Iconologie (Cesare Ripa, 1643)/II/Le Feu
Le fev.
Et Element ſi neceſſaire & ſi dangereux tout
enſemble, a pour Figure hyeroglifique vne Femme
aſſiſe, qui de ſes deux mains ſouſtient vn Vaſe
plein de Feu. Le Soleil darde ſes rayons à plomb ſur
ſa teſte, & à ſes coſtez ſont mis pour Symboles vne Salemandre,
& des Pyralies, animaux qui ne viuent que dans le
Feu, principalement la Salemandre, qui, ſelon Ariſtote, eſt
ſi froide qu’elle l’eſteint. Car quant au Phœnix, il n’eſt icy mis
que pour monſtrer qu’eſtant conceu dans la flamme, c’eſt
dans la flamme auſſi qu’il laiſſe la vie.
C’eſt à peu prés ce qu’on peut dire ſuccinctement des quatre Elemens, les principales puiſſances deſquels, ſelon Empedocles, ſont l’amitié & le diſcord, dont l’vne mit en enſemble les choſes, & l’autre les ſepare. Luy-meſme encore appelle Phyſiquement du nom de Iupiter, le Feu qui eſt au deſſus de l’Air, tout ainſi que l’Air meſme eſt denoté par Iunon. A quoy ſe rapportent les ſentimens de tous les Poëtes, quands ils feignent que la Deeſſe Iunon eſt ſœur & femme de Iupiter ; Pour monſtrer par là que leur qualité eſt preſque vne meſme choſe, ou qu’il n’y a du moins que fort peu de difference entre l’vn & l’autre. A quoy j’adiouſte, que le pere Dis eſt auſſi pris pour la Terre, c’eſt à dire, qu’il eſt Seigneur & Roy ſouuerain de cét Element, des entrailles duquel les plus precieux threſors ſont tirez, comme l’or, l’argent, & les pierreries.