Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique/Tome 1/Chapitre V

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CHAPITRE V


Nous réunirons dans ce chapitre des faits relatifs à des pays très-différents, mais qui dans chacun d’eux ne sont ni assez nombreux ni l’objet de travaux assez considérables pour motiver des chapitres particuliers.


§ 1. Espagne.


Il y a près d’un siècle et demi que Scheuchzer, dont nous avons parlé comme d’un des naturalistes suisses les plus instruits, faisant une sorte de revue générale des travaux publiés dans divers pays sur l’histoire naturelle, remarquait l’absence presque complète en Espagne d’écrivains qui se soient occupés de botanique, de zoologie ou des corps inorganiques. Si les nations germaniques, dit-il, pèchent à cet égard par l’excès et par un besoin immodéré d’écrire et de publier, l’Espagne se fait distinguer de tous les autres pays civilisés par le défaut contraire[1] ; Ce jugement porté alors par un travailleur infatigable et dévoué à la science pourrait être encore vrai aujourd’hui, car, si la civilisation a marché, le caractère, les goûts, les aptitudes et l’esprit des peuples se maintiennent à peu près dans les mêmes rapports, subordonnés qu’ils sont aux influences des conditions physiques qui les entourent et à celles de certains principes qui ne permettent le progrès que dans des directions données, les autres y restant forcément étrangères. Nous ne connaissons, en effet, rien qui soit antérieur à cette remarque de Scheuchzer ; Bourguet[2] indique seulement des fossiles dans les montagnes qui sont près de Barcelone, et les quelques débris organiques (Astéries, baguettes de Cidaris Nummulites, Cyclolites) mentionnés et figurés par P. Barrère[3], comme provenant de la Catalogne, ne l’ont été qu’en 1746.

Quelques années après le père F. Jos. Torrubia a publié son ouvrage sur l’histoire naturelle de l’Espagne[4], dont le premier volume renferme plusieurs dissertations de physique, comme on disait alors, et particulièrement sur le déluge. Cet ouvrage contient 14 planches, représentant des fossiles de divers terrains et provenant de diverses localités. Après avoir reproduit le tableau de Bourguet dont nous venons de parler, l’auteur traite des fossiles et figure des dents de Squales, des Ammonites, des Nautiles, des Térébratules, des ostracées, des échinides de stellérides crétacés et jurassiques, puis un trilobite et deux crustacés de la Chine ou des îles Moluques. Il disserte longuement sur les Cunnolites (Cyclolites) signalés par Barrère et provenant de Coustouges, près Saint-Laurent-de-Cerdans, et il s’attache à démontrer que les pétrifications observées en Espagne sont de véritables corps marins. Il traite de celles des environs de Teruel, et donne, sous le titre de Gigantologia espanola, une dissertation fort étendue où se trouvent rapportés tous les documents relatifs à une prétendue race de géants qui aurait existé à la fois dans l’ancien et le nouveau monde. Tous ces faits, comme on le conçoit, se rapportent à des débris d’Éléphants ou d’autres grands mammifères fréquents en Amérique aussi bien qu’en Europe, et sous ce rapport le travail de l’auteur espagnol n’est pas sans utilité, car on y trouve beaucoup de renseignements qui, bien interprétés, peuvent être encore employés aujourd’hui.

Les causes et les effets présumés du déluge sont ensuite, comme chez la plupart des écrivains du temps, l’objet de réflexions de toutes sortes et en général aussi peu fondées les unes que les autres ; c’était un thème à d’inépuisables variantes pour les naturalistes d’alors, et pour un jésuite plus encore que pour tout autre. La plupart des fossiles représentés sont reconnaissables, et nous avons pu y distinguer la Terebratula decorata ou tetraedra, le Spirifer rostratus, la Modiolu plicata, l’Isocardia excentrica, la Lima proboscidea, les Terebratula globata, impressa, perovalis ou biplicata et resupinata, provenant de Molina, d’Anchuela et d’autres localités où les couches jurassiques ont été constatées depuis.

D. Guillermo Bowles, dans son introduction à l’histoire et à la géographie physique de l’Espagne[5], a signalé les Nummulites des environs d’Alicante, des Térébratules, des Bélemnites, des Huîtres et d’autres fossiles dans le voisinage de Molina. Il a traité de la lithologie générale de beaucoup de provinces, des volcans du royaume de Murcie et de la Catalogne ; il s’est occupé plus particulièrement des diverses pierres de la province de Ségovie, a donné de bons détails sur les salines de Mingranilla, sur la disposition des amas ou bancs de gypse, sur la mine de sel de Cardone, sur les gypses de Valtiera, les brèches osseuses des environs de Teruel (village de Concud) ; mais on n’aperçoit nulle part l’idée de succession dans les couches qu’il a observées. Il croit que les cailloux arrondis du lit des rivières n’ont pas été roulés par leurs eaux. De son côté, A. J. Cavanilles[6], quoique plus botaniste que géologue et zoologiste, n’a pas laissé que de décrire avec beaucoup de soin les caractères orographiques, stratigraphiques et pétrographiques de l’ancien royaume de Valence. Il a bien observé, dans chaque localité, la position des couches, et il a donné de nombreux dessins qui représentent les formes et l’aspect particulier du pays. C’est un exemple qu’on regrette de ne pas voir plus suivi de nos jours.

L’auteur signale des Térébratules, des cornes d’Ammon ferrugineuses et diverses bivalves aux environs de Morella, de nombreux fossiles indéterminés dans les montagnes de Cervera, particulièrement dans les calcaires-marbre de celles d’Arès, et il conclut que la disposition des couches ainsi que leurs divers caractères ne permettent pas d’attribuer leur formation au déluge universel, qui n’aurait pu les déposer de la sorte. Les coquilles qu’on y trouve, ajoute-t-il, prouvent en outre qu’elles ont été déposées tranquillement au fond de la mer. Les Huîtres abondent surtout avec d’autres bivalves entre les montagnes de Vistabella et de Villafranca, dans la colline de Cullera, sur le bord de la mer, dans celles de Valldigna, d’Ayora, dans la Muela, au nord-est d’Aros, et. des empreintes de poissons se montrent dans les calcaires des environs de Pego. Autour de Xixona sont signalés des Huîtres, des Nummulites et des échinides (Conoclypus), de même qu’à Penaguila. L’auteur a fait représenter (vol. II, p. 296) un Conoclypus, des Nummulites, l’Exogyra flabellata et une Orbitolina de la formation crétacée.

Enfin, vers les dernières années du siècle, Bosc, dans un voyage exécuté à travers les royaumes de Galice, de Léon, de la Vieille-Castille et de la Biscaye[7], rapporte qu’avant d’arriver à Palencia, on longe des montagnes de pierre à plâtre parfaitement semblables à celles des environs de Paris, si ce n’est que les cristaux spéculaires se trouvent également répartis dans les bancs supérieurs et inférieurs de la marne qui lui est superposée.

« J’ai vu en place, sous la citadelle de Burgos, dit le naturaliste français (p. 486), la pierre calcaire qui a servi aux constructions de la ville ; c’est la même que celle de Palencia. Elle y forme des bancs de 6 ou 7 mètres d’épaisseur, séparés par de l’argile marneuse. Le banc inférieur repose sur une couche d’argile de même nature, mais dont l’épaisseur m’est inconnue. Je n’ai pu m’assurer si la base de la colline est gypseuse, mais cela est très-possible, d’après des considérations prises de l’ensemble des montagnes environnantes. Cette espèce de pierre est composée à parties presque égales de calcaire, de quartz et d’argile. Les coquilles qu’on y trouve paraissent être fluviatiles. Quelquefois la roche est aussi poreuse que la pierre meulière et ne se taille qu’en s’écaillant sphéroïdement. »

De même que dans l’est de l’Europe, ce sont des géologues et des paléontologistes anglais et surtout français qui, dans ces derniers temps, ont introduit en Espagne et y ont appliqué les connaissances de la science moderne.


§ 2. Amérique du Nord.


Géologie.


La géologie et la paléontologie de l’Amérique du Nord, comme tout ce qui tient aux nouvelles populations de ce pays, qui se sont substituées aux anciennes, ne nous offrent point ce long et pénible enfantement dont nous avons déjà retracé en partie le tableau en Europe. L’étude stratigraphique du sol y a commencé tard, mais elle y a atteint presque du premier coup le degré d’avancement pour lequel il avait fallu plusieurs siècles de ce côté de l’Atlantique. On devait en effet y profiter de l’expérience de l’ancien monde sans passer par les tâtonnements les incertitudes et les erreurs d’une science qui cherche s a voie dans l’obscurité.

Cependant l’Amérique du Nord eut aussi sa période de pétrographie et de minéralogie géographique avant celle de la géologie stratigraphique. Ainsi Guettard, qui avait déjà appliqué à la France et à l’Angleterre ses idées sur la distribution de bandes sablonneuse, marneuse et schisteuse ou métallifère à la surface du sol, a publié, en 1752, un mémoire dans lequel il compare le Canada à la Suisse, par rapport à ses minéraux[8]. Ce travail, fait avec des échantillons et des renseignements qui lui avaient été fournis par des personnes instruites du pays, est accompagné d’une carte qui s’étend depuis les Florides jusqu’au 60° latitude N., et sur laquelle sont indiquées, au moyen de 37 signes conventionnels, toutes les localités où étaient connues les espèces de roches et de substances minérales entre l’Atlantique et les Montagnes-Rocheuses.

Une zone ombrée, désignée sous le nom de bande marneuse, suit les contours d’une partie du golfe du Mexique, remonte au N.-E. jusqu’à l’île Royale d’une part, et se dirige de l’autre au N. vers Québec. Jusqu’à l’embouchure de l’Hudson et une partie de la vallée du Connecticut, on peut dire que cette bande représente les dépôts secondaires, tertiaires et quaternaires ; mais au delà elle comprend tout le terrain de transition de New-York, du Massachusetts, du Maine, jusqu’à la rive droite du Saint-Laurent, qu’elle dépasse même entre Québec et le lac Saint-Pierre. Ce qui est au delà de cette zone appartiendrait à la bande schisteuse et métallifère de l’auteur, et sa bande sablonneuse se trouverait en avant ou à l’est de la bande marneuse et au-dessous du niveau de la mer. Sur une portion de carte à une plus grande échelle, comprenant les rives du Saint-Laurent, depuis la Malbaye jusqu’à Montréal, on voit indiquée la présence des fossiles dans sept ou huit localités différentes.

P. 349, Guettard fait remarquer à ce sujet qu’il serait curieux de bien caractériser ces diverses coquilles, afin de déterminer si elles sont semblables à celles de l’Europe. Il cite, dans une roche, brun noirâtre, calcarifère, à grain fin, des bords du lac-Champlain, une coquille désignée alors sous le nom de Poulette, ce qui est, d’après la figure (pl. 4, fig. 2), probablement une valve bombée d’Orthis. Il en signale d’autres dans une roche de la pointe aux Trembles, au nord de Montréal, et, à l’île Royale ; des empreintes de fougères, qui ne différeraient pas beaucoup de celles de notre continent.

