Ingres d’après une correspondance inédite/LXIX

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LXIX
12 mars 1852.
À Pauline Gilibert,

Un catarrhe, qui depuis quinze jours me retient dans ma chambre et que le froid rend difficile à guérir, m’a empêché jusqu’à aujourd’hui de te donner signe de vie. Les affaires et les tracas de la vie m’assiègent toujours. Il serait même possible que cette vie changeât d’aspect, sous peu. Je suis trop seul et je ne puis m’habituer à cette solitude.

Mais je t’en entretiendrai plus tard.

Fais-moi le plaisir de me rappeler au souvenir aimable de M. Combes et, en même temps, prie-le pour moi d’exprimer la pensée bien arrêtée de ne rien changer à la disposition et au caractère de décoration (sauf le nettoyage) de la salle qu’on m’a destinée à l’Hôtel-de-Ville.

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Dans ma dernière, je te faisais pressentir un changement d’état. Depuis, les journaux, (puisqu’enfin il faut les subir), vous ont appris que j’allais me marier avec Mlle Ramel, ce qui est très vrai et ce que j’aurais voulu t’apprendre personnellement, à toi qui t’intéresses avec ta sollicitude de bonne petite amie à l’ami de ton père. Mais ce que les journaux n’ont pu te dire, c’est que j’épouse la personne la plus digne, la plus aimable, la plus distinguée, qui veut bien se trouver heureuse de porter mon nom. Elle est parente de Marcotte, dont tu as souvent entendu parler, comme mon excellent ami. Et voilà ! ce mariage va se faire dans le courant de ce mois. Mon état d’isolement, depuis la mort de ma pauvre femme, me rendait la vie insupportable. Mes amis m’ont fort engagé à prendre ce parti, surtout à cause du mérite de cette personne que j’ai su apprécier depuis longtemps. Elle n’est ni âgée ni jeune et plutôt très bien. J’espère qu’un jour, je pourrai lui faire connaître ma chère fillette et je suis persuadé que tu l’aimeras facilement.