Idées républicaines, augmentées de remarques/39

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XXXIX.

Si on ſe donnoit la peine de lire attentivement ce livre du Contract Social, il n’y a pas une page où l’on ne trouvât des erreurs ou des contradictions. Par exemple, dans le chapitre de la Religion civile, deux peuples étrangers l’un à l’autre, & preſque toujours ennemis, ne purent reconnoître un même Dieu ; deux armées ſe livrant bataille ne ſauroient obéir au même Chef. Ainſi des diviſions nationales réſulta le polithéiſme, & de là l’intolérance théologique & civile, qui naturellement eſt la même.

Autant de mots, autant d’erreurs ; les Grecs, les Romains, les peuples de la grande Grece reconnoiſſoient les mêmes Dieux en ſe faiſant la guerre ; ils adoroient également les Dieux majorum gentium. Jupiter, Junon, Mars, Minerve, Mercure &c. Les Chrétiens en ſe faiſant la guerre adorent le même Dieu. Le Polithéiſme des Grecs & des Romains ne réſulta point de leurs guerres ; ils étoient tous polithéiſtes, avant qu’ils euſſent rien à demêler enſemble, enfin il n’y eut jamais chez eux ni intolérance civile, ni intolérance théologique.

XXXIX.

Si l’Auteur infecte la ſociété de ſes mauvais écrits, du moins il la dédommage en tâchant de prévenir contre ceux de M. R. Mais quand on lit le jugement ſevere qu’il porte du Contrat Social (ouvrage ſans doute très-condamnable) tandis que la plûpart des ſiens ne ſont qu’un tiſſu d’erreurs, n’eſt-on point tenté de le taxer d’avoir double poids, double meſure ? Il y auroit néanmoins quelque injuſtice dans l’accuſation : ſes erreurs ne ſont pas toutes marquées au même coin. L’ignorance, la mauvaiſe foi, l’irréligion ce ſont les trois points du diſcours que nous ferons, lorſque le tems nous le permettra, ſur le principe des erreurs de M. D. V.