Il représente (pl. 3 et 4) une grosse dent fossile, bien dessinée, mais dont il ne connaît pas l’animal. Suivant M. Gautier, médecin fort instruit de Québec, qui lui avait fourni beaucoup de renseignements pour son travail, elle provenait d’une localité bien connue qu’il ne nomme pas, mais qui est marquée sur les cartes du Canada par le nom de : canton où l’on trouve des os d’Eléphant. « Tous ceux qui ont été dans cet endroit rapportent qu’on y voit des squelettes ou ossements de ces animaux, et que les squelettes sont presque complets ; on ne se charge que des dents, parce que ce sont les seules pièces que l’on puisse transporter aisément, les autres os étant trop considérables. Ces débris de grands animaux sont dans une gorge resserrée entre deux montagnes, et enfouis dans un sol marécageux et argileux de diverses couleurs. » Nous reviendrons plus loin sur la dent figurée par Guettard.

Il donne aussi (pl. 3, fig. 3) le dessin d’un fossile, qu’il croit être une empreinte de papillon, sur une ardoise brun rougeâtre des environs du lac Champlain. Après l’avoir décrit fort en détail, il ajoute : « Enfin il n’est pas possible de se tromper sur la nature de cet animal ; on peut même déterminer qu’il est de ceux qui ne volent que la nuit, » etc. Or il est facile aujourd’hui de reconnaître, dans les deux empreintes de lépidoptère nocturne de Guettard, celles d’un Leptæna voisin du L. sericea, accompagné d’articulations de crinoïdes que, d’ailleurs, il avait bien déterminées lui-même pour être des Entroques[9]. Depuis lors, T. Jefferson, A. Seybert, élève de Werner, Godon [10], géologue français, le colonel Gibbs, élève de l’École des mines de Paris, A. Bruce, P. Cleaveland, B. Sillimann, observateurs qui ne remontent guère qu’au commencement de ce siècle, ont publié quelques faits de détail, mais peu importants [11]. L’essai que donna W. Maclure en 1809, intitulé : Observations sur la géologie des États-Unis et explication d’une carte géologique de ce pays[12], a été le premier travail général de quelque valeur qui fut au niveau de la science en Europe.

W. Maclure, le père de la géologie américaine, était né à Ayr, en Écosse, en 1765. Après avoir fait fortune en peu de temps dans le commerce avec les États-Unis, il s’adonna aux sciences, parcourut l’Europe, étudia la géologie à l’école de Werner, séjourna plusieurs années à Paris, puis retourna en Amérique, où, à partir de 1806, il chercha à appliquer à sa nouvelle patrie les principes qu’il avait puisés dans ses voyages. Il mourut à Mexico en 1840, à l’âge de 77 ans.

En 1809, il publia, dans les Transactions de la Société philosophique américaine de Philadelphie, le mémoire que nous venons de rappeler, et qui fut traduit en français dans le vol. LXIX du Journal de physique et de chimie de la Métherie, avec une lettre explicative adressée par l’auteur à ce dernier savant. Maclure devait, on le conçoit, suivre la classification de Werner, qui distinguait, comme on l’a vu, les roches en primitives, de transition, secondaires et alluviales. Ce système lui semble être le plus avantageux, d’abord parce que c’est celui, dit-il, dont l’application est la plus générale et la plus facile, et ensuite parce que la nature et la position relative des substances minérales aux États-Unis, là où elles sont développées sur la plus grande surface qu’on ait encore examinée, prouvent l’exactitude du système sur les rapports des différentes séries de roches.

A l’est de l’Hudson, les roches primitives dominent dans les montagnes et les terres basses, diminuant graduellement lorsqu’on s’avance vers le S. Elles sont limitées du côté de la mer par de vastes dépôts d’alluvion, et de l’autre servent de base aux dépôts de transition et secondaires qui constituent à l’ouest les montagnes de l’intérieur du continent. Au sud de la Delaware, les roches primitives se montrent d’abord après la formation alluviale océanique, constituant le gradin inférieur de cette rampe qui s’élève successivement, à travers les diverses formations, jusqu’au sommet des Alleghanys.

A l’est de l’État de New-York, la stratification affecte une direction presque N., S., et le plongement est généralement à l’E. ou vers les Montagnes-Blanches, les plus hautes du pays. Dans l’État de New-York même, ainsi qu’au sud et à l’ouest, les couches courent presque N.-E., S.-O., et plongent encore généralement à l’E. Toutes les rivières à l’orient de la Delaware coulent presque du N. au S. ou dans le sens de la stratification, tandis que celles qui sont au sud se dirigent du S.-E. au N.-O.

Dans la plus grande partie des États de l’est et du nord, la mer baigne le pied des roches primitives. À Long-Island commence la formation alluviale dont la largeur s’accroît à mesure qu’on s’avance vers le S., où elle constitue presque les deux Carolines, la Géorgie, les Florides et la basse Louisiane. Le voisinage du Gulf-stream paraît à l’auteur avoir pu contribuer à la formation de ces dépôts. Il fait remarquer ensuite l’identité ou la ressemblance des roches prises à des distances considérables dans le sens de la stratification ; tels sont les calcaires primitifs et des couches de minerai de fer magnétique que l’on peut suivre sur plus de 300 milles de long. Il en est de même pour les roches de transition et secondaires. Telle est la Chaîne-Bleue depuis l’Hudson jusqu’à la rivière Don, dont les roches sont partout semblables et comprises dans la même formation.

Aucun produit volcanique n’a été rencontré à l’est du Mississipi, ce qui n’est pas un des caractères les moins frappants des différences que présente la géologie des États-Unis avec celle de l’Europe, et ce qui fait aussi que le système de Werner s’accorde si bien avec les caractères généraux de cette partie du nouveau continent.

Maclure donne ensuite des détails plus circonstanciés sur la distribution géographique et la composition de chaque système de roches ou terrain ; mais, pour compléter ici l’ensemble de ses vues, nous emprunterons à la lettre qu’il adressait à de la Métherie, en même temps que son mémoire, les passages suivants, qui feront mieux ressortir encore la justesse de son coup d’œil à beaucoup d’égards.

«… Depuis le Saint-Laurent et les lacs jusqu’au flux et reflux de la mer, tout le terrain est de formation primitive ; car, sur ce continent comme sur celui d’Europe, les roches primitives occupent la plus grande partie des régions septentrionales.

« La variété confuse et fatigante des diverses roches, dans presque toutes les parties de l’Europe où j’ai eu l’occasion de les examiner, lasse la patience et met en défaut toutes conjectures ; au lieu que sur ce continent-ci on peut raisonner à priori et conclure, sans grand risque de se tromper, qu’en tel et tel lieu telles et telles roches se trouveront.

« Il me paraît que, par l’arrangement des substances sur ce continent, elles ont toutes les caractères qui prouvent qu’elles sont des dépôts formés originairement par les eaux dans un état de repos, et que les eaux courantes ni aucun autre agent actif, tels que le feu ou l’air sous la forme de volcans ou de tremblements de terre, n’ont jusqu’à présent changé ni dérangé matériellement l’ordre de cette déposition tranquille.

« Nos rivières, quoique leurs sources ne soient pas si éloignées que celles d’Europe, sont remplies de chutes ou cataractes jusqu’aux bords mêmes de l’Océan, et ne paraissent pas avoir eu un cours suffisamment long pour s’être formé des lits. Nos montagnes, conséquemment, ne présentent pas ces précipices escarpés, si communs aux élévations européennes. Nous n’y trouvons pas non plus autant de profondes et étroites, vallées formées par les torrents…

« Quoique nous ayons d’immenses étendues de houille ou charbon de terre derrière notre calcaire secondaire, et qui occupent quelques-unes de nos landes calcaires, dont beaucoup approchent, si elles ne sont pas entièrement semblables à ce que Werner nomme la formation de houille indépendante, néanmoins aucune des roches, d’une origine douteuse, décrites par Werner comme se trouvant dans cette formation, n’a été trouvée dans les formations de houille des États-Unis. Point de grunstein (cornéenne), comme il la nomme, avec l’augite et l’olivine ; point d’amygdaloïde ni de porphyre argileux (Thon-porphyr), dont l’origine cause l’une des grandes disputes entre les neptuniens et les vulcanistes.

« Toute cette série de roches décrites par Werner, sous la dénomination de la dernière formation trappéenne (Flœtz-trapp), manque dans ce pays ; pas un morceau de vrai basalte n’a été trouvé en deçà du Mississipi, ni même à plusieurs centaines de milles à l’ouest de cette rivière. Nous n’avons donc point de ces roches, dont la formation occasionne la dispute entre les neptuniens et les plutoniens, par conséquent rien, d’après les opinions des uns et des autres, d’origine volcanique. Quelques morceaux de scories et de lave poreuse ont été apportés des montagnes qui divisent les eaux du Mississipi et ces rivières qui se versent dans la mer Pacifique. On a trouvé de la pierre pouce près la source du Mississipi. Il est probable que cette partie de cette grande chaîne est volcanique, et il n’est pas sans vraisemblance que ces montagnes soient une continuation de celles du Mexique et des chaînes de l’Amérique méridionale.

« À l’ouest des monts Alleghanys, le grand bassin du Mississipi est secondaire (alluvial) d’alluvion[13], et la chaîne de montagnes qui sépare les eaux du Mississipi d’avec les rivières sur l’Atlantique est principalement composée de calcaire secondaire avec coquillages. »

Si, après avoir reproduit une partie du mémoire et de la lettre de Maclure, nous en cherchons l’application sur la carte des États-Unis de l’Amérique du Nord, insérée dans le vol. LXXII. du Journal de physique[14], nous y reconnaîtrons ce qui suit.

Les roches primitives indiquées depuis l’État du Maine jusqu’en Alabama, presque d’une manière continue, formant une bande plus ou moins large dirigée N.-E., S.-O., correspondent en général aux diverses roches cristallines, éruptives, schisteuses ou métamorphiques de nos classifications actuelles. Les roches de transition qui constituent une bande étroite, non interrompue, dirigée de même, depuis les environs d’Albany jusqu’au pays des Choctaws (Alabama), présentent encore quelques lambeaux détachés dans le Massachusetts, entre Boston et Newport, puis une bande étroite, discontinue, presque parallèle à la précédente, au nord-ouest de Philadelphie et de Baltimore, s’en détachant ensuite pour se diriger au S.-O. dans la Caroline du Nord.

