Identification anthropométrique, instructions signalétiques/9

La bibliothèque libre.

V.

Destination, lecture et entretien des instruments métalliques

Ces instruments sont au nombre de trois :

31. — 1° Un compas d’épaisseur (Pl. 2) en fer nickelé, avec arc de cercle généralement gradué du 12e au 22e centimètre, pour la mensuration des diamètres céphaliques. Nous l’appellerons abréviativement compas de tête ;

32. — 2° Un compas à glissière petit modèle (Pl. 3), gradué de 0 à 10 centimètres, dit compas d’oreille, pour la mensuration des deux diamètres de cet organe ;

33. — 3° Un compas à glissière grand modèle (Pl. 4), dit compas de pied, gradué de à 60 centimètres pour la mensuration du pied, des doigts médius et auriculaire et de la coudée.

34. — On apprendra, à l’aide des planches y relatives 2, 3 et 4, l’analyse et la désignation de leurs diverses parties composantes.

Théoriquement il aurait été possible de supprimer les compas de tête et d’oreille et de relever les diamètres de ces organes au moyen du compas à glissière grand modèle. Mais cette simplification aurait été contre-balancée par une diminution dans la précision des résultats. Des raisons de convenance s’opposaient d’ailleurs à ce que l’on eût recours au même outil pour mesurer alternativement la tête et le pied.

35. — Le point d’origine de la graduation de ces trois compas n’a pas été placé, comme il l’est d’habitude, contre le bord interne de la branche fixe, mais a été intentionnellement reculé de la moitié environ de l’épaisseur de la branche mobile.

36. — Les branches des instruments étant fermées, c’est-à dire appliquées l’une contre l’autre, le premier trait millimétrique de la graduation a été prolongé jusque sur la branche mobile, au milieu du verrou taillé en biseau. C’est ce trait ainsi repéré, que nous appelons index ou trait-zéro.

37. — Aussi la lecture des indications des instruments doit-elle être faite vis-à-vis ce trait. Exemple : le compas de tête représenté sur la planche 2 a un écartement de branches d’environ 14 centimètres 3 millimètres et non de 13 centimètres 3 millimètres, comme on pourrait être tenté de le lire à un premier examen. De même le compas d’oreille de la planche 3 a un écartement de 5.3 et non de 2.7 ; et celui de pied (Pl. 4) un écartement de 10.4 et non de 6.5.

38. — L’index de chaque instrument fermé doit donc se trouver pour les trois compas, précisément sur l’exacte prolongation du premier trait de la graduation. C’est là une condition de bon fonctionnement que l’agent anthropomètre doit vérifier chaque matin d’un coup d’œil, avant de se servir de ses instruments.

39. — Sur le compas de tête, la graduation millimétrique ne commençant (sur la plupart de ces compas), qu’à partir du 12e centimètre, le point de départ virtuel de celle-ci est indiqué par un trait isolé placé sur l’arc, à quelques millimètres de la branche gauche.

40. — Un autre moyen de vérification plus sûr mais plus long et qui peut servir en même temps d’exercice préliminaire, consiste à mesurer exactement et successivement une même tige rigide, rectangulaire et équarrie aux deux bouts, de 15 à 18 centimètres de longueur (comme, par exemple, un bout de règle en bois dur ou en métal, un crayon neuf non taillé, etc.) : 1° au moyen d’un instrument ordinaire (mètre ou double décimètre) ; 2° avec le compas de tête ; 3° avec le compas de pied.

41. — Ces exercices doivent être répétés jusqu’à ce que les résultats donnés séparément par chacun des trois outils soient identiquement les mêmes à un quart de millimètre près. Généralement c’est avec le compas à glissière que le but sera le plus promptement et le plus exactement obtenu.

42. — Une fois la longueur de cette tige bien établie, par centimètres, millimètres et fractions de millimètre, on en inscrira l’indication sur une de ses faces et on la gardera comme étalon de vérification. Qu’une chute, un heurt ou un long usage vienne à faire craindre que le jeu d’un instrument n’ait été faussé, il suffira de la remesurer pour savoir à quoi s’en tenir.

43. — Des trois outils, c’est le compas à arc le plus fragile, celui dont il faut vérifier l’exactitude le plus fréquemment. On se trouvera bien d’établir, dans ce but, un étalon de vérification à triple gradins qui permettra de contrôler rapidement la justesse des 13e, 17e et 21e centimètres, c’est-à-dire du commencement, du milieu et de la fin de la graduation.

44. — Entretien des compas. On préviendra l’envahissement de la rouille sur les branches nickelées du compas de tête en les frottant après chaque séance de mensuration avec un chiffon légèrement huilé.

45. — Les graduations sur cuivre des trois compas seront maintenues en état de propreté par des frictions avec une peau de chamois. On évitera de se servir de tripoli dont il est difficile de débarrasser entièrement les coulisses et les pas de vis et dont l’usage ne tarderait pas à estomper la graduation.

46. — Les ressorts de la coulisse du compas d’oreille doivent être bandés assez ferme pour ne se déplacer que sous la pression du doigt. Par contre, le jeu de la coulisse du compas de pied doit être entretenu dans un état suffisamment lâche que l’on reconnaît à ce que, si l’on place la tige graduée verticalement, la moindre secousse, venant en aide à la pesanteur, entraîne la descente de la branche mobile. Cette condition est indispensable à l’exactitude de la mensuration du pied (voir page 32, § 11). Lorsqu’elle ne peut être réalisée au moyen d’un nettoyage et d’un graissage, l’instrument doit être confié à un ajusteur pour qu’il en détende les ressorts intérieurs à l’aide d’un mandrin.

47. — Pour donner toute leur lisibilité aux traits et aux chiffres de graduation des instruments neufs, en remplir les creux avec de la cire noire fondue ou avec une couche de vernis noir pour métaux. Cette opération ne demandant à être renouvelée qu’à plusieurs années d’intervalle, on pourra se servir de papier émeri no 0 pour enlever l’excès de matière noire qui, en débordant les chiffres, gênerait le glissement régulier de la coulisse.