui leur est accordé, mais encore des désordres qui ont éclaté dans leur ville ; car toute cette histoire servira à l’instruction de leurs descendants.