Les roches secondaires de l’auteur, qui occupent la presque totalité du bassin oriental du Mississipi, ou l’espace compris entre la rive gauche du fleuve et les Alleghanys, appartiennent, au contraire, aux roches de transition actuelles, y compris la formation de charbon, ou terrain houiller, regardée comme secondaire par l’école de Werner. Une bande secondaire, située à l’est, comprend les grès rouges et les poudingues de la vallée du Connecticut jusqu’à Newhaven, se prolonge depuis la rive droite de l’Hudson jusqu’au Bappahannock. De grandes assises de wacke et de grunstein recouvrent par places les pierres de sable, formant des monticules ou de longues crêtes. Dans la Virginie, près de ces mêmes grès, sont des dépôts de charbon dans des bassins que limitent les roches cristallines, mais dont les relations stratigraphiques sont encore incertaines pour l’auteur. Quant aux roches d’alluvion, qui bordent l’Atlantique depuis le Massachusetts jusqu’à la Nouvelle-Orléans, pour remonter ensuite sur la rive droite du Mississipi, elles représentent assez exactement les dépôts tertiaires et quaternaires de nos classifications, mais elles comprennent aussi certains dépôts crétacés plus anciens. Enfin, une bande laissée en blanc sur la carte accompagne la zone des roches de transition de Maclure, et la sépare de ses roches secondaires placées à l’ouest, et en partie des roches primitives du sud-est.

Ainsi, dès 1809, les États-Unis de l’Amérique du Nord possédaient une carte géologique générale, d’après la classification de Werner, et c’était le résultat des recherches d’un seul observateur mû par l’intérêt de la science et du pays. Aucun État de l’Europe n’était plus avancé. Dix ans plus tard, par le concours de nombreux travailleurs, l’Angleterre put présenter un travail beaucoup, plus complet ; mais la France ne vit paraître qu’en 1822 un petit Essai de carte géologique, qui n’était guère ni plus exact ni plus avancé que le travail de Maclure, lequel embrassait une surface trois fois plus grande. Ce dernier étendit ensuite ses recherches sur des points qu’il n’avait pas étudiés d’abord, et publia, en 1818, de nouvelles observations sur la géologie de ce pays, accompagnées de remarques sur l’effet probable que peut produire la décomposition des diverses sortes de roches sur la nature et la fertilité du sol[15].

Paléozoologie.

La connaissance des grands animaux fossiles de l’Amérique du Nord a précédé de longtemps et même de tout un siècle celle de ses terrains, et, ce qui est plus particulier, celle de leurs analogues dans l’ancien continent. Dès 1712, le docteur Mather [16] annonça que des os, de dimensions énormes, avaient été découverts en 1705 à Albany (New-York), non loin de l’Hudson. On les attribuait à une race éteinte de géants, c’est-à-dire toujours la même idée se reproduisant depuis l’antiquité.

En 1739, Longueil, officier français naviguant sur l’Ohio, trouva, sur le bord d’un marais, des os, des dents et des défenses provenant d’un grand animal. Ils furent rapportés à Paris et existent encore dans la collection du Muséum. Ce sont les premiers morceaux qui aient été vus en Europe, et ils étaient alors connus sous le nom de grand animal, d’Éléphant et de Mammouth de l’Ohio.

Daubenton rapporta le fémur et la défense à l’Éléphant et les dents à l’Hippopotame, car il ne supposait pas que ces diverses parties passent provenir du même animal. Des ossements semblables, recueillis dans le Canada et la Louisiane, avaient appartenu à un animal que les naturels du pays appelaient le père aux bœufs. Les dents à huit pointes déjà connues furent décrites, comme on vient de le dire, par Guettard en 1752, et le dessin qu’il donna d’une de celles qu’avait rapportées Longueil est la première qui ait été figurée (antè, p. 206).

En 1765, George Croghan[17] reconnut dans le Kentucky, sur les bords de l’Ohio, une grande quantité d’ossements semblables. « Nous avons passé la grande rivière de Miame, dit-il, et le soir nous sommes arrivés à l’endroit où l’on a trouvé des os d’Éléphants, éloigné d’environ quatre milles au sud-est de l’Ohio. Nous vîmes de nos yeux qu’il se trouve dans ce lieu une grande quantité d’ossements, les uns épars, les autres enterrés à 5 ou 6 pieds sous terre, que nous vîmes dans l’épaisseur du banc de terre qui borde cette espèce de route frayée par les bœufs sauvages qui se rendent dans cet endroit marécageux à certains temps de l’année. Nous trouvàmes là deux défenses de 6 pieds de longueur, que nous transportâmes avec d’autres os et des dents, et l’année suivante nous retournâmes au même endroit.

« Il y avait, à environ un mille et demi de l’Ohio, six squelettes monstrueux, enterrés debout, portant des défenses de 5 à 6 pieds de long, qui étaient de la forme et de la substance des défenses d’Éléphant ; elles avaient 30 pouces de circonférence à la racine ; elles allaient en s’amincissant jusqu’à la pointe ; mais on ne peut pas bien connaître comment elles étaient jointes à la mâchoire, parce qu’elles étaient brisées. Un fémur de ces animaux fut trouvé entier ; il pesait cent livres et avait 4 pieds et demi de long. Ces faits ont été confirmés par M. Greenwood, qui, ayant été sur les lieux, a vu les 6 squelettes dans le marais salé. Il a de plus trouvé, au même endroit, de grosses dents mâchelières, qui ne paraissent pas appartenir à l’Éléphant, mais plutôt à l’Hippopotame, et il a rapporté quelques-unes de ces dents à Londres, deux entre autres qui pesaient ensemble neuf livres un quart. »

Buffon reproduit quelques passages des lettres de Collison[18] sur ce sujet. « Les ossements d’Éléphants se trouvent sous une espèce de levée, ou plutôt sous la rive qui entoure et surmonte le marais, à 5 ou 6 pieds de hauteur ; on y voit un très-grand nombre d’os et de dents qui ont appartenu à quelques animaux d’une grosseur prodigieuse ; il y a des défenses qui ont près de 7 pieds de longueur et qui sont d’un très-bel ivoire ; on ne peut donc guère douter qu’elles n’aient appartenu à des Éléphants ; mais, ce qu’il y a de singulier, c’est que jusqu’ici on n’a trouvé parmi ces défenses aucune dent molaire ou mâchelière d’Éléphant, mais seulement un grand nombre de grosses dents dont chacune porte 5 ou 6 pointes mousses, lesquelles ne peuvent avoir appartenu qu’à quelque animal d’une énorme grandeur, et ces grosses dents carrées n’ont point de ressemblance aux mâchelières d’Éléphants, qui sont aplaties et quatre ou cinq fois aussi larges qu’épaisses ; en sorte que ces grosses dents molaires ne ressemblent aux dents d’aucun animal connu. »

Après ces citations, Buffon fait voir que ces dents à pointes mousses ne peuvent être non plus des dents d’Hippopotame, et il en donne des figures très-reconnaissables d’après les échantillons existant au Muséum, ainsi que d’une autre beaucoup plus grosse encore, pesant onze livres quatre onces, donnée par M. de Vergennes, comme provenant de la petite Tartarie. Après avoir rappelé que des dents semblables ont été rencontrées en Sibérie et au Canada aussi bien que celles d’Éléphants et d’Hippopotames, il ajoute (p. 75) : « On ne peut donc pas douter qu’indépendamment de l’Éléphant et de l’Hippopotame dont on trouve également les dépouilles dans les deux continents, il n’y eût encore un autre animal commun aux deux continents, d’une grandeur supérieure à celle même des plus grands Éléphants, car la forme carrée de ces énormes dents mâchelières prouve qu’elles étaient en nombre dans la mâchoire de l’animal, et, quand on n’y en supposerait que 6 ou même 4 de chaque côté, on peut juger de l’énormité d’une tête qui, aurait au moins 16 dents mâchelières pesant chacune dix ou douze livres. » Nous allons voir que ces dernières conclusions de Buffon étaient moins fondées que les premières.

Ces débris de mammifères pachydermes furent en Europe le sujet de nombreuses dissertations de la part des anatomistes jusqu’à Cuvier, qui, après une étude approfondie, leur assigna le nom générique de Mastodonte ou d’animal à dents mamelonnées, et désigna l’espèce des bords de l’Ohio sous le nom de M. giganteum. Ce fut sur des matériaux envoyés au Jardin des Plantes par le Président des États-Unis Jefferson que notre grand anatomiste fit son travail. Ces matériaux consistaient en 1 défense, 2 demi-mâchoires, 1 tibia, 1 radius, tarse et métatarse, des phalanges, des côtes et des vertèbres.

Les ossements se rencontrent généralement dans des endroits marécageux où sourdent des eaux salées qui attirent encore aujourd’hui les animaux, surtout les cerfs, et la localité d’où provenaient ceux envoyés en 1806 par M. Jefferson, qui est une des plus célèbres, est appelée Big-bone-Strick ou Greatbone-Lick. Elle est située dans le Kentucky, à 4 milles au sud-est de l’Ohio, presque vis-à-vis de la rivière Grande-Miame. Les os sont dans la vase noire d’un marais placé entre deux collines, à 1 m. 25 cent. de profondeur, et associés avec d’autres espèces[19]. On en trouve d’ailleurs de semblables dans toute l’Amérique du Nord[20].

Cuvier, après avoir révoqué en doute l’origine des dents tuberculeuses rapportées de Sibérie, disait-on, par l’abbé Chappe, celle qui avait été trouvée dans la petite Tartarie et celle figurée par Pallas, qui pourrait avoir appartenu à une autre espèce[21], mentionne la plupart des localités des États-Unis où des restes de Mastodonte avaient été signalés jusqu’à l’époque de ses premiers travaux, et il insiste particulièrement sur la découverte faite, en 1805, par l’évêque Madison, d’un gisement situé dans le bassin de l’Ohio, comté de Wythe (Virginie).

À 1m,80 au-dessous de la surface du sol, sur un banc calcaire, gisaient des os assez nombreux, « des dents pesant jusqu’à 17 livres ; mais, ce qui rend cette découverte unique parmi les autres, c’est qu’on recueillit, au milieu des os, une masse à demi broyée de petites branches, de graminées, de feuilles, parmi lesquelles on crut reconnaître surtout une espèce de roseau encore aujourd’hui commune en Virginie, et que le tout parut enveloppé dans une sorte de sac que l’on regarde comme l’estomac de l’animal ; en sorte qu’on ne douta point que ce ne fussent les matières mêmes dont cet individu s’était nourri. »

Des débris de ce grand Mastodonte ont été rencontrés sur une foule de points. Ainsi, outre ceux dont nous avons déjà parlé, nous citerons les bords de l’Hudson et de la Wallkill (New-York), où deux squelettes ont été découverts en 1801 ; puis Chester, près de Goshen, le comté d’Orange et celui de Rockland, la Pennsylvanie, le New-Jersey, les bords de la rivière York (Virginie), 6 milles à l’est de Williamsbourg, Wilmington, Mewburn (Caroline du Nord), la Caroline du Sud, à 15 milles de Charleston, point le plus méridional, à l’est des Alleghanys, où l’on en ait observé jusqu’alors. Mais ils se représentent dans la Louisiane, et l’on sait qu’ils s’étendent au nord jusqu’au 43e degré de latitude, sur les rives du lac Érié.

