Identification anthropométrique, instructions signalétiques/8

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IV.

Destination et installation des instruments non métalliques et accessoires de mensuration

18. — Ces instruments et outils accessoires sont au nombre de six. On peut se les procurer facilement dans le commerce et, au besoin, les faire fabriquer sans avoir recours aux marchands spéciaux d’instruments anthropométriques.

Ce sont : 1° Une feuille de papier quadrillée[1] graduée par centimètres, à partir de 1 mètre jusqu’à 2 mètres, pour la mensuration de l’envergure ;

2° Un mètre rigide en bois de charme de 1 centimètre environ

d’épaisseur sur 3 de large, gradué par millimètres, à partir de 1 mètre jusqu’à 2 mètres, pour la mensuration de la taille ;

3° Un demi-mètre de même genre, gradué de m. 70 à 1 m. 20, pour la mensuration de la hauteur du buste ;

4° Une équerre spéciale en bois, pour concourir aux mensurations de la taille et du buste ;

5° Un double décimètre gradué, en buis, avec manche, pour le relevé exact des marques particulières et cicatrices ;

6° Une paire de ciseaux, en acier, à branches très fortes et à bout arrondi, pour rogner, en cas de besoin, l’ongle du gros orteil et des doigts médius et auriculaire.

19. — 1° Feuille de papier quadrillée (Pl. 1. Fig. E). On rencontre également dans le commerce, pour la mensuration de l’envergure, des feuilles en toile cirée dont les graduations et le numérotage tout imprimés ne commencent qu’à partir de 1 m. 30.

20. — Cette feuille, qu’elle soit de toile ou de papier, doit être fixée sur un pan de mur d’au moins 2 mètres de long au moyen de quelques clous à large tête.

Suivant le format de la feuille employée, la hauteur au-dessus du sol de la graduation horizontale supérieure variera de 1 m. 50 à 1 m. 65. Il est rare, en effet, que la hauteur des épaules d’un homme, même de grande taille, dépasse 1 m. 50.

21. — Le point capital, c’est que la distance horizontale entre l’extrémité du pan de mur (limitée par l’encoignure de la chambre ou par un tasseau spécial) et le premier trait de la graduation verticale soit rigoureusement égale au chiffre inscrit, c’est-à-dire, pour notre exemple (Pl. 1), à la longueur de 1 mètre (1 m. 30, quand il s’agit du modèle sur toile cirée).

22. — La graduation sur papier une fois fixée à la distance voulue et bien verticalement, sera protégée contre les causes de détérioration et surtout d’encrassement, par une vitre de même dimension, en verre double, tandis que le modèle sur toile cirée, susceptible d’être lavé à l’eau savonneuse, pourra être employé à nu.

23. — 2° Mètre entier en bois (Pl. 1, Fig. H). Le mètre pour la taille se fixe à la fois à 1 mètre (mesuré verticalement) au-dessus du sol et à 1 mètre mesuré horizontalement du point de départ de la graduation de l’envergure (indiqué par le tasseau spécial) à l’arête externe contiguë à la graduation pour envergure.

Disons en passant que cette dernière prescription, qui d’ailleurs n’est pas obligatoire, présente l’avantage, pour les recherches scientifiques, de permettre de mesurer au moyen de cette même graduation les envergures des enfants inférieures à 1 mètre. Il suffit pour cela de prendre comme point de départ la saillie de l’arête du mètre contiguë à la graduation de l’envergure, aux lieu et place du tasseau d’origine.

24. — 2° Demi-mètre (Pl. 1, Fig. B). Le demi-mètre, gradué spécialement de 0 m. 70 à 1 m. 20 pour la mensuration de la hauteur du buste, est placé d’après les mêmes principes, le trait initial de la graduation à 0 m. 70 au-dessus de l’escabeau spécial dont nous avons parlé précédemment.

25. — On peut, lorsque les dispositions de la pièce le permettent, se servir du demi-mètre à la fois comme graduation pour buste et comme tasseau d’origine pour envergure. C’est l’arrangement qui a été suivi sur la planche 1.

