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Idées républicaines, augmentées de remarques/8

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VIII.

Pourquoi eſt-il dans la nature de l’homme d’avoir plus d’horreur pour ceux qui nous ont ſubjugués par la fourberie, que pour ceux qui nous ont aſſervis par les armes ? C’eſt que du moins il y a eu du courage dans les tirans qui ont dompté les hommes ; il n’y a eu que de la lâcheté dans ceux qui les ont trompés. On hait la valeur des Conquérants, mais on l’eſtime ; on hait la fourberie, & on la mépriſe. La haine jointe au mépris, fait ſecouer tous les jougs poſſibles.

VIII.

Ne pourrions-nous point demander à notre tour pourquoi il eſt dans la nature de l’honnete homme d’éprouver plus de mépris, plus d’indignation & d’horreur pour celui qui paſſe ſa vie à préparer dans ſon cabinet les moiens de répandre dans les cœurs le poiſon de l’impiété & du libertinage, que pour un malheureux qui vit de vols & de rapines ? C’eſt que du moins les pertes que cauſent les déſordres d’un brigand, ne ſont pas irréparables. D’ailleurs l’on ſait qu’une occaſion dangereuſe ſuffit à un mauvais penchant ; que quelquefois la néceſſité le force : le coupable en eſt la victime ; on le plaint, on déplore ſon ſort. Dans un Ecrivain jaloux d’occuper une des premieres places dans le Temple de la Philoſophie moderne, l’on découvre une ſotte confiance qui prétend abuſer de la crédulité du lecteur ; de là le mépris : une orgueilleuſe affectation de préſenter des ſiſtêmes impies, mal concertés, comme une nouvelle lumiere née pour le bonheur de l’humanité, de là l’indignation : une paſſion dominante pour anéantir ce que l’homme a de plus précieux, l’innocence & la vertu, la foi & la Religion, de là l’horreur ; & l’on finit par regarder cet auteur comme un fleau, comme la peſte du genre humain.