Partout ces ossements sont à une faible profondeur, non roulés, et, quelquefois, (le long de la rivière des Grands-Osages), les animaux étaient placés debout, comme s’ils avaient été simplement enfouis dans la vase. Ils sont fortement imprégnés de solutions ferrugineuses, et nulle part ne sont accompagnés de débris d’animaux marins.

Cuvier se livre ensuite à un examen approfondi des diverses parties du squelette, en commençant par les dents. Il fait voir, relativement à la succession de ces dernières, que, comme dans les Éléphants, elles n’ont jamais existé toutes ensemble. Elles se suivaient d’avant en arrière, de telle sorte qu’il n’y en avait pas plus de deux à la fois fonctionnant de chaque côté, et à la fin même il n’y en avait plus qu’une, comme dans l’Éléphant. Le nombre effectif des mâchelières, qui, dans la jeunesse, pouvait être de huit, n’était donc que de la moitié à la fin de la vie. Ce résultat diminue, par conséquent, beaucoup les dimensions que Buffon avait attribuées à ces animaux, en leur supposant seize dents semblables fonctionnant ensemble. Après avoir ensuite étudié les diverses parties de la tête, les défenses, les os du tronc, ceux des extrémités antérieures et postérieures, le célèbre anatomiste se résume comme il suit (p. 524) :

Le grand Mastodonte de l’Ohio était fort semblable à l’Éléphant par ses défenses et toute l’ostéologie, les mâchelières exceptées ; il avait très-probablement une trompe ; sa hauteur ne surpassait pas celle de l’Éléphant, mais il était un peu plus allongé, avait les membres plus épais et le ventre plus mince ; malgré ces ressemblances, le caractère particulier de ses molaires suffit pour en faire un genre distinct. Il se nourrissait à peu près comme l’Hippopotame et le Sanglier, choisissant de préférence les racines et les autres parties charnues des végétaux, ce qui devait l’attirer vers les terrains humides et marécageux. Il n’était conformé ni pour nager ni pour vivre longtemps dans l’eau, comme l’Hippopotame, et devait être un animal essentiellement terrestre. Ses ossements, beaucoup plus communs dans l’Amérique septentrionale que partout ailleurs, peut-être même exclusivement propres à ce pays, sont mieux conservés et plus frais qu’aucun des autres fossiles connus, et, cependant il n’existe aucune preuve qu’il y ait encore des Mastodontes vivants à la surface de la terre.

C’est avec les restes de cet animal, et surtout dans la localité de Bick-bone-Lick, déjà citée en Kentucky, que M. Clarke recueillit, en 1807, des restes d’Éléphant, dont le Président Jefferson envoya plusieurs échantillons au Muséum, entre autres trois mâcheliéres bien caractérisées. On en a rencontré de semblables et dans les mêmes conditions sur d’autres points des États-Unis, dans le comté de Wythe en Virginie (1818), dans la Louisiane, non loin de l’embouchure du Mississipi, dans le marais de Biggin (Caroline du Sud), le long d’un affluent de la Susquehannah, etc.[22]. M. R. Peale[23] n’a pas hésité à regarder cette espèce d’Éléphant comme identique avec celle de Sibérie et d’Europe, dont nous avons parlé et que nous verrons désignée sous le nom d’Elephas primigenius. Si, d’un autre côté, on se rappelle que des restes de ces grands pachydermes ont été observés sur la côte d’Amérique, au nord du détroit, de Bering, au delà du cercle polaire, par de Chamisso qui accompagnait Kotzbue, on comprendra qu’ils aient pu se répandre au sud jusque dans la région où on les trouve associés au Mastodonte. C’est, d’ailleurs, une association qui, jusqu’à présent, ne s’est pas encore rencontrée dans l’ancien continent, où tous les Mastodontes appartiennent à des dépôts antérieurs à la période quaternaire. Quand même l’espèce d’Éléphant, comme quelques personnes le pensent, ne serait pas la même de part et d’autre, la remarque n’en subsisterait pas moins, et les Mastodontes auraient vécu plus longtemps sur le nouveau continent que sur l’ancien.
Mégalonyx

Le 10 mars 1797, l’ancien Président des États-Unis, Jefferson, annonça à la Société philosophique de Philadelphie[24] qu’on avait découvert à 2 ou 3 pieds de profondeur, dans la caverne de Green-Briar, dans l’ouest de la Virginie, des ossements fossiles d’un animal inconnu. Washington lui en avait donné avis le 7 juillet de l’année précédente, et ces restes, réunis à d’autres qui lui furent communiqués, consistaient en un fragment d’os long (fémur ou humérus), un radius, un cubitus, trois ongles et d’autres os des extrémités.

En comparant ces os avec leurs analogues dans le Lion, Jefferson pensa qu’ils provenaient d’un grand carnassier, qu’il nomma Mégalonyx, à cause de la dimension de ses ongles. Il lui assigna une hauteur de 5 pieds, et le regarda comme ayant dû être un ennemi terrible pour son contemporain le Mastodonte.

Le professeur Wistar, qui décrivit ensuite ces os[25], remarqua qu’il devait, au contraire, exister une certaine analogie entre le pied du Mégalonyx et ceux des Paresseux actuels. Vers le même temps, Peale, fondateur du Muséum de Philadelphie, fit parvenir à G. Cuvier un moulage très-exact des os indiqués par Jefferson, et quelques autres matériaux recueillis dans la même caverne furent rapportés par Palisot de Beauvois.

Ce sont les caractères de la phalange onguéale qui ont surtout servi à rapprocher cet animal des édentés et à l’éloigner des carnassiers. Dans les premiers, en effet, l’articulation est disposée de manière que la flexion puisse se faire en dessous, et c’est l’inverse dans les Felis. Ce qui distingue les phalanges des Paresseux, des Fourmiliers et des Cabassous se retrouve ici, de même que la forme générale. En outre, l’inégalité des phalanges est encore un caractère qui éloignerait le Mégalonyx des Felis et des Paresseux, tandis qu’on l’observe chez les Cabassous et les Fourmiliers vivants.

Bien que l’on doive être habitué, lorsqu’on étudie les travaux d’ostéologie comparée de Cuvier, aux véritables tours de force qu’il accomplit avec sa méthode de la corrélation des parties, la reconstruction de la main du Mégalonyx avec quelques phalanges isolées est une merveille de sagacité. Il en déduit qu’elle a dû appartenir à un édenté, et l’examen du radius et du cubitus le conduit à la même conclusion. On sait que les dents des Ratons et celles des Paresseux sont de simples cylindres de substance osseuse enveloppée d’un étui de substance émailleuse ; la couronne, en s’usant, laisse un creux entouré d’un rebord saillant. Or, ces caractères se retrouvent encore dans les dents du Mégalonyx, dont la taille aurait été celle d’un grand Bœuf.
Mégatherium.

Enfin, un autre édenté gigantesque, dont nous traiterons lus en détail dans la section suivante, le Megatherinm, a vécu aussi, dans l’Amérique du Nord, avec les mammifères précédents. Le docteur Mitchill en a signalé des dents recueillies dans l’île de Skidaway, sur la côte de Géorgie, où W. Cowper a trouvé peu après, dans un marais, un assez grand nombre d’os de diverses parties du même squelette[26].

Tels sont à peu près les résultats principaux et encore peu nombreux des recherches géologiques et paléontologiques exécutées, jusque vers 1820, dans l’Amérique du Nord.
Les Antilles.

Dans son mémoire sur la géologie des Antilles, Cortès[27] décrit d’abord la Guadeloupe comme étant divisée en deux parties par la rivière Salée : l’une, la Guadeloupe proprement dite, entièrement volcanique, atteint 722 toises d’altitude, et présente 15 anciens cratères dont un, la Soufrière, manifeste encore quelque activité, l’autre partie de l’île, ou la Grande-Terre, n’atteint que 360 pieds au-dessus de la mer ; elle est exclusivement formée de matières calcaires coquillières. Les restes d’animaux qu’on y trouve proviennent d’êtres analogues à ceux qui peuplent encore les mers voisines, d’où l’auteur conclut que la mer a dû s’abaisser de 360 pieds. Ces dépôts sont recouverts d’une argile remplie de cristaux de quartz, de fer hématite globuleux et de fragments de lave roulés. À la Martinique, les pierres coquillières recouvrent les laves qui ont dû s’épancher sous l’eau.

Cortès divise les Antilles en quatre classes sous le rapport de leur constitution géologique.

La première classe comprend les îles composées en partie de matières dites primitives, et en partie volcaniques et calcaires. Ce sont les Grandes Antilles : la Trinité, Porto-Rico, Cuba, Saint-Dominique et la Jamaïque.

La seconde, les îles entièrement volcaniques : la Grenade, Saint-Vincent, Sainte-Lucie, la Martinique, la Dominique, les Saintes, la Guadeloupe proprement dite, Montserrat, Saint-Christophe, Saba.

La troisième classe, les îles entièrement calcaires : Marie-Galante, la Désirade, Curaçao, Bonaire, et en général les îles et les îlots peu élevés.

La quatrième, les îles en partie dues aux feux volcaniques et en partie aux substances calcaires organiques : Antigoa, Saint-Barthélemi, Saint-Martin, Saint-Thomas, etc.

L’auteur revient ensuite sur l’abaissement de la mer, qu’il suppose avoir été de beaucoup plus de 360 pieds. C’est à l’entassement successif des matières volcaniques que les îles doivent leur élévation actuelle jusqu’à 800 toises, qui est la limite des sommets volcaniques de l’archipel. Tous les volcans des Antilles brûlèrent alors en même temps et probablement ceux de l’Amérique méridionale entre les tropiques, et, si ceux de l’Amérique du Sud se trouvaient alors dans leur plus grande énergie, toute la zone torride devait présenter un embrasement général. Après cette époque, continue Cortès, la mer s’est retirée progressivement, laissant à découvert les îles calcaires, et le nouveau monde dut se trouver tel que nous le voyons. Cortès donne ensuite des détails particuliers sur les minéraux de la Guadeloupe et de la Martinique.


§ 3. Amérique méridionale.


Ce que l’on savait sur la géologie de l’Amérique centrale et méridionale, à l’époque où finit notre revue historique, se réduit à peu près aux recherches d’Alex. de Humboldt, exécutées soit. par lui seul, soit avec Bonpland, du mois de juin 1799 au mois de juin 1894.

