Initiation musicale (Widor)/ch09

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Librairie Hachette (p. 44-45).


CHAPITRE IX

INSTRUMENTS À CORDES PINCÉES

DANS L’ANTIQUITÉ. ║ LA HARPE.



Dans l’antiquité. ↔ Après la lyre et la cythare grecques, après la harpe égyptienne, le plus ancien est le luth, sorte de guitare à quatre cordes et à dos arrondi. Perfectionné, porté à douze, voire même à seize cordes, il changea de nom et devint le Théorbe, en honneur jusqu’au XVIIe siècle. Et alors, c’est la revanche de l’antique instrument que peintres et sculpteurs reproduisent depuis que le monde est monde ; la Harpe fait oublier luths et théorbes.

La harpe. ↔ Depuis Sésostris jusqu’au XVIIIe siècle elle avait subi peu de modifications ; on chercha : il s’agissait de compléter son échelle, de lui permettre la gamme chromatique et de lui donner les moyens de moduler. On imagina des pédales actionnant les cordes et les faisant monter d’un ton ou d’un demi-ton. En 1770, on construisait déjà des harpes ayant trente-six cordes et plusieurs pédales. Toutefois l’instrument restait défectueux et insociable, quand un mécanicien de génie, Sébastien Érard, lui donna les ressources qui lui manquaient en inventant le double mouvement, c’est-à-dire le moyen, pour la même corde, de s’élever successivement de trois demi-tons ut, puis ut ♯, puis . C’est la harpe actuelle de six octaves et d’une quinte (quarante-sept cordes) :


\language "italiano"
\relative do, {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef bass 
  \ottava #-1 \set Staff.ottavation = #"8"   dob,1( dob')^1  \ottava #0 dob( do')^2 do(_3 dob') 
  \clef treble dob(_4  dob') dob(_5 dob') \ottava #+1 \set Staff.ottavation = #"8" dob(_5 do')_( solb')
  \bar "|"
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  indent = 0
  line-width = #120
}
(avec tous les intervalles diatoniques).

Ces quarante-sept cordes équivalent donc aux cent quarante et une cordes que devrait avoir une harpe sans pédales.

Il y a loin de cette harpe si ingénieusement machinée à celles que nous voyons, au Louvre, exhumées des tombeaux égyptiens.

On a cherché à augmenter la sonorité de la Harpe en diminuant le nombre des cordes et en augmentant celui des pédales. Excellent résultat, mais excessive difficulté pour l’exécutant.

Inversement, on a multiplié les cordes et supprimé les pédales. Naturellement le son diminua en proportion de la naïve multiplication. Cette harpe qui n’arpégeait pas, ne gammait pas, restait sans utilité pour nos orchestres.