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Humour et humoristes/Ernest Lajeunesse

La bibliothèque libre.
H. Simonis Empis (p. 196-197).

ERNEST LAJEUNESSE


Grand et dégingandé, les lèvres lippues, M. Lajeunesse traîne ses pieds du Napolitain au Journal, et du Journal à Calisaya. Et sa voix blanche émet des paradoxes et des rosseries.

Vraiment, ce diable gras et long, dont les joues se hérissent toujours de poils mal taillés, ressemble en quelque chose à Swift. Il a sa verve mordante, son humour emporté, sa raillerie terrible. De tous les nobles représentants de la jeune génération, il est celui qui possède le sens critique le plus aigu, et le plus aiguisé. Il a dit sur certains des maîtres vivants ou morts les vérités les plus cruelles, et les a gratifiés des grimaces les plus terriblement gavroches, en exécutant, par irrespect pour eux, de clownesques cabrioles.

M. Lajeunesse n’a pas voulu continuer. Il eût pu se maintenir notre critique le plus original et le plus amusant. Il a préféré devenir romancier, et le voilà maintenant qui vogue à pleines voiles sur les flots du lyrisme et du pathos… et c’est bien regrettable, pour nous, tout au moins.