À l’exception d’un Essai de passigraphie géognostique, accompagné de tables qui indiquent la stratification et le parallélisme dans les deux continents, essai destiné à l’Institut royal des mines de Mexico, et qui n’avait pas été l’objet d’une publication régulière, puis d’un mémoire inséré dans le Journal de physique[28], où de Humboldt donna aussi l’Esquisse d’un tableau de la géologie de l’Amérique méridionale, ce ne fut que dans un article du Dictionnaire des sciences naturelles, article imprimé séparément, en 1826, sous le, titre d’Essai géognostique sur le gisement des roches dans les deux hémisphères, que se trouvent rassemblés et coordonnés tous les matériaux relatifs à la géologie des immenses surfaces qu’il avait parcourues et observées. Mais ces matériaux étant disséminés et comme fondus au milieu de toutes les données acquises sur l’Europe, il serait assez difficile d’en extraire aujourd’hui ce qui concerne seulement l’Amérique. Dans son Voyage aux régions équinoxiales, comme dans son Essai politique sur la Nouvelle-Espagne, de Humboldt a aussi donné de précieuses indications pour les géologues venus après lui.

Afin qu’on puisse juger de la manière dont il entendait la géologie stratigraphique, nous emprunterons ce qui suit à son mémoire de 1801, écrit sur les lieux mêmes.

Après avoir exposé les caractères orographiques ou physiques de la Colombie, et, en particulier, de la province de Caracas et des chaînes côtières bordant le golfe du Mexique, il passe à l’examen de la direction et de l’inclinaison des strates. Il constate que la première est constamment N.-E., S.-O., et la seconde au N.-O. « Cette grande uniformité dans les deux mondes, continue-t-il, doit faire naître des réflexions sérieuses ; elle nous présente un grand fait géologique. Ainsi, les directions des couches ne sont pas celles des chaînes de montagnes, et les inclinaisons ne répondent pas nécessairement aux pentes de ces dernières. Il faut convenir que cette uniformité indique une cause très-ancienne, très-universelle, très-fondée, dans les premières attractions qui ont agité la matière, pour l’accumuler dans des sphéroïdes planétaires. Cette grande cause, ajoute-t-il, n’exclut pas l’influence des causes locales qui ont déterminé de petites portions de matière à s’arranger de telle ou telle manière, selon les lois de la cristallisation. De la Métherie a judicieusement indiqué ces phénomènes, cette influence d’une grande montagne comme noyau sur ses voisines plus petites, » etc. Ainsi, cette idée de cristallisation des montagnes, que nous avons vu de Saussure adopter d’abord, que nous verrons de la Métherie professer et développer, avait aussi gagné à ce moment l’illustre disciple de Werner.

« J’ai trouvé, dit-il plus loin (p. 48), une immense quantité de pétrifications dans un grès calcaire qui couvre les pentes nord et sud de la cote de Vénézuela, depuis la cime de Saint-Bernardin à los altos de Conoma jusqu’au Cerro de Méapiré où la pointe de Puria et la Trinité. Le même dépôt paraît se représenter à la Grande-Terre de la Guadeloupe. Un nombre prodigieux de coquilles marines et terrestres, de cellulaires, de corallines, de madrépores, d’astroïtes, sont agglutinés par le grès. Les coquilles sont à demi brisées. Des bancs entiers sont formés de ces débris presque réduits en poudre. Ces dépôts récents s’étendent jusqu’à 9 et 10 lieues de la côte. »

Plus rarement et occupant des positions différentes, on trouve des coquilles pétrifiées dans un calcaire plus solide. Ce sont des Anomies et des Térébratules accumulées par places et que l’on rencontre jusqu’à des altitudes de 800 toises. Les Ammonites et les Bélemnites n’ont été observées nulle part dans ce pays où de Humboldt décrit successivement (p. 51) les roches primitives (Urgebirge), les roches qui font le passage des primitives aux secondaires (Ubergang Formation, Wern.), et les roches secondaires (Flœtzgebirge). Ces formations secondaires, plus récentes que l’apparition des êtres organisés, se suivent dans leur ancienneté relative comme celles qui couvrent les plaines de l’Europe, et que nous avons vues énumérées dans le mémoire de de Buch, sur le comté de Glaz, que de Humboldt se plaît à rappeller ici.

Il annonce avoir reconnu deux formations de roches calcaires denses, une formation de gypse feuilleté et une autre mêlée avec de l’argile muriatifère et pétroléenne (le Salzthon), et l’argile schisteuse ; puis deux formations de grès, l’une plus ancienne, presque sans coquilles, à gros et à petits grains : c’est le grès des Llanos ; l’autre remplie de fossiles, très-récente et cependant, dit-il, passant à la roche dense.

De Humboldt représente comme il suit la charpente du globe dans l’Amérique méridionale, ou l’ancienneté relative des couches primitives et secondaires dans les deux cordillères de Vénézuela et de la Parime, et les deux grandes vallées de l’Orénoque et de l’Amazone.

Roches primitives Roches secondaires
Schistes porphyritiques (Porphyrschiefer) Grès rempli de coquilles du monde actuel.
Amygdaloïdes avec des leucites. Grès sans coquilles, conglomérat.
Trapp primitif avec olivine (Grunstein). Gypse grenu et feuilleté.
Ardoise mêlée de cornéenne (Übergag-Thonschiefer). Calcaire dense, pierre lydienne et pierre de corne.
Ardoise primitive avec des couches d’alun natif. Calcaire dense passant au feuilleté, filons de spath calcaire et argile bitumineuse.
Schiste micacé avec grenats et couches de plombagine schisteuse.
Granite feuilleté, gneiss avec des couches de calcaire primitif.
Granite en masse, mêlé souvent avec du jade et de la plombagine.

« Ce profil indique la manière dont les différentes formations sont superposées les unes sur les autres ; il indique leur âge et non la hauteur des montagnes. »

Si, maintenant, nous parcourons l’Essai géognostique sur le gisement des roches, nous verrons que ces recherches, faites par un homme aussi éminent, sont la meilleure preuve de l’insuffisance des principes de Werner, lorsqu’il s’agit de comparer les roches sédimentaires de deux continents ou de pays très-éloignés.

À quoi servent alors de simples superpositions et les caractères minéralogiques seuls ? à voir partout du zechstein, du calcaire alpin, du grès rouge, etc., expressions dont la valeur est d’autant moindre qu’on s’éloigne davantage du pays où elles ont été appliquées d’abord, et qui deviennent absolument nulles quand il s’agit de comparer les deux continents que sépare l’Atlantique. Ayant déjà eu occasion de rappeler cette partie des travaux de l’illustre savant prussien, nous n’y reviendrons point ici[29].

Ainsi, au point de vue où nous nous plaçons, l’Essai sur le gisement des roches dans les deux Hémisphères nous est d’une faible utilité, car la mention répétée çà et là de coquilles, de fossiles, ou d’autres dénominations aussi vagues, ne peut nous éclairer sur l’âge des couches qui les renferment. Mais il n’en est pas de même d’un travail fait avec les matériaux rapportés par ce grand voyageur, et dont la publication tardive (1839) nous servira de point de départ pour traiter de la paléontologie du continent méridional américain.
Paléozoologie.

Quant aux documents particuliers relatifs aux animaux fossiles déjà signalés sur divers points de cette vaste étendue de pays, ils ne laissent pas que d’être assez nombreux, et nous les énumérerons en commençant par ceux qui traitent des restes d’animaux invertébrés ; nous passerons ensuite à ceux des grands mammifères qui, depuis longtemps aussi, ont donné à quelques parties de l’Amérique du Sud une certaine célébrité.
Animaux invertébrés.

On lit, dans l’Histoire des navigations aux terres australes [30], qu’un voyageur anglais, nommé Narborough, vit, en 1670, au port Saint-Julien en Patagonie, un grand nombre d’Huitres fossiles. En 1745, les jésuites Cardiel et Quiroga remarquèrent, dans cette même partie de la Patagonie, que les pierres étaient presque entièrement composées d’Huitres pétrifiées [31].

Dans la Cordillère Bolivienne, vers le 20e latitude, Alonzo Barba[32] rencontra, sur le chemin de Potosi à Oronesta, des pierres remplies de coquilles de toutes les formes et de toutes les dimensions. En 1748, don Antonio de Ulloa[33] décrit, d’une manière très-détaillée, les fossiles qu’il a observés au sud du Chili, le long de la côte du Pacifique, de Talcaguano à la Conception, jusqu’à la distance de 5 lieues dans les terres. Ils constituent une couche de 4 à 6 mètres d’épaisseur, sans aucun mélange de sable ni de marne, et qui s’élève jusqu’à 100 mètres au-dessus de l’Océan. L’auteur regarde ces coquilles comme identiques avec celles qui vivent encore dans la mer voisine, et il en déduit la preuve du déluge-universel.

Plus au nord, lors de son second voyage en 1761, Ulloa visita les mines de mercure de Guanca-Velica, au Pérou, et y trouva, dans les roches qui avoisinent l’exploitation, des coquilles, et, entre autres, des Pecten, à une altitude de 4330 mètres, circonstance qui, comme nous le dirons, conduisit Buffon à une supposition complètement inadmissible[34]. Ulloa donne, d’ailleurs, les détails les plus circonstanciés sur le gisement de ces fossiles. Il fait observer que les coquilles trouvées dans le banc même qui renferme le mercure n’ont point leur test libre comme celles de la Conception, mais font corps avec la roche. La plupart sont des bivalves de 1 à 4 pouces de diamètre ; les plus petites sont convexes des deux côtés, les autres sont ce qu’on appelle des coquilles de pèlerins (Pecten). Il y en a d’autres planes et en spirale, qui ont 5 pouces de diamètre et une ligne d’épaisseur. Les pluies et les gelées altèrent les roches, les fossiles se détachent de la pierre et roulent dans les ravins avec des silex et des bois pétrifiés. Il conclut de ses diverses observations que, les deux valves des coquilles étant réunies, l’animal qui les a formées était vivant lorsqu’elles ont été enfouies ; que la roche ne devait pas être solide alors, mais semblable aux vases de la mer ; que le climat était plus doux que celui d’aujourd’hui à cette élévation, et que le sol ne devait pas être non plus au niveau qu’il occupe actuellement. Des révolutions différentes de celles dont nous sommes témoins ont dû porter ces fossiles sur ces hautes montagnes, et, par suite, le nouveau continent serait, en réalité, le plus ancien.

En 1787, Molina[35] signala le premier des fossiles dans la Cordillère du Chili, au sommet du Descabezado, puis dans le voisinage de la mer, près de Coquimbo. Dans les plaines qui environnent cette ville, on a découvert, dit-il, un marbre coquillier blanc, un peu grenu à une faible profondeur. Les coquilles sont plus ou moins entières, et lui donnent l’aspect d’une véritable lumachelle.

En 1806, Luis de la Cruz[36] rencontra aussi à l’est de la chaîne, entre Tilqui et Anquinco, des coquilles univalves et bivalves.