26. — Avant de fixer d’une façon définitive les trois graduations pour envergure, taille et buste disposées ainsi qu’il vient d’être dit, on s’assurera qu’aucune faute n’a été commise dans leur aménagement, en mesurant successivement avec ces différentes toises une même tige rigide de longueur connue, et en comparant les résultats obtenus.

C’est ainsi, par exemple, qu’un manche à balai de 1 m. 20 à 1 m. 50 de long sera mesuré (une fois débarrassé de sa brosse, bien entendu), en ayant soin d’inscrire les chiffres trouvés au fur et à mesure : 1° à l’aide d’un mètre ordinaire ; 2° au moyen de la toise pour taille ; et 3° avec la toise pour envergure, en butant pour cette dernière l’extrémité du manche contre le tasseau d’origine, point de départ de la graduation. Si la tige, tout en mesurant plus d’un mètre, avait moins de 1 m. 20, on pourra la remesurer une quatrième fois au moyen de la toise de buste. Mais généralement on devra avoir recours, pour cette dernière vérification, à une tige spéciale, plus petite, comme par exemple une canne ou un manche de parapluie, dont la longueur est d’environ 0 m. 90. On mesurera alors ce dernier : 1° avec le mètre ordinaire ; 2° avec la toise de buste ; et 3° avec la graduation horizontale pour envergure, mais en arrêtant cette fois l’extrémité contre l’arête du mètre de taille au lieu de la caler contre le tasseau d’origine.

27. — Toutes les longueurs, aussitôt inscrites que lues, ne devront être collationnées qu’une fois la série des mensurations indiquées ci-dessus complètement terminée. Elles devront, pour chaque tige employée, être identiques à 1 millimètre près. Les petites divergences de 1 à 2 millimètres imputables aux graduations seront corrigées facilement sans déplacer les vis et les tampons, en frappant à coups de marteau sur l’extrémité de la tige, dans le sens opposé à l’erreur.

28. — Mais le grand avantage de ces vérifications sera de faire sauter aux yeux les grosses fautes de lecture qui se glissent si aisément durant les travaux d’installation, notamment en ce qui concerne la toise d’envergure. C’est ainsi qu’il nous est arrivé dans notre pratique anthropométrique de rencontrer des jeux de toises qui semblaient posées avec la plus grande précision, mais où, par suite d’une confusion de chiffre, la même tige rigide mesurait 1 m. 45.8 avec la toise détaille et seulement 1 m. 35.8 avec la toise horizontale pour envergure : le millimètre était juste, l’erreur ne portait que sur le chiffre des dizaines de centimètres !

29. — 4° Équerre spéciale (Pl. 1, Fig. Q). Cette équerre présente à son bord antéro-inférieur un chantournement dans le but d’en rendre le maniement plus facile à la main et de forcer l’opérateur à ne s’en servir que dans le sens où elle est représentée sur le dessin de la planche 1, à savoir, la face de 20 sur 25 verticalement et celle de 22 horizontalement. Aussi cette dernière surface est-elle la seule que le contact des cheveux puisse salir, et la seule, par conséquent, qui exige des soins particuliers de propreté.

30. — 5° Décimètre et 6° Ciseaux. Rien à dire du double décimètre et de la paire de ciseaux à bouts ronds, sinon que leur emploi est indispensable, qu’ils doivent figurer dans toute trousse anthropométrique complète et que l’opérateur doit s’en munir au début de chaque séance et non pas attendre que le besoin s’en fasse sentir pour aller les chercher dans une pièce voisine.

  1. On trouve chez tous les papetiers (et notamment chez Lepage, éditeur à Paris) des feuilles de papier d’un mètre de long, quadrillées en bleu, de millimètre en millimètre. Les traits qui séparent les centimètres sont un peu plus forts, et ceux des décimètres encore plus accentués.

    Une feuille de ce genre numérotée à la main, ou mieux au moyen de caractères à jour, fait parfaitement l’affaire. Pour rendre les traits centimétriques plus visibles, les recouvrir d’un trait noir assez fin, dont on doublera l’épaisseur à chaque cinquième centimètre. Un trait de force bordé de deux filets séparera les dizaines de centimètres.