Dans la partie nord du continent, dans le Vénézuela et la Nouvelle-Grenade, on n’avait encore signalé aucun fossile avant les voyages d’Alex. de Humboldt, qui en mentionne sur le littoral de Cumana à la Guayara, près de Caracas, dans la Colombie, les provinces de Socorro, de Santa-Fé etc.[37]. En 1802, il découvrit beaucoup de fossiles entre les deux chaînes orientale et occidentale, depuis Montan jusqu’à San Felipe.

Les coquilles, dit-il dans un extrait de son journal de voyage qui a été publié longtemps après, mais que nous rapporterons ici, ne sont pas distribuées uniformément dans les couches, mais paraissent être accumulées en bancs dans les endroits où on les rencontre. Tels sont les environs de San-Felipe, à 5e 1/2 au sud, et les collines entre Guambos et Montan. À Montan même on les trouve associées à une immense quantité d’Huitres, et assez souvent avec des Ammonites de 8 à 10 pouces de diamètre. Ces couches coquillières ont été retrouvées le long de la chaîne par Miquipampa et Guolgajoc, vers Guamachuco, etc., jusqu’à Caxatambo, où l’on rencontre une immense quantité de coquilles à près de 1000 mètres de hauteur, puis suivent immédiatement les roches coquillières de Guanca-Velica et leur prolongement vers Cuzco.

Ce ne fut que plus de trente ans après ces découvertes que ces fossiles, recueillis et rapportés en Europe par Alex. de Humboldt, furent étudiés par un géologue non moins célèbre, mais mieux pénétré de l’importance des principes de la paléontologie stratigraphique. Ils permirent alors, comme nous le dirons, d’assigner leur âge véritable à ces grands systèmes de roches secondaires des Andes, et ils apportèrent, dans cette partie du globe, la première confirmation de la parfaite exactitude de ces principes.

De même que dans l’ancien continent, les fables qui se rattachent à des races de géants avaient pour origine, en Amérique, l’existence d’ossements de grands quadrupèdes ; et, pour la plupart des renseignements qui s’y rapportent, nous renverrons le lecteur à la Gigantologia espanola, du père Terrubia, dont nous avons parlé ci-dessus (p. 201). Ces croyances, suivant Cieça de Léon[38], qui écrivait en 1554, existaient surtout chez les habitants de Santa-Elena, au nord de Guayaquil, où, suivant un voyageur plus récent, Joseph de Jussieu[39], les ossements sont enfouis dans un dépôt d’alluvion. D’après Herrera[40], des géants peuplaient aussi Tlascala, au Mexique, et il en existait dans le Yucatan. Tous les historiens qui ont écrit depuis la conquête, tels que Carate[41], Acosta[42], Diego d’Avalos[43], etc., signalent la présence de grands ossements dans ces divers pays. Torquemada [44] possédait une dent mâchelière qui pesait plus de 2 livres ; et, suivant Herrera[45], Fernand Cortez en envoya au roi d’Espagne dés les premiers temps de l’occupation du pays par ses compagnons.

Dans la partie sud du continent, Diego de Avalo y Figuroa[46] annonça, dès 1602, que l’on rencontrait beaucoup d’ossements fossiles aux environs de Tarija, en Bolivie, et, un siècle et demi plus tard, J. de Jussieu les signalait également. Vers le même temps, le jésuite Guevarra[47] s’occupa de la question des pygmées et des géants, et Falkner[48] indiqua des ossements humains, de grandes dimensions, sur les rives du Carcarañan, l’un des affluents occidentaux du Parana, ainsi que des dents molaires de 3 pouces de diamètre à la base.
Édentés

Glyptodon

Ce dernier, en décrivant les pampas en 1770, dit qu’il a trouvé la coquille d’un animal, laquelle était composée d’os de forme hexagone, dont chacun avait moins d’un pouce de diamètre. La carapace avait environ 9 pieds de long et ressemblait à celle des Tatous actuels, mais avec des dimensions bien plus considérables. Il est probable qu’il y a quelque exagération de la part du jésuite voyageur à ce dernier égard, et plus encore sur ce que dit Manoel Ayres de Cazal[49], qui aurait trouvé près de Rio das Contas (Brésil) la cuirasse d’un animal de plus de trente pas de long. Les côtes avaient une palme et demie de large ; une dent molaire, sans sa racine, pesait quatre livres, et il fallut quatre hommes pour détacher la mâchoire inférieure.

Il s’écoula soixante ans avant qu’on sût à quoi s’en tenir sur cette découverte. En 1855, une carapace semblable, mais moins grande, fut trouvée sur les bords du Pedernal, dans le gouvernement de Monte-Video, et devint l’objet de discussions fort animées, parce qu’on la rapportait à un autre genre a d’édenté.

Ces Tatous fossiles reçurent de M. R. Owen le nom de Glyptodon, à cause de leurs dents sculptées et plus compliquées que i celles des genres voisins de la même famille. Elles portent deux cannelures longitudinales profondes, latérales, qui les divisent en trois parties. Chaque mâchoire a 8 dents semblables de chaque côté. La mâchoire inférieure, dont l’angle se relève beaucoup, a sa branche montante très-haute, et le condyle est aussi élevé que l’apophyse coronoïde. Les pieds très-courts ont 5 doigts, dont 4 sont garnis d’ongles aplatis.

Le corps est recouvert de plaques osseuses, constituant par leur réunion une véritable cuirasse, mais non disposées par bandes comme dans les Tatous. Ces plaques hexagones sont unies par une suture dentée et présentent en dessus de doubles rosettes. Celles de la queue sont verticillées et chaque verticille se compose de deux rangées.

Jusqu’à ce qu’on eût trouvé ces plaques recouvrant les os du squelette, on les attribuait au Megatherium. Les espèces de Glyptodon que l’on a rencontrées depuis dans ces mêmes dépôts quaternaires des pampas sont distinguées par la forme de leurs plaques et leurs divers ornements.
Mégaterium.

En 1789, le marquis de Loretto, vice-roi de Buenos-Ayres, envoya à Madrid le squelette presque complet d’un grand quadrupède découvert sur les bords de la rivière de Lujan (Luxan ou Lucan), à une lieue au sud-est de la ville de ce nom, à trois lieues à l’ouest-sud-ouest de Buenos-Ayres et à 10 mètres au-dessus du niveau de l’eau. Deux autres squelettes semblables furent aussi trouvés à peu près vers le même temps. L’un, envoyé également en Espagne en 1795, provenait de Lima, et l’autre, appartenant au père Fernando Scio, venait du Paraguay. Cette circonstance assez rare d’avoir trouvé d’abord presque tous les os réunis, puis de les avoir fait monter avec soin immédiatement par J. B. Bru, fit bientôt connaître ce mammifère avec tous ses caractères ostéologiques.

Il fut décrit en 1796 par J. Garriga[50], et dès 1795 G. Cuvier, sur des dessins assez imparfaits qui lui avaient été adressés, l’avait rapproché des édentés, et placé dans le voisinage des Paresseux.

Abildgaard publia en danois un mémoire dans lequel il arrivait à la même conclusion, ainsi que Shaw, tandis que Faujas et Lichtenstein semblaient portés à en faire une nouvelle espèce d’Éléphant. Pander et d’Alton, qui avaient étudié le squelette à Madrid, en donnèrent une description plus complète [51], en le désignant sous le nom de Bradypus giganteus ou de Paresseux géant, indiqué par Cuvier ; mais celui de Megatherium, ou grand animal, donné par les auteurs espagnols, a prévalu.

Ce qui caractérise particulièrement sa tête, dit Cuvier[52], c’est une longue apophyse descendante, placée à la base antérieure de l’arcade zygomatique, aussi grande à proportion que dans l’Aï, mais dirigée plus verticalement. Une échancrure, que l’on observe de chaque côté de l’ouverture du nez, a pu servir à l’insertion des muscles d’une petite trompe. La mâchoire inférieure, très-pesante, renflée en dessous, offre une branche montante très-grande ; très-prolongée et évidée en dessus, elle a dû contenir une langue cylindrique, longue, forte, propre, comme dans la girafe, à briser les petites branches des arbres qu’il pouvait renverser. Les dents molaires, au nombre de 4 de chaque côté en bas, et de 5 en haut, étaient de forme prismatique, très-profondément enchâssées dans le maxillaire, traversées par un sillon et divisées ainsi en collines triangulaires.

La colonne vertébrale se compose de 7 vertèbres cervicales, 16 dorsales, 3 lombaires, 5 sacrées soudées et 18 caudales ; la queue était grosse et courte.

Dans l’omoplate, l’acromion est prolongé en arceau, et la clavicule éloigne le Megatherium de tous les grands pachydermes comme des ruminants. L’humérus est remarquable par la largeur des crêtes placées au-dessous des condyles ; le cubitus est très-large dans le haut ; la main appuyait entièrement à terre en marchant, comme on peut le conclure de la brièveté du métacarpe. Trois doigts visibles sont armés d’ongles, deux autres rudimentaires étaient cachés sous la peau. Les onguéaux des trois doigts complets sont composés d’un axe portant l’ongle et d’une gaine qui en affermissait la base. On peut supposer que l’ongle était beaucoup plus fort que celui d’aucun édenté connu.

Les os des iles forment un demi-bassin large, évasé, ressemblant, par sa grandeur, à celui de l’Éléphant et du Rhinocéros ; les crêtes en sont dentelées et raboteuses. Le fémur est plus gros que celui d’aucun animal connu, un peu plus long que l’humérus, aplati d’arrière en avant, et relevé d’une arête aiguë au-dessus de son condyle interne. Il ressemble au fémur du Pangolin. Le tibia et le péroné sont soudés à leurs deux extrémités comme chez les Tatous. Les extrémités postérieures n’ont que trois doigts comme dans les Paresseux, mais ce ne sont pas les mêmes ici : ce sont le troisième, le quatrième et le cinquième ; le troisième seul était armé d’un ongle aussi fort que le plus grand des trois de devant. De ces divers caractères Cuvier conclut que le Megatherium devait vivre de végétaux et particulièrement de racines. Sa taille et ses griffes puissantes devaient lui fournir des moyens de défense suffisants ; il n’était pas propre à la course, et d’ailleurs il n’avait besoin ni de fuir ni de poursuivre. « Ses analogies le rapprochent des divers genres de la famille des édentés. Il à la tête et l’épaule d’un Paresseux, et ses jambes et ses pieds offrent un singulier mélange de caractères propres aux Fourmiliers et aux Tatous. »

De même que le Mégalonyx de la Virginie a été rencontré dans les dépôts quaternaires de l’Amérique méridionale, de même le Mégatherium, d’abord signalé dans les pampas de Buenos-Ayres, s’est trouvé plus tard associé avec le précédent dans l’Amérique septentrionale, et si l’on y ajoute ces énormes Tatous désignés sous le nom de Glyptodon, puis les Mylodon, les Scelidotherium, et d’autres genres nouvellement découverts, on pourra se faire une idée de la faune remarquable par ses nombreux édentés gigantesques qui caractérisait dans le nouveau continent la période qui a précédé la nôtre. Quant aux dépôts qui renferment cette prodigieuse quantité de débris de grands mammifères, nous renverrons le lecteur à ce que nous en avons déjà dit d’après les voyageurs modernes[53] et aux motifs qui nous ont déterminé à les placer dans cette période.
Pachydermes.

Éléphants, Mastodontes.

La plupart des restes de grands pachydermes connus au moment où se termine notre revue historique ont été rapportés en Europe par Alex. de Humboldt, et Cuvier s’est empressé de les faire entrer dans la seconde édition de ses Recherches sur les ossements fossiles. Ce que nous allons en dire a donc été puisé à ces deux sources, et nous suivrons dans l’énumération de ces matériaux un ordre géographique du N. au S. Les données sur lesquelles Cuvier a établi ses espèces ont paru insuffisantes à plusieurs anatomistes, qui n’ont point par conséquent adopté toutes ses déterminations ; mais c’est là un sujet de discussion dont on conçoit que nous n’ayons pas à nous occuper en ce moment.
Mexique.

A Hué-Huetoca, près de Mexico, Alex. de Humboldt a trouvé des fragments de molaires que par l’étroitesse et le peu de festonnement des lames d’émail, ainsi que par la petite dilatation de leur milieu, Cuvier a trouvées semblables à celles de l’Éléphant fossile de Sibérie[54]. L’existence au Mexique de restes provenant d’un Mastodonte, qui serait celui de l’Ohio, a été également annoncée[55].
Nouvelle Grenade

Colombie.

Alex. de Humboldt a rapporté plusieurs os de Mastodonte de Caño del Fiscal, près de Santa Fé de Bogota. Ce sont particulièment un humérus et un calcanéum assimilés au M. angustideus[56], et un tibia du même animal provenant du Camp des Géants, localité ainsi nommée à cause de la multitude des os qu’on y trouve et qui est élevée de 2500 mètres au-dessus de la mer[57].
Pérou

Un fragment de défense recueilli près de la ville de Ybarra, rem. dans la province de Quito, à 1700 toises d’altitude, a fait présumer que l’Éléphant était descendu jusque-là vers le sud ; mais Cuvier, en l’absence de dents mâchelières, doutait encore si cette défense n’avait point appartenu à un Mastodonte[58]. Près du volcan d’Imbaburra (royaume de Quito), à 1200 toises d’altitude, des dents de Mastodonte ont été trouvées et appartiendraient à une espèce particulière que Cuvier désigne sous le nom de M. des Cordillères (M. Andium)[59]. Ces dents à tubercules divisés, comme dans le M. angustidens, ont les formes carrées de celles à 6 pointes du Mastodonte de l’ohio, mais leur coupe donne des figures de trèfles au lieu de losanges. Parmi les ossements rapportés du Pérou par Dombey, Cuvier[60] a fait figurer une dent implantée dans une portion du palais, parfaitement semblable à celles trouvées à Simorre, en France, et une mâchoire inférieure avec deux dents dont les caractères seraient aussi ceux du Mastodonte à dents étroites de l’Europe[61].
Province de Chiquitos, Tarija, Chili

Une dent de la grande espèce déjà signalée, près du volcan d’Ombaburra, a été rencontrée près de Santa-Cruz de la Sierra, dans les Cordillères de Chiquitos, par 18° lat. S., et une semblable, de la province de Chiquitos, a été recueillie par M. Alonzo de Barcelone. Dans la vallée de Tarija, écrivait déjà Joseph de Jussieu en 1761, par 23° lat. S., à plus de 130 lieues de la mer et à 200 lieues du Potosi, on rencontre, dans le sol superficiel de chaque côté de la rivière, des os et des dents pétrifiés d’une énorme grosseur, qui appartiendraient peut-être encore au Mastodonte des Cordillères, tandis que d’autres dents carrées plus petites, rapportées par Alex. de Humboldt de la Conception au Chili, seraient le type d’une espèce différente à laquelle Cuvier assigne le nom de M. Humboldtii[62].
Brésil.

Dans la partie orientale du continent qui devait présenter de nos jours des richesses ostéologiques plus variées encore que la partie sud, nous avons déjà rappelé la découverte d’une carapace provenant probablement d’un grand édenté, des os et des dents mâchelières énormes, annonçant l’existence de grands pachydermes ; on en cite à Villa do Fanado, et près de Recife (province de Pernambuco), en creusant dans un puits, dans un lac à 8 lieues au nord-est de Penedo, sur les bords du lac de Santa Catharina, et à San Pedro, dans la province de Seregipe del Rey[63].


Appendice.


Asie orientale.

Nous nous bornerons, pour les fossiles mentionnés çà et là d’une manière très-superficielle dans diverses parties de l’Asie, à rappeler les recherches de G. J. Camelli, dans les îles Philippines, l’Histoire de la Chine, par le P. Duhalde (vol. III, p. 486), les observations de d’Incarville dans l’Inde (Transact. philos., 1753. — En allemand, Recueil de Hanovre, 1751), puis les ouvrages de E. Rumphius (Ambonische Rariteikammer, etc., in-f° avec pl., 1705 ; ed. 2° 1741. — Thesaurus piscium, testaceorum et cochlearum quibus acc. conchylia, mineralia, metalla, lapides, variis in locis reperia, in-f° avec pl. Leyde, 1711. ; les mémoires de Steph. Babington sur l’île de Salsette (Transact. geol. Soc. of London, vol. V, p. 1, 1819), de B. Babington sur la géologie du pays entre Tellicherry et Madras (ibid. part. II, p. 328, 1821) ; de Fraser, à l’appui d’une série d’échantillons provenant des monts Himalaya (ibid. part., I, p. 60, 1819) ; de J. Adam, sur la géologie des bords du Gange, depuis Calcutta jusqu’à Cawnpore (ibid., part. II, p. 346) ; de J. Davy, sur la géologie et la minéralogie de Ceylan (ibid., p. 311 ; Journ. de Phys., vol. LXXXVI, p. 168, 1818). Parmi les publications propres à l’Inde on doit citer : Journal of the r. asiatic society. — Journal of the asiatic society of Bengal, — Madras Journal of litterature and science, — Journal of the Bombay Branch. r. asiat. society. ─ The asiatic Researches, in-4o.
Asie occidentale.

Plus à l’ouest, nous signalerons les voyages de Kæmpfer. (Relationes de ruderibus diluvii mosaici in Persia, in Amænitates exoticas, in-4o, Lemago, 1712) ; d’Oléarius, en Perse et le long de la Caspienne ; de Breyn (Reisebeschreibung durch Klein-Asien, p. 1016) ; de Moconys (1re partie, p. 334), pour les environs de Tocat (Pont) ; les remarques de Cedrenus (Comp. hist., p. 15), et de Michel Glycas (part. II p. 114), relatées dans l’ouvrage de Reland (Palestine, lib. I, cap. 18, p. 321 : Pour les poissons du Liban) ; les voyages de Tournefort, d’Olivier, de Kerporter, de Lebrun (chap. lviii, pour les poissons), etc.
Afrique

Égypte.

Pour la partie nord-est de l’Afrique, nous rappellerons les voyages d’Olaus Borrichius, de Shaw (Travels or observ., etc., avec pl., 1738. Éd. fr., 1740-1743, 4 vol. in-8o, vol. II, p. 70, 84) ; de Paul Lucas (vol. II) ; de Niebuhr, de Forskal, de Barrow, de Rozières, dans le grand ouvrage sur l’Égypte (Hist. naturelle, vol. II, 1813). Les mémoires de Dolomieu, entre autres celui qui traite de la constitution physique de l’Égypte (Journ. de Phys., vol. XLII, p. 40, 1793), ont peu contribué à l’avancement de la science telle que nous la considérons. On peut encore consulter : Fossilia ægyptiaca Musei Borgiani, de G. Wad (in-4o, Velitris, 1794). Le mémoire de Guettard (Mem. de l’Acad. r. des Sciences, 1751, p. 164 et 239), sur les granites de France comparés à ceux d’Égypte, est accompagné d’une carte minéralogique où les rapports invoqués sont tout à fait imaginaires. Cette carte indique une bande marneuse comprenant le littoral du cap Resalto, sur la côte d’Afrique à l’ouest d’Alexandrie, jusqu’à l’Oronte, en Syrie. Sa limite sud, de Damas au Caire, comprenant ainsi les trois quarts du Liban, ne s’accorde avec rien de ce que l’on sait aujourd’hui, non plus que son prolongement méridional qui coupe obliquement la vallée du Nil pour se recourber à l’ouest dans la Libye. La bande sablonneuse de la Libye, à l’ouest, n’est rien autre que le désert, et la bande schisteuse ou métallique n’est pas moins imaginaire que les deux autres. Guettard appliquait à ce pays, qu’il n’avait pas vu, certaines idées que nous verrons puisées dans l’examen de diverses parties de la France, et qu’il avait aussi étendues à la Pologne et au Canada.
Cap de Bonne-Espérance.

Dans une Notice sur la structure géologique de la montagne de la Table, P. Carmichaêl a montré qu’elle était composée de granite. La Pointe-Verte (Green-Point) et la vallée de la Table sont formées par des schistes, et la partie supérieure est constituée par une masse puissante de grès en bancs horizontaux donnant à la montagne sa forme particulière. À See-Point ou observe la jonction des schistes et du granite, mais sur d’autres points il y aurait une sorte d’alternance entre les deux roches. Le long de la mer, de Campbay à See-Point, des veines de trapp pénètrent dans le granite (Journ. de Phys., vol. LXXXVI, p. 252, 1808).
Madagascar.

W. Buckland a publié une notice sur la structure géologique d’une partie de l’île de Madagascar, où se trouvent des roches primitives et des roches secondaires comprenant des grès sans fossiles. Des calcaires récents et des sables consolidés également peu anciens y occupent des surfaces considérables (Transact. geol. Soc. of London, 1re sér. vol. IV, 2e part., p. 476, 1817).
Australie.

Le même savant, d’après l’examen d’échantillons qui lui avaient été soumis, a publié aussi quelques observations sur la Nouvelle-Galles du Sud, et n’a pas hésité à proclamer la ressemblance des cherts et des fossiles provenant des calcaires des environs d’Hobart-Town (Terre de Van Diémen) avec ceux des calcaires carbonifères de l’Angleterre et de l’Irlande. (Ibid.)

Enfin on peut trouver beaucoup d’autres renseignements dans les notes et la partie bibliographique de l’ouvrage de Walch et Knorr ; c’est la mine la plus riche en documents de cette nature pour tout ce qui est antérieur à 1775. La Bibliographia palæontologica animalium systematica, de G. Fischer de Waldheim (Moscou, in-8o, 1834), peut être également consultée avec fruit.


  1. Bibliotheca scriptorum Historiæ naturalis omnium terræ, etc, in-8, 1716, — 2e éd. Petit in-12. Tiguri (Zurich), 1751.
  2. Indice des divers endroits où l’on trouve des pétrifications ; dans son Traité des pétrifications, p. 29, 1742.
  3. Observations sur l’origine des pierres figurées, in-8. Paris, 1746.
  4. Aparato para la historia natural española ; T. primo contiene muchas dissertationes physicas especialmente sobre il diluvio, in-4 avec 14 pl. Madrid, 1754.
  5. Introducion à la historia y a la géogr. fis. de España, 1775. — Traduct. franç., 1776. ─ 2° éd. 1789. — Journ. de Phys., vol. VIII, p. 404 ; 1776.
  6. Observaciones sobre la historia natural, geografia, agricultura, del reyno de Valencia, 2 vol. in-f°. Madrid, 1795.
  7. Magazin encyclopédique, 6e année, vol. I, p. 482, 1800.
  8. Histoire de l’acad. r. des sciences, année 1752 (imprimée en 1756), p. 189. — Il y aurait peu d’intérêt à rappeler ici ce que dit Guettard dans son parallèle, nécessairement très-hasardé, entre le Canada et la Suisse, dont il donne aussi une carte minéralogique en s’aidant des ouvrages du temps. Pour les fossiles, il renvoie à Langius et à Scheuchzer, et donne la figure d’un poisson des schistes de Glaris (Blattenberg)
  9. Voy. aussi : Histoire de la nouvelle France, par le P. Charlevoix, I vol. à VI. ─ J. de Laët, Des pierres précieuses et des fossiles d’Amérique particulièrement, in-8, 1647, en latin. — H. Egede, Gamle Groenlands uye perlustration, in-8, Copenhague, 1729. 2e éd. in-4 avec pl., 1741. ─ Mitchill et Miller, Medical repository and review of amer. publication, etc. New-York, 1800-1803.
  10. Observations minéralogiques faites dans les environs de Boston en 1807 et 1808 (Ann. du Museum, vol. XV, p. 455, 1810. Observations pour servir à la carte minéralogique du Maryland. (Transact. phil. de Philadelphie.) — (Journ. de phys., vol. LXVI, p. 221, 1808).
  11. Voy, J. Marcou, Geology of north America, p. 99 ; 1858.
  12. Transact. of the Amer. philos. Society, vol. VII, p. 411. Philadelphie, 1809.
  13. Il y a probablement ici quelque erreur d’impression ou du copiste, le mot alluvial ou d’alluvion n’étant, pour l’auteur, nullement synonyme de secondaire.
  14. 1811
  15. Observations appliquées aux différents États de l’Union pour accompagner la carte géologique de ce pays (Transact. Amer. philos. Soc., vol. I, new. series, 1818). Voy. aussi : Hosak and S. W. Francis, The amer. med. and philos. Register, 2 vol. in-8, New-York, 1814. — Bruce, The amer. miner. Journal, New-York, 1814. — B. S. Barton, Archeologiæ americanæ telluris collectanea et specimina., etc., part. I, avec pl. Philadelphie, 1814-1815. — Cleaveland Parker, An Elementary treatise on mineralogy and geology, avec pl., Boston, 1818. — B. Sillimann, Amer. Journ. of science, etc. New-York, 1819. — T. W…, Original letters descriptive of a natur. history. Journ on N. Amer. (London Magaz., vol. III, p. 489, etc.) Observations miner. et géol. sur les environs de New-Haven. (Amer. miner. Journ., vol. 1, n° 3. — Journal de phys., vol. LXXV, p. 75, 1812.)
  16. Transact. philos., vol. XXIX, p. 62.
  17. Extrait du journal de M. Croghan envoyé à M. Franklin. Mai 1765. ─ Buffon, Époques de la nature, p. 67, éd. de 1811.
  18. Magaz. de Stralsund. p. 179. ─ Récréations minér., vol. V, p. 223.
  19. Voy. G. Turner, Mam. of the extraneous fossils denominated Mammouth bones. Philadelphie, 1799. — R. Peal, Account of the skeleton of the Mammouth, in-4 Londres, 1802. Philos. magaz. de Tilloch, n° 46, nov. 1802, Journ. de phys., vol. LVI, p. 150, 1803. — L. Valentin, Notice sur le momoth ou mammouth, trouvé en 1800 dans les comtés d’Orange et d’Ulster (État de New-York). L’auteur annonce aussi l’existence du Megalonyx dans le Tennessee et du Megatherium dans le comté d’Ulster (The med. Repository of New-York, vol. IV). — 5° éd. franç. de la Géographie de Guthrie, vol. VI, p. 225-262. — Journ. de phys., vol. LIV, p. 200, 1802. De Lamanon (Journ. de phys., vol. XXII, p. 35, 1785) rappelle que Roberston parle des grands animaux fossiles de l’Ohio dans son Histoire d’Amérique, vol. II, p. 34, nota (1778), et cite le journal du colonel G. Croghan (Philos. transact., vol. LVIII, p. 34). P. de la Coudrenière (Journ. de phys., vol. XIX, p. 363, 1782) rapporte que l’animal connu des Groenlandais sous Ie nom de grand ours noir pourrait être le Mastodonte et existerait encore dans le pays, ce que rien n’a confirmé depuis (Hist. génér. des voyages, vol. XIX, p. 39). ─ Historical disquisition on the Mammouth, ib., 1803.
  20. Voy. pour ces diverses localités, Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, vol. II, p. 261 et suiv., et pour l’énumération des pièces envoyées par Jefferson, Journ. de phys., vol. LXVII, p. 330, 1808.
  21. Recherches sur les ossements fossiles, vol. II, p. 257.
  22. Voy. Cuvier, Rech. sur les ossem. foss., vol. VIII, p. 149.
  23. Histor. disquisition on the Mammouth, p. 68.
  24. Transact. philos. Soc. of Philadelphia, vol. IV, p. 246, n° 30.
  25. Transact. philos. Soc. of Philadelphia. n° 76. ─ Cuvier, Rech. sur les ossem. fossiles, vol. VIII, p. 304.
  26. Ann. du lycée d’hist. natur. de New-York, mai 1824. — Cuvier, Recherches, etc., vol..VIII, p. 338.
  27. Journ. de phys., vol. LXX, p. 129, 1810. — Voy. aussi : N. Nugent, A Sketch of the geol. of Island of Antigoa, avec carte, Transact. geol. soc. of London, vol. V, p. 459, 2e part., 1821. L’auteur mentionne des marnes, des conglomérats, des cherts et des trapps. De Genton, Essai de minéralogie de l’île de Saint-Domingue (partie française), Journ. de phys., voL XXXI, p. 173, 1787. Les granites très-variés forment la base des montagnes, puis viennent au-dessus des calcaires bien stratifiés et des grès avec des fossiles d’apparence tertiaire. Des substances minérales variées sont assez répandues dans ce pays. Mémoire sur un squelette humain fossile de la Guadeloupe, par Ch. Konig. (Transac, philos., 1814 — Jour. de phys., vol. LXXIX, p. 195, 1814. — Ib., p. 295.)
  28. Vol. LIII, p. 39, 1801.
  29. Voy. Hist. des progrès de la géologie, vol. V, p. 522 à 540 ; 1855.
  30. Vol. II, p. 129.
  31. Diario de un viage a la costa de la mar Magellanica. Coleccion de Angelis, vol. I, p. 5.
  32. Lib. I, cap. xvii. — Voy. aussi la traduction française d’Ulloa dans ses Noticias americanas, p. 372.
  33. Relacion historica del viage a la America meridional, vol. III, lib. II, cap. vi, p. 324.
  34. La première indication de ce fait parait n’avoir été publiée en Europe qu’en 1768. Voy. Monlet, citant de la Condamine, qui annonce que des cornes d’Ammon ont été trouvées sur les plus hautes montagnes de l’Amérique. (Mem. de l’Académie roy. des sciences pour 1768.)
  35. Saggio sulla storia civile del Chili. Bologne, 1787, lib. II, cap. xiv — Trad. française, p. 38-41.
  36. Viuge desde el fuerte de Ballenar, provincia de Concepcion, hasta Buenos-Ayres. Coleccion de docum. de Angelis, vol. I, p. 77.
  37. Voyage aux régions équinoxiales du nouveau continent, vol. III, p. 12, et passim dans les suivants.
  38. Chronica del Peru, cap. lii ; 1551.
  39. 1761. Lettre à son frère Bernard de Jussieu.
  40. Historia gener. de los hechos de los Castellanos. Dec. II, p. 161, 1615. ─ Dec. III, p. 59. — Dec. IV, lib. X, chap. iv.
  41. Conquista del Peru, 1555.
  42. Historia de Indias, lib. VH, cap. iii, p. 457.
  43. Miscellanea austral. Coloquio XXXIII, p. 147, 1602.
  44. Monarchia indiana, vol. I, lib. I, cap. xiii.
  45. Loc. cit. Dec. III, p. 79.
  46. Miscellanea austral. Coloquio XXXIII, p. 147, Lima, 1602.
  47. Historia del Paraguay, Rio de la Plata y Tucuman, p. 8.
  48. Description des terres magellaniques (trad. de Lausanne), vol. I, p. 78.
  49. Corografia Brazilica, ou Relaçâo historico-geografica, etc., in-8. Rio-Janeiro, 1817.
  50. Descripcion del esqueletto de un quadrupedo, etc., in-f°. Madrid, 1796.
  51. Das riesen Fauthier (Bradypus giganteus), in-f°. Bonn, 1821.
  52. Recherches sur les ossements fossiles, vol. VIII, p. 339 (éd. de 1834).
  53. Hist. des progrès de la géologie, vol. II, p. 386-400 ; 1848.
  54. Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, vol. II, p. 151 (éd. de 1834).
  55. Id., ib., p. 352.
  56. Id., ib., p. 367.
  57. Id., ib., p. 347, 331.
  58. Id., ib., p. 152.
  59. Id., ib., p. 368-372.
  60. Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, vol. II, p. 337, pl. 26, fig. 7.
  61. Id., ib., p. 339, 346, pl. 28, fig. 4.
  62. Id., ib., vol. II p. 369-73, pl. 27, fig. 12 et 5.
  63. Art de vérifier les dates, depuis 1770 jusqu’à nos jours, vol. XIII, p. 77. — Voy. aussi Margrav., Historia naturalis Brasiliæ, in-fo. Leyde, 1648. — J. Mawe, Travels in the interior of Brasil, in-4. Londres, 1813. ─ Reisen in das Innere von Brasilien, etc., par Zimmermann, in-8. Bamberg, 1817. — D’Eschwege, Journal von Brasilien, etc., avec carte, in-8. Weimar, 1818.